Correspondance de Napoléon – Avril 1815
Paris, 27 avril 1814
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, j’ai lu avec attention votre rapport du 26 avril sur l’artillerie. Vous me présentez la formation de trente-trois batteries à pied pour les neuf corps : mais le 7e corps, au lieu de six batteries, ne doit en avoir que trois; le 9e au lieu de quatre batteries, ne doit en avoir que deux. C’est donc cinq batteries de trop; et, au lieu de trente-trois, il n’en faut plus que vingt-huit; ce qui, avec les deux de la jeune Garde, fait trente.
Les vingt batteries du parc de réserve de Vincennes ne seront que par L’École polytechnique, par un bataillon d’artillerie de marine qui arrive à Paris, et par des compagnies d’équipages de marins- qui s’y rendent également. C’est donc vingt compagnies qui deviennent disponibles. Cet équipage de réserve n’a pas besoin de trois batteries d’artillerie à cheval. Ainsi c’est trois autres compagnies disponibles, et je n’ai plus besoin que de vingt et une compagnies d’artillerie légère. Le 8e corps n’a besoin que d’une batterie de réserve; il en est de même du 7e. Ainsi, au lieu de vingt-neuf batteries, je pourrais donc en ôter six (y compris les quatre du parc de Vincennes), et je n’aurais plus besoin que de vingt-trois batteries. Il ne faudra donc que cinquante-trois compagnies à pied, au lieu de quatre-vingts; il restera donc vingt-sept compagnies pour les parcs.
Sur les soixante et dix compagnies que vous avez destinées pour les côtes et pour les places, vous pouvez en retirer quatre pour Soissons, Château-Thierry, Vitry et Laon; l’artillerie de marine remplacera ces quatre compagnies. Ainsi on aura du personnel pour servir encore quelques nouvelles batteries.
Appliquez le même raisonnement au train. L’équipage de réserve de Vincennes, étant spécialement destiné à défendre Paris, n’a besoin que de quelques attelages. Le reste, on se le procurerait par des réquisitions faites au moment. Ainsi, comme au lieu de 856 bouches à feu il n’y en a besoin que de 600 attelées, il suffira de 12,000 chevaux. Nous en avons 12,600; ainsi nous avons le compte.
Paris, 27 avril 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, faites mettre en état le camp retranché de Maubeuge, en palissadant les ouvrages avancés, les deux réduits et successivement le reste. L’artillerie le fera armer de manière qu’il y ait le plus tôt possible le nombre de pièces nécessaire.
Les approvisionnements de bouche pour Maubeuge seront de 10,000 hommes.
Faites construire à Avesnes six fours de plus.
Faites partir de suite tous les officiers d’artillerie et du génie nécessaires aux places frontières.
Maubeuge étant une place importante, au lieu d’un maréchal de camp, il faut y mettre un lieutenant général et deux maréchaux de camp, mon intention étant d’y mettre six bataillons de la garde nationale.
Paris, 27 avril 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, donnez l’ordre au 4e de hussards de faire partir trois ou quatre escadrons. Il en fera partir quatre, s’il a 600 hommes, trois, s’il n’en a que 450. Ces troupes se dirigeront sur Dijon. Vous me ferez connaître le jour où elles seront arrivées» et je leur donnerai une destination ultérieure.
La division de cavalerie de l’armée des Alpes ne sera plus composée que du 13e de dragons, du 15e de chasseurs et des escadrons restant du 4e de hussards. Cela me paraît suffisant pour un pays aussi difficile que la Savoie.
Je vous avais mandé de faire venir des troupes du corps d’observation des Pyrénées pour prendre position à Pont-Saint-Esprit, s’il y avait de la sûreté du côté de l’Espagne. Faites-moi connaître ce que vous avez fait. Il faut sur-le-champ donner l’ordre d’occuper Pont-Saint-Esprit et de l’armer. Envoyez-y deux compagnies de vétérans que vous tirerez du centre, un bon commandant et des officiers très-sûrs.
Je suppose que vous avez déjà donné des ordres pour l’armement de Sisteron, et que vous y avez placé un bon commandant. Mettez-y 200 vétérans venant de bons pays.
Ces deux points sont l’un et l’autre très-importants pour nos affaires intérieures.
Prenez des mesures efficaces pour que les petits forts de Lyon, du côté de la Suisse, soient mis en état de défense. Faites-y faire des redoutes, afin que ces forts puissent jouer tout leur jeu. Envoyez-y des officiers dévoués.
Je vous ai donné l’ordre de faire faire des travaux à Langres. Je suppose qu’on y remue déjà la terre et que les pièces vont être mises en batterie.
Ordonnez la mise en état d’Auxonne et chargez le général qui commande le département et les officiers du génie et de l’artillerie de visiter tes ponts qui se trouvent sur la Saône, pour les mettre à l’abri des troupes légères ennemies. Il faut à Auxonne de l’artillerie, pour en donner à la garde nationale, qui sera chargée de défendre tous les débouchés. Cette artillerie n’a pas besoin d’être attelée; des attelages de réquisitions suffiront.
Ordonnez aussi la formation d’artillerie de garde nationale à Dijon, Saint-Jean-de-Losne, Chalon, Mâcon, Tournus et Villefranche ; que partout on soit en état de défense.
Indépendamment du général Veaux, qui se ressent de ces mesures et qu’il faut laisser dans cette division, dont il est le patriarche, il faudrait y envoyer un général de division pour la défense de la Saône. Il se servira des maréchaux de camp et des officiers que vous avez dû envoyer sur ces points, pour les gardes nationales sédentaires.
Paris, 27 avril 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, donnez les ordres les plus positifs pour que, le 3 mai, les quatre batteries du 1″ corps partent de Douai, ainsi que les trois batteries du 2e corps, et rejoignent les généraux Reille et d’Erlon aux lieux qu’ils auront choisis, derrière Avesnes et Valenciennes, pour placer leurs camps de réserve. Le général d’Erlon se trouvera avoir cinquante pièces de canon et le général Reille soixante.
Pressez l’organisation de l’artillerie du 3e corps, et faites recruter, dans Paris et les départements, des hommes pour le train d’artillerie. Écrivez au général Gérard et aux préfets de Metz et de Nancy pour leur en faire sentir l’importance, et qu’ils concourent de tous leurs moyens à la levée des hommes et des chevaux, afin que, le 5 mat, ce corps ait ses huit batteries attelées. Donnez ordre, par le télégraphe, que les quatre batteries attelées sortent de Metz et soient dirigées sur le corps d’observation de Gérard, qui les placera au lieu qu’il aura choisi pour son quartier général.
Mon intention étant que les gardes nationales soient placées dans les places, toutes les troupes qui s’y trouvent doivent être disponibles et cantonnées, en ayant derrière elles leur parc, etc.
Écrivez la même chose à Rapp, ainsi qu’à l’ordonnateur de Strasbourg et de Colmar.
Donnez l’ordre que tout l’équipage du 6e corps et de la cavalerie de réserve, ainsi que les batteries, partent le 30, avec les divisions qui sont à Paris. J’en passerai la revue aux Champs-Élysées.
Paris, 27 avril 1815e
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Duc Decrès, donnez ordre qu’on mette sous les ordres du commandant de la 13e division militaire un bataillon d’artillerie de marine qu’on tirera soit de Lorient, soit de Brest, pour suppléer aux troupes de ligne, former une colonne mobile et réprimer les chouans. Donnez ordre que de même on fournisse de Rochefort environ 300 hommes d’artillerie de marine, pour former une colonne mobile destinée à maintenir l’ordre dans la Vendée.
Paris, 27 avril 1815.
Au général comte Bertrand, grand-maréchal du palais.
Je désire que vous fassiez partir pour Compiègne un service de guerre de ma Maison, contenant un lit, une petite argenterie de campagne, deux brigades de chevaux de selle, une voiture de campagne, une petite tente, et enfin tout ce qui est nécessaire pour faire la guerre. Tout cela devra partir le 30 pour se rendre à Compiègne, où cela sera arrivé le 1er mai.
On fera partir, avec un bon officier et 40 gendarmes d’élite, un escadron de lanciers rouges de 120 hommes, un escadron de chasseurs de 120 bommes et un officier supérieur qui commandera le tout. Vous ferez également partir un ou deux chevaux de chaque aide de camp et officier d’ordonnance.
Paris, 29 avril 1814
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, il serait convenable d’envoyer le duc de Trévise en mission extraordinaire dans le Nord, et de lui adjoindre un officier du génie et un officier d’artillerie. Il parcourrait, depuis Calais, toute notre double ligne de places fortes jusqu’à Landau. Il se fera rendre compte de tout et prendrait toutes les mesures que prescrivent les circonstances pour compléter le système de défense des places, assurer leurs approvisionnements, accélérer les travaux du génie et de l’artillerie, et opérer tous les déplacements nécessaires dans les commandants de place, officiers, adjudants, garde-magasins. Enfin il serait chargé de faire tout ce qui est convenable pour mettre nos places dans la meilleure situation possible. Il passerait la revue des gardes nationales : il rallierait tout le monde au devoir ; il ferait même des proclamations, et, comme un des premiers habitants des départements du Nord, il stimulerait le zèle de ses concitoyens et leur patriotisme. Parlez-en au duc de Trévise et présentez-moi, demain dimanche, au conseil, un projet de décret là-dessus.
Paris, 29 avril 1815.
NOTES DICTÉES EN CONSEIL DES FINANCES.
PREMIÈRE NOTE.
Il sera formé par notre ministre de l’intérieur un état qui présentera par département :
1e Le montant des réclamations et demandes en indemnités formulées par chaque département pour les réquisitions en vivres, fourrages, voitures, transports, fournitures, et pour pertes de tout genre supportées par chaque département, lequel montant paraît s’élever à 118 millions ;
2e Le montant des compensations dont a profité chaque département par l’admission des bons de réquisition en payement des centimes extraordinaires de 1813 et 1814, et par les ordonnances royales de dégrèvement rendues en sa faveur, lesquelles compensations doivent s’élever à 76 millions ;
3° Le montant de ce qui est encore réclamé par les départements pour solde de leurs demandes en indemnités, et qui doit être de 42 millions;
4° La réduction probable qui doit avoir lieu sur ces demandes, comparativement aux réductions qu’ont déjà éprouvées, par l’effet d’une liquidation exacte, les demandes antérieures e,
5° Le restant à recouvrer sur les centimes extraordinaires de 1813 et 1814, lequel restant est évalué à 35 millions;
6° Ce que le recouvrement de ce qui est dû par chaque département sur cette somme laissera disponible, déduction faite de ce qui lui reste dû à titre d’indemnité;
7° Ce qui resterait dû à chaque département, pour son indemnité relative aux réquisitions, au-delà de ce qu’il resterait devoir pour compléter le payement de sa contribution aux centimes extraordinaires de 1813 et 1814.
DEUXIÈME NOTE.
1° Notre ministre de l’intérieur rendra compte samedi prochain des réclamations faites par les départements et communes pour être indemnisés des réquisitions qu’ils ont souffertes en 1813 et 1814.
2° La première partie de son rapport fera connaître le montant des réquisitions faites par les ordonnateurs français pour le service des troupes françaises, et qui ne seraient pas encore soldées.
La seconde partie indiquera le montant des fournitures faites à l’ennemi.
Le ministre fera distinguer, pour ces deux espèces de réquisitions, ce qui a été liquidé et se trouve compensé, en vertu d’ordonnances royales, sur les centimes extraordinaires de 1813 et 1814, et ce qu’il est encore possible de compenser sur la portion des mêmes centimes extraordinaires qui restent à recouvrer.
En cas d’insuffisance, il proposera les moyens de pourvoir aue moyens de solder toutes les dettes, soit par des constitutions de restes sur les fonds libres des revenus des communes, soit par toute autre mesure que nous pourrons adopter, après avoir pris connaissance des motifs des réclamations.
3° Notre ministre de l’intérieur nous remettra également l’état des maisons particulières brûlées et détruites par suite de l’invasion de l’ennemi. Il sera pourvu à leur reconstruction par la délivrance qui sera faite aux propriétaires des bois de charpente nécessaires, qui seront pris à cet effet dans les forêts de l’État, jusqu’à concurrence de la quantité nécessaire pour chaque reconstruction. Il sera fait estimation de la valeur des bois ainsi délivrés à chaque propriétaire des maisons qui auraient été détruites; ces bois ne pourront être employés par eux qu’à les réparer, sous la surveillance des autorités locales.
Le ministre de l’intérieur fera évaluer en argent la partie des réparations qui devra employer d’autres matériaux que du bois de charpente.
Palais de l’Élysée, 30 avril 1815.
DÉCRET. (Hormis quelques modifications introduites au moment de la publication, ce décret est tout entier de la main de l’Empereur.)
Napoléon, par la grâce de Dieu et les Constitutions, Empereur des Français,
En convoquant les électeurs des collèges en assemblée du Champ-de-Mai, nous comptions constituer chaque assemblée électorale de département en bureaux séparés, composer ensuite une commission commune à toutes, et, dans l’espace de quelques mois, arriver au grand but objet de nos pensées.
Nous croyions alors en avoir le temps et le loisir, puisque, notre intention étant de maintenir la paix avec nos voisins, nous étions résignés à souscrire à tous les sacrifices qui déjà avaient pesé sur la France.
La guerre civile du Midi à peine terminée, nous acquîmes la certitude des dispositions hostiles des puissances étrangères, et dès lors il fallut prévoir la guerre et s’y préparer.
Dans ces nouvelles occurrences, nous n’avions que l’alternative de prolonger la dictature dont nous nous trouvons investi par les circonstances et par la confiance du peuple, ou d’abréger les formes que nous nous étions proposé de suivre pour la rédaction de l’Acte constitutionnel. L’intérêt de la France nous a prescrit d’adopter ce second parti. Nous avons présenté à l’acceptation du peuple un Acte qui, à la fois, garantit ses libertés et ses droits, et met la monarchie à l’abri de tout danger de subversion. Cet acte détermine le mode de la formation de la loi, et dès lors contient en lui-même le principe de toute amélioration qui serait conforme aux vœux de la nation ; interdisant cependant toute discussion sur un certain nombre de points fondamentaux déterminés, qui sont irrévocablement fixés.
Nous aurions voulu aussi attendre l’acceptation du peuple avant d’ordonner la réunion des collèges et de faire procéder à la nomination des députés : mais, également maîtrise par les circonstances, le plus haut intérêt de l’État nous fait la loi de nous environner le plus promptement possible des corps nationaux. – A ces causes, nous avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article premier. Quatre jours après la publication du présent décret au chef-lieu du département, les électeurs des collèges de département et d’arrondissement se réuniront en assemblée électorale au chef-lieu de chaque département et de chaque arrondissement.
Le préfet, pour le département, les sous-préfets, pour les arrondissements, indiqueront le jour précis, l’heure et le lieu de l’assemblée par des circulaires et par une proclamation qui sera répandue avec la plus grande célérité dans tous les cantons et communes.
Art. 2. Pour cette année, à l’ouverture de l’assemblée, le plus ancien d’âge présidera ; le plus jeune fera les fonctions de secrétaire ; les trois plus âgés après le président seront scrutateurs. Chaque assemblée, ainsi organisée provisoirement, nommera son président ; elle nommera aussi deux secrétaires et trois scrutateurs. Ces choix se feront à la majorité absolue.
Art. 3. On procédera ensuite aux élections des députés à la chambre des Représentants, conformément à l’Acte envoyé pour être présenté à l’acceptation du peuple et inséré au Bulletin des Lois, n° 19, le 23 avril courant.
Art. 4. Les préfets des villes chefs-lieux d’arrondissements commerciaux convoqueront, à la réception du présent, la chambre de commerce et les chambres consultatives, pour faire former les listes de candidats sur lesquelles les représentants de l’industrie commerciale et manufacturière doivent être élus par les collèges électoraux appelés à les nommer conformément à l’acte joint à celui énoncé en l’article précédent.
Art. 5. Les députés nommés par les assemblées électorales se rendront à Paris pour assister à l’assemblée du Champ – de – Mai et pouvoir composer la chambre des Représentants, que nous nous proposons de convoquer après la proclamation de l’acceptation de l’Acte constitutionnel.
Art. 6. Nos ministres sont chargés de l’exécution du présent décret.
Palais de l’Élysée, 30 avril 1815.
DÉCRET.
Article premier. Il sera formé quatre armées et trois corps d’observation.
Art. 2. La première, sous le titre d’Armée du Nord, comprendra le territoire des 16e et 2e divisions militaires.
Elle sera composée des 1er, 2e, 3e et 6# corps, et de trois divisions de réserve de cavalerie.
Toutes les places de la 16e et de la 2e division militaire seront occupées par les bataillons de grenadiers et chasseurs des gardes nationales.
Il y aura, en outre, plusieurs divisions de réserve de grenadiers et chasseurs de gardes nationales pour aider aux opérations de l’armée.
Art. 3. La seconde armée, sous le titre d’Armée de la Moselle, sera composée du 4e corps.
Elle comprendra le territoire des 3e et 4e divisions militaires. Toutes les places seront occupées par des bataillons de grenadiers et chasseurs des gardes nationales.
Il y aura, en outre, un corps de gardes nationales de réserve pour concourir aux opérations de l’armée.
Art. 4. La troisième armée sera l’Armée du Rhin.
Elle sera composée du 5e corps et de bataillons de chasseurs et de grenadiers des gardes nationales, qui occuperont les places fortes et formeront des réserves de gardes nationales pour aider aux opérations de l’armée.
Art. 5. Le 1er corps d’observation sera celui du Jura. Ce corps sera chargé de la garde des débouchés qui existent sur cette ligne de frontière depuis Belfort jusqu’auprès de Genève. Les places de Belfort, de Langres, de Montbéliard, et tout le territoire de la 6e division militaire, feront partie de son arrondissement.
Ce corps sera composé de la division de Belfort et des grenadiers et chasseurs des 6e et 18e divisions militaires.
Art. 6. La quatrième armée sera l’Armée des Alpes. Elle sera composée du 7e corps et comprendra le territoire des 7e et 19e divisions militaires.
Toutes les places seront occupées par des bataillons de chasseurs et grenadiers ; et il y aura, en outre, un corps de réserve de gardes nationales pour opérer dans les montagnes.
Art. 7. Le 2e corps d’observation sera placé sur le Var. Il corne prendra le territoire de la 8e division militaire et sera chargé de la défense du Var.
Art. 8. Le 3e corps d’observation sera celui des Pyrénées. Il sera chargé de la défense des Pyrénées.
Art. 9. Le ministre de la guerre nommera sur-le-champ l’état-major de chaque armée.
Il organisera les services en génie et de l’artillerie qu’il est urgent d’y attacher.
Enfin il fera rédiger par le comité de défense, pour chaque armée, une instruction sur la portion du territoire qu’elle est chargée de défendre.
Art. 10. Notre ministre de la guerre est chargé de l’exécution du présent décret. Il sera communiqué aux ministres de l’intérieur, de la police et du trésor.
Napoléon.
Paris. 30 avril 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, si nous avons la guerre, et que je sois obligé de partir, mon intention est de vous laisser à Paris, ministre de la guerre, gouverneur de Paris et commandant en chef des gardes nationales, des levées en masse et des troupes de ligne qui se trouveraient dans la ville. Je n’ai point encore le projet de partir, et je ne suppose pas que l’ennemi nous attaque de tout le mois de mai. Cependant je désire que vous vous occupiez dès à présent de mettre la ville en état.
Vous aurez à Paris trente batteries de canons, de huit pièces chacune, qui seront au parc de Vincennes, ayant double approvisionnement.
Cette artillerie n’aura pas de personnel, ni d’attelages, ni de charretiers. Elle sera servie par un bataillon d’artillerie de marine, que j’ai mandé au ministre de la marine de diriger sur Paris, et qui servira six batteries ; deux batteries seront servies par l’École polytechnique ; deux batteries seront servies par l’École d’Alfort ; deux batteries seront servies par l’École de Saint-Cyr; quatre batteries seront servies par les Invalides ; six batteries seront servies par l’artillerie de ligne, et huit batteries seront servies par des équipages de matelots que j’ai ordonné au ministre de la marine de diriger sur Paris ; total, trente batteries.
Il y aura des redoutes sur toutes les hauteurs de Paris pour contenir cette artillerie, et, au moment, on prendra dans la ville les attelages nécessaires pour les batteries mobiles.
Désignez un général d’artillerie pour être directeur du parc, et tout l’état-major d’artillerie nécessaire pour diriger ces trente batteries.
Désignez aussi un officier général du génie. Il ne faut prendre ni Rogniat, ni Haxo, ni Marescot, qui seront nécessaires pour les armées.
Votre troupe d’infanterie se composera de 30,000 gardes nationaux , de 20,0.00 hommes des levées en masse, de 20,000 hommes de troupes de marine, et enfin de 20,000 hommes que donneront les dépôts des régiments qui doivent se grouper sur Paris; ce qui fera plus de 90,000 hommes.
Napoléon.
Paris, 30 avril 1815.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, à Paris.
Mon Cousin, j’ai lu le mémoire du comité de défense. Il est indispensable de mettre Montbéliard à l’abri d’un coup de main, et que vous fassiez armer et mettre en état, sous peu de jours, Pierre-Châtel, Salins, le passage des Échelles, le fort de l’Écluse. Cela me paraît de la plus haute importance. Je suppose que vous vous en êtes occupé. Envoyez des officiers du génie et d’artillerie, avec les commandants que vous destinez pour ces forts, pour ne pas perdre une minute. Je vous ai écrit pour le château de Pont-Saint-Esprit et Sisteron. Il faut qu’avant le 10 ou 15 mai tous ces forts soient en état de défense et approvisionnés pour trois mois. Envoyez-y des compagnies de vétérans que vous pourrez tirer des places où, vont se rendre les gardes nationales. Mettez aussi dans tous ces forts des escouades d’artillerie. Dans l’état de distribution des gardes nationales, il y a pour chacun de ces forts des bataillons de grenadiers et de chasseurs, qui seront aidés par ces escouades d’artillerie et par ces compagnies de vétérans. Il est de ces forts qu’il faut protéger par des redoutes sur des hauteurs ou par des abatis. Faites faire ces travaux et donnez ordre au commandant de la division territoriale ou du département de se rendre sur les lieux, et de ne pas bouger que tout ne soit en état.
Je dois vous avoir écrit pour les fortifications à faire à chacun des passages des Vosges. Je suppose que vous avez, donné tous les ordres, et que le général Gérard veille à ce que tout s’exécute exactement. Tous les officiers du génie de son corps doivent y être employés. On doit requérir tous les paysans qui sont nécessaires, et faire travailler avec activité.
Il est probable que la Suisse sera neutre; mais les alliés pourraient violer son territoire : il faut donc s’occuper de retrancher toutes les gorges du Jura. Le général Haxo connaît mieux que personne les défilés de ces montagnes. Des retranchements et des redoutes pourraient être inutiles, si nous employions là de bonnes troupes ; mais, comme nous ferons défendre le Jura par les gardes nationales des 6e et 18e divisions, qui ne sont flanquées à droite que par les chasseurs et les grenadiers de la 19e division, il faut les appuyer sur des ouvrages et faire fortifier toutes les gorges.
Il est indispensable qu’il y ait à Besançon des pièces de campagne et quelques pièces de montagne sur affûts de traineau, qu’on puisse donner aux gardes nationales qui défendront les défilés.