Correspondance de Napoléon – Mai 1815
Mai 1815
Paris, 1er mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, donnez ordre qu’on fasse transporter demain à l’École polytechnique un obusier, une pièce de 6 et une pièce de 12, et que toute l’École soit exercée à la manœuvre, de manière à pouvoir servir seize pièces de canon ou deux batteries. Aussitôt qu’ils sauront parfaitement la manœuvre des pièces de campagne, même les manœuvres de force, vous les ferez aller deux fois par semaine, le mercredi et le vendredi, à Vincennes, où ils s’exerceront au polygone à tirer au boulet.
Paris, ler mai 1815
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, si la batterie de Saint-Cyr est désarmée, donner ordre qu’on y envoie demain six pièces de canon et qu’on forme dans l’École quatre compagnies, composées des plus grands, qu’on exercera à la manœuvre, afin qu’elles puissent servir quatre batteries, chacune de huit pièces de canon.
Donnez ordre également qu’à l’École d’Alfort on organise deux compagnies, pouvant servir chacune huit pièces de canon; qu’on y fasse l’exercice des pièces et que les élèves aillent ensuite tirer an polygone de Vincennes.
Donnez le même ordre pour l’École vétérinaire de Lyon.
Paris, 1er mai 1815
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, je vous ai envoyé l’état de distribution des bataillons de grenadiers et de chasseurs des gardes nationales mises en réquisition jusqu’à ce jour. Il en résulte que l’armée du Nord, qui emploie en tout ou en partie ce que la 1e, la 2e, la 14e, la 15e et la 16edivisions fournissent, aura cent cinq bataillons de garnison.
Si, dans les départements où la levée est difficile, il y avait quelque déficit, on pourrait tirer de la deuxième ligne de quoi y suppléer. Ainsi, par exemple, le Calvados fournit cinq bataillons à Abbeville ; Seine-et-Marne en fournit quatre à Meaux ; l’Oise en fournit deux à Amiens : s’il y avait urgence, on pourrait tirer de ces différentes garnisons pour envoyer sur les points de l’extrême frontière où il y aurait déficit
La garnison importante de Lille se trouve, d’après cet état, formée de sept bataillons de l’Aisne, qui sont bons, de quatre de la Seine-Inférieure, qui sont également bons, et de la garde sédentaire de la place.
Indépendamment de cent cinq bataillons de garnison, l’armée du Nord aura une division de réserve de grenadiers de gardes nationales, qui prendra le nom de 1e division de réserve de grenadiers de gardes nationales. Cette division se réunira à Sainte-Menehould et sera commandée par un lieutenant-général, deux maréchaux de camp et cinq colonels ou majors en second, que vous enverrez pour commander chaque régiment, que l’on composera de deux bataillons. On organisera, pour cette division, à Sainte-Menehould, une batterie de huit pièces de canon. Vous ferez comprendre la 1e division de réserve des gardes nationales dans l’état de situation du 6e corps, qui est la réserve de l’armée du Nord.
L’armée de la Moselle aura quarante-deux bataillons de gardes nationales, dont trente-deux tiendront garnison dans les places et dix formeront une division de réserve, qui portera le nom de 2e division de réserve des grenadiers de gardes nationales. Cette division sera commandée par un lieutenant-général, deux maréchaux de camp et cinq colonels ou majors. Elle aura également une batterie d’artillerie. Le général en chef de l’armée de la Moselle se servira de cette division, qui doit se réunir à Nancy, spécialement pour défendre les Vosges et appuyer ses mouvements. Mettez à la tête de cette division des généraux qui connaissent les Vosges.
L’armée du Rhin aura trente-cinq bataillons, dont vingt-neuf dans les places et six de réserve. Un lieutenant général, deux maréchaux de camp, trois majors ou colonels commanderont ces bataillons. La réserve aura une batterie ; elle se réunira à Colmar et sera sous les ordres du général commandant la 5e division militaire.
Le corps d’observation du Jura aura quarante-six bataillons, dont vingt-deux dans la garnison et vingt-quatre en réserve. Ces vingt-quatre bataillons formeront deux divisions de réserve qui se réuniront, l’une à Vesoul et l’autre en avant de Besançon. Deux lieutenants généraux, quatre maréchaux de camp et douze colonels, majors ou lieutenants-colonels, commanderont ces deux divisions, qui prendront les noms de 3e et 4e division de réserve de gardes nationales. Elles seront spécialement chargées de la défense du Jura et de celle du débouché de Belfort. Si la Suisse reste neutre ou que l’ennemi ne viole pas sa neutralité, ces vingt-quatre bataillons se réuniront à Belfort, pour appuyer la droite des Vosges, couvrir le débouché de Belfort et tout le haut Rhin.
L’armée des Alpes aura cinquante-six bataillons, dont quatorze en garnison et quarante-deux en réserve. Ces quarante-deux bataillons de réserve formeront trois divisions, savoir : la 5e, la 6e division de réserve de gardes nationales, qui seront composées des vingt-quatre bataillons de la 7e division militaire; la 7e division de réserve de gardes nationales, qui sera composée des quatorze bataillons de la 19e division militaire. Ces trois divisions seront placées sous les ordres du général en chef de l’armée des Alpes : une au fort Barraux, une à Valence, et la 7e, avec les bataillons de la 19e division militaire, dans une position entre le fort de l’Écluse et Lyon, pour couvrir cette dernière ville contre une colonne ennemie qui viendrait de Genève. Il faut donc envoyer trois lieutenants généraux, six maréchaux de camp et vingt et un colonels ou majors, pour commander ces gardes nationales. 1Il faut également leur organiser des batteries.
Il faut donner pour instruction aux généraux commandant dans le Nord que les garnisons des places puissent se réunir et former des divisions actives, qui prennent position en avant des lignes. Cela doit s’appliquer à toutes les grandes garnisons. Metz, par exemple, qui a une excellente garde nationale, peut former ses grenadiers et chasseurs en une division de réserve, pour aller au secours de l’armée active, assurer les convois, etc. Il est donc nécessaire que les généraux en chef connaissent bien les troupes qui doivent composer les garnisons.
Vous devez donner des ordres pour que les grenadiers et chasseurs se rendent dans leurs garnisons respectives sans armes et sans leur habillement ; et prenez des mesures pour que les armes et l’habillement leur soient fournis dans ces garnisons. Si, en exécution des ordres du ministre de l’intérieur, les préfets ont pris des mesures pour les habiller, il faut qu’ils leur envoient des habits. En attendant, ils s’exerceront et rendront les troupes de ligne disponibles. Il est important que, du 10 au 15 mai, toutes les places soient occupées par les gardes nationales, et que les troupes de l’armée, se réunissant dans les camps, deviennent mobiles.
Cela fait, en tout, deux cent quatre-vingt-quatorze bataillons, sans y comprendre les garnisons de la 13e et de la 14e division. Sur ces deux cent quatre-vingt-quatorze bataillons, quatre-vingt-douze sont réunis en divisions de réserve et deux cent deux forment la garnison des places.
Chaque régiment de garde nationale sera composé de deux bataillons.
Le colonel ou major, le chef de bataillon, les adjudants-majors seront tirés des troupes de ligne.
Ayez soin d’envoyer en Alsace des généraux et officiers qui parlent allemand.
Paris, 1er mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, vous devez faire connaître aux généraux commandant en chef les armées du Nord, de la Moselle, du Rhin, des Alpes et le corps d’observation du Jura, le système que j’ai adopté pour la défense du territoire. Leurs armées se composent de troupes actives et de troupes de garnison. Les garnisons sont toutes composées de bataillons de grenadiers et de chasseurs de gardes nationales et de la garde nationale sédentaire de la place. L’armée active se compose des troupes de ligne de toutes armes, des divisions de réserve des gardes nationales, des corps francs ou de partisans et de la levée en masse.
Je ne dirai rien ici de l’organisation des troupes de ligne qui doivent être sous leurs ordres.
Pour l’armée du Nord, il y a plusieurs chefs de corps d’armée qui ont chacun plusieurs divisions sous leur commandement. L’armée de la Moselle se compose de trois divisions d’infanterie déjà, organisées, qu’il faut successivement renforcer, afin que chaque régiment ait ses quatre bataillons à l’armée. Il faut renforcer de même les régiments de l’armée du Rhin et ceux de l’armée des Alpes. Le commandant du corps du Jura aura la division d’infanterie qui est actuellement à Belfort.
La garde nationale active se compose d’une division de réserve pour le Nord, d’une division pour l’armée de la Moselle, d’une division pour l’armée du Rhin, de deux divisions pour le corps d’observation du Jura, et de trois pour l’armée des Alpes.
Chaque général commandant en chef doit encourager la formation des corps de partisans dans son commandement. Il doit leur désigner les forêts, les ravins et les directions où ils doivent manœuvrer pour intercepter la ligne de communication, les convois et les courriers de l’ennemi. Vous devrez faire imprimer le décret sur la formation des corps francs et l’envoyer aux généraux et aux préfets, sans pour cela le faire insérer dans tout son contenu au Moniteur.
Les divisions de réserve de gardes nationales sont sous les ordres des lieutenants généraux. Les gardes nationales dans les garnisons sont sous les ordres des gouverneurs de place. Les partisans sont détachés et sous les ordres de ceux qui commandent les corps francs.
Les généraux commandants d’armée sont maîtres de donner la correspondance et la direction des corps francs aux lieutenants généraux des ailes, aux commandants des départements ou aux commandants des places sur lesquelles ces corps doivent s’appuyer. Mais il est important de ne pas les distraire de leur service et de leur laisser l’indépendance nécessaire dans leurs mouvements.
La levée en masse se compose de l’organisation de la garde nationale, de tous les gardes forestiers, de toute la gendarmerie et de tous les bons citoyens et employés qui voudraient s’y joindre. Elle doit être organidée par département et être sous les ordres d’un maréchal de camp, soit de celui qui est chargé de l’organisation dees gardes nationales, soit de celui qui commande le département. Cette levée en masse doit se réunir au son du tocsin, et les généraux commandant en chef des armées doivent indiquer les points de ralliement qu’elle doit occuper en masse, tels que les défilés des ponts, des gorges des montagnes, ou lui donner des rendez-vous un jour d’affaire pour venir soutenir l’armée et tomber sur les flancs et les derrières de l’ennemi. Les généraux en chef seront les maîtres de charger un général de l’état-major de toute la correspondance et de la direction des levées en masse. Dans chaque département, le général en chef indiquera les ponts, .défilés et villes fermées que les levées en masse doivent plus spécialement défendre. Il doit donner des ordres pour que les habitants travaillent sur-le-champ à mettre en état de défense leur ville, leurs portes, leurs ponts, par des barrières, des palissades, ou des têtes de pont, selon les localités; de sorte que la cavalerie légère ennemie, les officiers porteurs d’ordres, les convois, les fourrageurs de l’ennemi, ne puissent se répandre nulle part. Le grand nombre de places fortes que nous avons sur la ligne du Nord, les défilés qui sont sur la droite, les grandes forêts d’alentour, comme celle de Mormal et d’autres, sont propices aux mouvements des partisans et des corps francs, et même pourraient servir de retraite à une portion de la levée en masse. Les gorges des Ardennes, la forêt de l’Argonne, les différentes lignes derrières et un grand nombre de petites places fermées, qui sont à l’abri des incursions des troupes légères, doivent servir de points d’appui aux levées en masse pour la défense du pays. La défense du passage du Rhin, la défense des Vosges, celles des gorges de la Franche-Comté, les défilés du Jura et tous les défilés des Alpes, sont extrêmement favorables aux opérations des autres armées.
Il sera nécessaire que les généraux en chef fassent connaître par des circulaires aux villes de leur commandement que sera réputée lâche et traître envers la patrie toute ville qui ne se défendrait pas contre des troupes légères, qui obéirait à des réquisitions ou se soumettrait à des sommations que l’ennemi n’aurait pas appuyées par des forces supérieures en infanterie; qu’en conséquence, chaque ville doit réparer ses portes, son enceinte, la défense de ses ponts, afin que la gloire acquise par les villes de Chalon, de Saint-Jean de Losne et de Tournus soit partagée par toutes les villes de France et que l’exemple donné par Dijon et Macon ne se renouvelle plus.
Je pense qu’une circulaire bien faite, que vous-même vous adresseriez aux préfets et aux maires des villes serait utile. Vous leur ferez sentir d’abord combien du succès de cette guerre, si elle a lieu, dépendent le salut de la France et son indépendance; combien notre cause est juste et sainte; que j’ai une forte armée que je commanderai moi-même, et que nous battrons l’ennemi; mais combien il est nécessaire que partout on soit prêt à concourir à la défense de l’honneur de la nation, et que partout l’ennemi ne trouve qu’obstacles et des Français animés par le plus pur patriotisme.
Des officiers du génie devront parcourir les localités et donner leurs avis.
Le comité de défense donnera des instructions pour défendre eu deuxième ligne la Somme, la Meuse, les Vosges, la Saône et le Rhône.
Ces travaux faits, il nous restera à organiser, dans les meilleures provinces du centre, une quarantaine de bataillons pour occuper Bordeaux, Toulouse, les principaux débouchés de la Loire, Nantes, et contenir les malveillants qui voudraient exciter la guerre civile.
Il restera aussi à s’occuper du corps d’observation du Var et de celui des Pyrénées. Mais il ne faut pas perdre un moment pour organiser les armées du Nord, de la Moselle, du Rhin, du Jura et des Alpes.
Ainsi il y aura pour chaque armée un général en chef, un adjudant général, qui correspondra avec les partisans et en aura la direction, et un général qui correspondra avec les commandants de département pour les levées en masse et qui en aura la direction. Les généraux en chef seront l’âme de tout.
Je n’ai pas nommé de général en chef pour le Nord, parce que je me réserve ce commandement; mais vous chargerez le comte d’Erlon de faire l’organisation dans la 16e division militaire, et le général Vandamme dans la Meuse et les Ardennes.
Paris, 1er mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, vous donnerez l’ordre au général Haxo et au général Rogniat, accompagnés d’un colonel du génie et de deux capitaines, de se rendre demain sur les hauteurs de Montmartre, d’y tracer quatre redoutes de 60 à 80 toises de côté intérieur et battant les différents débouchés de la montagne. Le colonel et les deux capitaines seront chargés de la suite des travaux. Dès demain ces deux généraux feront placer les jalons. Dès mardi, le colonel et les officiers du génie monteront les ateliers et mettront 50 travailleurs à chaque redoute, de sorte qu’avant jeudi il y ait là 1,000 ouvriers qui travaillent. Mardi les généraux continueront de visiter les hauteurs ; ils feront placer des jalons sur celles de Ménilmontant pour le tracé de tous les ouvrages qu’ils jugeront indispensable d’occuper. Ils ne perdront pas de vue que mon but est de favoriser des troupes inexpérimentées et de les mettre en état de tenir contre de vieilles troupes. Quand ils auront tracé les ouvrages de Ménilmontant et de Belleville, ils suivront, par Saint-Denis et autres points, la reconnaissance des positions à fortifier pour compléter la défense de Paris.
J’ai deux buts, l’un de faire voir que nous ne nous dissimulons pas le danger, l’autre de profiter du moment pour avoir ces ouvrages, qui, si nous avons la paix, se trouveront faits et pourront, dans de différentes circonstances, être utiles.
Vous autoriserez cette commission à se faire aider par un détachement de l’École polytechnique.
Paris, 2 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, je vous ai mandé que je voulais trente batteries d’artillerie sans attelages ni personnel, pour le service de la défense de Paris. Mon intention est que vous fassiez sur-le-champ disposer un parc de dix batteries pour défendre Lyon; il n’y aura également ni personnel ni attelages. Ces batteries auront un double approvisionnement. Nommez un général pour commander cette artillerie, qui sera servie, 1° par un bataillon d’artillerie de marine de Toulon, qui servira six batteries; 2° par la compagnie de l’École vétérinaire, qui servira deux batteries ; et par deux compagnies de gardes nationales qu’on formera et qui serviront les deux autres batteries. La compagnie d’ouvriers militaires qui sera attachée à l’armée des Alpes pourra travailler aussi aux fortifications de Lyon.
Les troupes chargées de défendre la ville consisteront dans la division des grenadiers et chasseurs de la 19e division militaire, qui se réunissent d’abord du côté du fort de l’Écluse, et se reploieraient sur Lyon; dans 8 ou 9,000 hommes de gardes nationales sédentaires de Lyon et des faubourgs ; enfin dans les dépôts de troupes de ligne et détachements qui arriveraient de l’armée des Alpes.
Le général Curial, qui commande la division, commanderait cette place. Il faut lui donner un maréchal de camp actif et vigoureux, comme commandant d’armes, et lui organiser le service du génie et de l’artillerie, afin que tout cela ait l’ensemble et l’activité nécessaires.
Les dix batteries doivent être suffisantes pour défendre cette ville. Dans ce nombre, il est indispensable qu’il y ait au moins trente à quarante pièces de 12; et, quand les ouvrages seront plus avancés, il sera nécessaire d’y envoyer huit ou dix pièces de siège pour tirer d’un bord de la rivière à l’autre.
Je suppose que vous avez donné des ordres pour l’armement et la mise en état de Grenoble.
Paris, 2 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, je vois, par votre rapport du 29 avril, que vous n’avez pas fait venir de troupes du corps d’observation des Pyrénées pour occuper Pont-Saint-Esprit; cela étant, je désire que vous donniez ordre au 62e régiment de ligne de se rendre à Napoléon ville, chef-lieu de la Vendée, pour pourvoir à la sûreté et protéger les départements de l’Ouest, ce qui permettra le départ des régiments qui sont retenus dans la Vendée et qui sont nécessaires au 6e corps.
Prévenez le général Clausel que j’ai ordonné la formation de bataillons de grenadiers et de chasseurs de la garde nationale, qui se rendront à Bayonne, à Pau, Saint-Jean-Pied-de-Port, Perpignan, Blaye et toutes les places frontières des Pyrénées, ce qui rendra disponible sa troupe de ligne. Donnez-lui ordre de former de ces bataillons des corps pour protéger les frontières des Pyrénées. Il sera attaché un régiment de cavalerie à chacun de ces corps.
Paris, 2 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, je viens de lire l’avis du comité sur la défense de Lyon. La mesure que vous avez prise d’envoyer le général Montfort n’est pas suffisante. Ordonnez qu’on fasse un pont-levis au pont de la Guillotière; faites renforcer par une barrière le débouché du pont. Faites faire une tête de pont au pont des Brotteaux, afin d’avoir un point de ce côté pour l’offensive. Ordonnez la mise en état de l’enceinte, sur les hauteurs entre la Saône et le Rhône ; faites établir plusieurs redoutes sur ces hauteurs, une, entre autres, en avant de la côte qui domine le Rhône; on y appuierait une flèche qu’on construirait sur le chemin de halage, ce qui la joindrait au Rhône et protégerait les palissades dont on garnirait le rempart qui arrive au fleuve. Ces ouvrages ne sont pas d’une grande difficulté. Ordonnez que l’armement ait lieu en même temps. Il est nécessaire que ce soit fait avant le 30 mai. L’armement n’empêche pas de travailler en même temps à la mise en état des ouvrages.
C’est déjà un grand résultat que de mettre Lyon à l’abri de la manière que j’ai déterminée ci-dessus ; mais ce succès ne saurait être complet si l’on n’occupe également la rive droite de la Saône. Ordonnez donc qu’on y construise des redoutes : une qui remplace Pierre-Encise, ferme la ville de ce côté et la sépare du faubourg ; l’autre qui couvre les hauteurs qui dominent le quartier Saint-Jean. Donnez ordre qu’une partie des sapeurs et des officiers du génie de l’armée des Alpes, ainsi que les officiers d’artillerie destinés à Toulon, se rendent dans la place sans délai.
On peut à la fois mettre en état le pont de la Guillotière, établir un second pont-levis au pont des Brotteaux, travailler à la tête de pont des Brotteaux, à la réparation de l’enceinte entre la Saône et le Rhône, et aux deux redoutes les plus importantes; l’une, comme je l’ai dit ci-dessus, en avant du côté du Rhône, de manière à appuyer une flèche qui longe le fleuve; l’autre du côté de la Saône, qui défende une flèche appuyée à la rivière. Il est nécessaire qu’au 5 mai les travaux soient en activité.
Pendant ce temps on reconnaîtra les hauteurs de Fourvières, sur la rive droite de la Saône, et on soumettra les projets des ouvrages au comité des fortifications.
Il sera nécessaire d’établir une barrière au pont de Perrache, afin qu’on soit maître de ne le couper qu’à la dernière extrémité.
Paris, 2 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, écrivez de nouveau pour que les gardes nationales se rendent en toute diligence dans les places fortes, afin que le 10 mai il n’y ait plus un bataillon de troupes de ligne dans ces places, et qu’à cette époque tous les corps soient cantonnés ; ou, s’il en reste encore dans les places, qu’ils n’y fassent aucun service, qu’ils soient entièrement disponibles; que les chevaux de peloton soient achetés, les ambulances organisées, et que chaque général ait toujours à l’avance, pour son corps d’armée, six jours de pain, qui se renouvellera par la consommation de chaque jour ; de sorte qu’au premier ordre de départ le soldat emporte avec lui six jours de pain.
Paris, 2 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, je vois, par le rapport du général Neigre, qu’il y a à Vincennes des pièces de 3, de 4, de 6, de 8 et de 12, et des obusiers de deux calibres, ce qui fait sept calibres différents. Je pense qu’il serait plus convenable, pour la défense de Paris, de n’avoir que des pièces de 12, de 6 et des obusiers d’un seul calibre. Comme vous avez un équipage à Lyon, on pourrait n’y mettre que des pièces de 8 et de 4. Enfin, si le bureau d’artillerie persiste à conserver ces deux calibres, il faudrait mettre le 8 et le 4 sur la rive gauche de la Seine, et avoir un parc séparé qui pourrait être placé aux Invalides et qui n’aurait rien de commun avec la rive droite, où seraient les principales forces, et qui n’aurait que des pièces de 12, de 6 et des obusiers d’un seul calibre.
Portez la plus grande attention à faire organiser et à accélérer par tous les moyens possibles les défenses commencées.
Paris, 2 mai 1815.
Au comte Carnot, ministre de l’intérieur, à Paris.
Monsieur le Comte Carnot, vous m’avez présenté hier un travail sur la garde nationale de Paris. Les choix sont d’une grande importance. Je pense qu’il faut les faire examiner confidentiellement par une commission composée d’hommes chauds et qui connaissent Paris. On consultera ensuite les comtes Real, Dubois et Regnaud de Saint-Jean-d’Angély, qui pourront ajouter des notes utiles. De cette façon on fera de bons choix, qui mettront à même de s’assurer l’opinion de cette grande cité.
Paris, 2 mai 1815.
Au général comte Dejean, premier inspecteur général du génie, à Paris.
J’ai pris un décret qui met à votre disposition une somme de 500,000 francs pour les travaux des fortifications à faire aux environs de Paris. Tout le bois dont vous aurez besoin vous sera fourni des forêts du Domaine ou de celles de la Couronne. Prenez des mesures pour qu’il y ait demain 200 ouvriers employés aux travaux sur Montmartre, et, successivement, je désire que le nombre en soit porté à 4 ou 5,000. Je suppose que les ouvrages ont été jalonnés hier. Aussitôt que vous le pourrez, remettez-moi le plan de Montmartre, avec les ouvrages que vous vous proposez d’y faire; il faut qu’ils soient fortement palissadés; on pourrait même établir quelques blockhaus, si cela est jugé nécessaire.
Je suppose que dans la nuit le décret sera au ministère de la guerre; procurez-vous-le demain matin de bonne heure.
Paris, 3 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, vous trouverez ci-joints les vrais numéros qui étaient sous les aigles. Le fondeur à qui ils avaient été donnés pour être fondus vient de m’en faire hommage. Cela est précieux. Faites-les placer sous les aigles, et indemnisez le fondeur.
Paris, 3 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, vous pouvez donner l’ordre de tendre les inondations dans le Nord, partout où ces inondations ne feraient pas de dégâts; mais, partout où elles pourraient produire une perte de 3,000 francs, il n’en faut faire aucune. Il faut que le comte d’Erlon ne donne l’ordre de les tendre que lorsque le premier coup de fusil aurait été tiré ; mais, dans la situation actuelle des choses, il n’est pas impossible qu’on ne puisse gagner la récolte, et, après la récolte, l’inondation ne ferait plus de mal.
Paris, 3 mai 1815
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, je réponds à votre rapport du 27 avril. Faites votre répartition des 8,000 chevaux entre les différents départements. J’ordonnerai qu’on les paye en bons admissibles en payement des biens des communes et des forêts.
Je pense que l’approvisionnement de siège pour trois mois est suffisant; faites-moi connaître à combien cette dépense se montera, ainsi que celle pour la réquisition des chevaux.
Je voudrais prendre sur-le-champ des mesures pour ces deux fournitures. Faites-moi connaître l’argent que vous avez avancé. Il faudrait éviter les réquisitions pour le service de l’armée; il me semble que c’est facile ; les consommations consistent en pain, eau-de-vie, légumes, fourrages et viande; le pain, l’eau-de-vie, les légumes, les fourrages, sont fournis par le munitionnaire; il est tenu d’avoir trois mois d’avance; or la consommation de l’armée au 1er mai était pour 250,000 hommes et 40,000 chevaux : a-t-il pour 250,000 hommes et 40,000 chevaux pendant trois mois ? Le munitionnaire général est tenu, à la fin de février, d’avoir pour six mois. Je pense qu’il faudrait traiter avec lui pour que, au lieu de février, il soit tenu d’avoir cette réserve à la fin de mai; alors on aurait pourvu à tout. En cas de réquisition, comme cela doit nécessairement avoir lieu, les munitionnaires seraient tenus de les payer, conformément à la circulaire qu’ils ont faite. Ils seraient également tenus des constructions extraordinaires de fours et de fournir les boulangers et employés nécessaires dans toutes les divisions de l’armée. Il s’agirait donc de s’assurer, 1° que le munitionnaire avait, au ler mai, pour 250,000 hommes et 40,000 chevaux pendant trois mois, etc.; 2° qu’une partie de cela était dans les places fortes, comme magasin journalier.
Dans cet état de chose, les approvisionnements de siège, déjà formés pour trois mois, se trouveraient assurés pour trois mois en pain, fourrages, eau-de-vie et légumes. Le reste des trois mois serait réparti dans les différentes divisions militaires, pour les besoins des troupes.
Si vous exigez du munitionnaire qu’il fasse des magasins de réserve depuis Paris jusqu’à Meaux, Soissons, Laon, Guise, et, Avesnes, qu’il en fasse à Vitry, à Langres, à Strasbourg, à Metz, il les prendra sur les trois mois qu’il va être obligé d’avoir pour porter son avance à six mois. Vous vous procurerez facilement de cette manière une réserve de 23 millions de rations et 4 millions de fourrages. Il n’est donc plus question que d’obtenir du munitionnaire d’accélérer son approvisionnent pour six mois, en réalisant aujourd’hui ce qu’il ne devait réaliser qu’en février.
Il me semble que cet arrangement doit lui être avantageux, puisque le blé est à meilleur prix aujourd’hui qu’il ne le sera en février. Cependant, comme il serait possible qu’il n’eut pas les fonds suffisants, je ne vois pas de difficulté à lui accorder un crédit de quelques millions sur les receveurs généraux, crédit qui se réaliserait, à un million en juin, un million en juillet, un en août, et, si vous jugez devoir lui avancer quatre millions, le dernier million serait réalisable sur septembre. La retenue de cette avance se ferait par un sixième chaque mois, à commencer en avril. Par ce moyen, le trésor ne serait pas constitué en avance réelle, le munitionnaire serait suffisamment garanti en ayant une avance de crédit, les services seraient assurés partout, on pourrait faire des magasins de réserve autant qu’on voudrait, puisqu’on aurait une réserve d’approvisionnement portée à six mois, et pourtant toutes nos places fortes se trouveraient aussi approvisionnées pour six mois. Alors l’armée vivrait sans réquisition; il n’y aurait que le premier approvisionnement des places pour trois- mois, qui se serait fait par réquisition. On n’aurait plus qu’à s’occuper de la viande ; ce qui va être le sujet d’une autre lettre.
Paris, 3 mai l8l5.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, j’ai lu le rapport du 30 avril sur le service des vivres-viandes. Les prix me paraissent excessifs et les conditions onéreuses. Une avance de 1,900,000-francs, qui n’est réalisable qu’en dix-neuf mois , est inadmissible. Quand on paye au fournisseur les cinq sixièmes comptant, il doit pourvoir à tout. L’échelle de proportion qu’on veut régler pour les prix, sur la quantité d’hommes à nourrir, n’est pas applicable à un territoire étendu et varié comme celui de la France. Le Var et le Jura n’ont aucun rapport entre eux ; le territoire d’Alsace n’a aucun rapport avec celui de la Flandre; il en est de même de ce dernier territoire avec les Pyrénées; 27 centimes est un prix excessif.
Je pense qu’il serait convenable, puisque nous avons une grande entreprise, de réunir le service des vivres-viande à celui des vivres-pain; cela diminuera le nombre des agents. Cela fera une grande administration à laquelle il sera plus facile de maintenir un grand crédit. On opérerait alors pour les vivres-viande comme on opère avec elle pour les vivres-pain. On lui donnerait les cinq sixièmes de son service; et, si elle avait besoin de quelques avances, on ne lui ferait qu’une simple avance de crédit, qui pourrait s’élever à 1,800,000 francs, payables en juin, juillet, août, et qu’on retiendrait sur son service par mois, soit par tiers, soit par sixième. Ce simple crédit serait suffisant au munitionnaire pour se former un plus grand crédit. Si M. Montessuy n’a aucun fonds ni aucune avance, il est difficile qu’il puisse être chargé d’un grand service.
Paris, 3 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, je pense qu’il est indispensable de lever 120,000 hommes sur la conscription de 1815; mais qu’il serait utile de retarder encore quelques jours, jusqu’à ce que l’opération des anciens militaires soit plus avancée. Je pense aussi qu’il faudrait faire cette levée partiellement. Mais il est indispensable d’avoir une réserve pour nourrir la guerre.
Il est probable que nous ne retirerons pas plus de 100,000 hommes de l’appel des vieux militaires; ce qui complétera tout au plus les 2e et 3e bataillons. Les cadres des 4e et 5e bataillons resteront donc libres : je voudrais les destiner à recevoir la conscription de 1815.
Lorsque cette conscription rejoindra, les opérations militaires seront en train et notre territoire peut-être entamé sur quelques points. Le plus prudent me paraît de réunir cette conscription; 1° à Lyon, pour le Dauphiné et la Provence; on ferait venir à Lyon un nombre de cadres de bataillons nécessaire, et on y formerait un établissement d’habillement; 2° à Bordeaux ou toute autre ville voisine, pour les 11e et 20e divisions militaires; 3° à Toulouse, pour les 10e et 9e divisions militaires, et enfin à Paris, pour tout le reste de la France.
Il serait donc formé quatre armées de réserve : une à Paris, une à Lyon, une à Bordeaux et une à Toulouse. L’armée de réserve de Lyon serait composée d’autant de 4e bataillons qu’on pourrait tirer de conscrits des 8e, 7e et 19e divisions militaires; l’armée de réserve de Toulouse, d’autant de 4e bataillons qu’on pourrait tirer de conscrits des 9e et 10e divisions; l’armée de réserve de Bordeaux, d’autant de 4e bataillons qu’on pourrait tirer de conscrits des 11e et 20e divisions; enfin celle de Paris, d’autant de 4e bataillons qu’on pourrait tirer de conscrits des 1e, 2e, 3e, 4e, 5e, 6e, 12e, 13e, 14e, 15e et 16e divisions militaires.
Il serait formé quatre ateliers d’habillement dans chacune de ces quatre grandes villes, pour habiller ces quatre armées.
Faites-moi donc un projet qui me fasse connaître, 1° le nombre de bataillons dont pourra être composée chaque armée, 2° les corps qui les fourniront. On en formerait autant de divisions qu’il y aurait
de fois douze bataillons.
Paris, 3 mai 1815.
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je ne conçois rien à la lettre que vous m’écrivez aujourd’hui. Je vous ai déclaré que je ne voulais pas faire d’appel. Voilà quinze jours de perdus bien malheureusement. Avec cette manière il est impossible de réussir à rien. Comment n’avez-vous pas déjà nommé les capitaines de vaisseau qui doivent commander les régiments, les capitaines de frégate qui doivent commander les bataillons, et les
lieutenants de vaisseau qui doivent commander les compagnies ? Et comment n’avez-vous pas déjà envoyé ces officiers en recrutement pour presser la réunion des marins ? Comment n’avez-vous pas expédié une circulaire pour réunir tous ces hommes ? Faites-le dans la journée. Je croyais que depuis longtemps c’était fait.
Paris, 5 mai 1815.
Au général comte Bertrand, grand-maréchal du palais.
Je viens d’arrêter le budget des théâtres. Il y a un article assez fort pour location de loges, et je crois avoir fait des fonds pour la même dépense au budget de ma Maison ; vérifiez s’il y a double emploi. Je donne dans le budget de ma Maison 200,000 francs à des musiciens, à des chanteurs, etc. il faudrait que dans les distributions que vous faites il n’y eut pas de doubles emplois.
Vous trouverez, ci-joint l’état des gratifications à payer pour le reste de l’année aux acteurs.
Paris, 7 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, je reçois l’état des chevaux qui doivent être remis par la gendarmerie. Je vois que les 150 du 2e régiment de carabiniers et les 315 du 1er, qui doivent être livrés le 12 et le 14, seront obligés de se rendre à Lunéville, pour revenir ensuite à Laon. Je perds quinze jours. Je désire que ces deux détachements soient montés et équipés à Paris et à Versailles, qu’on leur donne des selles de la gendarmerie et qu’ils soient dirigés de suite sur Laon. Si les habillements leur manquent, qu’on les leur procure également à Paris. Par ce moyen, j’aurai à l’armée, avant le 20 mai, 450 hommes que je n’aurais pas eus avant te 10 juin par la marche qu’on avait prise.
Je dis la même chose du 2e de cuirassiers, du 3e et du 1er de dragons, auxquels il doit être remis 200 chevaux le 10 mai. Ils peuvent être équipés et montés à Blois et à Tours.
Je dis la même chose du 3e de cuirassiers, du 8e de dragons, qu’on peut faire partir de Chartres, où ils doivent recevoir 250 chevaux.
Il en est encore de même du 4e de cuirassiers, des 12e et 15e de dragons, auxquels on doit fournir, à Rouen, 400 chevaux. Le 12e de dragons peut envoyer 139 hommes à Bourges, pour y recevoir les 139 chevaux qui lui manquent, et ainsi de suite.
Vous devez avoir soin de faire fournir par la gendarmerie toutes les selles dont on peut avoir besoin. Presque partout vous devez être encore à temps de donner à cet égard les ordres nécessaires.
En résumé, il faut que les chevaux qui doivent être remis soient menés directement aux escadrons de guerre, lorsque les dépôts seront éloignés de plus de cinq jours de marche, et il faut alors que les hommes et les effets d’habillement reçoivent sur-le-champ la même direction.
- S. Il aurait fallu, pour que votre état fût parfait, qu’il indiquât les lieux où se trouvent les escadrons de guerre que doivent rejoindre les détachements ; faites-le refaire, et, lorsque vous l’aurez sous les yeux, expédiez à tous les régiments et dépôts les ordres nécessaires pour que les détachements ne fassent point de fausses marches, et que, dans les cas que je viens d’indiquer, ils se rendent en droite ligne aux escadrons de guerre.
Paris, 7 mai 1815.
Au général comte Bertrand, grand-maréchal du palais.
Je n’entends que plaintes de la part des personnes qui viennent de l’île d’Elbe ; cela fait le plus mauvais effet. J’avais l’habitude de m’en rapporter pour ces sortes de grâces au grand maréchal ; et, comme vous connaissez individuellement les personnes dont il s’agit, je n’aurais pas supposé que vous missiez du retard à vous occuper d’elles. Prenez ce qui est nécessaire dans ma cassette. Ne donnez, au grand aumônier ce qui est mis à sa disposition pour secours qu’à dater du 1er mai. Employez vous-même les 10,000 francs du grand aumônier pour avril et les 10,000 francs qui sont à votre disposition pour le même mois, ce qui fera 20,000 francs ; de manière que tous les individus arrivés avec moi de l’île d’Elbe soient le plus promptement secourus, et que tout le monde soit content.
Paris, 9 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, je vous renvoie les états du général Rapp. Vous lui ferez connaître que mon intention est qu’il ne reste pas un seul bottine de troupes de ligne dans nos places fortes, qui doivent être abandonnées aux gardes nationales d’élite et aux gardes nationales sédentaires. Je suppose que vous me proposez un gouverneur pour Strasbourg et pour toutes les places de l’Alsace. Il doit y avoir à Strasbourg un commandant d’armes, un maréchal de camp commandant des gardes nationales sédentaires et deux maréchaux de camp commandant les deux brigades d’élite de grenadiers de garde nationale. Indépendamment de ce, il doit y avoir des officiers d’artillerie commandants et des officiers commandant le génie. Les seules troupes de ligne qu’on puisse garder dans les places sont celles d’artillerie, mais dans le nombre déterminé par votre bureau d’artillerie, de manière que cela ne nuise en rien à l’armée du Rhin. Toutes les troupes étant ainsi réunies au corps d’armée, mon intention est que la surveillance du Rhin, depuis Huningue jusqu’à Strasbourg, et depuis Strasbourg jusqu’aux lignes de Wissembourg, soit donnée aux gardes nationales qui font partie des garnisons. Les places se concerteront entre elles pour que leurs détachements puissent se croiser. On construira quelques redoutes, on crénellera quelques maisons, pour mettre le rivage à l’abri du passage de l’ennemi. Il doit y avoir dans les places des pièces de campagne qui seront attelées, dans le moment, par des chevaux de la ville ou des environs et que les charretiers du pays conduiront. On pourra, de cette façon, les conduire aux postes les plus importants. Le général Rapp doit ordonner la construction de ces ouvrages de campagne et de ces redoutes. Le quartier général doit se porter entre Strasbourg et Landau; toutes les divisions doivent être cantonnées aux environs des lignes de Wissembourg et de la Lauter, sans qu’aucun homme de cavalerie ni d’infanterie reste dans les places. On doit accélérer dans les dépôts, l’armement et l’équipement de tous les hommes qui arrivent, et en augmenter sans délai les bataillons actifs. Au moment où les hostilités commenceraient, mais à ce moment seulement, les dépôts devront se diriger sur l’intérieur, conformément à ma lettre d’hier. Tous les officiers et soldats réformés ou jouissant de la solde de retraite doivent être réunis dans les places fortes, à moins qu’ils ne soient employés dans la levée en masse, et, dans ces places, ils serviront comme instructeurs et soutiendront le zèle des gardes nationales par leur expérience. Enfin il est convenable que les états-majors aient un nombre surabondant d’officiers. Je pense donc que le général Rapp doit, avant le 12 mai, avoir 20,000 hommes aux lignes de Haguenau. Il se mettra en correspondance avec le général Gérard, qui réunira ses troupes dans la position qu’il jugera la plus convenable, près de Longwy, ou de Thionville, ou de Sarrebruck. Ces deux généraux correspondront entre eux par Bitche, en assurant tous leurs moyens de communication. Le général Gérard recevra le même ordre de faire évacuer par les troupes de ligne toutes les places fortes, en n’y laissant que le personnel d’artillerie que vous aurez désigné.
Les gardes nationales sédentaires, et d’élite doivent seules former les garnisons des places ; les dépôts resteront jusqu’au dernier moment dans les places. On y accélérera les confections et on augmentera les troupes actives par tous les moyens possibles.. On complétera d’abord les deux premiers bataillons à 500 hommes ; après cela, on complétera le 3e bataillon également à 500 hommes. Quand on aura ainsi complété les trois premiers bataillons à 1,500 hommes, on s’occupera ensuite de les compléter chacun à 600 hommes. Les cadres du 4e bataillon et les dépôts, au moment de la déclaration de guerre, sortiraient des places pour se rendre dans l’intérieur, conformément à la lettre que je vous ai écrite. Il ne faut donc pas que, pour la garde des grandes places, on affaiblisse d’un seul homme les troupes de ligne.
Quant aux officiers et soldats réformés, on prendra pour les places de la Moselle les mêmes mesures que pour les places du Rhin: Vous donnerez ordre qu’on fasse atteler deux batteries de huit pièces de garde nationale par des chevaux et des charretiers du pays ; ces batteries seront attachées ; l’une à la division de Colmar et l’autre à la division de réserve de la Moselle, qui se réunit à Nancy. Le général Lecourbe doit réunir tout son corps d’armée au camp devant Belfort, de manière à être protégé par la place, en occupant une bonne position. C’est là que toutes les gardes nationales qui ne sont pas destinées à la défense des places de la 6e division doivent se réunir, même les divisions qui se réunissent à Besançon et Vesoul, si la Suisse reste neutre. Le général Lecourbe doit faire faire quelques redoutes pour protéger son camp, de manière à couvrir tout à fait cette trouée. Sur sa gauche se trouvera la division de réserve qui est à Nancy et qui doit garder les Vosges. Si, au contraire, la neutralité de la Suisse était violée, ou si elle se déclarait contre nous, une forte partie de ces gardes nationales devrait défendre le Jura.
Vous devez donner les mêmes ordres au général Vandamme, et j’espère que, du 10 au 15, il n’aura plus un seul homme dans les garnisons, qu’elles seront toutes abandonnées à la garde des gardes nationales d’élite et des gardes nationales sédentaires. Le général Vandamme doit réunir son corps, comme je l’ai déjà prescrit, du côté de Rocroy et de Philippeville. Vous lui ferez connaître qu’il fait partie de l’armée du Nord; qu’il doit pouvoir s’y réunir sur la Sambre, où je me trouverai probablement moi-même, afin d’agir avec de grandes masses. Il faut presser le départ des gardes nationales dans les 1e et 15e divisions, afin d’occuper toutes les places du Nord, et que, du 10 au 15, si cela est possible, nous n’ayons plus un seul homme de troupes de ligne dans les places du Nord, hormis les dépôts, qui recevront l’ordre de se rendre successivement sur la Somme. Il faut que les généraux, le comte d’Erlon pour le Nord, le général Vandamme, le général Gérard pour l’armée de la Moselle, le générai Rapp pour l’armée du Rhin, fassent faire des revues par leurs aides de camp et pressent de tous leurs moyens l’arrivée des soldats ; que ceux-ci rejoignent et augmentent les corps. Pourvu qu’ils aient un fusil, une capote et une tournure militaire quelconque, cela est suffisant. Le principal est d’accroître le nombre et la force de nos bataillons.
Donnez la même instruction générale aux généraux commandant le corps d’observation du Jura et l’armée des Alpes.
Je ne saurais trop vous recommander la mise en état de défense de Lyon, de Grenoble et de tous les petits forts qui défendent les débouchés de la Suisse. Le général Lecourbe et le commandant de l’armée des Alpes doivent, chacun de son côté, envoyer des officiers d’état-major pour presser la mise en état de leurs places.
Je vous recommande qu’il y ait un chef de bataillon de ligne pour chaque bataillon de gardes nationales en activité, un major ou colonel pour chaque régiment de gardes nationales de deux bataillons, un maréchal de camp pour chaque brigade de deux régiments de gardes nationales, et enfin un maréchal de camp pour commander les gardes nationales sédentaires dans les villes des frontières qui ont plus de 2,000 habitants organisés en garde nationale, et seulement un colonel dans les places fortes dont la garde sédentaire serait au-dessous de ce nombre.
Dans une autre dépêche, je vous ferai connaître ce que doivent faire les généraux commandant les divisions militaires, ainsi que les maréchaux de camp sous leurs ordres, pour ne pas être renfermés dans les places.
Vérifiez si partout il y a des gouverneurs, des officiers d’artillerie, des officiers du génie, et le nombre d’officiers de ligne nécessaire pour les places.
Paris, 9 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, donnez ordre aux généraux qui commandent la division de réserve de la Moselle, qui se réunit à Nancy, et celle du Nord, qui se réunit à Sainte-Menehould, de prendre tout de suite des mesures pour fortifier les passages des Vosges et de l’Argonne.
Paris, 9 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, il y a dans la 16e division, le 20e de dragons qui a 300 chevaux et pas d’hommes, d’autres qui ont des hommes et pas de chevaux, d’autres qui ont des selles et pas d’habits, d’autres enfin qui ont des habits et pas de selles. Je désirerais qu’un officier général de cavalerie qui se trouverait déjà sur les lieux reçut de vous la mission spéciale de parcourir ces dépôts, avec pouvoir de disposer des chevaux d’excédant en faveur des dépôts de même arme qui auraient des hommes habillés non montés, de prendre des selles où il y en aurait de trop pour en donner à ceux qui en manqueraient; enfin de placer les habits où sont les besoins : tout cela dans le but de rendre un plus grand nombre d’hommes disponibles pour les escadrons de guerre. On partira du principe que c’est aux régiments qui ont des hommes qu’on devra remettre les chevaux et les selles d’excédant, vu qu’il y aurait de l’inconvénient à changer les hommes de corps.
Cette première opération faite, il serait utile de faire un dépôt central de tous les dépôts de la 16e division, sans attendre les mouvements de l’ennemi. Ce dépôt central serait bien à Amiens. Le même officier général qui se rendrait aux dépôts correspondrait avec le général Bourcier pour activer le départ du plus grand nombre d’hommes possible.
La même opération pourrait être faite par les soins du général Rapp dans la 5e division, dont il ferait parcourir les dépôts par un officier général. Elle pourrait se faire également dans les 3e et 4e divisions. Enfin le général Bourcier pourrait la faire dans la le division. Le but serait toujours le même, avoir, en cinq ou six jours, un plus grand nombre d’hommes disponibles, ce qui est la grande affaire.
L’on pourrait peut-être aussi réunir sur Nancy tous les dépôts de la 5e division, une fois que cette opération serait faite; ce qui dégagerait nos places d’Alsace; et, aux premières hostilités, ce dépôt de Nancy s’approcherait de l’Aube.
Chargez les généraux qui commandent les régiments de cavalerie de seconder ces mesures de tous leurs efforts, afin d’avoir le plus tôt possible un plus grand nombre d’hommes prêts.
Paris, 9 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin; dans le moment actuel, je pense qu’il est convenable de ne rien changer à l’organisation des armées. Il est mieux de s’en tenir à ce qui est fait que de détacher les Vosges de leur division militaire pour les mettre dans l’armée du Rhin; si cela est jugé nécessaire, car il y a du pour et du contre, cela pourra se faire plus tard, il est des cas où les Vosges sont la retraite de l’armée du Rhin ; mais il en est d’autres où les Vosges menacent les derrières de l’armée de la Moselle. J’attends donc que la nature de la guerre qu’on devra faire soit mieux déterminée. La même chose devra se faire pour la forêt de l’Argonne.
Mais il est important que, pour l’une et l’autre de ces deux positions, il y ait deux lieutenants généraux et quatre maréchaux de camp qui commandent les divisions de réserve de gardes nationales, et qu’il y ait avec eux des officiers du génie et de l’artillerie, et qu’ils soient chargés, de reconnaître et de fortifier tous les défilés. J’ai cru que cela était fait depuis longtemps ; il n’y a donc pas un moment à perdre.
II faut également un général pour commander la division de réserve de Colmar, et deux lieutenants généraux et le nombre de maréchaux de camp nécessaire pour commander les réserves de Vesoul et de Besançon, et enfin également les généraux nécessaires pour commander celles de Lyon, de Valence et le fort Barraux.
II est urgent que ces généraux se rendent à leurs postes, et que les généraux de la Moselle, du Rhin, du corps d’observation du Jura et de l’armée des Alpes sachent ce dont ils sont chargés.
Je croyais avoir nommé ces généraux; s’ils ne l’étaient pas, le général Flahault m’apporterait les décrets à signer. Prenez des généraux qui sont à Paris.
II est nécessaire que le général Gérard veille lui-même à la mise en état des Vosges; le général Vandamme, à la mise en état de l’Argonne ; le général Rapp, aux redoutes et points fortifiés à établir le long du Rhin; et le général Lecourbe, à Belfort et à tous les passages du Jura, et surtout à la mise en état, armement, approvisionnement et commandement des places fortes de la 6e division.
Enfin il faut également que le général des Alpes surveille la mise en état des places fortes et toutes les positions à prendre pour couvrir Lyon du côté de la Suisse, la mise en état de la ville importante de Lyon et les fortifications de campagne à établir sur les cols des Alpes.
Je pense que le général des Alpes doit être aussi chargé de surveiller la mise en état, l’armement, l’approvisionnement et le commandement de la forteresse de Sisteron.
C’est donc une instruction particulière qu’on doit faire rédiger pour chacun de ces généraux ; ils chargeront de l’exécution les généraux commandant les réserves, chargés de la défense de ces différents points, et les officiers du génie qui y sont attachés.
Le général Flahault s’assurera que les places fortes du Rhin, du Nord et des 6e et 7e divisions ont leurs commandants.
Paris. 9 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, le 6 mai il n’y avait encore que quatre bouches à feu à Château-Thierry. Faites-moi connaître quel est l’armement de Château-Thierry, Soissons, Vitry, Laon, Langres, et de quel côté on fait venir les pièces; si l’on avait besoin de quelques secours, on pourrait faire venir des pièces en fer de la marine.
Paris, 9 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, j’accorde une paire de souliers en gratification à chacun des sous-officiers et soldats du 14e régiment de ligne.
Paris, 9 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, il me vient des plaintes de tous côtés, soit de la 5e division, soit de la 19e, enfin de partout, que les régiments n’ont pas d’argent et que les nombreux détachements qui arrivent aux corps ne peuvent pas être habillés. Prenez des mesures pour leur faire passer vos ordonnances. Le trésor m’assure que toutes celles qui seront dans la limite de la distribution de mai seront payées comptant.
Paris, 9 mai 1815.
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, il est du plus haut intérêt que tous les fonds que vous devez donner aux corps pour l’habillement leur soient soldés dans les huit jours. J’ai 100,000 hommes dont je ne puis tirer aucun parti, faute de fonds pour les habiller et les équiper. Les destins de la France sont là; occupez-vous-en jour et nuit, et prenez des mesures pour que ces fonds soient assurés sur-le-champ.
Paris, 10 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, j’ai 350 fusils à Montreuil, 1,100 à Dunkerque, 11,686 à Lille, 5,791 à Douai; la majeure partie est en réparation, mais le travail languit, faute d’argent. Faites les fonds nécessaires pour que la mise en état de ces armes n’éprouve aucun retard.
Il manque au 2e corps une batterie d’artillerie légère et une à la réserve de cavalerie ; le matériel est prêt, mais il manque des chevaux : il faut y pourvoir, et, de plus, faire les fonds pour que les deux compagnies destinées à servir ces batteries soient montées au complet, elles n’ont que 30 chevaux en ce moment.
Il manque des cordages pour les équipages de pont qui se préparent à Douai.
L’officier du génie en chef à Abbeville n’a pas de capacité; en outre, il se trouve dans sa ville natale, ce qui ne convient pas; faites-le remplacer. L’officier d’artillerie est également d’Abbeville : changez-le. Il n’y a que deux officiers du génie à Douai, ce qui n’est pas suffisant ; envoyez-en un troisième.
Montreuil exige des réparations ; donnez des ordres et faites des fonds pour les travaux les plus urgents. Abbeville est dans le même cas. La plupart des places du Nord manquent des bois nécessaires pour les travaux de défense; il faut assurer cette partie du service et subvenir du moins aux besoins les plus pressants.
Paris, 10 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, indépendamment des trois cents bouches à feu des équipages de campagne, je pense qu’il est nécessaire d’avoir à Paris trois cents bouches à feu en fer. J’écris au ministre de la marine de nous en envoyer du Havre cent de 24, cent de 12 et cent de 6, avec un approvisionnement de 300 coups par pièce, dont 50 coups de mitraille, et tous les détails de l’armement nécessaires, tels que leviers , coins, etc. Je lui demande en outre 100 affûts marins. Il sera formé, sur l’emplacement des Invalides, un parc où toutes ces pièces et approvisionnements seront déposés. Vous en donnerez la direction au général Sagny. La marine continuera à en avoir la comptabilité. Les transports, ainsi que les dépenses du magasin des Invalides, seront à ses frais. Les trois cents bouches à feu en fer seront destinées partie pour Paris et partie pour les autres places de l’intérieur, telles que Soissons, Reims, Vitry, Laon, Château-Thierry, Langres, etc.
J’ordonne également au ministre de la marine de diriger sur Lyon cent pièces en fer, dont trente pièces de 24, trente pièces de 12 et quarante pièces de 6, avec le même approvisionnement à 300 coups par pièce, et des affûts marins. Ce parc viendra des côtes de la Méditerranée et remontera le Rhône. Il sera pris des mesures pour que ce soit le plus promptement possible.
La marine aura également la direction du parc de Lyon et sera chargée de la comptabilité de ce matériel et des transports.
Ces bouches à feu serviront à la défense de Lyon. On pourra en tirer des pièces de 6 pour la garde du pont de Saône. Il serait utile alors d’avoir une vingtaine d’affûts bâtards, mais à grands rouages, à peu près comme affûts de campagne, pour les pièces de 6.
Une trentaine de pareils affûts seraient utiles pour l’équipage de Paris.
On confierait ces pièces, de préférence, aux gardes nationales et aux postes, le long des rivières. –
Paris, 10 mai 1815.
Au comte Carnot, ministre de l’intérieur, à Paris
Présentez-moi un décret qui nomme Charles Lameth conseiller d’état (Les différents textes de cette lettre portent tous : Charles Lameth;il s’agit ici du baron Alexandre de Lameth), Quinette préfet de la Somme, et André Dumont préfet du Pas-de-Calais; qui appelle Delaître à d’autres fonctions, et nomme Ramel à la préfecture de Seine-et-Oise. Roujoux ne connaît pas assez le Nord, il sera destiné à une autre préfecture. Les départements de la Somme et du Pas-de-Calais ont besoin d’hommes qui connaissent parfaitement le Nord et qui ne puissent pas être trompés. Girardin sera rappelé auprès du prince Joseph comme premier écuyer ; il faut quelqu’un de très-fort pour le remplacer à Rouen. Faites connaître au préfet du Calvados qu’on remarque qu’il ne marche pas, qu’il est trop homme de société, qu’on ne voit pas paraître d’adresse à son département, qu’il ne fait rien imprimer pour éclairer et remuer l’esprit public, que ce n’est pas ainsi qu’on sert la patrie.
Écrivez aux préfets du Nord pour leur faire sentir la nécessité d’opposer des écrits aux écrits, et de faire bien connaître que la cause dont il s’agit aujourd’hui est celle du peuple contre les nobles, des paysans contre les seigneurs, et des Français contre l’étranger. Il faut partout faire un appel à l’honneur et au patriotisme du peuple.
Le préfet de Chartres va mal, Roujoux serait beaucoup meilleur pour cette préfecture; appelez celui qui y est à d’autres fonctions.
Paris, 11 mai 1815.
À M. Fouché, duc d’Otrante, ministre de la police générale, à Paris.
Puisque l’on a perdu Maubreuil, je désirerais avoir un rapport de vous qui me fît connaître toute cette affaire, et que je ferais imprimer dans le Moniteur avec toutes les pièces ; et il y en a beaucoup, tant à la préfecture de police que chez le juge instructeur et chez le ministre de la guerre. Il faudrait y joindre le projet d’assassinat de ce misérable commissaire en Corse.
Paris, 11 mai 1815.
Au général Caffarelli, aide de camp de l’empereur, à Paris.
Votre rapport ne répond pas du tout à la mission dont je vous ai chargé ; vous me remettez bien un état d’ordonnance des 2 millions envoyés dans les différentes divisions militaires, mais ces 2 millions n’en font pas 15 ou 16 que j’ai accordés pour l’habillement. Il faut donc que vous retourniez dans les bureaux pour m’en rapporter l’état de distribution des fonds de l’habillement pour 1815, indiquant tous les crédits qui ont été accordés depuis janvier jusques et y compris la distribution de mai. Vous me remettrez l’état des crédits tant par corps que par division militaire, afin que des mesures soient prises au trésor pour les solder sans délai.
Vous me parlez de quelques plaintes qui auraient été reçues pour des non-paiements : il y a autant de plaintes que de corps.
Je ne suis pas plus satisfait du rapport que vous me faites de votre visite aux ateliers. Ce rapport ne dit pas pourquoi on fait de si mauvaises vestes. Si on n’a pas de draps pour les habits, on en a pour les vestes et pour les culottes.
Enfin cette mission si importante n’est pas remplie.
Paris, 12 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, je n’approuve pas le projet de faire des ouvrages pour s’opposer au bombardement de Lyon. Le Rhône est une trop belle défense pour qu’on cherche à pousser la défense plus loin. J’approuve qu’on emploie 4,000 ouvriers aux fortifications de Lyon. Il faut mettre en état les remparts, comme seconde enceinte, entre la Saône et le Rhône, mais j’approuve qu’on pousse des redoutes en avant et qu’on fasse des ouvrages sur le plateau de Montessuy. La ville de Lyon ne peut pas fournir de fonds. Faites pousser ces travaux avec une grande activité.
Paris, 12 mai 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, écrivez au gouverneur des Invalides pour lui témoigner ma satisfaction sur la bonne tenue de cette maison. Donnez des ordres pour que les Invalides jouissent de la gratification que je suis dans l’usage de leur accorder toutes les fois que je les visite. Prenez pour base ce qui a été fait la dernière fois. Mon intention est que vous me fassiez un rapport pour me proposer d’annuler l’ordonnance royale qui a changé la dotation et l’administration des Invalides, et de rétablir les choses telles qu’elles étaient.