Correspondance de Napoléon – Juin 1812
Juin 1812
Posen, 1er juin 1812
Au comte Collin de Sussy, ministre des manufactures et du commerce, à Paris
Monsieur le Comte de Sussy, la taxation du blé par le préfet de Caen à 33 francs l’hectolitre est fort extraordinaire. Je ne conçois pas comment ce préfet a ainsi méconnu le principe. Je m’attendais à ce que vous me diriez un mot des motifs qui l’ont décidé. J’approuve que vous lui ayez remis les 100,00 francs provenant de la vente des farines ; mais je pense que la meilleure opération que devrait faire la municipalité de Caen serait de faire venir des blés du département de la Roer. Donnez-en l’autorisation, en vous assurant que ce blé vient bien de la Roer. En employant 100,000 écus pour cet objet, c’est la meilleure manière de prêter 100,000 écus aux habitants de Caen. Si vous voulez vous servir de Vanlerberghe pour cette opération, je ne m’y oppose pas.
Posen, 1er juin 1812.
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Monsieur le Comte de Cessac, les régiments de la Vistule ont laissé 724 hommes au dépôt de Sedan, lesquels n’attendaient pour partir que des capotes. Cependant ces hommes ne partent point. Il est fâcheux d’être obligé de laisser en France, où ils sont inutiles, des hommes qui seraient si utiles ici ; mettez-les en état de partir sans délai. Les régiments de la Vistule qui sont à Posen n’ont pas encore leurs shakos, qu’ils devaient recevoir à leur départ à Paris.
Posen, 1er juin 1812
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Posen
Mon Cousin, écrivez au duc de Bellune de voir M. de Hardenberg et de demander que des ordres soient donnés à Kolberg pour que les officiers français y soient bien traités, qu’ils puissent tout voir et aller partout ; pour qu’en cas d’événement ils servent sous les ordres du commandant de Kolberg comme officiers prussiens, et pour que le commandant de Kolberg ait des colonnes mobiles sur les côtes, à droite et à gauche, et qu’il se comporte bien en cas d’attaque de l’ennemi.
Posen, 1er juin 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Posen
Mon Cousin, donnez ordre au général de division Partouneaux de partir avec le 29e et le 10e régiment d’infanterie légère formant quatre bataillons, avec les trois bataillons du 126e et un général de brigade, dans la journée du 3 juin, de Berlin, pour se rendre en toute diligence à Stettin. Donnez ordre à l’artillerie de cette division, qui arrive le 3 à Magdeburg, d’en partir le 4 pour Stettin. La 2e brigade, composée du 44e et du régiment provisoire, restera à Berlin jusqu’au 9. Le 10 juin cette 2e brigade partira pour Stettin. Le 125e se dirigera en droite ligne de la 32e division sur Stettin. Ainsi toute la division Partouneaux se trouvera réunie dans cette dernière place. Le régiment formé de deux bataillons de Walcheren et de Belle-Île, qui arrive le 9 juin à Berlin, y remplacera la 2e brigade. Le 4e bataillon de Walcheren et le 4e de Belle-Île, appartenant à la 4′ division de réserve, resteront à Berlin jusqu’à nouvel ordre. Le 6e bataillon da 19e de ligne, qui appartient à la le division de réserve, tiendra garnison à Spandau. Ainsi, par ce moyen, la 1e brigade, avec l’artillerie de la division Partouneaux, sera disponible à Stettin dès le 8 ou le 9 juin ; la 2e brigade sera rendue et disponible à Stettin le 15 ; de sorte que le 15 cette division, avec son artillerie, pourra partir de Stettin pour se porter partout où il sera nécessaire.
Donnez ordre aux cinq bataillons de la brigade de Berg de partir sans délai pour se rendre à Danzig, avec ses quatorze pièces d’artillerie et le régiment de cavalerie. Il est nécessaire d’accélérer ce mouvement, de manière que le 1e bataillon arrive vers le 10, et les autres, ainsi que l’artillerie et la cavalerie, du 10 au 15. La brigade badoise fera le même mouvement de la manière suivante : le 1e régiment de ligne partira le 4 de Stettin pour se rendre en toute diligence à Danzig; le bataillon du 3e régiment, qui est à Küstrin, en partira pour Danzig le 3; le 1er bataillon du 1er d’infanterie légère, qui est à Stettin, en partira aussitôt qu’un bataillon de la division Partouneaux sera arrivé, c’est-à-dire au plus tard le 7 ; de sorte que les huit pièces d’artillerie et la brigade de Bade, forte de cinq bataillons, seront réunies également du 10 au 15 à Danzig. Le général Daendels suivra le mouvement de cette seconde brigade. Le régiment d’infanterie des gardes du grand-duc de Hesse a déjà reçu ordre de se rendre au quartier général. Le bataillon d’infanterie légère de Hesse-Darmstadt, qui est à Stettin avec ses pièces d’artillerie, tiendra garnison dans la Poméranie suédoise, aussitôt qu’un bataillon de la division Partouneaux sera arrivé à Stettin. Le régiment n° 4 de la division princière a dû partir le 27 mai de Hambourg pour la Poméranie suédoise. Enfin vous donnerez ordre au régiment westphalien qui est à Magdeburg de partir, non pour Glogau, comme le porte mon dernier ordre, mais pour la Poméranie suédoise, aussitôt qu’une demi-brigade de la division Lagrange, qui a dû partir vers le 1er juin de Cologne, sera arrivée à Magdeburg. La garnison de la Poméranie suédoise sera donc composée du régiment de la Confédération n° 4, fort de 2 bataillons, du bataillon d’infanterie légère de Hesse-Darmstadt et du régiment westphalien qui est à Magdeburg; total, 6 bataillons de Hesse-Darmstadt et 6 pièces de canon; ce qui, appuyé de la division Partouneaux, qui sera à Stettin, et de la division Heudelet, qui occupera le Mecklenburg et la 32e division militaire, fournira une force suffisante pour la défense des côtes.
Vous ordonnerez au général Lagrange de placer ainsi ses quatre demi-brigades de marche : la plus reculée, celle qui a encore des détachements à recevoir de France, il la laissera à Magdeburg pour former la garnison de cette place; les autres demi-brigades fileront sur Berlin, où elles seront casernées, afin de pouvoir les former plus promptement et d’y maintenir une discipline plus sévère. Du moment que deux demi-brigades de cette division seront arrivées à Berlin, les bataillons de Walcheren et de Belle-Île et ce qui pourrait s’y trouver appartenant à la 4e division de la réserve se dirigeront sur Stettin pour former la garnison de Stettin. Tonte la division Durutte, qui est la 4e se formera à Stettin, ce qui rendra alors disponible la division Partouneaux. La 3e division de la réserve, composée des 10e, 11e, 12e et 13e demi-brigades provisoires, qui vont partir de France, se réunira à Berlin; ce qui rendra disponible toute la division Lagrange, qui alors se dirigera sur Stettin, Danzig ou Thorn, selon les circonstances.
Ainsi la division Daendels doit le plus tôt possible se diriger sur Danzig, savoir : la brigade de Berg, cavalerie, infanterie, artillerie, l’infanterie et l’artillerie de Bade et la cavalerie de Hesse-Darmstadt, ce qui fera 10 bataillons, 2 régiments de cavalerie et 22 pièces de canon ; les deux bataillons de Berg qui sont en route rejoindront à Danzig, ainsi que les deux escadrons du même grand-duché, ce qui portera alors cette division à douze bataillons. La division Partouneaux sera d’abord en observation à Stettin, prête à soutenir la Poméranie suédoise, à se porter sur Hambourg, sur les embouchures de l’Oder et partout où on en aura besoin ; et vers la fin de juin, quand elle en recevra l’ordre, elle se portera sur Danzig. La division polonaise du général Girard sera la 3e division du 9e corps aux ordres du duc de Bellune. Elle se réunira à Berlin. Je donnerai l’ordre pour son mouvement aussitôt que je connaîtrai sa marche. Il est probable que dans le courant de juin elle aura dépassé l’Oder. A la fin de juin tout le 9e corps, composé de trois divisions d’infanterie, d’une brigade de cavalerie et de cinquante-six pièces de canon, se trouvera sur la Vistule, formant réserve à toute l’armée, qui alors sera à 60 lieues en avant. La 1e division de la réserve (la division Lagrange) filera également sur la Vistule. Cette 1e division devra être dissoute, puisqu’elle n’est composée que de 5e et de 6e bataillons; mais, en attendant qu’elle rejoigne l’armée, elle pourra être sous les ordres du duc de Bellune, ce qui portera ce corps à cinquante-six bataillons. Il ne restera plus alors en arrière, sur la gauche de l’Oder, que trois divisions de la réserve : la 2e division, forte de cinq demi-brigades, tenant garnison dans la 32e division et dans le Mecklenburg; la 3e, tenant garnison à Berlin, et la 4e, tenant garnison à Stettin. Ces trois divisions formeront quarante-six bataillons, prêts à se porter sur Hambourg, sur la Poméranie suédoise et sur tel point quelconque qui serait attaqué. Elles fourniront aussi un supplément nécessaire de garnison à Stettin. La Poméranie aura sa garnison particulière; comme il est dit ci-dessus. Berlin et Spandau auront également leur garnison particulière. Küstrin aura aussi sa garnison. Il sera nécessaire de nommer un maréchal à Berlin pour commander cette réserve. Je fais choix du maréchal duc de Castiglione. Écrivez au ministre de la guerre pour savoir si ce maréchal est en état.
La 1e division de la réserve, comme je l’ai dit, n’a pas besoin d’artillerie, puisqu’elle est composée de demi-brigades de marche. La 2e doit avoir douze pièces de canon, ainsi que j’en ai donné l’ordre au ministre de la guerre. La 3e et la 4e doivent également avoir deux batteries. Écrivez au ministre de la guerre pour qu’elles les aient dans le courant de juillet. Quant à la cavalerie de la réserve, elle sera composée de huit escadrons de dragons, qui doivent faire partie de la Grande Année.
Il est nécessaire que le duc de Bellune connaisse bien les corps qui composent les quatre divisions de la réserve. Je suppose que vous avec ces détails. Si vous ne les aviez pas, vous pourriez les faire prendre à mon bureau. Vous donnerez ordre que le régiment de cavalerie de Bade soit attaché jusqu’à nouvel ordre à la division Partouneaux, n’étant pas convenable de dégarnir de cavalerie tous les derrières. Recommandez au duc de Bellune de bien organiser les divisions Partouneaux et Daendels. Quoique cette dernière se rende sans délai à Danzig, elle fait toujours partie de son corps d’armée.
Ainsi donc il y aura dans le courant de juillet sur les derrières le 9e corps et la 1e division de réserve, formant cinquante-six bataillons, ou plus de 40,000 hommes d’infanterie, cinquante à cinquante-six pièces de canon et 1,500 hommes de cavalerie.
Le général Partouneaux doit avoir deux généraux de brigade.
Il y aura en arrière, en seconde ligne, la 2e division de la réserve dans la 32e division, forte de 20 bataillons; la 3e division à Berlin, 12 bataillons; la 4e division à Stettin, 12 bataillons; total, 44 bataillons; plus huit escadrons de dragons formant 1,500 hommes, et trente-six pièces d’artillerie; et ce, indépendamment des 2 bataillons de garnison de la 32e division, des 6 de garnison de la Poméranie suédoise, du bataillon de Küstrin, des 3 de Berlin et des 2 de Glogau ; total, 14 bataillons de garnison.
Les trois divisions de la réserve pourront toujours se mettre en mouvement, pour se porter partout où il sera nécessaire, et formeront avec la réserve d’Erfurt un corps de 30 à 40,000 hommes suffisant pour garantir de toute descente la Poméranie, le Mecklenburg, dégager Kolberg, ou se porter au secours de la 32e division; d’autant plus qu’en cas d’événements imprévus on pourrait tirer 2,000 hommes de la Saxe et quelques secours de la Prusse et de la Westphalie.
En communiquant ces mesures au duc de Bellune et lui donnant ces ordres, vous lui ferez connaître que l’important est que j’aie, avant le 15 juin à peu près, toute la division Daendels à Danzig, afin de mettre cette côte à l’abri d’une descente et de n’être pas obligé pour cela de dégarnir mon armée.
Envoyez un officier en poste au duc de Bellune, afin qu’il me rapporte le compte de l’exécution de mes ordres et le détail du mouvement de toutes les troupes. Il rapportera aussi la situation exacte des troupes, parce que mon intention est de les compléter en dirigeant des bataillons de marche sur ces corps.
Faites connaître l’ensemble de ces dispositions au ministre de la guerre, pour qu’il sente l’importance de diriger le plus tôt possible les 10e, 11e et 12e demi-brigades sur Berlin. Cette 3e division de la réserve sera confiée au général Seras. Vous me présenterez quelqu’un pour le remplacer dans le commandement de Glogau. En me faisant connaître l’exécution de mes ordres, soumettez-moi un tableau qui indique le jour où chacun de ces corps arrivera. Mon intention étant de former des 2e, 3e et 4e divisions de la réserve un corps d’année, il est nécessaire d’y attacher un officier supérieur d’artillerie, et que ce corps soit en mesure dans le courant de juillet.
Posen, 1er juin 1812
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Posen
Mon Cousin, écrivez au duc de Bellune de donner tous les ordres nécessaires pour que Spandau soit mis en état de soutenir un siège, si cela était nécessaire, passé le 15 juin. Il faut donc qu’il y ait un général commandant, un officier d’artillerie, un officier du génie, un garde-magasin d’artillerie, un garde-magasin du génie et un garde-magasin des vivres, attachés à la place. J’ai ordonné qu’il y eût deux compagnies d’artillerie, fortes d’au moins 140 hommes chacune, pour le service de cette place.
Posen, 1er juin 1812
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Posen
Mon Cousin, donnez ordre au duc d’Elchingen de faire rejoindre la cavalerie légère de son corps d’armée par la cavalerie légère wurtembergeoise, a6n d’en augmenter sa cavalerie, et que cette troupe marchant ensemble prenne un meilleur esprit que si elle marchait isolée avec son infanterie.
Posen, 1er juin 1812
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Posen
Mon Cousin, donnez ordre que le 4 juin un des 3e bataillons des régiments de la Vistule, complété à 840 hommes, bien habillé, bien armé et en bon état, se dirige sur Thorn, où il tiendra garnison. Donnez ordre que du 4 au 12 un deuxième bataillon parte également pour Thorn. Enfin donnez l’ordre qu’un troisième bataillon, également complété à 840 hommes, parte avant le 15. Ces bataillons seront sous les ordres d’un major ou colonel pris parmi ceux qui sont à la suite ; il sera nommé par le général Claparède. Ces bataillons resteront à Thorn jusqu’à nouvel ordre et jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment instruits et capables d’être placés en ligne. Je ne vous parle pas des compagnies de voltigeurs ni de celles de grenadiers; ces bataillons, destinés à être versés dans les autres, ne doivent point en avoir; ils seront, en attendant, utiles à Thorn. Je suppose que vous en ferez passer la revue avant leur départ, et que vous vous serez assuré qu’ils sont en bon état et ne manquent de rien. Donnez aussi l’ordre au dépôt de Posen de fournir aux soldats de la Vistule une paire de souliers, afin qu’ils en aient une au sac et une aux pieds.
Posen, 1er juin 1812
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Posen
Mon Cousin, donnez ordre au général d’artillerie de faire embarquer à Danzig 25,000 coups de canon et 2 millions de cartouches, et de les faire transporter dans la citadelle de Pillau ; de porter le dépôt de cartouches de Thorn à 4 millions en y venant les 2 millions qui sont embarqués avec l’équipage de siège de Magdeburg. Le dépôt de Thorn sera ainsi composé de 4 millions de cartouches françaises et de 1,500,000 cartouches polonaises. Donnez ordre que 1,200,000 cartouches polonaises partent sans délai de Thorn pour Modlin ; que 500,000 cartouches françaises partent également de Thorn pour Modlin; ce qui portera le dépôt de Modlin à plus de 2 millions de cartouches polonaises el françaises. Donnez ordre que 300,000 cartouches françaises de Thorn soient envoyées à Marienwerder pour y être à la disposition du duc de Reggio, que 300,000 soient envoyées à Marienburg et 300,000 à Plock à la disposition du vice-roi. Le dépôt de 4 millions de cartouches françaises sera donc réduit à 2,600,000 (en comprenant ce qui doit arriver de Küstrin), et celui des cartouches polonaises à 300,000. Il y aura donc encore à Thorn 2,900,000 cartouches.
Donnez ordre au général d’artillerie de garder l’équipage de pont près Marienburg, dans l’ile de Nogat, et de faire connaitre le jour où il y sera arrivé pour que je puisse donner des ordres ultérieurs. Il doit faire courir le bruit à Danzig que cet équipage se rend à Varsovie. Donnez ordre que l’équipage de siège de Danzig, s’il n’est pas encore à Elbing, s’arrête vis-à-vis Marienburg. Donnez ordre que l’équipage de siège de Magdeburg se rende à Thorn, où il restera jusqu’à nouvel ordre.
Posen, 1er juin 1812
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant les 4e et 6e corps de la Grande Armée, à Posen
Mon Fils, je suis ici depuis hier. Je serai demain à Thorn, où je resterai après-demain.
Faites un marché pour transporter, à raison de 1,000 quintaux par jour, 10,000 quintaux sur Willenberg. Ce marché sera passé au meilleur prix possible par votre ordonnateur avec les gens du pays. Je mettrai à cet effet des fonds à votre disposition. Vous le ferez exécuter sous l’approbation de l’intendant. On pourra le continuer pour 10 autres milliers de quintaux si l’intendant l’approuve.
Je viens de requérir 2,000 chevaux à Marienburg. Vous y êtes compris pour 120 chevaux pour vos équipages italiens; cependant, comme cela détournerait les hommes à pied que vous enverriez pour chercher ces chevaux, si vous pouvez acheter des chevaux du côté de Plock, je vous y autorise et vous accorderai des fonds. L’artillerie de votre corps d’armée ayant besoin de 500 chevaux, j’ai ordonné qu’il en fût fourni 1,000 à Glogau, tant pour votre artillerie française que pour votre artillerie italienne. Il est nécessaire que vous envoyiez des hommes à pied pour les chercher. J’ai ordonné que votre bataillon de bœufs reçût en passage à Glogau des bœufs en bon état, en remplacement des mauvais. Si, à l’arrivée de ces bataillons à Plock, il se trouvait encore des bœufs qui fussent en mauvais état, on pourrait en choisir à Modlin ou en acheter dans le pays pour remplacer les mauvais. Ces 300 voitures, qui vous porteront 3,000 quintaux, vous seront d’une grande utilité.
Envoyez un de vos officiers du génie intelligent, pour bien reconnaître le pays depuis Johannisburg jusqu’à Rastenburg, Angerburg et Goldap. Il suivra les bords de la Goldap et s’avancera par Augustowo jusqu’à la frontière près de Grodno. Tenez un officier d’état-major au village le plus près de Grodno, pour vous instruire de tous les mouvements et de tous les renseignements qui viendront là à sa connaissance. En général, faites prendre par un homme de confiance connaissance de tous les pays situés entre la Narew et le Niémen, depuis le point qui est vis-à-vis Grodno jusqu’à Tykocin, Willenberg, Angerburg, Augustowo, etc., etc., afin que vous connaissiez bien toutes ces localités, où il est possible que vous ayez à manœuvrer. Vous me ferez passer une copie de toutes les reconnaissances et renseignements que vous recevrez.
Je suppose que vous ne pouvez pas être embarrassé pour du blé. Si cependant vous éprouviez quelque embarras, il y a de grands magasins à Plock, à Wyszogrod et Wloclawek; faites-en prendre là, faites moudre et faites-en transporter une grande quantité sur Willenberg et Soldau. Dans la saison, les chevaux ne doivent pas mourir de faim ; l’herbe doit être bonne à manger.
J’ai besoin de recevoir de vous un rapport qui me fasse connaître combien vous avez de pontons pour les passages de rivières, et combien vous avez de coups de canon à tirer par pièce. Il me semble que vous avez laissé bien des caissons à Glogau qui tarderont à vous rejoindre.
Posen, 1er juin 1812.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant les 4e et 6e corps de la Grande Armée, à Posen
Mon Fils, je reçois votre lettre du 31 mai, par votre aide de camp qui a passé par Thorn. Comme il n’y a de Thorn à Plock que sept heures de chemin, venez me voir à Thorn le 3 ou 4.
Il n’y a pas d’inconvénient de laisser un hôpital de 300 malades à Plock; ils joindront après à Thorn. Je vous ai écrit fort en détail aujourd’hui pour vous autoriser à puiser dans les magasins à Wloclawek, à faire moudre de la farine et à la diriger sur Willenberg.
J’ai ordonné une levée de chevaux à Glogau; il sera nécessaire que les charretiers italiens que vous avez menés avec vous rentrent à Glogau.
J’ai, à Glogau, fait donner des bœufs au bataillon d’équipages italien, qui va bien ; vous avez tort d’en désespérer : j’espère qu’il sera avant le 10 à Plock. Si le général Guyon passe le 4 ou le 5 , il pourra facilement vous rejoindre, et les bataillons de marche être dissous. Si les cadres appartiennent aux cinq bataillons, il sera convenable de les renvoyer. Je vous ai autorisé à passer des marchés pour amener des farines à Willenberg ; quand vous en enverriez une vingtaine de milliers de quintaux, ce ne serait pas trop. Je suppose que vous ne mangerez point de vos bœufs et que vous les garderez jusqu’à ce que vous soyez en mouvement.
Faites-moi passer les reconnaissances des pays que vous avez fait visiter.
L’état-major ici n’a point de traces du mouvement du 2e bataillon de la Méditerranée. Envoyez-moi l’itinéraire de ce bataillon, qui, étant composé de conscrits réfractaires, n’appartient pas à votre corps d’armée. Quant au 1er bataillon, s’il est parti le 19 mai, il arrivera à Glogau vers le 15 juin. J’ordonne qu’il tienne garnison à Glogau; les hommes seront bien fatigués, je désire qu’ils s’y reposent entièrement; cela me mettra à même de retirer les deux bataillons qui s’y trouvent.
Faites en sorte que des convois partent tous les jours de Plock et de Wloclawek, afin d’entretenir vos manutentions. Je suppose que vous avez des cartouches, et qu’on n’attendra pas au dernier moment pour vider les caissons de cartouches dans les gibernes, et après renvoyer les caissons au moment où le corps se porte en avant, ce qui serait trop long. J’ai ordonné que 300,000 cartouches fussent envoyées à Plock à votre disposition ; faites-les filer sur Soldau, si vos soldats n’en ont pas besoin pour garnir leurs gibernes.
J’ai ordonné la formation de six compagnies de charrettes du pays, de 100 charrettes chaque compagnie, à Plock, à Bromberg, à Thorn, etc. ; ces 600 charrettes seront à votre disposition et pour le service de votre corps d’armée. Comme je suppose que votre ordonnateur recevra cette décision de l’intendant général, faites procéder à l’organisation des 100 voitures qui doivent être formées à Plock.
Posen, 1er juin 1812.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant les 4e et 6e corps de la Grande Armée, à Plock
Mon Fils, j’ai nommé le général Dessolle pour votre chef d’état-major. Le général de brigade Plauzonne pourrait être le chef d’état-major du duc d’Abrantès. Vous garderez quelques jours le général Charpentier, jusqu’à ce que vous soyez certain d’être content du général Dessolle; alors je placerai le général Charpentier dans un gouvernement.
Tant que vous n’aurez que le 4e corps et les Bavarois, vous pouvez toujours conserver immédiatement le commandement du 4e corps ; mais, comme il peut arriver que vous ayez quelquefois trois corps d’armée sous vos ordres, il serait convenable que le duc d’Abrantès eût un état-major séparé. Que cela ne vous gêne pourtant pas pour donner immédiatement vos ordres au 4e corps, pendant que vous y êtes et que vous n’avez que deux corps d’armée.
Posen, 1er juin 1812
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant les 4e et 6e corps de la Grande Armée, à Plock
Mon Fils, il y a 22,000 quintaux de blé à Plock, dans des magasins que j’ai fait séquestrer. Finissez toutes les formalités, et mettez la main dessus. Faites convertir ce blé en farine et passez des marchés pour le faire transporter à Willenberg. J’ai fait de même séquestrer une grande quantité de blé à Wloclawek ; j’ai ordonné que 25,000 quintaux en seraient tirés pour être transportés sur Modlin; faites-moi connaître s’ils sont partis. 17,000 quintaux doivent être mis à votre disposition ; preoez4es sans délai et faites-les diriger sur Willenberg, et passez des marchés pour que ce transport paisse se faire à raison de 1,000 quintaux par jour. Pour ne pas trop entasser de blé à Willenberg, vous pouvez en déposer dans des positions en arrière, comme Soldau, etc.
J’ai ordonné qu’on dirigeât 300,000 cartouches de Thorn sur Plock, elles seront à votre disposition et compléteront votre approvisionnement. J’ai pris des mesures pour que les 100 caissons que vous avez laissés à Glogau soient attelés dans la première quinzaine de juin. Je suppose que vous y avez laissé des charretiers, du moins des Italiens; mais, en attendant, je donne des ordres pour qu’on tienne à votre disposition 10,000 coups à Thorn et 10,000 autres à Modlin, ce qui fera un demi-approvisionnement pour votre corps d’armée. Votre général d’artillerie pourra les tenir en arrière, et les faire avancer lorsqu’il en aura besoin.
Posen, 1er juin 1812
A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, commandant les 5e, 7e et 8e corps de la Grande Armée, à Varsovie
Mon Frère, je suis depuis hier à Posen. Vous avez reçu une lettre de moi contenant des instructions générales, qui ont dû être précédées par des ordres de l’état-major général à exécuter du 1er au 7 juin.
L’ordonnateur de la droite vous aura fait connaître les mesures que j’ai prescrites à l’intendant général pour l’approvisionnement de Pultusk, de Modlin et de Varsovie. Il est nécessaire qu’il y ait 10,000 quintaux de farine à Pultusk et 25,000 à Modlin pour l’approvisionnement de l’armée qui suivra le cours de la Narew ; il faut en avoir en outre 25,000 quintaux à Varsovie. Je fais tirer ces approvisionnements des différents magasins qui sont le long de la Vistule depuis Plock. L’ordonnateur vous aura également fait connaître mon ordre du jour relatif au 16e bataillon d’équipages et les mesures prises pour avoir 600 voitures du pays à la suite de votre corps. Pressez l’exécution de ces mesures. Nous sommes dans une saison où les chevaux ne peuvent pas périr de faim ; l’herbe doit être déjà bonne à manger.
Je pars probablement cette nuit pour Thorn, où je serai demain et après, et où je recevrai de vos nouvelles.
Je désire que vous reconnaissiez l’Omulew, Pultusk, Ostrolenka, Nowogrod, Lomza; mais, si vous allez si loin, il faut y aller incognito.
Tenez un officier à Tykocin et un à Terespol vis-à-vis Brzesc, pour vous faire des rapports sur ce qui se passe à Bialystok et sur la frontière russe. Faites reconnaître la ligne de Johannisburg à Nowogrod. Accréditez par tous les moyens le bruit de votre marche sur Lublin. Accréditez aussi le bruit de ma prompte arrivée à Varsovie. Que le général Reynier fasse courir le bruit qu’il va passer le pont de Pulawi pour se porter sur Zamość ; prévenez-en le commandant de Zamość, afin que des dispositions soient faites pour recevoir ce corps. Vous donnerez l’ordre à l’officier que vous aurez en observation à Tykocin d’envoyer des rapports sur Osterode et Thorn, et par estafette, toutes les fois que cela sera important. Le département dont le chef-lieu est à Siedlce doit vous fournir des ressources. Il est important que vous ayez vos vingt jours de vivres indépendamment des magasins de Pultusk, Ostrolenka et Modlin.
Thorn, 3 juin 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Thorn.
Mon Cousin, écrivez au général Éblé, directeur des ponts de l’armée, que les Prussiens ont à Tapiau un pont de bateaux dans le meilleur état, qu’ils ont replié; c’était le même qu’ils avaient à Tilsit; qu’ils ont à Königsberg cent pontons propres à jeter un pont de 800 pieds de longueur. Qu’il fasse reconnaître ces objets et les compagnies de pontonniers que pourrait avoir l’armée prussienne, afin de pouvoir se servir dans l’occasion des uns et des autres.
Thorn, 3 juin 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Thorn.
Mon Cousin, faites connaître au duc d’Elchingen qu’après-demain 5 la Garde occupera jusqu’à Strassburg; qu’il est donc nécessaire que son corps soit placé depuis Strassburg jusqu’à Osterode. Recommandez-lui également de former un dépôt des hommes malingres et fatigués, et de le laisser à Thorn, surtout les Wurtembergeois, et déformer également un dépôt de chevaux éclopés et de les diriger sur Thorn, soit de ses trois brigades de cavalerie, soit du 2e corps. Qu’il nomme un capitaine pour commander ce petit dépôt.
Thorn, 4 juin 1812.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
On ne peut pas être plus mécontent que je ne le suis relativement aux deux compagnies de sapeurs qui étaient à l’île d’Elbe. Elles sont nues. Comment l’ordonnateur a-t-il pu les laisser partir dans cet état ? Vous verrez que, par un ordre du jour, j’ai ordonné une enquête à ce sujet.
Je suis extrêmement mécontent que l’ordonnateur Jacqueminot ait quitté l’armée au moment où il commençait à connaître le service et sans attendre même l’arrivée de celui qui devait le remplacer. Si je ne m’étais ressouvenu des services de son père, sénateur, je l’aurais mis à l’ordre de l’armée et déshonoré. On sollicite pour venir à l’armée et non pour la quitter. Donnez-lui ordre que dans un mois il ait rejoint, et faites comprendre au sénateur le danger que son fils a couru et le mauvais préjugé que cela laisse dans mon esprit.
Thorn, 4 juin l8I2.
NOTE POUR LE PRINCE MAJOR GÉNÉRAL, A THORN.
Il y aura à Thorn des hôpitaux pour 1,200 malades, savoir : l’hôtel de ville pour 600 ; trois des hôpitaux actuellement existants, 300; et des couvents pour 300. L’intendant général se fera remettre ces établissements dans la journée. On supprimera sur-le-champ l’hôpital des fiévreux, qui est très mauvais, et, comme il n’y a que 300 hommes, on les mettra sans délai dans une partie de l’hôtel de ville. L’autre partie de cette maison pourra n’être évacuée que dans huit ou dix jours. La municipalité se placera ailleurs. On établira un hôpital à Wloclawek dans un couvent et une maison qui a déjà été affectée à cet usage. Cet hôpital sera affecté au 4e corps et aux Bavarois. Les 5e, 7e et 8e corps enverront leurs malades aux hôpitaux de Varsovie; le 3e corps et la Garde, à Thorn ; le 2e à Marienburg; le 1er, à Elbing.
Il a été ordonné d’établir à Danzig un hôpital dans l’abbaye d’Oliva. Cet établissement est très-important, parce que l’air d’Oliva est très-sain, avantage qui n’existe pas à Danzig.
Il sera convenable d’établir un hôpital à Osterode, un à Königsberg, un à Welhau, un à Soldau et un à Willenberg pour le 4e corps et les Bavarois; un à Pultusk pour le 5e corps. L’hôpital de Thorn sera entretenu par les fonds de l’armée.
Le major général donnera tous les ordres nécessaires à l’intendant général, au commandant de la place et au commandant du génie, pour que les hôpitaux de Thorn soient établis sans retard.
Thorn, 4 juin 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Thorn.
Mon Cousin, écrivez au prince d’Eckmühl que, lorsque vous lui avez donné l’ordre de se procurer pour vingt jours de vivres, vous avez entendu que cela se ferait régulièrement et sans fourrager le pays; que la terreur et la désolation sont en Pologne par la conduite des Wurtembergeois ; qu’il est tenu de mettre un terme à cette manière de faire; qu’il fasse mettre à l’ordre le mécontentement de Sa Majesté contre les Wurtembergeois, et qu’il prenne les mesures les plus promptes pour que le pays ne soit pas dévasté, sans quoi nous allons nous trouver comme en Portugal.
Thorn, 4 juin 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, je vous prie de me présenter dans la matinée l’organisation du service de l’intendant général, car je ne comprends pas quels sont les ordonnateurs qu’il a mis à la tête des différents services.
Il ne suffit pas que l’intendant soit content, il faut que cette organisation soit conforme à l’expérience de tous les temps. L’intendant ne peut pas être partout, ni savoir tout; il faut donc que la responsabilité pèse non-seulement sur lui, mais sur les ordonnateurs, et que je les connaisse. II est convenable de me les présenter, ainsi que les chefs de service, le payeur général de l’armée, etc., et que désormais l’ordre soit établi de manière que le quartier général marche en règle et par journée, comme un régiment. J’ai ordonné de punir le payeur, qui n’a pas couché cette nuit au quartier général.
Thorn, 4juin 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Thorn.
Mon Cousin, il y a à Thorn un hôpital de fiévreux très-malsain et très-mal établi. Donnez ordre à l’ordonnateur chargé des hôpitaux, au général commandant la place et aux premiers médecin et chirurgien de se concerter pour choisir un autre local. Il est très-important d’avoir un bon hôpital à Thorn, et il ne faut rien épargner pour cela. En conséquence de l’insalubrité de l’hôpital actuel, écrivez au vice-roi de laisser un hôpital à Plock pour les Bavarois et le 4e corps, et d’y placer les malades qui se trouveraient dans son corps d’armée; d’autant plus qu’en cas d’événement il pourrait être utile qu’il pût diriger ses blessés sur Plock, pour ne pas trop encombrer Thorn.
Thorn, 4 juin 1812
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Thorn.
Mon Cousin, vous ne recevez pas suffisamment de nouvelles, soit des commandants de place, soit des gouverneurs. Chargez quelqu’un de suivre cette correspondance pour que, toutes les fois qu’il y aura un retard dans les envois des commandants de place, vous puissiez leur faire connaître que cette négligence a été remarquée par vous et leur en témoigner votre mécontentement.
Thorn, 4 juin 1812
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Thorn.
Mon Cousin, il me paraît qu’il y a de l’anarchie dans la place de Thorn, je ne vois pas la nécessité d’y tenir à la fois pour commandants un général français et un général polonais; le général polonais me parait suffire. Il faut lui donner pour adjoints les officiers français qui sont nécessaires, de manière qu’il n’y ait à Thom qu’un seul commandant, ayant les moyens convenables. Voyez à organiser cet état-major dans la matinée.
Je viens de vous écrire pour retenir à Thorn le bataillon wurtembergeois qui devait en partir aujourd’hui. Lorsque le bataillon du 3e régiment de la Vistule, que j’ai ordonné de former à Posen, sera arrivé à Thorn, on pourra, selon les circonstances, disposer du bataillon wurtembergeois et le faire rejoindre.
Chargez un adjudant commandant de rester à Thorn pour l’inspection des dépôts, magasins et dépôts de cavalerie qui sont à Thorn, et pour correspondre exactement avec vous sur le service de l’armée, mais sous les ordres militaires du commandant de la place. Du moment que le service de la place de Thorn sera assuré par le bataillon wurtembergeois, vous donnerez ordre au dépôt du 5e régiment polonais de partir de Thorn pour se diriger sur Danzig par la rive gauche, afin qu’il ne gêne pas nos mouvements.
Thorn, 4 juin 1812
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant le 1er corps de la Grande Armée, à Elbing
Mon Cousin, je vous envoie mon aide de camp, le général Hogendorp, qui est destiné à prendre le commandement de Königsberg, de Pillau et de la province de Königsberg. Assistez-le de commissaires des guerres et de tout ce qui lui sera nécessaire. Mon intention est qu’il n’entre à Königsberg qu’avec votre 1e division.
Faites connaître au général Grawert que le général Kleist est parti de Plock pour le rejoindre avec la brigade de Silésie.
Toute ma Garde se réunit ici. Je compte la voir demain, finir quelques affaires de l’administration et me rendre à Marienburg et Danzig. Faites-moi connaître si l’équipage de pont est arrivé à Marienburg, et si les 20,000 quintaux de riz et de farine sont arrivés à Elbing. Presque toute l’armée se nourrira par Königsberg et la Passarge. Je pense donc qu’il faudra par jour plus de 4,000 quintaux, ce qui fera pour dix jours 40,000 quintaux. Vous m’avez, je crois, mandé qu’il y en avait 40,000 quintaux à Königsberg. Les 20,000 quintaux qui sont embarqués porteront cet approvisionnement à 60,000 quintaux. Je suppose que Königsberg, Wehlau et autres points de la Passarge doivent fournir des moyens de mouture. Mon intention est que 20,000 quintaux de farine suivent les premiers 20,000. Ce n’est pas le blé, mais la farine qui pourra manquer. Pour des masses comme celles-ci, si les précautions ne sont pas prises, les moutures d’aucun pays ne pourront suffire. Je suppose qu’on moud à force à Danzig et à Elbing.
Thorn, 5 juin 1812
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Thorn.
Mon Cousin, le quartier général partira après-demain 7, et arrivera le 10 à Osterode. Vous donnerez ordre que le petit quartier général, qui est parti ce matin 5 et y arrive le S, parte le 9 pour Heilsberg, où il arrivera le 10. Vous donnerez ordre que mon service de guerre se repose un jour à Osterode et de là continue sa route sur Heilsberg.
Thorn, 5 juin 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Thorn.
Mon Cousin, écrivez au roi de Westphalie que les hommes malingres qui sont aux hôpitaux de convalescence de Varsovie peuvent y rester, parce que, au premier événement, ces hommes seraient en peu d’heures rendus à Modlin ; que le principal est de ne pas laisser à Varsovie de gros magasins et de renfermer tout dans la place de Modlin.
Faites connaître au roi de Westphalie que j’ôte les Westphaliens de la 1e division et que je la fais venir à Marienburg ; que v lorsque la division Daendels sera arrivée à Danzig, mon intention est de lui renvoyer sa brigade. Écrivez la même chose au prince d’Eckmühl, afin que les Westphaliens le sachent et ne soient pas fâchés de se trouver en garnison.
Thorn, 5 juin 1812
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant les 4e et 6e corps de la Grande Armée, à Thorn
Mon Fils, vous recevrez du major général des ordres pour votre mouvement sur Rastenburg. Ce n’est qu’un premier mouvement, car il doit se continuer sur Seyny, mon intention étant de réunir là, le 17 et le 18, tout votre corps d’armée, pendant que le 1er, le 2e, le 3e et la Garde seront réunis à Wilkowyszki, que le roi de Westphalie sera à Pultusk avec les 5e et 8e corps, le 7e corps sur Praga, et les Autrichiens arrivés à Lublin se trouvant déjà sur nous. Il vous est facile de comprendre que, dans cette position, si l’ennemi prenait l’offensive pour marcher sur Varsovie, s’il débouchait par Bialystok, vous vous trouveriez sur son flanc droit, et que, s’il débouchait par Olitta, vous vous trouveriez sur son flanc gauche. S’il débouchait sur vous, vous vous appuieriez sur l’armée ; de là, la nécessité que votre corps change de ligne d’opération. Il peut garder encore longtemps celle de Plock. Mais, aussitôt que les ennemis commenceront leur mouvement, le 18 arrivé, il faudra que votre ligne se dirige sur Thorn et même sur Marienburg. Alors, en supposant le roi de Westphalie se repliant sur Modlin, votre ligne n’est pas compromise et vous pouvez manœuvrer, au contraire, tranquillement pour vous placer sur la ligne d’opération de l’ennemi.
Thorn, 5 juin 1812.
A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, commandant les 5e, 7e et 8e corps de la Grande Armée, à Varsovie
Mon Frère, je reçois votre lettre que m’apporte votre aide de camp. Le major général vous écrit pour vous faire connaître le plan d’opérations que vous avez à faire. Dans ce métier-ci, et sur un si grand théâtre, on ne réussit que sur un plan bien établi et qu’avec des éléments bien d’accord. Il faut donc bien étudier vos ordres et ne faire ici ni plus ni moins que ce qu’on vous dit, surtout pour ce qui est mouvement combiné.
Annoncez que je vais voir le dépôt de Danzig, et qu’immédiatement après je reviens passer la revue du corps du vice-roi, celle des Polonais à Pultusk, et à Varsovie celle des deux autres corps. Faites faire à Varsovie tout ce qui peut accréditer cette nouvelle. Établissez une bonne police aux frontières, et faites que rien ne passe en Russie, ni courriers, ni postes, sous quelque prétexte que ce soit. Tout ce qui en viendra doit être envoyé au quartier général. Donnez ordre au prince Poniatowski de correspondre avec le vice-roi et avec le général Rapp, pour leur faire connaître ce qu’il y a de nouveau.
Il est nécessaire aussi que vos trois corps correspondent avec le major général. C’est le major général qui ne doit correspondre qu’avec vous; mais les commandants de ces corps doivent envoyer exactement le détail de leur position au major général.
Il paraît qu’il y a assez de blé à Modlin ; ce qui manque, c’est de la farine. Pultusk, Ostrolenka et Varsovie doivent avoir pourtant assez de moyens de nourriture. J’ai donné pour cela tous les ordres nécessaires. Faites-moi connaître jusqu’où, dans les mois de juin et de juillet, la Narew est navigable. Porte-t-elle bateau en ce moment jusqu’à Nowogrod et Lomza ?
Je crois vous avoir fait connaître ce que vous avez de mieux à faire au début de la campagne : d’abord, faire croire que vous allez entrer en Volhynie et tenir l’ennemi le plus possible sur cette partie, pendant que, le débordant sur son extrême droite, j’aurai gagné sur lui douze ou quinze marches dans la direction de Pétersbourg ; je me trouverai sur son aile droite, je passerai le Niémen et lui enlèverai Vilna, ce qui est le premier objet de la campagne.
Le mouvement du prince de Schwarzenberg sur Lublin ne démasquera pas entièrement ce dessein, puisque l’ennemi pourra croire que, réunis à Zamość, nous partirons de là pour entrer en Volhynie.
Quand cette opération sera démasquée, l’ennemi prendra un des deux partis suivants : ou il se ralliera dans l’intérieur de ses États pour se trouver en force de livrer bataille, ou il prendra lui-même l’offensive. Ainsi, pendant que l’extrémité de la droite serait débordée , il pourrait marcher sur Varsovie, soit en débouchant sur Ostrolenka et Pultusk, soit en débouchant sur Nur et Sierock, soit en débouchant en droite ligne sur Praga. Tous les dépôts de mon armée doivent être réunis dans Modlin, mais lentement et sans précipitation. Votre corps est destiné à défendre Varsovie; et, à cet effet, le 5e corps à Ostrolenka, le 7e corps à Sierock et Praga, votre quartier général à Pultusk, telle est la position que vous recevrez ordre de prendre vers le 10. Le 7e corps, de retour de Lublin, mettra dans votre main tout votre corps réuni ; et alors, si l’ennemi attaque par Ostrolenka ou entre le Bug et la Narew, le corps du vice-roi se trouve sur son flanc droit; s’il attaque par Brzesc et par Zamość, ou s’il vient droit sur Praga avec des forces considérables, le 8e corps d’abord, le 7e ensuite, et après le 7e les Autrichiens, gardent Praga et Varsovie. Modlin et Sierock seront couverts avec le 5e et le 8e corps, et plus tard avec les 5e, 7e et 8e corps. Pendant que l’ennemi serait sur les remparts de Praga et sur les bords de la Vistule, se contentant d’appuyer Modlin, Sierock et Pultusk, vous vous trouverez réuni à l’armée, et par mon mouvement à droite toute son armée se trouverait débordée et jetée dans la Vistule.
Il n’est point hors de propos que la garde nationale de Varsovie soit organisée, au moins plusieurs bataillons; ils ne peuvent qu’être utiles au service.
D’ailleurs, je me trouverai toujours en position de pouvoir vous donner de plus grandes explications et d’ajouter des développements à cette instruction générale.
Si l’ennemi prenait brusquement l’offensive et que le général Reynier eût quelque peine à regagner Varsovie, ce qui n’est guère probable, vous le soutiendriez par le 4e corps de cavalerie et par le 8e corps. Mais, en général, vous devez calculer comme probable que tout votre corps d’armée finira par se porter de Pultusk sur Ostrolenka, sur Nur, sur Bialystok ou sur Grodno. Il est nécessaire que la tête de pont de Pultusk soit achevée et bien armée, ainsi que les ouvrages de Sierock. On m’assure qu’il y a une tête de pont sur la rive gauche, à Sierock; il faut la faire mettre en état.
Je me conserverai la rive droite; mais il est possible que j’abandonne toute la rive gauche; bien entendu toutefois que je ne l’abandonnerai qu’à des farces supérieures, et non à une division de 12 à 15,000 hommes, ni à quelques régiments de Cosaques.
Thorn, 5 juin 1812.
A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, commandant les 5e, 7e et 8e corps de la Grande Armée, à Varsovie
Mon Frère, je pars celte nuit pour Danzig. Mon quartier général se dirige sur Osterode, où probablement je serai le 9. Communiquez fréquemment avec le vice-roi, a6n de pouvoir faire passer les nouvelles de la droite à la gauche.
Thora, 5 juin 1812
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant le 1er corps de la Grande Armée, à Elbing
Mon Cousin, je reçois vos lettres du 4 juin. Mon intention était effectivement de n’occuper Pillau que lorsque votre corps serait i Königsberg. Tout ce qui a été fait pour faire penser que j’attachais une grande importance à Pillau est contraire à mes intentions. Le général de l’artillerie a donné ordre à l’équipage de pont de se réunir à Marienburg; l’Ile de Nogat a paru une position plus avantageuse. Depuis, cet équipage de pont, qui est sous les ordres du général Éblé, a reçu ordre de se rendre par le plus court chemin à Heilsberg, il doit partir demain. Le bataillon du Danube et l’équipage de marins partent de Danzig pour le rejoindre. Le parc du génie est parti également pour le joindre, de Thorn, le 3; ce qui réunira, sous le commandement du général Éblé, un matériel important qui comprendra tout ce qui est nécessaire. Étant instruit que l’équipage de siège n’avait pas assez d’eau pour venir de Danzig à Elbing, j’ai ordonné qu’il vînt à Dirschau et de là à Marienburg; il est là plus en sûreté. Cet équipage de siège ne doit pas arriver à Königsberg avant d’avoir reçu de nouveaux ordres. J’étais bien aise de le savoir où il est, hors de tout danger; mon intention est qu’il n’en parte que lorsque j’aurai démasqué mon mouvement.
Je crois que les fusils destinés aux troupes de Bade sont en route ; leur gouvernement leur envoie des fusils de calibre français. Le bataillon que vous avez laissé à Dirschau peut aller à Danzig pour y tenir garnison, ou tenir garnison à Marienburg.
J’ai retardé mon départ pour voir la Garde, mettre en règle les affaires de l’administration, donner les derniers ordres, et mettre tout en mouvement. Je compte partir cette nuit et passer par la rive gauche. Je serai demain à Marienburg, où je compte vous voir. Vous devez vous mettre en mouvement le 7 ; vous recevrez des ordres du major général pour occuper les bords de la Pregel. Il faudra que votre corps marche en colonnes pour occuper les points d’Insterburg et de Wehlau, en même temps que Königsberg. Les 20,000 quintaux de farine que j’ai fait embarquer ne doivent pas être débarqués à Königsberg, mais filer sur la Pregel, lorsque mes troupes y seront arrivées, et être débarqués à Insterburg, où je compte établir un grand centre d’approvisionnements et de manutention. Les bateaux retourneront à Königsberg pour reprendre des vivres.
J’ai envoyé le général Hogendorp pour commander à Königsberg. Nommez un officier très-sûr pour commander sous ses ordres à Pillau. La passe n’étant que de 400 toises, il n’y a rien à craindre, et l’entrée de bâtiments ennemis est impossible.
Apportez-moi à Marienburg l’état de toutes les farines qui sont disponibles à Elbing; je désirerais en envoyer la plus grande quantité possible sur la Pregel. Le duc de Tarente doit être arrivé à Königsberg, et le corps prussien sera le 9 ou le 10 à Labiau. La brigade du général Kleist a passé la Vistule et est en marche pour rejoindre les Prussiens. Vous verrez par la lettre ci -jointe que le général Lepin a été contre mes intentions en envoyant up officier à Memel. Vous n’auriez point dû le souffrir; cela a été une grande faute.
Thorn, 6 juin 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Thorn.
Mon Cousin, donnez ordre au vice-roi de partir le 7 de Soldau pour porter son quartier général à Rastenburg, où il sera arrivé le 12; de placer le quartier général du 3e corps de cavalerie à Lœtzen, occupant par sa cavalerie légère Oletzko ; de placer le quartier général du corps du général Saint-Cyr à Ortelsburg, occupant par sa cavalerie légère Johannisburg et Arys, et correspondant avec la cavalerie légère du prince Poniatowski qui occupera Nowogrod. Le 4e corps occupera ainsi Drengfurt, Rœssel, Sensburg, Bischofsburg.
Donnez ordre au duc d’Elchingen de diriger son corps d’armée par Allenstein, Wartenburg, Seeburg, jusqu’à Passenheim, Bischofsburg, Bischofstein, Schippenbeil et Gerdauen. 11 ne fera rien passer par la roule de Guttstadt et de Heilsberg, ni cavalerie, ni infanterie, afin de laisser cette route libre. Il portera son quartier général à Gerdauen. Le 2e corps de cavalerie sera établi à Nordenburg, ayant la cavalerie légère sur Goldap et Darkehmen. Il est convenable que ce mouvement se trouve fait le 12. Il fera construire des fours à Gerdauen. Il occupera Schippenbeil, Gerdauen, Friedland, Altenburg, Nordenburg.
Donnez ordre au duc de Reggio de faire filer son corps d’armée par Mohrungen, Liebstadt, Wormditt, Landsberg, et Preussich-Eylau, où il portera son quartier général. Il partira le 8 pour y être le 12. Rien ne passera ni à Guttstadt, ni à Heilsberg, ni à Bartenstein. Il occupera Domnau, Kreuzburg, Landsberg, Zinten. Il tirera ses vivres de Brandenburg, de Braunsberg et d’Heiligenbeil ; il placera sa cavalerie dans l’endroit le plus favorable, mais de manière à pouvoir se porter en deux marches sur Wehlau ; son corps se trouvera par là comme en réserve.
Les parcs du génie et des ponts doivent avoir eu l’ordre de se rendre à Heilsberg.
Vous donnerez ordre au duc de Danzig de diriger la brigade de chasseurs qui arrive le 9 à Osterode sur Guttstadt, où elle peut être le 10. Elle ne doit pas passer par Allenstein. Les grenadiers qui arrivent le 10 se rendront le 11 à Guttstadt, de sorte que la Garde passera par Heilsberg et Guttstadt. Elle pourra arriver le 12 à Heilsberg. Le petit quartier général se rendra à Heilsberg.
Donnez ordre au prince d’Eckmühl de faire entrer la tête de ses troupes à Königsberg le 9, et de s’y porter de sa personne s’il le juge convenable, et de diriger ses colonnes de manière que le 12 son quartier général soit placé à Insterburg, et que Tapiau, Wehlau et Insterburg soient occupés par son corps d’armée. Le 1er corps de cavalerie sera à Gumbinnen; la cavalerie légère sera placée dans la direction de Kovno, Georgenburg (en russe Yourbourg) et Olitta, s’appuyant sur celle du 2e corps. Toutes les brigades de cavalerie de son corps d’armée seront placées entre le Niémen et la Pregel, sur les débouchés de Tilsit, pour couvrir ses divisions. Les Prussiens occuperont le 9 Labiau, ayant une première ligne de cavalerie le long du Niémen. Ils occuperont Tilsit et auront une colonne avec deux batteries d’artillerie sur la pointe, vis-à-vis Memel.
Danzig, 7 juin 1812
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Danzig
Mon Cousin, il est nécessaire d’avoir à Marienburg un magasin de 10,000 quintaux de farine. Le prince d’Eckmühl y a fait conduire 5,000 quintaux de blé, qui seront convertis en farine; donnez l’ordre à d’intendant général et, pour plus prompte exécution, au général Kapp, de faire partir de Danzig pour Marienburg 5,000 quintaux de farine, ce qui complétera ce magasin à 10,000 quintaux. Donnez ordre de construire à Marienburg, avec des ouvriers du pays (pour ne pas employer ceux de l’armée qui doivent tous être en avant), six fours; les fours de la ville peuvent fournir 8,000 rations de pain; les six fours en fourniront 18,000; ainsi, en cas d’événement, cette ville pourrait nourrir un corps d’armée. Il suffira que ces fours soient construits dans le cours de juin. Ordonnez également que les six fours de Marienwerder soient finis dans le cours du mois de juin, et qu’il y ait dans cette ville un magasin de 3,000 quintaux de farine fournis par le magasin de Thorn.
Par ce moyen j’aurai sur la Vistule un magasin à Thorn, un à Marienwerder, un à Marienburg et le magasin central de Danzig.
Réitérez l’ordre à Danzig, à Elbing, à Marienburg, à Bromberg et à Thorn que l’on fasse moudre le plus possible; car, dans des armées de la force de celle-ci, il est toujours possible de se procurer du blé, mais non de la farine, si on ne s’y prend deux ou trois mois d’avance.
Danzig, 8 juin 1812.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant le 1er corps de la Grande Armée, à Elbing
Mon Cousin, j’ai causé un moment avec votre officier. Il m’a dit que le Niémen avait 60 toises de large à Tilsit ; qu’il n’avait pas mesuré ce fleuve à Kovno; que cependant il en avait fait la reconnaissance et n’en avait jugé la largeur que par évaluation. Je n’ai pas jugé à propos de l’entendre davantage. Je vous le renvoie. Si cet officier a l’habitude de faire ainsi ses reconnaissances et de se tromper des deux tiers, il vous induira souvent en erreur.
Danzig, 9 juin 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, faites connaître au gouverneur de Danzig que la garnison de cette place se compose : des dépôts du 1er corps, formant 1,300 hommes; des dépôts de la Garde, 100; d’un bataillon de dépôt des 10e, 11e et 5e polonais, 600; de cinq compagnies d’artillerie françaises, polonaises et bavaroises ; d’un régiment wurtembergeois fort de deux bataillons et de 1,300 hommes ; du régiment n° 5 de la division princière, arrivant de Berlin, fort de deux bataillons et de 1,300 hommes, et du dépôt du régiment de lanciers polonais de Varsovie, dont il doit activer la remonte; que toutes ces troupes présentent une force d’environ 6,000 hommes, indépendamment des détachements d’ouvriers et des matelots de la marine; qu’indépendamment de ces forces la division Daendels, composée de la brigade de Berg forte de 5 bataillons et de 14 pièces d’artillerie, de la brigade de Bade forte de 5 bataillons et de 8 pièces de canon, et de la brigade de cavalerie du général Delattre forte de deux régiments de cavalerie alliés formant 1,200 à 1,500 chevaux, se rend à Danzig; que cette division doit y prendre position et être, sous les ordres du gouverneur, chargée de pourvoir à la défense de cette place importante, de la garde des communications de Danzig avec Pillau, de Danzig avec Stettin, et de la conservation de la tranquillité sur les derrières de l’armée entre l’Oder et la Pregel;
Que le général Hogendorp est gouverneur de Königsberg ; qu’il a sous ses ordres trois bataillons westphaliens et un bataillon badois pour la défense de Königsberg, de Pillau et de la pointe du Nehrung;
Que le général chargé de la défense de Marienburg et de Marienwerder a sous ses ordres un bataillon westphalien ;
Enfin qu’un général polonais est à Thorn avec cinq bataillons.
Vous recommanderez au gouverneur de Danzig de tenir des correspondances avec tous ces commandants, et d’avoir une colonne entre Danzig et Pillau, de manière que, Pillau ou la pointe du Nehrung étant menacée, cette division puisse marcher sur-le-champ à sa défense ; d’avoir une colonne entre Danzig et Kolberg, de manière à surveiller la côte, à empêcher l’ennemi de prendre langue et d’opérer un débarquement ; de placer la colonne de droite de manière qu’elle puisse venir promptement au secours de la pointe de Hela.
Des signaux doivent être établis pour que, la place venant à être menacée d’un débarquement, toutes les forces se réunissent rapidement pour s’y opposer, empêcher la place d’être cernée, ou à tout événement s’y renfermer ; et tout cela ferait une garnison de 18,000 hommes. En cas d’un débarquement imprévu et considérable, le général Rapp pourrait faire venir la garnison de Thorn, un détachement de la garnison de Kolberg et ce qui serait disponible à Posen.
Vous ferez connaître l’ensemble de ces dispositions au général Hogendorp ; vous en direz quelque chose au général commandant à Thorn, lequel aura une correspondance avec le gouverneur de Danzig, afin que celui-ci, selon l’urgence des circonstances, puisse lui envoyer une partie de son monde s’il était menacé.
Le commandant actuel de la place de Danzig est parfaitement incapable; il faut le renvoyer en France et nommer un général de brigade ou un colonel pour commander la place.
Faites-moi connaître quels sont les adjoints qui s’y trouvent, quels sont les commandants des différents forts, afin de compléter le service de la place en officiers français.