Correspondance de Napoléon – Juin 1794

Quartier général, Nice. 28 prairial an II (16 juin 1794).

AU CITOYEN PILLE, membre de la commission de l’organisation DES ARMÉES DE TERRE ET DE MER.

L’escadre mouille au golfe de Jouan. Les Anglais, plus forts du double, croisent devant ; mais les batteries sont en bon état

L’entrée du golfe est défendue par deux batteries de 4 pièces de 24 chacune, et deux mortiers, à la Gomer qui se croisent ; il y a une bonne forge à boulets rouges à chacune.

L’intérieur du golfe est défendu par les forts Pelletier et de Sainte-Marguerite, bien armés ; et par les batteries de la Gabelle et du Croûton, chacune de 2 pièces de 24. Indépendamment de cela, il y aura demain huit pièces de 36 de plus en batterie ; ainsi, tu peux assurer le Comité de salut public qu’il n’ait aucune sollicitude. J’ai placé une compagnie de canonniers du 2e régiment, indépendam­ment des marins qui y sont.

Je t’envoie le plan du golfe de Jouan avec les batteries ; tu le communiqueras au Comité de salut public.

Envoie-moi quatre mortiers à la Gomer de 12 pouces pour ce golfe, qui est extrêmement essentiel.

Je ne puis m’empêcher de te prévenir que le général Thévenard , amiral au Port-la-Montagne, entasse mal à propos des centaines de pièces de canon à l’entrée des rades du Port-la-Montagne, qui sont déjà inexpugnables. Cela entrave nos moyens pour les autres points de la côte.

Les rades de Marseille, de la Ciotat, du Port-la-Montagne, d’Héraclée (ci-devant Saint-Tropez), de Jouan, de Villefranche, ont été considérablement augmentées après le siège de Toulon. Il nous fau­drait des affûts de côte ; je ne t’en spécifie pas le nombre, parce que nos besoins passent ce que tu pourrais nous en envoyer. Il nous en faudrait plus de cent pour pouvoir les employer aux différentes po­sitions les plus essentielles de la côte. Envoies-en autant que tu pourras ; tu les feras parvenir à Avignon, où je donnerai des ordres pour les faire parvenir dans ces différents ports.

L’on en fait depuis trois mois à Marseille pour les placer dans la rade. L’affût de côte est le seul qui soit d’un service sûr aux batte­ries de côte.

J’ai fait construire un grand nombre de fours à réverbère que j’ai fait payer par la marine. Il est indispensable que tu sollicites un arrêté du Comité de salut public pour l’organisation des canonniers de la côte d’une manière invariable.

L’on dérange, au Port-la-Montagne, une partie des dispositions que j’ai prises et au détriment du service.

1° L’on entasse trop de pièces et de mortiers, ce qui est au détri­ment des autres parties de la côte.

2° J’avais adopté, pour chaque batterie un peu considérable du Port-la-Montagne, d’y placer, sur 10 pièces de 36, une pièce de 18, parce que le tir à boulets rouges est beaucoup plus exact et plus facile avec des petites pièces ; parce que, pour tirer sur les petits bateaux, il vaut mieux se servir de petites pièces. Il y a un inconvénient à éviter dans les grandes batteries, c’est de trop multiplier les calibres ; mais il ne faut pas cependant, par trop d’uniformité, se priver des avantages que les calibres inférieurs peuvent produire ; leffet de l’artillerie est d’ailleurs le métier de l’artilleur.

Je désire que tu écrives un mot à l’amiral Thévenard pour le rap­peler à l’organisation des armées. Il ne doit ordonner aucun chan­gement dans l’artillerie de la côte sans mon ordre, puisque je commande l’artillerie de l’armée d’Italie, indépendamment d’un arrêté qui m’ordonne de mettre en défense les côtes, depuis les bouches du Rhône jusqu’à Menton.

Si l’on ne se tient pas dans les limites de ses fonctions, tout n’est plus que confusion.

Buonaparte.

 

 

Nice, 2 messidor an II (20 juin 1794).

PLAN POUR LA SECONDE OPÉRATION PRÉPARATOIRE

A l’OUVERTURE DE LA CAMPAGNE DU PIÉMONT.

1° Assurer ses derrières, soit contre les ennemis internes, soit contre les ennemis externes.

2° Réunir le système de défense des armées des Alpes et d’Italie.

 

ASSURER LES DERRIÈRES CONTRE LES ENNEMIS INTERNES ET EXTERNES.

1° Les représentants du peuple feront évacuer sur les places les plus sûres de l’intérieur les hommes arrêtés comme suspects dans les départements du Mont-Blanc, de l’Isère, des Alpes (Basses-), des Alpes-Maritimes.

2° Ils ôteront les canons de campagne aux villes dont on ne serait pas sûr dans ces quatre départements, et ils les enverront aux armées.

3° Ils requerront 300 canonniers volontaires dans les départements de la Drôme et de l’Isère, qu’ils enverront à Avignon, où le général d’artillerie donnera des ordres pour les distribuer sur les points de la côte les plus essentiels.

4° L’on demandera 200 canonniers volontaires de Paris, bien exercés, pour garder les batteries les plus essentielles du Port-la-Montagne.

5° L’on requerra les gardes nationaux de l’intérieur des places d’Embrun, de Mont-Lyon, de Briançon, de Grenoble, pour garder les places.

6° Les côtes, depuis les bouches du Rhône à Menton, seront divi­sées en six arrondissements, savoir : Marseille, Port-la-Montagne, Héraclée, Antibes, Nice, Monaco.

Il y aura un général chargé de commander chaque arrondissement

Le fort de Bouc, la Ciotat, Hyères, Brégançon, les îles Pelletier, auront des commandants officiers supérieurs nommés par le général en chef, et sous les ordres des différents généraux commandant dans l’arrondissement.

 

Il y aura des garnisons dans chacun des arrondissements.

L’artillerie sera organisée comme doit l’être la direction.

Il y aura quatre pièces de 4, sur affûts-traîneaux, à Marseille, pour le service de la côte, où le canon de campagne ne peut passer ;

Quatre pièces de 4 de campagne ;

Deux pièces de 4, sur affûts-traîneaux, à la Ciotat;

Deux pièces de 4, sur affûts-traîneaux, et dix pièces, sur affûts de campagne, au Port-la-Montagne ;

Quatre pièces de 4, sur affûts de campagne, à Hyères ;

Deux pièces, à Héraclée;

Deux pièces, à Fréjus ;

Six pièces, à Me Pelletier ;

Six pièces, à Antibes ;

Six pièces, à Nice ;

Deux pièces, à Monaco.

On fera transporter à Avignon les fusils de chasse qui se trouvent dans les départements du ressort de l’armée des Alpes.

On en distribuera dans chaque arrondissement. Si l’ennemi mena­çait de faire une descente, le général commandant dans l’arrondisse­ment demanderait au département le nombre d’hommes qui paraîtra lui être nécessaire, et qui, dès lors, se trouvent en réquisition. Le général en fera aussitôt part au général en chef, qui en préviendra les représentants.

Les départements enverront, le plus possible, des hommes armés.

Ceux qui ne le seront pas trouveront des armes aux dépôts.

L’on ferait occuper les postes et garder les places par une partie des gardes nationaux envoyés des départements, et l’autre partie, avec les troupes, se rendrait au lieu du débarquement.

S’il était plus sérieux et que l’on craignît une incursion, le général divisionnaire commandant les côtes requerra les troupes dans les départements du ressort de l’armée des Alpes.

Le fort la Malgue sera seul excepté des présentes dispositions.

Il y aura de l’artillerie de régiment,

Une garnison,

Un commandant séparé.

Le commandant ne recevra des ordres que du général en chef ou des représentants.

 

RÉUNION DE L’ARMÉE D’ITALIE ET DES ALPES.

ARMÉE DES ALPES.

Il y aura 16,000 hommes à la droite de l’armée des Alpes , des­tinée à se combiner avec l’armée d’Italie.

Il y aura deux divisions.

La division de la Stura sera composée de trois colonnes :

Première colonne, forte de………………………. 4,500     hommes.

Deuxième colonne, forte de…………………….. 3,000

Troisième colonne, forte de……………………… 1,500

Total…………………………………………………………………. 9,000

La division du Château-Dauphin aura deux colonnes      :

Première colonne, forte de 3,000 hommes.

Deuxième colonne, forte de 4,000 hommes.

Division de la Stura.

Le troisième jour de l’attaque, la première colonne de la Stura se porte à Sambuco ;

Le quatrième jour, se porte devant Démont

Cinquième jour, si la division de Château-Dauphin a trouvé de l’obstacle, et que l’ennemi soit en force sur le plateau de Château-Dauphin , ou sur quelques positions de la Maira, cette colonne sera jointe par la division des Bains de Vinadio de l’armée d’Italie, forte de 3,000 hommes, et en détachera 1,500 hommes pour remplacer la deuxième colonne. Elle se trouvera alors forte de 6,000 hommes.

Si la division de Château-Dauphin ne trouve pas d’obstacle, 1,500 hommes de la deuxième colonne rejoindront la première avant d’être arrivée devant Démont, de sorte qu’elle se trouvera encore forte de 6,000 hommes.

Troisième jour, la deuxième colonne se porte sur les hauteurs qui dominent la vallée de Grana.

Quatrième jour, elle s’avancera pour protéger la gauche de la première colonne et empêchera l’ennemi de pénétrer par la vallée de la Grana pour la tourner.

Cinquième jour, cette colonne, se combinant avec la première colonne et une des divisions de l’armée d’Italie (si cela est néces­saire), attaquera les hauteurs de Valloria, pour investir Démont.

Dans l’hypothèse que la division de Château-Dauphin éprouverait des obstacles, cette colonne se porterait à son secours, pour attaquer de concert, et prendre l’ennemi par les derrières ; elle serait rem­placée par 1,500 hommes de la première colonne.

Si cette colonne ne doit pas aller au secours de la division de Château-Dauphin, elle enverra 1,500 hommes pour rejoindre la première colonne et faire tous les mouvements nécessaires pour l’at­taque de la Stura et l’investissement de Démont

La troisième colonne se tiendra sur les derrières ; elle servira de corps de réserve aux deux premières colonnes; elle occupera les positions pour assurer la communication de la vallée de la Stura, protéger les pionniers qui travailleraient aux chemins, raccommoderaient les ponts et escorteraient les convois.

 

Division de Château-Dauphin.

La première colonne se portera, le troisième jour, sur les cols qui maîtrisent la vallée de la Maira.

Le quatrième jour, elle réglera sa marche de manière à empêcher l’ennemi de tourner par la vallée de la Maira la seconde colonne de la Stura, et de tourner par la droite la deuxième colonne de la divi­sion de Château-Dauphin.

Le cinquième jour, si la deuxième colonne ne prévoit pas des obstacles, et que l’ennemi ne soit pas en force sur le plateau de Château-Dauphin, elle fera les mouvements nécessaires pour en favo­riser l’occupation.

Dans le cas où l’ennemi serait en force, la deuxième colonne de la division de la Stura viendra au secours de cette division; elles se combineront pour envelopper le plateau et obliger l’ennemi à évacuer.

La deuxième colonne se portera, le troisième jour, sur les hau­teurs, vis-à-vis le plateau de Château-Dauphin ; elle restera toujours diagonalement sur le derrière de la première colonne et se tiendra à portée de la secourir. Sur les nouvelles quelle aura de celle-ci, elle se portera, le quatrième jour, à l’occupation du plateau de Château-Dauphin ; elle sera secondée par la première colonne.

Le général divisionnaire, commandant la division de la Stura, se tiendra à la première colonne.

Le général divisionnaire, commandant la division de Château-Dauphin, se tiendra à la seconde.

 

Observations.

Les deux divisions de l’armée des Alpes ont ensemble pour but de s’emparer de la vallée de la Stura et de la naissance de celles de la Tirana, de la Maira et de la Varaita, pour arriver à Démont et à Château-Dauphin. Elles se protégeront mutuellement par leur marche, mais celle de la Stura doit toujours être la plus en avant, de manière qu’ elle se trouve toujours depuis la première colonne de la division de la Stura, jusqu’à la deuxième de Château-Dauphin , en diagonale. Si l’ennemi faisait de l’obstacle aux colonnes de la divi­sion de la Stura, la division de Château-Dauphin devrait régler sa marche de manière à attendre que ces obstacles soient levés, en prenant des positions qui fassent penser qu’elle veut se replier sur les postes opposés à la division de la Stura. Si la division de Châ­teau-Dauphin trouve de grands obstacles, elle ne doit pas engager d’affaires sérieuses, mais se placer aussitôt sur la défensive et atten­dre le succès de la marche de la division de la Stura ; le seul cas où elle devrait donner est celui où elle s’apercevrait que l’ennemi ten­terait de tourner les colonnes de la division de la Stura, par la Grana et la Maira. L’occupation de Château-Dauphin ne doit pas coûter de sang, parce que, maître des hauteurs de Démont, l’en­nemi se trouverait dans le cas d’être enveloppé de tous côtés, et d’ailleurs les positions de Château-Dauphin lui deviendraient sans but. On doit recommander à la division de la Stura de ne pas avoir trop de confiance dans ses marches et ne pas se tenir sûre des succès.

 

ARMÉE D’ITALIE.

Cette armée aura trois divisions :

La première division, des Bains de Vinadio ;

La deuxième division, du col de Fenestre;

La troisième division, du Gesso

La division des Bains de Vinadio aura deux colonnes :

La première colonne, forte de 2,000 hommes ;

La deuxième colonne, forte de 1,000 hommes.

La division du col de Fenestre aura trois colonnes :

La première colonne, forte de 2,000 hommes;

La deuxième colonne, forte de 4,000 hommes;

La troisième colonne, forte de 1,000 hommes.

La division du Gesso aura deux colonnes :

La première colonne, forte de 14,000 hommes, 2,000 (cavalerie); La deuxième colonne, forte de 4,000 hommes.

La division des Bains de Vinadio se portera, le troisième jour de l’expédition, au village de Pianche.

Le quatrième jour, elle longera la droite de la Stura.

La seconde colonne occupera les positions de derrière et lui ser­vira pour escorter les convois et des corps de réserve.

Si, le quatrième jour, la division de la Stura parvenait sans obstacles devant Démont et que l’on eût nouvelle que la division du Château-Dauphin a trouvé des obstacles, cette division se réunirait à celle de la Stura.

Si la division de Château-Dauphin n’éprouve pas d’obstacles, la division des Bains de Vinadio se portera, le cinquième jour, à Gajola pour couper la communication de Démont à Coni.

La deuxième colonne restera sur les derrières pour assurer les communications et lui servir de réserve.

Division du Col de Fenestre.

Les deux premières colonnes de cette division se porteront, le troisième jour, à Valdieri.

Le quatrième jour, si la division des Bains de Vinadio s’est jointe à celle de la Stura, par raison que la division de Château-Dauphin aurait trouvé de l’obstacle, la première colonne se portera à la Ga­jola, la seconde se trouvera a portée de la secourir et de couvrir sa droite.

Le cinquième jour, la seconde colonne attaquera Valloria avec la division de la Stura.

Dès le moment que Valloria sera à nous, et Démont investi, et après que l’occupation de Château-Dauphin a réussi, cette division se réunira avec celle du Gesso.

Division du Gesso.

Le premier jour de l’expédition , cette division se portera à Robi liante.

Le deuxième jour, elle se portera à Borgo-San-Dalmazzo ; elle s’emparera du pont de Rocca-Sparvera.

La deuxième colonne occupera une position sur la droite, inter­médiaire à Borgo et à la position qu’occupera la division d’Oncille, de manière qu’elle puisse protéger les convois, assurer ses derrières, et ouvrir, par la plaine, la communication avec la division d’Oneille.

Observations.

L’on ne prescrit point d’autres marches à cette division ; son but est de feindre de vouloir investir Coni, de chasser l’ennemi d’entre la Stura et le Gesso, de protéger la division du col de Fenestre et la droite de toutes les attaques.

Le général qui sera à cette division commandera toute l’expédition.

Il fera reconnaître Coni, protégera le siège de Démont, et pren­dra toutes les positions propres à tenir en échec l’armée ennemie.

C’est proprement le corps qui est le point d’appui de toute l’armée et de tout le système, depuis Château-Dauphin au Tanaro.

 

ARTILLERIE.

La division de la Stura aura un équipage de campagne basé sur huit bataillons et deux compagnies d’artillerie à cheval, qui se ren­dront, après l’investissement de Démont, à la division du Gesso.

La deuxième colonne aura deux pièces de 3, à dos de mulet

Division de Château-Dauphin.

Chaque colonne de cette division aura quatre pièces de 3, de montagne.

Division des Bains de Vinadio.

Elle aura deux pièces de 3, de montagne.

La deuxième colonne en aura deux de réserve.

Division do Col de Fenestre.

Elle aura quatre pièces de 3, de montagne.

Division du Gesso.

Un équipage de campagne basé sur quinze bataillons.

Un équipage de montagne de deux pièces de 8, deux obusiers de 6 pouces, deux pièces de 4.

Chaque soldat aura quarante cartouches et trois pierres à fusil dans sa giberne, et quarante cartouches et trois pierres à fusil par homme portées à dos de mulet ou dans les caissons.

L’armée des Alpes aura un équipage de siège pour Démont, qui se rassemblera à Jausier et qui ne marchera que lorsqu’il recevra de nouveaux ordres. En attendant l’investissement de Démont, les ca­nonniers et les auxiliaires feront des gabions, des saucissons et tous les préparatifs de siège.

L’on reconnaîtra Démont et l’on assoira le projet d’attaque, afin qu’au premier ordre l’on soit prêt.

L’on fera raccommoder le chemin de la Stura, l’on approvision­nera le magasin et l’on fera venir les effets de campement pour asseoir les camps.

 

SUBSISTANCES.

Armée des Alpes.

La division de la Stura se nourrira par le col de l’Argentière et les magasins établis à Jausier.

Chaque soldat portera trois jours de vivres, et chaque bataillon aura trois jours de vivres sur des voitures ou mulets.

Il y aura pour huit jours d’eau-de-vie et de vinaigre.

Ces subsistances seront délivrées sur le reçu du quartier-maître, et celui-ci en répondra avec les caporaux-fourriers.

On ne souffrira pas de bagages ni de tentes pendant l’expédition.

La division de Château-Dauphin aura également pour six jours de vivres et sera nourrie par des fours établis sur la frontière.

L’on tiendra à Jausier et au dépôt, près de Château-Dauphin, du biscuit, de l’eau-de-vie et du vinaigre, pour nourrir ces deux divi­sions pendant neuf jours.

Arrivé devant Démont, l’on établira des fours dans les villages prochains ; les dépôts qui fourniront à ces fours puiseront au maga­sin central de Jausier.

Il y aura un inspecteur principal des vivres qui suivra la deuxième colonne de la division de la Stura et qui correspondra avec le ré­gisseur des vivres de l’armée des Alpes ; il y aura un inspecteur à la division de Château-Dauphin sous ses ordres.

Il y aura un sous-inspecteur à chaque colonne ; il y aura des garde-magasins, des commis à la distribution pour pouvoir faire la distribution à l’armée en peu de temps.

L’inspecteur principal ne sera chargé que de l’évacuation de pre­mière ligne des magasins sur les dépôts. L’approvisionnement pro­gressif sur la première ligne des magasins regarde le régisseur de l’armée des Alpes.

 

Armée d’Italie.

La division des Bains de Vinadio aura pour six jours de vivres, et l’on aura pour neuf jours d’eau-de-vie, de biscuit et de vinaigre, sur le col Sainte-Anne.

La division du col de Fenestre aura pour six jours de vivres, et six jours d’eau-de-vie, de biscuit et de vinaigre, sur le col de Fenestre.

La division du Gesso n’aura que des vivres pour trois jours. On portera pour neuf jours, avec l’armée, du biscuit, de l’eau-de-vie et du vinaigre.

L’inspecteur principal prendra ses dimensions de manière que l’on puisse cuire, aux fours de Limone, de quoi nourrir toute cette division, jusqu’à ce que les établissements de Borgo soient dans le cas de cuire.

Il y aura à Saint-Martin un magasin de division et des fours ca­pables de nourrir la division du col de Fenestre pendant quinze jours.

Il y aura à Isola un magasin de division capable de nourrir la division des Bains de Vinadio pendant quinze jours.

Les deux magasins de division s’approvisionneront progressive­ment sur le magasin central de Scarena.

La division des Bains de Vinadio, celles du col de Fenestre et du Gesso, seront nourries, après l’expédition, par Borgo-San-Dalmazzo.

Il y aura un magasin central à Sospello, capable de nourrir les trois divisions pendant un mois et demi.

Il y en aura un à Saorgio, capable de les nourrir pendant un mois, et un magasin de division à Limone, capable de les nourrir pendant quinze jours.

L’on établira des fours à Borgo et dans les villages sur la route ; l’on y établira dès lors des dépôts capables ensemble de nourrir l’armée pendant huit jours.

Il y aura un inspecteur principal chargé de donner les ordres pour l’évacuation progressive des magasins centraux de Saorgio, de Sospello et de Scarena, aux magasins des divisions de Limone, Saint-Martin et Isola et aux différents dépôts.

L’approvisionnement progressif des magasins centraux de Scarena, de Sospello et de Saorgio, sera dirigé par le régisseur de l’armée.

Il y aura un inspecteur pour la division du col de Fenestre, un autre pour la division des Bains de Vinadio.

Il y aura un sous-inspecteur par colonne.

La première colonne du Gesso aura deux sous-inspecteurs.

Il y aura des garde-magasins, des commis aux distributions pour les différentes parties, des boulangers pour pouvoir faire les distri­butions promptement et sans retard.

Il y aura des maçons à la suite de l’inspecteur principal pour pouvoir arranger les fours.

L’on suivra la même organisation pour les fourrages.

 

CHARROIS.

Les charrois de l’artillerie étant sous les ordres immédiats du gé­néral de l’artillerie, il donnera les ordres pour que tous les employés qui sont nécessaires s’y trouvent.

Les charrois des vivres se trouvent sous les ordres de l’inspecteur principal des vivres. Le commissaire ordonnateur doit prendre les mesures pour que tous les agents nécessaires pour faire aller cette partie conformément à la distribution des vivres, des magasins des vivres, et à la force des divisions, y soient.

 

AMBULANCES.

L’évacuation des blessés et des malades se fera par la Stura, le col de l’Argentière et par le grand chemin de Saorgio.

Arrêté par nous, représentant du peuple près les armées des Alpes et d’Italie, pour être exécuté aussitôt que l’armée des Alpes aura fait ses dispositions [1]Cette note a été rédigée par le général Bonaparte.

 

 

Antibes, 7 messidor an II (25 juin 1794).

AU CITOYEN BERLIER.

Je suis peu satisfait de l’activité que l’on a mise dans l’armement de la batterie de la Brague ; il n’y a encore ni poudre, ni boulets, ni canonniers ; cela devait être fait dans vingt-quatre heures.

Mets en prison le caporal Carli, qui commande à cette batterie, et qui s’en est absenté pour aller chercher du vin à Antibes.

Instruis les commandants des batteries qu’ils ne doivent jamais s’absenter de leur poste.

Tu me préviendras lorsque les pièces de fer de 24 seront arrivées.

Ne perds pas un moment pour réapprovisionner ta place.

Songis t’enverra demain, pour travailler dans ta salle d’artifice, le citoyen Avenard; ne perds pas un instant pour faire travailler à l’artifice.

Tu recevras de suite l’autorisation pour prendre tes affûts marins.

Tu ne feras plus faire d’affûts marins, mais seulement des affûts de côte.

BUONAPARTE.

 

 

Quartier général, Nice, 9 messidor an II (27 juin 1794).

AU CITOYEN BERLIER.

Tu ne dois pas appeler l’île Sainte-Marguerite l’’île Pelletier, mais île Marguerite ; l’autre l’ile Honorât. ILl faut un décret de la Con­vention pour pouvoir changer le nom des places.

BUONAPARTE

References

References
1Cette note a été rédigée par le général Bonaparte