Correspondance de Napoléon – Juillet 1803

Gand, 17 juillet 1803

Au général Dejean, ministre directeur de l’administration de la guerre

La 57e demi-brigade, Citoyen Ministre, n,a reçu ni l’habillement de l’an X, ni celui de l’an XI.

Les 46e, 33e et 51e sont mieux, et ont déjà reçu une partie du drap de l’an XI.

Par l’état que vous m’avez envoyé, je vois qu’en général l’habillement est très-retardé. Un grand nombre de ces corps va recevoir un nouveau supplément de conscrits, et ils seront fort embarrassés. Il serait essentiel de prendre des mesures efficaces pour que le drap de l’an XI fût fourni dans les trois premiers mois ; sans quoi, nous n’aurons jamais une armée équipée.

Le mois de vendémiaire rapproche. Je ne suis point en peine pour les vivres. Saint-Omer, Bruges, Compiègne sont des endroits ils sont abondants. Je pense que vous prenez des mesures pour les fourrages et surtout pour la viande. La viande est dans ce pays beaucoup moins chère qu’à Paris.

 

Anvers, 18 juillet 1803

RÉPONSE DU PREMIER CONSUL AU MAIRE D’ANVERS

Les clefs de la ville d’Anvers ne peuvent être en de meilleurs qu’en celles de son maire. J’accepte la jeunesse de la ville ma garde, et j’éprouve un très-grand plaisir à me trouver au milieu de ses habitants.

 

Anvers, 20 juillet 1803

Au consul Cambacérès

J’ai reçu, Citoyen Consul, vos lettres des 27 et 28 messidor. Je suis fort content du peuple d’Anvers. On aperçoit ici des traces d’anciens établissements, mais tout couverts de ruines.

Puisqu’on a transféré le siége de la préfecture de Douai à Lille, il parait convenable que le sous-préfet de Lille soit à Douai; il faudrait que cette clause fût comprise dans l’arrêté.

Faites ce qui vous paraîtra convenable sur les accusés de Saint-Domingue.

J’ai fait l’arrêté pour le fils de madame La Poype ; faites-moi connaître l’espèce de secours dont elle aurait besoin.

Je crois que je serai demain à Bruxelles.

 

Anvers, 20 juillet 1803

DÉCISION

Le préfet de Loir-et-Cher demande la déportation d’un individu prévenu de fabrication de fausse monnaie et acquitté probablement à défaut de preuves. Il est très-dangereux et a déjà été condamné aux galères. La déportation ne peul être ordonnée, si cet individu été acquitté. Si, par la suite, il prévenu de crimes, les tribunaux doivent faire leur devoir.

 

Anvers, 20 juillet 1803

DÉCISION

Le préfet  de la Vienne propose la déportation à l’île de Ré d’un émigré amnistié, dont l’éloignement est demandé par sa famille elle-même. Il est d’ailleurs soupçonné d’avoir des correspondances dangereuses. Il est sous la main du Gouvernement comme émigré amnistié. Dès qu’il abuse de la grâce qu’on lui a faite en portant le trouble dans sa famille, il est dans le cas d’être relégué à l’île de Ré.

 

 Anvers, 22 juillet 1803

Au citoyen Gaudin, ministre des finances

J’ai reçu, Citoyen Ministre, votre lettre du 27 messidor. Je vois avec plaisir que les recettes de la régie de l’enregistrement se soutiennent. Ici les biens nationaux se vendent trente fois le revenu. Je vous renvoie les pièces relatives à la dette des quatre départements réunis. Il faut consulter tous les renseignements, pour savoir s’il y a des dispositions à prendre.

 

Anvers, 20 juillet 1803

Au citoyen Barbé-Marbois, ministre du trésor public

La République ligurienne, Citoyen Ministre, fera verser 100,000fr. par mois dans la caisse de l’armée d’Italie; moyennant quoi les dépenses seront faites par les ministres de la guerre et de l’administration de la guerre, et payées par vos payeurs.

Je ne pense pas qu’il y ait rien dans l’arrêté du général Mortier de contraire aux dispositions du Gouvernement. Le commissaire qu’il a provisoirement nommé est pour la surveillance de l’administration du pays. Dès le moment que tout est versé dans les mains du receveur et payé par le payeur que vous avez nommés, on se trouve à même de savoir où l’on en est. Tenez la main à ce que tout entre dans la caisse du receveur et que rien ne soit payé que par les mains du payeur. Exigez de l’un et de l’autre qu’ils vous envoient les états fréquemment, afin de savoir les rentrées qu’ils font.

 

Anvers, 20 juillet 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Je ne vois que de l’avantage, Citoyen Ministre, à envoyer à Juliers le bataillon de la 30e demi-brigade pour travailler aux fortifications.

Vous verrez, par le rapport ci-joint, que la batterie près de Menton n’avait pas de poudre, ce qui est cause qu’un bâtiment a été pris. Faites une enquête pour savoir quel est l’officier d’artillerie qui fait cette faute impardonnable, et proposez-moi une sévère punition.

Je vous prie de faire connaître au général Mortier que mon intention est qu’il ne corresponde d’aucune manière avec les ambassades Toutes les fois qu’on lui demande des explications, il doit dire qu’on s’adresse au Gouvernement. Je vois avec peine qu’il ait répondu ministre russe à Berlin. Il aurait dû accuser réception de la lettre en renvoyant au ministre des relations extérieures, qui doit donner les explications diplomatiques convenables.

 

Anvers, 20 juillet 1803

Au général Murat, commandant en chef les troupes française en Italie

Citoyen Général Murat, j’ai reçu vos différentes lettres. Vous devez tenir la main et réunir vos efforts à ceux des Italiens pour activer et compléter la conscription. J’ai été satisfait de la fête de Marengo. Il est tout simple qu’on témoigne de l’attachement à Melzi, qui administre bien, et qui d’ailleurs représente aux Italiens un gouvernement national. Vivez bien avec lui. Saint-Cyr est un homme de mérite ; il me semble qu’il n’était pas convenable d’envoyer officier traiter avec le roi de Naples, pendant qu’il était à l’armée. Je ne vois pas quelle sagesse il y a à exciter davantage la jalousie et à se faire des ennemis. J’ai vu avec plaisir ce que vous avez pour Gênes ; les ministres ordonnanceront.

 

Anvers, 20 juillet 1803

ARRÊTÉ

ARTICLE 1er. – L’administration forestière désignera, dans les forêts le plus à portée d’Ambleteuse, Wissant et Gravelines, et notamment dans celle de Gaines, les taillis où l’on pourra exploiter sans délai un million de fascines de 15 pouces de diamètre sur 6 pieds de long, avec les piquets nécessaires à l’emploi de ces fascines.
ART. 2. – Cette exploitation sera faite par les entrepreneurs des travaux ordonnés dans les susdits ports, de manière à être terminée au plus tard dans deux mois.
ART. 3. – Les ministres de la marine et des finances sont chargés de l’exécution du présent arrêté.

 

Anvers, 20 juillet 1803

Au citoyen Portalis, conseiller d’État, chargé de toutes les questions concernant les cultes

S’il doit y avoir une fête au 15 août, je ne voudrais pas qu’il y eût de procession, pour ne point renouveler de souvenirs inutiles. Mais on pourrait très-bien faire dire une grand’messe avec un discours et les psaumes et oraisons propres à la circonstance. La commémoration de ce jour se bornerait là.

 

Anvers, 21 juillet 1803

ARRÊTÉ

ARTICLE 1er. – Les ingénieurs des travaux maritimes feront construire, sur la laisse de basse mer, à droite de la jetée de l’est du port de Boulogne, une plate-forme en charpente, capable d’être armée de cinq pièces de gros calibre et de deux mortiers.
ART. 2. – La construction de cette plate-forme aura lieu conformément au plan ci-joint, approuvé par le Premier Consul.
ART. 3. – Cette plate-forme sera terminée au 1er brumaire an XII, et remise à cette époque à l’artillerie, pour être armée sans délai.
ART. 4. – Les ministres de la marine et de la guerre sont chargés de l’exécution du présent arrêté.

 

Bruxelles, 22 juillet 1803

Au consul Cambacérès

J’ai reçu, Citoyen Consul vos lettres du 30 messidor et du 1er thermidor. Je suis arrivé hier à Bruxelles, à huit heures du soir. Les chaleurs ont été assez fortes ces deux jours-ci. J’ai trouvé M. Lombard, secrétaire intime du roi de Prusse, chargé de remettre une lettre dont on dit l’objet important. Je le recevrai demain.

J’ai appris que le citoyen Fleurieu n’a pris aucune mesure faire payer les frais de route aux ouvriers qu l’on a fait venir à Paris et à ceux qu’on en a renvoyés : c’est une mauvaise manière avec des gens qui viennent pour nous servir. Il serait plus convenable de les envoyer à Boulogne, à Cherbourg, etc., où les travaux sont arrêtés faute de bras ; on en aurait besoin de 5 à 6,000. Veuillez vous faire rendre compte de cet objet et y porter remède.

Le Conseil d’État n’a pas fait de réponse au projet d’arrêté relatif aux coupes de pins pour les mâtures des chaloupes canonnières.

Vous recevrez un projet d’arrêté pour faire employer 4,600 ouvriers des conscriptions de l’an XI et de l’an XII dans les arsenaux de la marine; il est urgent de le faire discuter le plus tôt possible. A Paris, on prétend qu’ils ne valent rien ; et dans les ports tout monde en demande. Les ouvriers de la conscription de l’année qui sont dans les ports y font merveille.

Je croyais que le citoyen Lebrun avait eu le projet de venir Bruxelles. J’imagine qu’il est parfaitement rétabli de l’indisposition qu’il a eue.

 

Bruxelles, 22 juillet 1803

Au citoyen Gaudin, ministre des finances

Je reçois votre lettre du ler thermidor, Citoyen Ministre; il n’y a aucune espèce de doute que la caisse à l’adresse de M. de Markof, qui contenait des objets de contrebande, ne doive être soumise, comme les autres, aux lois générales des douanes.

Faites témoigner ma satisfaction aux préfets des douanes pour la manière dont ils défendent les côtes.

 

 Bruxelles, 22 juillet 1803

Au citoyen Fleurieu

Citoyen Fleurieu, Conseiller d’État, chargé par intérim du portefeuille de la marine, je ne puis qu’être extrêmement mécontent de l’abandon dans lequel on laisse les ouvriers qui ont été appelés à Paris; plusieurs sont obligés de vendre leurs boucles et leurs boutons de manches d’argent pour subsister. Puisqu’ils ont été appelés par ordre du ministre de la marine, ils devaient être enregistrés à leur arrivée et soldés. Il devait y avoir un tarif de frais de route pour leur arrivée et pour leur retour. Je désire que vous preniez les mesures les plus efficaces pour faire solder ces ouvriers du jour de leur arrivée à Paris, et pour faire envoyer ceux qui ne seraient pas employés aux chantiers de Paris dans les ports de Boulogne, de Rouen et du Havre, où on en a le plus grand besoin. Faites également solder pour l’aller et le retour ceux qui auraient été renvoyé de Paris.

Je vous prie de me faire un rapport sur la marche de ces travaux, le nombre d’ouvriers qui ont été demandés, sur le nombre de ceux arrivés à Paris et de ceux qui en ont été renvoyés. Il paraît qu’on a étendu la mesure à trop de départements ; mais, dans tous les cas, ce ne sont point les hommes requis qui doivent souffrir ; quel que soit l’état des choses, l’ouvrier doit être payé.

 

Bruxelles, 23 juillet 1803

Au consul Cambacérès

J’ai reçu, Citoyen Consul, vos lettres des 30 messidor et le thermidor. Depuis deux jours que je suis à Bruxelles, je ne suis point sorti. J’ai reçu les différentes autorités, et expédié quelques affaires. La mission de M. Lombard paraît n’avoir pour but que de resserrer davantage nos liaisons avec la Prusse.

J’ai vu la commission du Gouvernement batave.

Demain ou après, je réglerai mon itinéraire pour le reste de mon voyage.

Je vais, dans une heure, à une fête que me donne la ville.

Je vous renvoie la demande du Sénat. Il n’y a pas d’inconvénient à lui répondre qu’on y pourvoira de quelque manière que ce soit.

 

Bruxelles, 23 juillet 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Je reçois vos différentes lettres, Citoyen Ministre. Il est très intéressant que les garde-côtes soient complétés le plus promptement possible; s’il y a de la difficulté à les compléter, il faudrait accorder une exemption d’une portion de la conscription aux villages qui fournissent les hommes.

Relativement à la levée de la légion de la Vendée, il faut qu’elle se fasse en règle. Il ne faut donner ni commission, ni autorité, ni avance à qui que ce soit. Il faut qu’on vous propose un plan d’organisation, qu’on croie à la possibilité de former le corps ; car, quelle que soit la foi qu’on puisse accorder aux chefs, elle ne doit pas être imprudemment mise en avant.

 

Bruxelles, 24 Juillet 1803

Au consul Cambacérès

Je reçois, Citoyen Consul, votre lettre du 3. J’ai été hier à une fête de la municipalité de Bruxelles, qui m’a paru assez mal ordonnée. Il y avait cinq ou six fois plus de monde que le local n’en pouvait contenir.

J’ai été  aujourd’hui, à la messe en grande cérémonie. Le cardinal-légat a dit une petite messe.

Vous trouverez ci-joint mon itinéraire; vous pouvez le faire publier, non dans le Moniteur, mais dans quelques-uns des autres journaux. Je ne crois pas que j’y fasse de grands changements. Je compte être de retour à Paris le 24 ou le 25 thermidor. Je finirai mon voyage avec plaisir. La saison est chaude et et va le devenir davantage.

A la ]manière dont je voyage, je n’aurais pu voir les départements réunis sans m’exposer à ne rentrer à Paris qu’au milieu de septembre. La saison est trop chaude. Je remettrai ce voyage à une autre circonstance.

 

Bruxelles, 25 juillet 1803

Au général Berthier

J’approuve, Citoyen Ministre, que vous tiriez de Luxembourg sept pièces de 36, trois de 24, vingt-sept de 18 et onze de 12 en fer, qui s’y trouvent. Il faudrait les diriger sur Ostende, où elles seront employées, partie à la défense de la ville, partie selon les dispositions qui seront faites par la marine. Elles doivent être rédigées de manière à arriver à Ostende avant le 10 fructidor. Vous avez l’expérience que, si on les envoie sans des précautions particulières, elles n’arriveront pas avant dix-huit mois.

Faites faire le relevé des pièces en fer de 18, de 24 et de 36 qui existent dans les différentes places de la République; faites mettre à côté l’état de l’armement en bronze qui y est, afin de donner une destination aux pièces de fer. Il y a de l’inconvénient à mettre sur les côtes des pièces de bronze ; elles peuvent être facilement enlevées; j’en ai cependant aperçu beaucoup dans ma tournée.

Donnez ordre aux officiers du génie du Havre de tracer sur un plant les positions de nos bateaux canonniers et celles des bâtiments ennemis à l’affaire du 9 thermidor, ainsi que la position des batteries.

Faites diriger une compagnie d’artillerie de ligne sur le Havre. Envoyez-en une à l’île d’Aix. Je pense qu’il y en a une à Cherbourg.

J’ai vu à Anvers une compagnie de canonniers vétérans qui y est inutile : il faudrait l’envoyer sur la côte, dans l’île de Cadzand et à Blankenerghe.

Il paraît qu’il.1 a des difficultés pour la levée des compagnies garde-côtes. Il n’y a pas d’autre moyen à prendre que d’exempter de la conscription les communes qui doivent fournir leur contingent aux dites compagnies.

Je suis étonné qu’il n’y ait pas encore un conseil militaire établi à l’île d’Elbe. Je ne sais pas moins étonné d’apprendre que les troupes couchent sur le pavé des casernes, et n’ont ni paille ni fournitures.

Je ne comprends pas comment le général Rusca a incorporé des Polonais et des déserteurs étrangers dans les bataillons francais. Il me semble que l’ordre avait été donné de compléter les bataillons polonais en y incorporant les étrangers, et d’incorporer dans les demi-brigades de ligne tout ce qui proviendrait des dépôts coloniaux. Mais, puisque cela est fait, il n’y a plus à y revenir. Recommandez-lui de ne plus incorporer les déserteurs avec nos troupes ; il doit en former, au contraire, deux petits corps, l’un à Porto-Ferrajo, l’autre à Porto-Longone.

Mettez 2,000 francs par mois à la disposition du général Rusca pour dépenses extraordinaires et secrètes. Donnez-lui l’ordre de désarmer et de former en compagnies de pionniers, qu’il emploiera aux travaux de la place, toutes les compagnies de déserteurs étrangers qui arriveront à l’île d’Elbe, dont il ne serait pas sûr.

Quant à ses difficultés avec le commissaire du Gouvernement. il doit les oublier et se concerter avec lui pour la défense de l’île.

J’ai communiqué au ministre de l’intérieur la lettre du général Menou. Il me parait étonnant qu’il y ait en Piémont un si grand nombre de brigands. Il peut y avoir beaucoup d’hommes avec peu de moyens d’existence qui peuvent entrer dans les légions qu’on lève dans le pays. Activez la levée de ces légions.

Donnez l’ordre au général Rusca que, la 20e demi-brigade étant à son complet de guerre, tous les détachements qui arriveront désormais de Villefranche, de Marseille ou d’autres dépôts, soient formés en deux bataillons, composés chacun de cinq compagnies, et chaque compagnie composée de 100 hommes.

Les déserteurs étrangers qui viendront soit de Gênes, soit de Toulon, seront réunis aux compagnies qui existent actuellement seront formés également en bataillons de cinq compagnies.

 

Bruxelles, 25 juillet 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Par les renseignements reçus du Havre, Citoyen Ministre, il résulte que la marine est tellement mal organisée, que deux chaloupes canonnières n’ont pu sortir faute de monde et d’organisation du port; que, d’un autre côté, on se sert au Havre de chaloupes canonnières pour escorter des convois du côté de Brest; cela est tout à fait contraire à notre but, qui est de réunir le plus de chaloupes canonnières possible.

 

Bruxelles, 26 juillet 1803

Au consul Cambacérès

Le citoyen Lebrun, Citoyen Consul, est arrivé à deux heures après midi; il m’a paru un peu fatigué de la route.

Toutes les dames belges ont été présentées aujourd’hui à ma femme. Il y a dans ce moment illumination à l’Allée-Verte; ayant monté à cheval aujourd’hui, je préfère expédier mon courrier pendant que toutes les dames y sont allées.

Je vous enverrai demain plusieurs projets d’arrêtés pour le Conseil d’État.

J’ai vu ici fort longtemps Schimmelpenninck et la commission batave. Ils promettent beaucoup; nous verrons s’ils tiendront leurs promesses.

Le colonel Rapp, qui est arrivé de Hanovre, donne d’assez bons renseignements sur notre situation dans ce pays.

Après avoir fait d’assez grandes chaleurs pendant ces deux jours-ci, il fait aujourd’hui presque froid.

 

Bruxelles, 26 juillet 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Douze régiments de milices de Castille, Citoyen Ministre, formant environ 8,000 hommes, ont eu ordre de se réunir entre Valladolid et Burgos. Mon intention est que vous fassiez connaître, par un courrier extraordinaire, au général Beurnonville mon étonnement de ce que je ne suis pas instruit de cela; que je désire, qu’il fasse connaître au prince de la Paix que, pour peu qu’il y ait des raisons de supposer des intelligences entre les cours de Madrid et de Londres, cet armement sur terre, au moment où l’on désarme la mer, est un commencement d’hostilités.

Un bâtiment de Marseille, venant de la Martinique, a été pris par les Anglais sous le château de Carnero. Il faut que l’Espagne en paye l’équivalent, puisqu’elle a laissé violer son territoire.

 

Bruxelles, 26 juillet 1803

Au général Dejean, ministre directeur de l’administration de la guerre

La mesure prise à Gênes par le général Murat, Citoyen Ministre, aura l’avantage de centraliser le service et de soulager considérablement la République ligurienne, d’autant plus que, dans la situation actuelle et jusqu’à ce que le roi de Naples ait pourvu à la solde de nos troupes, il faudra que la République ligurienne pourvoit à la solde des deux bataillons qu’elle a envoyés à Naples.

Relativement au corps du général Saint-Cyr, n’ayant pas ici les yeux tous les arrêtés qui ont été pris, je ne conçois pas d’où vient ce changement de principes. Il a été dans mon intention de ne rien innover à ce corps depuis le départ du général Saint-Cyr. Je pense donc que vous devez continuer à correspondre avec l’ordonnateur qui est à Tarente, sans quoi nous n’aurons aucun compte de ce corps. Celui-ci doit également correspondre avec le commissaire général Amalasi.

Je persiste à penser que l’on ne saurait avoir les fours trop près de l’endroit où se réunissent les troupes, et qu’il faut établir deux fours à Étaples et deux à Ambleteuse (ce qui n’empêcherait pas ceux de Montreuil), qui serviraient de supplément lors des rassemblements extraordinaires. Ces constructions, d’ailleurs, ne sont point pressées.

La manière de placer les troupes autour des ports de Boulogne, d’Étaples et d’Ambleteuse, est un objet important et qui fait une partie essentielle des opérations. En effet, les troupes doivent embarquer et débarquer souvent; leur embarquement doit être extrêmement prompt. De l’instant où il est ordonné à celui où il doit exécuté, il ne doit pas y avoir un intervalle de plus d’une ou deux heures. Il faut donc que les troupes soient placées le long du port, à la seule distance nécessaire pour se trouver sur un terrain élevé et en bon air, mais ayant un espace de moins de 500 toises à parcourir pour que chaque bataillon arrive à son bateau d’embarquement.

Les troupes devant rester dans cette situation plusieurs mois, peut-être l’hiver, on économisera la santé et l’habillement du soldat si on prend le parti de faire des baraques en planches. Chaque baraque pourrait contenir une compagnie ou même un bataillon. Je désire que vous fassiez faire par les ingénieurs un projet et un devis pour connaître la quantité de planches et l’emplacement qu’exigerait le cantonnement d’une trentaine de bataillons dans ces baraques.

On pourrait également construire des baraques pour les officiers, en réunissant dans la même les officiers de la même compagnie ou du même bataillon.

Il est indispensable de faire passer à Boulogne autant de lits que les casernes et autres établissements peuvent en contenir. Il faudrait également garnir de lits Saint-Omer et les autres petites places le plus à proximité de la côte.

Il est inutile d’observer que les troupes cantonnées dans les baraques n’auraient pas besoin de lits et seraient couchées sur la paille.

 

Bruxelles, 26 juillet 1803

Au général Dejean

Un grand nombre de villes Citoyen Ministre, fatiguées par l’obligation de loger des troupes, vu le dénuement où sont les casernes de fournitures et d’effets militaires, ne demanderaient pas mieux que de faire des sacrifices pour avoir en propre des fournitures de casernes, qui seraient considérées comme leur propriété, et qu’on on ne pourrait leur ôter sous aucun prétexte. Je pense qu’il serait utile de faire connaître aux différentes communes que celles qui voudraient se fournir d’effets militaires se trouveraient par là exemptes de loger des gens de guerre; que le Gouvernement les respectera comme leur propriété, et que, dans aucun cas, elles ne s’en trouveront dégarnies.

 

Bruxelles, 27 juillet 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Je vous prie, Citoyen Ministre, de présenter au Conseil d’État un arrêté pour qu’à dater du ler vendémiaire le pain blanc et la haute paye, résultant des chevrons pour ancienneté de service soient communs à tous les sous-officiers. Cette demande est faite par tous les corps.

 

Bruxelles, 27 juillet 1803

Au général Berthier

Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner ordre à l’officier qui commande le génie à Flessingue, de faire quelques travaux pour mettre cette place en état de se défendre : 1° deux demi-lunes devant les deux portes; 2° deux bouts de glacis et de chemin couvert sur les deux digues; ces glacis auront un relief tel que les deux bastions qui ferment la place sur les deux digues où il n’y a point de fossés soient couverts de manière à ne pas être battus en brèche; 3° enfin d’aménager le système d’eau tellement qu’à l’aide des écluses existantes on puisse inonder une partie de la campagne.

J’ai pris à Anvers des sentiments tout différents de ceux qu’on voulait m’y donner, et je suis de l’opinion que cette place doit être dans le meilleur état de défense. Les officiers du génie de la place m’ont paru ne pas la connaître parfaitement. Je pense qu’elle peut être défendue par les inondations. Si l’on n’a pas le nivellement au comité des fortifications, il faudra le faire faire, pour bien déterminer la partie qu’on peut défendre par les eaux.

Du coté de l’Escaut, un quai va être établi tout le long de la ville. On pourra élever en temps de guerre, sur ce quai, un épaulement en terre, et bien armer la partie saillante de ce quai. A ce premier moyen de défense il faudrait joindre celui de mettre la Tête-de-Flandre dans le meilleur état, et rétablir un fort que Joseph II a fait raser sur la rive gauche de l’Escaut et vis-à-vis l’autre extrémité de la rive.

Je désire connaître également si le fort et la Tête-de-Flandres seraient être protégés par une grande inondation.

Faites connaître au premier inspecteur général du génie que je désire que, vers la fin de fructidor, il puisse me présenter les plans pour mettre Anvers dans le meilleur état de défense. Un grand chantier de construction va être établi, et avant la fin de l’année prochaine nous y aurons douze à quinze vaisseaux.

On va travailler à un canal qui communiquera du Rhin à l’Escautet qui donnera un nouvel intérêt à cette place et à son port, étant destiné par sa position à être un grand centre de commerce, doit être à l’abri le plus possible de l’avidité et des entreprise l’ennemi.

La Belgique possède des places, telles que Bruxelles, Gand, Ypres, Menin, qui, démolies par Joseph II, sont trop mauvaises pour présenter de grands moyens de défense, pour nous qui avons, en avant, la frontière de Hollande et, derrière, l’Escaut et la Flandre. Je désire que le premier inspecteur général du génie me présente un projet pour démolir et vendre toutes les fortifications qui n’entrent pas dans notre ancienne ligne et qui ne sont pas utiles.