Correspondance de Napoléon – Mars 1805
Mars 1805
Paris, ler mars 1805
Au vice-amiral Decrès
Les numéros 255, 256, 257 des bateaux canonniers sont déjà à Ostende : les faire réarmer. Les numéros 310, 311, 312, 313, 314, 315, 318, 321, sont à Anvers : les faire armer et partir.
Il y a en route 65 bateaux de transport; faites-moi un rapport. Ne serait-il pas utile d’employer les matelots sur la flottille de guerre, et de revendre ces bâtiments ? Cela aurait le double avantage de procurer des matelots, de désencombrer nos ports, de nous faire de l’argent, et enfin d’aider parfaitement à nos projets, en accréditant le bruit du désarmement et de la désorganisation de la flottille. Faites-moi connaître ce que les bâtiments ont coûté d’achat, et ce qu’il est redû dessus.
Paris, 1er mars 1805
NOTE
Sa Majesté a fait disparaître l’école impériale d’agriculture, qui n’aurait donné que de la dépense et un vain bruit.
Elle voudrait donner à l’agriculture des encouragements réels. Pour cela, il faut connaître l’état de l’agriculture dans les divers départements.
On prospère dans le Haut et Bas-Rhin, dans le Nord, dans la Belgique, dans le Pas-de-Calais, dans la Somme, dans l’Aisne, dans l’Oise, dans Seine-et-Marne, dans Seine-et-Oise, dans une grande partie d’Eure-et-Loir, dans la Seine-Inférieure, dans le Calvados, dans la Manche, dans les départements qui formaient autrefois le
Languedoc, dans le Lot, dans Vaucluse, dans les Bouches-du-Rhône, dans Saône-et-Loire, dans la Haute-Saône, dans une partie de la Côte-d’Or, dans les six départements du Piémont.
Elle prospérera dans les quatre nouveaux départements du Rhin dès que, par la vente des biens nationaux, les terres se trouveront dans les mains des véritables cultivateurs.
C’est donc dans les autres départements qu’il faut porter les encouragements.
Dans la plupart de ces départements, la culture est entre les mains de colons ou de métayers qui ne songent qu’à vivre et n’améliorent rien.
Ce n’est donc pas ces gens-là qu’il faut encourager; ce sont les propriétaires riches, qui font valoir eux-mêmes leurs propriétés : ceux-là seuls méditent sur leurs intérêts, s’occupent de leur avenir et de celui de leurs enfants.
Ce n’est point avec de l’argent qu’on encourage ces gens-là; c’est avec des médailles, avec des décorations, avec des éloges donnés par le souverain ou au nom du souverain.
Il faut que chaque préfet fasse connaître les propriétaires cultivateurs qui, dans son département, se distinguent, soit par une culture mieux entendue et mieux raisonnée, soit par une éducation mieux soignée des bestiaux et l’amélioration des espèces.
Suivant le cas, le ministre de l’intérieur fera distribuer, chaque année, à ceux qui le mériteront, soit une médaille, soit la décoration de la Légion d’honneur, soit une lettre de félicitation et d’encouragement de la part de l’Empereur.
On distribuera, comme on a déjà fait, quelques béliers de race étrangère, quelques taureaux de belle espèce.
On encouragera par des primes, dans les départements propres à l’éducation des chevaux, ceux qui auront de beaux étalons.
C’est par des comparaisons et par des exemples que l’agriculture, comme tous les autres arts, se perfectionne.
Il faut, dans les départements qui sont encore reculés pour la culture, exciter les bons propriétaires à envoyer leurs enfants étudier les méthodes usitées dans les départements où l’agriculture est florissante, et on les excitera par des éloges et des distinctions.
On ne ferait rien en ce genre avec de l’argent; des gens avides se présenteraient pour s’en emparer, et se feraient de leurs voyages inutiles un titre pour obtenir de nouvelles faveurs.
Paris, ler mars 1805
NOTE POUR LE MINISTRE DE LA POLICE
Savoir ce qu’est devenu Lahorie.
Dans la circulaire de M. Miot, je remarque :
Qu’un conseiller d’État n’a point le droit de faire une circulaire; que tous les autres ministères, hors la police, ne font aucune circulaire sur des dispositions générales, même sur des objets de détail, sans me les soumettre;
Que, lorsqu’on fait une circulaire sur un objet d’administration, on doit avoir des idées précises; et que ce n’est pas en disant : la gendarmerie est un bras, un instrument, une dépendance, qu’on honore un corps, qu’on le rend utile, et qu’on dit autre chose sinon qu’on l’a voulu injurier.
Pesez ces différentes phrases; elles n’ont aucun sens; il n’y a que des mots et une fausseté : c’est que la gendarmerie a cessé ses relations avec les préfets. Pas d’amphigouri. Il fallait dire en six lignes que les capitaines de gendarmerie doivent compte de ce qui se passe aux préfets. Une circulaire ainsi faite eût été simple, précise, mais inutile; car il n’entre pas dans la tête de ne pas rendre compte aux préfets. Miot dit qu’il n’est instruit que par rapport de gendarmerie, et, plus bas, que la gendarmerie est cause de l’incertitude et de l’erreur dans les observations. Voilà une manière de juger un corps de 16,000 hommes, l’élite de l’armée , auquel je dois le rétablissement de l’ordre en France : jugement singulier ! On ne conçoit pas quelle mauvaise humeur ou jalousie aurait la police contre Moncey; car on ne voit pas, puisqu’il est instruit de ce qui se passe, pourquoi on annule sa correspondance; cela est indécent, parce qu’on sait qu’il me rend compte et que je ne suis instruit que par lui positivement et nettement de ce qui se passe en France. Je ne vois point qui a autorisé Miot à défendre aux différents grades de gendarmerie de correspondre entre eux et sans l’intervention de l’autorité locale; il faudra donc que le maire et le préfet s’adressent au colonel ! Il y a dans une pareille idée une extrême inconsidération, la violation de nos règlements existants et peu d’amour du bien; car qui ne sait qu’une grande partie de nos maires, et sur les côtes, ont souvent eux-mêmes besoin d’être surveillés ? Il faut être étranger à la situation actuelle des choses pour imaginer de faire une pareille circulaire. Je ne puis que vous charger d’en témoigner mon mécontentement à Miot. Si j’étais assez insensé pour laisser détruire l’esprit que j’ai donné depuis quatre ans à la gendarmerie, il deviendrait vaurien comme en l’an VIII. Il n’est pas étonnant que M. Miot, qui n’en a jamais manié d’autre, ne sache pas que c’est avec l’honneur qu’on fait tout des hommes. Votre ministère n’est point organisé; les principaux de vos bureaux n’ont aucune règle; vous ne savez encore ce que vous devez faire avec mon attache, de votre mouvement, et par les conseillers d’État; vous êtes le seul où j’ai constamment de plaintes de cette nature à faire.
Paris, 2 mars 1805
DÉCISION
On demande, pour la conduite des eaux de Canneto à Ajaccio, 360,000 francs environ. Des notables d’Ajaccio offrent de les conduire pour la somme de 150,000 francs; mais à condition que le maire Stefanopoli sera appelé à d’autres fonctions et remplacé par François Levie, et que le chef du génie d’Ajaccio recevra une autre destination. On demande, en outre, des fonds pour achever le quai, la place Bonaparte, et prolonger le cours jusqu’à Sainte-Lucie, oà la barrière doit être portée. | Faire un décret qui appelle le maire d’Ajaccio, Stefanopoli, à d’autres fonctions, et nomme maire d’Ajaccio François Levie.Écrire au ministre de la guerre que je désire que le directeur du génie Moydier soit employé en Italie et remplacé dans sa place de directeur par un officier plus âgé.Écrire à M. Cretet pour qu’il m’envoie les plans et devis pour les quais du port d’Ajaccio et pour l’arrivage des eaux dans cette ville. |
Saint-Cloud, 2 mars 1805
Au maréchal Berthier
Mon intention est de fournir des eaux à Ajaccio, chef-lieu de la 23a division militaire. Par défaut de ces eaux, les habitants et les troupes sont exposés à en manquer l’été ou à en boire de mauvaises. J’avais ordonné que la guerre fournît pour ce travail les conduits en terre nécessaires; mais on m’assure que vous n’avez commandé de la 8e division que 700 mètres, tandis qu’il paraît qu’il en faudrait 8 ou 10,000.
Je vous prie de les faire ordonner et de profiter du premier bâtiment de guerre qui va partir pour les faire passer en toute sûreté.
Ordonnez également que l’escalier d’une des casernes de la grande place d’Ajaccio soit adapté aux nouveaux travaux que les ponts et chaussées de la ville ont fait faire sur la place d’Ajaccio, et que la barrière qui ferme soit portée au delà de la porte de Sainte-Lucie.
Paris, 2 mars 1805
Au maréchal Berthier
Monsieur le Major général des camps et armée des côtes de l’Océan, faites-moi connaître la portion du gros matériel d’artillerie que le général d’artillerie compte embarquer sur les bâtiments qui se trouvent dans les escadrilles. Cet état sera divisé par escadrilles. Faites-moi également connaître le tableau du tonnage, comprenant le nombre de chevaux, la quantité de domestiques et de bagages que peuvent porter les bateaux de transport qui font partie des escadrilles et qui sont destinés à porter les bagages de l’état-major. Cet état sera par escadrilles.
Paris, 2 mars 1805
Au vice-amiral Ganteaume, commandant l’escadrille de Brest
Monsieur l’amiral Ganteaume, vous appareillerez dans le plus court délai possible avec notre escadre de Brest forte de 21 vaisseaux, 6 frégates et 2 flûtes. Vous ferez au préalable embarquer sur chaque vaisseau 150 hommes et sur chaque frégate 80 hommes. Vous aurez soin, en outre, que vos équipages soient complets et que vos garnisons soient composées d’hommes bien portants et en bon état.
Vous veillerez à ce que vos vaisseaux portent le plus de vivres possible et à ce que votre eau soit entièrement faite.
Vous ferez embarquer à bord de votre escadre l’artillerie dont l’état est ci-joint.
Vous vous dirigerez d’abord sur le Ferrol. Vous tâcherez d’attaquer et de prendre les 7 ou 8 vaisseaux de la croisière anglaise. Vous ferez au contre-amiral Gourdon, commandant notre escadre au Ferrol, composée de 4 vaisseaux et de 2 frégates, et à l’escadre espagnole, le signal de vous joindre.
Ayant ainsi rallié ces escadres, vous vous rendrez par le plus court chemin dans notre île de la Martinique. Vous y trouverez nos escadres de Toulon et de Rochefort, qui ont ordre de se ranger sous votre pavillon. Avec l’aide de Dieu, nous espérons que vous vous trouverez avoir sous votre commandement une escadre de plus 40 vaisseaux de ligne.
Vous débarquerez 1,100 hommes à celle de nos îles sous le Vent qui vous paraîtra en avoir le plus besoin; et les 2,100 hommes qui sont à bord de votre escadre, en sus des équipages et garnisons, trouveront sous les ordres du général Lauriston, qui, du bord du vice-amiral Villeneuve, passera à bord de votre escadre au moment de votre jonction.
Sans perdre un instant, vous opérerez votre retour en Europe, en vous éloignant le plus possible de la route ordinaire, et ne reconnaissant aucune terre. Vous arriverez sur Ouessant; vous attaquer les vaisseaux anglais qui pourraient vous y attendre, et vous vous dirigerez en droite ligne sur Boulogne, où nous serons de notre personne, et où nous vous ferons connaître notre intention sur votre destination ultérieure. Nous désirons que le temps et toutes les circonstances vous permettent d’arriver devant Boulogne dans le mois du 10 juin au 10 juillet.
Si, par des circonstances quelconques, l’escadre de Toulon que commande le vice-amiral Villeneuve n’avait pu vous joindre, comme vous serez en force moyennant votre jonction avec notre escadre de Rochefort, notre escadre du Ferrol et l’escadre espagnole, et que vous aurez plus de 25 vaisseaux de ligne, notre intention est que vous vous dirigiez également sur Ouessant pour arriver de la même manière devant Boulogne.
Mais, si vous réunissez sous votre commandement moins de 25 vaisseaux de ligne, notre intention est que vous vous dirigiez sur le Ferrol, où nous aurons soin de réunir tous les vaisseaux français et espagnols qu’il nous sera possible, et que, sans entrer dans le port, vous rangiez toutes ces forces sous votre pavillon et vous portiez sur Boulogne. Cependant, si avec moins de 25 vaisseaux, par les renseignements que vous recevrez sur les mouvements des Anglais, et par le temps favorable que vous auriez, vous pensez pouvoir vous présenter dans la Manche avec quelque succès, vous vous dirigerez droit sur Boulogne, en reconnaissant Cherbourg, où nous aurons soin qu’il se trouve un officier de confiance pour vous donner les renseignements que vous pourriez désirer sur la situation des croisières ennemies devant Boulogne. Enfin, si l’escadre de Toulon n’était pas à la Martinique lors de votre arrivée, vous l’attendrez autant de temps que vous le croirez nécessaire, ce qui nous paraît de voir être au moins l’espace de trente jours.
Les deux flûtes que vous mènerez de Brest seront chargées de plus de vivres qu’il sera possible pour fournir à l’approvisionnement de l’escadre du Ferrol; et, s’il n’y avait pas à Brest une assez grande quantité de biscuit tout confectionné pour le chargement de ces flûtes, vous y feriez suppléer par des farines qui, à tout événement, seraient utiles à la Martinique.
En vous confiant le commandement d’une armée aussi importante et dont les opérations auront tant d’influence sur les destinées du monde, nous comptons sur votre dévouement, sur vos talents et sur votre attachement à notre personne.
Paris, 2 mars 1805
Au vice-amiral Ganteaume
Monsieur l’Amiral Ganteaume, je donne ordre au ministre de la guerre de mettre à votre disposition 4,400 hommes, dont 700 nécessaires pour compléter vos équipages, et 3,600 pour être disposés de la manière suivante : 2,400 hommes pour revenir avec vous en Europe et se trouver sous les ordres du général de division Lauriston; 1,200 hommes pour être déposés à celle des îles du Vent qui en aura le plus besoin.
Voici les troupes que vous débarquerez aux colonies : les deux bataillons du 37e avec l’état-major, formant 1,500 hommes.
Vous aurez soin que, dans aucun cas, aucun détachement du 7e d’infanterie légère, du 24e de ligne, ne soit disséminé. Ces régiments, avec le 16e de ligne, qui est à bord de l’escadre du vice- amiral Villeneuve, doivent faire le fond de la division du général Lauriston et faire partie de la grande expédition.
Ainsi donc, au moment de votre départ, vous aurez à bord :
Actuellement embarqués | En conséquence de ces nouvelles dispositions | |
Du 15e de ligne. Du 24e de ligne . . . . Du 370 de ligne . . . . Du 65e de ligne. . . . Du 47, de ligne . . . . Du 70e de ligne . . . . Du 7e d’infanterie légère. Artillerie. | 1,470 hommes et 1,416 986 199 107 190 | 300 hommes. 1,400 5002,000 200 |
4,368 | 4,400 |
Ainsi , total des hommes de l’armée de terre, comme garnison comme supplément d’équipages, destinés à être débarqués aux îles et à être ramenés sur l’escadre : 8,768 hommes.
Vous remettrez au général de division Bonnet et aux autres officiers les paquets cachetés que vous remettra le ministre de la marine; vous ferez embarquer le général Bonnet à bord d’un de vos contre-amiraux, afin de vous tenir le plus libre possible à bord du vaisseau amiral.
Je donne ordre au ministre de la guerre de vous donner des ordres de mouvement, que vous transmettrez aux officiers de l’armée de Brest au moment où il en sera besoin. S’il était possible, il faudrait que le supplément de troupes que j’ordonne ne fût embarqué que trente-six ou quarante-huit heures après votre départ.
Paris, 2 mars 1805
Au vice-amiral Villeneuve
Monsieur le Vice-amiral Villeneuve, ayant résolu de réunir la plus grande partie de vos forces navales à notre île de la Martinique, notre intention est que vous vous rendiez dans le plus court délai avec notre escadre de Toulon et les vaisseaux que nous avons dans la rade de Cadix, au Fort-de-France de la Martinique. Si vous y trouvez l’escadre du contre-amiral Missiessy, vous la rangerez sous votre pavillon.
Nous avons donné l’ordre à l’amiral Ganteaume, commandant notre escadre de Brest, forte de 22 vaisseaux de guerre et de plusieurs frégates, de mettre à la voile dans le plus court délai, pour se rendre dans notre île de la Martinique, y opérer sa jonction avec vous et prendre le commandement général de nos forces navales, qui, nous l’espérons, avec l’aide de Dieu, se monteront à plus de 40 vaisseau de ligne.
S’il arrivait que cet amiral se trouvât avant vous à la Martinique, vous vous rangeriez sous son pavillon à votre arrivée, lui ayant fait connaître la destination que nous donnons à cette armée navale. Si vous abordez à la Martinique avant lui, vous vous tiendrez prêt à répondre aux signaux de ralliement qu’il vous fera, car il est probable qu’il ne mouillera point, et que, sa jonction faite avec vous, il suivra, sans s’arrêter, sa destination. Vous l’attendrez l’espace de quarante jours depuis le premier jour de votre arrivée à la Martinique; et, ce terme écoulé, toute probabilité de réunion étant à peu près évanouie, vous reviendrez en Europe en passant vis-à-vis de Santo- Domingo, et faisant tout le mal possible à l’ennemi. Dans ce cas nous vous laissons, en vous concertant avec le général Lauriston, le maître de débarquer à nos îles du Vent et à Santo-Domingo les troupes embarquées à votre bord. Dans l’une et l’autre de ces colonies, vous débarquerez toutes vos troupes de passage. Mais, dans le cas que votre jonction se fît avec l’amiral Ganteaume, vous ne débarquerez à la Martinique, à la Dominique, à Sainte-Lucie, à la Guadeloupe, selon la destination que vous leur donnerez de concert avec le général Lauriston, que 1,300 hommes, et vous garderez un corps de troupes de 1,800 hommes embarqués sur vos vaisseaux, qui devront suivre la destination des escadres réunies.
Dans la supposition que votre jonction ne pût s’opérer avec l’amiral Ganteaume, vous vous dirigerez de Santo-Domingo sur les Canaries, où vous reconnaîtrez la baie de Santiago, et vous établirez une croisière dans ces parages pour intercepter tous les convois allant et venant des Indes en Angleterre. Comme il serait possible aussi que notre escadre de Brest, n’ayant pu, par des raisons quelconques, se réunir à vous à la Martinique, vous joignît cependant dans la baie de Santiago, vous vous tiendrez au moins vingt jours dans ces parages, et vous vous arrangerez de manière que l’amiral Ganteaume, se dirigeant sur cette baie, puisse toujours vous y trouver. Vous opérerez de là votre retour à Cadix, où vous trouverez des ordres pour votre destination ultérieure.
Vous vous ferez nourrir à la Martinique par les magasins de la colonie, pour ménager vos vivres, afin qu’à votre arrivée à Cadix vous en ayez au moins un mois, et que vous puissiez vous porter à Toulon ou à Rochefort, selon les circonstances.
Votre croisière à Santiago est spécialement fondée sur l’espérance où nous sommes que vous avez des vivres en suffisance.
Les destinées de l’armée navale auront une grande influence sur les destinées du monde, et nous comptons entièrement sur votre zèle, vos talents, votre bravoure et votre attachement à notre personne dans des circonstances aussi décisives.
Paris, 2 mars 1805
Au général Lauriston
Monsieur le Général Lauriston, mon Aide de camp, j’expédie à l’amiral Villeneuve ses ordres de départ. Pressez-le le plus possible et soyez en mer avant le 15 mars. L’opération dont vous êtes chargée est beaucoup plus importante que celle pour laquelle je vous ai d’abord destiné.
Vous ferez embarquer 200 hommes par vaisseau, en sus des garnisons, et 100 hommes par frégate. Vous en embarquerez 200 pour être versés surl’Aigle, que vous rejoindrez à Cadix. Veillez à ce que les équipages soient bien complets. Votre corps de troupes sera composé de la manière suivante :
Une compagnie d’artillerie de ligne, complétée à…… Une compagnie de 50 ouvriers, ci . . . . . . . . Deux bataillons du 16e régiment de ligne, que vous compléterez à 1,800 hommes, officiers et sous-officiers non compris, au moment de l’embarquement. . . . . . . Nota. Le colonel et tout l’état-major du régiment s’embarqueront. Le deuxième bataillon du 67e, composé de neuf compagnies de 130 hommes chaque, officiers et sous-officiers compris . . . . . . . . . . . . . . . .Total ………………………………………………………………………………………………………………………………….. | 120 hommes, 5018001,1703,140 |
La garnison et les compléments d’équipages seront fournis par le 2e de ligne.
Vous ferez débarquer tous les caissons et autres objets qui pourraient encombrer l’escadre, hormis les pièces de 16 et les mortiers de 12 et de 8 pouces, que vous conserverez. Vous ferez débarquer la moitié de l’artillerie et approvisionnements d’artillerie, que vous mettrez sur la Muiron, que l’amiral a ordre de ne pas emmener, non plus que l’Annibal, pour masquer le mouvement, mais comme étant dans le fait inutiles et nuisant à la légèreté de l’escadre. Vous garderez cependant les 5,000 fusils. Vous vous arrangerez avec le vice-amiral Villeneuve pour que cette diminution d’hommes à embarquer soit tenue secrète. L’embarquement des hommes destinés à l’expédition se fera comme premier embarquement. Vous n’emmènerez avec vous qu’un seul général de brigade et un adjudant commandant. Vous diminuerez de moitié les officiers d’artillerie et du génie, mais de manière que ces officiers ne se doutent point qu’ils ne doivent pas embarquer, et ne l’apprennent que longtemps après votre départ, avec les ordres que leur enverra le ministre. Vous aurez soin qu’il ne reste à bord rien du 23e de ligne. Tous les hommes embarqués sur les frégates l’Hortense et l’Incorruptible compteront comme présents.
Lorsque vous aurez dépassé Cadix et que vous serez hors de vue de terre, vous ouvrirez le paquet ci-joint, qui contient des instructions sur votre destination ultérieure, que vous tiendrez secrète, sans en rien dire à qui que ce soit.
Activez le départ de l’escadre.
En laissant l’Annibal, je ne le fais que parce que l’on m’assure qu’il est hors d’état de suivre l’escadre; s’il en était autrement , il faudrait l’emmener. Mais, surtout, soyez à la voile avant la mi-mars.
Paris, 2 mars 1805
Au général Lauriston
Monsieur le Général Lauriston, mon Aide de camp, à l’heure où cette lettre sera décachetée, tous les obstacles qui auraient pu s’opposer à la sortie de mon escadre seront levés, puisque vous serez au delà de la Méditerranée, et que vous aurez perdu l’Europe de vue. Vous allez à la Martinique. A peine arrivé, vous y débarquerez l’artillerie, les outils de pionniers et les munitions de guerre qui sont à votre bord (hormis une division de pièces de canon), 500,000 cartouches et toutes les munitions que vous aurez en sus de 300 coups à tirer par pièce; vous laisserez le reste des munitions sur l’escadre. Vous débarquerez également le bataillon du 67e, la compagnie d’artillerie et la compagnie d’ouvriers. Vous débarquerez les munitions et les troupes dans celle des îles de la Martinique, de la Guadeloupe, la Dominique ou de Sainte-Lucie, qui en aurait le plus besoin. Vous garderez à bord les deux bataillons du 16e de ligne.
Quarante vaisseaux de guerre doivent se réunir à la Martinique. Au moment que l’amiral Ganteaume sera arrivé, lui ayant confié le commandement de cette armée navale, vous passerez à son bord. Vous prendrez le commandement des troupes de débarquement, qui monteront à 4,000 hommes environ, savoir: les 1,800 restant sur l’escadre de Toulon et les 2,200 restant sur l’escadre de Brest.
L’amiral Ganteaume a ordre d’arriver en juin, avec mes escadres réunies et ces 4,000 hommes, devant Boulogne. Vous êtes destiné à faire partie de la grande armée. Cependant, s’il arrivait que mes opérations fussent déconcertées, et que l’escadre de Brest ne pût se joindre à la Martinique avec celle de Toulon, vous débarquerez toutes vos troupes à Santo-Domingo et aux îles du Vent, vous laissant le maître de faire la répartition, tant des troupes que des munitions de guerre, selon les renseignements que vous aurez.
Paris, 3 mars 1805
Au maréchal Berthier
Vous trouverez ci-joint l’état des hommes embarqués sur l’escadre de Brest, soit comme garnison, soit comme supplément d’équipage, La marine a encore besoin de 714 hommes. Je désire en outre embarquer sur cette escadre 3,600 hommes. Vous devez donc fournir à la marine 4,400 hommes, qui seront composés de la manière suivante :
Le reste des trois bataillons du 24e de ligne. . . | 1,400 hommes. |
Deux bataillons du 7e d’infanterie légère , complétés à 1,000 hommes . | 2,000 |
Ce qui reste du 37e de ligne, des deux bataillons de guerre, de manière que ce corps ait sur l’escadre 1,500 hommes embarqués, soit comme supplément d’équipages, soit comme passagers | 500 |
300 hommes qui seront pris parmi ce qui reste à Brest du 15e de ligne | 300 |
Deux compagnies d’artillerie complètes. | 200 |
Total | 4,400 |
Les colonels, adjudants-majors et tous les officiers des deux premiers bataillons du 7e d’infanterie légère, des trois bataillons du 24e de ligne, des deux bataillons du 37e, s’embarqueront sur l’escadre, afin que ces corps, au moment de leur débarquement, se trouvent commandés et munis de tout ce qui leur est nécessaire pour faire la guerre.
Vous donnerez le commandement de ces troupes au général de division Bonnet. Il emmènera avec lui un adjudant commandant; un chef de bataillon, un capitaine et un lieutenant du génie; un chef de bataillon d’artillerie et deux officiers en résidence; un matériel d’artillerie dont l’état est ci-joint. Ils recevront leurs paquets pour leur destination des mains de l’amiral Ganteaume, lorsqu’il en sera temps. Vous ferez faire ces embarquements à petit bruit, et comme embarquement provisoire devant être suivi du reste de l’armée.
Faites passer le plus tôt possible les ordres décachetés relatifs à ces mouvements à l’amiral Ganteaume, qui les remettra lui-même au moment opportun.
ÉTAT DE L’ARTILLERIE A EMBARQUER SUR L’ESCADRE DE BREST
500,000 cartouches, 5,000 fusils, quatre pièces de 12, quatre pièces de 8, huit pièces de 4, quatre obusiers de 6 pouces; en tout vingt bouches à feu, ce qui fait une pièce par vaisseau.
300 cartouches à balles et à boulets à tirer par pièce, contenues dans de petites caisses.
Nota. On n’embarquera ni caissons, ni charrettes, ni fourgons.
2,000 outils de pionniers.
Nota. La moitié de cette artillerie sera débarquée à la Martinique ou à la Guadeloupe, selon la destination que lui donnera le général Lauriston; l’autre moitié reviendra avec l’escadre, ainsi que la moitié des munitions.
Paris, 3 mars 1805
Au vice-amiral Decrès
Je vous envoie une lettre pour l’amiral Ganteaume. Le ministre de la guerre a ordre de lui transmettre les ordres qu’il doit donner aux différents généraux, afin qu’il ne les signifie qu’au moment opportun. Vous remettrez à l’amiral Ganteaume une lettre cachetée pour le général Bonnet; il ne la lui remettra qu’à la Martinique. Par cet ordre, vous lui donnerez le commandement de la Dominique, si elle est en notre pouvoir, avec les mêmes prérogatives accordées au général Lagrange, et le général Lagrange retournera en Europe. Si la Dominique n’était pas prise, le général Bonnet prendrait le commandement de Sainte-Lucie et serait sous les ordres du capitaine général de la Martinique.
Paris, 3 mars 1805
DÉCISION
Le ministre du trésor public présente un rapport relatif à la situation de l’Opéra. | Je prie M. Fouché de prendre des renseignements secrets, et de me mettre au fait des abus, des intrigues et des plaintes de l’Opéra, |
Paris, 3 mars 1805
Au général Junot, ambassadeur en Portugal
Je vous expédie ce courrier en partie pour vous développer davantage ce que j’attends dans ce moment de la marine espagnole. Les escadres françaises peuvent, d’un moment à l’autre, se présenter devant Cadix ou devant le Ferrol, pour prendre les vaisseaux espagnols qui sont dans ces ports. Il faut que le prince de la Paix donne des ordres pour que ces vaisseaux, n’y en eût-il que 3 dans chaque port, suivent au premier signal le mouvement de nos vaisseaux. Tout a été prévu : tous les paquets cachetés sont remis. Ces ordres doivent être donnés secrètement et sans délai, si l’on veut arriver à des résultats avantageux. J’espère toujours qu’il y aura 5 vaisseaux dans chacun de ces ports au moment où mes escadres se présenteront; mais n’y en eût-il que 2 ou 3 dans chaque port, qu’ils suivent, sans perdre une heure, le vaisseau l’Aigle à Cadix, et au Ferrol le contre-amiral Gourdon. Prenez les renseignements à Madrid sur la situation actuelle des vaisseaux qui sont en rade du Ferrol et de Cadix. Dites au prince de la Paix que j’ai médité un grand plan; qu’il me seconde, et que les résultats en seront avantageux et tendront à confondre nos ennemis communs.
Saint-Cloud, 3 mars 1805
Au maréchal Berthier
Donnez l’ordre au ler régiment de hussards de partir le 10 germinal pour se rendre à Versailles.
Donnez l’ordre au 76e de ligne et au 103e, qui sont en Hanovre, de partir le 20 germinal, pour se rendre, le premier à Venloo, et le second à Maëstricht.
Faites connaître au maréchal Bernadotte que, par la conscription de cette année, il va recevoir 1,200 conscrits, et que mon intention est de faire, dans le courant de germinal, une levée de la réserve de 3,000 hommes, pour porter ses hommes au grand complet ; qu’il ne doit donc point considérer cela comme une grande chose pour les finances du Hanovre; qu’il doit donc dire qu’il remplace ces régiments; que je tiens l’engagement que j’ai pris avec la Prusse de ne tenir jamais plus de 30,000 hommes en Hanovre.
Vous ferez connaître également à Bernadotte que, du moment qu’il fera partir, à dater de germinal, des convois d’artillerie pour la France, toutes les pièces de siège, en bronze, de Hanovre doivent être évacuées; qu’il doit faire travailler aux fourneaux pour faire sauter les fortifications de Hameln, pour que, si dans le courant de germinal il recevait l’ordre de faire sauter les fortifications de Hameln, il pût le faire dans quinze ou vingt jours.
Paris, 4 mars 1805
A M. Talleyrand
Monsieur Talleyrand, vous expédierez à M. Beurnonville, à Madrid, un courrier qui sera porteur du paquet ci-joint pour M. Le Roy, commissaire général des relations commerciales à Cadix. Vous ordonnerez à M. Beurnonville de l’expédier ce paquet à Cadix que quarante-huit heures après l’arrivée du courrier à Madrid, et avec le moins de bruit et d’éclat possible, par un de ses courriers les plus sûrs. Il écrira à M. Le Roy de ne remettre les lettres contenues dans son paquet que trois jours après l’arrivée de ce courrier, afin que la raison de son expédition reste inconnue. Il est nécessaire d’éloigner le plus possible l’attention de cette correspondance de Paris à Cadix. Je désire que ce courrier parte aujourd’hui; il portera la lettre ci- jointe au général Junot et la lui remettra en main propre.
Paris, 5 mars 1805
A l’administration centrale de l’Adige et la municipalité de Vérone
Messieurs les membres de l’administration centrale de l’Adige et de la municipalité de Vérone, j’ai reçu la lettre que vous m’avez écrite à l’occasion de mon avènement au trône impérial, et j’ai lu avec satisfaction les sentiments et les vœux que vous y avez exprimés. La prospérité des peuples confiés à mes soins sera, dans tous les temps, le principal objet de mon attention; mais mon affection distinguera toujours ceux qui se signaleront par leur attachement à ma personne et par un zèle qui corresponde à la haute destinée où j’ai dessein de les élever. Je me plais à croire que vous et les habitants du pays que vous administrez ne cesserez de vous rendre de plus en plus dignes de cette distinction, et, sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait en sa sainte garde.
Paris, 5 mars 1805
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, mon intention est que vous fassiez construire à Fenestrelle une salle d’armes pour contenir vingt mille armes, et que vous preniez des mesures telles qu’au 1er août il y ait à Briançon 21,000 fusils, et à Fenestrelle 21,000. Faites tous les sacrifices nécessaires pour activer les fabrications du Piémont. Il faut faire vingt mille armes par année.
J’avais ordonné, il y a deux ans, que la salle d’armes de Fenestrelle fût construite : l’on n’en a rien fait.
Paris, 5 mars 1805
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, tous les régiments qui font partie des trois camps ne peuvent tous fournir 1,800 hommes sous les armes, surtout ceux qui ont des malades.
Le 30e régiment de ligne aurait besoin de 200 hommes, sans y comprendre ce qu’il doit recevoir de l’à-compte de l’an XIII | 200 hommes. |
Le 61, de ligne, de | 200 |
Le 2le d’infanterie légère, de | 300 |
Le 48e de ligne, de | 200 |
Le 24e d’infanterie légère de | 300 |
Le 26e id. de | 100 |
Le 22e de ligne, de. | 200 |
Le 27e id. de | 100 |
Le 39e id. de | 150 |
Le 69- id. de | 100 |
Le 729 id. de | 200 |
Le 75, id. de | 100 |
Le 96, id. de | 100 |
2,250 |
Peut-être, en faisant ce travail avec plus de soin et de temps, trouverait-on qu’il faudrait 3,000 hommes. Faites-moi un rapport, corps par corps, sur les régiments composant les trois camps; de leur situation au 1er ventôse, présents sous les armes et aux hôpitaux; de la situation des 3e bataillons; du nombre d’hommes de la conscription de l’an XIII qu’ils doivent recevoir. Je désire aussi que vous me présentiez un projet pour appeler 3,000 conscrits sur la réserve de l’an XII, en évitant de rien prendre dans les départements maritimes. Faites-moi connaître le disponible de la réserve de cette année. Quant à la réserve de l’an XIII, indépendamment de ce qui sera nécessaire pour compléter les dragons, il faut aussi me proposer un travail pour compléter les 45 régiments qui font partie des camps, de manière à fournir à l’embarquement 1,050 hommes présents sous les armes par bataillon; faites-moi faire un tableau qui me fasse connaître le nombre d’hommes qu’il faudrait, à cet effet, donner à chacun de ces régiments.
Paris, 6 mars 1805
A M. Champagny
Monsieur Champagny, j’ai lu avec attention le projet de décret que vous m’avez présenté sur le canal de l’Ourcq. J’ai lu aussi les mémoires de la commission des ponts et chaussées qui y étaient joints. Je ne me suis pas trouvé suffisamment persuadé pour adopter le principe de ne se servir de l’Ourcq que pour alimenter les fontaines de Paris, et il ne m’a pas paru qu’il fût démontré qu’il n’est point possible de s’en servir comme canal de petite navigation. Nous n’avons aucun principe démontré sur le rapport qu’il y a entre la salubrité et la vitesse de l’eau. Les ingénieurs ne sont point d’accord sur le jaugeage. L’Ourcq serait d’une grande utilité, lorsqu’il ne serait navigable que dix mois de l’année, et pendant les hautes eaux, où la Marne et la Seine ne le sont point. Aussi il paraîtrait qu’en prenant les moyennes eaux, de l’avis général, elles seraient suffisantes pour un canal de petite navigation. Enfin une ou deux écluses ne seraient point chères et ne ralentiraient point tellement le cours de l’eau qu’elle pût, dans un volume aussi considérable, devenir marécageuse. Dans une ville comme Paris, on ne saurait trop multiplier les moyens d’approvisionnement; et je désirerais connaître par aperçu, des personnes qui connaissent les localités, s’il serait possible de joindre l’Ourcq à l’Aisne, et de se servir de l’Ourcq pour communiquer avec l’Oise, projet sans doute très-coûteux, mais qui n’est point à dédaigner, si l’on pouvait concevoir l’espoir d’établir un canal de petite navigation dans l’intérieur des terres, à vingt ou trente lieues, eu traversant des pays de froment et de bois. Je désire que vous vous rendiez aux Tuileries, vendredi à dix heures du soir, avec M. Cretet, l’ingénieur en chef du canal de l’Ourcq, et un ingénieur de la commission, munis de tous les papiers et plans relatifs au canal de l’Ourcq, et que vous vous fassiez aussi accompagner des sénateurs Monge et Laplace et de M. Prony.
Paris, 6 mars 1805
DÉCISION
Madame de Bourbon, prieure des dominicaines de Parme, demande à rentrer en possession d’un bien de 26,000 francs de revenu dont elle avait fait don à son couvent. | Le ministre des finances me présentera un projet de décret par lequel j’autorise cette abbesse, fille du feu duc de Parme, à rentrer dans la possession de ses biens qu’elle avait donnés au couvent, à condition de se retirer à Rome. |
Paris, 7 mars 1805
A M. Champagny
L’Empereur a appris, Monsieur, que M. Belleville, préfet de la Loire-Inférie ure, affiche avec trop peu de mesure des principes anti-religieux. Il désire que vous fassiez sur cet objet des représentations à M. Belleville.
Paris, 7 mars 1805
A M. Champagny
L’Empereur a donné, Monsieur, des ordres pour que le sieur Stewens et ses adhérents soient arrêtés. Il me charge d’inviter Votre Excellence à écrire aux différents préfets de la Belgique que son intention n’est point qu’ils restent indifférents aux désordres dont ces fanatiques sont les auteurs, et qu’au contraire ils doivent concourir par les mesures les plus efficaces à l’exécution des ordres qui ont été donnés.
Paris, 7 mars 1805
Note pour M. Cretet
Nos maisons de correction sont pleines de mendiants et d’hommes qu’on pourrait employer à des travaux utiles. En même temps, un grand nombre de départements sont encore infestés de mendiants et de vagabonds. Cependant on a besoin de bras presque sur tous les points où l’on fait des travaux considérables; on en a besoin à Cherbourg, aux marais de Rochefort, au fort Boyard. Ne pourrait-on pas enrégimenter ces hommes de la manière suivante ? Quoique notre armée soit très-forte, le territoire est tellement étendu et les besoins sont tellement urgents, qu’on ne peut pas compter sur des troupes pour les employer aux travaux. Sa Majesté désire que M. Cretet lui fasse connaître son opinion sur un projet de décret dont voici les bases :
1° Il sera formé quatre bataillons de pionniers organisés par le ministre de l’intérieur.
2° Chaque bataillon sera composé de trois compagnies et commandé par un officier ayant servi plusieurs années comme capitaine; un capitaine en second, pour aider et remplacer le capitaine commandant; un lieutenant faisant fonctions d’adjudant-major, et un sous-lieutenant faisant fonctions de quartier-maître.
Chaque compagnie sera commandée par un sergent-major, composée de quatre sergents et huit caporaux, choisis parmi des militaires ayant deux ans de grade, et de 200 pionniers.
Les officiers et sous-officiers seront seuls armés; les pionnier n’auront d’autre arme que leurs outils.
3° Un maréchal des logis de gendarmerie avec 2 brigadiers et 12 gendarmes à cheval seront attachés à chacun des bataillons de pionniers, sous les ordres du capitaine commandant le bataillon.
4° Le premier bataillon se réunira à Cherbourg; le second, dans un lieu qui sera désigné près de Rochefort; le troisième, à l’île d’Oléron; le quatrième, dans un lieu qui sera désigné sur le canal d’Arles.
Les vagabonds, les mendiants valides sans domicile et les homme retenus dans des maisons de détention sans être dans les liens d’un jugement, seront conduits dans l’un des quatre dépôts, pour être immatriculés et incorporés dans les bataillons.
5° Ils seront habillés de capotes de drap grossier, faites de la manière la plus commode pour des travailleurs.
6° Il sera fait un fonds de cinquante centimes par homme sur les fonds extraordinaires du ministre de l’intérieur. Ces cinquante centimes seront retenus sur le produit des travaux des pionniers, qu’on fera le plus possible travailler à la tâche.