Correspondance de Napoléon – Mars 1803
Paris, 16 mars 1803
Au général Hédouville, ambassadeur de la république à Saint-Pétersbourg
Général, dans les circonstances actuelles, je ne dois pas négliger de vous instruire des suites que peut avoir l’étrange provocation du Gouvernement britannique, dont je vous ai déjà entretenu par ma dépêche du 21, qui vous sera remise par le chef de brigade Colbert.
Le Premier Consul a été profondément affecté de voir qu’à la face de l’Europe on ait cherché à jeter des doutes sur sa bonne foi, et que, dans un acte public, le Gouvernement anglais ait exprimé le soupçon qu’au milieu de la paix le Premier Consul s’occupât d’une expédition de guerre. Cet outrage à sa loyauté est entré vivement dans son cœur, et dimanche dernier, au cercle de madame Bonaparte, il a saisi l’occasion d’exprimer sa juste indignation devant une assemblée faite pour donner de l’éclat à ses paroles. Je dois vous rendre un compte exact de ce qui a été dit par le Premier Consul, afin qu’on n’en fasse pas à Pétersbourg un rapport peu fidèle.
Le Premier Consul passant auprès de lord Withworth, qui se trouvait à côté de M. de Markof, lui a dit ces propres mots :
« Nous nous sommes battus quinze ans; il paraîtrait qu’il se forme un orage à Londres; est-ce que le roi d’Angleterre veut que nous nous battions encore quinze autres années ? Dans son message, le roi a dit que la France préparait des expéditions offensives. Il a été trompé par les comptes qui lui ont été rendus, car il n’y a pas, dans les ports de France, un seul bâtiment armé. Le seul armement qui se fasse aujourd’hui est dans les ports de Hollande, et tout le
monde sait depuis quatre mois qu’il est destiné pour la Louisiane. Tous les bâtiments français dont nous pouvions faire quelque usage ont -été expédiés pour Saint-Domingue.
Le roi d’Angleterre a dit qu’il existait des différends entre les deux cabinets: je n’en connais aucun. Il est bien vrai que le traité d’Amiens n’est pas encore totalement exécuté, mais ce serait faire injure à la loyauté anglaise que de croire que, parce que les évacuations n’ont pas été faites au terme de trois mois stipulé par le traité, elle croit avoir acquis le droit de ne les plus faire.
Aurait-on eu l’intention, par un armement, d’effrayer le peuple français ? On peut le tuer, mais l’intimider, jamais. »
Quelques moments après, le Premier Consul revenant près de M. de Markof, et seul près de lui, lui a dit à demi-voix » que la discussion était relative à Malte; que le ministère britannique voulait garder cette île pendant sept ans; qu’il ne fallait pas signer les traités quand on ne voulait pas les exécuter. »
A la fin du cercle, lord Withworth s’étant trouvé près de la porte, le Premier Consul lui a dit : « Madame la duchesse de Dorset a passé la mauvaise saison à Paris, je fais des vœux ardents pour qu’elle y passe la bonne ; mais, s’il est vrai que nous devions faire la guerre, la responsabilité en sera tout entière, aux yeux de Dieu et des hommes, à ceux qui nient leur propre signature et qui refusent d’exécuter les traités. »
Telle a été, mot pour mot, la conversation du Premier Consul et du reste je dois vous dire que, nonobstant ce que je vous ai mandé dans ma première, il n’y a pas encore une demi-brigade qui se soit mise en mouvement. Le Premier Consul attend une réponse de Londres, et il ne veut pas douter qu’elle ne soit telle que toute chose rentre dans l’ordre.
Je vous répète que toute démarche de la cour de Russie qui pour objet d’amortir cette chaleur et de consolider le repos de l’Europe sera agréable au Premier Consul.
Le Premier Consul est décidé à ne rien épargner pour consolider la paix; mais il y a des choses qu’on ne peut pas faire, parce qu’elles répugnent à l’honneur, et de ce nombre serait une transaction par rapport à Malte, et qui laisserait cette place pour un temps quelconque aux mains de l’Angleterre.
Nous venons de proposer à M. de Markof un arrangement relatif au roi de Sardaigne; et, pour une prompte conclusion, au lieu du Siennois, qui exige une négociation préparatoire avec la cour d’Espagne, nous avons offert de lui procurer l’État de Lucques, Massa Carrara et les deux bailliages ou enclaves toscanes qui se lient à Massa-Carrara, en y ajoutant la partie qui sépare l’État de Lucques de ces deux bailliages. Cette partie peu considérable appartient à la République italienne et était une dépendance de Modène. Le tout forme 50,000 hommes de plus que le Siennois et les Présides, l’État est plus complet, les établissements plus préparés et le pays meilleur.
- de Markof a écrit dans ce sens au roi de Sardaigne, et a demandé sa renonciation, sans laquelle le Premier Consul ne veut rien faire.
Paris, 16 mars 1803
Au citoyen Mollien, directeur de la caisse d’amortissement
Vous trouverez ci-joint, Citoyen, l’état des sommes existantes dans la caisse des invalides de la marine. Je donne ordre au ministre de la marine de vous les verser, dans le jour, à la caisse d’amortissement. Vous pouvez acheter, encore aujourd’hui, des rentes jusqu’à la somme de 9 millions, s’il est nécessaire. Vous recevrez, savoir : 1,476,813 francs sur la caisse des invalides de la marine, et 500,000 francs que je vous ferai verser dans la journée de demain pour un compte particulier. Vous pouvez vous rendre, dans le jour, chez le trésorier de la caisse des invalides de la marine, qui vous fera verser ces fonds.
Paris, 17 mars 1803
DÉCISION.
Projet de règlement pour la deuxième classe de l’institut (langue et littérature française) | J’approuve ledit règlement; mais je vois avec peine qu’il n’est pas question de quelle manière la compagnie doit se conduire pour remplir son principal but : la confection du dictionnaire et la critique des ouvrages connus de littérature, d’histoire et de sciences. Je désire que le ministre de l’intérieur fasse connaître à la compagnie l’approbation donnée au présent, et qu’il m’en présente un supplémentaire pour remplir le but ci-dessus indiqué. |
Paris, 18 mars 1803
Au général Berthier, ministre de la guerre
Je vous prie, Citoyen Ministre, de faire connaître au général Ney qu’il est autorisé à se concerter avec le landamman d’Affry, pour prendre à notre solde les troupes suisses que ce magistrat présume que les cantons ne conserveraient pas. Il fera partir sur-le-champ ces troupes par Auxonne, hormis 600 hommes qu’il dirigera sur Milan.
Donnez ordre à la demi-brigade suisse qui est à Besançon de compléter son troisième bataillon à 600 hommes et de le diriger sur Dijon; vous donnerez l’ordre au général commandant la 18e division militaire de lui donner deux jours de séjour à son arrivée dans cette ville et de le faire partir pour Orléans. Vous me préviendrez du jour où il arrivera à Orléans. Ce bataillon partira de Besançon le 15 germinal.
Paris, 18 mars 1803
Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies
Il y avait, Citoyen Ministre, au dépôt colonial du Havre, 950 hommes au 21 ventôse; au dépôt de Nantes, 423 hommes au 20 ventôse; à celui de l’île de Ré, au 15 ventôse, 477 hommes; celui de Bordeaux, le 17 ventôse, 204 hommes; à Marseille, le 15 ventôse, 449 hommes, et à Dunkerque, 244 hommes; en tout : 2,747 hommes. Quand peut-on espérer que ces hommes seront embarqués ? Vous sentez combien il est essentiel de forcer les moyens d’embarquement pour envoyer ces hommes à leur destination.
Paris, 18 mars 1803
Au citoyen Barbé-Marbois, ministre du trésor public
On me rend compte, Citoyen Ministre, que le payeur de la marine à Brest a 500,000 francs en caisse, destinés aux services des années IX, X et XI, les particuliers auxquels ces fonds appartiennent ne s’étant pas présentés pour les toucher. Il serait nécessaire d’avoir un rapport sur cet objet, car c’est une chose bien funeste que cette stagnation de fonds.
Saint-Cloud, 22 mars 1803
Au général Berthier, ministre de la guerre
Je désire, Citoyen Ministre, que vous me remettiez jeudi trois projets de parcs d’artillerie: 1° d’un équipage d’artillerie de campagne, composé de 24 bouches à feu, à réunir à Breda; 2° d’un équipage de 18 bouches à feu, à réunir à Bologne, en Italie; 3° d’un équipage de 12 bouches à feu, à réunir à Bayonne.
Vous ferez connaître, dans un état, les lieux d’où l’on tirera les pièces, le moyen qu’on prendra pour se procurer des chevaux, combien de temps il faudra pour que ces équipages soient prêts à partir des parcs. Vous y joindrez la proposition des officiers qui devront commander ces différents parcs.
Il est nécessaire que vous teniez ces dispositions secrètes; elles pourront seulement être confiées au premier inspecteur d’artillerie.
Paris, 23 mars 1803
DÉCISION
Le ministre de la guerre rend compte des rixes qui ont eu lieu, pendant de carnaval, entre des militaires de la 6e demi-brigade et des habitants de Grenoble. L’animosité restée dans les esprits pourrait produire de nouveaux désordres. | Renvoyé au ministre de la guerre, pour faire connaître au général et au préfet que mon intention n’est pas de changer la demi-brigade; que les soldats et les habitants qui se comporteraient mal doivent être punis; que je regarde comme un mauvais système de changer des troupes pour des rixes; que la justice doit être ferme et personnelle, mais ne jamais atteindre directement ni indirectement un corps entier. |
Malmaison, 23 mars 1803
Au Ministre des relations extérieures
Je vous envoie, Citoyen Ministre, une lettre qu’il est bon que vous lisiez. Je désire que dans le même style et par le même canal, vous fassiez sentir combien la conduite de M. de Markoff est fautive, puisque l’individu qu’il réclamait était dans ces affaires qui sont suivies depuis longtemps, et que d’Antraigues et Veragues ne tendent qu’au même but; qu’il n’est pas digne de l’Empereur, après avoir reconnu un Gouvernement vivant en bonne intelligence avec lui, et après avoir donné même des marques d’estime au Chef, d’accréditer dans des pays étrangers des hommes qui abusent de ce caractère à ce point; que cela ne veut pas dire que S.M. n’est pas le maître d’employer dans ses États comme il l’entend des individus quels qu’ils soient.
Je vous renvoie vos deux notes, je ne vois pas d’inconvénient à faire mettre dans le Moniteur la lettre de M. d’Edelstein.
Lettres à Talleyrand
Paris, 24 mars 1803
Au Citoyen Talleyrand
Vous trouverez ci-joint les dépêches que je reçois par un courrier que j’avais expédié à Joseph.
La France a toujours refuse au Stadhouder le titre de prince d’Orange; nous ne pouvons donc pas divaguer à cet ancien usage.
De tous les articles de la Porte le plus convenable c’est la troisième rédaction. Si cependant il était possible il faudrait supprimer les deux dernières lignes qui commencent par elle est invitée etc.
Quant à l’article 16, je ne comprends pas bien ce qu’il veut dire. Mais il est indispensable que le mot Noblessen’entre pas dans la rédaction. Il doit mettre au Protocole que le soussigné entend par la cession de la langue française qu’aucun individu de cette langue ne pourra être appuyé par les autres langues ni jamais faire partie de l’ordre. Cela mis au Protocole suffira.
Quant aux Barbaresques, il faut faire sentir, en mettant au Protocole, ou ce qui est la même chose, par une note, combien il est inconvenant que l’Ordre de Malte, institué pour faire la guerre aux barbaresques, les reçoivent dans des ports où ils ravagent les états même du Pape. Comment le Portugal, qui est constamment en guerre avec les Barbaresques pourra souffrir que les vaisseaux marchands sortant du port de Malte soient capturés par les Barbaresques; que cela bouleverse toutes les idées et s’éloigne de la nature des choses; que le mezzo termine serait de ne pas parler des Barbaresques; que si le plénipotentiaire anglais n’a en vue que Gênes, j’obligerai bien quand il me plaira les Barbaresques à respecter le pavillon génois.
Du reste après avoir tenu bon et surtout pris acte de la présentation de la Note ou de l’insertion du Protocole, le plénipotentiaire francais est autorisé à passer outre et ne retardera pas d’une heure la signature du Traité pour cet article : il me suffira seulement de constater que ce sont les Anglais qui ont voulu cette absurde injustice.
Ainsi, le plénipotentiaire français est autorisé à signer en ôtant le mot noble à la rédaction de l’article Malte. Le mot prince d’Orange que nous ne pouvons pas reconnaître; en prenant la 3e rédaction de la Turquie et en présentant deux Notes, l’une relative aux Émigrés Chevaliers de Malte, l’autre relative aux Barbaresques.
Lettres à Talleyrand
DÉCISION
Bayer, aumônier du grand-maître de Malte, n’ayant aucune ressource, se recommande à la bienveillance du Premier Consul. | Le citoyen Estève remettra au pétitionnaire une somme de 1000 francs. |
Paris, 24 mars 1803
DÉCISION
Rapport du citoyen Portalis sur les fonds mis à la disposition des évêques par les conseils généraux des départements. | Renvoyé au ministre de l’intérieur , invité à présenter dans un rapport qui fasse connaître les départements qui ont voté des sommes en supplément de traitement pour les évêques, vicaires généraux , chanoines ou curés, les sommes qui ont été votées, et les mesures qui ont été prises pour en assurer le payement. |
Paris, 24 mars 1803
DÉCISION
Rapport du citoyen Portalis sur des demandes de cloches par différentes communes du département de la Vendée. | Il faudrait s’arranger de manière que chaque commune eût une cloche. |
Paris, 24 mars 1803
DÉCISION
Ritter, ancien membre de la Législative, n’ayant point encore l’emploi de conservateur forestier pour lequel le premier Consul l’avait recommandé au citoyen Duchâtel, le prie de l’utiliser le plus tôt possible. | Le citoyen Estève lui payera 9 000 francs, en attendant qu’il soit placé. |
Paris, 24 mars 1803
DÉCISION
Le citoyen Robertson prie le Premier Consul de s’intéresser à une maison d’éducation écossaise à Ratisbonne, et de prévenir la suppression de cet établissement. | Le ministre des relations extérieures fera connaître à Ratisbonne que je m’intéresse à cette maison et que je désire qu’on lui laisse les biens qui lui sont affectés, afin que les catholiques écossais puissent avoir un moyen de s’instruire. |
Paris, 24 mars 1803
DÉCISION
Le général Montchoisy demande qu’il soit attaché à l’expédition des îles de France et de la Réunion une demi-compagnie d’ouvriers d’artillerie et une demi-compagnie de sapeurs. Le ministre pense, qu’une seule de ces compagnies suffirait. | Il est inutile d’envoyer des sapeurs, puisque les nègres peuvent en tenir lieu ; quant aux ouvriers je pense qu’il ne faut point prendre de la marine nos ouvriers d’artillerie, mais former une compagnie d’ouvriers quelconques. |
Paris, 24 mars 1803
DÉCISION
Le générai Belliard rend compte de la formation de corps de volontaires dans la Belgique et demande quelle organisation il doit donner à ces compagnies. | Renvoyé au ministre de la guerre, pour lui faire connaître qu’il est convenable qu’il laisse faire les municipalités et n’y porte aucune espèce d’attention. |
Paris, 25 mars 1803
Au général Berthier, ministre de la guerre
Il est possible, Citoyen Ministre, que, dans le courant de floréal, j’aille parcourir les 16e, 24e, 25e et 26e divisions militaires; je désire qu’il soit donné des ordres particuliers pour que les corps puissent m’être présentés dans la meilleure tenue.
Il est convenable que vous vous fassiez rendre compte de tout ce qui pourrait être dû, pour l’arriéré, à chacun des corps en garnison dans ces quatre divisions, et que vous écriviez aux conseils d’administration pour connaître pourquoi on ne les paye pas, vu que vous avez des fonds à votre disposition pour les payer, et qu’en attendant vous leur fassiez passer de forts à-compte; que vous donniez les ordres nécessaires, en même temps, pour leur faire envoyer l’habillement de l’an XI, et pour que, préférablement à tout autre corps, ils soient au courant pour leurs masses de l’an XI, ainsi que pour leur solde et leurs différents décomptes de chauffage.
Je désirerais savoir s’il y a des tentes et autres objets nécessaires pour faire un camp dans chacune de ces quatre divisions, et, dans ce cas, quel serait le local le plus convenable avec la saison, où aurait l’espace de faire manœuvrer une vingtaine de bataillons, et enfin les dépenses qu’occasionneraient ces quatre camps.
Vous ferez prévenir que je demanderai spécialement à voir tous les conscrits. Il est convenable qu’ils soient tous habillés et assez instruits pour être dans l’école de peloton.
Paris, 4 germinal au XI (25 mars 1803
Au général Berthier
Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner ordre que les différents généraux des divisions réunissent, pendant les mois de floréal, prairial, messidor, thermidor et fructidor, tous les détachement que pourraient avoir les différents régiments; quand le local le permettra, la demi-brigade entière ou tous les escadrons de cavalerie s réunis; et, dans les petites places, il y aura au moins un bâtiment ou deux escadrons.
Sous aucun prétexte, il ne sera fourni ni ordonnance, ni détachement, quelques réclamations que puissent faire les autorités locales. On n’exceptera de cette règle que les détachements d’éclaireurs qui sont envoyés sur les frontières pour empêcher la contrebande.
Recommandez aux généraux des divisions de veiller à ce que l’on travaille à l’instruction, et qu’il y ait de l’ensemble dans les mouvements; à ce que les conscrits soient sur-le-champ habillés, au moins en vestes, et qu’aux manœuvres d’automne ils soient tous à l’école de bataillon, et puissent dès cette année faire l’exercice à feu.
Recommandez également que les régiments qui sont à portée de l’eau dressent leurs chevaux à passer les rivières ; que tous les régiments de dragons fassent l’exercice à pied, quand même- ils n’auraient pas de fusils, et qu’on leur en distribue une cinquantaine pour commencer leur première instruction.
Quant à l’artillerie, je pense que le premier inspecteur aura donné les instructions nécessaires pour que le service en soit suivi avec la plus grande activité. Mon intention est que, dans chaque régiment d’artillerie à cheval, on tienne note des canonniers pointeurs qui auront abattu le plus de blancs ; qu’on tienne également compte des bombardiers qui auront mis le plus de bombes dans le cercle, et de ceux qui auront tiré le mieux l’obus.
Chacun de ces régiments enverra, du 15 au 20 fructidor, ses dix meilleurs pointeurs à La Fère, où il sera préparé de grands exercices d’artillerie, consistant en tir de canons de siège, de campagne, sur leurs affûts, de batteries d’obusiers et de bombes, boulets rouges et toute autre espèce de tir, afin de savoir qui des huit régiments fournira le meilleur pointeur.
Vous me remettrez un projet d’instruction pour ces grands exercices, que mon intention est de tenir tous les ans. Il faut que les canons et bombes soient tirés à une grande distance.
Paris, 25 mars 1803
Au général Berthier
Je vous prie, Citoyen Ministre, de faire connaître au général Vandamme qu’il ait à réunir toute la 28e à Boulogne, la 8e à Ostende et Nieuport, et une autre demi-brigade à Calais.
Je désire également que vous donniez ordre à trois compagnies du 8e régiment d’artillerie de se rendre, l’une à Boulogne, l’autre à Calais, et la troisième à Dunkerque. Il est nécessaire que l’artillerie envoie sur cette côte tous les affûts et munitions nécessaires pour l’armer au premier ordre qui serait donné.
Tout cela doit s’exécuter sans précipitation et sans exciter d’alarme. On n’armera que lorsque l’ordre en sera donné.
Je vous prie de m’apporter, dimanche matin, l’état des pièces, affûts, approvisionnements et armements, nécessaires pour la défense de cette côte.
Paris, 25 mars 1803
Au général Berthier
Je vous prie, Citoyen Ministre, d’envoyer l’ordre au général Montrichard de réunir sur-le-champ à Flessingue toute la 95e demi-brigade, sous les ordres d’un général de brigade, pour défendre l’île Walcheren.
Donnez ordre à deux bataillons de la 76e et à deux bataillon de la 48e, portés au grand complet de paix et commandés par les chefs de brigade, de se rendre à Breda; vous donnerez le même ordre à trois escadrons du 2e de hussards et à trois escadrons du 11e dragons, également portés au complet de paix.
Vous ferez atteler et conduire dans le plus bref délai à Breda douze pièces d’artillerie, dont six pièces d’artillerie légère et six d’artillerie à pied.
Donnez ordre au général Frère de partir sous quarante-huit heures pour Breda, où il servira dans ce corps d’armée.
Donnez ordre au général Dulauloy de s’y rendre également, pour commander l’artillerie.
Vous nommerez un chef de brigade du génie, deux capitaines et quatre lieutenants, pour compléter l’état-major de ce corps; un commissaire ordonnateur sera désigné pour y servir.
Ce corps, étant destiné à défendre le territoire hollandais, sera payé et soldé par la République batave.
Recommandez au général Montrichard de veiller sur toutes places fortes.