Correspondance de Napoléon – Juillet 1812

Vilna, 9 juillet 1812.

 

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vilna.

Mon Cousin, écrivez au duc de Tarente que, comme nous avons perdu beaucoup de chevaux (l’artillerie par le défaut d’avoine, j’ai envoyé le prince Giedroye en Samogitie pour y acheter 2,000 chevaux, et qu’il doit le favoriser autant qu’il lui sera possible.

 

 

Vilna, 9 juillet 1812

 

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vilna.

Mon Cousin, regardez comme non avenue la dernière lettre (Cette lettre n’a pas été retrouvée) que je vous ai écrite pour le duc de Tarente, et substituez-y la lettre suivante.

Le duc de Reggio a reçu ordre de se diriger sur Soloki ; le duc d’Elchingen sur Kozatchizna. Le roi de Naples est à Vidzy. L’ennemi parait se concentrer à Dinabourg. Le prince d’Eckmühl est arrivé à Minsk. L’hetman Platof, avec ses Cosaques, et le corps de Bagration qui voulaient se porter sur cette ville en ont été coupés. Ils se diri­gent sur Bobrouisk. Le roi de Westphalie les poursuit, et était hier à Mir. Le vice-roi se dirige sur le haut de la Dvina. La Garde et le quartier général doivent partir d’ici dans peu de jours. L’Empereur est dans l’intention de marcher sur Moscou et Saint-Pétersbourg, et par là obliger l’armée qui est à Dinabourg de remonter et affranchir toute la Courlande et la Livonie. La garnison de Riga, commandée par le général Essen, dont le corps d’armée a été disloqué, est com­posée de trente 3e bataillons, chacun de 2 à 300 hommes, tous recrues de cette année et qui ne méritent aucune considération. Il est probable qu’aussitôt que la place sera menacée il s’y portera une division de Dinabourg; car, d’après les renseignements que nous avons, la composition actuelle de la garnison n’est pas propre à la défendre. L’Empereur ne peut point vous donner d’ordres positifs, mais seulement des instructions générales, parce que l’éloignement est déjà considérable et qu’il va le devenir encore davantage. Portez-vous sur Jacobstadt et Friedrichstadt et menacez d’y passer la Dvina. Ce mouvement aura l’avantage d’obliger l’armée russe qui est à Dina­bourg à faire un détachement sur la rive droite pour couvrir ces deux points de passage. Vous m’enverrez tous les renseignements que vous pourrez avoir sur la rivière. Vous dissiperez le rassemblement de Baousk, et vous enverrez, si vous le jugez convenable, une colonne pour occuper Mitau. Dès que vous aurez appris que l’ennemi a évacué Dinabourg, en laissant ou en ne laissant pas de garnison dans la place, et que dès lors les mouvements s’éloignent de la Dvina, vous passerez cette rivière à un des deux points de Jacobstadt ou de Frie­drichstadt, ou à tout autre point que vous trouverez plus convenable, et vous procéderez au blocus de Riga sur l’une et l’autre rive. Sa Ma­jesté ordonne que l’équipage de siège que commande le général d’Arancey, et qui est à Königsberg, soit à vos ordres; il est organisé en tout ce qui est nécessaire pour le siège de Riga ; le personnel et le matériel, tout s’y trouve. Aussitôt que vous jugerez que l’armée ennemie est éloignée, vous ordonnerez le départ de cet équipage pour le faire venir sur Tilsit, et vous procéderez à la réunion de vos troupes, de manière qu’en douze ou quinze jours de temps cet équi­page puisse arriver devant Riga, pour que vous puissiez commencer le siège et prendre la ville. Le général d’Arancey reçoit l’ordre d’envoyer un officier auprès de vous pour prendre vos ordres. Vous aurez soin de ménager la Courlande. Vous laisserez exister les États. Établissez-y un gouverneur général. Il est difficile et inutile de prévoir la position que prendra l’armée qui vous protégera; tout porte à espé­rer que l’armée de Dinabourg et Bagration ne peuvent plus se réunir jusqu’à ce que la Dvina soit passée. L’armée qui est à Dinabourg se trouve placée entre vous et le duc de Reggio ; mais aussitôt que la Dvina sera passée, vous communiquerez immédiatement, et ainsi vous pourrez avoir promptement des nouvelles de ce qui se passe. L’Empereur vous laisse le maître de faire pour Memel ce qui vous paraîtra convenable; il faut que vous ayez des colonnes qui occupent Polanghen et Libau et surveillent la côte.

En résumé, le premier but de votre corps est de protéger le Niémen, afin que la navigation n’en puisse être inquiétée d’aucune manière; son deuxième but est de contenir la garnison de Riga; le troisième, de menacer de passer la Dvina entre Riga et Dinabourg pour inquiéter l’ennemi; le quatrième, d’occuper la Courlande et de conserver le pays intact, puisqu’il s’y trouve tant de ressources pour l’armée; enfin, aussitôt que le moment en sera venu, de passer la Dvina, de bloquer Riga, de faire venir l’équipage de siège et de com­mencer le siège de cette place, qu’il est important d’avoir pour assu­rer nos quartiers d’hiver et nous donner un point d’appui sur cette grande rivière.

Je vous envoie un chiffre, afin que vous puissiez correspondre souvent, et même par les gens du pays, sans danger.

Il est probable que l’Empereur passera la Dvina du 18 au 22. Réglez-vous là-dessus. Tout ce qui appartient à la Samogitie, faisant partie du gouvernement de Vilna, va se trouver gouverné par le gou­vernement ; et pour la Courlande, je donne ordre à l’intendant général de vous envoyer deux auditeurs, dont vous pourrez vous servir pour surveiller les différents intérêts de l’Empereur.

 

Vilna, 9 juillet 1812.

À Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant les 4e et 6e corps de la Grande Armée, à Boly-Soletchniki

Mon Fils, je reçois votre lettre du 8 à dix heures du soir. La posi­tion de votre cavalerie légère me parait bonne; mais je crois déjà le prince d’Eckmühl à Minsk. La cavalerie légère du roi de Westphalie est à Novogroudok. L’ennemi était sur Mir, il paraît qu’il fait sa retraite sur Bobrouisk. Cela étant, mon projet est que vous arriviez sur Polotsk ou Vitebsk le plus tôt possible, et d’occuper toute la Livonie par une seule marche, en menaçant également Saint-Péters­bourg et Moscou. Vous avez dû faire faire des fours à Vileïka; s’ils ne sont pas commencés, je préfère que vous les fassiez faire à Dokchitsy, qui est l’embranchement des routes de Dinabourg, Disna, Polotsk et Vitebsk. Dirigez-y donc votre corps d’armée, et même le général Saint-Cyr, dans ce sens d’arriver le plus tôt possible à Dokchitsy, et d’où je vous dirigerai, selon les circonstances, sur Polotsk ou Vitebsk. Le pays de Dokchitsy et surtout celui de Gloubokoïé sont très-beaux; trente châteaux existent aux environs. Les Russes avaient un gros magasin à Dounilovitchi. En envoyant des constructeurs de fours, un commissaire des guerres intelligent, des marins, sous la protection de la cavalerie légère et de quelques compagnies de volti­geurs , vous trouverez de grands moyens, si vous envoyez surtout le général Charpentier et des Polonais qui fassent bien comprendre l’importance d’observer une sévère discipline pour que le soldat ait des vivres, de la farine, de l’eau-de-vie, etc. Le village de Loujki est très-beau; il y a quelques couvents dans tout ce pays. Portez vos ouvriers, vos sapeurs, vos marins, vos outils en tête, afin que cela arrive avec votre cavalerie légère, et qu’ils puissent profiter des deux jours d’avance qu’ils auront sur votre corps d’armée pour préparer tout ce qui sera nécessaire, radeaux, chevalets, etc. La Dvina n’est pas profonde, et des chevalets suffiront pour faire les ponts. Je ne sais pas où est le général Saint-Cyr; je vous laisse le maître de le diriger de manière qu’il arrive promptement à Dokchitsy. Il y a plu­sieurs chemins ; faites-lui prendre le plus commode, et qu’il ne perde pas de temps.

 

Vilna, 9 juillet 1812.

Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant le 1er corps de la Grande Armée, à Minsk

Mon Cousin, je vous suppose aujourd’hui à Minsk. Le roi de Westphalie sera, je pense, bientôt à Mir, et le prince de Schwarzenberg à Nesvije. Je suppose que Bagration et l’hetman Platof se dirigent sur Bobrouisk. Je ne crois pas qu’ils pensent à passer le Dniepr; ils tacheront de gagner des marches et d’arriver à Orcha et Vitebsk avant nous. Je pense donc qu’avec les divisions Compans et Dessaix, la division Claparède, vos deux brigades de cavalerie légère, la brigade Colbert, puisque vous l’avez, la division Valence, les deux divisions de Grouchy et votre quartier général, c’est-à-dire vos sapeurs, pontonniers, etc., vous devez vous diriger sur Borisof et Orcha. Le roi de Westphalie continuera à poursuivre l’épée dans les reins le corps de Bagration, et, s’il est nécessaire, une de ses divisions pourra même passer par Minsk, afin de se tenir en communication avec vous. Le vice-roi se portera sur Dokchitsy, d’où il se dirigera sur Polotsk et Vitebsk; moi-même je me porterai sur Dokchitsy et Vilebsk, ou devant Dinabourg, selon les circonstances. Il est probable que je me porterai avec ma Garde, le 4e et le 6e corps, d’abord sur Dokchitsy, ensuite sur Vitebsk, menaçant ainsi Saint-Pétersbourg et Moscou, vous ayant sur ma droite, et vous, ayant à votre droite le roi de Westphalie et Schwarzenberg. Le roi de Naples resterait alors devant Dinabourg; mais, en supposant que le résultat de ces manœuvres soit de jeter Bagration au-delà du Dniepr, et l’ennemi voyant que je dirige 100,000 hommes sur Smolensk, et autant à mi-chemin de Saint-Pétersbourg, il sera obligé lui-même d’opérer sa retraite pour couvrir Saint-Pétersbourg. Le roi de Naples, qui pourra passer à Drouya, avec le 2e et le 3e corps et vos trois divisions, le suivra constamment. Voilà le plan général des opérations. Vos forces se trouvent, par les circonstances, divisées; mais, aussitôt que la Dvina aura été passée, il sera facile de vous faire rejoindre par les trois divisions. Pendant toutes ces opérations, le duc de Tarente cernera Riga et fera le siège de cette place. Il m’est bien important de savoir le nombre de divisions que Bagration a avec lui, afin de pouvoir déterminer celles qu’il a en arrière. Nous comptions depuis longtemps que la 21e division était en Volhynie; mais il paraît, d’après les ren­seignements les plus récents, que cette division était en marche et n’a pas pu passer. C’est une division de nouvelle formation, composée d’enfants et en assez mauvais état.

 

 

Vilna, 10 juillet 1812

 

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vilna.

Il a été nommé un gouverneur à Vilna. Ce gouverneur aura sous ses ordres le régiment d’Illyrie, qui tiendra garnison à Kovno, le 129e, qui est en garnison à Vilna, le bataillon de Hesse-Darmstadt, celui de Mecklenburg-Schwerin, qui sont à Kovno et qui tiendront garnison à Vilna, une compagnie de chevau-légers saxons de 80 hom­mes, et enfin un détachement de gendarmerie; de plus, les trois bataillons de marche du 3e corps, commandes par le major Barrai, qui sont en marche de Kovno sur Vilna ; ce qui fait une force de plus de 6,000 hommes.

Il y aura à Kovno une compagnie d’artillerie pour le service de3 pièces qui ont été abandonnées là, et que cette compagnie pourra servir en cas d’événement pour éloigner les partis ennemis. Il y aura deux compagnies d’artillerie à Vilna. Quatre pièces de canon seront placées à Kovno sur la rive gauche de la Viliya, battant la tête de pont de ta Viliya; quatre sur les hauteurs qui battent la tête de pont du Niémen à Vilna, et six pièces de 12 et deux obusiers à l’arsenal pour battre la tête de pont. Aussitôt que tes redoutes seront con­struites, on mettra deux pièces de canon dans chacune.

Artillerie. Il y aura un colonel d’artillerie charge du service dans le gouvernement de Vilna. Il veillera à faire ramasser les caissons, les fusils et les munitions sur les derrières. Il aura la surveillance de l’arsenal de Kovno, où sera placé un sous-directeur, et celle de l’ar­senal et atelier de Vilna.

Génie. Le général Chambarlhiac fera les fonctions de directeur du génie du cercle de Vilna. Il y aura un sous-directeur à Kovno. Une compagnie de sapeurs sera laissée à Kovno pour les travaux que j’ai ordonnés. Il sera laissé deux compagnies à Vilna pour le même objet.

Administration. Il y aura un ordonnateur pour le gouvernement de Vilna. Il y aura un commissaire des guerres à Kovno. Il y aura des garde-magasins à Kovno et à Vilna et des employés des vivres qui seront chargés du service dans l’étendue du gouvernement dans les lieux d’étape, de la composition des magasins, de l’organisation des hôpitaux, etc.

Le gouvernement de Vilna sera considéré comme une division militaire et traité de même.

Les services de l’artillerie, du génie, des administrations, de police, se centraliseront, de sorte que le commandant militaire, le commandant du génie, le commandant de l’artillerie, l’ordonnateur, l’inspecteur du service des vivres, des hôpitaux, forment un tout qui pourvoira à tous les services.

Un officier français, avec un détachement de gendarmerie, résidera à Vilna et sera sous les ordres du gouverneur. On réunira le plus de gendarmerie que l’on pourra, française et de celle instituée par le pays. Cet officier se portera avec la force convenable sur tous les points où sa présence sera utile, toujours par les ordres du gouverneur.

Police des districts. Il y a onze districts dans le gouvernement de Vilna. J’y ai nommé onze sous-préfets, onze commandants. Il y aura onze commandants militaires; ces onze commandants seront pris dans la garnison ; on en détachera à cet effet six compagnies. On me mettra sous les yeux une carte et la distribution de ces six compa­gnies. Il y aura un capitaine commandant dans un district avec la moitié de la compagnie; un lieutenant sera placé dans l’autre district avec l’autre moitié ou le tiers de la compagnie.

Les fonctions de ces commandants seront de faire arrêter par les forces qu’ils auront dans la main et celles que leur offriront les habi­tants tous les traînards, de conférer avec les nobles et les proprié­taires pour faire rentrer les habitants, protéger la moisson et établir la meilleure police partout, de faire enterrer les cadavres des chevaux et autres sur les routes principales, de faire réparer les ponts, enfin d’organiser les magasins nécessaires pour le passage des troupes, de mettre des plantons aux postes pour assurer les communications de l’armée, la marche des courriers. Ces commandants correspondront avec le gouverneur, lui enverront des états de situation et feront tout ce qui est relatif à la bonne police du gouvernement.

Dans l’instruction qui me sera présentée, on fera connaître la por­tion de route sur laquelle s’étendra le commandement de chaque officier. Ces officiers seront français; cependant, à leur défaut, on pourra prendre des officiers des troupes de la Confédération.

Le gouverneur de Vilna aura toujours trois colonnes mobiles, chacune composée de 100 hommes d’infanterie, de quelques habi­tants du pays qui seront commandés par des officiers d’état-major ou de la garnison-, choisis parmi les plus intelligents et les plus fermes. Le gouverneur les enverra sur les lieux de passage de Farinée, des grands convois, enfin où besoin sera pour le maintien de Tordre et de la sûreté publique.

La même mesure sera prise pour le gouvernement de Minsk, qui a dix districts. Le prince d’Eckmühl pourvoira à ce qu’il y ait une garnison de 2,000 hommes alliés.

Même mesure sera prise pour le gouvernement de Bialystok, qui a neuf districts, et pour Grodno, qui a quatre districts.

Le roi de Westphalie laissera à Grodno un bataillon polonais.

Le général Reynier laissera un bataillon saxon dans le gouverne­ment de Bialystok.

La valeur d’un escadron de cavalerie, des officiers du génie, de l’artillerie, des administrateurs, etc., seront laissés dans les gouver­nements, selon les ordres donnés ci-dessus.

Pour l’artillerie et le génie, les gouvernements de Bialystok et de Grodno seront considérés comme un seul gouvernement.

L’état-major me présentera dans la journée une carte sur laquelle seront tracées les divisions des différents gouvernements ou comman­dements; l’organisation des deux districts, où il doit y avoir dans l’un un capitaine et dans l’autre un lieutenant; la portion des routes que chaque officier aura à surveiller; l’emplacement des postes, etc.

Quatre commissions prévôtales seront établies dans chaque gou­vernement avec le droit de condamner à mort.

 

 

Vilna, 10 juillet 1812

 

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vilna

Mon Cousin, faites connaître au général Saint-Cyr qu’il faut qu’il se mette en marche le plus tôt possible pour se porter, avec son infanterie, sa cavalerie et son artillerie, sur Dounilovitchi, en pas­sant par Vilna, Lovarichki et Mikhalichki. Instruisez le vice-roi de cet ordre que vous donnez au général Saint-Cyr, qui doit vous faire connaître le jour de son arrivée à Vilna. De Vilna à Gloubokoïé il n’y a que six jours de marche.

 

Vilna, 10 juillet 1812

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vila.

Mon Cousin, faites connaître au vice-roi que vous avez mis sous mes yeux sa lettre du 9 juillet à trois heures après midi ; que je suis surpris qu’il n’ait pas su alors que l’ennemi était tout à fait en re­traite et le prince d’Eckmühl à Minsk; qu’il est nécessaire qu’il se mette en marche pour gagner la Dvina, en se dirigeant par Dokchitsy et Gloubokoïé, et qu’il envoie en avant, en toute diligence, ses con­structeurs , ses troupes du génie et ses marins ; qu’il n’y a plus actuel­lement autre chose à faire que de gagner la Dvina avant que Bagration y soit arrivé; que tout porte a penser que Bagration s’est dirigé sur Bobrouisk.

 

Vilna, 10 juillet 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vilna.

Mon Cousin, faites partir une brigade de gendarmerie pour se rendre à Voronovo. Ils arrêteront les pillards du 33e, qui commettent des dégâts horribles dans ce pays. Ils prennent cette route sous prétexte de trouver le 1er corps, qui est à Minsk. Tous ceux qui auront commis des délits seront arrêtés; les autres seront escortés jusqu’à Minsk.

Écrivez au vice-roi, qui est à Soubotniki, de laisser une patrouille et quelques officiers pour empêcher aucun homme du prince d’Eckmühl de passer Soletchniki ; que, sous prétexte d’aller chercher le ler corps qui est à Minsk, ces hommes se portent sur Lida, pour y piller cette vallée, qui est superbe; qu’il faudrait qu’il plaçât des , piquets sur les différentes routes de Vilna à Lida, et qu’on ne laissât passer aucun homme, soit d’infanterie, soit de cavalerie, du prince d’Eckmühl. Recommandez au vice-roi de créer une commission mili­taire et de ramasser tous ces Irai ne ors.

Il est également très-nécessaire qu’il place des postes au débouché des routes, afin que ce qui appartient aux divisions Dessaix, Grouchy et Compans, au lieu de se diriger sur Soletchniki, se dirige sur Ochmiana pour se rendre à Minsk.

Mandez au prince d’Eckmühl d’organiser ta route de Minsk à Ochmiana. Je suppose que vous lui avez envoyé l’organisation du gouvernement de Minsk, comme je vous ai ordonné hier l’organisa­tion du gouvernement de Vilna.

 

Vilna, 10 juillet 1812

Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant le 1er corps de la Grande Armée, à Minsk.

Mon Cousin, le roi de Westphalie était hier à Novogroudok; je crois qu’il sera aujourd’hui 10 à Mir. Je vous envoie une note que m’a remise un agent. Il paraît que l’ennemi a une tête de pont à Borisof. Il sera donc nécessaire que vous manœuvriez pour la tourner. Vous ne sauriez être maitre trop tôt de Borisof. Il serait possible que Bagration se portât derrière la Berezina. Le mouvement du vice-roi sur Dokchitsy tournera cette position.

 

Vilna, 11 juillet 1812, huit heures du matin.

Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant le 1er corps de la Grande Armée, à Minsk.

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 9. J’attache beaucoup d’im­portance et j’éprouverai de la satisfaction à vous savoir maitre de Borisof. Vous verrez sur les lieux s’il serait convenable de détruire la tête de pont, ou de laisser cet ouvrage et de le compléter par un autre de l’autre côté. J’espère que vous trouverez des ressources et des magasins à Borisof. Je pense que vous avez bien les yeux sur Bagration. Je préfère que vous vous dirigiez sur Kokhanovo. Vous pouvez y être en cinq à six jours, et vous serez là à portée de vous diriger sur Mohilef, Vitebsk ou Orcha. Aussitôt que je vous saurai à Borisof, mon intention est de porter mon quartier général à Gloubokoïé. J’ai donné ordre au vice-roi de se porter à Dokchitsy. Je compte que le roi de Westphalie est aujourd’hui à Nesvije. Faites-moi connaître si vous croyez qu’il y ait une route de Nesvije à Igoumen; car j’aimerais assez diriger le roi de Westphalie droit sur Mohilef, en faisant venir le prince Schwarzenberg à Nesvije. Il me paraît assez évident que Bagration doit chercher d’abord à remonter la rive gauche de la Berezina; que, lorsqu’il saura que vous êtes maitre de Borisof et que ce n’est plus possible, il cherchera à remon­ter la rive droite du Dniepr, et qu’enfin, quand il verra que ce n’est pas davantage possible, il passera probablement le Dniepr pour tâcher d’arriver avant nous à Smolensk.

 

Vilna, 11 juillet 1812

Au maréchal Mortier, duc de Trévise, commandant la Jeune Garde, à Vilna.

Mon Cousin, vous devez avoir des vivres jusqu’au 18. Ayez donc soin que votre troupe marche en bon ordre et qu’il n’y ait aucun pil­lage. Faites partir la division Delaborde deux heures avant la division Roguet. Envoyez le général Lefebvre, mon officier d’ordonnance Chris tin, un commissaire des guerres et des constructeurs de fours en avant. Le général Lefebvre aura soin de se faire éclairer au loin. Faites prendre les devants à deux compagnies de sapeurs, et faites réparer la route. Mon officier d’ordonnance en a le croquis tracé par les ingénieurs; il y a un passage dans la forêt qui est mauvais, faites-le réparer et mettre en état. Il faut qu’à l’arrivée des constructeurs on commence à travailler aux fours; restez-y vous-même jour et nuit, et levez tous les obstacles. Vous devez avoir sous votre escorte un convoi de soixante et quinze voitures du 6e bataillon d’équipages militaires portant un millier de quintaux de farine. On dit le pays très-bon ; tâchez donc de vous procurer des ressources ; si vous main­tenez une ferme discipline, tout porte à penser que vous en aurez beaucoup et que vous trouverez des magasins de farine et d’avoine. Toute ma Garde va se rendre là, et moi-même j’y aurai mon quar­tier général. Écrivez-moi tous les jours pour me rendre compte du lieu où vous êtes, de la nature du pays que vous parcourez et des nouvelles que vous apprendrez.

Le général Nansouty a passé avant vous sur cette route; le général Lefebvre se liera avec lui. Sur votre droite le prince d’Eckmühl, qui est à Minsk, se dirige sur la Berezina.

Faites demain, à votre coucher, l’appel de la division Delaborde, de la division Roguet, du nombre de voitures d’équipages et d’artil­lerie, et de tout ce que vous avez à votre suite en munitions d’artil­lerie, bagages et objets du quartier général.

 

Vilna, 11 juillet 1812

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vilna.

Mon Cousin, répondez au roi de Westphalie que vous recevez avec étonnement sa lettre du 9 juillet à dix heures après midi ; que l’ordre du 30 est positif; qu’on s’y exprime en ces termes : « « Vous devez vous diriger sur Minsk. Le général Reynier, sans cependant perdre de vue de couvrir Varsovie, se dirigera sur Nesvije. » Ceci veut dire que le premier but du général Reynier doit être de couvrir Varsovie ; que le second, si l’ennemi retirait toutes ses troupes de la Volhynie et qu’il n’y eût plus rien à craindre pour le Grand-Duché, serait de se diriger sur Nesvije. Mais, comme tous les faits tendent à prouver que l’ennemi a laissé deux divisions dans la Volhynie, il est conve­nable que le général Reynier ne perde pas de vue son principal but, qui est de couvrir Varsovie. Arrêtez donc son mouvement à Slonime. Le prince Schwarzenberg passera devant lui pour se porter d’abord sur Nesvije, et ensuite sur la Dvina. Que le général Reynier envoie des partis sur Pinsk, et se place en échelons de manière à tomber sur les flancs de tout ce qui voudrait déboucher sur Varsovie. Dans cette position, il rétrogradera sur Varsovie si ce pays est menacé ; mais, tant que l’ennemi le saura sur les débouchés de Pinsk ayant des corps prêts à tomber sur ses flancs, et que d’ailleurs il aura à craindre notre entrée en Volhynie, il sera hors de mesure de se porter sur le territoire de Varsovie, et, s’il le faisait, ce ne serait pas impunément. Le général Reynier doit aussi renvoyer à Praga le régiment qui était destiné pour la garnison de cette place et qui en a été mal à propos ôté. La position du général Reynier sur les derrières est donc utile. Sa Majesté n’est pas surprise que vous ne compreniez pas que des instructions données à cent lieues de distance ont des buts opposés que les événements doivent éclaircir; mais ce dont elle se plaint, c’est qu’au lieu d’étudier ces instructions vous n’en teniez aucun compte. Pour couvrir le duché de Varsovie il n’est pas du tout néces­saire d’être sur le Bug, et, si cela était, le premier but du général Reynier étant de couvrir le duché , il aurait dû laisser des troupes sur le Bug, apprenant que l’ennemi avait laissé deux divisions en Volhy­nie. Mais comme vous n’étiez pas informé de ce que Bagration avait laissé en Volhynie, que vous ignoriez combien de divisions il avait avec lui, que vous ne vous êtes pas même mis à sa poursuite, et qu’il a pu faire sa retraite aussi tranquillement que s’il n’avait eu personne der­rière lui ; tout cela étant à rebours des usages de la guerre, il n’est pas extraordinaire que tout soit de même. Le général Reynier, selon ce que l’ennemi aura laissé en Volhynie, est donc le maître, soit de retourner à Brzesc, soit de rester à Slonime, en envoyant des partis sur Pinsk. Mais le principal est, jusqu’à ce que l’ennemi ait retiré ses troupes de la Volhynie, qu’il laisse un corps d’observation à portée de couvrir Varsovie et de tomber sur tout ce qui, de la Volhynie, menacerait le duché et les derrières de l’armée. Donnez ordre au général Reynier d’écrire directement an major général et d’envoyer les renseignements qu’il a. Sa Majesté juge convenable que ce soit le général Reynier qui reste en observation pour garder le Grand-Duché, et non le prince Schwarzenberg ; bien des raisons la déterminent sur cet objet. Le Roi doit faire connaître au prince Schwarzenberg que mon désir est qu’il se dirige, si Varsovie n’est pas imminemment (sic) menacée, sur Nesvije.

 

Vilna, 11 juillet 1812

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vilna.

Mon Cousin, donnez l’ordre au due de Trévise de partir demain à six heures du matin avec la division Delaborde, ayant huit pièces de canon, 600 chevaux de cavalerie légère de la Garde, chasseurs à cheval, lanciers polonais et hollandais, commandés par le général Lefebvre-Desnouettes. Il aura aussi avec lui tous les constructeurs de fours de la Garde, le parc du génie, composé d’une compagnie du train du génie, d’une compagnie de marins de la Garde, de plusieurs compagnies de mineurs et sapeurs, telles que le général Chasseloup en donnera le compte, et enfin d’une compagnie des ouvriers du Danube avec ses officiers. Il fera en sorte que tout cela se mette en route à trois heures du matin. Une heure après, il fera partir la divi­sion Roguet pour suivre son mouvement. Il se portera, par Lovarichki, Mikhalichki et Kobylnik, sur Gloubokoïé. Il aura soin que tout son monde ait des vivres à raison d’une demi ration de pain, d’une once et demie ou deux onces de riz, et d’une livre de viande, pour le 12, le 13, le 14, le 15, le 16, le 17 et le 18. Le général Lefebvre-Desnouettes gagnera deux jours avec sa cavalerie, un com­missaire des guerres, les constructeurs de fours, une compagnie de sapeurs et un officier de génie, afin de construire douze fours à Gloubokoïé. Le commissaire des guerres fera sur-le-champ des réquisitions dans tous les environs, afin de réunir de la farine, du blé, des fourrages et de la viande, et d’assurer la subsistance des troupes. Une brigade de mon service léger suivra le duc de Trévise et sera sous ses ordres, avec un détachement de ma Maison, pour établir mon quartier général à Gloubokoïé. Le général Roguet aura égale­ment avec lui huit pièces d’artillerie. Vous donnerez Tordre au duc de Danzig de faire partir demain pour Sventsiany la brigade de chas­seurs à pied commandée par le général Curial, avec la batterie de huit pièces que j’ai attachée à cette brigade. Elle aura avec elle des vivres pour le 12, le 13, le 14, le 15, le 16, le 17 et le 18. La brigade de grenadiers à pied se tiendra prête à partir également pour Sventsiany, le 13 à une heure du matin, ayant aussi des vivres pour les 13, 14, 15, 16, 17, 18 et 19. La cavalerie de la Garde com­mencera son mouvement demain, 12, pour se porter sur Sventsiany ; elle le continuera le 13. Un major de la Garde, avec 3 ou 400 che­vaux, marchera avec le duc de Danzig. Le général Sorbier aura ordre de me remettre l’état de ses convois, en me faisant connaître les lieux où ils doivent arriver chaque soir; les têtes de ces convois ne passeront point Sventsiany. Le général Éblé me remettra l’état de l’équipage de pont, en me faisant également connaître le lieu où il arrive chaque jour; il ne dépassera pas non plus Sventsiany. Le général Kirgener aura ordre de me remettre l’état du parc, et ne dé­passera pas non plus Sventsiany. On dressera un tableau en règle de tout ce mouvement, et il me sera remis. Vous donnerez des ordres pour établir, le plus promptement possible, la route de Sventsiany à Gloubokoïé, en mettant à chaque marche un détachement d’in­fanterie et un petit détachement de cavalerie, et en y assurant les postes. Le grand écuyer fera placer l’estafette sur la route de Vilna à Sventsiany, et sur celle de Sventsiany à Gloubokoïé; cependant ce   mouvement  ne sera démasqué au-delà de Sventsiany que le 14, de sorte que les relais n’arrivent à Postavy que le 15 et à Gloubokoïé que le 16. Il me sera rendu compte, jour par jour, de la marche de ces colonnes sur les deux routes de Gloubokoïé, par Sventsiany et Mikhalichki. Le petit quartier général, avec les con­vois qui sont à la suite, arrivera à Sventsiany le 13, et se reposera le 14, de manière à pouvoir être le 17 ou le 16 à Gloubokoïé, s’il en reçoit l’ordre. Il sera nommé sur-le-champ un officier d’état-major pour se rendre avec le général Lefebvre-Desnouettes à Gloubokoïé, dont il prendra le commandement. Il sera envoyé une escouade de gendarmerie pour maintenir l’ordre sur les derrières du corps du duc de Trévise. On mettra à l’ordre de ce corps qu’on doit marcher en ordre et ne point piller, et que les traîneurs seront arrêtés et fusillés.

 

Vilna, 11 juillet 1812.

À Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant les 4e et 6e corps de la Grande Armée, à Smorgoni.

Mon Fils, je n’ai pas de vos nouvelles depuis le 9. Je vous ai écrit, je vous ai fait écrire par le major général, et je vous répète une troisième fois qu’il faut vous porter en toute diligence sur Dokchitsy, avec votre infanterie, votre cavalerie et votre artillerie, et faire construire là des fours. Il n’y avait encore hier au soir qu’une de vos divisions à Ochmiana; celle-là sera le plus à portée d’arriver à Dokchitsy, et votre cavalerie légère pourra la gagner. Je vous ai mandé que vos sapeurs, vos pontonniers, vos constructeurs de fours, devaient être envoyés en toute diligence en avant. Le général Colbert a trouvé à Vileïka 2,000 quintaux de farine, 30 à 40,000 rations de biscuit et une assez grande quantité d’avoine; cela nous sera d’un merveilleux secours. Le prince d’Eckmühl vous en aura prévenu, et vous en aurez sans doute envoyé prendre possession. J’ai donné ordre au général Saint-Cyr de passer, s’il le fallait, par Vilna, pour se diriger sur Dokchitsy par Lovarichki, Mikhalichki, Kobylnik. Il me tarde de recevoir de vos nouvelles et d’avoir quelques données sur le temps où vous pourrez être arrivé. Le prince d’Eckmühl doit être actuellement maître de Borisof. Il se dirigera sur Orcha. Il est probable que je porterai mon quartier général à Gloubokoïé, et que je rallierai là toute ma Garde. J’ai éprouvé une grande joie pour vous de cette quantité de vivres trouvés à Vileïka.

 

Vilna, 12 juillet 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vilna.

Mon Cousin, faites connaître au commandant du génie qu’il est nécessaire qu’il prenne des mesures pour organiser les travaux de Kovno et de Vilna. L’ancien pont de Vilna doit être terminé avant le 20, et le nouveau pont de pilotis doit être terminé avant le 18. Aussi­tôt que ces deux ponts seront terminés, on lèvera les trois ponts de radeaux, puisqu’ils deviendront inutiles. Le pont de radeaux qu’a fait jeter le général Éblé étant très-bien fait, on le reploiera ici, afin de pouvoir le jeter sur tout autre point de la Viliya. Les grands ba­teaux employés aux ponts de radeaux seront envoyés à Kovno pour servir au transport des vivres sur Vilna. Je laisse exprès une compa­gnie du Danube et deux compagnies de sapeurs à Vilna pour cet objet. Les travaux du camp retranché ne doivent pu être ralentis. Les trois redoutes seront continuées, savoir: une sur la montagne, celle du centre et celle de la droite. Une demi-compagnie de sapeurs sera attachée à chacune de ces redoutes ; les hommes coucheront et baraqueront sur le lieu même. Le commandant de la place fera fournir 300 ouvriers tirés de la garnison, lesquels seront placés à raison de 100 à chaque redoute. Il sera fourni, outre cela, 300 travailleurs à chaque redoute, pris parmi les habitants du pays, de manière qu’il y ait 12 à 1300 hommes constamment employés aux travaux du camp retranché. Il sera nécessaire pour cela de laisser 2,000 outils; il faut aussi que les soldats et les paysans soient payés,

II sera fait vis-à-vis de l’ancien pont un tambour en palissades, qui se liera au couvent et qui enfermera la tête de pont, avec les dispositions nécessaires pour y placer deux pièces de 3, de sorte que 100 à 200 hommes soient là à l’abri d’une surprise. Les pièces de ré­giment seront placées au couvent. Il sera fait au nouveau pont un tambour en palissades ayant le même objet. Aussitôt que les trois redoutes du camp retranché seront à demi achevées, on entreprendra les trois autres. Il est nécessaire qu’avant le 20 on entreprenne la tête de pont. On fera venir de Kovno une portion de l’équipage de pont sur pilotis, afin d’activer les travaux de l’un et de l’autre des ponts et qu’ils soient à l’abri des glaces. On relèvera la chaussée aux deux ponts et des deux ponts aux redoutes, de manière que lors des pluies les chemins n’en soient pas gâtés.

La compagnie du Danube, après avoir terminé les deux ponts, sera employée à construire des blockhaus sur la redoute de la hau­teur, sur celle du centre et sur celle de la droite, qui sont les trois principales. Ces blockhaus doivent être très-épais et contenir une cinquantaine d’hommes. Aussitôt que les redoutes seront achevées, l’artillerie conduira dans chacune d’elles deux pièces de canon. Il y aura de la place pour quinze ou vingt pièces, lesquelles seront pla­cées par le corps qui sera chargé de défendre le camp retranche.

Il y aura sur la hauteur de l’arsenal sept ou huit pièces de canon en batterie, et une demi-escouade de cinq ou six canonniers qui seront chargés de faire le rapport au commandant de la place de ce qu’ils apercevront dans la plaine. La garnison fournira 100 hommes aux deux poste et 25 hommes à chaque redoute, aussitôt qu’elles seront terminées.

Expédiez cet ordre au commandant de l’artillerie en même temps qu’au commandant du génie et au commandant de Vilna.

 

Vilna, 12 juillet 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vilna.

Mon Cousin, faites connaître au général du génie que je laisse une compagnie d’ouvriers de la marine et une compagnie de sapeurs à Kovno; que la principale opération doit être de rétablir les ponts de pilotis sur le Niémen et sur la Viliya, d’établir le fort projeté sur la hauteur et la tête de pont de la Viliya, d’établir une redoute sur la hauteur de la rive gauche du Niémen pour défendre le pont, et de placer dans chacun de ces deux ouvrages deux pièces de canon. Le commandant de la place fera fournir 600 soldats pour être employés à ces travaux, et 1,200 paysans, de sorte qu’il y ait constamment environ 2,000 travailleurs. Il est donc nécessaire qu’il y ait une grande quantité d’outils et que les travaux soient poussés de manière qu’en août ils soient terminés, et que l’on travaille à la construction d’un blockhaus pour 100 hommes. Expédiez cet ordre au général de l’artillerie et au commandant de Kovno.

 

Vilna, 12 juillet 1812

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vilna.

Mon Cousin, donnez l’ordre au commandant de Vilna de ne faire faire aucune corvée aux trois bataillons de marche du 3e corps qui vont tenir garnison ici, et de s’en servir pour le service de la place. Il fera placer un de ces bataillons dans le couvent sur la rive droite de la Viliya où était la Garde. Mon intention est que la garnison soit placée dans les casernes et les couvents. Il doit y avoir des locaux préparés pour loger 10,000 hommes. Tous les hommes malingres qui arriveront seront mis aux dépôts de leur corps, et tous les hommes isolés seront réunis dans un couvent. Il est très-convenable de ne rien laisser venir à la suite de l’armée, parce que la route n’est pas organisée, et que ces hommes feraient des marches et contre­marches inutiles et qu’on ne pourrait empêcher le pillage. Tons les hommes isolés seront donc arrêtés à Vilna ; on m’en remettra l’état pour que je puisse donner les ordres pour leur départ. On leur don­nera ici la ration complète en pain et viande, la demi-ration ne pou­vant ni nourrir ni contenter le soldat. Il faut qu’on ait soin de les faire baigner, et que même après deux jours de repos on les fasse exercer et approprier. Au moment du départ de ces hommes de Vilna, on donnera 50 cartouches à chacun.

 

Vilna, 12 juillet 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vilna.

Mon Cousin, faites connaître au général Chasseloup que le général Campredon sera chargé du siège de Riga; que l’équipage de siège doit par conséquent se trouver sous ses ordres; que ce général devra suivre les instructions du duc de Tarente pour l’arrivée de l’équi­page à Tilsit et pour la formation des relais nécessaires pour le trans­port. Donnez ordre à l’équipage de siège de Danzig et à celui de l’artillerie et du génie qui est à Königsberg de partir de ces places pour Tilsit, et aux généraux d’Arancey et Campredon de prendre des mesures pour former des relais de voitures. Cet équipage restera embarqué à Tilsit jusqu’à ce que le duc de Tarente en ordonne le débarquement; ce qui ne devra avoir lieu qu’après que j’aurai passé la Dvina. Prévenez de cela le duc de Tarente, et faites-lui connaître qu’il est nécessaire d’établir des relais de cinq lieues en cinq lieues. Ces relais devront être au moins de 150 à 200 voitures, pour réunir en quinze jours les moyens de commencer le siège et pouvoir ensuite l’alimenter.

 

Vilna, 12 juillet 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vilna.

Mon Cousin, écrivez au prince Schwarzenberg que notre avant-garde est sur la Dvina; que le prince d’Eckmühl, de Minsk, marche sur Borisof et Orcha; que le vice-roi marche dans la direction de Vitebsk; que le roi de Westphalie est à Nesvije; que l’Empereur va porter son quartier général à Gloubokoïé; que, si rien ne menace Varsovie d’une manière urgente, j’ordonne qu’il se porte sur Nesvije ; qu’arrivé là il agira selon les circonstances, soit en envoyant des partis sur Pinsk, soit en en envoyant sur Bobrouisk ; qu’il vous en­verra au reste un officier pour prendre une direction ; que du 20 au 25 je passerai la Dvina.

Vous lui ferez connaître que nous avons pris des magasins à Minsk et dans d’autres endroits ; que l’ennemi paraît réuni dans son camp retranché de Drissa; que Bagration a voulu se diriger sur Vilna, puis sur Minsk, et qu’il paraît actuellement se diriger sur Bobrouisk, mais que nous serons à Orcha et à Mohilef avant lui.

 

Vilna, 13 juillet 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vilna.

Mon Cousin, écrivez au général Rapp et au général Daendels pour donner l’ordre à celui-ci de partir de Danzig avec toute la brigade de Bade, cavalerie, infanterie et artillerie, aussitôt que la tête de la divi­sion Lagrange sera proche de Danzig. Le général Daendels se dirigera par la route la plus courte sur Labiau, où il trouvera la brigade de Berg, et réunira ainsi toute sa division, forte de douze bataillons et de deux régiments de cavalerie avec une trentaine de pièces de canon. Donnez ordre au général de division Lagrange de se diriger sur Danzig, où sa division restera en garnison jusqu’à nouvel ordre. Les bataillons de Berg et de Bade qui sont à la pointe du Nehrung et à Marienburg seront remplacés par d’autres bataillons de la garnison de Danzig, de sorte que la division Daendels, forte de 8,000 hom­mes, infanterie et cavalerie, sera réunie à Labiau. Faites connaître au général Rapp qu’il peut presser le départ du général Daendels, dès qu’il pense qu’il n’y a pas d’apparence de danger, et que la tête de la division Lagrange sera à deux marches de Danzig. Recomman­dez au général Rapp d’avoir soin de nos jeunes conscrits de la divi­sion Lagrange, de faire faire le service par les quatre bataillons étrangers, et de faire camper ces jeunes gens en les faisant baraquer sur les hauteurs, afin qu’ils puissent s’exercer et être dans un meilleur air. Recommandez-lui surtout de ne point en placer à Weichselmünde et du côté du mauvais air. Vous ferez connaître celte disposition ta duc de Bellune, qui aura ainsi une division à Labiau et deux à Marienburg.

 

  1. S. Il faudra en conséquence donner l’ordre au général Lagrange de se diriger sur Danzig, au lieu de Königsberg.

 

Vilna, 12 juillet 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.

Mon Cousin, donnez ordre au général d’artillerie de faire venir 5,000 fusils à Kovno et autant à Vilna, avec des mousquetons et des sabres en proportion, pour pouvoir armer de l’infanterie française. Donnez ordre également au général d’artillerie de faire venir à Vilna les 30,900 fusils du roi de Saxe qui sont à Bromberg, les 5,000 mousquetons et les 8,000 sabres qui sont à Danzig, et les 6,000 fu­sils existant à Pillau ; ce qui fera 36,900 fusils, 5,000 mousque­tons et 8,000 sabres pour l’armement de l’insurrection. Donnez-lui ordre de faire venir sur Bromberg les 34,000 fusils de Magdeburg, les 34,000 de Wesel et les 15,000 de Küstrin, et de me faire con­naître quand ces 83,000 fusils arriveront à Bromberg, pour que je leur donne une direction.

 

Vilna, 12 juillet 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vilna.

Mon Cousin, donnez ordre au général Éblé de faire partir demain l’équipage de pont, composé de dix bateaux qui sont disponibles à Vilna, et de placer avec ces bateaux tout son personnel, hormis une compagnie de pontonniers, qui partira avec l’équipage de Pillau, quand il sera arrivé, et une autre compagnie qu’il pourra laisser pour garder le reste de son matériel. Faites-lui connaître que j’ai besoin de plusieurs équipages de pont; qu’il faut donc que tout vienne insensiblement, soit avec des chevaux, soit avec des bœufs; mais qu’il est nécessaire que dès demain tout le personnel parte, parce qu’à défaut de portons j’emploierai des radeaux et des chevalets.

 

Vilna, 12 juillet 1812

ORDRE.

1° II sera construit un pont de radeaux à Olitta, un semblable à Grodno, et un troisième à Meretch.

2° Le général Éblé, commandant les équipages de pont, chargera un officier de pontonniers de se rendre successivement dans ces trois endroits, en commençant par Olitta, pour diriger les travaux du pont, que les administrations locales feront faire par les ouvriers du pays.

3° Le major général est chargé de l’exécution du présent ordre.

 

Vilna, 13 juillet 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.

Mon Cousin, donnez l’ordre au général Kirgener avec tout son parc du génie et l’équipage de pont, et au général Sorbier avec son parc d’artillerie, de se diriger de Sventsiany sur Postavy et Gloubokoïé. Organisez la route de Sventsiany à Gloubokoïé, en envoyant des détachements du quartier général à chaque station. Envoyez aussi sur cette route deux escouades de gendarmerie et trois de la gendar­merie d’élite pour faire la police et maintenir le bon emploi des res­sources du pays.

 

  1. S. Écrivez au duc de Trévise de laisser aller l’artillerie à sa guise, quand elle devrait arriver un ou deux jours plus tard; cela est préférable à lui voir perdre des chevaux.

 

Vilna, 14 juillet 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vilna.

Mon Cousin, donnez ordre au général Saint-Cyr de faire partir demain, à la pointe du jour, ses quatre régiments de cavalerie légère avec une batterie d’artillerie légère bien attelée, sous les ordres du général de brigade qui les commande. Ces régiments se rendront, en marchant aussi vite qu’ils pourront, par Mikhalichki sur Gloubokoïé, où ils appuieront le général Lefebvre, qui s’y trouve avec 1,000 che­vaux de la Garde. Le général de brigade enverra un aide de camp pour instruire le général Lefebvre de son arrivée. Us pousseront dans tous les sens, et pourront prendre beaucoup de choses à l’ennemi, qui évacue ses magasins avec la plus grande activité.

Faites connaître au duc de Trévise l’ordre que je donne au général Saint-Cyr, et instruisez-le que le général Saint-Cyr vient derrière lui. Qu’il donne ordre au général Lefebvre, aussitôt que ces 2,000 hom­mes de cavalerie seront arrivés, de pousser sur Loujki, en mettant en avant les Bavarois et gardant ma Garde en réserve, mettant seu­lement à la tête des chevau-légers polonais ; de pousser sur les routes de Disna, de Polotsk et de Vitebsk, pour recueillir des renseigne­ments et réunir tous les magasins, et de faire de fréquents rap­ports sur ce qui se passe. Vous manderez au général Saint-Cyr que, si l’artillerie légère faisait éprouver des retards dans la marche, il fasse laisser 50 chevaux pour l’escorter, et que le reste de la cava­lerie continue avec la plus grande diligence, parce qu’il y a de très-bons coups à faire, et que la prise des magasins de l’ennemi nous sera précieuse dans la circonstance où nous nous trouvons pour les vivres. Vous chargerez le duc de Trévise de vous faire connaître quand tout cela arrivera à Gloubokoïé.

Vous ferez connaître au général Lefebvre que le général Nansouty a ordre d’éclairer avec son corps les débouchés de Disna.

 

Vilna, 14 juillet 1812, huit heures du soir.

À Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant les 4e et 6e corps de la Grande Armée, à Vileïka

Mon Fils, le prince d’Eckmühl est arrivé à Borisof. Le roi de Westphalie est à Nesvije. On a pris des magasins de vivres et de munitions de guerre à Borisof. Le général Colbert mande qu’il a saisi des magasins à Dokchitsy; le général Lefebvre-Desnouettes, avec 1,000 chevaux de la Garde, se rend à Gloubokoïé; je crois que demain il sera bien près d’y arriver. Je le fais appuyer par toute la cavalerie légère bavaroise, qui défile aujourd’hui de Vilna et couche à Lovarichki. Je lui donne ordre de prendre les devants. On croit qu’il aura beaucoup de magasins à prendre sur la route de Polotsk, Disna, etc. Faites reconnaître les routes de Vitebsk et Orcha, et com­mandez des vivres dans les deux directions.

Je suppose que l’état-major vous a envoyé des gazettes de Vilna à répandre parmi les habitants.

Le 17, j’aurai mon quartier général à Sventsiany, et je serai le 17 dans la nuit ou le 18 à Gloubokoïé.