Correspondance de Napoléon – Janvier 1813

Fontainebleau, 27 janvier 1813.

Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris

Vous m’avez demandé ce qu’il fallait faire pour Rome et pour Hambourg. Je pense que vous devez écrire au comte Chaban et aux préfets que la France fait des offres, comme ils doivent l’avoir vu dans le Moniteur, que leurs départements sont maîtres d’en faire; vous leur expliquerez comment cela se fait en France; vous leur direz de ne pas trop pousser, et que ce ne serait qu’autant qu’il y aurait de la bonne volonté qu’il faudrait les y engager. Les hommes de Rome, comme vous le verrez par le décret, doivent faire partie du 13e de hussards. Les hommes de la 32e division, comme vous le verrez aussi, doivent faire partie du 9e de lanciers.

 

Fontainebleau, 21 janvier 1813.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.

Mon Fils, je n’ai pas encore des idées bien nettes sur la manière dont l’armée doit se réorganiser. Je ne sais pas de quoi est composée la garnison de Danzig. Je suppose qu’il y a la division Heudelet, la division Loison, la division Grandjean et la division napolitaine. Je présume que l’artillerie de campagne de ces divisions y a été en­fermée en même temps, et qu’indépendamment de cette artillerie il y a dix compagnies d’artillerie à pied qui n’ont pas fait la campagne, quelques compagnies de sapeurs, et les cadres de deux bataillons des équipages militaires qui doivent n’en former qu’un. Je pense que ce que vous avez de plus disponible est le 11e corps, qu’il faut former en trois divisions : 1e la division Lagrange, qu’il faut faire sortir des places et réunir, et la division Grenier, qu’il faut partager en deux, en laissant douze bataillons au général Grenier et en donnant aux douze autres un général de division de choix. Je vous ai mandé que vous pouvez remplacer le général Lagrange; on ne peut faire une guerre aussi active avec un bras de moins. Ces trois divisions seront sous les ordres du duc d’Elchingen et conserveront le titre de 11e corps, ou prendront celui de corps d’avant-garde de la Grande Armée. Réunissez sous les ordres du général Latour-Maubourg deux divisions de cavalerie, une de cavalerie légère et une de cuirassiers. Celle de cavalerie légère sera sous les ordres du général Bruyère et celle de cuirassiers sous ceux du général Doumerc. Vous leur donnerez à chacune deux bons généraux de brigade, et vous tâcherez de réunir 4,000 hommes de cavalerie légère et 2,000 cuirassiers; vous aurez ainsi 6,000 chevaux pour être avec le corps d’avant-garde.

Les 1er bataillons du 1e corps se réunissent à Stettin, ceux du 2e à Küstrin, ceux du 3e à Spandau, et ceux du 4e à Glogau. Ces bataillons formeront la garnison de ces places. Les 2e bataillons, qui vont se compléter à Erfurt, reviendront joindre ces 1er bataillons et en doubleront le nombre ; de sorte qu’il y aura deux divisions du 1er corps à Stettin, une du 2e corps à Küstrin, une du 3e corps à Spandau, et une du 4e à Glogau; ce qui fera cinq divisions.

Le 1er corps, qui se trouvera à Stettin, est très-fort et pourra ob­server la Poméranie. Chacune de ces cinq divisions doit avoir un bon général de division et deux bons généraux de brigade.

Les 3e et 4e bataillons de l’armée, qui doivent aller jusqu’à leurs dépôts, pourront partir, les 3e dans le courant de mars et les 4e dans le courant d’avril; ainsi, au mois de juin, tous les régiments de l’armée auront quatre bataillons, et l’on formera à Stettin quatre divisions du 1er corps, deux du 2e à Küstrin, deux du 3e à Spandau, et deux du 4e à Glogau; ce qui ferait dix divisions ?

L’artillerie et le génie suivront la même proportion, et il y aura deux batteries d’artillerie à pied par division. Il faut commencer par organiser d’abord l’artillerie du 11e corps; je crois qu’elle l’est déjà, et je pense que le corps a plus de cent pièces de canon. Les deux divisions de cavalerie de l’avant-garde auront chacune deux batteries d’artillerie à cheval, ce qui fait vingt-quatre bouches à feu. Orga­nisés à Stettin deux batteries pour le 1er corps; à Küstrin, deux pour le 2e ; à Spandau, deux pour le 3e, et deux à Glogau pour le 4e. Au mois de mai, lorsque les 3e et 4e bataillons arriveront, on organi­sera huit autres batteries. Ce ne sera donc que dans le courant 4e juin que les 1e, 2e, 3e et 4e corps pourront entrer en ligne; jusque-là ils garderont les places et maintiendront le pays.

L’armée est composée de l’avant-garde, ou 11e corps; du corps d’observation de l’Elbe, commandé par le général Lauriston, qui a sous lui quatre généraux de division : Carra-Saint-Cyr, Puthod, Lagrange (celui qui était à Königsberg) et Rochambeau; tout ce corps, avec son artillerie, sera réuni au 1er mars à Magdeburg; du corps d’observation d’Italie, que commande le général Bertrand, le­quel sera réuni à Vérone et prêt à partir le 1e mars ; du 1er corps d’ob­servation du Rhin, dont le duc de Raguse aura le commandement, ou bien le comte de Lobau, ayant sous lui les généraux de division Souham, Dubreton, Bonet et Aimeras; ce corps sera réuni à Franc­fort au 1er mars et prêt à partir. Ces trois corps pourront donc se porter sur l’Oder, le corps d’observation de l’Elbe pourra y arriver dans le courant d’avril, ou plutôt au commencement du mois, et ceux d’Italie et du Rhin dans le courant d’avril.

Ainsi, au 1er mai, l’armée se trouvera composée du 1er corps, fort de trente-six bataillons; du corps d’observation de l’Elbe, quarante-huit bataillons; du corps d’observation d’Italie, quarante-huit ba­taillons; du 1er corps d’observation du Rhin, quarante-huit bataillons, ayant en réserve derrière eux deux divisions du 1er corps, trente-deux bataillons; deux divisions des 2e et 3e corps, trente-deux bataillons; deux divisions du 4e corps, trente-deux bataillons; total quatre-vingt-seize bataillons; ce qui ferait dix-sept divisions et deux cent soixante et seize bataillons, ayant en arrière le 2e corps d’observation du Rhin, composé de quatre divisions, parmi lesquelles il y a vingt bataillons de vieilles troupes d’artillerie de la marine; ce corps sera réuni à la fin de mars à Magdeburg.

Ainsi, à la fin de juin, la situation de l’armée sera la suivante : le corps d’avant-garde, trois divisions, trente-six bataillons; le corps d’observation de l’Elbe (qui prendra un numéro), le corps d’observa­tion d’Italie (qui prendra un numéro), le 1er corps d’observation du Rhin, le 2r corps d’observation du Rhin, le 1er corps, les 2e corps et 3e corps réunis, auront chacun quatre divisions et quarante-huit bataillons; le 4e corps aura trois divisions et trente-six bataillons. Total de l’armée qui sera au-delà du Rhin, au 1er juin, sans y com­prendre la garnison de Danzig, trente divisions d’infanterie et trois cent soixante-deux bataillons. En mettant le bataillon à 650 hommes présents sous les armes, cela fait plus de 200,000 hommes d’infan­terie, et en comptant la cavalerie, l’artillerie et le génie, cela fait plus de 300,000 Français. Le corps westphalien sera complété à 20,000 hommes. Les corps saxon, wurtembergeois et bavarois seront recomplétés. L’armée sera donc d’un tiers plus forte qu’elle ne l’était la campagne passée.

Le commandement de ces différents corps pourra être donné comme il suit : 11e corps, duc d’Elchingen; corps d’observation de l’Elbe (prenant un numéro), comte de Lauriston; corps d’observation d’Italie (prenant un numéro), comte Bertrand; 1er corps d’observation du Rhin (prenant un numéro), duc de Raguse ou comte de Lobau; 2e corps d’observation du Rhin (prenant un numéro), comte de Lobau ou duc de Raguse; 1er corps, prince d’Eckmühl; 2e et 3e corps réunis, due de Reggio; 5e corps, duc de Tarente.

Observez que je ne prononce rien de définitif : j’attends pour cela de nouveaux renseignements; mais cela doit vous donner l’idée en général de mes projets. L’artillerie est adaptée à cette organi­sation. Déjà quarante-huit compagnies d’artillerie à pied sont à la Grande Armée, compagnies qui n’ont pas pris part à la campagne; cinquante-deux compagnies vont se réorganiser à Magdeburg, en y recevant, pour y être incorporées, cinquante-deux compagnies des cohortes de la garde nationale.

Quant à la cavalerie, j’adopterai la même organisation que dans la dernière campagne. Tous les cuirassiers et dragons seront au mois d’avril à 600 hommes par régiment. Tous les régiments de hussards, chasseurs et chevau-légers seront, au mois de mai, à 1,000 hommes. Je rétablirai donc les divisions et les brigades comme elles étaient, sauf à resserrer les divisions et les brigades selon les circonstances.

En supposant que Danzig soit investi au 1er février, il n’y aurait que quatre mois qu’il serait investi au 1er juin, et le siège ne peut commencer qu’au mois d’avril. J’aurai donc tout le mois de juin pour me porter sur Danzig. Une fois le siège de Danzig et celui de Thorn levés, et mes communications rétablies, ayant occupé la Nogat et, si cela est jugé convenable, Königsberg, je remettrai à aller plus loin dans une autre campagne, ou bien je passerai le Niémen, si cela parait convenable, aux environs du 15 août. C’est le moment le plus favorable, puisqu’alors la récolte est faite, et que les fourrages sont murs pour les chevaux, et que deux mois et demi suffisent pour me porter sur Vitebsk et le Borysthène, ou faire toute autre opération, suivant les circonstances qui arriveront. Ou bien l’Autriche deviendra partie principale, ou bien son corps sera porté à 60,000 hommes, ce qui donnera en même temps le moyen d’entrer en Volhynie.

Quant à ma Garde, je vous ai dit de renvoyer les cadres. J’ai déjà ici une division de onze bataillons avec son artillerie, laquelle sera rendue dans le courant de mars à Francfort. J’ai fait rester à Fulda les hommes démontés de ma cavalerie. Au mois de mars, ils seront recrutés et remontés au nombre de 2,000 hommes; au mois d’avril, il y en aura 4,000; au mois de mai, 6,000, et au mois de juin, il y aura 8,000 hommes à cheval. Une 2e division de la Garde, égale­ment avec son artillerie, sera dans le courant d’avril à Francfort, une 3e au mois de mai ; ce qui portera ma Garde, vieille et jeune, au double de ce qu’elle était, tant en infanterie que cavalerie, avec le même nombre de pièces d’artillerie.

J’aurai en outre 120,000 hommes sous les armes, en France et en Italie, indépendamment des dépôts, pour défendre mes côtes et mes frontières.

J’espère que vous avez mis un bon commandant, des officiers du génie et d’artillerie, et au moins quatre compagnies d’artillerie dans Thorn.

Je suppose que vous avez fait revenir toute la cavalerie qui était à Varsovie. On doit tout faire pour conserver Varsovie. L’Autriche fait de grands armements. Selon tous les renseignements, l’armée russe est dans une horrible situation, et ne pourra pousser sur Posen que de la cavalerie légère ou une faible avant-garde. Je fais presser la Prusse de hâter la réorganisation de son corps entre Posen et Stettin. Il faut donc rester à Posen pour protéger Varsovie et maintenir les communications. Réunissez-y donc le corps d’avant-garde ou 1er corps. Si le prince Schwarzenberg évacuait Varsovie, le 5e corps, qui est déjà de 20,000 hommes, le sien et celui du général Reynier for­meraient une armée de 60,000 hommes, et porteraient les forces réunies entre Posen et la Silésie à un nombre tel, qu’il n’est pas à penser que l’armée russe puisse aller outre, puisqu’elle ne peut laisser moins de 50,000 hommes devant Danzig, et 10,000 devant Thorn, autant devant Modlin et moins de 60,000 hommes devant la Galicie. Il est donc impossible que l’armée russe marche sur vous.

Le principal est de réorganiser le corps de cavalerie du général Latour-Maubourg, afin de pouvoir s’éclairer et de tenir l’ennemi éloigné de nos communications.

La division Grenier a besoin de repos, mais la division Lagrange, qui depuis longtemps est dans les places de Spandau, Stettin, Küstrin et Glogau, peut être sur-le-champ réunie à Posen. La demi-brigade qui est à Magdeburg se dirige sur Berlin, la tête de la 1e division du corps d’observation de l’Elbe étant en marche et ar­rivant à Magdeburg dans les premiers jours de février.

Je vous ai écrit pour que vous fassiez réunir des approvisionne­ments à Spandau et à Küstrin. Peut-être serait-il convenable de faire fournir ces approvisionnements par la Prusse, en payant tout en argent comptant, au prix où le roi paye à ses sujets le blé et les autres denrées. Je désire que ces approvisionnements soient formés dans le courant de février. Donnez des ordres également pour que 500,000 rations de biscuit soient préparées dans chacune de ces places.

S’il arrivait que, par des raisons quelconques,, vous ne pussiez vous maintenir à Posen, il ne faudrait pas mettre en mouvement inuti­lement la division Grenier, ce qui la démoraliserait et l’affaiblirait.

 

Fontainebleau, 27 janvier 1813.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.

Mon Fils, le ministre de la guerre vous a écrit pour vous faire connaître que les détachements de conscrits de chacun des vingt-huit régiments de la Grande Armée qui doivent se rendre à Erfurt, où ils trouveront les cadres des 2e bataillons, ce qui complétera ces vingt-huit bataillons, partent de France les premiers, c’est-à-dire les détachements des 30e et 33e le 10 février, et ils arriveront le 19 à Erfurt; le dernier, c’est-à-dire celui du 13e d’infanterie légère, arri­vera le 17 mars. Avant le 1er mars, les bataillons du 30e et du 33er celui du 61e et celui du 111e celui du 85e celui du 18e et celui du 57e seront arrivés, ce qui fera sept bataillons. Ordonnez à un des généraux de brigade du 1er corps de prendre sous son commandement ces sept bataillons et de se porter à Wittenberg, où ils pourront être arrivés du 1er au 5 mars.

Celui du 24e léger, ceux des 26e léger, 4e de ligne et 72e arriveront avant le 8 mars; donnez ordre à un des généraux de brigade du 2e ou du 3e corps, qui désormais n’en doivent former qu’un, de partir avec ces quatre bataillons et de se rendre à Spandau.

Le 12e de ligne, le 48e, le 108e et le 33e de ligne arriveront avant le 12; donnez ordre à un général de brigade du 1er corps de prendre cette brigade et de la conduire également à Dessau.

Le 17e et le 25e de ligne, le 15e d’infanterie légère et le 13e d’in­fanterie légère, qui arriveront avant le 17 mars, continueront leur mouvement, se réuniront ensemble à Weimar et de là continueront leur mouvement pour se rendre à Wittenberg, où le général de division du 1er corps aura porté son quartier général, et il aura ainsi sous ses ordres ces bataillons avec deux généraux de brigade.

Je donne ordre que le bataillon du 11e d’infanterie légère, celui du 21e de ligne et celui du 56e, qui sont à Juliers, Wesel et Grave, se rendent directement sur Cassel.

Donnez ordre que le 2e bataillon du 21e de ligne, ceux du 11e d’infanterie légère et du 50e, au lieu de se rendre à Erfurt, se rendent à Cassel, où se fera l’embrigadement. Envoyez-y un major en second pour prendre le commandement de ces trois bataillons; et après s’être reposés à Cassel le nombre de jours nécessaire, ils seront dirigés sur Spandau.

Les bataillons du 2e de ligne, du 37e, du 93e, du 46e et du 19e, qui arrivent au plus tard le 16, se réuniront successivement à Leipzig, et, aussitôt qu’ils seront réunis, un des deux généraux de brigade du 2e ou du 3e corps, que vous enverrez à Erfurt, les prendra sous ses ordres et les conduira, à petites journées et après le repos nécessaire, de Leipzig à Spandau.

Vous voyez donc que, dans le cours du mois de mars, la Grande Armée recevra vingt-huit bataillons, ce qui portera à deux batail­lons ce que chaque régiment aura.

La division du 1er corps, qui se réunira à Wittenberg, se dirigera sur Berlin et de là sur Stettin, et les différents bataillons du 2e et du 3e corps joindront leurs corps à Spandau et à Küstrin. Par ce moyen, dès la fin de mars, le 1er corps et le 2e (puisque par ma lettre il n’est plus question du 3e) seront, le 1er, composé de deux divisions, chacune de seize bataillons, et le 2e corps, composé de deux divisions, chacune de douze bataillons, indépendamment des Suisses et des Illyriens. Par ce moyen, ces deux corps auront déjà quelque exis­tence. Le prince d’Eckmühl continuera à commander le 1er corps; il aura 10 à 20,000 hommes présents sous les armes. Le maréchal duc de Tarente, auquel vous pourrez donner le commandement du 2e, composé du 2e et du 3e, aura également une division entière à Spandau et une entière à Küstrin, c’est-à-dire vingt-quatre batail­lons (indépendamment des Illyriens et des Suisses), qui doivent faire au moins 15,000 hommes sous les armes.

Quant au 4e corps, vous aurez gardé à Glogau tous les 1er batail­lons des six régiments français qui étaient en Italie, vous aurez établi pour les régiments italiens ce que vous aurez jugé convenable; vous aurez gardé un bataillon du 8e et du 18e d’infanterie légère : vous aurez donc huit bataillons français à Glogau; vous aurez envoyé les autres cadres en Italie.

Faites arrêter à Augsburg les cadres des 2e bataillons de ces huit régiments. Je donne l’ordre qu’on fasse partir d’Italie 700 conscrits de chaque dépôt, ce qui complétera les 2e bataillons à Augsburg. Ils se dirigeront à petites journées sur Glogau; ce qui établira au 1ercorps seize bataillons français, indépendamment des italiens. Vous en formerez une ou deux divisions, comme cela vous paraîtra le plus convenable.

 

Paris, 29 janvier 1813.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.

Mon Fils, je reçois votre lettre du 23 janvier. Je vous ai fait con­naître qu’il fallait réunir une avant-garde de 40,000 hommes et de 5 à 6,000 chevaux, afin de se maintenir à Posen et pouvoir ainsi con­server ses communications avec Varsovie. J’aurais désiré donner le commandement de cette avant-garde au maréchal duc d’Elchingen; mais, puisque vous l’avez envoyé à Paris, il vous reste le maréchal Saint-Cyr.

Le comte Daru est arrivé; il ne m’a apporté aucun renseignement sur la cavalerie ni sur les selles, ce qui fait que je l’ai assez mal reçu. J’espère cependant avoir d’un moment à l’autre des nouvelles du général Bourcier. Il me semble qu’on ne devrait pas tarder à avoir quelques milliers de chevaux en état de se faire, honneur.

Je vous ai fait connaître mes intentions sur la réorganisation de l’armée. Faites payer la solde; mais veillez à ce qu’on ne la paye qu’aux présents. J’ai ordonné que mes chevaux de selle et ma Maison fussent réunis et réorganisés à Berlin au lieu de Magdeburg. et j’ai recommandé qu’on annonçât ma prochaine arrivée à Berlin.

Les vingt-deux régiments composés des quatre-vingt-dix batail-l Ions de cohortes sont superbes.

Vous trouverez ci-joint copie de la lettre que j’écris au ministre de la guerre pour que vous envoyiez à Magdeburg les officiers néces­saires au complètement des cadres de ces bataillons. Ces vingt-deux régiments et le 11e corps réunis seront suffisants pour repousser l’ennemi au-delà de la Vistule, lorsqu’on aura atteint la bonne saison et qu’on pourra disposer d’un peu de cavalerie.

Faites marcher la division Grenier le moins possible, et surtout ne lui faites pas faire de fortes marches. Une retraite, de Posen à l’Oder la démoraliserait et la perdrait.

Vous verrez dans le Moniteur que le royaume d’Italie s’électrise : Milan m’a offert 100 chevaux; on m’assure que le royaume en four­nira 2,000. J’ai ordonné qu’on répartit ces chevaux entre les dépôts des quatre régiments de cavalerie que nous avons en Italie.

J’ai en marche un superbe corps de 20,000 hommes tirés des troupes de la marine, et dont le moindre soldat a un an de service; ce sont eux-mêmes qui ont demandé à marcher.

Vous devez dire, et vous-même être bien convaincu que la cam­pagne prochaine, je chasserai l’ennemi au-delà du Niémen.

Renvoyez le prince de Neuchâtel, puisqu’il est en si mauvais état.

 

Paris, 30 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, j’ai jugé convenable d’envoyer mon aide de camp Lemarois pour prendre le commandement supérieur du grand-duché de Berg, diriger toutes les troupes et étouffer cet incendie. En conséquence, le général Brenier mettra sous ses ordres 3 à 4,000 hommes avec un général de brigade et pourra s’occuper de ses fonctions à Wesel.

Je vous renvoie la lettre du général Brenier; j’approuve sa con­duite. Faites-lui connaître que je lui ai envoyé des ordres depuis, et que, dans ce moment, je fais partir mon aide de camp Lemarois pour se porter à Düsseldorf.

 

Paris, 31 janvier 1813

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Réitérez les ordres au roi d’Espagne de porter son quartier général à Valladolid, de n’occuper Madrid que par l’extrémité de sa gauche et de faire refluer des forces considérables dans le Nord et en Aragon, afin de soumettre le nord de l’Espagne.

 

Paris, 31 janvier 1813.

Au général comte Fontanelli, ministre de la guerre et de la marine du royaume d’Italie, à Milan.

Monsieur le Comte Fontanelli, il y a en Italie douze régiments de ligne ou d’infanterie légère, ce qui fait quarante-huit bataillons. Mon intention est que vous m’envoyiez la situation de ces régiments, bataillon par bataillon, compagnie par compagnie, en ayant soin d’indiquer de quelle date est la situation. De même pour la cavalerie, l’artillerie et le génie.

Il faut m’envoyer cet état tous les mois. Vous pouvez ensuite faire une récapitulation pareille à celle que vous m’avez envoyée le 15 de ce mois. Dans vos états du 15 janvier, vous portez l’armée à 80,000 hommes; mais les pertes faites en Espagne et à la Grande Armée doivent exiger une déduction de 24,000 hommes : on ne peut donc calculer que sur l’existence d’une armée de 50,000 hommes ; vous l’augmentez par un appel de 6,000 hommes sur la réserve de 1813; l’armée sera donc de plus de 60,000 hommes.

Vous me présenterez un projet de décret pour que les bataillons qui sont en Espagne soient réduits à huit ou dix, en y versant tout ce que les autres cadres ont de disponible et en renvoyant ces cadres en Italie. Mais il faut avoir soin que les hommes ne sortent pas de leurs régiments, c’est-à-dire que les régiments qui ont trois batail­lons en gardent un ou deux, en versant dans ceux-là tous les hommes disponibles, et renvoient l’autre bataillon en Italie.

Vous donnerez ordre que tous les cadres des seize bataillons qui étaient au 4e corps de la Grande Armée retournent en Italie, hormis ceux de deux bataillons de ligne et un d’infanterie légère dans les­quels on incorporera ce qu’il y a de disponible dans les seize bataillons.

Vous enverrez au corps d’observation d’Italie, qui se réunit à Vérone, les huit bataillons, ainsi que je vous l’ai déjà mandé. Les quarante-huit bataillons de l’armée d’Italie seront donc employés ainsi qu’il suit : huit ou dix en Espagne; dix-sept à la Grande Armée, dont six au corps du général Grenier, trois au 4e corps et huit au corps d’observation d’Italie; total, vingt-cinq bataillons hors du royaume; il en restera donc vingt et un ou vingt-trois indépendam­ment des 5e bataillons, qui seront tous complétés avec la conscrip­tion de 1814 et, s’il est nécessaire, par un appel sur les conscrip­tions antérieures.

Il y a au 4e corps quatre régiments, deux de chasseurs et deux de dragons. Pour les deux de chasseurs, le cadre de l’un rentrera en Italie, et le cadre de l’autre, complété avec ce que tous les deux ont de disponible, restera à Nuremberg ou à Bamberg.

Il en est de même des dragons ; un régiment restera à Bamberg ou Nuremberg, et l’autre retournera en Italie. Vous ferez partir le plus tôt possible 600 dragons et 600 chasseurs pour recruter ces deux régiments à Bamberg ou Nuremberg. Vous ferez partir avec eux autant de chevaux, harnachés que vous pourrez, et les chevaux néces­saires pour les compléter, vous les ferez acheter à Bamberg. Enfin vous ferez faire dans cette ville les harnais nécessaires, de manière qu’à la fin de mars ces deux régiments puissent entrer en ligne avec 800 chevaux chacun.

Vous compléterez le 1er de chasseurs à 1,000 chevaux et à 1,000 hommes ; il fera partie du corps d’observation d’Italie. Tous les hommes et les chevaux offerts par les communes et les cantons, vous les incorporerez dans ces cinq régiments, à raison de 400 hom­mes par régiment, s’il y a 2,000 chevaux à répartir; et à raison de 500 hommes, s’il y en a 2,500; cela complétera vos régiments à 1,000 hommes et à 1,000 chevaux. Le 4e de chasseurs est déjà à ce complet; le 1er de chasseurs a 225 hommes et 225 chevaux; vous avez 1,000 hommes au dépôt des chasseurs et le même nombre entre les deux régiments de dragons; vous avez donc 3,225 hommes, indépendamment de ce qui reste aux quatre régiments qui sont à la Grande Armée. Il est donc probable qu’avec les dons, qui seront de 2,000 hommes et de 2,000 chevaux, vous pourrez mettre ces régi­ments au complet; et alors on aura le résultat suivant : deux régi­ments de chasseurs, un régiment de dragons à la Grande Armée, 3,000 hommes; deux régiments de chasseurs, un régiment de dra­gons en Italie, 3,000 hommes; total, 6,000 hommes.

La division du corps d’observation d’Italie aura son artillerie ; la division de la Grande Armée l’a déjà. Tout ce qui, du train d’artil­lerie, appartiendrait au 4e corps pourra se rendre en Italie pour s’y réorganiser. Pour le moment, j’attendrai la réponse et l’état que je vous demande avant de rien statuer sur la levée des années anté­rieures. J’approuve que vous ayez levé 6,000 hommes sur la levée de 1813. Dans la répartition de ces 6,000 hommes, il est nécessaire que vous donniez beaucoup au train d’artillerie et aux équipages militaires, afin de les réorganiser. Il faut aussi en donner aux régi­ments qui étaient au 4e corps de la Grande Armée.