Correspondance de Napoléon – Janvier 1813

Paris, 11 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Je pense qu’une voiture du génie pesant 1,700 livres et portant 2,600, ce qui fait un poids total de 4,300 livres, est une voiture beaucoup trop pesante ; je préfère une voiture pesant 900 et portant 2,000, ce qui fera moins de 3,000; alors cette voiture pourra aller avec quatre chevaux, et avec six quand les chevaux seront fatigués ou les chemins trop mauvais. Mon intention est donc que les prolonges du génie pèsent moins de 1,000; elles pourront aussi porter moins de 2,000. J’approuve qu’il ne soit organisé que deux compagnies, l’une à Danzig et l’autre à Metz. Il faut s’occuper d’organiser promptement celle de Metz.

Sur les vingt compagnies de sapeurs et les quatre compagnies de mineurs qui sont à la Grande Armée, il faut ordonner que la moitié revienne, en complétant la moitié qu’on laissera avec les hommes disponibles du reste. Je désire donc que, sans attendre de nouveaux ordres, une compagnie entière soit organisée à Metz; qu’on forme le cadre, qu’on ait les hommes, qu’on achète les chevaux, les voitures et les harnais sur-le-champ; de sorte qu’au 15 février cette compa­gnie puisse partir, s’il est nécessaire. Je désire également qu’à la même époque toutes les compagnies, soit de Walcheren, soit les antres, et les mineurs qui vont être destinés pour le corps d’obser­vation, aient leurs caissons.

 

Paris, 11 janvier 1813.

Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris

Monsieur le Comte de Cessac, je réponds à votre lettre du 8 jan­vier. Les régiments qui forment les corps d’observation de l’Elbe, d’Italie et du Rhin n’auront aucun équipage régimentaire; toutefois ceux qui en ont les conserveront. L’administration de ces divisions doit être comme pour une division de quatorze bataillons. Les ambu­lances doivent être, comme cela a toujours été d’usage, à raison de six caissons par ambulance.

Pour le corps d’observation d’Italie, tout doit être réuni à Vérone. Sans rien préjuger sur la direction que prendra ce corps, toute l’ad­ministration doit être réunie pour le 20 février à Vérone. Les 1,000 chevaux pour les équipages militaires du corps d’observation de l’armée d’Italie font partie des 2,400 chevaux qui doivent être levés, non-seulement dans les provinces illyriennes, mais aussi en Italie, savoir: 1,200 dans les provinces illyriennes et 1,200 dans les départements français au-delà des Alpes. Entendez-vous à ce sujet avec le bureau de l’artillerie.

 

Paris, 11 janvier 1813.

Au comte Fontanelli, ministre de la guerre du royaume d’Italie, à Milan

Je reçois votre lettre du 1e janvier; je ne me souvenais plus que vous aviez le portefeuille de la guerre; je vous vois avec plaisir occuper ce poste dans des circonstances aussi importantes.

J’ai ordonné la réunion à Vérone d’un corps d’observation dont le général Bertrand doit avoir le commandement. Ce corps sera com­posé de deux divisions françaises fortes de trente bataillons, et d’une division italienne forte de neuf bataillons du royaume et de trois bataillons napolitains. Désignez-moi les neuf bataillons que vous pro­posez à cet effet. Il faudra en outre 500 chevaux de cavalerie légère, seize pièces d’artillerie italienne, une compagnie du train, une com­pagnie de sapeurs italiens et une compagnie d’ouvriers de la marine à tirer de l’arsenal de Venise. Vous devez seulement donner tous les ordres préparatoires, mais ne rien réunir encore. Le corps d’obser­vation d’Italie sera ainsi de quarante à quarante-cinq bataillons.

Envoyez-moi l’état de situation de mon armée italienne au 15 janvier.

Faites-moi un rapport sur les places.

Je n’ai pas à me méfier des dispositions de l’Autriche, qui marche bien avec moi; cependant il est nécessaire que Palmanova et Osoppo soient armés.

Je désire aussi que vous me fassiez connaître si le second chameau existe à Venise, et quelles sont actuellement les forces anglaises dans l’Adriatique. S’il était possible de faire partir pour Toulon les trois vaisseaux de Venise, ce serait une bonne opération. Écrivez-moi tous les jours.

 

Paris, 12 janvier 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Elbing.

Mon Cousin, on ne doit faire aucune différence pour les remontes des régiments italiens et des régiments français, sauf à faire un état de ce qui est donné aux régiments italiens pour s’en faire tenir compte par le royaume d’Italie.

 

Paris, 12 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, comme j’ai trouvé beaucoup de fautes dans ce que votre chef de division a recueilli sous ma dictée, je prends le parti de vous faire connaître de nouveau mes intentions.

Le corps d’observation de l’Elbe, comme je vous l’écris aujour­d’hui, sera composé de quatre divisions; chaque division sera forte de trois régiments, ce qui fera douze régiments, y compris le 134e ou régiment de Paris. Il restera donc huit régiments, qui seront destinés au 2e corps d’observation du Rhin.

Le corps d’observation d’Italie sera augmenté d’une division qui sera composée de deux bataillons du 52e, de deux bataillons du 5e provisoire, de quatre du 137e régiment et de quatre du 156e; total, douze bataillons.

Le 1er corps d’observation du Rhin perdra le 134e, qui passe au corps d’observation de l’Elbe.

Le 2e corps d’observation du Rhin sera composé de dix nouveaux régiments provisoires et des huit régiments qui restent sur les vingt-trois créés avec les cohortes. Il y sera joint en outre tous les régi­ments qui ont deux ou trois bataillons en France, et qui ne font pas partie des corps d’observation, tels que le 9e léger, le 1er de ligne, etc.

Quant à la formation des dix nouveaux régiments provisoires, il faut mettre ensemble les bataillons qui sont entiers, tels que le 75e, le 33e léger, le 51e, etc. Il faut ôter de cette nouvelle formation provisoire le 44e, le 113e, et en général tous les régiments qui auraient en France deux ou trois bataillons, vu qu’ils doivent marcher sous leur nom, et qu’ils n’ont pas besoin d’être couverts par des numéros provisoires.

J’adopte pour les dix régiments provisoires que l’on fasse marcher trois compagnies des 5e bataillons, mais après s’être assuré que les cadres des 3e et 4e bataillons sont en marche venant d’Espagne, et que dans le courant de mars ces 5e bataillons seront remplacés par les cadres définitifs. Il ne faut comprendre dans les régiments provi­soires aucun détachement qui appartiendrait aux régiments qui sont à la Grande Armée.

Quant aux différents projets de complètement, il manque aux bataillons qui doivent faire partie du corps d’observation d’Italie 4,500 hommes. Je consens qu’on en prenne 3,000, à raison de 500 par chacun des six régiments qui sont dans le royaume d’Italie et ont leurs bataillons à la Grande Armée, et qu’on prenne les 1,500 autres dans les cinq régiments qui sont dans la 7e division militaire. Aucun mouvement ne se fera avant le 1e février. On me présentera l’ordre de ces mouvements à opérer. On complétera d’abord dans la 7e division tout ce qui est relatif au 4e bataillon du 18e léger. Le reste formera un bataillon de marche qui se mettra en route au 1er février pour Vérone.

Les 5e bataillons du 8e léger et du 23e feront partir également, au 1e février, tout ce qu’ils auront de disponible pour compléter leur corps à Vérone.

Il parait qu’il faut 6,500 hommes pour compléter les cadres qui font partie des corps d’observation du Rhin. Il faut prendre dans les 5e bataillons ou dépôts de l’armée d’Espagne, et rien dans les dépôts de la Grande Armée.

J’estime qu’il faut 10,000 hommes pour recruter la cavalerie, de manière que tous les dépôts des régiments de la Grande Armée et des armées d’Espagne aient les hommes qui leur sont nécessaires pour servir les chevaux qu’ils doivent recevoir. Ces 10,000 hommes doivent être pris sur la prochaine levée dans les départements où sont situés les dépôts. Par ce moyen, les hommes seront rendus aux dépôts avant le 15 février.

J’excepte de ces dispositions les cuirassiers et les carabiniers, qui doivent recevoir des hommes de choix, et pour cette arme il serait peut-être convenable de prendre dans les cohortes un millier d’hommes de choix, de haute taille et connaissant les chevaux.

J’estime qu’il faut au ministre de l’administration de la guerre 3,000 hommes pour recruter les cinq bataillons d’équipages mili­taires qu’il organise en France et en Italie.

Je pense qu’il en faut autant pour le train d’artillerie, autant pour les sapeurs, train du génie, pontonniers, mineurs et autres ser­vices; autant pour la Garde. Cela fait un emploi de 25,000 hommes environ. Il ne restera donc plus que 75,000 hommes, qu’il faut dis­tribuer entre les cadres des 3e et 4e bataillons déjà en deçà des Pyrénées, ou dont on serait sûr de l’arrivée, et le surplus entre les trente-quatre régiments de la Grande Armée. Dans les dépôts de la Grande Armée, il ne faut cependant pas comprendre ceux des 124e, 125e, 126e, 127e, 128e et 129e régiments. Je suppose donc qu’il n’y a qu’une trentaine de cadres dont on doive s’occuper ici. Les dépôts de la Grande Armée ont en général actuellement 1,200 hommes; il sera nécessaire de les compléter tous à 2,500, et par ces trente dépôts 40 à 45,000 hommes seront employés.

Il ne restera donc plus que 35,000 hommes pour les autres dépôts, et pour tous les nouveaux bataillons que l’on forme. Tous les corps de la Grande Armée, ayant ainsi 2,500 hommes à leurs dépôts, auront de quoi se compléter. J’ai provisoirement fait former un 6e bataillon bis à tous ces régiments ; il faut tâcher de leur pro­curer des officiers et des sous-officiers. J’appelle corps de la Grande Armée les quinze régiments du 1e corps; les six du 2e ; les six du 3e et les six du 4e. Je ne comprends pas, comme je l’ai dit plus haut, sous cette dénomination, ni le 8e, ni le 18e léger, ni les régiments de formation hollandaise et des départements de la 32e division mi­litaire.

Mettez d’abord en mouvement les conscrits de 1813 et des années antérieures, qui sont les seuls sur lesquels je puisse réellement compter.

 

Paris, 12 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, les 151e, 152e et 153e régiments formeront la 1e division du corps d’observation de l’Elbe. Cette division se réunira à Hambourg. Vous nommerez le général Saint-Cyr pour la commander, et vous lui donnerez deux des trois généraux de brigade qui sont employés à ces cohortes. La 2e division du même corps se formera à Wesel, où elle se trouvera composée des 146e, 147e et 148e régiments. Elle sera commandée par le général Puthod, qui est à Groningen. Les 154e, 155e et 134e régiments, qui se réuni­ront à Bremen ou à Osnabrück, et les quatre bataillons des régi­ments étrangers qui doivent partir de la Hollande, formeront la 3e division. Ainsi le 134e ne fera plus partie du corps d’observation du Rhin. La 4e division sera réunie à Mayence et composée des trois premiers régiments qui arriveront. J’attends pour désigner ces trois régiments l’état que vous me donnerez, indiquant le jour de l’arrivée de chaque régiment à sa destination.

Par ces dispositions, le corps de l’Elbe aura donc quatre divisions formant cinquante bataillons. Proposez-moi les généraux pour com­mander les 3e et 4e divisions. Il restera huit régiments, dont je dispo­serai pour le corps d’observation du Rhin. Il sera nécessaire que les deux divisions qui se réuniront à Hambourg y trouvent leur artillerie; que la 3e division trouve son artillerie à Wesel, et que la 4e trouve la sienne à Mayence.

 

Paris. 12 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, vous recevrez le décret que je viens de prendre pour la formation des 22 régiments composés de cohortes. Vous verrez que ces 22 régiments doivent être formés, savoir : 8 à Paris, 1 à Lyon, 1 à Puycerda, 4 à Wesel, 4 à Hambourg et à Osnabrück, 2 à Mayence et 2 à Vérone; total : 22 régiments.

Il est nécessaire que, par des estafettes extraordinaires, vous mettiez toutes les cohortes en mouvement pour se diriger sur le lieu où elles doivent être réunies et formées en régiments. Vous me ferez connaître le jour où chacune arrivera à sa destination.

Il est nécessaire que vous présentiez à ma nomination les vingt-deux colonels et les vingt-deux majors, et qu’enfin vous calculiez de manière que les colonels arrivent à temps.

Toutes les cohortes doivent se mettre en mouvement vingt-quatre heures après la réception de vos ordres.

Comme Paris est déjà assez encombré par la Garde, faites former le 135e régiment le plus tôt possible. Aussitôt qu’il sera formé, comme je le destine à être dirigé sur Mayence, vous le ferez passer d’abord à Metz, où il achèvera de s’armer et de se mettre en bon état.

Après le départ de vos estafettes pour mettre en mouvement ces troupes, ce que je vois de plus pressé, c’est la nomination des colo­nels , en ayant soin de les prendre parmi des officiers disponibles se trouvant dans l’intérieur et n’ayant pas fait les campagnes de la Grande Armée.

 

Paris, 14 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, donnez des ordres pour réunir à Mayence, aussitôt que possible, deux bataillons du 22e de ligne, le 10e régiment provisoire, qui se compose des bataillons du 16e et du 28e léger; le 6e provisoire, formé des bataillons du 6e et du 25e léger; le 14e provisoire, formé du 40e et du 34e de ligne; le 24e provisoire, formé du 88e et du 103e; le 21e provisoire, formé du 59e et du 69e; ce qui fera douze bataillons ou une division.

Vous donnerez ordre au général Souham d’aller en prendre le commandement. Le duc de Valmy sera chargé de bien armer et bien organiser ces régiments, dont chaque compagnie doit sortir de Mayence forte de 140 hommes. Vous nommerez sur-le-champ les majors qui doivent commander ces régiments. Vous ferez organiser, aussitôt que faire se pourra, deux batteries pour être attachées à cette division. Vous me ferez connaître quand elle pourra être réunie à Mayence et se porter en bon état sur Francfort, où elle complétera son organisation. Le duc de Valmy pourra même, aussitôt que la 1e brigade, forte de trois régiments, sera formée, l’envoyer à Francfort. Il est important que cette 1e brigade ait d’abord son artillerie.

Je désire attacher à cette division le 10e de hussards, qui est à Metz. Faites-moi connaître quand ce régiment sera à 1,000 hommes. Ordonnez la formation des 5e et 6e escadrons de ce régiment. Faites-moi connaître également quand tout le reste du corps d’observation du Rhin pourra se mettre en mouvement pour se réunir à Mayence.

 

Paris, 14 janvier 1813.

Au général comte de Lauriston, commandant le corps d’observation de l’Elbe, à Paris

Monsieur le Comte Lauriston, je vous ai confié le commande­ment du corps d’observation de l’Elbe. Le ministre de la guerre vous donnera l’ordre de partir dans la semaine prochaine. Vous avez sous vos ordres quatre divisions françaises : la 1er s’organise à Hambourg, la 2e à Osnabrück, la 3e à Wesel et la 4e à Mayence. Vous aurez de plus une division westphalienne. Vous placerez votre quartier général à Magdeburg. Voyez les ministres de la guerre et de l’administration de la guerre pour connaître quand toutes vos divisions arriveront, l’organisation de chacune, ainsi que l’organisation de votre état-major f de votre service du génie, d’artillerie et d’administration. Il est nécessaire que vous arriviez de bonne heure, puisque vous pourrez voir par vous-même la formation de vos régiments, qui se composent de cohortes, et veiller à la mise en état des fortifications de Magdeburg et à la formation des magasins de cette place. A Hanovre, vous aviserez aux moyens de vous former une division de cavalerie avec les régiments entiers que vous y réunirez; enfin vous vous y occuperez aussi des remontes de votre artillerie. Toutes ces mesures à prendre exigent donc votre prompte présence à Wesel, à Hanovre, à Hambourg et à Magdeburg. Quand vous serez sur les lieux, vous trouverez moyen d’accélérer tout ce qui est relatif à la formation de votre armée.

 

Paris, 15 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, j’examine le travail que votre chef de division Gérard m’a apporté.

CORPS D’OBSERVATION DE L’ELBE.

La 1e division me parait bien composée; c’est la première qui entre en ligne, puisque déjà elle est réunie à Hambourg. H est donc indispensable de l’organiser sur-le-champ en généraux, officiers d’état-major, officiers du génie, officiers d’artillerie, employés d’ad­ministration, etc., de sorte que le général Lauriston puisse tout de suite disposer de cette division selon les événements.

La 2e division, qui se forme à Wesel, y sera réunie avant le 1e février. Il est donc nécessaire que le général Puthod, que j’ai nommé pour la commander, s’y trouve rendu à cette époque; pour cela, il faut lui en donner l’ordre sans délai.

La 3e division ne pourra guère être réunie que vers le 10 février; je crois avoir décidé qu’elle serait formée à Osnabrück. Donnez ordre au général Lagrange, qui est à la Grande Armée, de se diriger sur-le-champ sur Osnabrück pour prendre le commandement de cette division.

La 4e division sera composée des 135e, 136e et 138e; elle se forme à Mayence. Les trois régiments ne pourront guère être rendus à Mayence avant le 15 février. Il est nécessaire que vous donniez ordre au major général d’envoyer un général de division capable, mais de ceux qui lui sont inutiles, pour en prendre le commande­ment. Écrivez-lui aussi d’envoyer deux généraux de brigade.

Il reste à pourvoir au commandement des 31e et 32e divisions militaires. Donnez ordre au général Loison de se rendre à Hambourg pour y prendre le commandement de la 32e division militaire. Donnez ordre au général Janssens de se rendre à Groningen pour y prendre le commandement de la 31e.

Ainsi les généraux de division du corps d’observation de l’Elbe sont tous nommés. Le général Camas pourrait prendre le comman­dement de l’artillerie. Quant à la cavalerie à attacher à ce corps, ce ne sera que lorsqu’on connaîtra le résultat des remontes et les régi­ments que l’on pourra le plus promptement organiser entre l’Oder, l’Elbe et le Rhin, que l’on pourra faire cette partie du travail. Voyez dans vos bureaux si vous avez quelques états. Vous donnerez des instructions au général Lauriston pour qu’il s’informe des détache­ments de cavalerie qui existent dans les dépôts de Hanovre, de Berlin, de Stettin, et qu’il envoie ceux qu’il sera plus facile de réunir par régiments, car il faut des régiments entiers.

Faites-moi connaître quand Je régiment irlandais et le 44e pourront fournir leur bataillon à la 3e division.

 

CORPS D’OBSERVATION D’ITALIE.

La 1e division, telle qu’elle est portée dans le travail, me parait bien. Cependant il reste à me faire connaître quand ces régiments pourront être réunis à Vérone. Il faut aussi nommer le général de division qui doit la commander.

2e division. Je ne veux pas du 6e bataillon du 42e, da 6e du 67e, ni du 6e du 101e, cela réduirait cette division à onze bataillons

D’un autre côté, il ne faut pas changer l’organisation que j’ai donnée aux bataillons provisoires : le 10e doit être avec le 20e, le 6e avec le 67e; il faut les rétablir ainsi; cela donnera un bataillon de plus et reportera la division à douce bataillons. J’approuve le travail que vous m’avez présenté sur les 4,350 hommes à retirer des autres corps. Il faut préparer le mouvement de tous ces détachements sur Vérone.

3e division. Je ne veux pas du 52e, mais je désire que les 3e et 4e bataillons du 52e soient portés chacun à six compagnies, et qu’à cet effet on fasse revenir les cadres. Je ne veux pas du 6e bataillon du 102e, ni du 5e du 79e, ni du 5e du 20e, ni du 6e du 112e. Il ne restera que les 3e et 4e bataillons du 52e, 2 bataillons du 5e provi­soire, 4 du 137e et 4 du 156e; total de la 3e division, 12 bataillons.

J’approuve tout ce que vous prenez dans les corps pour compléter ces régiments, tel que cela est porté au travail.

Vous voyez qu’il restera en Italie tous les 6e et 5e bataillons, hormis les 6e bataillons du 13e et du 23e; je les prends parce que les cadres seront promptement reformés.

 

ler CORPS D’OBSERVATION DU RHIN.

J’approuve la formation de la 1e division. Vous retirez 1,100 hom­mes des cohortes pour compléter les corps de cette division; je l’approuve, en vous faisant cependant cette observation que le bureau calcule trop serré. Ainsi le 58e a 1,200 hommes à l’effectif; cela sera à peine de quoi fournir 840 hommes à son bataillon. Il ne faudrait donc rien retirer de ce régiment, non plus que de ceux qui fournis­sent déjà un ou deux bataillons. Il faut en déduire les éclopés, les malades, etc., et les mettre en mesure de pouvoir reformer le plus tôt possible leur bataillon.

J’approuve de même la formation de la 2e division. J’approuve également la manière dont vous voulez compléter les corps, mais en faisant toujours la même observation.

J’approuve la 3e division, telle que vous la proposez et toujours avec la même observation.

J’approuve la 4e division, mais je n’approuve pas que vous preniez 600 hommes dans le 29e de ligne. C’est un régiment qui a ses quatre bataillons à la Grande Armée; il le faut porter comme tel.

A ces modifications près, les quarante-huit bataillons du 1er corps d’observation du Rhin sont approuvés.

Faites-moi connaître quand tous ces détachements et régiments pourront se mettre en marche pour se former à Mayence.

 

2e CORPS D’OBSERVATION DU RHIN.

La le division du 2e corps d’observation du Rhin sera composée des 149e, 150e, 145e.

La 2e division sera composée des 139e, 140e, et 141e.

La 3e division sera composée du 142e, du 144e. Tous ces régi­ments se formeront à Paris, Mayence et Lyon. Le 26e provisoire, composé du 4e bataillon du 51e et du 3e bataillon du 75e, sera attaché à la 3e division. Les deux bataillons du 113e y seront égale­ment attachés, ce qui complétera la 3e division.

La 4e division sera formée de six autres régiments provisoires, qu’il faut composer de bataillons entiers, ce qui portera le total de ce corps à quarante-huit bataillons.

Je n’adopte pas la formation que vous me proposez de sept régi­ments provisoires : je ne veux pas de 5e bataillons ; je veux des batail­lons entiers. Je n’adopte qu’un seul régiment provisoire, qui est le 26e, composé comme je viens de vous le dire.

Organisez-moi donc, conformément à ces observations, les quatre corps d’observation : le corps d’observation de l’Elbe à 4 divisions, 48 bataillons; celui d’Italie à 4 divisions, 36 bataillons français, 12 italiens, soit 48 bataillons; 1e corps d’observation du Rhin, 4 divisions, 48 bataillons; 2e corps, 4 divisions, 48 bataillons; total des quatre corps, 192 bataillons.

 

CORPS DE RÉSERVE.

J’ai créé des 6e bataillons. Tous ceux qui sont au-delà des Alpes feront une division de réserve. Ces bataillons seront portés à 800 hommes, et pour les compléter il sera pris, s’il est nécessaire, sur les 100,000 hommes, de sorte que je puisse avoir là une forte division pour recruter la Grande Armée.

Également sur le Rhin : il sera formé, de tous les 6e bataillons qu’on vient d’organiser, un corps de réserve pour recruter la Grande Armée.

Je vous ai déjà écrit que mon intention était d’avoir 2,500 à 3,000 hommes à chaque dépôt. Les cadres des 5e bataillons, ceux des 6e qu’on vient d’organiser et les cadres qui vont arriver successi­vement, permettront d’organiser trois bataillons, ce qui fournira 2,500 hommes pour chacun des régiments. On organisera ainsi, avec ce qui existe dans les dépôts de la Grande Armée et les 100,000 hommes, une centaine de bataillons qui formeront le complément de l’armée.

 

ÉTAT n° 6.

A cet état il faut ajouter le 27e de ligne et le 29e léger, que vous devez réorganiser.

Vous portez au 1er corps quinze bataillons; il faudrait y porter aussi le 33e léger, qui a un bataillon en France.

J’ai déjà donné 18,000 hommes de la conscription de 1813 à ces différents corps. En donnant encore 1,500 hommes à chacun, comme c’est mon intention, sur la conscription des 100,000hommes, cela ferait 22,500 hommes. Ainsi le 1er corps pourrait avoir, dans le courant d’avril, 40,000 hommes prêts à partir.

Le 2e corps a six régiments; ses six dépôts ont 1,000 hommes, ce qui, avec les 9,000 que je leur destine sur la conscription, fera 10,000 hommes. Il faut voir ce que peuvent fournir les Suisses.

Le 3e corps a six régiments également. Il faut y ajouter les régi­ments illyriens et les nouveaux régiments hollandais qui y sont attachés.

Je vois que cela ferait vingt-sept corps.

En y joignant les régiments hollandais, ceux de la 32e division, le 29e, le 3e, le 105e, qui sont presque tout entiers attachés à la Grande Armée, enfin le 29e léger, qui va être reformé, ainsi que les cinq régiments de réfractaires qui sont à la Grande Armée, on aurait plus de 100,000 hommes qui, dans le courant d’avril, pourraient fournir ces dépôts.

Sur ce nombre, 30,000 hommes sont tirés de la conscription de 1813; il resterait donc plus de 60,000 hommes à fournir par la conscription des 100,000 hommes. C’est ce qui me porte à décider qu’il sera fourni un 6e bataillon au 3e, au 105e et au 29e. Il serait donc nécessaire de ne rien prendre dans ces régiments pour les incorporations à faire dans les corps d’observation du Rhin ou dans les autres; également pour les régiments de Belle-Île, de Ré, de la Méditerranée et de Walcheren.

Quant aux 31 bataillons qui viennent de l’armée d’Espagne, ils serviront pour la conscription de 1814.

Je ne comprends pas ce que vous avez voulu mettre dans vos états n° 12, qu’il rentrera les 27e, 79e, 8e, 96e, 16e, 17e et 36e légers : cela est absolument une énigme pour moi.

Quant à l’état n° 7, formant les nouvelles divisions de réserve de Bayonne, je l’approuve entièrement. Il faut l’exécuter sur-le-champ et me proposer de dissoudre la division actuelle, pour que les détachements aillent rejoindre leurs régiments et qu’il y ait des cadres pour recevoir la conscription de 1814.

 

Paris, 15 janvier 1813.

Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris

Monsieur le Comte Mollien, mon intention est que dans le budget des relations extérieures pour 1813 on comprenne une somme de 1,500,000 francs pour secours aux réfugiés lithuaniens et polonais, et une somme de 6 millions pour subsides à accorder au gouverne­ment du duché de Varsovie; ce qui portera le budget du ministère à 16 millions. Il est nécessaire que vous portiez en distribution, pour le mois de janvier, une somme de 3 millions au ministère des rela­tions extérieures. Cette somme comprendra : 1° les deux millions en billets du Piémont que j’ai donnés au duché pour la réorganisation de sa cavalerie, à mon passage à Varsovie; 2° un million qui sera à la disposition du ministre des relations extérieures pour être mis par lui à la disposition de mon ministre à Varsovie, qui en disposera selon les circonstances et qui prendra sur cette somme les fonds à accorder aux Polonais. Le ministre des relations extérieures donnera des ordonnances pour ces 3 millions.

 

Paris, 16 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Je vous envoie l’état de répartition de la conscription de 1814. Cela me paraît fait sur de bonnes bases ; mais mon intention n’est pas encore de signer ce décret, ne voulant commencer cette levée que quand celle des 100,000 hommes sera terminée. En consé­quence, je vous prie de me renvoyer le décret avec les dates. Il faut que ces conscrits de 1814 ne soient dérangés et remués que lorsque les autres partiront. Il y aurait de l’inconvénient à armer tant de conscrits à la fois.

 

Paris, 16 janvier 1813.

Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris

Monsieur le Comte de Cessac, j’ai reçu votre lettre du 14 janvier. J’ai pris un décret par lequel j’ordonne que les cinq bataillons des équipages soient entièrement formés en France. Il ne faut rien attendre de la Grande Armée, car tous les hommes paraissent exces­sivement fatigués; il faut donc les réorganiser entièrement. Je vois que vous avez aux dépôts des équipages militaires de la Grande Armée 29 officiers et 670 sous-officiers et soldats : réunissez tout cela et réorganisez promptement ces cinq cadres ; prenez même dans tous les dépôts de l’armée d’Espagne. Je dois avoir vingt-trois dépôts d’équipages militaires, dont trois, le 14e, le 16e et le 20e ne sont pas en France; les vingt qui restent doivent au moins vous fournir une soixantaine d’officiers et un millier de sous-officiers et soldats : réunissez tout cela. Si, en faisant voire travail, vous trouviez de quoi former un 6e cadre, vous me le proposeriez.

 

Paris, 16 janvier 1813.

Au général Duroc, duc de Frioul, grand maréchal du palais, à Paris

Je vous renvoie votre rapport sur le recrutement de la Garde. Écrivez de nouveau au major général et au général Roguet pour avoir des états de situation.

J’ai donné ordre au major général de resserrer tous les cadres tant de la jeune que de la vieille Garde, de manière à les compléter à 100 hommes par compagnie.

Je vous ai envoyé aujourd’hui une instruction pour organiser la Garde en trois divisions, savoir : une première division qui sera com­plétée avec la conscription de 1813; une seconde division qui le sera avec la conscription des 100,000 hommes, et enfin la troisième sur la conscription de 1814.

 

 

Paris, 16 janvier 1813.

A Charles-Louis-Frédéric, Grand-Duc de Bade, à Carlsruhe

Mon Fils, j’ai reçu votre lettre de Carlsruhe, du 4 janvier. Les circonstances actuelles de l’Allemagne veulent que vous preniez des mesures efficaces pour reformer votre contingent, réorganiser votre artillerie, la réatteler et remonter votre cavalerie. Ce ne sera pas suffisant que d’avoir un régiment d’infanterie au mois de mars, si vous n’y joignez de l’artillerie bien attelée et un régiment de cavalerie.

 

Paris, 17 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Chargez le général Campredon de l’inspection des places de l’Oder, de Spandau et de Magdeburg ; il fera faire dans chaque place les tra­vaux les plus urgents; il y établira le service de son arme de la manière la plus convenable; et, dans le cas où l’ennemi se présente­rait sur l’Oder, il devra se trouver à Magdeburg et en état de donner les renseignements les plus détaillés sur l’état des fortifications des places, sur les approvisionnements, sur leur armement, sur la situa­tion de leurs magasins, etc. Après sa revue, le quartier général du général Campredon doit être établi à Magdeburg, d’où il correspondra avec les ministres, avec le major général, les commandants des places, etc. Réitérez au général Haxo l’ordre de se rendre à Paris.

 

Paris, 17 janvier 1813.

DÉCISION.

Le ministre de l’intérieur propose d’accorder, pour les obsèques des préfets décédés en fonction, le dixième du traitement d’activité.Refusé. Pourquoi chercher des occasions de dépenses ?

 

 

Paris, 18 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le duc de Feltre, la commune de Paris m’a offert 500 chasseurs, que j’ai acceptés. Voulant donner une preuve de ma satisfaction à la ville de Paris, mon intention est que ces 500 hom­mes fassent partie du 3e régiment de lanciers de ma Garde. En con­séquence, donnez des ordres au général Lefebvre, qui commande la cavalerie de la Garde, de voir le préfet, pour que les hommes et les chevaux soient sur-le-champ envoyés au dépôt du 2e régiment de lan­ciers. Le régiment les armera, les habillera et les équipera, et la com­mune de Paris remboursera cette dépense au régiment. En prévenant le préfet de celte disposition, faites-lui connaître que la ville de Paris doit être sensible à cette marque que je lui donne de ma con­sidération , et qu’elle ne doit offrir que de beaux hommes, bons sujets et qui, par leur taille et leur bonne conduite, se fassent honneur dans la Garde. A mesure qu’un homme sera levé, il sera envoyé au général Lefebvre, qui n’acceptera que ceux qui auraient les qualités requises. Quant à ceux qui ne satisferaient pas aux conditions requises pour être admis dans la Garde, mais qui seraient cependant acceptables par d’autres régiments, si la commune de Paris n’en pouvait pas fournir d’autres, le général Lefebvre les enverrait dans les régiments de lanciers les plus voisins, qui lui fourniraient en échange des hommes de choix pour les lanciers de la Garde.

Mon intention est que les 200 chevaux que doit fournir Paris, sur la réquisition des 15,000, soient également donnés à la Garde. En conséquence, prévenez-en le général Lefebvre, qui verra le préfet, recevra les chevaux et préparera leur distribution entre les différentes armes de la Garde. Par ce moyen, tout ce qui regarde Paris, dans cette levée, sera terminé promptement et sans embarras.

 

Paris, 18 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Je réponds à votre lettre du 17 (bureau de l’artillerie).

Je pense qu’il faut organiser le train de la Grande Armée (y com­pris le 11e corps et les corps d’observation de l’Elbe et du Rhin), de manière qu’il y ait 18,000 chevaux et le personnel de 11,000 hommes. Quoique je croie qu’aussitôt que j’aurai reçu les états de la Grande Armée j’adopterai un projet qui simplifiera beaucoup ses équipages, dont les corps d’observation de l’Elbe et du Rhin ne sont que le complément, il n’en est pourtant pas moins vrai que je veux avoir une armée et une artillerie aussi nombreuses que celles que j’avais au printemps passé, et que par conséquent il faudra avoir les 3,000 voitures et les 11 ou 12,000 chevaux que vous proposez indé­pendamment de la Garde. J’approuve donc que vous fassiez revenir de la Grande Armée quarante-quatre compagnies du train d’artillerie. Vous les dirigerez d’abord sur Magdeburg, d’où elles seront dirigées ultérieurement selon les circonstances ; elles y seront complétées par 3,000 conscrits de 1814, et on prendra d’abord tous les anciens soldats qui auraient perdu les doigts et qui ne pourraient plus manier le fusil. Le général Sorbier a proposé cette mesure, qui me parait utile; il faut que vous écriviez au major général pour l’autoriser.

Je désire que vous me présentiez des états, 1° de tout ce qu’il res­tera du train à l’armée; 2° de ce qu’il y aura à Magdeburg; 3° des trente-cinq compagnies de l’intérieur ; 4° du train du corps d’observa­tion d’Italie; 5° du train de la Garde à la Fère et en Allemagne. Il faudra ordonner à toute l’artillerie de la Garde de se rendre à Mayence. Présentez-moi un projet de décret pour ces dispositions. Mon inten­tion est qu’il ne reste à l’armée que les compagnies du train qu’on aura pu compléter à 100 hommes, en y versant tous les hommes disponibles. Tous les autres cadres doivent revenir à Magdeburg.

Si dans le nombre de 18,000 chevaux, que vous me présentez, la Garde et le corps d’Italie ne sont pas compris, ce nombre serait plus considérable que celui de l’année passée. Je désire avoir un tableau complet de l’artillerie telle que je l’ai organisée à la Grande Armée, aux corps d’observation de l’Elbe, du Rhin et d’Italie, en pièces, chevaux et voitures, comparée avec l’équipage de la Grande Armée dans la dernière campagne. Cet équipage était suffisant et même très-considérable. Mon intention n’est pas que tous ces équi­pages réunis surpassent l’autre, quoique vous puissiez continuer à faire des préparatifs pour un équipage plus considérable.

 

Paris, 18 janvier 1813.

Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris

Je reçois votre lettre. Les remontes à faire en France consistent en 15,000 chevaux à lever par réquisition et 4,726 chevaux dont la levée est ordonnée par le décret du 2 octobre, total 19,726 chevaux; ce qui, joint aux 15,000 chevaux que me produiront les offres volon­taires, fera 34,000 chevaux de cavalerie, que j’espère faire sortir de France avant le mois de mai. Il y aura de plus pour les équipages militaires 4,400 chevaux pour les quatre bataillons qu’on organise en France, 1,000 chevaux à lever en Illyrie, total 5,400 chevaux.

Quant aux chevaux à lever en Allemagne, le calcul doit se com­poser de tous les chevaux que le général Bourcier achète; mais je ne pense pas que cela puisse excéder 14 à 15,000 chevaux. Je voudrais qu’il s’en procurât 50,000; s’il pouvait du moins en avoir 30,000, ce serait 64,000 chevaux que j’aurais au printemps. Au surplus, mon intention est de lui fournir autant de cavaliers qu’il y aura de chevaux. C’est ce qui m’a porté à vous écrire de faire faire 200,000 selles et harnachements d’extraordinaire; faites-les faire à Stras­bourg, à Paris, à Mayence. (Je ne comprends rien à la lettre du ministre du trésor; je lui écris.) Mon intention est donc que vous écriviez au général Bourcier que je compte avoir en mars 34,000 chevaux provenant des remontes de France; que j’espère qu’il se procurera en Allemagne de quoi remonter tous les hommes à pied qui se trouvent de son côté; s’il peut avoir 30,000 chevaux, qu’il les achète, et que je lui fournirai les hommes dont il aura besoin pour les monter. Correspondez avec lui pour le harnachement. Il serait nécessaire que vous envoyassiez un jeune officier intelligent pour s’aboucher avec lui, savoir où sont les remontes, où se trouvent les dépôts de régiments et tâcher de réunir les détachements par régiment.

Il serait urgent que vous m’apportassiez mercredi votre projet de budget. C’est à vous à le régler en conséquence des dépenses que vous prévoyez.

Au reste, je viens de prendre un décret sur ce qui fait l’objet de cette lettre. Je voudrais maintenant que vous me fissiez connaître où en sont les remontes. Vous sentez bien que celles projetées â Vilna, â Königsberg et à Elbing sont à peu près nulles. Je crois qu’à Var­sovie on a fourni près de 2,000 chevaux. Comme aujourd’hui je suis à Paris, il est nécessaire que vous écriviez à vos agents et aux commissaires des guerres que vous avez sur les lieux de vous in­struire en détail et de vous tenir au courant de la marche de ces opérations, parce que la direction ne vient plus de l’armée, mais de Paris. Écrivez-leur que plus ils auront de bons chevaux, plus j’en serai satisfait; mais qu’il est nécessaire qu’ils le fassent connaître ici, pour qu’on tienne à leur disposition l’argent et les effets de har­nachement nécessaires, et même des hommes, car, d’après tout ce qui me revient, je vois qu’il y a bien à rabattre sur le grand nombre d’hommes à pied à remonter à la Grande Armée, et que depuis Vilna il y a eu de grandes pertes causées par les froids et les maladies qui ont succédé aux froids.

 

Paris, 18 janvier 1813.

Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris

Monsieur le Comte de Cessac, je reçois votre rapport d’aujour­d’hui 18, par lequel vous me portez le budget de votre département, pour 1813, à 294 millions. Je ne pense pas que le budget de cette année doive être plus considérable que celui de 1812; il doit même être moindre, et je pense que 220 ou 225 millions doivent être suf­fisants.

Dans votre état n° 3 pour l’exercice 1813, vous comptez, pour les trois premiers mois, 279,000 hommes, parmi lesquels se trouvent toutes les cohortes : mais à l’époque du 15 février plus de la moitié de ces cohortes seront hors de France. Vous portez en outre 70,000 hommes pour la conscription de 1813, ce qui fait un total de 349,000 consommateurs : dans le courant de février toute cette conscription sera hors de France. Je pense donc que, si au 1er jan­vier il y a 350,000 hommes, il n’y en aura que 200,000 au 15 fé­vrier, et au 15 mars que 60,000. Ainsi, en portant à 250,000 hommes, l’un portant l’autre, ce qui doit exister pendant les quatre-vingt-dix jours du trimestre, on aurait une économie de 11 millions de rations.

Vous supposez que les 100,000 hommes des quatre années anté­rieures ne sortiront qu’en août. Il est positif qu’au 1er août il n’y aura plus un homme de cette levée en France. Voilà donc une diffé­rence de quatre mois, qui pour 100,000 hommes donne une éco­nomie de 12 millions de rations.

La conscription de 1814, qui arrive en avril, pourrait être calculée pour huit mois tout entiers, de sorte qu’au lieu de 120 millions de rations pour l’année je n’en suppose que 80 millions, ce qui réduit la dépense de 43 millions à 30 et donne une économie de 13 millions.

Le camp de Boulogne est déjà supprimé; ce qui fait sur le cha­pitre II une économie de 500,000 francs.

Le chapitre III (Fournitures extraordinaires) se trouve ensuite réduit dans le même principe que la boulangerie, ce qui fait une économie de 1 million.

Le chapitre IV (Fourrages) peut être diminué de 1,600,000 francs.

Quant au chapitre V (Habillement), vous portez 100,000 à la Grande Armée, vous en portez 200,000 à l’armée d’Espagne, qui n’est juste que de ce nombre; vous en portez 10,000 à Corfou et 10,000 à l’armée d’Illyrie, enfin vous en portez 100,000 pour les cohortes, qui n’ont pas même ce nombre : d’où je conclus que la masse de l’habillement peut être diminuée.

Cette dépense n’était pour 1812 que de 64 millions; elle ne devrait être que de 60 cette année, et vous la portez à 70.

La dépense de l’armée de Catalogne me parait aussi beaucoup trop exagérée.

En résumé, je suis fondé à penser que, pour former un budget raisonnable pour 1813, il faut se reporter à des évaluations moindres qu’en 1812, et que le budget ne doit pas aller au-delà de 220 à 225 millions.

Le ministre des finances a dû vous écrire d’apporter mercredi tous les renseignements nécessaires pour établir définitivement les bases du budget. Afin d’être bien d’accord, il faudrait connaître d’abord l’état de situation de l’armée telle que vous la croyez à l’époque du 1er janvier 1813.

 

Paris, 18 janvier 1813.

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel. (Même lettre aux rois de Bavière et de Wurtemberg, au grand-duc de Hesee-Darmstadt, au prince Primat, etc.)

Monsieur mon Frère, selon l’usage que j’ai toujours pratiqué dans les circonstances importantes, je crois devoir faire connaître à Votre Majesté la situation de nos affaires.

Votre Majesté a appris, par les rapports qui ont été publiés, les victoires que j’ai obtenues sur l’armée russe. Je ne l’ai pas rencontrée une seule fois que je ne l’aie battue. Sa cavalerie et son infanterie se sont, en général, mal montrées. Ses Cosaques sont les seules de ses troupes qui aient bien fait dans le genre de guerre auquel ils sont propres. Après les combats de Smolensk et la bataille de la Moskova, je suis entré à Moscou. Je trouvai dans cette grande ville abondance de toutes choses, les maisons toutes meublées, des provisions partout et les habitants dans les meilleures dispositions. Mais, vingt-quatre heures après, le feu éclata en deux cents endroits en même temps. Les riches magasins furent la proie des flammes. Les négociants et toute la classe moyenne, voyant leurs demeures en cendres, prirent la fuite, se dispersèrent dans les bois, et après quatre jours d’efforts prodigieux, mais inutiles, Moscou, que nous ne pûmes sauver, n’exista plus.

Grand nombre d’habitants des villages m’avaient demandé un décret qui leur donnât la liberté, et promettaient de prendre les armes pour moi. Mais, dans un pays où la classe moyenne est peu nombreuse, et lorsque, effrayés par la haine de Moscou, les hommes de cette classe (sans lesquels il était impossible de diriger et de contenir dans de justes bornes le mouvement une fois imprimé à de grandes masses) se furent éloignés, je sentis qu’armer une population d’esclaves c’était dévouer le pays à d’effroyables maux ; je n’en eus pas même l’idée. Je ne songeai qu’à organiser mon armée et à re­venir sur la Dvina.

Dès que je jugeai le moment opportun pour le mouvement, je marchai sur l’ennemi. Je manœuvrai sur sa gauche, je le poussai à quarante verstes, et, profitant de cet avantage, j’appuyai mon mou­vement sur Smolensk. J’arrivai, le 5 novembre, à Dorogobouje, par le plus beau temps possible. Je me félicitais de la situation de mes affaires : je n’avais pas laissé dans les hôpitaux plus de 500 hommes hors d’état d’être transportés ; je traînais tout avec moi; je n’étais plus qu’à trois petites journées de Smolensk ; l’ennemi avait été cul­buté à Viazma et dispersé dans le bois; le général-major qui le commandait avait été pris. Mais du 5 au 7 le froid devint rigou­reux; les chemins se couvrirent de verglas. Je dirigeai le vice-roi sur Doukhovchtchina et avec le reste de l’armée je me portai sur la grande communication de Smolensk. Au lieu de trois jours, il en fallut cinq pour y arriver. Je perdis dans ces marches environ 4 à 5,000 chevaux de trait et de cavalerie. Le mal n’était rien encore. Le vice-roi était retenu par les glaces sur le Vop ; attaqué par les Cosaques, il les repoussa avec un grand avantage et ne fit aucune perte en hommes, mais il fut obligé d’abandonner une partie du matériel à cause du verglas que la rapidité des pentes rendait im­praticable. Ce fut là que j’éprouvai les premières pertes un peu sensibles.

Arrivé à Smolensk, j’appris que le prince de Schwarzenberg, qui commandait ma droite, avait marché pour couvrir Varsovie, au lieu de venir sur Minsk, et je sentis la nécessité de marcher sur la Berezina, pour y prévenir l’ennemi. Je fis à regret ce mouvement. Cepen­dant mon armée était encore belle ; mes pertes étaient peu de chose, et j’espérais écraser les forces ennemies de la Volhynie et de la Dvina. Mais le froid augmenta tellement qu’on croyait être au milieu de janvier et non au commencement de novembre. En peu de jours, 30,000 de mes chevaux moururent, toute ma cavalerie se trouva à pied, et je fus obligé de détruire la plus grande partie de mon artil­lerie. Je reconnus qu’il n’était plus temps de manœuvrer, et qu’il fallait me rapprocher de mes arsenaux. J’ordonnai qu’on fitsauter Smolensk, opération dont le maréchal Ney fut chargé.

J’arrivai à Krasnoï. Les Cosaques, qui s’aperçurent bientôt que nous n’avions plus de cavalerie, se jetèrent entre nos colonnes. Les hommes quittèrent les rangs pour aller, la nuit, chercher des abris contre l’affreuse rigueur du climat ; je n’avais pas de troupes à cheval pour les protéger. Cependant l’ennemi fit de vains efforts pour pro­fiter de cette situation des choses; il fut constamment attaqué, et battu toutes les fois qu’il se présenta sérieusement. Le maréchal Ney, qui était resté en arrière de trois jours, marcha par la gauche du Borysthène et se réunit à Orcha, sans avoir éprouvé d’autre perte que celle du matériel qu’il avait été forcé de détruire. Je me fis rallier par les autres corps restés sur la Dvina, et je marchai sur la Berezina que je traversai à la vue de l’ennemi. Je battis Tchitchakof, et, après avoir dirigé sur Vilna mon armée, dont je laissai le commandement au roi de Naples, je me rendis dans ma capitale.

Votre Majesté peut apprécier les faussetés débitées par les bul­letins russes, s’ils sont parvenus à sa connaissance. Il n’y a pas eu une affaire où les Russes aient pris un seul canon ou une seule aigle; ils n’ont pas fait d’autres prisonniers, en front de bandière, que des tirailleurs, dont on prend toujours un certain nombre, alors même qu’on est battu. Ma Garde n’a jamais donné; elle n’a pas perdu un seul homme dans une action, elle n’a donc pas pu perdre des aigles, comme les bulletins russes le publient. Lorsqu’ils racon­tent qu’ils ont pris 11,000 hommes au maréchal Ney, ils débitent une autre fausseté. Ce qu’ils disent de l’affaire du vice-roi et de celle de Krasnoï, où la Garde aurait donné, n’est qu’un tissu d’impostures, de platitudes et de folies. Sans doute, beaucoup de soldats, des of­ficiers, des généraux même sont tombés au pouvoir de l’ennemi; mais ils n’y sont tombés que parce qu’ils étaient restés malades, ou que, cherchant à se soustraire aux rigueurs du froid porté subi­tement à 24 ou 26 degrés, ils s’éloignaient des routes de l’armée et marchaient isolés. Les Russes ont profité de ces circonstances imprévues; ils peuvent s’en réjouir, mais ils ne peuvent assurément pas s’en glorifier.

La Grande Armée, que j’avais laissée entre Minsk et Vilna, serait restée dans cette ville et ses environs si le défaut de villages en avant de Vilna et le froid excessif porté à 26 degrés n’eussent déter­miné le roi de Naples à prendre des cantonnements en deçà du Niémen. Le Niémen était occupé par le duc de Tarente et la division Grandjean; la division Heudelet, qui n’avait pris aucune part à la dernière campagne, et la division Loison, étaient entre le Niémen et Königsberg, où se trouvaient le quartier général de l’armée et ma Garde.

Dix-sept divisions formant les 1e, 2e, 3e, 4e et 9e corps, sous les ordres du vice-roi, du prince d’Eckmühl, des ducs de Reggio, d’Elchingen et de Bellune, occupent les positions d’Elbing, de Marienburg et de Thorn, et autour de ces villes des pays très-beaux et très-abondants. Le corps du prince de Schwarzenberg, et le 7e que com­mande le général Reynier, couvrent Varsovie, pendant que les Bavarois se réunissent à Plock, et que les Westphaliens et les Wurtembergeois sont dirigés sur Posen. Danzig, Elbing, Königsberg, Thorn, Modlin ont des magasins bien approvisionnés. Danzig seul a de quoi fournir aux divers corps trois cents pièces d’artillerie de campagne. La cavalerie démontée se rend dans les dépôts et sur l’Oder pour y recevoir des chevaux. Mais, sans compter cette cava­lerie, la Grande Armée, dans son état actuel, présente encore un effectif de 200,000 combattants.

Pour réparer ses pertes, et pour la rendre beaucoup plus forte encore qu’elle n’était au commencement de la dernière campagne, j’avais déjà tout prêts des moyens qui me semblaient devoir suffire. Quarante bataillons sont sur l’Oder, où j’ai ordonné qu’ils hiver­nassent. Ils vont être rejoints par les troupes parties d’Italie, sous la conduite du général Grenier, et qui viennent de passer en Bavière, et formeront avec elles un corps d’armée tout composé de vieux soldats. Quatre-vingt-quatre bataillons pris sur les cent bataillons de cohortes, composés d’hommes de vingt-deux à vingt-huit ans, et déjà depuis un an sous les drapeaux, se réunissent à Hambourg pour former un corps d’observation de l’Elbe, qui aura six divisions avec l’artillerie et les équipages nécessaires. Quarante bataillons que j’ai ordonné de rassembler à Vérone pourront, au mois de mars, tra­verser le Tyrol et se porter sur L’Oder. Enfin un premier et un second corps d’observation du Rhin, de soixante et dix à quatre-vingts bataillons chacun, se forment à Erfurt, Wesel et Mayence.

Ainsi, indépendamment de la Grande Armée, et sans rien retirer de celle d’Espagne, qui a un effectif de 300,000 hommes et un présent sous les armes de 260,000 hommes, j’avais de disponible au-delà de trois cents bataillons, tous composés de Français et en grande partie de vieilles troupes que j’ai tirées de mes camps sur les côtes et de mes garnisons de France et d’Italie, et qui pourront, ainsi que deux divisions de ma Garde, être réunis au mois de mars sur l’Elbe et l’Oder. Avec cette force en hommes, avec les revenus ordinaires de mon empire, qui seront pour la présente année de 1 milliard 100 millions, et ayant toute raison de compter sur la fidélité de mes alliés, je m’étais flatté de n’avoir point à demander de nouveaux efforts à mes peuples, dont l’esprit d’ailleurs est tel que je n’eus jamais lieu d’en être plus satisfait.

Mais cet état de choses vient d’être subitement changé par la trahison du général York, qui, avec le corps prussien fort de 20,000 hommes sous ses ordres, a pris le parti de l’ennemi. A cette occasion, la Prusse m’a donné de ses intentions les assurances les plus fortes, et que j’ai lieu de croire sincères ; mais elles n’empêchent pas que son corps de troupes ne soit avec l’ennemi. Les conséquences immé­diates de cette trahison sont que le roi de Naples a dû se retirer der­rière la Vistule, et que mes pertes s’accroîtront de celles qui auront été faites dans les hôpitaux de la vieille Prusse. Une de ses consé­quences éloignées pourrait être que la guerre s’approchât de l’Allemagne. J’ai pris toutes les mesures convenables pour garder les frontières de la Confédération ; mais tous les États confédérés doivent sentir la nécessité de faire, de leur côté, des efforts proportionnés à ce que les circonstances exigent. Ce n’est pas seulement contre l’en­nemi extérieur qu’ils ont à se prémunir; ils en ont un plus dange­reux à craindre : l’esprit de révolte et d’anarchie.

L’empereur de Russie vient de nommer le baron de Stein ministre d’État; il l’admet dans ses conseils les plus intimes, lui et tous ces hommes qui, aspirant à changer la face de l’Allemagne, cherchent, depuis longtemps à y parvenir par les bouleversements et les révolutions. Si ces hommes peuvent entretenir, comme ils s’efforceront de le faire, des intelligences au sein de la Confédération, et y souffler l’esprit qui les anime, des maux sans nombre et sans mesure peuvent fondre tout à coup sur elle. De l’énergie que les souverains vont dé­velopper dépendent et la tranquillité des peuples et l’existence des Maisons qui règnent sur les divers États confédérés. J’ai garanti l’existence de leurs princes, je l’ai garantie et contre leurs ennemis extérieurs et contre ceux qui, à l’intérieur, voudraient attenter à leur autorité. Je remplirai mes engagements; les grands sacrifices que j’impose à mes peuples, les grandes mesures que je viens d’adopter, n’ont d’autre but que de les remplir. Mais, quand je ferai tout pour les souverains confédérés, je dois espérer qu’ils ne s’abandonneront pas eux-mêmes et ne trahiront pas leur propre cause. Ils la trahiraient, s’ils ne concouraient pas avec moi de tous leurs moyens, s’ils ne prenaient pas les mesures les plus efficaces pour mettre dans le meilleur état leur infanterie, leur artillerie, leur cavalerie surtout, s’ils ne faisaient pas tout ce qui dépend d’eux pour que la guerre soit éloignée de l’Allemagne et que tous les projets de l’ennemi soient dé­joués. Ils la trahiraient encore, en ne mettant point les agitateurs de toute espèce dans l’impuissance de nuire, en laissant les feuilles pu­bliques égarer l’opinion par des nouvelles mensongères, ou la cor­rompre par des doctrines pernicieuses, en ne surveillant point, avec une inquiète vigilance, et les prédications et l’enseignement, et tout ce qui peut exercer quelque influence sur la tranquillité publique.

(Sur la lettre adressée au roi de Wurtemberg, on lit ici, avant le dernier paragraphe, le passage suivant : Ce que je vais dire à Votre Majesté est dicté par la sincère amitié que je lui porte ; cette lettre étant d’ailleurs toute confidentielle de Votre Majesté à moi, et étrangère aux communications du cabinet, je puis ouvrir sans réserve mon cœur à Votre Majesté. Je n’ai pu voir sans peine, je dois le lui avouer, que, dans la publication qu’elle a faite pour établir une nouvelle contribution, elle a donné à entendre que les circonstances qui rendaient cette contribution nécessaire ne tenaient point à elle, et qu’elle ait ainsi paru vouloir jeter le blâme sur la France. Si de grandes pertes ont été éprouvées, c’est aux chances seules de la guerre qu’elles doivent être imputées. Les pertes de Votre Majesté sont sensibles sans doute; mais celles de la France sont encore plus grandes. Le danger contre lequel il importe le plus de se prémunir est l’agitation des peuples. Mais comment espérer de la prévenir, si les souverains eux-mêmes tiennent un langage propre à l’exciter ? La nécessité de renoncer au concours de Votre Majesté aurait été pour moi une chose moins pénible. Quand de deux nations qui doivent être amies l’une est encouragée, pour ainsi dire, à jalouser l’autre, rien ne la livre plus sûrement à cet esprit d’inquiétude et de changements dont les princes seraient les premières victimes. Car les instigateurs des troubles, ainsi que l’Autriche en a acquis la certitude lorsqu’elle a saisi les papiers du sieur Grumer, sont également ennemis de tous les princes confédérés; leur haine n’en excepte aucun.  Créer ce qu’ils appellent une Allemagne est le but auquel ils tendent, et ils veulent y arriver par l’anarchie et les révolutions, qui, après avoir désolé les divers États, les laisseraient à la merci du plus fort.

Je demande donc à Votre Majesté de ne négliger aucune de ces mesures, et de tout faire pour rétablir son contingent sur le même pied où il était avant la guerre. Le résultat des efforts communs sera, dans une seconde campagne, le triomphe de la cause commune, ou, si l’ennemi désire de prévenir cette campagne par des négociations, nous aurons, dans la grandeur de nos préparatifs, le gage certain d’une paix honorable et sûre, dont la première condition sera de maintenir tout ce qui existe, et de ne toucher en rien aux lois constitutives de la Confédération, ni aux intérêts de ses souverains.)

 

Paris, 19 janvier 1813.

Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris

Monsieur le Comte de Cessac, je désire former cinq magasins : trois sur l’Oder, un à Spandau et un à Magdeburg. Les quatre pre­miers seront égaux, et composés chacun de 25,000 quintaux de farine renfermés dans des sacs, de 1,000 quintaux de riz, 1,000 de lé­gumes secs et de 1 million de boisseaux d’avoine; le cinquième ma­gasin , à Magdeburg, sera double des autres; ce qui m’offrira donc 150,000 quintaux de farine, 6,000 de légumes secs et 6 millions de boisseaux d’avoine. Je vous prie de me faire connaître ce que me coûteraient ces cinq magasins, et les moyens à prendre pour les former. On pourrait requérir dans la Poméranie suédoise de quoi donner celui de Stettin.

Cet approvisionnement doit être indépendant de celui de siège des quatre places, qui doit être supposé complet. L’approvisionnement de Magdeburg doit être fourni par le roi de Westphalie. Je suppose complet l’approvisionnement de la citadelle d’Erfurt; s’il ne l’était pas, vous donneriez des ordres pour le compléter sur-le-champ. Il est nécessaire que Wesel et Mayence soient fortement approvisionnés on farine, blé et légumes, afin de pourvoir à la subsistance des ras­semblements de troupes qui doivent avoir lieu dans ces deux places. Cet approvisionnement doit être au moins de 25,000 quintaux de farine, et terminé au plus tard au 20 février.

 

Fontainebleau, 20 janvier 1813.

A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris.

Monsieur le Duc de Bassano, le quartier général du roi de Naples se porte sur Posen. Je ne sais pas comment se seront conduits le commandant et les Prussiens de Graudenz. Il serait convenable que le roi de Prusse envoyât 2,000 hommes de cavalerie au Roi, à Posen ; c’est le meilleur moyen de mettre une partie de ses États à l’abri des incursions.

 

Fontainebleau, 20 janvier 1813

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Posen.

Mon Cousin, je n’ai encore reçu aucun état de situation des dépôts de cavalerie. J’ignore où sont les régiments et les généraux qui les commandent. Il doit cependant y avoir beaucoup de cavalerie à Berlin, à Hanovre, à Posen, à Varsovie et autres points. Il est bien nécessaire de ne pas faire agir la cavalerie en régiments de marche, de ne pas la faire marcher ainsi par anticipation, mais au contraire de la réunir par régiment, et surtout de renvoyer les cadres et les généraux inutiles. Si l’on ne réunit pas la cavalerie par régiment, et qu’on la fasse agir par régiments de marche, tout sera perdu.

J’ai demandé au roi de Saxe d’établir sous la protection de Glogau un corps d’observation d’infanterie et de cavalerie qui puisse protéger ses États contre les courses des Cosaques, s’ils arrivaient jusque-là. Je suppose que les trois places de Stettin, Küstrin et Glogau sont bien commandées et en bon état. Vous ne manquez à l’armée ni de troupes d’artillerie, ni d’officiers du génie; jetez-en dans ces places. Je sup­pose que vous avez un chiffre avec les commandants de Danzig, de Thorn et de Modlin.

Le général Lauriston aura son quartier général le 15 février à Magdeburg. Les troupes qui composent son corps d’observation de l’Elbe commencent déjà à filer, et vers la fin de février ses pre­mières divisions arriveront sur Magdeburg. Le 1er février, le général Souham portera son quartier général, avec la 1e division du corps d’observation du Rhin, à Francfort. Il y a dans toute la France un très-grand mouvement. Faites connaître au général Colbert que je viens de porter le 2e régiment de lanciers de ma Garde à huit esca­drons et à 2,000 hommes, et que ces hommes seront existants et tous montés au régiment avant le 20 février. Je prends pour ce re­crutement tous les cavaliers montés que les cantons de la 1e division militaire me fournissent volontairement. Faites connaître au général Guyot que je porte mon régiment de chasseurs à 2,000 hommes, dont 1,000 d’anciens soldais et 1,000 déjeunes gens tirés également des cavaliers volontaires de la 1e division. Le 3e régiment de lanciers de la garde, que j’avais formé à Vilna, doit avoir été fondu dans le premier. Je suppose que Krasinski a pris toutes les mesures néces­saires pour porter son régiment aussi haut que possible.

C’est entre l’Oder et l’Elbe qu’il faut réunir notre cavalerie. Je n’ai reçu aucun état du duc d’Istrie : j’ignore où il est.

Je vous ai déjà mandé qu’il fallait renvoyer à Mayence, 1° tous les hommes à pied de ma Garde à cheval ; 2° tous les hommes qui deviennent inutiles, en ne gardant qu’autant de cadres qu’il y a de compagnies de 100 hommes. Que tout cela revienne à Mayence, tant les hommes de la cavalerie que ceux de l’artillerie, du train, du génie, des équipages militaires et de l’infanterie. Il ne m’a été donné aucun renseignement sur les généraux qu’on paraît avoir perdus, ni sur ceux qui existent, non plus que sur les administrations, médecins, chirurgiens, etc.

Je finis par vous recommander de nouveau de renvoyer tout ce qui vous est inutile. Il faut d’abord les renvoyer sur Magdeburg et m’en adresser les états; je leur enverrai ensuite des ordres ultérieurs pour leur destination.

Faites donner l’ordre au duc de Castiglione d’armer non-seulement la citadelle de Spandau, mais aussi la ville, qui forme un camp retranché.

 

Fontainebleau, 20 janvier 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Posen.

Mon Cousin, la division Grenier arrive dans ce moment à Berlin; elle est fatiguée et compte beaucoup de jeunes soldats; son artillerie et son administration ne sont pas dans un état assez complet. Je pense donc qu’il faut la laisser, car, si vous la faites marcher, c’est un corps de 25,000 hommes perdu, et qui, ménagé, nous serait d’an grand avantage pour la campagne prochaine.