Correspondance de Napoléon – Juillet 1813

Dresde, 6 juillet 1813.

Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris

Monsieur le Comte Mollien, vous recevrez deux décrets en date de ce jour, qui ordonnent, l’un, qu’il sera fait des réquisitions pour la nourriture de l’armée d’Espagne; l’autre, qu’une partie du prix des journées d’hôpitaux pour les malades et blessés de ladite armée sera payée, dans les départements voisins de la frontière, en bons de la caisse d’amortissement admissibles en payement de domaines nationaux, de même que le prix entier des denrées requises dans les mêmes départements. Par ce moyen, le trésor ne sera point appau­vri, et les départements n’auront point à souffrir : on sentira d’ail­leurs que c’est un moment de crise. Vous voyez qu’il est important que les payements s’effectuent tous les quinze jours. Envoyez donc des bons dans toutes les préfectures qui seront désignées, et suivant les évaluations qui seront déterminées par le ministre de l’adminis­tration de la guerre, afin que ces payements se fassent exactement.

 

Dresde, 6 juillet 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Vous ferez connaître au duc de Dalmatie le décret que j’ai pris pour réorganiser l’année d’Espagne. Il choisira les généraux. Je dé­sire qu’il forme autant de divisions qu’il aura de fois 6,000 hommes : ainsi, s’il réunit 72,000 hommes, il aura douze divisions. Il ne doit pas y avoir de corps d’armée; il n’y aura que des divisions. Le géné­ral en chef mettra le nombre de divisions qu’il jugera convenable sous les ordres de ses lieutenants.

Quant aux trois généraux, lieutenants du général en chef, faites-leur un traitement qui, tout compris, ne dépasse pas 40,000 francs.

 

Dresde, 6 juillet 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Je ne connais pas encore ce qui est arrivé à l’armée d’Espagne. Je vois surtout avec peine que le général Clausel n’ait pas encore re­joint. Il est fâcheux que l’armée ait abandonné la Navarre sans avoir recueilli ce général. Je suppose que vous avez envoyé sur les lieux, et que vous aurez incessamment un rapport exact sur la situation des choses.

Dans ce moment, je vois surtout deux objets importants : 1° prendre position de manière à couvrir Saint-Sébastien, et 2° manœuvrer, avant que les vivres de Pampelune ne soient consommés, pour déli­vrer cette place.

En Espagne, le moment de la récolte ne doit pas être éloigné, et l’on trouvera des vivres en Navarre et en Biscaye.

 

Dresde, 6 juillet 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.

Mon Cousin, donnez ordre au général Pajot de se rendre demain à Freyberg. Il y prendra le commandement d’une brigade de cava­lerie légère, composée du 7e de chevau-légers, qui va être joint par ses 3e et 4e escadrons, et qui sera ainsi bientôt à, 1,000 hommes, et du régiment de chasseurs italiens, qui va également avoir 1,000 hom­mes. Il surveillera l’instruction de ces régiments.

Il enverra trois piquets composés de lanciers et d’Italiens, com­mandés par de bons officiers, sur la frontière et sur les trois grandes communications : 1e de Dresde à Prague, dans la direction de Tœplitz ; 2e de Prague à Leipzig, au lieu où elle rencontre la frontière de Saxe; 3e sur la grande route de Karlsbad à Chemnitz. Ces trois postes fourniront de petits postes pour les routes intermédiaires, qui sont au nombre de huit, et qui, avec les trois grandes communica­tions, forment onze routes. Ces postes se tiendront paisibles; ils ne laisseront rien passer de Saxe en Bohême qui soit suspect, ni de Bo­hême en Saxe. Ils interrogeront les voyageurs, et ne laisseront passer que ceux qui auraient des passeports. Ils arrêteront les marchan­dises coloniales qu’on voudrait faire passer, et ils rendront compte de ce qui serait à leur connaissance. Le quartier général sera à Freyberg.

 

Dresde, 6 juillet 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.

Mon Cousin, donnez ordre au duc de Castiglione d’envoyer des officiers du génie et d’état-major pour reconnaitre deux bonnes posi­tions , dont l’une couvrirait les débouchés de Hof et de Plauen sur la Bohême, et l’autre les débouchés de Bayreuth. Il faut qu’il fasse reconnaître tous les débouchés sur la Bohême, depuis le Danube jusqu’à Hof.

 

Dresde, 6 juillet 1813.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan.

Mon Fils, je reçois votre dépêche du 1er juillet, avec la lettre du consul de Trieste du 28 juin. Après un événement comme celui-là (Junot vient de donner des signes inquiétant d’une grave affection cérébrale), il n’y a pas un moment à perdre pour donner ordre au duc d’Abrantès de se rendre chez lui, en Bourgogne. L’administration passera dans les mains de l’intendant. Envoyez un militaire prendre le com­mandement par intérim, jusqu’à ce que j’aie nommé un autre gou­verneur : pouvez-vous donner cette mission à un de vos aides de camp, qui vous rendra compte de tout, et soumettra te qu’il y a d’important à votre décision ? Ayez pour ce malheureux homme tous les ménagements qu’exige sa position, mais ôtez-le vite d’un pays où il offre un spectacle affligeant.

J’ai signé le décret que vous m’avez envoyé pour le 112e.

 

Dresde, 7 juillet 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.

Mon Cousin, je partirai demain 8, ou au plus tard le 9, d’ici, pour me rendre à Torgau, où je déjeunerai. J’irai diner à Witten­berg; j’y verrai les 5e et 6e divisions avec leur artillerie. J’irai le 9 à Dessau, où je coucherai, et je verrai la lre division. Je me rendrai de là à Magdeburg, où j’arriverai le 10, et j’y verrai les 2e et 23e di­visions. Donnez des ordres pour que toutes ces troupes soient prêtes et que la rive droite de l’Elbe, surtout de Dessau à Magdeburg, soit bien surveillée. Comme ma Garde ne pourra pas m’escorter de Des­sau à Magdeburg, le duc de Padoue y pourvoira. Je reviendrai par Leipzig, où je verrai tout I« corps du duc de Padoue. Faites-moi connaître où je pourrai voir la brigade wurtembergeoise et la brigade Dombrowski; où sont-elles dans ce moment ?

 

Dresde, 7 juillet 1813.

Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant le 13e corps de la Grande Armée, à Hambourg

Mon Cousin, je réponds à votre lettre du 4. Je pense qu’il ne faut faire aucuns travaux à Lübeck. On peut seulement augmenter ceux de Travemünde. Je vous ai fait connaître que, quelques jours avant la reprise des hostilités, vous devez concentrer les troupes françaises sur Hambourg et réunir les troupes danoises sur votre gauche; mais il est probable que d’ici à ce temps il aura été conclu un traité avec le roi de Danemark, de sorte que nous saurons à quoi nous en tenir.

La réunion de la 40e division à Werben vous mettra à même de garder toute la rive gauche de l’Elbe. Le 2e et le 5e bataillon du 3e de ligne seront le 7 à Wesel; ils seront donc arrivés avant le 1er août à Hambourg. Un bataillon du 33e léger, fort de 900 hommes, doit partir de Flessingue ; un second bataillon se complète au moyen de conscrits réfractaires à Wesel, et un troisième se rend en droite ligne à Hambourg. J’espère donc qu’avant le 1er août la 50e division sera forte de 10 à 12,000 hommes. Vous aurez besoin d’habillements; mais j’ai recommandé que tous ces soldats partissent de France bien armés. J’ai ordonné cependant, en outre, que 3,000 fusils et 6,000 baïonnettes fussent envoyés à Hambourg.

Les détachements du 28e de chasseurs sont en marche pour se rendre à Hambourg; ses cinq escadrons, forts de 1,200 hommes, seront réunis au 1er août à Hambourg; prenez des mesures pour les y monter. Les trois régiments provisoires de cuirassiers, composés de douze 4e escadrons, faisant 2,400 hommes, arriveront à Ham­bourg avant le 10 août; c’est à vous à prendre des mesures pour les monter. Le décret que j’ai rendu et la lettre que je vous ai écrite ce matin là-dessus vous mettront au fait de tout ce qui concerne ces régiments. Si, au moment de la rupture de l’armistice, une partie de ces 4,000 hommes de cavalerie n’était pas montée, vous pourrez en tirer parti pour le service de place ; ils ont des carabines ou des mous­quetons, et vous les feriez exercer au tir du canon.

J’espère donc que la 50e division, la cavalerie, la gendarmerie, les douaniers et les marins formeront à Hambourg et à Harburg une garnison de 18 à 20,000 hommes, pendant que vous aurez dispo­nibles la 3e division et la 40e ainsi que les Danois. Vous entrerez alors, suivant les circonstances, dans le Mecklenburg, ou bien vous prendrez position en avant de Hambourg, ou bien enfin, si cela était nécessaire, vous repasseriez l’Elbe pour couvrir la rive gauche.

Occupez-vous des ateliers d’habillement, et établissez solidement les ateliers et la comptabilité des 3e, 29e et 105e de ligne, 33e léger et 28e de chasseurs. Ces cinq corps doivent avoir leurs dépôts à Ham­bourg, et ils doivent suivre le sort de cette place.

L’artillerie est en marche sur Hambourg, de Magdeburg, de Wesel et de Groningen. Ayez soin que vos poudres soient placées dans trois points différents, a6n que, si vous perdiez un magasin, il vous en restât deux. Veillez à ce que les trois réduits soient établis et les mor­tiers mis en batterie contre la ville.

J’attends les six millions que vous m’annoncez pour compléter les dix premiers.

 

Dresde, 7 juillet 1813.

Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris

Monsieur le duc Decrès, j’approuve que vous ayez fait partir 600 matelots de Cherbourg pour Hambourg ; il est fâcheux que vous n’ayez pu les faire partir de Boulogne ou de Dunkerque, qui sont plus près de Hambourg, J’ai destiné 1,000 hommes du 5e équipage à se ren­fermer au besoin dans Hambourg; les hostilités pouvant recommen­cer vers le 10 août, il faut qu’avant cette époque ces 1,000 hommes soient arrivés à Hambourg. Je ne vois pas d’inconvénient à ce que vous fassiez passer des bâtiments à Delfzyl, puisqu’ils y vont par les canaux de l’intérieur; mais il y aurait de l’inconvénient à les envoyer de Delfzyl à Hambourg, parce qu’à la reprise des hostilités il serait possible que ces côtes fussent troublées, et qu’alors ces bâtiments se­raient exposés. Il faut donc laisser dans le Zuiderzee les bâtiments qui y sont, et ne composer la flottille de l’Elbe que de vingt-cinq bâtiments, en se servant des bâtiments du pays et des dix bateaux qui, étant déjà à Delfzyl, pourront être rendus à Hambourg avant la rupture de l’armistice. J’écris au prince d’Eckmühl de les envoyer chercher par un détachement du 5e équipage de flottille.

On pourra faire achever les corvettes et les bricks qui sont sur le chantier de Hambourg, et y faire construire quelques chaloupes ca­nonnières espagnoles; mais il ne faut faire aucun mouvement qui puisse compromettre des bâtiments.

Je réponds à vos questions :

1° Vous demandez pourquoi je ne parle point de Wesel et de la Jahde : mon intention est que le 5e équipage et le contre-amiral Lhermitte pourvoient à la sûreté de la côte; mais je ne parle que de Hambourg, parce que je suppose qu’en cas d’événement cet équipage et cet amiral se renfermeront dans Hambourg.

2° J’ai déjà répondu à votre deuxième question. Les marins que vous envoyez à Hambourg doivent s’y rendre par la route la plus courte, le plus promptement possible, et sans passer par Amsterdam.

3° En établissant 600 forçats à Hambourg, j’ai eu deux buts : d’abord de ne pas encombrer nos ports de forçats étrangers, et f autre de les employer en partie aux travaux de la marine et en partie aux travaux des fortifications. Les 300 ouvriers militaires de la marine seront également employés, sous les ordres du gouverneur, aux tra­vaux de la marine et aux travaux de la guerre. Si ceux de la marine sont les plus pressés, ils y seront employés de préférence; dans le cas contraire, ce sera à ceux de la guerre. Une compagnie pourrait en être attachée au service de la marine, et l’autre au service de la guerre. Mon intention est que le gouverneur puisse employer toutes les ressources de la marine, et, comme ces marins sont attachés spé­cialement au service de Hambourg, vous leur expliquerez que le gou­verneur mettra autant d’intérêt à ce qui les concerne qu’au service de terre.

Il faut donc que le contre-amiral Lhermitte et l’administration aient pour principe de se considérer comme attachés à la place de Hambourg, et de tout faire pour seconder le gouverneur, et qu’ils obéissent à tous ses ordres.

Il est bien entendu que cela ne regarde pas la comptabilité.

J’approuve que vous complétiez les ouvriers de la marine par un recrutement extraordinaire.

 

Dresde, 8 juillet 1813.

Au prince Cambacérès, archichancelier de l’empire, à Paris.

Mon Cousin, je vous envoie un rapport du duc de Vicence. Je lui ai répondu, comme de raison, que je ne me mêlais pas de ces détails, que je ne pouvais descendre jusque-là. Mais je vois avec peine que le duc de Rovigo réagit. Le duc de Rovigo ne connaît ni Paris ni la Révolution; si on le laissait faire, il aurait bientôt mis le feu en France. En vous entretenant de ce fournisseur, ce n’est pas de lui que je vous parle, mais de toutes les mesures de cette nature. A-t-on quelque chose à reprocher à cet homme depuis seize ans ? On l’éloigne de Paris comme ayant été violent révolutionnaire. Si on pèse ainsi sur la classe des gens domiciliés et tranquilles, il est à craindre que cela ne produise le plus mauvais effet et n’excite une inquiétude générale. Si le duc de Rovigo voulait éloigner de la France tous ceux qui ont pris part à la Révolution, il n’y resterait plus personne. Et comment peut-on faire un crime à des bornâtes de cette classe de leur exaltation dans la Révolution, lorsque le Sénat, le Conseil d’État et l’armée sont pleins de gens qui y ont marqué par la violence de leurs opinions ? Je dois supposer qu’on n’avait rien à reprocher à cet homme, puisque les gens de ma maison, qui ne sont nullement parti­sans des opinions révolutionnaires, le gardaient comme fournisseur. Vous ferez connaître au duc de Rovigo que mon intention est qu’il n’éloigne personne de Paris sans vous en avoir parlé auparavant. Dites-lui aussi que, s’il se laisse entraîner par le préfet de police ou des hommes de cette robe, qui ne connaissent ni la situation de la France ni celle de Paris, il aura bientôt mis tout en feu et ébranlé mon gouvernement, qui est fondé sur la garantie de toutes les opinions. Vous demanderez au duc de Rovigo de vous remettre sur-le-champ l’état de toutes les personnes qu’il a exilées de Parts, en les divisant en deux classes, l’une contenant tous ceux qui se sont mal conduits et qui, ne possédant rien, désirent toujours des troubles; l’autre contenant les hommes domiciliés et tranquilles, auxquels on n’a rien à reprocher que leurs anciennes opinions. On doit laisser, sans les inquiéter, tous ceux qui appartiennent à cette dernière classe. Au train dont va le duc de Rovigo, je suppose qu’il réagirait bientôt sur tous les généraux qui ont été chauds révolutionnaires. Comme il m’est revenu de plusieurs cotés que beaucoup de gens de cette classe ont été exilés, demandez au duc de Rovigo de vous en remettre l’état exact.

 

Dresde, 8 juillet 18l3

A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Dresde.

Monsieur le Duc de Bassano, il est honteux pour votre département que je ne connaisse point les forces de l’Autriche et que je n’aie aucun mémoire sur la situation actuelle des finances de cette puissance. J’ignore le nombre des divisions, des régiments et des Bataillons que l’Autriche a mis en activité, et où ces corps se trouvent ; mon ambas­sade à Vienne n’a fourni aucun renseignement. Les relations exté­rieures ont des fonds pour des dépenses secrètes, et leur métier est d’être instruites des armements et de la situation des corps d’armée des autres États ; mais elles ne me disent rien. Enfin je devrais avoir régulièrement, par Copenhague, la suite de tous les journaux de Pétersbourg, de Riga et de Stockholm, et, par Vienne, celle de toutes les gazettes de Berlin et de Varsovie; mais je ne reçois rien de tout cela. Vous ne conduisez pas votre département avec l’activité et le travail soutenu qu’exigent les relations extérieures d’un aussi grand empire. Voilà plusieurs fois que je me plains des relations extérieures, mais cela n’a de résultats que pour quelques jours. Vous ne les diri­gez pas avec assez de suite et de fermeté. Il y a beaucoup de secré­taires de légation qui sont ineptes, tels, à ce qu’on m’assure, que le premier secrétaire d’ambassade à Vienne. Il est absurde de conserver dans un poste aussi important un homme sans talent. J’en regarderai les relations extérieures comme responsables, si je ne reçois pas exactement, par Copenhague, les journaux de Pétersbourg et de Stockholm, et, par Vienne, ceux de Berlin et de Varsovie, ainsi que des renseignements sur tous les mouvements militaires.

 

Dresde, 8 juillet 1813.

A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Dresde

Monsieur le Duc de Bassano, je vous envoie un rapport que me fait le général Drouot, l’un de mes aides de camp. Il parait qu’il n’a été mis aucun ordre ni aucun ensemble dans les fournitures à faire pour le corps du prince Poniatowski. Tout le monde a passé des marchés qui n’ont point été soumis à mon approbation ; en sorte que j’ignore ce qui a été fait. Vous-même, vous ne vous êtes pas fait rendre compte des prix stipulés, pour savoir s’ils étaient supérieurs ou inférieurs à ceux des marchés passés pour les troupes françaises. Les draps qui ne doivent être fournis qu’en cinquante-six jours sont une absurdité; ils devraient déjà l’être. Enfin il n’y a eu ni ordre ni activité dans celte opération importante que je vous avais confiée.

Faites-moi un rapport général sur cet objet. Vous m’y ferez con­naître, 1° tous les marchés passés, en comparant leurs prix avec ceux des marchés passés par l’ordonnateur de l’habillement de l’armée, afin de savoir s’ils sont plus ou moins élevés; 2° tous ceux qu’il faudrait résilier, comme ne pouvant pas être exécutés au 1er août. Enfin vous me proposerez un mode pour mettre de l’ensemble dans toutes ces fournitures, et vous me remettrez l’état de tout ce dont le corps polonais a encore besoin. Je vois avec peine qu’un mois précieux a été perdu.

 

Dresde, 8 juillet 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.

Mon Cousin, je vous envoie mes ordres relativement aux travaux de Dresde et de Königstein, ainsi qu’à l’armement de la place de Dresde. Prenez les dispositions nécessaires pour leur exécution.

Toutes les redoutes qui forment le camp retranché de la rive droite de l’Elbe, en avant de Dresde, seront tracées le 10 juillet et commen­cées le 11. Celles entreprises comme celles à entreprendre seront confiées, pour leur exécution, aux six régiments de la jeune Garde établis au camp. Chaque régiment fournira un atelier de 200 hommes qui travaillera depuis quatre heures du matin jusqu’à midi, et un autre de 200 hommes qui relèvera le premier et travaillera jusqu’à huit heures du soir. Les bataillons n° 1 travailleront le matin, ceux n° 2 le soir. Il sera désigné, par chaque régiment, deux capitaines et deux lieutenants pour diriger les travaux; ils seront toujours de ser­vice. Lorsque les redoutes seront achevées, le génie prendra mes ordres pour qu’il leur soit accordé une gratification. Le génie s’en­tendra avec ces officiers pour que, chaque redoute étant donnée à la tâche, le soldat puisse gagner de 8 à 9 sous dans sa demi-journée. Le général Delaborde prendra les mesures nécessaires pour que cet argent profite au bien-être du soldat et améliore son ordinaire; au­cune retenue ne devra lui être faite, ni pour son habillement, ni pour son service. Chaque redoute portera le nom du régiment qui l’aura construite.

Les mêmes dispositions seront appliquées aux régiments de la jeune Garde employés au camp retranché en avant de Königstein.

1° II sera creusé le long de la berge et sur la rive droite du ruis­seau Weisseritz un fossé de 7 à 8 pieds de large, pouvant recevoir 6 pieds de profondeur d’eau, de manière à bien fermer de ce côté les faubourgs de Dresde ; les terres provenant de l’excavation seront jetées en, avant et disposées en ligne de crémaillère pouvant recevoir du canon et des fusiliers. On palissadera cette ligne, on placera une bar­rière au pont, on élèvera une traverse en arrière pour recevoir une pièce de canon, et Ton préparera des chevaux de frise pour se barri­cader au besoin en avant du pont.

2° De l’extrémité gauche de cette crémaillère jusqu’en amont de l’Elbe, on tracera huit lèches de $0 toises de pourtour : elles seront ainsi éloignées de 200 à 250 toises les unes des autres. On n’en construira d’abord que quatre, de manière qu’elles soient bien vues les unes des autres et donnent des feux sur toutes les issues. Elles seront palissadées et armées de canons.

3° Tous les murs des faubourgs seront réunis dans leurs lacunes par des palissades; les issues, réduites à six, auront des barrières, des traverses pour recevoir une pièce de canon, et des chevaux de frise pour se barricader si des circonstances l’exigeaient.

4° Ces ouvrages devront être tracés pour le 11 juillet et commen­cés le 12.

5e L’artillerie de ta Garde fournira 150 chevaux, les équipages de la Garde 100, l’artillerie de l’armée 100, pour le transport des palis­sades : ils seront à la disposition du commandant du génie de l’armée.

6° On fera descendre du haut Elbe des trains de palissades; 100 marins de la Garde seront mis à la disposition du génie pour effectuer ce transport par eau.

7° Le major général prendra toutes les dispositions nécessaires pour l’exécution du présent ordre.

Chacun des bastions de la place de Dresde, sur La rive gauche, sera armé de deux pièces de petit calibre placées dans les flancs bas, de manière à être dérobées à la fusillade des maisons ; les saillants recevront aussi chacun deux pièces. Les quatre flèches en avant des faubourgs recevront chacune quatre pièces de canon, et les traverses en arrière des issues auront une pièce. La grande lunette sur la rive droite sera armée de trots pièces de gros calibre, de deux obusiers et d’un mortier.

Le gouverneur de Dresde parcourra demain la place ; il sera ac­compagné des commandants d’artillerie et du génie, afin d’arrêter le projet d’armement, connaître les pièces qu’il sera possible d’avoir et le meilleur dispositif à leur donner.

Il y aura, en outre, en réserve, trots batteries : une de huit pièces de 12, une de huit pièces de 6 et une de huit obusiers; total, vingt-quatre bouches à feu. Elles seront employées où les circonstances l’exigeront; on les attellera alors, soit avec des chevaux pris dans les dépôts, soit avec ceux de la ville.

La route de Stolpen à Hohnstein ayant été réparée par les soins des officiers de l’état-major, les officiers du génie feront réparer celles de Hohnstein à Königstein. Il sera pratiqué à cet effet trois routes : 1° une première qui soit telle que l’ennemi, fût-il parvenu à occuper les hauteurs du ruisseau de Polenz, ne puisse pas par la fusillade ou le canon inquiéter la communication ; 2° la route actuelle qui passe par le rocher de Ziegenrük et traverse le ravin du Polenz; elle pourra être gênée par la fusillade de la rive gauche de ce ravin, mais, comme le fond de celui-ci est impraticable, l’ennemi ne pourra pas intercepter cette communication; 3° la troisième route viendra de Hohnstein et Waitsdorf à Porschdorf et Schandau : on aura ainsi trois bons débouchés. Mais, si l’ennemi venait de Neustadt et s’em­parait du plateau en avant de Hohnstein, on n’aurait plus que la première et la seconde pour communiquer : il faudra donc établir deux ou trois redoutes pour en être maître et les placer en avant de Hohnstein.

Tous ces ouvrages seront tracés avant le 11 juillet, et le 12 on commencera à y travailler; on y emploiera tes deux régiments de la Garde qui sont à Königstein, et, en outre, tes ouvriers du pays qui étaient occupés à la route de Stolpen à Hohnstein. Le génie, en con­fiant l’exécution des redoutes aux régiments de la Garde, effectuera les payements sur la même base que pour ceux employés au camp retranché de Dresde sur la rive droite. Les régiments seront d’ail­leurs dirigés de la même manière pour les tâches et les heures de travail.

Le pays entre Neustadt et les frontières de Bohême sera bien étu­dié, et représenté sur une grande échelle, afin que l’on connaisse parfaitement le terrain s’il fallait opérer sur cette partie.

 

Dresde, 8 juillet 1813

Au comte Daru, directeur de l’administration de la guerre, à Dresde.

Monsieur le Comte Daru, voyez aujourd’hui le ministre de l’inté­rieur de Saxe. Faites-lui connaître que cesser le service des four­rages, c’est comme abandonner le gouvernement, puisque, s’il n’est plus fait de distribution de fourrages, il faudra ou en requérir mili­tairement dans tous les villages, ou que les soldats aillent l’enlever dans les maisons, ce qui mettrait le pays au pillage.

 

Dresde, 8 juillet 1813

Au général comte Durosnel, gouverneur de Dresde

Envoyez un officier de la gendarmerie d’élite et 12 gendarmes, ainsi qu’un détachement de 100 chevau-légers de la Garde, pris dans ceux qui sont cantonnés aux environs de Pirna, s’établir sur la grande route de Dresde à Prague, à l’extrême frontière, en plaçant des postes sur toutes les routes latérales. Cet officier vous rendra compte de tous les voyageurs qui iront de Dresde à Prague, ou vien­dront de Prague à Dresde, ainsi que de tous ceux qui vont et vien­nent des eaux de Tœplitz. Il vous instruira également de tout ce qui passe sur ces routes en chevaux, bestiaux, voitures chargées de marchandises; en un mot, il vous tiendra au courant de tous les mouvements. Vous me remettrez tous les jours ce rapport.

L’officier de gendarmerie que vous choisirez doit être un officier de confiance, intelligent et sachant l’allemand. Il enverra des agents sur la frontière de Bohême pour être instruit de la situation et des mouvements des troupes autrichiennes.

 

Dresde, 9 juillet 1813.

Au prince Cambacérès, archichancelier de l’empire, à Paris

Mon Cousin, j’ai pris des mesures pour l’armée d’Espagne. J’ai ordonné que des réquisitions fussent faites en Languedoc et qu’elles fussent payées en bons de la caisse d’amortissement, admissibles en payement des biens communaux; j’ai mis à cet effet, dans la distri­bution de juillet, des fonds à la disposition des ministres. Je vois, par le rapport du ministre des finances, qu’il a déjà mis la maki sur 100 millions des biens des communes ; mais ce n’est encore qu’un tiers de ce que j’entends. 11 n’y a qu’un seul moyen de rendre ces ventes faciles, c’est de payer tout ce que doivent les ministres en bons de la caisse d’amortissement, sans faire attention s’ils perdent à la Bourse 5 ou 6 pour 100; cela ne nous regarde point. Ces bons ont une valeur trop réelle, puisqu’ils portent intérêt, puisqu’ils sont remboursables en dix-huit mois et qu’ils peuvent être employés à l’achat des biens communaux, pour qu’on attache quelque impor­tance à ce qu’ils perdent ou à ce qu’ils gagnent. Ce n’est pas un pa­pier-monnaie. Mais, en supposant qu’ils perdent quelque chose, c’est une prime qui excitera les porteurs de ces bons à pousser plus promptement les achats des biens des communes.

Je vous renvoie votre projet pour la jeune duchesse de Frioul, afin que vous le fassiez passer au Conseil d’État.

 

Dresde, 9 juillet 1813.

A M. Gaudin, duc de Gaète, ministre des finances, à Paris

Je vous prie de me faire connaître quels sont les départements où l’on n’a pas pris possession des biens des communes. Ce qui m’avait porté à ne pas prendre possession des biens situés dans ces départe­ments, c’était l’impossibilité de les vendre; mais mon intention étant d’émettre des bons pour payer des réquisitions qui seront faites dans ces départements, il deviendrait possible alors de placer les bons dans la vente de ces biens. Il est donc nécessaire que vous donniez des ordres préparatoires pour la mise en vente de ces biens, afin que, lorsque j’ordonnerai la vente, elle puisse avoir lieu sans délai.

 

Dresde, 9 juillet 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.

Vous m’avez envoyé diverses situations de l’armée, dans lesquelles on a ôté tous les états de situation des corps, de manière qu’il faut une grande peine pour voir à quoi se montent les revues. Renvoyez-moi tous ces états.

Je ne comprends pas non plus l’état de situation de l’armée. Il porte le 149e à 2,700 hommes comme présents sous les armes, et absents 600. Cependant il ne porte l’effectif qu’à 2,700. Je ne com­prends pas cela. Demandez à ce corps l’état de situation.

Le duc de Raguse ne donne pas à ses divisions les numéros qu’elles ont dans l’armée ; il leur donne des numéros de son corps, qui n’ont rien de commun avec ceux qu’elles ont dans l’armée.

Je vous renvoie tous les états de situation que vous m’avez en­voyés ; examinez-les et faites-les relever, corps par corps, division par division, régiment par régiment» bataillon par bataillon, com­pagnie par compagnie; que je voie cela par ma seul tableau, un dé­pouillement abrégé de tout ce qui existe. Envoyez un travail pareil pour l’artillerie et pour les équipages, de manière que je voie k situation en peu de mois. Vous y ferez joindre ce qu’il y a déjà, jour par jour, jusqu’au 10, et du 10 au 20; la situation au 30 et au 10, en prenant note de tout ce qui est en route.

 

Dresde. 9 juillet 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.

Mon Cousin, écrivez au duc de Bellune, qui se plaint toujours de n’avoir pas de cercle, que c’est sa faute; qu’il avait ordre d’occuper Krossen et qu’il ne l’a pas fait; que ses tâtonnements sont cause que j’ai perdu ce cercle important qui donne à l’ennemi un débouché qui peut m’être nuisible; qu’à la guerre, quand on a un ordre, il faut l’exécuter; qu’autre chose était de se rendre à Krossen, ou d’en faire la question ; qu’il a laissé passer ainsi huit jours et changer l’état de la question.

 

Dresde, 9 juillet 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.

Mon Cousin, il faut écrire au prince d’Eckmühl qu’en montrant de la défiance aux Danois et aux alliés il les mettra contre lui ; que si les Danois avaient voulu correspondre avec la Suède, ils n’au­raient pas manqué de moyens pour cela; qu’il faut donc leur mon­trer plus de confiance qu’il ne fait.

 

Dresde, 9 juillet 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.

Mon Cousin, donnez ordre à deux ingénieurs géographes de partir sur-le-champ pour continuer la reconnaissance des frontières de Bohème. Le premier se rendra à Jœhstadt, d’où il décrira la route d’Annaberg à Jœhstadt et Kaaden; il reconnaîtra ensuite les commu­nications de la Saxe avec Karlsbad et celles de Plauen et Hof avec Eger, par Adorf et Asch; il décrira pareillement toutes les petites communications intermédiaires et qui traversent les montagnes. Le second se rendra à Neustadt, d’où il ira à Neusalza, Zittau, Marklissa et Friedeberg; il décrira les routes qui, sur toute cette ligne de frontières, pénètrent en Bohême par Neusalza, Zittau, Seidenberg, Lissa, etc. Tous deux auront soin de bien indiquer la qualité des routes, praticables ou non pour les voitures, ainsi que la nature du pays; leurs mémoires seront accompagnés de croquis destinés à faire suite au travail déjà fait.

 

Dresde, 9 juillet 1813.

Au général comte Lemarois, gouverneur de Magdebourg

Je reçois votre lettre du 6 juillet. Vous avez 240,000 boisseaux d’avoine à Magdeburg, « Ce n’est pas possible », m’écrivez-vous : cela n’est pas français. Je suis donc mécontent de votre lettre. Faites partir sur-le-champ deux bateaux chargés d’avoine pour les chevaux de la Garde, qui se meurent. Cette avoine sera remplacée par ce qui arrive dans le pays, par la récolte qui est prochaine, et, enfin, par ce qui est envoyé de la 32e division.

 

Dresde, 9 juillet 1813.

Au général baron Dejean, aide-de-camp de l’empereur, à Dresde

Pendant que vous resterez ici, vous irez tous les jours voir aux ateliers d’habillement et d’équipement militaires.

 

Dresde, 9 juillet 1813.

Au comte Daru, directeur de l’administration de la guerre, à Dresde.

Monsieur le Comte Daru, donnez ordre sur-le-champ que 10,000 quintaux de farine, poids de marc, 500 quintaux de riz et 1,000 quintaux de légumes, de la réserve de Mayence, soient placés en réserve dans la citadelle de Würzburg. S’il y a du biscuit à Mayence, vous en enverrez également à Würzburg. Cette réserve à Würzburg devra servir, en cas d’événement, soit pour le corps d’ob­servation de Bavière, soit pour la Grande Armée.

Faites-moi connaître la situation d’Erfurt. II est indispensable qu’il y ait dans ce magasin central, indépendamment de l’approvi­sionnement de siège, 10,000 quintaux de farine, 500 quintaux de riz et 1,000 de légumes. Faites-moi un rapport à ce sujet. Je sup­pose que vous avez ordonné la plus grande activité dans tes mou­tures.

 

Dresde, 9 juillet 1813.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Venise.

Mon Fils, j’ai à Venise 5 à 6 millions de mercure, et dans les provinces illyriennes beaucoup de minéraux. Donnez des ordres, et prenez des mesures pour leur exécution, afin que tous les minéraux qui existent dans les magasins m’appartenant dans les provinces illy­riennes soient transportés à Venise; en sorte que, si le pays venait à être occupé par l’ennemi, il n’y trouvât rien. Prenez également des mesures, et je vous laisse carte blanche à cet égard, pour faire vendre le mercure que j’ai à Venise et faire rentrer l’argent dont j’ai besoin. Je crains que le comte Defermon ne m’empêche de le vendre, parce qu’il tient les prix trop haut. Cela me fait perdre des fonds et leurs intérêts depuis plusieurs années.

 

Dresde, 9 juillet 1813.

A Frédéric, roi de Wurtemberg, à Ludwigsburg.

Monsieur mon Frère, j’ai reçu la dernière lettre de Votre Majesté ainsi que le chiffre que M. de Linden a remis au duc de Bassano. Il paraît que le courrier qui était porteur de ma lettre du 2 juin a été pris. J’envoie à Votre Majesté une copie de cette lettre.

Il y a beaucoup d’embarras pour les négociations pour la paix, et elles ne sont pas encore commencées. Elles doivent avoir lieu à Prague. J’attends une réponse aujourd’hui ou demain. L’Autriche se donne beaucoup de mouvement, mais les affaires paraissent encore bien loin de s’arranger. On le serait déjà sans l’intervention de l’Au­triche. L’avenir nous fera connaître ce qu’elle veut.

 

Wittenberg, 11 juillet 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.

Mon Cousin, donnez ordre à la division Dufour de partir de­main 12 pour se rendre à Guben, où elle arrivera le 17, et à celle du général Vial de partir le 13 pour y arriver le 18. Vous donnerez des ordres pour que chacune de ces divisions parte de Wittenberg avec trois jours de vivres, et pour qu’à son passage à Herzberg elle en prenne pour trois autres jours.

Écrivez au duc de Bellune pour lui faire connaître la marche de ces deux divisions. Donnez-lui l’ordre de porter son quartier général à Guben et d’évacuer entièrement le cercle de Grünberg. Il placera une de ses divisions à Lieberose, une à Friedland et une à Fürsten­berg : il sera ainsi à trois petites journées de Berlin et à une de Francfort. Écrivez-lui de se tenir en communication avec le duc de Reggio, que vous instruirez également du passage de ces deux divi­sions.

  1. S. Un commissaire des guerres se rendra à Herzberg pour com­mander les vivres.

 

Magdeburg, 12 juillet 1813.

Au prince Cambacérès, archichancelier de l’empire, à Paris

Mon Cousin, je vous envoie une lettre relative au traitement qu’éprouvent les Français prisonniers en Angleterre. Je désire que vous réunissiez chez vous les ministres de la guerre, de la marine et de la police, et que vous rédigiez un projet pour faire faire une enquête devant une commission composée de sénateurs et de maré­chaux. Cette enquête sera publique et imprimée; on y fera paraître tous les hommes estropiés qui sont revenus d’Angleterre.

 

Magdeburg, 12 juillet 1813.

Au prince Cambacérès, archichancelier de l’empire, à Paris

Mon Cousin, je reconnais la nécessité de donner des secours aux réfugiés espagnols. J’ai chargé le doc de Bassano d’y affecter un million sur les fonds extraordinaires de son budget. Il a dû en écrire au comte Otto, qui présidera la commission destinée à répartir ces secours, et qui verra de quelle manière on pourrait la composer.

 

Magdeburg, 13 juillet 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Je viens de visiter Magdeburg avec la plus grande attention. Je désire que vous fassiez établir dans cette ville une fonderie, pour y couler des boulets, ce qui utilisera une grande quantité de vieux fers qui s’y trouvent. Envoyez de France les ouvriers nécessaires. J’ai visité les salles d’armes; j’y ai vu 12,000 fusils français à réparer; mais il n’y a qu’une quarantaine d’ouvriers, de sorte que dans deux uns cette réparation ne sera pas terminée. Je donne ordre à la com­pagnie d’armuriers qui est à Erfurt de se rendre ici, mais ce ne sera pas suffisant; il faudrait envoyer 2 ou 300 ouvriers tirés de nos manufactures : sans cela ce sont des fusils perdus pour toute la cam­pagne. Il doit y avoir en Hollande et à Metz beaucoup d’armuriers qui ne font rien.

J’ai vu aussi 12,000 fusils étrangers. J’ai ordonné qu’on les dé­ballât, afin de les utiliser pour l’armée.

Il y a beaucoup de sabres de grosse cavalerie, mais il n’y en a pas de cavalerie légère.

Le général Neigre construit par mois 150 caissons du modèle autrichien. Il est convenable qu’il continue, afin d’avoir toujours à Magdeburg une réserve de quelques centaines de caissons. Mais moyennant les batteries qu’il doit fournir, il ne restera plus d’équi­pages de campagne dans cette place.

J’ai été fort content du parti que le génie a tiré des fonds qu’on lui a donnés pour mettre la place en bon état.

 

Magdeburg, 12 juillet 1813.

Au comte Daru, directeur de l’administration de la Grande Armée, à Dresde.

Monsieur le Comte Daru, il n’a encore paru personne à Magde­burg pour organiser le dépôt des équipages militaires; de sorte que les inspecteurs envoyés par le générai Belliard diront qu’ils n’ont rien trouvé. Pourquoi donc n’exécute-t-on pas les ordres ?

On peut placer ici 4 à S,000 malades. L’air est sain, le pays est beau ; Magdeburg est un véritable dépôt d’armée.