Correspondance de Napoléon – Juillet 1794

 

Quartier général, Nice. 14 messidor an II (2 juillet 1794)

AU CITOYEN BERLIER.

Il y a dans la République deux espèces d’alarmistes, ceux qui crient famine de grain et ceux qui ont toujours peur de rester sans poudre.

Lon a répandu dans Antibes que l’on en ôtait la poudre; je souhaite que ce ne soit ni toi, ni ton garde, car cela finira mal pour ceux qui portent l’alarme dans le peuple. Le  Comité de salut public et les généraux savent ce qu’ils font lorsqu’ils ôtent telle quantité de poudre d’une place, et il faut être bien inepte pour ne pas com­prendre que, l’armée d’Italie vous couvrant, vous n’avez rien à craindre, et que d’ailleurs il ne faut pas que les affaires secrètes soient sues de l’ennemi.

Ce n’est pas à ceux qui ne sont pas au centre de la machine à juger de la justesse des opérations.

Je t’engage, pour l’intérêt que je te porte, à ne jamais alarmer qui que ce soit, à ne jamais te permettre des calculs de poudre, à tranquilliser l’opinion et à recommander à tes subordonnés le même secret.

Personne ne doit savoir le degré d’approvisionnement des places, que le Gouvernement, le général en chef et moi.

L’on m’a rapporté que, dans une assemblée de militaires, l’on a parlé de la poudre qui existait et de celle qui manquait pour l’approvisionnement d’Antibes, que c’était toi qui donnais les éléments de ces calculs ; je souhaite que cela soit faux.

Buonaparte.