Correspondance de Napoléon – Mai 1804

Saint-Cloud, 24 mai 1804

NOTE POUR LE MINISTRE DE L’INTÉRIEUR

Sa Majesté Impériale a vu avec peine que le général Chabran, dans le discours imprimé prononcé devant le collège électoral du département de Vaucluse, n’a pas tenu un langage conforme à la dignité de ses fonctions. Ce président a demandé la faveur de l’assemblée, et sa conduite seule devait la lui assurer. Il a paru solliciter les suffrages, en pressentant qu’il ne les obtiendrait pas. Ce n’est point ainsi qu’il devait parler pour se concilier l’estime des membres de l’assemblée.

Sa Majesté ne peut approuver qu’une assemblée toute civile ait été environnée de troupes. Les maximes du Gouvernement sont entièrement contraires à cette mesure ; il ne désire régner que par la confiance, et il n’a jamais voulu qu’on pût mettre des bornes à la liberté d’expression des citoyens appelés aux fonctions électorales.

La faculté de requérir la force armée n’a été déférée aux présidents des collèges que pour rendre hommage à l’indépendance de ces assemblées et les mettre en mesure de réprimer les désordres qui pourraient naître dans leur sein. Il n’y a pas encore d’exemple qu’un collège électoral se soit trouvé dans le cas d’en faire usage.

 

Saint-Cloud, 24 mai 1804

A M. Forfait

Monsieur Forfait, Conseiller d’État, j’ai fait partir le capitaine Daugier, avec un détachement de 900 hommes de ma Garde, pour achever l’armement des 27 chaloupes canonnières et des 27 péniche de ma dite Garde qui sont au Havre. Je désire qu’il ne manque rien à ces divisions, quelles partent le plus tôt possible, et que chaque chaloupe ait un obusier de 8 pouces et trois pièces de 24, et que chaque péniche ait un obusier de 6 pouces et une pièce de 8.

Vous avez en armement au Havre 20 canonnières; faites-les partir pour Boulogne. Enlevez les matelots qui se trouvent sur la côte, même les invalides, si cela est nécessaire. Vous avez 11 chaloupes canonnières à Dieppe et à Fécamp, 10 à Rouen, 3 à Honfleur. Mettez-les en état de partir sur-le-champ pour Boulogne. Activez le radoub et l’armement des 16 que vous avez à Cherbourg. Je vous en dis autant des 51 bateaux canonniers qui sont au Havre, Saint Valéry, Rouen et Honfleur. Il y a encore beaucoup de matelots ; et s’il est vrai de dire qu’il serait difficile d’en trouver pour les Indes et l’Amérique, il ne doit pas en manquer pour cette espèce de cabotage. Vous êtes en position de faire tout ce que vous voulez. Je n’admets donc aucune espèce d’excuse. Apprenez-moi au plus tôt qu tout cela est parti de vos ports. Mon intention est que vous ne veniez pas à Paris sans avoir mis tout cela en mouvement. Il est probable que je vous appellerai avant à Boulogne, où je ne tarderai pas à me rendre.

Il y a près d’un mois que j’ai ordonné qu’on construisît un vaisseau de 74 dans le bassin du Havre. Les rapports que vous avez faits sur cet objet ne sont point satisfaisants. On peut faire un vaisseau de 74 qui ne tire que 21 pieds d’eau. On peut le faire sortir en temps de paix désarmé et ne tirant que 17 pieds d’eau. Quelles sont donc les objections ? Le passage de l’écluse pourrait être un obstacle par le défaut de largeur ; mais l’ingénieur Sganzin m’a assuré qu’en peu de temps il m’élargirait assez le haut pour y faire passer un vaisseau de 74. Est-ce le défaut d’eau au-dessus du radier ? Par les rapports qui me sont faits, il y a plus de 17 pieds d’eau au-dessus du radier dans les vives eaux. A l’égard de l’encombrement de la passe, l’écluse de chasse, qui sera faite avant que le vaisseau ne soit fini, débarrassera le chenal, et, si elle ne l’était pas, on le ferait nettoyer à bras. Mon intention est donc de faire construire dans le bassin du Havre trois vaisseaux de 74, et que les travaux en soient poussés de front, de manière à être terminés dans deux ans. La paix arrivant, on mettra ce vaisseau à l’eau, et on le conduira dans la rade de Cherbourg. Je vous envoie donc ce courrier pour avoir des éclaircissements positifs sur cet objet.

Je ne veux point de nouveaux projets ; je veux construire tout de suite, et je n’attends que le retour de mon courrier pour vous faire donner l’ordre de faire mettre les trois vaisseaux en construction ; ce qui n’empêchera pas de finir votre plan pour la baie de Sainte-Adresse, qui est un ouvrage de longue haleine dont on ne s’occupera que lorsque le port sera fini ; car, avant d’entamer de nouveaux ouvrages, il faut finir ce qui est commencé. Voilà ma volonté ; je me repose sur votre zèle, vos talents et votre attachement à ma personne, pour que vous vous y conformiez en tout. Si votre réponse m’annonçait des difficultés pour la passe d’un vaisseau de 74 aux marées ordinaires, ne manquez pas de tenir compte des vives eaux des marées de l’équinoxe. Faites-moi bien connaître à combien se montent les plus fortes marées des vives eaux de l’équinoxe à la laisse de basse mer ; car ce sont là les données qui doivent faire connaître si le projet est exécutable ou non. Ainsi, si à la laisse de 1a basse mer, aux vives eaux du printemps, la marée ne monte pas de 21 pieds d’eau, il est impossible qu’on puisse y faire passer un vaisseau de 74 ; mais, s’il en monte davantage, je ne vois plus d’objections ; car ce ne sont pas des vaisseaux que je veux construire pour la guerre actuelle, mais des bras et des matériaux que je veux utiliser pour la guerre prochaine, et vous savez que mon intention est de ne plus construire à Brest.

 

Saint-Cloud, 25 mai 1804

A M. Chaptal

Monsieur Chaptal, Ministre de l’intérieur, il est convenable que vous me présentiez au plus tôt un projet de la fête du 14 juillet, de l’habillement de l’Empereur et de celui des grands dignitaires de l’Empire aux grandes cérémonies.

 

Saint-Cloud, 25 mai 1804

A M. Chaptal

Monsieur Chaptal, Ministre de l’intérieur, je désirerais avoir un note de tous les travaux ordonnés par arrêtés et par des ordres particuliers, depuis vendémiaire an VIII. A mi-marge seront les dispositions des arrêtés et ordres particuliers, et en regard le résumé è ce qui a été fait, de ce qui a été dépensé, et de l’état des travaux.

 

 Saint-Cloud, 25 mai 1804

A M. Chaptal

Monsieur Chaptal, Ministre de l’intérieur, le l2 fructidor an X,  j’ai arrêté différentes mesures pour la ville de Pontivy. Les plans ne m’ont pas été soumis, et je n’entends pas dire qu’il y ait rien de fait; et voilà près de dix-huit mois que les ordres sont donnés. J’ordonne de nouvelles mesures pour la Roche-sur-Yon. Je désire que soit porté aux établissements que j’y ordonne, par mon décret de ce jour, l’attention la plus suivie. Il ne faut point faire de vains projets. Il ne faut pas que d’ici à deux ans il se trouve que rien n’a é fait, comme je vois qu’il arrive pour Pontivy.

 

Saint-Cloud, 25 mai 1804

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, en fructidor an X, j’ai prescrit des mesures pour l’établissement de casernes à Pontivy ; les plans ne m’ont pas été présentés. Je désire qu’il n’en soit pas de même des dispositions contenues dans le décret d’aujourd’hui, relatif à la Roche-sur-Yon. Je désire donc, 1° que vous me fassiez connaître ce qui a été fait en exécution de l’arrêté de fructidor an X; 2° que vous me communiquiez les plans, s’ils sont arrivés.

 

Saint-Cloud, 25 mai 1804

Au maréchal Soult

Mon Cousin, les 9 chaloupes et péniches de la Garde qui sont à Calais ont eu ordre de se rendre à Boulogne. Il me semble que, depuis que cet ordre a été donné, le temps a été plusieurs fois favorable, et cependant elles ne s’y sont pas rendues. En qualité de colonel général de la Garde, passez une revue de ces bâtiments, et faites-moi un rapport tant sur son armement que sur son équipage.

Si le dépôt du 22e d’infanterie est toujours à Calais, envoyez-le dans une petite ville du département.

 

Saint-Cloud, 25 mai 1804

Au contre-amiral Decrès

Monsieur Decrès, Ministre de la Marine, il y a 7 chaloupes canonnières à Dunkerque, armées depuis longtemps. Je désirerais connaître pourquoi ces chaloupes ne partent pas pour se rendre à Boulogne. Il y a à Ostende la chaloupe n° 280 ; pourquoi ne part-elle pas pour Boulogne ?

Il y a 9 chaloupes de la Garde à Calais, donnez l’ordre quelles se rendent à Boulogne. Les deux chaloupes n° 207 et 209, qui sont à Dunkerque, devraient, à l’heure qu’il est, être armées, ainsi que les deux en armement à Saint-Valery-sur-Somme et Gravelines; je ne puis donc concevoir pourquoi ces bâtiments ne partent pas. Je ne sais pas non plus pourquoi les corvettes de pêche de Dunkerque ne vont jamais en rade. Nous voilà en prairial, et depuis trois mois rien n’a avancé. L’inactivité de l’escadre de Brest empêche la flottille d’Audierne de passer, et la marine n’est point dirigée avec cette impulsion et cette énergie qu’il est dans mon intention de lui donner.

Mon intention est que la frégate la Poursuivante, de Bordeaux , embarque 200 hommes et 1 500 fusils, autant de poudre qu’elle en pourra porter, une certaine quantité de billets de la trésorerie, enfin tous les approvisionnements qu l’on pourra y mettre, et qu’elle se rende à la Martinique, de manière à y arriver pendant l’hivernage. Mon intention est que les frégates la Ville-de-Milan, qui est à…et le Président,qui est à Nantes, soient dirigées sur le même point pour y arriver également à la saison de l’hivernage.

Ces trois frégates porteront, à elles trois, 600 hommes, 4,500 fusils, de la poudre, et par là ravitailleront cette précieuse colonie. Vous les ferez aborder à la Martinique, sur des points où elles soient dans le cas de rencontrer le moins d’ennemis. Vous laisserez carte blanche aux capitaines pour le retour, en les autorisant à établir une croisière de manière à faire le plus de mal à l’ennemi, et à aborder dans tel port que ce soit de France, sans en excepter même la Méditerranée. Je donne l’ordre au ministre de la guerre de vous fournir à Lorient, Nantes et Bordeaux, les troupes et fusils nécessaires. Je désire, que, sur chaque frégate, on fasse partir d’ici un officier de terre ou de mer, qui portera des nouvelles de France pour satisfaire la curiosité des colons, et rapportera des nouvelles exactes de la colonie. Autant que possible, les frégates passeront par la Guadeloupe.

 

Saint-Cloud, 25 mai 1804

Au vice-amiral Latouche, commandant l’escadre de la Méditerranée

Monsieur Latouche, Vice-Amiral, le projet que je vous ai confié a été retardé, mais n’a pas été abandonné. Vous devez, à l’heure qu’il est, avoir 8 vaisseaux en rade. Faites travailler aux flambeaux afin qu’au mois de messidor l’Indomptable soit mis en rade. CHoisissez lequel convient le mieux, du Berwick ou de l’Atlas, afin que votre escadre soit composée de 10 vaisseaux de guerre. Je désire aussi connaître si vous pensez qu’il serait probable que tous puissent appareiller, sans être obligé d’engager aucun combat, dans le courant de messidor.

En passant, vous vous alimenteriez, à la première station, d’un vaisseau, et à la seconde, de 5; ce qui vous ferait 16 vaisseaux et 10 frégates, qui vous mettraient à même de tout entreprendre, au moment où nous avons à Brest 22 vaisseaux de guerre et une armée à bord prête à lever l’ancre. J’ai donc voulu correspondre avec vous sur cet objet, afin de connaître directement votre opinion. Par les bulletins qui me sont remis, il paraîtrait que Nelson ne vous bloque point hermétiquement, et qu’il y a, même en messidor, de fortes brises de mistral qui peuvent même vous faire gagner vingt lieues dans une nuit. Nous sommes aujourd’hui prêts sur la côte de l’Océan. J’attends votre réponse. Je connais votre zèle pour l’État et votre attachement à ma personne, et je ne doute pas que vous ne fassiez tout ce qui est possible.

 

Saint-Cloud, 25 mai 1804

A l’amiral Truguet, commandant l’escadre de l’Océan

Monsieur Truguet, Amiral, je ne puis qu’être mécontent de l’immobilité de l’escadre qui est sous vos ordres. Par les comptes qui me sont rendus, vos vaisseaux restent immobiles au mouillage. L’ennemi n’est point contenu ni harcelé; aussi n’êtes-vous bloqué que par un petit nombre de vaisseaux, et l’amiral anglais, vis-à-vis de vos 20 vaisseaux, a la liberté de laisser quelques frégates devant Audierne pour empêcher la flottille de passer. Je conçois d’autant moins cette inactivité que ce n’est pas le moyen d’exercer vos équipages, puisque la principale difficulté à la mer est le mouillage et l’appareillage, et qu’il est très-utile pour l’instruction de tenir toujours en haleine les équipages. Ce ne sont point des phrases et des promesses que j’ai le droit d’attendre de vous, ce sont des faits et de l’activité.

 

Saint-Cloud, 26 mai 1804

A M. Belleville

Monsieur Belleville, Préfet du département de la Loire-Inférieure, la frégate le Président est en rade : faites-moi connaître si elle est armée, et quand elle pourra partir. Sans choquer l’esprit de la marine, rendez-vous à bord et offrez tout ce qui est en votre pouvoir pour la formation des équipages. Dans une ville comme Nantes, il y a toujours des ressources. Vous m’instruirez, par le retour de mon courrier, qui va jusqu’à Rochefort, du jour où cette frégate sera prête à partir.

 

Saint-Cloud, 26 mai 1804

Au Landamman de la Suisse

A notre très-cher et grand Ami, le Landamman de la Suisse et Président de la diète de nos grands amis, alliés et confédérés, composant la Confédération helvétique.

Très-cher et.grand Ami, nous avons lu avec intérêt le mémoire que vous nous avez fait remettre sur les derniers troubles de la Suisse. Nous avons été un moment alarmé de ces troubles; mais nous avons vu avec une vive satisfaction que, par des mesures clémentes, sévères et justes, vous avez rétabli la parfaite tranquillité. Le prix que nous attachons au maintien de la bonne harmonie dans la confédération et surtout l’intérêt particulier que nous prenons à la nation suisse nous portent à vous recommander de vous opposer à tout ce qui tendrait à violer l’indépendance ou la constitution des cantons; l’intégrité de l’une comme de l’autre forme la garantie de toute la confédération. Tout ce qui peut être agréable à votre nation, et à vous, fait partie de notre bonheur.

Sur ce, nous prions Dieu, très-cher et grand Ami, qu’il vous ait en sa sainte et digne garde.

Écrit en notre palais de Saint-Cloud, le 6 prairial an XII, de notre règne le premier.

 

Saint-Cloud, 26 mai 1804

Au contre-amiral Decrès

Monsieur Decrès, Ministre de la marine, dans votre dernier état de situation, du ler prairial, vous ne portez sur l’escadre du Ferrol que 2,300 hommes. Ce nombre a dû être augmenté de 300 hommes d’infanterie qui ont dû s’y rendre de Malaga et de Cadix. Faites donc connaître de quelle date est l’état des vaisseaux du Ferrol. Je suis d’opinion qu’il y a au Ferrol, en garnison et matelots, plus de 3,000 hommes.

Il me semble que, sur l’escadre de Brest, il n’y a point le nombre de garnisons prescrit par l’ordonnance. Il faudrait donc faire compléter ces garnisons, pour qu’elles aient un peu de temps de s’amariner.

Sur l’escadre de l’amiral Villeneuve, les garnisons ne sont pas plus complètes. Dans votre dernier état, vous portez sur le brick le César cinq hommes du 36e régiment. Je voudrais savoir s’il n’y a pas erreur et d’où viennent ces cinq hommes du 36e.

Je désirerais aussi voir bien établi le nombre d’hommes qui composent l’équipage de la Poursuivante.

Faites toucher, en forme de gratification, 15,000 francs au contre-amiral Ganteaume.

Titre VI, article 48 du sénatus-consulte, il est dit qu »il y aura deux grands officiers de l’Empire, inspecteurs de marine : me faire connaître quel titre et quelles attributions on pourrait leur donner.

Dans le même état de situation, du 1er prairial, il n’est pas dit quel régiment fournit la garnison de la frégate la Canonnière. Si les 327 hommes portés dans l’état sont tous marins, on peut bien en retirer une centaine d’hommes pour le service de la flottille, et les remplacer par une centaine d’hommes d’infanterie.

Il n’est pas dit de quels corps sont les garnison de la Libre et de la Glorieuse, le vaisseau l’Aigle, la Torche, l’Argus et l’escadre du Ferrol, le Marengo et toute l’escadre qui est aux Indes. Cependant ces renseignements nous sont nécessaires.

Je désire savoir ce qu’est devenu ce Palamet dont il est question dans le mémoire que je vous envoie.

 

Saint-Cloud, 26 mai 1804

Au contre-amiral Decrès

Monsieur Decrès, Ministre de la marine, j’écris par un courrier extraordinaire au vice-amiral Thévenard, pour l’encourager.

Je lui demande, indépendamment de l’Algésiras,un des vaisseaux le Régulier ou le Courageux prêt à partir pour la fin de messidor. J’ai écrit au Préfet Caffarelli pour lui demander, au 14 juillet, 23 vaisseaux en rade.

Je désirerais que vous me fissiez connaître votre opinion sur la mesure, qui paraîtrait bonne à prendre, d’établir à Toulon, Brest, Rochefort , etc., que le tiers des équipages sera formé de soldats de terre. En prenant cette mesure de suite dans les rades de Toulon, Brest, et à l’île d’Aix, on aura le temps d’amariner les soldats et de les exercer à toute sorte de manœuvres. Un soldat qui a passé deux mois en rade, et constamment exercé dans des canots, chaloupes et aux manœuvres basses de vaisseau, doit être bon à quelque chose. J’ai vu, dans la dernière guerre, des escadres assez belles avoir la moitié des équipages de soldats et manœuvrer passablement. Cette manière de voir peut être justifiée par la différence que la marine  a coutume de mettre entre un bâtiment armé en flûte et un bâtiment armé en guerre. La différence serait de moitié. J’imagine quelle vient de ce que l’on ôte aux bâtiments armés en flûte les hommes nécessaires aux manœuvres du canon.

Dans les 20 vaisseaux et les 4 frégates de la rade de Brest, il y a 11,000 matelots, sur lesquels 1,800 soldats. La proportion actuelle est du cinquième au sixième. En mettant le tiers de soldats, cela ferait encore 3,000 hommes à fournir, ce qui d’abord compléterait les équipages et rendrait quelques matelots disponibles.

Dans l’escadre de Rochefort, il y a 2,950 hommes, sur lesquels 450 soldats. Il y aurait donc encore 600 soldats à mettre, ce qui ferait 600 matelots, qui aideraient à former l’équipage de l’Achille.

Dans l’escadre de Toulon, il y a 9,000 hommes, sur lesquels il n’y a pas 1,000 soldats. D’après le même principe il faudrait encore 2,000 soldats, ce qui compléterait l’équipage du Berwick et de l’Indomptable.

Je vous prie de me faire un prompt rapport sur ces objets, afin de donner de suite les ordres nécessaires; car il est bon, dans cette hypothèse, que l’on profite du temps pour amariner en rade le soldat.

 

Saint-Cloud, 26 mai 1804

Au contre-amiral Decrès

Monsieur Decrès, Ministre de la marine, la République italienne nous doit le prix de 12 chaloupes et de 2 frégates. J’ai réglé ce prix à 2,400,000 livres tournois, savoir 900,000 livres pour chaque frégate et 600,000 livres pour les 12 chaloupes canonnières.

La moitié de cette somme, c’est-à-dire 1,200,000 livres, sera versée en chanvre, à Gênes, et j’ai chargé Marescalchi de s’entendre avec vous pour régler le prix et la qualité du chanvre; vous autoriserez quelqu’un dans cette ville à le recevoir. L’autre moitié sera payée au trésor public.

 

Saint-Cloud, 26 mai 1804

Au vice-amiral Martin

Monsieur Martin, Vice-Amiral, Préfet maritime à Rochefort, j’ai reçu vos deux lettres des 15 et 21 floréal. J’ai vu par la dernière que vous avez tenu ce que vous promettiez. Je pense qu’à l’heure qu’il est le Lion est en rade. J’ai donné l’ordre, comme vous l’avez demandé, que l’île d’Aix vous fût remise. Il est nécessaire que vous y alliez souvent et que vous veilliez à l’entretien en bon état des batteries, et à leur bon approvisionnement. Un bataillon de 800 hommes doit arriver ces jours-ci dans votre port. Je désirerais que la frégate l’Armide entrât en rade avant la fin du mois, et que le vaisseau l’Achille fût mis à l’eau au 14 juillet, et qu’avant le 20 thermidor il fût en rade. Faites, s’il est nécessaire, travailler aux flambeaux. J’ai ordonné des fonds extraordinaires pour assurer le payement des constructeurs. Assurez-vous d’avance que rien ne retardera l’armement. Levez tous les obstacles qui pourraient se présenter, et que, du 20 au 30 thermidor, ce vaisseau augmente l’escadre de l’île d’Aix. La frégate la Pénélope est commencée depuis deux ans; qui empêche, à Bordeaux qu’elle ne soit achevée ? Il doit y avoir dans cette ville toutes sortes de ressources. Je compte sur votre zèle et sur votre attachement à la patrie et à moi pour l’exécution de cet ordre.

 

Saint-Cloud, 26 mai 1804

A M. Caffarelli

  1. Caffarelli, Conseiller d’État, Préfet maritime à Brest, je vois avec plaisir que vous avez 20 vaisseaux en rade. Je désirerais qu’avant le 14 juillet l’Océan et le Patriote pussent y être, et si, sur les 6 vaisseaux désarmés qui restent, vous croyez qu’il soit possible de tirer encore parti d’un, tâchez de porter votre escadre à 23 vaisseaux. Faites surtout armer vos vaisseaux de caronades et d’obusiers de nouveau modèle. Les Anglais s’en servent avec succès. Je ne vois pas pourquoi on ne se servirait pas d’obus pour les pièces de 36. En répartissant bien les matelots sur les 20 vaisseaux de l’escadre en rade, et ajoutant 2 ou 3,000 hommes d’infanterie, l’escadre se trouverait bien armée. J’ai vu avec peine que vous étiez malade. Mais dans ce moment vous êtes trop nécessaire au port de Brest. Votre zèle et votre attachement à I’État et à moi me sont connus depuis longtemps, et je me fonde sur toutes ces raisons pour espérer qu’au 14 juillet j’aurai en rade 23 vaisseaux prêts à mettre à la voile et approvisionnés d’autant de vivres qu’ils en pourront porter.