Correspondance de Napoléon – Janvier 1813

Fontainebleau, 20 janvier 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Posen.

Mon Cousin, donnez ordre à mon aide de camp Hogendorp de se rendre à Spandau, où il prendra le commandement de la ville et de la citadelle. Vous lui donnerez pour instruction de mettre l’une et l’autre dans le meilleur état de défense possible, d’en assurer l’arme­ment et l’approvisionnement, et, indépendamment de ses correspon­dances officielles, de m’écrire souvent. Faites-lui comprendre l’impor­tance de cette position centrale qui domine Berlin, et dites-lui que je me fie sur sa fidélité et sur sa vigilance.

 

Fontainebleau, 30 janvier 1813.

Au général comte de Lauriston, commandant le corps d’observation de l’Elbe, à Paris

Monsieur le Général Lauriston, le 25 vous serez parti de Paris. Vous vous rendrez en droite ligne à Wesel. Vous y trouverez rendues les cohortes qui doivent former les trois régiments composant votre 3e division. J’ai chargé le duc de Padoue de former ces régiments. Comme ils vous appartiennent, vous les verrez en détail. Vous resterez le temps nécessaire à Wesel, et vous me ferez connaître votre opinion sur les officiers, sous-officiers et soldats, sur l’arme­ment, l’habillement, l’équipement, et sur les chefs et colonels que j’ai nommés. Comme c’est un travail de bureau, il faut vous assurer que ce sont de bons colonels. Si j’avais fait de mauvais choix, vous me le feriez connaître. Vous me ferez connaître enfin dans quelle situation se trouvent ces régiments. Comme il y a avec ces cohortes des généraux de brigade, vous choisirez les meilleurs. Vous me ferez connaître aussi l’état de situation et l’armement de la place de Wesel et du fort . Vous n’avez pas besoin d’attendre d’ordres ultérieurs pour diriger sur Magdeburg cette division, en cas que vous la trouviez suffisamment reposée et organisée.

Vous irez de là à Osnabrück, où doit s’organiser également une autre division.

Enfin vous irez à Hambourg, où vous trouverez déjà organisés les régiments de votre 1e division.

Je pense que vous devez diriger ces trois divisions, sans délai, sur Magdeburg. Le 134e, ou ancien régiment de Paris, a quatre bataillons à Erfurt; vous les dirigerez sur Magdeburg pour rejoindre leur division. Vous aurez soin de m’écrire tous les jours par l’estafette et en détail. Pendant ce temps, vous dirigerez tout votre état-major et vos équipages sur Magdeburg, où il est nécessaire que vous soyez de votre personne du 10 au 15 février. Vous vous mettrez sur-le-champ en correspondance avec le général Michaud, qui commande à Magdeburg; vous vous mettrez également en correspondance avec le commandant de Torgau. Tout le pays entre l’Elbe et le Rhin fait partie de l’arrondissement de votre armée. Le ministre de la guerre doit vous avoir donné un général pour commander votre artillerie, et un officier pour commander le génie. Vous correspondrez avec l’un et l’autre pour accélérer la formation de l’artillerie, qui sera dirigée sur Magdeburg.

Votre 4e division, composée des trois régiments qui se forment à Paris, sera arrivée à Mayence vers la fin de février; elle continuera sa route pour vous joindre à Magdeburg.

A votre retour de Hambourg, vous passerez à Cassel; vous verrez toutes les troupes que le Roi a organisées, infanterie, cavalerie et ar­tillerie, pour former une division sous vos ordres; ce sera votre 5e division, et elle vous complétera, j’espère, à 40,000 hommes d’infanterie. Vous m’écrirez en détail tout ce que vous aurez obtenu du Roi. Si les circonstances ne sont point pressantes, vos troupes seront cantonnées à trois ou quatre journées de Magdeburg, pour avoir le temps de recevoir leur artillerie et les équipages militaires. Je ne pense pas que l’équipage militaire que je vous destine, et qui se forme à Sampigny, puisse partir avant la fin de février. Vous por­terez un grand soin à l’armement et à l’approvisionnement de Mag­deburg et de Torgau.

Avant de partir de Paris, le ministre vous aura fait connaître tout ce que je vous destine en infanterie, artillerie et génie; il ne vous aura rien dit de la cavalerie, parce que je n’ai pas encore les rensei­gnements nécessaires. Mais, dès demain, vous devez envoyer un de vos aides de camp, le plus intelligent, à Hanovre, pour parcourir les dépôts de cavalerie, connaître les marchés passés, les chevaux qui existent, les hommes disponibles, combien de généraux, d’officiers supérieurs, d’officiers particuliers, où sont les restes de régiments ou détachements de régiments. Cet officier, que vous tiendrez à Hanovre, correspondra avec vous à Wesel, et vous vous assurerez ainsi de toute la cavalerie qui doit se former. Mon intention n’est pas de former des régiments provisoires, mais bien que tous les détache­ments se réunissent par régiment pour former de bonnes divisions de cavalerie. Vous porterez vous-même un soin particulier à cela. Vous vous rendrez à Hanovre, et me ferez là un rapport général de tout ce qui manque et de ce qu’on peut espérer d’obtenir.

 

Fontainebleau, 20 janvier 1813.

Au général Duroc, duc de Frioul, grand maréchal du palais, à Paris

Monsieur le Duc de Frioul, écrivez au grand écuyer et concertez-vous avec lui pour savoir où sont mes équipages et quand je pourrai faire partir quelques portions de mon service. Il est nécessaire qu’au 15 février une partie puisse se mettre en marche. Je désirerais que tout ce que j’ai à l’armée se portât sur Magdeburg. C’est sur ce point que je désirerais pouvoir me rendre, s’il le fallait, dans les premiers jours de mars, et qu’il faut réunir tous mes équipages.

Il faut que l’ordre soit également donné à tous mes aides de camp, officiers d’ordonnance et autres officiers composant ma Maison, pour que tous les équipages qu’ils ont à l’armée soient réunis sur ce point, et que ceux qu’ils forment ici soient prêts à partir au 1er février. Remettez-moi là-dessus des renseignements détaillés qui me fassent connaître ce que chacun de mes aides de camp et officiers d’ordon­nance ont à l’armée, ce qu’ils ont ici, et s’ils ont tout ce qui est né­cessaire pour se réorganiser. Ceci s’applique également aux aides de camp de mes aides de camp.

 

Fontainebleau, 21 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Je vous prie de me faire un rapport sur les régiments suisses; faites-moi connaître le nombre de cadres de compagnies que ces régiments ont à la Grande Armée, le nombre de cadres qui restent en France, les conscrits qu’ils ont et ceux qu’ils doivent recevoir suivant la capitulation.

La Suisse ne fournira que 3,000 conscrits; ces 3,000 conscrits ne peuvent compléter que trois bataillons; cependant je dois avoir des cadres pour un beaucoup plus grand nombre; mon intention serait, si cela est ainsi, de les compléter avec des conscrits de la levée de 1814. Ils les dresseront, et je m’en servirai ensuite pour recruter les régiments de l’armée ; c’est le moyen d’utiliser des offi­ciers et sous-officiers qui coûtent beaucoup sans rendre aucun service.

Il est indispensable d’avoir un inspecteur aux revues fixe pour ces régiments, et qui soit responsable s’il y entre aucun soldat qui ne soit pas Suisse. Autant je fais cas des Suisses, autant je fais peu cas de toute la canaille étrangère qu’ils ramassent. Au commencement de la campagne, tous les régiments suisses ont perdu les trois quarts de leur monde; beaucoup ont déserté, et il s’est trouvé que tous étaient d’anciens déserteurs qu’on avait engagés; les véritables Suisses sont restés, et, quoique cela ait réduit les bataillons à rien, ils ont bien fait. J’entends donc qu’il y ait quelqu’un de responsable, quelqu’un à qui je puisse m’en prendre si un seul Allemand ou étranger quel­conque entre dans un régiment suisse.

 

Fontainebleau, 21 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Je vous recommande Burgos et Santona, et aussi la tête de pont de la Bidassoa. Mon intention est que vous teniez la main à ce qu’il y ait des fonds à Burgos, et qu’on travaille avec activité à en rétablir les fortifications et à fortifier celles de Santona. Voilà la bonne saison. On doit faire des maçonneries sur la hauteur de Saint-Michel, réta­blir les courtines et n’y rien épargner. Quant à la tête de pont de la Bidassoa, je tiens à avoir une bonne tour et de la maçonnerie, telles que 100 hommes me rendent constamment maître du pont. Donnez donc de l’argent et des ordres positifs pour cela.

 

Fontainebleau, 21 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

La citadelle d’Erfurt doit être mise en état de siège. Je vous ai fait connaître par ma lettre d’aujourd’hui les mesures à prendre pour des coupes de bois pour les travaux du génie, pour ceux de l’artillerie et pour l’approvisionnement. Mon intention est que vous nommiez un commandant du génie, un commandant d’artillerie, un garde-magasin des approvisionnements de siège et un commissaire des guerres, et que vous soumettiez à ma signature des expéditions de lettres pa­tentes, comme j’ai fait, la campagne passée, pour Palmanova.

Les places de Stettin, Küstrin, Glogau, Magdeburg et Spandau doivent être dans le même cas. Soumettez-moi donc des lettres patentes pour les commandants et les commissaires des guerres, afin qu’ils ne puissent être déplacés par qui que ce soit.

Faites la même chose pour Danzig; je ne sais pas si on sera à temps pour celte ville ; je crois que le général Rapp a déjà un diplôme. A Spandau, ce sera le général Hogendorp.

Mon intention est que désormais les généraux, ainsi que les com­mandants du génie et de l’artillerie et les commissaires des guerres, ne puissent être déplacés de ces places sans un ordre positif de moi, puisqu’ils me répondent de la sûreté de ces places.

Je suppose qu’Erfurt est suffisamment approvisionné et armé ; le bureau de l’artillerie en décidera. Il faudrait ne pas perdre de temps pour le mettre en bon état. Il me sera ensuite rendu compte de tout ce qu’on aura fait, tant pour les fortifications que pour l’artillerie.

 

Fontainebleau, 21 janvier 1813.

Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris

Monsieur le Comte Mollien, je désire que vous fassiez un travail sur les fonds qui existent à la Grande Armée. Envoyez d’abord un nouveau payeur.

Je pense qu’il faudrait établir à Magdeburg une caisse centrale avec laquelle vous correspondrez et qui aura le maniement des fonds de Hambourg, Mayence et tout autre point. Cela formerait une caisse principale. Il faudrait qu’il y eût là un intendant, et il enverrait aux différents corps d’armée selon les circonstances et ce que vous pres­cririez. Il serait sous vos ordres directs, et aurait la faculté néces­saire de juger des événements, afin de mettre les fonds en sûreté selon les circonstances. Si cette institution avait eu lieu, nous n’au­rions pas perdu tant d’argent. Il faudrait que tous les payements de la Grande Armée se fissent en lettres de change et mandats sur cette caisse, quand même nous dussions perdre quelque chose à cela. Il vaut mieux que tous les fournisseurs soient payés sur un point central, que de traîner de l’argent et d’être obligé à payer partout. Cet indi­vidu n’étant là sous les ordres de personne et correspondant tous les jours avec vous, sa comptabilité sera plus en règle. Ce serait une espèce de caisse de la trésorerie qui pourvoirait sur les crédits que vous ouvririez aux différents payeurs, et payerait pour leur compte les différentes ordonnances.

En effet, comment concevoir qu’un seul payeur d’armée qui suit le quartier général, qui tantôt se trouve au milieu d’un camp, tantôt est obligé de faire le service sur un territoire de cinq ou six cents lieues, puisse y suffire ? Autant vaudrait-il dire que le ministre du trésor suivrait mon quartier général. Sans doute Paris est trop loin pour faire les payements; mais Magdeburg est un point central.

Le payeur de l’armée sera sous les ordres de ce directeur de la trésorerie; il recevra les fonds les plus nécessaires pour la solde, et payera sur ses crédits en mandats sur cette caisse. Vous comprenez assez ce que je veux dire. J’ai eu à me plaindre du payeur de la Grande Armée. Au fait, il faut convenir aussi que sa besogne était trop difficile; il m’a perdu bien des millions par suite des circon­stances, et aussi parce qu’il a été insensé d’avoir à Vilna, qui est une place ouverte, jusqu’à 10 millions à la fois. L’abondance nous a nui.

En attendant que ceci soit établi, je désire avoir dans la semaine le travail que je vous demande, et connaître les dispositions que vous faites pour envoyer des fonds. J’ai déjà perdu assez d’argent ; tâchons de n’en plus perdre. Défendez qu’il y ait une caisse à Berlin ; la caisse doit être à Spandau. Exigez que le payeur demeure à Spandau ; il n’y a que trois lieues. On peut aussi avoir des caisses dans les places de Stettin, Küstrin et Glogau, mais de petites caisses ali­mentées à fur et mesure par la caisse centrale de Magdeburg. Pres­crivez donc par l’estafette d’aujourd’hui que tous les fonds qui étaient à Berlin se rendent à Magdeburg ; qu’il n’y ait à Berlin aucune caisse ; qu’il y en ait une à Spandau, mais qu’elle ne contienne pas plus de 500,000 francs; enfin que le payeur de l’armée fasse le plus possible son service en mandats sur la caisse de Magdeburg, et qu’il n’ait pas à sa suite plus d’un million. Beaucoup de généraux, d’officiers et d’administrateurs emploient volontiers des papiers de caisse et des billets du trésor : il n’y a pas d’inconvénient à ce que le payeur en ait dans sa caisse, autant que vous jugerez nécessaire.

Je vous prie aussi de me rendre compte de toutes les caisses que vous avez au-delà du Rhin, à Hambourg et dans la 32e division militaire et à Hanovre. Vous me ferez un rapport là-dessus. Il faut calculer que des troubles peuvent avoir lieu dans ce pays : on doit donc faire en sorte que, le cas arrivant, nous éprouvions le moins de perte possible.

Il faut non-seulement que vous portiez vos regards sur les caisses du trésor qui vous appartiennent, mais encore sur les caisses des douanes et des droits réunis, afin que des dispositions soient prises pour que ces caisses restent toujours peu garnies. Vous devez aussi faire un règlement pour que les caissons de la trésorerie à la suite des armées soient attelés de huit très-bons chevaux, aient toujours des chevaux haut-le-pied, et qu’il y ait des charretiers de choix.

Il est nécessaire que vous me fassiez bien connaître toute la situa­tion de votre service au-delà du Rhin ; que vous m’indiquiez ce que vous voudriez faire et les besoins que vous pouvez avoir, afin que je rectifie là-dessus vos idées ; car les renseignements que vous pouvez recevoir des bureaux de la guerre seraient fautifs.

 

Fontainebleau, 22 janvier 1813.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Posen

Mon Fils, prenez le commandement de la Grande Armée. Je suis fâché de ne pas vous l’avoir laissé à mon départ ; je me flatte que vous seriez revenu plus doucement et que je n’aurais pas éprouvé d’aussi grandes pertes. Le mal passé est sans remède.

Vous m’écrirez tous les jours et en détail.

Aussitôt que vous pourrez vous passer du major général, ren­voyez-le. Renvoyez également le comte Daru, si le général Dumas est en état.

 

Fontainebleau, 22 janvier 1813.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Posen

Mon Fils, retenez ma Garde, soit à pied, soit à cheval, et autant de cadres de compagnies que vous avez de fois 100 hommes, ren­voyez le reste sur Mayence.

Renvoyez tout le personnel d’artillerie de la Garde, soit du train, soit des équipages militaires, et faites en sorte que les commandants m’adressent ici au grand maréchal, à qui j’ai donné le commandement, l’état de situation de ce qui est en route, en faisant connaître le jour où ces détachements arriveront à Mayence.

Ayez soin de renvoyer le général Friant, commandant les grena­diers, et le général Curial, commandant les chasseurs ; j’en ai besoin pour l’organisation. Le général Roguet pourra commander toute l’infanterie de la Garde.

Le peu de cavalerie qui pourra rester (et je ne suppose pas que cela passe 600 chevaux, soit en état, soit éclopés), donnez-en le commandement à un bon officier de ma Garde, soit Guyot, soit Exelmans ou le major Letort.

Sorbier restera pour commander en chef l’artillerie de l’armée. Vous renverrez les deux autres généraux de brigade d’artillerie de la Garde. Dirigez tout sur Mayence.

Faites revenir de Varsovie, pour augmenter la Garde, deux batail­lons d’élite de Toscane et de Piémont et les deux compagnies de gardes d’honneur de Toscane et de Piémont; aussi les compagnies de gardes d’honneur et les compagnies de la garde italienne qui sont à Glogau.

Si les canonniers de la Garde avaient des chevaux et que le train en eût également, vous pourriez les prendre pour d’autres corps de l’armée. Ainsi, par ce moyen, vous renverriez également tous les généraux de brigade.

Il faut aussi me renvoyer l’ordonnateur de la Garde, en retenant seulement un commissaire des guerres. L’ordonnateur se rendra seul à Paris.

Vous chargerez le duc de Trévise du commandement de la Garde, à laquelle seront jointes la garde italienne et la garde napolitaine.

Par ce moyen, vous vous déferez de beaucoup de généraux et d’officiers, et de beaucoup d’embarras. Tous revenant à Mayence et dans l’intérieur de la France se remettront, se dégèleront et seront dans le cas de repartir avec moi en mars.

Aussitôt que vous aurez pris ces mesures, faites partir en poste le duc d’Istrie, l’ordonnateur, le général Friant et le général comman­dant les chasseurs.

Vous me ferez connaître où sont le 1er bataillon du 2e régiment des voltigeurs de la Garde et le 1er bataillon du 2r des tirailleurs, qui étaient à Stettin avec 1,800 hommes sous les armes. Je désirerais bien que ces deux bataillons continuassent à rester à Stettin. Comme il y a deux majors, j’ai ordonné qu’un restât pour commander deux bataillons et que l’autre retournât en poste â Paris pour commander les deux autres bataillons.

La Garde s’organise à grande force. J’ai déjà ici une division de 10,000 hommes  et j’ai besoin d’officiers et de cadres pour recevoir les hommes qui viennent de tous côtés.

 

Fontainebleau, 22 janvier 1813.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, À Posen

Mon Fils, vous garderez le comte Dumas avec toute l’adminis­tration.

On ne nous a pas encore écrit que Desgenettes était mort; nous ne le savons qu’indirectement. Nommez parmi les médecins qui sont à l’armée un médecin pour faire les fonctions de médecin en chef. Faites renfermer tous les hôpitaux dans les places fortes. Renvoyez sur Magdeburg tous les médecins et chirurgiens inutiles.

 

Fontainebleau, 22 janvier 1813.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Posen

Mon Fils, je désire avoir la situation de la garnison laissée à Danzig. Le général Rapp y commande sans doute; je dois connaître les géné­raux restés sous ses ordres. Les approvisionnements en blé et légumes doivent être immenses ; ceux en fourrage et en viande, il a pu s’en procurer facilement; ainsi je compte que cette place doit pouvoir tenir un an. Je suppose que vous avez un chiffre avec le général Rapp. Je suppose qu’il y a là au moins dix compagnies d’artillerie complètes, de celles qui n’ont pas fait la campagne.

Le major général m’a rendu compte qu’il y avait à Thorn 3,000 hommes, avec quatre compagnies d’artillerie française. J’ignore quel est le commandant qu’on y a laissé, ainsi que l’officier du génie et celui d’artillerie. Je sais que les approvisionnements y sont immenses, du moins en farine, blé, légumes et avoine. Je compte donc que cette place tiendra jusqu’à ce que j’arrive pour la dégager. Vous devez aussi avoir un chiffre avec cette place.

Vous pouvez demander au roi de Saxe 500 Saxons pour augmenter la garnison de Glogau. Vous pouvez aussi employer ce qui reste de Westphaliens pour augmenter les garnisons soit de Glogau, soit de Stettin.

Mettez une garnison de choix de 1,500 hommes, si les circon­stances l’exigent, à Küstrin; c’est la place la plus importante.

J’ai déjà ordonné au général Hogendorp de se rendre à Spandau pour y prendre le commandement de la citadelle et de la place et d’y réunir un approvisionnement pour un an.

 

Fontainebleau, 22 janvier 1813.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Posen

Mon Fils, la cavalerie italienne sera remontée comme la cavalerie française. Je pense que tous les cadres de cavalerie italienne qui n’ont pas d’hommes doivent tous être envoyés du côté de Bamberg ou de Bayreuth, et que vous devez passer là des marchés pour les remontes, en écrivant en Italie de faire venir des conscrits et en fai­sant faire des selles sur les lieux. Cela sera, ce me semble, préfé­rable à renvoyer ces cadres en Italie, où ils pourraient ne pas trouver de chevaux.

Même chose pour les équipages militaires italiens. Faites venir des conscrits italiens et faites-les former à Bamberg, Bayreuth ou Nuremberg. On y refera les voitures et on complétera les hommes.

 

Fontainebleau, 22 janvier 1813.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Posen

Mon Fils, les trois régiments polonais qui venaient d’Espagne et qui faisaient partie du corps du duc de Bellune sont à ma solde. Complétez-les et n’épargnez rien pour les rendre aussi forts que pos­sible; idem des quatre régiments de la Vistule; idem des trois régi­ments lithuaniens à pied et des deux à cheval. Gela fait douze régiments qu’il faut tâcher de compléter et en faisant la dépense néces­saire sur mon trésor. Vous pouvez former ces Polonais en corps, et en donner le commandement à un maréchal.

 

Fontainebleau, 22 janvier 1813.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.

Mon Fils, je n’ai encore aucun renseignement sur l’état de la cava­lerie à la Grande Armée; j’ignore où sont les différents régiments; je n’ai pas de renseignements sur les remontes, je ne sais ni combien on en a fait, ni où sont les chevaux; je n’ai aucun renseignement sur le harnachement, je ne sais où sont les selles envoyées par le mi­nistre de l’administration de la guerre. Je vous prie de me faire con­naître ce que vous savez là-dessus.

Il est nécessaire de réunir tous les détachements des différents régiments entre l’Oder et l’Elbe; faites, à cet effet, revenir ce qui est à Varsovie, afin de ne pas disséminer ma cavalerie et de réunir tous les détachements pour reformer les régiments.

Vous avez beaucoup de généraux de cavalerie inutiles; renvoyez-les tous en France ; ne gardez que trois ou quatre généraux de divi­sion et le nombre de généraux de brigade qui sera nécessaire pour surveiller les remontes et commander les différentes brigades et divi­sions au moment de leur réunion.

Il ne faut plus que la cavalerie donne des régiments provisoires : nous perdrions tout; il faut absolument réunir les corps.

Le général Bourcier ne nous écrit pas ; l’intendant ne donne point de renseignements, de sorte que nous ne savons rien.

Je vous l’ai déjà dit et je vous le répète : renvoyez en France tous les cadres et gardez autant de cadres de compagnies que vous aurez de fois 100 hommes à pied ou à cheval.

Vous me ferez savoir si les marchés passés à Hambourg, Glogau, Berlin, Posen et Varsovie, vous ont procuré ou pourront vous pro­curer un nombre de chevaux assez considérable pour remonter les hommes que vous avez à pied.

Renvoyez les colonels, en gardant les chefs d’escadrons, pour les régiments réduits à moins de deux escadrons ; gardez les colonels des régiments dont vous auriez deux escadrons à pied ou à cheval. Vous sentez combien la présence de ces colonels à leurs régiments serait utile et nécessaire.

Je me suis assuré de 25,000 chevaux de remonte, et les cantons fournissent 30,000 hommes montés; cela portera ma cavalerie, qui partira dans le courant de mars et d’avril, à plus de 50,000 hommes. Mais il est important que vous renvoyiez tous les officiers, sous-officiers et cadres inutiles.

Envoyez-moi l’état de la répartition qui a été faite de la cavalerie à pied, le lieu où elle se trouve.

Donnez ordre aux généraux qui commandent ces différentes por­tions de cavalerie, aux colonels ou officiers qui commandent les régiments et détachements isolés, au général Bourcier et aux géné­raux commandant les dépôts de Berlin, etc., d’adresser par des estafettes extraordinaires des états de situation au ministre de la guerre. Les estafettes extraordinaires peuvent se diriger sur Berlin et Magdeburg, où elles trouveront l’estafette générale.

 

Fontainebleau, 22 janvier 1813.

A Frédéric-Auguste, roi de Saxe, à Dresde

Monsieur mon Frère, j’ai reçu la lettre que Votre Majesté m’a écrite par le baron de Saint-Just. Je verrai avec plaisir que Votre Majesté l’accrédite près de moi.

Je prie Votre Majesté de faire mettre la place de Torgau en état de défense, de veiller à ce qu’elle soit parfaitement armée et approvi­sionnée, et de m’envoyer des renseignements sur sa situation actuelle. Je la suppose déjà à l’abri d’un coup de main. Il est convenable que vous y nommiez un commandant, que vous y placiez des officiers du génie et d’artillerie, et que toutes les précautions soient prises pour conserver ce pont sur l’Elbe ; que, sans rien précipiter et sans porter l’alarme, Votre Majesté fasse porter sur ce point fortifié des armes et ustensiles de guerre qui ne doivent plus exister à Dresde, puisque cette ville est une place ouverte.

Les événements survenus depuis mon départ de l’armée, la trahison du général York ont empiré nos affaires du côté du Nord ; mais j’ai en mouvement des forces telles, qu’à la bonne saison les ennemis, quelques progrès qu’ils fassent, seront ramenés plus vite qu’ils ne sont venus.

Je reçois du roi de Prusse les preuves les plus réitérées de sa bonne foi. Le roi de Danemark vient de me faire connaître, il y a peu de jours, qu’il est inébranlable. Votre Majesté doit avoir des renseigne­ments sur la cour d’Autriche : tout ce que m’écrit l’empereur et tout ce qu’il me fait dire montre que non-seulement je ne dois avoir aucune inquiétude de ce côté, mais encore que l’empereur est décidé à faire des efforts plus grands que la campagne passée.

Je désirerais connaître le lieu où Votre Majesté réunit ses troupes d’infanterie et sa cavalerie, et les dispositions qu’elle compte faire pour mettre la Saxe à l’abri des courses des Cosaques, si les ennemis continuaient à avancer. Je pense que le meilleur moyen serait de réunir un corps d’observation destiné à couvrir la Saxe contre les troupes légères de l’ennemi et à manœuvrer sous la protection de Glogau.

Le mouvement donné dans ce pays-ci est tel, que j’ai déjà des offres pour 60,000 chevaux équipés, et montés par le même nombre d’hommes ayant déjà fait la guerre. De tous côtés, les villes, les cantons et les particuliers concourent à ces dons volontaires. Je compte qu’au 1er mars le corps d’observation de l’Elbe sera en grande partie réuni sur cette rivière. Le général Souham, commandant la 1e division du corps du Rhin, aura son quartier général, du 1er au 5 février, à Francfort, et ses troupes à Francfort et à Hanau.

Je prie Votre Majesté de m’écrire quelquefois confidentiellement et de m’envoyer le bulletin de tout ce qui arrive à sa connaissance, soit du mouvement de mes troupes, soit du mouvement de l’ennemi. Je la prie aussi de me dire quelles troupes elle pourra avoir, d’ici au 1e mars, réunies dans la Saie, infanterie, cavalerie et artillerie.

Indépendamment des deux millions que j’ai mis à la disposition du ministre des finances du duché à mon passage à Varsovie, j’en ai mis d’antres à la disposition de M. Bignon pour subvenir aux armements du Grand-Duché.

 

Fontainebleau, 23 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, les régiments de la Grande Armée avaient cinq bataillons à l’armée; mais ils ont considérablement souffert, et il est convenable de donner les ordres suivants :

Les cadres des cinq bataillons seront réduits à quatre.

Le 1er bataillon restera à l’armée; il recevra et comprendra dans son effectif tout ce qu’il y aura de disponible dans les cinq bataillons, tout ce qui sortirait des hôpitaux, ainsi que tous les hommes des 5e bataillons qui formaient les garnisons des vaisseaux et qui, dans quelque lieu qu’ils se trouvent, à Metz, Mayence ou Berlin, doivent recevoir l’ordre de rejoindre leurs 1er bataillons à l’armée.

Les cadres des 2e bataillons recevront l’ordre de se rendre à Erfurt, où ils recevront 700 conscrits chacun, qui leur seront envoyés de France habillés, armés et équipés; ce qui les complétera.

Les cadres des 3e et 6e bataillons se rendront aux dépôts, où ils seront complétés avec ce qui restera aux dépôts de la levée des 100,000 hommes, de sorte que, dans le courant d’avril, ces deux bataillons de chaque régiment pourront se mettre en marche et for­mer le corps de réserve.

Enfin les 6e bataillons appelés bis, qu’on réorganise actuellement dans l’intérieur, serviront à recevoir la conscription de 1814 et feront le service de l’intérieur pendant 1813.

En conséquence des dispositions précédentes, il est nécessaire que, sur ce qui est destiné à former la réserve, conformément à votre état n° 9 joint à votre lettre du 22 janvier, les dépôts des seize régiments du 1er corps reçoivent de vous l’ordre de faire partir chacun 700 hommes sans cadres pour se rendre à Erfurt.

Vous ferez partir pour la même destination un même nombre d’hommes des six régiments qui composent le 2e corps, des six régi­ments qui composent le 3e corps, ce qui fournira au recrutement des vingt-huit 2e bataillons venant de l’armée. Donnez ordre aux commandants des divisions militaires de faire partir ces hommes de leurs dépôts dans la première quinzaine de février. Les dépôts feront partir avec ces 700 hommes autant d’officiers et de sous-officiers qu’ils pourront en donner. Les hommes doivent être bien habillés, bien armés, bien équipés, être depuis un mois au moins sous les armes, et ne partir qu’après avoir brûlé six cartouches en blanc et deux à la cible.

Envoyez à Erfurt le général de brigade Doucet : il est propre à bien organiser des troupes. Vous le chargerez de la formation de ces vingt-huit bataillons et de correspondre avec vous et avec le major général pour tous les détails. Il réunira les cadres arrivant de l’armée et les conscrits arrivant de France, et, après avoir terminé la forma­tion de ces 2e bataillons, il les cantonnera aux environs d’Erfurt et de Leipzig, où ils attendront des ordres nouveaux.

Il est indispensable que vous préveniez de ces dispositions, par l’estafette, le vice-roi et le major général, et les commandants de Magdeburg et d’Erfurt, afin que les cadres des régiments de la Grande Armée qui seraient en route en aient connaissance, et que l’ordre leur soit signifié de laisser à leur passage à Erfurt le cadre de leur 2e bataillon entier pour y recevoir leurs conscrits.

  1. S. Le général Doucet partira de manière à être rendu le 1er fé­vrier à Erfurt; il aura des instructions détaillées, et mettra la plus grande attention à savoir ce qui se passe à Erfurt, pour pouvoir retenir les 2e bataillons qu’il doit réunir.

S’il restait à l’armée des officiers pour les 6e bataillons, ils seraient dirigés sur les dépôts, où ils trouveraient les 6e bataillons bis qu’on y forme et qui prendront désormais le nom de 6e bataillons.

Enfin mandez au vice-roi d’envoyer à Erfurt un général de division du 1er corps, qui prendra le commandement de ces vingt-huit batail­lons lorsqu’ils seront organisés, deux généraux de brigade du 1er corps, un du 2e corps, un du 3e, qui se partageront le commandement des bataillons de leurs corps. Au fur et à mesure que les bataillons seront organisés, le général de division les fera passer à Leipzig, où il établira son quartier général et attendra de nouveaux ordres.

Recommandez bien aux majors de faire partir des dépôts des hommes bien portants, bien habillés, bien armés, bien équipés et étant au régiment au moins depuis un bon mois.

 

Fontainebleau, 23 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, je réponds â votre rapport du 22 sur la situation des troupes du génie à la Grande Armée.

Je pense qu’il est indispensable que vous réitériez les ordres pour que les cadres des quatre compagnies de mineurs reviennent à Metz ; que tous les cadres des compagnies de sapeurs reviennent également à leur dépôt, hormis ceux qui sont nécessaires pour les compagnies entières que Ton conservera à la Grande Armée; enfin que les trois compagnies du train du génie qui sont à la Grande Armée en forment une, et que les cadres des deux autres reviennent à Metz.

Présentez-moi un projet de décret pour choisir dans les ouvriers de la marine, dont le ministre de la marine a 1,400 de plus qu’il ne lui faut, des hommes de vingt-deux ans qui comptent plus de deux ans de service et ayant les qualités requises. Avec ces hommes, vous porterez au grand complet les ouvriers d’artillerie, du génie et les mineurs. Vous pouvez disposer de 1,200 de ces hommes sans inconvénient.

Présentez-moi également un projet de décret pour compléter les deux bataillons de pontonniers, en prenant dans les conscrits de la marine des hommes de vingt-deux ans, sachant nager et étant à bord depuis plus de deux ans. Prenez aussi de ces hommes pour les ouvriers.

Par ce moyen, les ouvriers, les pontonniers et les mineurs seront portés au complet.

Les mineurs resteront à Metz pour s’exercer et se former réelle­ment à la mine; deux compagnies sont suffisantes à la Grande Armée.

Complétez les ouvriers d’artillerie en versant d’une compagnie dans l’autre, et faites venir les cadres qui, en arrivant, trouveront des ouvriers de ia marine pour se compléter.

Donnez ordre que tous les hommes du bataillon du Danube soient incorporés dans le bataillon de l’Escaut, dont les cadres seront portés au grand complet en prenant dans le bataillon du Danube les offi­ciers et sous-officiers qui seraient nécessaires, et que ce qui restera de ce bataillon retourne à Anvers.

Moyennant ces dispositions, vous pourrez ôter de la répartition des 100,000 hommes ce que vous destiniez aux ouvriers et ponton­niers, et en augmenter d’autant le train d’artillerie.

 

Fontainebleau, 23 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le duc de Feltre, le petit livret de la 26e division mili­taire est mal fait ; on n’y voit pas le nombre des cadres de bataillon qui se trouvent présents dans la division.

 

Fontainebleau, 23 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

J’ai approuvé la répartition de la conscription des 100,000 hom­mes. Je viens de prendre un décret par lequel je mets à la disposi­tion de votre ministère les douze bataillons de la marine ; et comme il y a là beaucoup de vieux soldats, j’ai pris le parti de doubler ces bataillons, et, au lieu de douze, d’en former vingt-quatre. Ces batail­lons, à 840 hommes, me formeront un complet de 20,000 hommes. Or, il n’y en a aujourd’hui que 16,000; c’est donc 4,000 hommes qu’il me faudra encore. De ces 4,000 hommes, je désire en faire fournir 2,000 sur la conscription des 100,000 hommes et 2,000 sur la conscription de 1814. Par le décret, vous verrez la répartition que j’ai faite de ces 4,000 hommes, artillerie et génie. Vous recevrez cela ce soir. Prévenez-en le directeur de la conscription, qui peut toujours expédier les ordres aux environs de Paris, et ensuite à Brest, Toulon et Cherbourg.

 

Fontainebleau, 23 janvier 1813.

DÉCISION.

Le ministre de la guerre fait savoir à l’Empereur que les officiers, sous-officiers et soldats du 1er bataillon de la garde nationale de l’Aude demandent à être appelés à la Grande Armée. Approuvé. Les diriger sur Lyon.

 

Fontainebleau, 23 janvier 1813.

Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris

Monsieur le Comte de Cessac, les 300 chevaux de cuirassiers qu’offre le Sénat et les 100 chevaux de dragons qu’offre le Conseil d’État doivent être fournis à Paris ; tous les chevaux que les corpo­rations quelconques de Paris offriront doivent être donnés à la Garde; cela simplifiera toutes les opérations de Paris.

Comme presque tous les départements doublent et triplent la pro­portion d’après laquelle j’ai calculé, il ne faut pas que cela dérange votre travail ; vous laisserez donner aux mêmes régiments, qui, au lieu de recevoir 100 hommes, comme le portait la première distri­bution, en recevront 150 ou 200. Cela ne change rien à l’affaire, et, au compte final, nous verrons l’excédant qu’il y aurait à répartir.

 

Fontainebleau, 23 janvier 1813.

Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris

Je ne puis point me résoudre à diminuer mes armements mari­times; je ne suis point dans une position à mettre en balance 12 ou 15 millions avec la réaction que produirait cette diminution sur l’esprit de mes marins et de mes ennemis. La seule chose à laquelle je puis consentir, c’est de ne pas augmenter mes armements en Hollande et sur l’Escaut; mais mon intention est de les augmenter autant que possible à Toulon, Rochefort, Brest et Cherbourg.

Je désire donc avoir au Texel une escadre égale à celle que j’y avais l’année dernière; je consens seulement qu’on n’y arme point un vaisseau de 64, afin d’armer les deux nouvelles frégates, car j’ai une grande impatience d’avoir au Texel les deux frégates du modèle fran­çais armées. Je ne vois pas d’inconvénient à désarmer le Hollandais, si ce vaisseau est un bâtiment hollandais; mais je ne puis consentir à désarmer l’Illustre, l’Anversois, le Duguesclin, le César, la Ville-de-Berlin, le Commerce-de-Lyon et le Danzig. Il n’y a pas de difficulté à désarmer le Tromp et le Chatham. Vous voyez que je ne consens qu’au désarmement des vaisseaux hollandais, que je désire conserver comme de bonnes flûtes dans le bassin d’Anvers, pour servir au moment où je serai dans le cas d’entreprendre des opérations maritimes.

Je ne veux point que le Castiglione soit désarmé à Venise; cela serait du plus mauvais effet.

Indépendamment du Weser, de la Trave, du Montenotte, du Zélandaù, etc., je désire armer un vaisseau à Brest. Mon intention est que les constructions soient poussées en 1813 avec la même acti­vité qu’en 1811 et 1812; mais je consens à ce que au lieu de mettre les vaisseaux à l’eau et de travailler à les armer, on construise seulement une égale quantité de vingt-quatrièmes, répartis sur un bon nombre de vaisseaux, de sorte que j’en puisse mettre à l’eau une vingtaine dans une seule année, lorsque je serai dans le cas de m’occuper d’opérations navales.

J’ai eu pendant 1812 huit vaisseaux au Texel et cinq frégates. Je consens à ne point y armer l’Aurore et la Maria, qui me semblent de mauvaises frégates, et qu’on y arme seulement la Meuse, Wesel, la Trave et le Weser. Si cela est nécessaire, on pourra, comme je l’ai dit, désarmer un des vaisseaux de 64.

J’ai besoin de former des matelots ; on m’a désigné le Texel comme le lieu qui y était le plus propre.

La Couronne et l’Audacieux sont bien peu avancés à Amsterdam ; le Polyphème n’est pas même commencé. Je voudrais que tous les trois fussent poussés de manière à pouvoir être lancés en 1814, si cela était nécessaire. Je consens à ne pas lancer en 1813 le Piethein et l’Amtel; mais il faut que ces deux bâtiments soient avancés suffi­samment pour pouvoir être lancés en mars 1814.

J’ai quatorze vaisseaux sur les chantiers à Anvers. Trois de ces vaisseaux, le Monarque, l’Hymen et le Superbe, auraient dû être lancés en 1813; il faut les pousser de manière que l’on puisse les mettre à l’eau en mars 1814, si cela est convenable. Des onze autres, vous en pousserez six au-dessus des 16 vingt-quatrièmes, de manière à pouvoir les lancer en mars, avril et juin 1814; et les cinq autres au-dessus des 8 vingt-quatrièmes, de manière à pouvoir faci­lement les mettre à l’eau en 1815. Les trois frégates qui sont sur les chantiers d’Anvers seront poussées de manière à pouvoir être mises à l’eau en 1814.

Si vous faites sortir les deux frégates qui sont à Dunkerque, il faudra leur laisser carte blanche, car, les Anglais s’attendant à les voir aller à Flessingue, elles entreraient peut-être plus facilement à Brest ou à Cherbourg, pourvu qu’elles fussent armées de manière à pouvoir tenir plusieurs mois la mer.

Il faut pousser à Cherbourg le Jupiter, le Centaure et l’Inflexible, de manière qu’ils puissent être à l’eau en 1814. Le Zélandais et le Duguay-Trouin sont finis. Cela me fera sept vaisseaux à Cherbourg, en y comprenant les deux que j’y ai déjà.

Je désire que l’Orion soit lancé le plus tôt possible à Brest, et qu’à Lorient le Brabançon, le Magnifique, l’Algésiras et le Jean-Bart soient poussés de manière à pouvoir être lancés, le premier en 1814, et les trois autres en 1815.

Il serait convenable de mettre à Rochefort, sur le chantier, le vais­seau de 80, ce qui me ferait six vaisseaux que je pourrais y avoir en 1814 ou 1815.

Je veux qu’à Toulon les constructions soient poussées le plus promptement possible. Je ne vois pas que vous vouliez lancer aucun bâtiment en 1813. Il faudra mettre à l’eau le Héros, mettre le vaisseau de 118 sur le chantier, et pousser les travaux de manière que le Colosse et le Kremlin puissent être à l’eau en 1814.

A Gênes, le Scipion et le Brillant doivent être poussés de manière à pouvoir être lancés en 1814.

Quant à Venise, il ne faut diminuer en rien les travaux. Le royaume d’Italie ne pourrait pas me payer 30 millions, surtout dans un moment où il est dégarni de troupes, si je ne l’aidais pas en y faisant des dépenses. Mon intention est donc de dépenser autant à Venise en 1813 qu’en 1812. Proposez-moi la meilleure distribution de cette somme. Il convient de lancer immédiatement à Venise le Duquesne et le Montenotte, ainsi que l’Amphitrite. Il faut pousser le        (Cette lacune est dans le texte) de manière qu’il puisse être à l’eau en 1814. Avec les deux vaisseaux que j’ai à Venise, cela m’en fera cinq, et avec les trois vaisseaux italiens j’y aurai une flotte de huit vaisseaux.

Quant aux levées de 1813, prenez tous les conscrits qui vous appartiennent; mon intention n’est pas de diminuer mon état de mer, et, si vous perdiez une année, cela serait sans remède.

Rédigez votre budget sur ces bases et faites-le précéder du compte de 1812. Vous aviez annoncé beaucoup plus de travaux que vous n’en avez fait. Je vois que vous n’avez mis qu’un seul vaisseau à l’eau, qui est le Monlebello.

Je voudrais avoir au mois de septembre 1814, à Toulon, sept vaisseaux à trois ponts, deux de 80, dix-sept de 74 ; total, vingt-six ; à Venise, cinq; ce qui me fera trente et un vaisseaux dans la Médi­terranée , et avec les trois italiens et les deux napolitains, trente-six vaisseaux; à Rochefort, onze vaisseaux, dont quatre à trois ponts; à Lorient, trois vaisseaux ; à Brest, sept, dont un à trois ponts ; à Cherbourg, sept, dont un à trois ponts ; ce qui me ferait dans l’Océan vingt-huit vaisseaux, dont six à trois ponts. Enfin, pour l’Escaut, trente vaisseaux, dont deux à trois ponts, et dix pour le Texel ; en tout cent quatre vaisseaux.

En établissant alors le système des garnisons et des canonniers de marine, et ayant un bon nombre de matelots exercés, nous aurons une marine capable d’imposer à l’ennemi.

Dans votre budget, vous porterez comme économie les vivres et autres objets de cette nature qui ne seront plus payés aux troupes qui quittent le service de la marine.

 

Fontainebleau, 23 janvier 1813.

Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris.

J’approuve que les adresses des cantons et des petites villes ne soient mises dans le Moniteur que par extraits. Mais pour les grandes villes, et même pour celles au-dessus de 5,000 âmes, les adresses avec les signatures doivent être insérées en entier : il serait inconve­nant que Rome, Gènes, etc., ne vissent pas leurs adresses dans le Moniteur.

 

Fontainebleau, 23 janvier 1813.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.

Mon Fils, je reçois votre lettre du 16. Je vous ai déjà fait con­naître que je vois avec plaisir le commandement de l’armée entre vos mains. Je trouve la conduite du Roi fort extravagante et telle qu’il ne s’en faut de rien que je le fasse arrêter pour l’exemple. C’est un brave homme sur le champ de bataille, mais il manque de combinaison et de courage moral.

Je suis fort en peine de savoir si l’on n’a pas laissé quelques Fran­çais à Thorn.

Le duc d’Elchingen m’a écrit. Employez ce maréchal, qui vous est nécessaire.

 

Fontainebleau, 23 janvier 1813.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.

Mon Fils, renvoyez en France tous les généraux, adjudants com­mandants et officiers d’état-major qui auraient été blessés. Renvoyez à leurs dépôts en France tous les officiers ou sous -officiers qui auraient été blessés. Il y a dans ce moment 1,500 hommes à chaque dépôt de la Grande Armée, habillés, équipés et en bon état; tout cela a besoin d’officiers et de sous-officiers.

Complétez les cadres du 1er bataillon de chaque régiment; incor­porez-y tous les hommes disponibles aux corps, tous les hommes disponibles aux hôpitaux, tous les hommes des 5e bataillons qui formaient les garnisons de vaisseaux et qui doivent être à Berlin ou en route pour s’y rendre. Renvoyez les cadres des autres bataillons en France. Les cadres des 2e bataillons complétés resteront à Erfurt, comme vous le verrez par ma lettre de ce jour au ministre de la guerre, dont je vous envoie copie. Ces cadres de bataillons recevront chacun, à Erfurt, 7 à 800 hommes. Placez-y des majors en second pour commander ces bataillons deux à deux.

Les cadres des 3e et 4e bataillons iront en France à leurs dépôts, où, à leur arrivée, ils trouveront de quoi cire mis au grand complet avec la levée des 100,000 hommes. Par ce moyen, vous aurez à la Grande Armée seize bataillons du 1er corps, six du 2e et six du 3e. Vous aurez à Erfurt un pareil nombre de bataillons.

Des vingt-huit bataillons qui resteront à la Grande Armée, formez un corps sous les ordres du maréchal Ney, et mettez-y le nombre de généraux de division et de brigade que vous jugerez convenable.

Vous pouvez charger le maréchal Davout de se rendre à Magdeburg, pour y correspondre avec vous et y surveiller tous les détails relatifs aux organisations qui se font de ce côté.

Vous ferez tirer des différents dépôts de Glogau, Stettin et Küstrin, tout ce qui peut servir à compléter les 1er bataillons. Les 3e, 4e et 6e bataillons arrivés en France pourront en repartir un mois après au grand complet. Il sera convenable d’envoyer à Erfurt un général de division et plusieurs généraux de brigade pour commander les vingt-huit 2e bataillons, sous les ordres supérieurs du prince d’Eckmühl.

 

Fontainebleau, 23 janvier 1813.

Au général comte Fontanelli, ministre de la guerre et de la marine du royaume d’Italie, à Milan

Dans le rapport que vous m’avez envoyé, je ne vois pas le nombre de pièces en batterie à Palmanova. Je ne crois pas nécessaire d’y avoir un armement complet; il paraît convenable de n’y avoir qu’un demi-armement, afin que, quarante-huit heures après que la place aura été menacée, on puisse faire feu sur tous les points.

Faites-mot un rapport particulier sur Malghera; il est nécessaire que ce fort ait au moins un demi-armement en batterie.

Quant à Ancône, il doit être parfaitement armé.

Il serait nécessaire d’avoir à Palmanova, mais sans jeter l’alarme, 600,000 rations de farine; il y en a 250,000 de biscuit; resteraient donc 350,000 rations de farine ou 4,000 quintaux ; faites-les-y placer comme approvisionnement de siège, insensiblement et sans que cela fasse sensation. Mettez-y aussi 600,000 rations de riz, ce qui fait, à une once par ration, 400 quintaux. Il est nécessaire d’avoir ce fonds d’approvisionnement. La viande, le vin, l’eau-de-vie, le bois, le fourrage, on se les procurerait en cas de nécessité, nécessité que je ne prévois pas.

Suivez le même principe pour Osoppo, Malghera et Ancône. Pour Osoppo, il suffit d’avoir le dixième de ce qu’on demande pour Pal­manova; pour Malghera, également le dixième de ce qu’on demande pour Palmanova, et pour Ancône le tiers.

Écrivez au général Bertrand, qui doit commander le corps d’ob­servation d’Italie, pour tous les détails relatifs à la division italienne. Mon intention est que cette division se mette en mouvement le 15 fé­vrier, afin qu’elle soit réunie à Brescia vers les premiers jours de mars.

 

Fontainebleau, 23 janvier 1813.

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel.

Mon Frère, je reçois votre lettre du 15 janvier. Je me fais faire un rapport sur la balance que vous m’avez envoyée, et d’après laquelle la France doit à la Westphalie 9,062,000 francs, et la Westphalie 7,216,000 francs à la France. Aussitôt que j’aurai le rapport du ministre de l’administration de la guerre, je vous ferai solder la différence.

 

Fontainebleau, 24 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, donnez l’ordre au général Lauriston de faire filer le plus tôt possible le régiment le premier formé à Hambourg, c’est-à-dire quatre bataillons, sur Magdeburg. Aussitôt qu’il y sera arrivé, la demi-brigade qui appartient à la division Lagrange, et qui se trouve à Magdeburg, partira pour Spandau. Le deuxième régiment formé à Hambourg se rendra sans délai égale­ment à Magdeburg. Un régiment suffit aujourd’hui à Hambourg, vu surtout que les autres troupes arrivent à Wesel et à Osnabrück.

Écrivez au comte Lauriston et au duc de Padoue qu’aussitôt qu’un régiment sera formé à Wesel, ils peuvent le diriger sur Munster, où l’on réunira une division.

Ayez soin de me tenir au courant de l’arrivée de ces divisions, afin que je leur fasse passer des ordres pour qu’elles ne perdent pas un temps utile.

 

Fontainebleau, 24 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Donnez ordre sur ordre au roi d’Espagne de revenir à Valladolid. Réitérez l’ordre au général Reille de faire passer la plus grande partie de ses troupes sur la Navarre et la Biscaye, afin de soumettre le Nord.

 

Fontainebleau, 24 janvier 1813.

NOTE DICTÉE EN CONSEIL DES MINISTRES.

Au prochain conseil, le bureau des revues fournira un état con­statant l’effectif de l’armée pour un mois quelconque. On prendra de préférence le mois de juin, parce qu’en juin je n’étais pas entré en campagne; je n’y suis entré que le 24 juin.

Je vois tant de variantes dans les étals qui me sont soumis, que je ne sais à quoi m’en tenir. Le ministre du trésor me présente 336,000 hommes là où le ministre de la guerre n’en présente que 266,000.

Je demande qu’on me prouve comment, en juin 1812, j’avais 413.000 hommes dans l’intérieur. Pour cela, on me présentera un état par division militaire, en distinguant les états-majors, la gendar­merie, les vétérans, les garde-côtes, l’artillerie, la cavalerie, l’infan­terie et l’infanterie légère.

On me présente un état de 66,000 hommes en Italie; on a voulu dire 36,000, sans doute; dans ce compte on a compris l’armée na­politaine qui passait alors et qui n’était point à ma solde ; elle est à la solde du roi de Naples.

On compte en Espagne 303,000 hommes; je ne crois pas qu’ils y soient. Sans doute on comprend dans cet état des Napolitains, des Italiens, des troupes de la Confédération, des Espagnols qui n’étaient point à ma solde. II faudra aussi m’apporter un état par arme de ces 303,000 hommes ainsi que des troupes en Italie.

Enfin, pour la Grande Armée, on compte 266,000 hommes. Ce compte est celui qui approche le plus de la vérité. Il y aura peut-être 30,000 hommes de troupes allemandes non à ma solde à retran­cher. Il faudra qu’on me fournisse l’état, par arme, de ces 266,000 hommes.

On fera le même développement pour janvier 1812 et pour janvier 1813. Dans ce dernier on peut se dispenser de mettre la Grande Armée; je m’en charge. Les comptes me seront fournis d’une part par les bureaux de la guerre, île l’autre par ceux de l’administration de la guerre.

La solde de l’an 1812 sera calculée d’après les états de janvier et juin 1812 et de janvier 1813.

Quant au compte de la solde de 1813, on pourrait prendre pour base l’évaluation faite par le comte de Cessac de 400,000 hommes dans l’intérieur; mais il faudra s’assurer de ce nombre en faisant le décompte par corps, comme je l’ai indiqué.

Si ces 400,000 hommes coûtent 30 francs par homme et par mois, ce qui me paraît énorme, cela fera 12 millions pour le mois de janvier, et, en ajoutant 2 millions pour la Grande Armée et 2 millions pour l’armée d’Espagne, un total de 16 millions pour le mois de janvier.

Il faut ajouter en février, pour 50,000 hommes de la conscription, à 12 francs, 600,000 francs de plus qu’en janvier; ainsi cela coûtera 16,600,000 francs.

En mars il y aura 90,000 hommes de la conscription qui seront arrivés (je ne compte pas les hôpitaux), et mars coûtera 17,080,000 fr.

En avril il arrivera 50,000 hommes de la conscription de 1814, et ce mois coûtera 600,000 francs de plus que celui de mars, soit 17,680,000 francs.

Mai, par la même raison, coûtera 600,000 francs de plus qu’avril, soit 18,280,000 francs.

Juin recevra 25,000 hommes et coûtera 300,000 francs de plus que mai, soit 18,580,000 francs.

Ainsi les six premiers mois coûteraient 104,220,000 francs. Si les six derniers mois coûtaient autant, la dépense de la solde de toute l’année serait de 208,440,000 francs.

Là-dessus il y aurait des réductions à faire.

 

Fontainebleau, 24 janvier 1813.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.

Mon Fils, j’ai reçu une lettre du comte Daru, du 17 janvier. Je vois qu’il y a à Stettin 1,500,000 rations de farine, 500,000 ra­tions de biscuit, 800,000 rations de riz et de légumes secs, 11 mil­lions de rations de sel, 300,000 rations d’eau-de-vie, 300,000 rations de vin, 300,000 rations de bière, 300,000 rations de vinaigre, 1 million de rations de viande salée, 400,000 rations de foin, 400,000 rations de paille, 200,000 rations d’avoine ou orge, 1 million de rations de bois. Cet approvisionnement me paraît fort satisfaisant. Le comte Daru calcule sur une garnison de 2,800 hommes et 800 chevaux : cette base est fausse. On ne peut avoir à Stettin une garnison moindre de 4,000 hommes, ni un approvisionnement pour moins d’un an ; mais 2 millions de rations de farine ou biscuit, à 5,000 rations par jour (car pour une garnison de 4,000 hommes il faut compter 5,900 rations), suffisent pour 400 jours; 800,000 rations de riz et de légumes pour 200 jours; le vin, l’eau-de-vie, la bière et le vinaigre pour 300 jours ; 1 million de rations de viande salée pour 200 jours. D’ailleurs, en cas de besoin, le commandant aurait soin de ramasser dans les environs 5 ou 600 rations; ainsi on peut être sans inquiétude sur l’approvisionnement de cette place.

Il est nécessaire que Küstrin soit approvisionné pour un an pour 2,000 hommes ou 3,000 rations par jour; Glogau pour 4,000 hommes de garnison, ou 5,000 rations, également pour une année, et Spandau pour 3,000 hommes de garnison, ou 4,000 rations, également pour une année.

 

Fontainebleau, 24 janvier 1813.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.

Mon Fils, j’ai pourvu à l’approvisionnement de Magdeburg ; j’ai ordonné que cette place fût approvisionnée pour un an et pour une garnison de 15,000 hommes et 2,000 chevaux.

Je crois que les places de Stettin, Küstrin, Glogau et Spandau sont suffisamment approvisionnées; si elles ne l’étaient pas, il ne faudrait négliger aucun moyen pour qu’elles le fussent sans délai.

Indépendamment de ces approvisionnements de siège, je désire que l’intendant général achète et fasse emmagasiner à Stettin 25,000 quintaux de farine et I million de boisseaux d’avoine, et à Küstrin pareillement 25,000 quintaux de farine et 1 million de boisseaux d’avoine, ce qui fera 50,000 quintaux de farine et 2 millions de boisseaux d’avoine. On n’y touchera pas sans mes ordres, à moins d’un cas extrêmement urgent. Ces magasins formeront un approvi­sionnement pour 100,000 hommes, pendant cinquante jours. Chacun de ces deux approvisionnements aura une quantité proportionnée de riz et de légumes secs.

Donnez ces ordres sans délai, pour que l’intendant général passe les marchés les plus avantageux possible, et pour que tout soit em­magasiné avant le 20 février.

 

Fontainebleau, 24 janvier 1813.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.

Mon Fils, les grenadiers et chasseurs à cheval et les dragons de la Garde ont à l’armée 477 hommes à cheval ; veillez à ce qu’il n’y reste que les cadres d’une compagnie de grenadiers, d’une compagnie de dragons et d’un escadron de chasseurs. Les deux compagnies de grenadiers et dragons formeront un escadron commandé par un chef d’escadron; l’escadron des chasseurs aura également un chef d’esca­dron, et ces deux escadrons seront sous les ordres d’un major de la Garde. Vous renverrez tout le reste des officiers et sous-officiers. Le duc d’Istrie reviendra aussi à Paris. Tous les officiers et sous-officiers que vous renverrez doivent partir en poste.

J’ai ordonné aux 932 hommes de la Garde à cheval que le général Walther ramenait à Mayence de s’arrêter à Fulda, où on dirige de Paris les effets d’habillement nécessaires; ils y seront formés en quatre escadrons, et les sous-officiers et officiers superflus reviendront à Paris.

Je vous avais fait connaître que tout ce qui appartenait à l’artillerie, au train d’artillerie et au train des équipages de ma Garde devait re­venir en France; donnez ordre à tout cela de s’arrêter à Fulda. Il faut que le commandant adresse son itinéraire au duc de Frioul, ainsi que l’état de ce qu’il amène. Vous ordonnerez que tous les officiers et sous-officiers se rendent en poste à la Fère, en ne laissant à Fulda que les cadres d’autant de compagnies qu’on pourra en compléter.

Quant à l’infanterie de la Garde, vous garderez le cadre d’un régi­ment de chasseurs et d’un régiment de grenadiers, et les cadres de quelques bataillons de la jeune Garde, selon le nombre d’hommes que vous aurez; les officiers et sous-officiers superflus reviendront en poste à Paris. Le tout pourra être sous les ordres du général Roguet. Je puis déjà faire partir d’ici pour ma Garde 1,500 chevaux; par les mesures que j’ai prises, elle sera de 8,000 chevaux à la fin de mars.

Vous êtes libre de garder ou de ne pas garder le duc de Trévise, selon qu’il vous conviendra. Si vous ne le gardez pas, envoyez-le à Fulda, où il prendra le commandement de tout ce qui s’y trouvera de ma Garde, cavalerie, infanterie et artillerie. C’est là que mon in­tention est de la reformer.  .