Correspondance de Napoléon – Juillet 1812
Biéchenkovitchi, 25 juillet 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Biéchenkovitchi.
Mon Cousin, instruisez le général Guyon qu’il serait convenable qu’il se tint du côté de Sienno, pour former une colonne d’observation sur la droite de l’armée ; que nous nous portons sur Vitebsk ; qu’il faudrait qu’il se portât également à la hauteur de l’armée, sur Oboltsy, en communiquant toujours avec notre droite. Écrivez également cela au général Grouchy, et que, si les affaires du prince d’Eckmühl étaient terminées le 23 au soir, il serait bien important qu’il format une colonne de cavalerie sur notre droite, de sorte que, lorsque nous serons devant Vitebsk, il se trouvât entre Orcha et nous, communiquant avec notre droite; que nous avons eu aujourd’hui une affaire d’avant-garde à Ostrovno, dans laquelle nous avons pris huit pièces de canon, 200 hommes de cavalerie et environ 600 hommes d’infanterie ; que les renseignements qu’on reçoit des prisonniers sont que l’ennemi nous attend à Vitebsk.
Biéchenkovitchi, 26 juillet 1812, quatre heures du matin.
À Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant les 4e et 6e corps de la Grande Armée.
Mon Fils, j’ai écrit au roi de Naples de s’avancer près de Vitebsk avec sagesse et précaution, et sans engager d’autre affaire qu’une grosse affaire d’avant-garde. Il peut attaquer un corps de 10 à 12,000 hommes, mais non engager une affaire générale qu’elle ne soit bien préparée. Ou l’ennemi veut se battre, ou il ne veut pas se battre. Si l’ennemi veut se battre, c’est très-heureux pour nous. Il pourrait en être empêché par la non-réunion d’un ou deux de ses corps ; il n’y a donc pas d’inconvénient de lui laisser faire sa réunion, puisque autrement ce pourrait être pour lui un prétexte pour ne pas se battre. Je suppose que la division italienne est en marche pour vous rejoindre. Réunissez tout votre corps et soutenez le roi de Naples. S’il devait y avoir une bataille, il ne me paraît pas qu’elle pût avoir lieu avant le 28 ; mais il serait bon d’être le plus tôt possible en position. Le prince Poniatowski arrive aujourd’hui, avec son corps, à la hauteur du prince d’Eckmühl ; ce maréchal se trouve actuellement en force.
Biéchenkovitchi, 26 juillet 1812.
À M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Vilna.
Monsieur le Duc de Bassano, j’ai reçu vos lettres du 24. Je pars à l’instant pour me porter devant Vitebsk. Si l’ennemi tient, nous livrerons bataille après-demain. On dit l’empereur Alexandre à Smolensk. Le prince Poniatowski et les Westphaliens rejoignent. Les affaires ne sauraient mieux aller. La cavalerie légère a pris hier douze pièces de canon et fait 800 prisonniers. Les hussards de la garde russe ont perdu 300 hommes. C’est le général Ostermann qui commande le corps d’armée qui était devant nous, qui est composé de deux divisions. Le général Ostermann a succédé à Chouvalov. Donnez ces nouvelles au prince de Schwarzenberg et au général Reynier. Je suis fondé à penser que les divisions régulières chercheront à gagner Moscou. Le pays est beau, la récolte superbe, et nous trouvons partout de quoi vivre. Instruisez le maréchal Macdonald de ces nouvelles. J’attends avec impatience d’apprendre qu’il a passé la Dvina, qu’il a cerné Dinabourg et qu’il a fuit avancer l’équipage de siège contre Riga. Je compte être bientôt à Vitebsk. Le prince d’Eckmühl a non-seulement repoussé l’attaque de Bagration, mais il n’a engagé que dix de ses bataillons. Il n’a en tués ou blessés qu’une centaine d’hommes. Les Russes ont eu un millier d’hommes tués, blessés ou faits prisonniers.
Biéchenkovitchi, 26 juillet 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Biéchenkovitchi.
Mon Cousin, donnez l’ordre au général Defrance de partir avec sa division ce matin pour se rendre à L’avant-garde, sous les ordres du roi de Naples. Il enverra un aide de camp au Roi pour lui annoncer sa marche.
Donnez ordre au duc d’Elchingen de marcher aujourd’hui dans la direction de Vitebsk; de laisser à Biéchenkovitchi, pour garder la rive droite et la rive gauche et travailler à la tête de pont, sa 25e division, qui par ce moyen aura le temps de se rallier.
Écrivez au duc de Reggio pour l’instruire qu’il est indispensable qu’il manœuvre sur la rive droite pour contenir Wittgenstein et dégager toute la Dvina; que, s’il peut faire son opération en partant de Polotsk, ce sera préférable; mais qu’il peut lui seul décider ce qu’il peut faire ; qu’il a donc carte blanche ; mais qu’il doit prendre tous les moyens pour correspondre promptement avec nous.
Biéchenkovitchi, 26 juillet 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Biéchenkovitchi.
Mon Cousin, expédiez de Thermes, l’aide de camp du duc de Reggio. Vous ferez connaître au duc que nous marchons sur Vitebsk et que le prince d’Eckmühl a battu Bagration à Mohilef. Dites-lui qu’il faut qu’il balaye la rive droite et qu’il pousse Wittgenstein l’épée dans les reins ; qu’il doit toujours laisser dans Polotsk une petite garnison dans le cas qu’il se jetât sur la gauche ; qu’après être arrivé à Vitebsk je dirigerai un corps sur Memel, qui se mettra en communication avec lui. Il est à présumer que si, de Polotsk, le duc faisait un mouvement sur Sebeje, il obligerait Wittgenstein à s’élever pour couvrir la route de Pétersbourg ; comme Wittgenstein n’a que 10,000 hommes d’infanterie, il peut marcher haut la main sur lui.
Vitebsk, 29 juillet 1812.
A la reine Hortense, à Paris
Ma Fille, j’ai vu avec peine, par votre lettre du 11, que Napoléon était malade, et j’ai appris avec plaisir, par celle du 14, qu’il était hors de danger. J’avais compté sur cette prompte guérison, sachant combien une mère est disposée à s’alarmer.
Vitebsk, 29 juillet 1812.
À M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Vilna.
Monsieur le Duc de Bassano, je reçois votre lettre du 26 juillet. Aucun agent diplomatique étranger ne doit rester à Vilna. Vous devez donc faire comprendre à M. de Waltersdorf qu’il doit se rendre à Königsberg ou à Varsovie.
Je ne puis qu’approuver toutes les observations que vous faites sur l’ambassade de Varsovie.
Vous ne me donnez aucune nouvelle de Samogitie; je n’en ai aucune du duc de Tarente; tâchez d’en avoir, soit par le maréchal, soit par les autorités locales, et, s’il y a quelque chose de nouveau, faites que j’en sois promptement informé.
Pressez la formation des magasins, les moutures et les arrivages de Kovno à Vilna, ainsi que l’approvisionnement des routes de Vilna sur Minsk et sur Vitebsk. Pressez-les aussi pour qu’ils forment leurs régiments.
Je vous envoie une demande qui m’est présentée relativement à une garde d’honneur. Il faudrait s’assurer de cinquante à soixante personnes avant de former sérieusement cette demande, pour ne pas être ridicule.
Je vous renvoie les dépêches ci-jointes; je ne comprends encore rien aux affaires de Turquie.
Vitebsk, 29 juillet 1812.
À M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, nous sommes entrés hier à Vitebsk. L’ennemi bat en retraite de tous les côtés. Je me suis porté jusqu’à Souraje pour le poursuivre ; mais, comme il s’est divisé pour suivre différents chemins, il n’est pas possible de l’atteindre. L’opinion générale est qu’il se porte sur Smolensk pour couvrir cette ville. Ces dernières affaires ont coûté beaucoup de monde à l’ennemi. On porte sa perte à 7 ou 8,000 hommes. Plusieurs de ses généraux ont été tués ou mortellement blessés. Nous occupons Mohilef, Orcha et tout le pays entre la Dvina et le Dniepr, ayant des têtes de pont sur l’une et l’autre de ces rivières. Cette position a toujours été considérée comme la principale position de la Russie. J’ai demandé des levées de chevaux ; cela est bien important pour atteler le parc que j’ai laissé à Vilna. Voyez ce qu’il est possible de faire là-dessus, soit par les réquisitions, soit par les achats. Les réquisitions que j’ai ordonnées rentrent-elles ? J’en ai demandé dans le Grand- Duché et en Prusse ; cela rendra-t-il quelque chose? Veillez à ce qu’on achève de construire promptement le pout brûlé.
Vitebsk, 29 juillet 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vitebsk.
Mon Cousin, écrivez au général Sébastiani que le général Grouchy est arrivé hier à Babinovitchi ; qu’ainsi son flanc droit se trouve parfaitement assuré. Écrivez au général Grouchy que je reçois à l’instant sa lettre du 28, à quatre heures après midi; qu’il est nécessaire qu’il place trois postes de correspondance entre Babinovitchi et Vitebsk, qu’il fasse garder les postes et qu’enfin il prenne toutes les mesures nécessaires pour qu’on puisse communiquer rapidement ; que le duc d’Abrantès, qui est allé prendre le commandement du 8e corps, lui aura donné à son passage des nouvelles de ce qui s’est passé de ce côté-ci ; qu’il paraît que l’ennemi s’est retiré, partie sur Souraje et partie sur Smolensk; qu’il est probable que Bagration se portera sur Smolensk pour faire sa jonction; qu’il serait nécessaire que nous eussions un pont avec une tête de pont à Orcha; que notre quartier impérial est à Vitebsk; que le général Sébastiani marche sur la route de Roudnia (qu’ainsi ils se seront mis en communication); que le roi de Naples se porte avec sa cavalerie entre la Kasplia et le Borysthène; que le vice-roi est à Souraje; le duc d’Elchingen à Liozno, le duc de Reggio à Polotsk, et les Bavarois à Biéchenkovitchi ; qu’il transmette ces renseignements au prince d’Eckmühl ; que la correspondance doit actuellement devenir très-rapide entre Mohilef et Vitebsk; qu’il faut organiser les postes de manière que le trajet puisse se faire en quinze ou dix-huit heures ; que nous attendons des nouvelles du prince d’Eckmühl qui fassent connaître l’état de situation de ses troupes, de celles du prince Poniatowski, du 8e corps, du 4e corps de cavalerie et des troupes du général Grouchy.
- S. On reçoit à l’instant des lettres du prince d’Eckmühl du 28 juillet, à neuf heures du matin, qui annoncent que l’ennemi a paru à Chklov, et qu’il y marche.
Vitebsk, 29 juillet 1812
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vitebsk.
Mon Cousin, écrivez au prince d’Eckmühl pour lui faire connaître que le roi de Naples, qui a aujourd’hui son quartier général à Yanovitchi, se porte en avant pour occuper tout le pays entre la Kasplia et le Dniepr; que le général Sébastiani a son quartier général à Roudnia; que le duc d’Elchingen marche sur Liozno, que le vice-roi est à Souraje; que nous n’avons pas de ses nouvelles depuis plusieurs jours; que la principale intention de l’Empereur, si l’ennemi ne l’oblige pas à des dispositions contraires, est de donner sept à huit jours de repos à l’armée, afin d’organiser les magasins; qu’il paraitrait que la position qu’il devait occuper serait Orcha, en faisant garder Mohilef par un des corps qui sont sous ses ordres; que, par cette disposition, il n’y aurait d’Orcha au quartier impérial que quatre marches, et du Dniepr à la Kasplia, c’est-à-dire de la ligne de la Berezina, que trois marches; qu’il serait nécessaire qu’il eût un bon pont avec une bonne tête de pont à Orcha sur le Dniepr; que l’armée aurait donc ainsi tous les avantages possibles, puisqu’elle aurait un pont sur la Dvina et un sur le Dniepr, et qu’elle serait très-concentrée; que l’ennemi a perdu 7 à 8,000 hommes dans les combats de ces trois jours-ci, et qu’il bat en retraite avec une grande précipitation par tous les chemins. Envoyez cette lettre au prince d’Eckmühl par un de vos’ officiers, qui soit sûr d’arriver.
Écrivez au général Grouchy pour l’informer de ces nouvelles, et qu’on n’a pas des siennes depuis le 26, ce qui parait fort extraordinaire.
Vitebsk, 29 juillet 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vitebsk.
Mon Cousin, faites connaître au duc d’Elchingen qu’après avoir poursuivi l’ennemi jusqu’à Yanovitchi, je suis revenu à Vitebsk ; que je désire qu’il prenne position à Liozno, mais qu’il y marche à très-petites journées, afin que sa troupe ait le temps de se rallier et que toute son artillerie puisse le rejoindre; que le général Sébastiani le couvrira ; que le roi de Naples est à Yanovitchi ; qu’il va se porter entre la Kasplia et le Dniepr; que le vice-roi est à Souraje, occupant les deux rives de la Dvina; que je désire qu’il fasse construire entre Roudnia et Vitebsk deux manutentions de six fours chacune, et qu’il réunisse de tous côtés, par voie légale de réquisition, en s’adressant aux autorités du district du gouvernement de Mohilef, où se trouvent Liozno et Roudnia, de quoi nourrir son corps d’armée régulièrement et avoir une réserve de biscuit et de pain biscuité pour vingt jours;
que la situation de la cavalerie, de l’infanterie et de l’artillerie est telle, que je suis résolu, si l’ennemi ne me force pas à prendre de disposition contraire, à rester sept à huit jours dans des quartiers de rafraîchissement pour reposer l’armée; qu’il fasse donc placer ses trois divisions dans de bonnes localités, toutes prises dans le gouvernement de Mohilef; qu’il fasse faire à ses troupes de bonnes baraques où elles puissent être à l’abri de la ploie, et qu’on commence les distributions et les approvisionnements réguliers.
Écrivez au général Sébastiani que j’ai reçu son rapport; qu’il va être renforcé des deux brigades de cavalerie légère du duc d’Elchingen, auquel il doit rendre compte de tout ce qu’il y aura de nouveau ; que le duc d’Elchingen pousse sur Roudnia ; que le roi de Naples, qui a aujourd’hui son quartier général à Yanovitchi, va occuper tout le pays entre la Kasplia et le Dniepr; que je désire qu’il place des postes de correspondance de manière à me donner deux fois par jour des nouvelles ; que du reste il doit maintenir une sévère discipline et ne pas trop fatiguer sa troupe; qu’indépendamment des comptes directs qu’il enverra ici il doit rendre compte au roi de Naples.
Vitebsk, 30 juillet 1812, cinq heures du matin.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vitebsk.
Mon Cousin, écrivez au duc de Reggio pour lui recommander de nouveau la destruction du camp retranché de Drissa; qu’il serait bien malheureux si, par des circonstances, quelconques, un corps ennemi revenait à Drissa, qu’il pût encore profiter de ses ouvrages; que le rasement de ce camp retranché est donc de la plus grande urgence; qu’il est important qu’il se mette en communication avec le duc de Tarente, qui doit avoir passé sur la rive droite près de Dinabourg.
Vitebsk, 30 juillet 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vitebsk.
Mon Cousin, écrivez à Minsk au général Bonikowsky pour qu’il vous fasse connaître quelles sont les divisions que Bagration a renvoyées sur les derrières et celles qu’il a, et pour qu’il indique bien leur numéro.
Renvoyez au vice-roi les reçus des deux officiers italiens, en lui faisant comprendre que cette marche est mauvaise et désorganise tout.
Écrivez au prince Schwarzenberg pour qu’il accélère son mouvement sur Minsk. Faites-lui connaître que le prince Poniatowski est à Mohilef, que le prince d’Eckmühl est à Orcha, que le quartier général est à Vitebsk, le roi de Naples à Roudnia, le vice-roi à Souraje, le duc d’Elchingen à Liozno, le duc de Reggio en marche sur Nevel; que la réunion de Bagration avec la grande armée se fera sur Smolensk; qu’on aurait pu l’empêcher, puisqu’elle ne pourra avoir lieu que dans cinq ou six jours, mais que la chaleur est si forte et l’armée si fatiguée, que l’Empereur a jugé devoir lui donner quelques jours de repos.
Donnez l’ordre au prince Schwarzenberg de faire occuper Minsk par 12 ou 1500 hommes d’infanterie, 4e cavalerie et d’artillerie, Lapitchi et le pont de Svislotch pour observer Bobrouisk. Mandez-lui que je désirerais qu’il fit connaître le nombre des divisions d’infanterie de Bagration; en a-t-il quatre ou six ? Que nous sommes incertains là-dessus, ainsi que sur le nombre des divisions de cavalerie.
Vitebsk, 30 juillet 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vitebsk.
Mon Cousin, écrivez au général Grouchy que j’ai reçu sa lettre ; que j’espère qu’il n’aura pas évacué Babinovitchi, puisqu’il aura reçu mes lettres d’hier, où je lui faisais connaître que le général Sébastiani marchait sur Roudnia, et lui recommandais de couvrir le pays de la rive droite du Borysthène. Mandez-lui que le roi de Naples couche ce soir à Kolychki, et qu’il sera probablement demain à Roudnia ; que le duc d’Elchingen est à Liozno. Dites que j’envoie la division Gudin à Pavlovitchi ; qu’elle part à minuit et qu’elle y sera de bonne heure et fournira des bataillons d’infanterie légère pour bien assurer la position de Babinovitchi. Il est également convenable qu’il fasse occuper Lioubavitchi.
Vitebsk, 30 juillet 1812, huit heures du soir.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vitebsk.
Mon Cousin, expédiez le Polonais que le prince d’Eckmühl a envoyé ici. Faites-lui connaître que l’ennemi se retire sur deux colonnes, l’une, composée de deux corps et de la garde impériale, par Liozno et Roudnia; l’autre, par Vanovitchi et Porietche; que le général Sébastiani sera aujourd’hui à Roudnia; que le duc d’Elchingen est à Liozno; que le général Nansouty doit être ce soir à Porietche; que le vice-roi est à Souraje; que le roi de Naples couche aujourd’hui à Kolychki et se rend à Roudnia ; que le général Grouchy a abandonné Babinovitchi, mais que je lui ai ordonné de s’y rendre demain, et que je le fais appuyer par la division Gudin. Mander-lui que mon intention est de donner sept à huit jours de repos à l’armée, qui est très-fatiguée ; que j’ai préféré cet avantage à celui d’arriver à Smolensk avant Bagration. Faites-lui connaître que le prince de Schwarzenberg arrivera à Minsk du 1er au 2 août; que je désire avoir une tête de pont à Orcha, et qu’il ait une avant-garde entre Orcha et Tovkvatchi, désirant conserver la rive de la petite Berezina. Il faudra établir un pont sur le Dniepr avec une télé de pont ; par ce moyen, cette avant-garde aura une ligne d’opération sur Orcha par la rive droite et même sur Lioubavitchi et Vitebsk, et tiendra en respect la route de Smolensk sur la rive gauche du Dniepr. Faites-lui connaître que le général Grouchy reste sous ses ordres; qu’il peut lui donner l’ordre de se porter à Lioubavitchi, ou même le placer pour former cette avant-garde; que je désire que des magasins soient formés à Babinovitchi ; afin qu’on puisse vivre sans désoler le pays. Dites-lui qu’il est nécessaire qu’il fasse venir le 4e corps de cavalerie, que commande le général Latour-Maubourg, le plus promptement possible sur Orcha; qu’il aura le commandement du 5e corps et du 8e, ainsi que celui du 4e de cavalerie. Recommandez-lui d’éviter toutes les échauffourées de cavalerie en garnissant tous les postes du Dniepr, de Mohilef à Orcha, avec des détachements d’infanterie qui soutiennent la cavalerie. Faites-lui connaître que le prince Poniatowski doit établir des ponts et une tête de pont à Mohilef, pour faire des incursions à 12 ou 15 lieues dans le pays afin de remplir ses magasins; qu’il faut que la communication d’Orcha à Vitebsk soit très rapide, en faisant rétablir tous les relais de poste, de manière qu’on puisse communiquer en quatorze ou quinze heures; également pour la route de Mohilef. Dites-lui que je désire connaître positivement le nombre des divisions qu’a Bagration; est-ce quatre ou six ? Vous enverrez un duplicata de cette lettre au général Grouchy, qui le fera passer au prince d’Eckmühl, et envoyez-lui le primata par le Polonais qui est arrivé d’Orcha.
Vitebsk, 31 juillet 1812.
À M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Vilna.
Monsieur le Duc de Bassano, je vois avec peine que les 3,000 malades qui sont à Vilna sont dans le dénuement et manquent même de paille, et que les magasins sont sans aucune espèce d’approvisionnement. Voyez à prendre des mesures pour améliorer cet état de choses.
Vous aurez reçu une lettre du prince Schwarzenberg du 29, qui vous aura appris que le général Reynier a rencontré L’ennemi le 26, du côté de Kobrine : c’est ce mouvement qui a dégagé le duché. Il reste à connaître la force et la nature des troupes que les Russes ont contre lui. Il serait nécessaire que la garnison de Zamość, qui est d’un beau régiment, auquel on joindrait 2 à 300 chevaux et six pièces de canon , entrât en Volhynie et rôdât en colonne mobile sur la frontière. Écrivez en conséquence.
Vous ferez connaître à l’archevêque de Matines que je ne suis pas satisfait de ce qu’il a écrit au prince Schwarzenberg sur les opérations militaires; qu’il y avait un moyen plus simple et qui était naturel, celui d’en référer au commandant militaire, le général Dutaillis, qui est autorisé à de pareilles mesures ; mais qu’il est contre la dignité d’un ambassadeur de demander des secours de celle manière; que la lettre du général Dutaillis aurait eu plus de poids, et que celle que ce général aurait écrite au commandant de Lemberg aurait eu également plus d’influence et n’aurait pas eu d’inconvénient; qu’il ne connaît pas assez les bornes de sa place.
Je vous envoie deux extraits de journaux russes. Faites-les mettre dans les journaux de Paris.
Vitebsk, 31 juillet 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vitebsk.
L’état-major de l’aile droite est dissous. (Ces dispositions étaient motivées par le départ du roi de Westphalie, qui, à la suite de discussions très-vives avec le prince d’Eckmühl, s’était démis du commandement de l’aile droite de la Grande Armée, composée des 5e, 7e et 8e corps d’infanterie et du 4e corps de cavalerie.)
Le général comte Marchand, chef de l’état-major de l’aile droite, prendra le commandement de la 25a division d’infanterie jusqu’à la guérison du prince royal de Wurtemberg.
Les 5e et 8e corps d’armée prendront jusqu’à nouvel ordre les ordres du maréchal prince d’Eckmühl.
Le 4e corps de cavalerie fera partie de la grande réserve de cavalerie, mais sera, selon les circonstances, sous les ordres des maréchaux commandant les différents corps d’armée.
Vitebsk, 31 juillet 1812, onze heures du matin.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant le 1er corps de la Grande Armée, à Orcha.
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 30 à trois heures après midi ; il est dix heures : ainsi l’officier a mis dix-huit heures en route. Le mouvement que vous faites est entièrement dans mes intentions. La continuation de ce mouvement jusqu’à l’embouchure de la Berezina dans le Dniepr est encore dans mon système. J’approuve que sur la route de Liady à Lioubavitchi vous fassiez construire un pont sur le Dniepr avec une bonne tête de pont, afin que vous puissiez manœuvrer sur l’une et l’autre rive. Le générai Montbrun est à Roudnia avec tout son corps de cavalerie. Le roi de Naples doit y avoir son quartier général. Le duc d’Elchingen est à Liozno. J’ai donné ordre au général Grouchy, qui avait évacué Babinovitchi, d’y reprendre sa position, de recevoir vos ordres et de couvrir la rive droite du Dniepr. Envoyez-lui ordre qu’il vienne vous rejoindre, afin que vous soyez en force sur la Berezina. J’ai envoyé le général Gudin à Pavlovitchi, et je l’ai autorisé à fournir des troupes légères pour éclairer la cavalerie du général Grouchy. Lorsque ce dernier vous aura rejoint, renvoyez ces détachements d’infanterie à leur division, afin que tout reste entier.
Les divisions Morand et Friant sont près de Vitebsk ; elles sont en bon état, mais ce repos ne peut que leur être utile.
Le vice-roi est à Souraje. Le général Nansouty marche sur Porietche; je suppose qu’il y sera arrivé hier. Cependant l’ennemi paraissait y être encore en force. J’ai envoyé le duc d’Abrantès pour commander le 8e corps. La garde, que le roi de Westphalie avait retirée, doit être en route pour rejoindre ce corps. Je désire donner quelques jours de repos à l’armée. Réitérez les ordres pour que Latour-Maubourg vous rejoigne. Vous avez sous votre commandement le corps du général Grouchy, celui du général Latour-Maubourg, celui du prince Poniatowski, le 8e corps et ce que vous avez du vôtre. Le prince Poniatowski a une mauvaise correspondance; il se lamente toujours, au lieu de parler positivement. Un état de situation bien fait parle tout seul et se fait pas de tort au général ; qu’il envoie on bon état de situation. Voilà qu’il séjourne à Mohilef ; je suppose qu’il se sera informé, et qu’il se sera fart fournir par des réquisitions ce qui peut lui manquer.
Envoyez-moi l’état de situation du corps de Grouchy, du 8e corps, du 5e corps, du corps de Latour-Maubourg et des divisions que vous avez avec vous. Je suppose que le 33e régiment d’infanterie légère doit se réorganiser, il serait assez important de faire qu’il vous rejoigne. Un jour d’affaire cela se battra et occupera son poste dans un bois, en tirailleurs. Ralliez vos corps, faites en sorte que vous ayez toutes vos compagnies de grenadiers et de voltigeurs, et envoyez-moi la situation de tout, a6n que je puisse décider le parti à prendre, qui ne peut être-que le résultat d’une connaissance parfaite des choses. Gardez votre parc d’artillerie que j’avais rappelé, parce que je croyais à une grande bataille à Vitebsk. Surtout taches d’avoir des distributions régulières. Il faut que votre correspondance s’établisse par Babinovitchi, pour qu’elle soit rapide. La division Gudin protège la poste de Pavlovitchi; mettez de l’infanterie aux postes de Babinovitchi et d’Oriékhi, afin que les postes de celle route soient tout à fait à l’abri des Cosaques.
Envoyez-moi donc des états de situation ; envoyez-les-moi partiellement, sans attendre que tous vous soient parvenus. Faites-moi connaître aussi le numéro des divisions que vous croyez à Bagration; il n’a pas la 23e, qui était ici. A-t-il trois, quatre ou six divisions ? On prétend que le général Latour-Maubourg a eu un succès assez considérable sur l’arrière-garde ennemie.