Correspondance de Napoléon – Janvier 1813
Fontainebleau, 24 janvier 1813.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.
Mon Fils, j’ai reçu votre lettre du 17 janvier. Le général Lauriston part aujourd’hui de Paris pour se rendre à Wesel et de là à Hambourg, d’où il ira à Magdeburg. Je ne connais point encore la situation des affaires, les troupes que vous avez placées à Danzig et à Thorn. Je n’ai point de renseignements sur la situation de la jeune Garde et de la Garde à pied. J’ai ordonné qu’on renvoyât en France les cadres de la jeune et de la vieille Garde qui seraient inutiles. Je n’entends parler de rien. Le major général, étant malade, ne répond pas assez en détail à mes questions. Je désire avoir l’état de situation des dépôts de l’armée qui reviennent.
Je vous ai mandé d’arrêter les 2e bataillons à Effort.
J’ai ordonné an général Lauriston de diriger la moitié de la division qui est à Hambourg, c’est-à-dire six bataillons, sur Magdeburg, pour y relever la demi-brigade provisoire qui s’y trouve et qui se rendra à Küstrin. Par ce moyen, la division Lagrange sera tout entière sur l’Oder.
Vous pourrez former la division Grenier en deux divisions, en lui donnant deux bons généraux de division. Elle est arrivée actuellement à Berlin; ainsi, dans les premiers jours de février, si elle est en bon état, elle pourra vous servir.
Si les dépôts de l’armée sont suffisants pour tenir garnison à Glogau, Küstrin et Stettin, où il y a d’ailleurs deux bataillons de la Garde, vous pourrez réunir toute la division Lagrange, qui est forte et a son artillerie, avec les deux divisions du général Grenier, ce qui vous fera trois divisions ou 30,000 hommes, indépendamment des Polonais et de ma Garde. Cela vous mettra à même de garder Poses, ce qui est d’une bien grande importance. Le roi de Prusse doit reformer son contingent et vous fournir de la cavalerie.
J’ai mandé au roi de Saxe de réunir toutes les troupes dont il peut disposer, cavalerie, infanterie et artillerie, â Glogau ; ce qui appuiera votre droite.
Enfin je vous ai mandé de faire venir de Varsovie les bataillons toscans et piémontais pour renforcer ma Garde.
En formant ainsi des deux divisions du général Grenier et de la division Lagrange un corps que vous mettrez sous les ordres du duc d’Elchingen, vous serez en position de conserver Posen. Vous êtes maître de réunir tous les magasins qui vous paraîtront nécessaires et d’employer les fonds à cet effet.
En considérant la situation actuelle des affaires, je ne puis penser que les Russes s’avancent sur Posen, si ce n’est avec quelques bataillons d’infanterie légère, quelques milliers de Cosaques et quelques pièces de canon. Il est impossible que, devant masquer Danzig; Thorn et Graudenz, ayant sur leur flanc gauche le prince Schwarzenberg et le général Reynier, et plus loin l’armée que l’empereur d’Autriche rassemble en Galicie, au milieu de l’hiver, fatigués comme ils le sont et sachant les troupes qui nous arrivent, ils tentent une opération sérieuse ; mais il faut enfin leur résister et ne pas s’en aller par une terreur panique. Vous devez avoir, avec l’artillerie dm. He corps, cent pièces de canon dans les mains. Le contingent prussien se rassemble sur votre gauche, entre vous et Stettin ; les Saxons se réunissent à Glogau sur votre droite; vous êtes donc à Posen dans une bonne position, si vous pouvez y rassembler un peu de cavalerie. 2,000 chevaux étaient déjà réunis à Varsovie; je vous ai mandé de les faire revenir. Il vous sera donc facile de rassembler 3 à 4,000 hommes de cavalerie légère, indépendamment des Prussiens et des Saxons. L’avantage de tenir Posen est sensible : par là, l’ennemi ne peut s’approcher de l’Oder, et vous couvrez à la fois Berlin et Dresde.
Lorsque vous recevrez cette lettre, la 1e division du corps d’observation du Rhin sera déjà entrée à Francfort.
En résumé, vous mettrez deux bons généraux de division à la division Grenier; vous changerez le général de division Lagrange, qui est un brave homme, mais qui a un bras de moins et peu d’habitude de manier de l’infanterie; vous réunirez ces trois divisions avec 3 à 4,000 hommes de cavalerie légère sur Posen. Écrivez en Saxe pour que toutes les troupes disponibles viennent couvrir le royaume en manœuvrant sur Glogau. Je crois que le roi de Saxe peut aisément rassembler 1,800 hommes de cavalerie et 4 à 5,000 hommes d’infanterie. Écrivez en Prusse pour que le contingent prussien se rassemble et qu’on vous envoie un millier de chevaux à Posen. Ce contingent appuiera votre gauche. Vous pourrez appeler les divisions Grenier et Lagrange, réunies sous les ordres du duc d’Elchingen, corps d’avant-garde, ou bien leur conserver l’ancien nom de 1er corps. Tout ceci doit pouvoir se faire d’ici le 15 février.
Écrivez au prince Schwarzenberg et au général Reynier pour qu’ils gardent Varsovie aussi longtemps que possible. S’ils étaient obligés de l’évacuer, le prince Schwarzenberg et le général Reynier, ainsi que le prince Poniatowski, devraient marcher sur Kalisz.
Les garnisons des places de Stettin, Küstrin, Glogau et Spandau auront besoin d’être moins fortes pendant que vous les couvrez.
Dans le cours de février, les vingt-huit 2e bataillons seront réunis à Erfurt (comme ils seront composés de jeunes gens, ils seront bons à placer dans les places fortes), de sorte que chaque régiment de l’armée aura deux bataillons.
A la fin de février, le corps d’observation de l’Elbe sera en partie sur Magdeburg, et celai du Rhin à Francfort.
Vous pouvez nommer à toutes les places vacantes de capitaines, lieutenants et sous-lieutenants, mais seulement aux places vacantes et sans dépasser la nouvelle organisation.
Faites venir un bon général de cavalerie à Posen; réunissez-y toute la cavalerie légère que vous pourrez ; réunissez-la par escadrons entiers.
Le ministre de la guerre vous enverra le décret que j’ai pris pour vous nommer mon lieutenant général. Vous pourrez le faire mettre à l’ordre de l’armée.
Fontainebleau, 24 janvier 1813.
A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel
Mon Frère, il est nécessaire que la place de Magdeburg soit approvisionnée pour une garnison de 15,000 hommes et 2,000 chevaux pendant un an. Donnez des ordres pour que cet approvisionnement soit fait sans le moindre délai, en sorte qu’il soit complet au 1er mars prochain.
Cet approvisionnement sera divisé en deux parties : l’une, pour six mois, sera à votre compte et entre les mains de vos agents et garde-magasins; l’autre, également pour six mois, sera au compte de la France et entre les mains des agents et garde-magasins français. J’ai préféré que vous vous chargeassiez de faire faire tout l’approvisionnement, parce que, comme il n’y aura point de concurrence, il pourra être fait à meilleur marché, et parce que vous pourrez employer la voie des réquisitions, ce qui vous donnera un grand avantage. Envoyez-moi un état de cet approvisionnement, où une colonne contiendra ce qui est au compte de la Westphalie et une autre ce qui est au compte de la France. Je donne ordre que des fonds soient faits sur-le-champ pour payer tout ce que vous aurez fourni. Vous recevrez un décret que j’ai pris sur ces bases.
Il faudra que les commissaires des guerres veillent à ce qu’il ne soit reçu que des denrées de bonne qualité. L’approvisionnement doit être en farine et non en blé, à cause des difficultés qu’il peut y avoir pour moudre. Faites-moi connaître si vous préférez être payé avec les obligations que j’ai de vous ou bien en argent comptant. Il faut que les denrées soient bonnes et à bon marché; elles seront régulièrement payées à mesure des versements. Indépendamment de l’avoine nécessaire pour les 2,000 chevaux pendant un an, je désire avoir à Magdeburg une réserve d’avoine. Faites passer, en conséquence, des marchés pour qu’il m’y soit fourni 2 millions de boisseaux d’avoine. Il devra y avoir, au 1er mars, 60,000 quintaux de farine, 30,000 pour votre compte, et 30,000 au mien. Quant à la viande, il devra y avoir, sur chaque approvisionnement pour six mois, une quantité de viande salée suffisante pour deux mois, et pour les quatre autres mois, un approvisionnement de viande sur pied.
Fontainebleau, 24 janvier 1813.
A Caroline, reine des Deux-Siciles, à Naples.
(La minute de cette lettre n’existe plus aux archives : elle en a été retirée, le 10 juillet 1815, par le Directeur général de la Maison du Roi, avec d’autres minutes et des pièces fausses qui avaient été écrites dans le cabinet de M. de Blacas. e (Note des Archives de l’Empire.)
Fontainebleau, 25 janvier 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, donnez l’ordre au vice-roi commandant l’armée de renvoyer tous les cadres en France, et d’organiser, sous les ordres du duc d’Elchingen et sous le titre d’avant-garde, un corps qu’il composera des troupes du général Grenier, qu’il partagera en deux divisions, et de la division Lagrange. Cela mettra sous les ordres de ce maréchal trente-six bataillons qui ne sont pas encore donné. Une division polonaise et une autre division qu’il composera de troupes alliées formeront un autre corps qu’il pourra mettre sons les ordres du maréchal Gouvion Saint-Cyr.
Donnez-lui ordre de placer les bataillons de la Grande Année qu’il gardera dans les places de l’Oder et à Spandau, où ils seront rejoints par les vingt-huit bataillons qui vont s’organisera Erfurt, et ensuite par les cinquante-six autres bataillons qui vont se réorganiser en France avec la conscription de 100,000 hommes, de sorte qu’avant le mois de mai chacun de ces régiments sera rétabli à quatre bataillons. En adoptant cette marche, le vice-roi doit placer les V bataillons du 1e corps à Stettin, ceux des 2e et 3e corps à Küstrin et à Spandau, ceux du 4e corps à Glogau, afin que ces régiments restent toujours ensemble, que les 2e bataillons puissent les rejoindre, et insensiblement les derniers. Cela aura aussi l’avantage que tous les malades, les éclopés et les égarés sauront où est leur corps et sur quel point ils doivent se diriger. On saura aussi comment diriger les compagnies des 5e bataillons qui proviennent des garnisons des vaisseaux.
Moyennant ce, ces troupes, qui sont si fatiguées, se reposeront, auront des dépôts fixes et serviront en même temps de garnison; et l’avant-garde, composée du 11e corps tout entier, appuyée par le corps prussien, par celui des auxiliaires commandés par le maréchal Saint-Cyr, et par un corps saxon qui couvrira Glogau, sera à même de se maintenir à Posen.
Ceci est une instruction générale que le vice-roi modifiera selon les circonstances.
Alors il suffira de former de tous les bataillons du 1e corps, conservés à Küstrin, une division qu’on appellera division du 1er corps. Un général de division et deux généraux de brigade sont nécessaires pour commander cette division. Il faut les prendre parmi ceux qui entendent le mieux l’administration et l’organisation des troupes, afin qu’ils s’occupent avec activité de l’habillement et du rétablissement de ces bataillons. On laissera également un officier du génie, un officier d’artillerie, des chirurgiens et les administrateurs nécessaires à cette division. Les mêmes ordres seront donnés pour les bataillons des 1er, 3e et 4e corps, mais il suffira d’un général de brigade pour commander chacune de ces divisions. Par ce moyen, tout le reste des généraux, officiers, administrateurs, etc., des 1er, 2e et 3e corps, qui comprend aussi le 9e depuis sa suppression, deviendra disponible, et tous ces individus devront se rendre à Magdeburg. Aussitôt que vous en aurez reçu l’état, ils seront employés dans les corps d’observation, et l’armée se trouvera ainsi recomposée sur de nouvelles bases.
La division Durutte est restée avec le général Reynier; mais donnez l’ordre au vice-roi de la reprendre pour le corps du duc d’Elchingen, si jamais elle s’en rapprochait. Cependant il doit la laisser au corps eu général Reynier, tant que ce général sera chargé de couvrir Varsovie.
Les divisions Loison, Heudelet, Grandjean sont, je crois, toutes les trois à Danzig; toutefois je n’en suis pas certain. Donnez l’ordre que les bataillons qui composent le 3e, le 105e, le 29e et le 113e soient réduits; qu’on réunisse tous les hommes disponibles dans un ou deux bataillons, par régiment, selon ce qui reste, et qu’on renvoie tous les autres cadres sur Erfurt. Le 29e régiment, ayant quatre bataillons, pourrait renvoyer les cadres de deux bataillons bien complets.
Si la garnison de Danzig est ainsi composée de la division Grandjean, de la division Loison, de la division Heudelet et de la division napolitaine, avec l’artillerie et le génie, elle doit composer plus de 25,000 hommes. Il me parait convenable que vous envoyiez un officier intelligent, qui se rende avec les précautions convenables à Danzig et en rapporte des nouvelles et des renseignements sur l’état des choses. Le gouverneur aura soin d’écrire en chiffre toutes ses lettres.
Par ces dispositions, tous les généraux d’artillerie de l’armée deviennent disponibles ; ils sont tous aujourd’hui dans les places de l’Oder; vous pouvez donc désigner ceux qui seront employés au corps d’observation de l’Elbe, aux deux corps d’observation du Rhin, ou à celui d’Italie. C’est ainsi que, sans déranger le colonel Paris, qui est en Hollande, vous pouvez désigner un des généraux de brigade du génie de la Grande Armée pour le corps du général Lauriston.
Moyennant cette nouvelle organisation, les 1er, 2e, 3e et 4e corps n’existeraient plus. Il n’en existerait plus que quatre divisions, qui deviendraient la garnison des places fortes, jusqu’à ce que le retour des vingt-huit bataillons d’Erfurt et des cinquante-six bataillons qui, au mois de mars, sortiront de France, recompose ces corps.
La Grande Armée consisterait dans les quatre divisions de Danzig, dans le 11e corps, qui prendrait le titre d’avant-garde et serait composé de trois divisions, dans le corps auxiliaire commandé par le maréchal Saint-Cyr, et qui continuerait à porter le titre de 6e corps, et enfin dans ce qui resterait des gardes impériale, italienne et napolitaine, qui formerait la garde du vice-roi. Les cadres de la Garde, infanterie, artillerie et cavalerie, qui ne seraient pas nécessaires, viendraient se réorganiser à Fulda.
Dans quinze jours, vous pourrez savoir la réponse du vice-roi à ces dispositions. Il fera connaître la force qu’auront les bataillons de la Grande Armée qui formeront les quatre divisions de la garnison de Danzig, et les objections qu’il voit à l’exécution de cet ordre.
Alors on pourra savoir l’époque où les vingt-huit bataillons d’Erfurt, ainsi que les bataillons réorganisés en France, pourront revenir; ce qui donnera des idées précises sur l’époque de la réorganisation des quatre corps de la Grande Armée.
Remettez-moi un état de toutes les compagnies qui étaient à bord des vaisseaux, et du lieu où elles se trouvent, afin que je donne des ordres pour qu’elles continuent leur marche et soient incorporées dans les 1er bataillons de la Grande Armée. Les cadres devront revenir en France.
Fontainebleau, 25 janvier 1813.
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Monsieur le Comte de Cessac, je vous envoie un état que le ministre de la guerre a reçu du général Bourcier. Je désire qu’après que vous en aurez fait prendre copie vous le rendiez au bureau de l’artillerie. Vous verrez dans cet état que les chevaux de trait montent à 7,800. Le général Bourcier mande qu’il va faire un nouveau marché de 3,000 chevaux, ce qui portera le total à plus de 10,000 chevaux de trait, dont 6,500 pour l’artillerie et 3,500 pour les équipages militaires. Tout me porte à penser que la fourniture de Varsovie éprouvera des diminutions, et qu’ainsi on aura difficilement les 3,500 chevaux.
Vous verrez par le même état que le général Bourcier a fait des marchés pour 5,200 chevaux de grosse cavalerie, 2,400 de dragons et 14,000 de cavalerie légère; en tout pour 21,600 chevaux livrables, savoir : 6,000 à Varsovie, 2,700 à Posen, 3,000 à Glogau, 3,500 à Berlin, 3,200 à Hambourg et 3,200 à Hanovre. Je suis fondé à penser que le marché de Varsovie ne se réalisera pas en totalité, mais une première fourniture de 2,000 chevaux doit déjà y avoir eu lieu, savoir, 600 de dragons et 1,400 de cavalerie légère; je doute que le reste réussisse; ainsi je prévois qu’il doit y avoir une diminution de 4,000 chevaux sur ce marché. Quant à tous les autres, comme beaucoup ne sont livrables qu’au 15 juin, cela formera un double emploi pour remonter la cavalerie de l’armée, qui d’ici là serait démontée.
Écrivez au général Bourcier pour lui demander, 1° l’état de situation, régiment par régiment, de ce qui se trouve dans ses dépôts; 2° un rapport sur l’artillerie; 3° quelle était la partie de ces chevaux qui avait été reçue au 15 janvier.
Je vous envoie aussi une lettre que je reçois du comte Daru, relativement aux équipages militaires. Je suppose que cette situation s’augmentera. Il paraît que les 2e, 6e, 9e, 17e et 19e bataillons sont en marche. Aussitôt que vous serez certain que les cadres de ces cinq bataillons ont passé l’Oder, vous pourrez les compter dans la formation des cinq bataillons que vous organiserez. Je suppose que, depuis, vous avez donné l’ordre que tout le 9e se rendra à Vérone. J’ai également donné l’ordre que les deux bataillons de la Garde se missent en route pour Fulda, et que les deux bataillons italiens se missent en route pour Nuremberg, où le vice-roi les fera réunir en un seul bataillon et recompléter en hommes, chevaux et voitures venant d’Italie. Donnez ordre que le 7e, qui était attaché à la Garde, rentre également en France. Il restera donc à l’armée dix bataillons.
Le 16e et le 14e sont à Varsovie : de ces deux il n’en faut faire qu’un, que l’on complétera sous le titre du 14e. Je crois que c’est un bataillon à la comtoise. Les 600 voitures et les harnais nécessaires pourraient être faits à Varsovie, ce qui emploiera les chevaux de Varsovie.
Le 10e est à Berlin : il pourrait facilement y être recruté. Autorisez qu’on y mette des hommes qui auraient perdu des doigts.
On peut réduire le 20e et le 21e à un seul sous le titre du 20e; de même le 22e et le 23e pourraient être réduits en un seul sous le titre du 23e.
Ainsi, de quinze bataillons, six passeront en France, les 2e, 6e, 7e, 9e, 17e et 19e; deux, les 14e et 16e, se formeront en un seul à Varsovie, sous le titre du 14e; deux, les 12e et 15e, se formeront en un seul à Glogau, sous le titre du 12e; un, le 10e, se formera à Berlin; les 20e et 21e se formeront en un seul à Danzig, sous le titre du 20e; deux, les 22e et 23e, se formeront en un seul à Berlin, sous le titre du 23e; total, quinze bataillons.
Chacun de ces cinq derniers bataillons, au lieu d’être de six compagnies, ne sera que de quatre, toutes organisées à la comtoise, c’est-à-dire à 100 voitures, par exemple, ce qui fera 400 voitures par bataillon, et pour les cinq bataillons réorganisés à l’armée, 2,000 voitures. Quant aux chevaux, cela en exigera 800 par bataillon et 4,000 pour les cinq bataillons. Enfin, pour les UMUOMS, il faudra 500 hommes par bataillon, et 2,500 pour les cinq bataillons. Le nouveau 14e, qui se réunit à Varsovie, se complétera avec des Polonais. Le 20e qui se réorganise à Danzig, se complétera de tous les hommes du pays. Reste donc à pourvoir au recrutement des 12e, 10e et 22e qui se forment le premier à Glogau et les deux autres à Berlin. Il y sera pourvu en y incorporant tous les Français qui ont eu les mains gelées, et enfin par des conscrits qu’on enverra. Ainsi le bataillon de Danzig doit déjà avoir ses voitures à Danzig; les hommes doivent trouver là leur habillement, et les chevaux leur harnachement. Il ne sera pas difficile de former les deux bataillons à Berlin; on pourrait d’ailleurs en envoyer un à Hanovre. Celui de Glogau y est bien. Celui de Varsovie, qui se recrute de Polonais, y sera promptement en état. Il faudrait 4,000 chevaux pour ces cinq bataillons; mais, comme celui de Danzig n’aura besoin de ses chevaux que lorsqu’on se reportera en avant et que la place sera débloquée, il n’en faut maintenant que 3,200. Faites le budget conformément à cette base. Les voitures à la comtoise seront légères et, en un mot, telles que celles qu’on avait dans la dernière campagne.
Ainsi donc les équipages de la Grande Armée se composeront de six bataillons qui se forment en France, de deux bataillons de la Garde et de cinq bataillons qui restent à l’armée, ce qui fait treize. Les deux bataillons italiens dirigés sur Nuremberg ne devront plus en former qu’un seul, ce qui fait quatorze bataillons d’équipages militaires. Je désire que vous me fassiez connaître où s’organisent les cinq bataillons qui sont en France, quelle espèce de voitures on leur construit et quand ces voitures seront prêtes. Une partie de ces bataillons doit atteler des voitures à la comtoise.
Fontainebleau, 25 janvier 1813.
Au comte Bigot de Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Monsieur le Comte Bigot de Préameneu, il est nécessaire que vous envoyiez une estafette au général Miollis pour lui faire connaître l’arrangement qui vient d’être fait avec le Pape et, sans lui envoyer ce traité, lui en donner l’analyse. Il ne l’imprimera pas, mais il s’en servira dans ses conversations. Vous lui direz que le Pape va demeurer à Avignon, où il exercera son pontificat comme par le passé; que la circonscription actuelle est maintenue, hormis qu’on rétablira les évêchés suburbicaires, etc.
Fontainebleau, 25 janvier 1813.
Au comte de Montesquiou-Fezensac, grand chambellan, à Paris
Monsieur le Grand Chambellan, donnez en gratification un an de gages à tous les domestiques du Pape. Vous prendrez cette dépense sur les fonds des Présents de votre budget
Fontainebleau, 25 janvier 1813
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Posen.
Vous devez vous tenir pour dit que je ne confirmerai des nominations faites par le roi de Naples que celles qui pourvoiront à des places vacantes.
Fontainebleau, 25 janvier 1813.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.
Mon Fils, le roi de Naples a donné ordre aux cadres des bataillons de vélites de sa garde de se rendre à Glogau. Je ne comprends pas trop ce qu’on a fait des hommes qui étaient dans ces cadres, puisqu’ils n’ont pas donné et qu’ils n’ont jamais dépassé Vilna. Il ne serait pas convenable de laisser ces cadres qui ont souffert traverser toute l’Italie; cela serait d’un mauvais effet. Il est préférable qu’ils restent à Glogau et qu’ils reçoivent là les conscrits qui leur seront envoyés les recruter.
Fontainebleau, 25 janvier 1813.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.
Mon Fils, je vous envoie copie d’une lettre que j’écris au ministre de la guerre; par ce moyen, vous connaîtrez mes intentions deux jours plus tôt. Faites-moi une réponse sur-le-champ.
Je suis surtout pressé de connaître : 1° quelle sera la force et le nombre des compagnies des 5e bataillons, provenant des garnisons de vaisseaux, qui doivent se trouver à Berlin, et dont j’ai ordonné l’incorporation dans les 1er bataillons des 1er, 2e, 3e et 4e corps; 2° quelle est la force de la garnison de Danzig : faites-en retirer le plus de cadres que vous pourrez ; 3° faites-moi connaître en détail le nombre d’officiers et sous-officiers que chaque régiment renvoie en France, le lieu où ils se trouvent, leur itinéraire, le nombre de généraux, d’officiers d’état-major, d’officiers du génie et d’artillerie, ainsi que les officiers d’administration que vous renvoyez sur Magdeburg ; 4° faites-moi connaître la force du 11e corps, celle de la Garde et celle du corps du maréchal Saint-Cyr, infanterie, cavalerie et artillerie. Je suppose que cette partie active, à elle seule, doit vous donner promptement 45 à 50,000 combattants. 2 à 3,000 chevaux ont été fournis à Varsovie; il doit en avoir été fourni à Glogau, à Berlin ; il en avait été fourni à Elbing. Vous ne devez pas tarder à réunir quelques milliers de chevaux.
Si à ce corps on joint ce que le roi de Saxe réunira en avant de Glogau et les Prussiens entre Stettin et Küstrin, vous ne pouvez plus être dépossédé de Posen et serez à même de tenir vos communications avec Varsovie.
Fontainebleau, 25 janvier 1813.
A M. Melzi, duc de Lodi, grand-chancelier du royaume d’Italie, à Milan.
Monsieur le Duc de Lodi, je viens de signer avec le Pape un concordat. Je m’empresse de vous en envoyer la copie pour vous seul, mon intention étant qu’il ne soit pas publié, mais que vous en ayez connaissance, afin que vous puissiez en parler et en arrêter les fausses versions, s’il s’en publiait dans le royaume. Le Pape va s’établir à Avignon.
Le ministre des cultes étant mort, je désire que vous me présentiez un sujet pour le remplacer. Je désire aussi que vous me fassiez connaître vos vues sur les nominations à faire aux évêchés vacants, surtout à celui de Milan. Je voudrais pour ce dernier siège un évêque de mœurs sans reproche, d’une doctrine pure, et dont on ait été content dans toutes les circonstances. Faites-moi aussi connaître s’il y aurait dans le royaume quelque prélat qui eût bien mérité en cour de Rome, dont nous eussions eu lieu d’être content dans les dernières circonstances, et qui fût enfin dans le cas d’être fait cardinal. En général, remettez-moi une note sur les sujets du royaume qu’on pourrait proposer pour cardinal.
Si, lorsque la nouvelle de ces arrangements se saura en Italie, quelques articles de journal étaient nécessaires pour diriger l’opinion, vous les rédigeriez vous-même; et, dans ce cas, vous feriez connaître la vérité sans vous servir des mêmes mots, et de manière qu’il n’y ait rien d’officiel. Ces articles pourraient être nécessaires, surtout pour Ancône et Bologne. Vous seul devez garder cette copie du concordat, et, sous quelque prétexte que ce soit, vous n’en devez donner connaissance à personne.
Fontainebleau, 25 janvier 1813.
A François Ier, empereur d’Autriche, à Vienne.
Monsieur mon Frère et cher Beau-Père, ayant eu occasion de voir le Pape à Fontainebleau, et ayant conféré plusieurs fois avec Sa Sainteté, nous nous sommes arrangés sur les affaires de l’Église. Le Pape parait vouloir s’établir à Avignon. J’envoie à Votre Majesté le concordat que je viens de signer avec lui; je désirerais que cette pièce ne devînt pas encore publique.
Les grandes connaissances que le comte Otto a des affaires d’Angleterre et d’Amérique me font désirer sa présence à Paris. Je voudrais le remplacer par le comte de Narbonne, qui a toute ma confiance et qui a des formes qui peuvent être agréables à Vienne. Je prie Votre Majesté de me faire connaître si elle l’agréera.
Le roi de Naples étant malade a désiré quitter l’armée, et le vice-roi l’a remplacé dans le commandement. Mes troupes sont en mouvement. Tout est en armes en France, et Votre Majesté peut être certaine qu’avec l’aide de Dieu, aussitôt que la bonne saison arrivera, je chasserai les Russes plus vite qu’ils ne sont venus. Tous mes villages et cantons m’ayant offert une levée volontaire de chevaux, cela seul me fait 40,000 chevaux, les cavaliers ayant déjà finit la guerre et les chevaux ayant plus de six ans, et ce indépendamment de 20,000 chevaux que me procurent les réquisitions et les remontes ordinaires, et de 20,000 autres provenant des marchés passés dans le Nord, et dont une partie est déjà livrée à Varsovie, Posen, Glogau, Stettin, Berlin et Hanovre.
J’ai reçu une lettre du roi de Danemark qui est aussi franche que positive; il me fait connaître sa ferme intention de rester dans l’alliance et d’être sourd à toutes les tentatives de la Russie, de la Suède et de l’Angleterre.
J’avais parlé de la Suède à Votre Majesté, à Dresde; mais, dès le lendemain de mon départ, le sieur Signeul arriva et apporta la demande inattendue que je laissasse la Suède prendre la Norvège. Je fus, comme de raison, indigné d’une proposition aussi contraire à mon honneur, puisque mon alliance avec le Danemark n’était pas une circonstance inconnue. Je ne daignai pas même faire faire une réponse.
Votre Majesté a été instruite de l’affaire du général York. Le roi de Prusse me témoigne les meilleurs sentiments, mais j’envoie au comte Otto une traduction des derniers journaux anglais, qui fait voir ce que les Anglais méditent. Ils veulent traiter le roi de Prusse comme Ferdinand VII, et établir un comité révolutionnaire qui parlera pour lui.
J’attends demain ou après-demain des nouvelles de Vienne qui me feront connaître si Votre Majesté a été satisfaite de la lettre que je lui ai écrite et les mesures qu’elle aura prises en conséquence.
CONCORDAT DE 1813.
Palais de Fontainebleau, 25 janvier 1813
Sa Majesté l’Empereur et Roi et Sa Sainteté, voulant mettre un terme aux différends qui se sont élevés entre eux et pourvoir aux difficultés survenues sur plusieurs affaires de l’Église, sont convenus des articles suivants comme devant servir de base à un arrangement définitif.
ARTICLE 1er. Sa Sainteté exercera le pontificat en France et dans le royaume d’Italie de la même manière et avec les mêmes formes que ses prédécesseurs.
ART. 2. Les ambassadeurs, ministres, chargés d’affaires des puissances près le Saint-Père, et les ambassadeurs, ministres ou chargés d’affaires que le Pape pourrait avoir près des puissances étrangères, jouiront des immunités et privilèges dont jouissent les membres du corps diplomatique.
ART. 3. Les domaines que le Saint-Père possédait, et qui ne sont pas aliénés, seront exempts de toute espèce d’impôt; ils seront administrés par ses agents ou chargés d’affaires. Ceux qui seraient aliénés seront remplacés jusqu’à la concurrence de 2 millions de francs de revenu.
ART. 4. Dans les six mois qui suivront la notification d’usage de la nomination par l’Empereur aux archevêchés et évêchés de l’Empire et du royaume d’Italie, le Pape donnera l’institution canonique, conformément aux concordats et en vertu du présent induit. L’information préalable sera faite par le métropolitain. Les six mois expirés sans que le Pape ait accordé l’institution, le métropolitain, et à son défaut, ou s’il s’agit du métropolitain, l’évêque le plus ancien de la province, procédera à l’institution de l’évêque nommé, de manière qu’un siège ne soit jamais vacant plus d’une année.
ART. 5. Le Pape nommera, soit en France, soit dans le royaume d’Italie, à dix évêchés, qui seront ultérieurement désignés de concert.
ART. 6. Les six évêchés suburbicaires seront rétablis. Ils seront à la nomination du Pape. Les biens actuellement existants seront restitués, et il sera pris des mesures pour les biens vendus. A la mort des évêques d’Anagni et de Rieti, leurs diocèses seront réunis auxdits six évêchés, conformément au concert qui aura lieu entre Sa Majesté et le Saint-Père.
ART. 7. À l’égard des évêques des États romains absents de leurs diocèses par les circonstances, le Saint-Père pourra exercer en leur faveur son droit de donner des évêchés in partibus. Il leur sera fait une pension égale au revenu dont ils jouissaient, et ils pourront être replacés aux sièges vacants, soit de l’Empire, soit du royaume d’Italie.
ART. 8. Sa Majesté et Sa Sainteté se concerteront en temps opportun sur la réduction à faire, s’il y a lieu, aux évêchés de la Toscane et du pays de Gênes, ainsi que pour les évêchés à établir en Hollande et dans les départements hanséatiques.
ART. 9. La Propagande, la Pénitencerie, les Archives seront établies dans le lieu du séjour du Saint-Père.
ART. 10. Sa Majesté rend ses bonnes grâces aux cardinaux, évêques, prêtres, laïques, qui ont encouru sa disgrâce par suite des événements actuels.
ART. 11. Le Saint-Père se porte aux dispositions ci-dessus par considération de l’état actuel de l’Église, et dans la confiance que lui a inspirée Sa Majesté qu’elle accordera sa puissante protection aux besoins si nombreux qu’a la religion dans les temps où nous vivons.
Fontainebleau, 26 janvier 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, j’approuve l’état n° 1. La 1e division du corps d’observation de l’Elbe se réunira à Magdeburg aussitôt que possible; mais il sera nécessaire que le général Lauriston tienne un régiment à Hambourg pour maintenir la police du pays. La 2e division se réunira à Münster, d’où elle sera prête à partir avant le 10 février. Il est nécessaire que le général Puthod ait son quartier général à Munster, au 1er février. La 3e division se réunira le 10 février à Osnabrück ; il est nécessaire que le général Lagrange y ait son quartier général établi dès le 5 février. Enfin la 4e division sera réunie à Francfort le 15 février. Il est nécessaire que le général Rochambeau soit le 15 février, de sa personne et avec son quartier général, à Francfort. Aussitôt qu’il y sera arrivé, le général Souham portera son quartier général à Hanau, où il réunira toute sa division.
La 1e division du 1er corps d’observation du Rhin (état n° 2) sera composée comme vous proposez ; elle se réunira à Francfort avant le 7 février, et à Hanau avant le 16. La 2e division sera réunie à Francfort avant le 1er mars. Lorsque cette division sera arrivée à Francfort, celle du général Rochambeau sera portée sur Fulda, où elle sera à la disposition du général Lauriston. Je n’approuve point la formation des 3e et 4e divisions du 1er corps d’observation du Rhin. La 3e division de ce corps sera composée du 145e, du 130e et du 138e; elle se réunira à Mayence dans les premiers jours de mars, et sera réunie le 5 à Francfort. La 4e division sera composée du 139e, du 140e, du 113e et du 26e provisoire; elle sera réunie à Mayence vers le 15 mars, et à Francfort du 15 au 20.
La le division du 2e corps d’observation du Rhin sera composée de la 3e division actuelle du ler corps, qui sera réunie à Mayence le 20 mars. La 2e division du 2e corps d’observation du Rhin sera composée des 141e, 142e et 144e; elle sera réunie à Mayence le 1er avril. La 3e division du 2e corps sera composée de la 4e du 1er corps actuel, à l’exception du 34e régiment d’infanterie légère qui vient des Pyrénées. Les 27e et 28e provisoires seront joints à cette 3e division, qui sera réunie à Mayence le 10 avril. Enfin la 4e division du 2e corps d’observation du Rhin sera composée des vingt bataillons des régiments de la marine. Je désire que vous me fassiez connaître l’époque où elle pourra se réunir à Mayence.
Vous trouverez ci-joint le tableau de la formation de ces corps. Vous y verrez l’époque où chaque division doit se réunir à Mayence. Vous réglerez là-dessus le départ, de manière que les corps partent le plus tard possible des dépôts, parce que, plus tard ils partiront, plus les soldats seront bien équipes et en état, et que d’ailleurs ils marcheront dans une saison plus douce. Calculez leur départ sur le point fixe que j’ai déterminé pour leur arrivée à Mayence. Je désire que vous ordonniez tous les mouvements en conséquence.
Quant aux généraux, il faut prendre ceux qui sont à la Grande Armée, hormis pour le corps d’observation de l’Elbe; j’y ai pourvu par d’autres généraux. Par ce moyen, le corps d’observation de l’Elbe pourra être réuni tout entier à Magdeburg, s’il est nécessaire, dans les premiers jours de mars. Le 1er corps d’observation du Rhin pourra pousser deux de ses divisions sur Magdeburg, si cela est nécessaire.
Le corps d’observation d’Italie sera réuni à Vérone au 1er mars. En conséquence, ordonnez les mouvements pour que chaque régiment parte le plus tard possible, et n’arrive à Bassano, Vérone, Vicence et Mantoue que le 1er mars, hormis le 137e et le 156e qu’il est bon de réunir à Mantoue le plus tôt possible pour les former.
Règle générale : il faut recommander qu’aucun détachement ne parte qu’il ne soit bien armé et que chaque soldat n’ait deux paires de souliers dans le havresac et une aux pieds. Aucun soldat ne doit partir qu’il ne soit au moins depuis un mois sous les armes et n’ait déjà un peu manié sou fusil.
Je désire que, lorsque vous m’enverrez votre travail, vous y joigniez le mouvement du corps de la réserve.
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- S. Dans l’état de formation du 1er corps du Rhin vous ne portez le 22e que pour deux bataillons ; il devrait en fournir quatre. J’ai ôté le 34e léger, qui sera placé au camp de Bayonne.
Fontainebleau, 26 janvier 1813.
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Monsieur le Comte de Cessac, l’armée de Catalogne me coûte beaucoup trop. Il est ridicule qu’on me demande du vin, de l’eau-de-vie et de l’avoine pour Barcelone; on doit s’en procurer dans le pays. Il en est de même pour la viande salée. Je ne veux fournir que le blé; mais, au lieu de 25,000 quintaux, je ne veux en fournir que 15,000. Il faut cesser de fournir à l’armée de Catalogne le bois, le vin et l’eau-de-vie; elle doit s’en fournir sur les lieux. Il faut également cesser les distributions de fourrages, et diminuer la fourniture de blé ; l’armée doit pouvoir s’en procurer une partie dans ses cantonnements. Tout cela donne lieu à des dilapidations et coûte un argent immense. Faites connaître au général Decaen que, dans les circonstances actuelles, on ne saurait faire de pareilles dépenses.
Fontainebleau, 26 janvier 1813.
Au général Savary, duc de Rovigo, ministre de la police générale, à Paris
Je vois par l’extrait du rapport du commissaire de Bremen que la police bavarde au lieu d’agir. Si, au lieu de faire des tableaux qui n’ont pas le sens commun, elle avait fait arrêter cinq ou six des malveillants qui ont montré de la désobéissance, on aurait pris exemple sur eux. Mais la police prend une mauvaise direction; elle bavarde, elle fait des tableaux, et n’arrive à aucune mesure.
Fontainebleau, 26 janvier 1813.
Au général Lefebvre-Desnouettes, colonel des chasseurs à cheval de la Garde impériale, à Paris
Je ne puis que vous témoigner mon mécontentement sur la manière dont on reçoit les chevaux ; il n’y a qu’un cri d’indignation dans tout Paris. Des chevaux qui valent 1,000 francs ont été refusés. On suppose qu’il y a des intrigues de la part des marchands de chevaux de la Garde, qui voudraient tout fournir. Prenez sur-le-champ les mesures convenables pour que tous les chevaux qui valent plus de 300 francs et qui peuvent servir soient reçus. Il n’y a que le défaut d’âge ou de taille qui puisse être un motif de refus. S’ils ne sont pas bons pour la Garde, on les enverra aux régiments. Comme c’est vous que j’ai chargé de l’opération, c’est vous qui êtes responsable; restez jour et nuit au Champ de Mars, et faites vous-même cette opération ; ce n’est pas dans un moment comme celui-ci, où nous avons tant besoin de chevaux, qu’on doit s’en rapporter à d’autres.
Fontainebleau, 26 janvier 1813.
Au baron de la Bouillerie, trésorier général de la couronne et du domaine extraordinaire, à Paris
Faites donner 50,000 francs, sur le chapitre des gratifications de 1813, au général de division Souham..
Fontainebleau, 26 janvier 1813.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.
Mon Fils, je reçois votre lettre du 20. Je vous ai autorisé à faire rentrer le major général. En général, vous avez cette autorisation pour tous ceux qui en auront besoin ou que vous jugerez convenable de renvoyer.
Je n’ai rien à ajouter à mes dépêches antérieures : tous vos efforts doivent tendre à garder Varsovie.
Les rapports qui me parviennent de tous cotés confirment que, sur la Berezina, les Russes se sont crus perdus; que, sans la malheureuse affaire de Partouneaux, Victor les aurait battus comme nous avions battu l’amiral, et que leur armée aurait été écrasée ; que le corps de Koutouzov est tout à fait détruit; qu’ils ne pensaient pas à venir sur Vilna et restaient à Minsk, lorsque les marches forcées qu’on a faites et les mesures qu’on a prises à Vilna les ont encouragés à s’y présenter. Depuis, le succès de la trahison du général York les a poussés au-delà du Niémen. Actuellement tâcheront-ils d’arriver à Varsovie ? Voilà la question.
- S. Je ne doute pas que vous ne gardiez Posen.
Fontainebleau, 26 janvier 1813.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.
Mon Fils, le ministre directeur de l’administration de la guerre me rend compte qu’il a ordonné la formation de cinq magasins de réserve, l’un à Stettin, et les autres à Küstrin, Glogau, Spandau et Magdeburg.
J’ai déjà pourvu à l’approvisionnement de Magdeburg en ordonnant, comme je vous l’ai mandé avant-hier, que cette place fût approvisionnée pour un an et pour une garnison de 15,000 hommes et 2,000 chevaux. Quand cet approvisionnement sera fait, je verrai si je dois en faire faire un autre.
Je vous ai également mandé, le 24, de faire faire à Küstrin et à Spandau un approvisionnement de 25,000 quintaux de farine et un million de boisseaux d’avoine. Si ma lettre portait Stettin au lieu de Spandau, c’est par erreur. Vous ordonnerez donc à l’intendant général de regarder la lettre du comte de Cessac comme non avenue, et de s’occuper sans délai des dispositions que j’ai prescrites le 24. J’aurai ainsi trois magasins : un à Magdeburg, un à Küstrin et un à Spandau, ce qui m’assure tout ce qui est nécessaire.
Ayez soin qu’il y ait 500,000 rations de biscuit à Stettin et autant à Küstrin. Vous prendrez les mesures les plus économiques pour faire fournir ces approvisionnements, et vous ferez en sorte qu’ils soient complets avant la fin de février. Donnez des ordres pour que, le plus promptement possible, les approvisionnements des places fortes soient complétés à mes frais, sans chicaner la Prusse.
Faites-moi connaître le nombre de moulins portatifs qui restent à l’armée; vous devez en avoir reçu dernièrement.
Ayez soin de donner l’ordre que le blé des approvisionnements de toutes les places soit converti en farine, non-seulement pour être prêt en cas de siège, mais pour qu’au commencement de la campagne nous puissions trouver de la farine toute faite, pour aller en avant.
Du moment que vous aurez réuni 6,000 hommes de cavalerie, 40,000 hommes d’infanterie, avec cent cinquante pièces de canon, il faudra organiser les magasins de Posen. Je désirer y avoir, à l’ouverture de la campagne, 2 millions de boisseaux d’avoine, 50,000 quintaux de farine et des légumes secs et de la viande en proportion. Cela doit être promptement réuni, en payant en argent comptant.
Les renseignements que j’ai reçus me portent à penser que l’ennemi espérait surprendre Danzig.
D’après toutes les données que j’ai, je ne mets point en doute que vous ne vous mainteniez à Posen.
Je pense que vous aurez donné des ordres pour mettre Thorn en état. Écrivez à Danzig pour que l’on y fasse moudre, de manière qu’au commencement de la campagne nous y ayons 100,000 quintaux de farine. Écrivez également à Thorn pour que l’on s’occupe à moudre dès que cela sera possible, pour que nous y trouvions aussi 100,000 quintaux de farine. Donnez les mêmes ordres à Modlin, pour que nous y trouvions à notre arrivée de la farine en grande quantité.
Fontainebleau, 26 janvier 1813.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.
Mon Fils, il paraît qu’on a disséminé la division du général Grenier sur une trop grande étendue de pays, de sorte que les troupes y sont mal. Il est plus convenable que l’intendant prenne des mesures pour les nourrir, si la Prusse ne les nourrit pas.
J’attache toujours beaucoup d’importance à réunir la division Lagrange, qui est reposée, à Posen.
Il ne me paraît pas possible que les Russes passent la Vistule, si ce n’est des Cosaques.
J’attends des renseignements sur les garnisons de Danzig et de Thorn, et sur l’organisation du IIe corps à Posen, sous les ordres du maréchal Ney. Vous devriez pourtant bientôt avoir 5 ou 6,000 hommes de cavalerie pour vous mettre tout à fait à l’abri des incursions des Cosaques. Je vous ai, je crois, écrit pour la formation de quelques magasins à Küstrin et Spandau.
Fontainebleau, 27 janvier 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je réponds à votre lettre du 26 (bureau de l’artillerie). Il y a à la Grande Armée quarante-huit compagnies d’artillerie à pied qui n’ont pas fait la campagne; j’en ai destiné vingt pour la Grande Armée et vingt-huit pour les places. Il y en a cinquante-deux qui vont être réorganisées à Magdeburg. La Grande Armée n’a donc pas besoin des huit compagnies que vous proposez de lui donner. Les six du 11e corps seront également prises sur les vingt que j’ai destinées pour l’armée; il n’y a donc pas besoin de lui en donner. Il faut dix compagnies pour le corps d’observation de l’Elbe, douze pour le 1er corps d’observation du Rhin et douze pour le second; ce qui fait trente-quatre compagnies. En prenant ces trente-quatre compagnies sur les cinquante-deux compagnies réunies à Magdeburg, il n’en restera que dix-huit, Ces dix-huit compagnies s’exerceront à Magdeburg et y resteront jusqu’à nouvel ordre, pour être ensuite employées selon les circonstances. J’approuve donc que les cinquante-deux compagnies qui sont réunies à Magdeburg, ou les vingt-huit qui sont dans les places, fournissent aux corps d’observation de l’Elbe et du Rhin.
Je désire que le corps d’observation d’Italie n’amène que quatre compagnies et par conséquent en laisse quatre en Italie, n’amenant que ce qu’il faut pour escorter son parc et son train. Au lieu de trente-quatre compagnies, il en faudrait alors trente-huit; et au lieu de dix-huit, il ne resterait que quatorze compagnies disponibles à Magdeburg.
En général, les idées définitives sur la formation de l’artillerie ne sont pas encore bien claires. Je n’aurai pas besoin, je pense, de vingt compagnies pour la Grande Armée. Nos besoins réels sont, selon que je vois les choses dans ce moment, tels qu’il suit :
1° Le 11e corps, formé en trois divisions, avec un corps de cavalerie, faisant l’avant-garde de l’armée sous les ordres du duc d’Elchingen. Ce corps se compose de la division Lagrange et de deux divisions formées de celle du général Grenier. Ce corps de troupes fraîches est ce qu’il y a de plus disponible à la Grande Armée; il aura besoin de cent pièces de canon, ainsi que vous l’avez disposé pour le 11e corps.
2° Un-corps de cavalerie de 6,000 hommes, les premiers organisés, qui aura besoin de quatre ou cinq batteries a cheval.
3° J’ai ordonné la formation d’une division du 1er corps à Stettin, d’une division du 2e corps à Küstrin, d’une division du 3e corps à Spandau, et d’une division du 4e à Glogau. Vous porterez deux batteries pour chacune de ces divisions; cela fera huit batteries. Portez-en deux de plus pour le 1er corps, qui aura bientôt une deuxième division ; cela fera dix batteries, ou quatre-vingts pièces de canon. La division du 1er corps, formée à Stettin, y tiendra garnison et sera de seize 1er bataillons organisés à l’armée. Quand les seize 2ebataillons qui s’organisent à Erfurt auront rejoint leurs régiments, elle sera de trente-deux bataillons, qui pourront former deux divisions. Il faudra donc alors, comme je l’ai dit, quatre batteries pour ce corps.
4° Les six régiments du 2e corps réuniront leurs six 1er bataillons à Küstrin, ce qui formera une petite division ; il lui faudra deux batteries. Les six 2e bataillons d’Erfurt ayant rejoint, cette division aura donc bataillons; et, en supposant que les Suisses puissent en former deux, cela fera quatorze bataillons.
5° Le 3e corps réunira six bataillons à Spandau ; six lui arriveront d’Erfurt; ce qui, avec un bataillon d’Illyriens, fera treize bataillons. Cela formera une division, qui a besoin de deux batteries.
6° Le 4e corps sera organisé à huit bataillons français (en y comprenant le 18e et le 8e léger) et deux bataillons italiens; ce qui fait dix bataillons. Il recevra d’Italie dix bataillons, ce qui fera vingt bataillons, dont on pourra former deux divisions; mais actuellement il n’en faut compter qu’une.
Ainsi, à la fin de mars, sans compter les garnisons de Danzig et de Thorn, l’armée sera organisée de la manière suivante : le corps d’avant-garde, composé du 11e corps actuel, ayant trois divisions; le 1er corps à Stettin, deux divisions; et le 2e à Küstrin, le 3e à Spandau, le 4e à Glogau, une division à chacun.
Les cinq divisions des 1er, 2e, 3e et 4e corps auront dix batteries d’artillerie à pied, ou quatre-vingts pièces de canon.
En supposant que ces cinq divisions soient formées en un seul corps, il faudra encore deux batteries de réserve et deux batteries d’artillerie à cheval, ou douze pièces d’artillerie à cheval et seize pièces d’artillerie à pied; ce qui fait vingt-huit pièces, et porte l’artillerie de ce corps à cent huit pièces.
Sans doute que, dans le courant de mars ou d’avril, les 3e et 4e bataillons qui s’organisent en France, au moyen du reste de la conscription de 1813 et de la levée sur les quatre années antérieures, doubleront les divisions. Il y aurait donc alors à Stettin quatre divisions d’infanterie, ou soixante-quatre bataillons; deux à Küstrin, ou vingt-quatre bataillons; trois à Glogau, ou quarante-huit bataillons; deux à Spandau, ou vingt-quatre bataillons : on pourra alors en former trois corps, en réunissant le 2e et le 3e, et en laissant le 1er et le 4e séparés. Il leur faudra alors à peu près toutes les batteries que j’ai destinées aujourd’hui. Il faut donc que le bureau de l’artillerie étudie bien la position actuelle des choses, afin de pouvoir suivre les temps, et de me proposer les dispositions les plus convenables.
Je regarde Danzig et Thorn comme bloqués ; ainsi il ne doit plus en être question aujourd’hui.
La première chose à faire est donc de bien atteler et bien organiser l’artillerie du 11e corps, je suppose que cela est déjà fait; ensuite, cinq ou six batteries d’artillerie à cheval, pour être attachées à la 1e division de cavalerie qui sera formée; tout cela sera compris sous le titre de corps d’avant-garde, ou 11e corps.
Il faut, de plus, organiser tout de suite deux batteries pour le 1er corps, deux pour le 2e, deux pour le 3e et deux pour le 4e.
Après cela, ce qu’il y a de plus pressé, c’est d’organiser l’artillerie du corps d’observation de l’Elbe; ensuite, celle du 1er corps d’observation du Rhin ; puis celle du corps d’observation d’Italie; enfin les dix autres batteries et les batteries de réserve pour compléter la Grande Armée; et finalement, l’artillerie du 2e corps d’observation du Rhin.
Je désire que le bureau d’artillerie emploie tous les moyens de celte manière, et fasse un état comparatif de ce que je demande avec ce que j’ai demandé.
Tout cela est encore susceptible de modifications : nous ne pouvons rien avoir de certain tant que l’ennemi n’est pas entré en quartiers d’hiver; car il est évident que, si nous repassions l’Oder, il faudrait tout une autre réorganisation, et elle ne pourrait se faire qu’à Magdeburg. Mais toutes les probabilités sont que l’ennemi ne pourra pas obliger le quartier général à repasser l’Oder.
Quant à la cavalerie, elle sera aussi nombreuse que dans la dernière campagne; elle aura donc besoin du même nombre de batteries d’artillerie a cheval. Faites-moi connaître ce que j’avais dans la dernière campagne, ce que j’ai demandé, et ce que l’on peut m’offrir au moyen de la réorganisation de l’artillerie à cheval qui aura lieu cette année.