Correspondance de Napoléon – Janvier 1813

Janvier  1813

 

Paris, 3 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Le roi d’Espagne demandant qu’on rappelle à Paris le duc de Dalmatie, et ce maréchal le demandant aussi, ou au moins à y revenir, par congé, envoyez-lui par estafette extraordinaire un congé pour le faire revenir à Paris. Le général Gazan ou le maréchal Jourdan prendra le commandement de son corps. Il faudra expédier ces ordres par dupli­cata et triplicata.

Faites connaître au Roi, en lui écrivant en chiffre, que dans les circonstances actuelles je pense qu’il doit placer son quartier général à Valladolid; que le 29e bulletin lui aura fait connaître l’état des affaires du Nord, qui exigent nos soins et nos efforts ; qu’il peut bien faire occuper Madrid par une des extrémités de la ligne, mais que son quartier général doit être à Valladolid , et qu’il doit s’appliquer à profiter de l’inaction des Anglais pour pacifier la Navarre, la Biscaye et la province de Santander.

Paris, 3 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Je vous envoie un décret sur l’artillerie de ma Garde. Je désire avoir quatre batteries à pied et deux à cheval formant quarante-quatre bouches à feu, lesquelles seront attelées par 1,500 chevaux, qu’il faut acheter sur-le-champ. Vous ferez venir en poste les cadres des compagnies qui doivent être tirés de la Grande Armée. Comme il faudra un officier supérieur pour les commander, le général Sorbier désignera celui qu’il jugera convenable.

Les 400 hommes nécessaires pour les quatre compagnies à pied seront tirés des cohortes, en ayant soin de ne prendre ni des Belges, ni des Hollandais, ni des nouveaux départements d’Italie. Le dépôt de l’artillerie de la Garde, qui est à Mayence, doit revenir sur-le-champ à la Fère. Les officiers peuvent revenir en poste.

Quant à l’artillerie à cheval, je suppose que les dépôts de l’artillerie à cheval pourraient fournir des hommes; si cela est nécessaire, on pourra en fournir et les tirer des cohortes de gardes nationales, en prenant ceux qui connaissent les chevaux. Il faudra (ce que l’on ne tardera pas à connaitre) attendre les pertes de l’artillerie jusqu’à son arrivée sur la Vistule, pour l’organisation du surplus de l’équipage.

Vous chargerez le général d’Aboville de l’organisation des six batteries pour que cela se fasse promptement. Il réunira à la Fère, avec le dépôt qui revient de Mayence, la compagnie d’artillerie de vétérans. On y enverra les hommes qui viendront d’Espagne. Il faut faire en sorte que les six batteries soient prêtes au 15 février prochain.

Aussitôt que l’on connaîtra la situation de l’artillerie de la Garde qui est à l’armée, il y aura d’autres mesures à prendre, afin de ne pas perdre de temps pour exécuter mon décret.

 

Paris, 3 janvier 1813.

Au général Duroc, duc de Frioul, grand-maréchal du palais, à Paris.

La Garde a perdu tous ses équipages ; il est donc nécessaire de les reformer. Faites-moi un rapport là-dessus ; mais il est indispensable d’adopter un modèle de voitures plus légères que celles qu’elle avait.

 

Paris, 3 janvier 1813

DÉCISION

Sire.

Il existe à Paris, rue des Trois-Frères, n° 4, an armurier nommé Pauly, qui est inventeur d’un fusil propre à l’usage des troupes, qui paraît une découverte extrêmement avantageuse.

Sur l’avis que j’ai eu que l’on cherchait à lui acheter son secret, je l’ai fait venir et lui ai fait apporter son arme. En ma présence, dans mon jardin, il en a tiré vingt-deux coups à balle dans deux minutes. J’en ai été si étonné que je lui ai demandé si le général Gassendi, du comité d’artillerie, avait vu cette découverte. Il m’a dit que oui, mais qu’il n’en en­tendait plus parler, et qu’il était dans le besoin. J’ai pris alors sur moi de lui demander son fusil, que j’envoie an cabinet de Votre Majesté, parce qu’il m’a paru digne de sa curiosité.

Le sieur Pauly m’a dit que ce fusil ne coûterait pas plus cher que celui d’infanterie; il pèse un quart de moins, et la cartouche à balle n’est que les deux cinquièmes de celle de l’infanterie. Tous les accidents auxquels le fusil d’infanterie est exposé par la pluie, par l’amorce, etc., sont évités par celui-là. La seule précaution qu’il faut avoir avant de faire feu, c’est de relever le chien au repos avant de le charger. Je demande pardon à Votre Majesté, mais l’expérience que j’ai vu faire chez moi m’a rendu enthou­siaste de cette arme, surtout pour les pistolets, qui sont si difficiles à recharger dans la cavalerie.

Le duc de Rovigo.

Renvoyé au  duc de Frioul pour faire venir l’inventeur. Voir ce fusil avec des officiers d’artillerie de la Garde, le faire éprouver et me faire un rapport.

Sa Majesté a vu ce fusil à Gros-Bois le 19 janvier 1813. (Note de Constant.)

 

Paris, 3 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, 17,000 hommes devant renforcer les cohortes, il est nécessaire de donner sur-le-champ des ordres pour faire cette levée, afin que toutes les cohortes soient complétées.

 

Paris, 4 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, donnez ordre que le bataillon du 113e qui est à l’armée du Mord de l’Espagne rentre à son dépôt à Orléans. Donnez le même ordre pour le 4e régiment suisse.

Il y a à l’armée du Nord un premier régiment de marche de Por­tugal de 2,800 hommes, un second de 2,000 hommes et un troi­sième de 1,500; total de ces trois régiments de marche, 6,300. Vous donnerez ordre sans délai aux généraux Caffarelli et Reille d’opérer le mouvement suivant : le général Reille renverra à l’armée du Nord trois régiments faisant au moins 5,000 hommes, et le général Caffarelli enverra à l’armée de Portugal les trois régiments de marche, de 6,000 hommes, lesquels seront dissous aussitôt après leur arrivée à l’armée de Portugal. Les cadres qui appartiendraient aux 5e bataillons rentreraient sur-le-champ en France.

II y a également à l’armée du Nord un premier régiment de marche, de l’armée du Midi, fort de 2,300 hommes : donnez ordre que ce régiment de marche de 2,300 hommes se rende à l’armée du Midi, pour y être incorporé, chaque détachement devant rejoindre son régi­ment; et qu’en place l’armée du Midi envoie à l’armée du Nord un régiment de trois bataillons. Par ces dispositions, l’armée du Nord perdra quatre régiments provisoires, de 8 à 9,000 hommes, et gagnera quatre régiments bien organisés.

Il y a à l’armée du Nord deux compagnies d’artillerie à cheval-des 4e et 6e régiments : faites-les rentrer sur-le-champ ; nous en avons plus besoin ailleurs.

ARMÉE DU MIDI

Donnez ordre que l’on fasse rentrer sans délai et que l’on mette en route pour France, vingt-quatre heures après la réception de vos ordres, les cadres ci-après, au grand complet, savoir: les cadres des 3e bataillons des 24e, 96e, 8e, 51e, 54e de ligne; du 3e bataillon du 27e léger; des 3e bataillons des 63e, 94e, 95e de ligne; du 4e ba­taillon du 32e de ligne; des 3e bataillons du 43e et du 55e de ligne; du 4e bataillon du 58e de ligne; du 3e bataillon du 12e léger; du 3e bataillon du 45e de ligne ; des 3e bataillons du 28e et du 21e léger ; des 3e bataillons des 100e et 64e de ligne; du 4e bataillon du 103e de ligne : ce qui fait vingt cadres de bataillons à tirer de l’armée du Midi. Ces cadres, à 120 hommes par bataillon, feront plus de 2,000 hommes, qui partiront en deux colonnes.

Vous ferez également partir le 1e et le 2e équipage de la flottille et le 3e bataillon des ouvriers de la marine, désormais inutiles à cette armée; ce qui fera une autre colonne de 2,000 hommes.

Donnez ordre également que l’on fasse partir les cadres complets des escadrons ci-après, savoir : le cadre du 3e escadron du 2e de hussards ; des 3e et 4e escadrons du 10e de chasseurs; des 3e esca­drons des 21e, 5e et 27e de chasseurs; du 4e escadron du 14e de dragons; du 3e escadron du 17e de dragons; du 4e escadron du 27e de dragons ; du 3e escadron du 12e de dragons ; des 4e escadrons du 16e et du 21e de dragons. Ces onze escadrons feront une autre colonne de 5 à 600 hommes. Cela fera donc environ 5,000 hommes qui reviendront de l’armée du Midi.

Réitérez les ordres pour que tous les hommes à pied de l’artillerie à cheval et du train qui ne pourraient pas être remontés dans le pays suivent cette colonne. Faites faire à ce sujet un travail par vos bureaux pour retirer des cadres entiers du train. Je vois que l’armée du Midi, pour 2,800 chevaux, a près de 8,000 hommes du train.

Faites aussi revenir quelques officiers d’artillerie et du génie, qui sont trop nombreux à cette armée.

Faites également venir de l’armée du Centre le 3e escadron du 18e de dragons; le 3e du 22e de dragons, le cadre du 3e bataillon du 4e de ligne italien ; le cadre du 2e bataillon du 6e de ligne; le cadre du 3e bataillon du 2e léger, et celui du 2e escadron des dragons .Faites rentrer également tous les soldats à pied du train et des équipages militaires, qui sont là inutiles. Faites faire là-dessus un travail très-précis dans les bureaux. Faites rentrer le cadre du 3e bataillon du 120e; un escadron du 28e de chasseurs. Enfin faites rentrer tous les hommes du train et de l’artillerie à cheval qui sont à pied.

ARMÉE D’ARAGON.

Faites rentrer le cadre du 3e bataillon du 3e léger; celui du 4e ba­taillon du 20e. Faites aussi rentrer d’Aragon un grand nombre d’hommes d’équipages d’artillerie et d’équipages militaires qui ne sont pas montés.

ARMÉE DE CATALOGNE.

Enfin faites rentrer de l’armée de Catalogne autant de cadres de bataillons qu’il le faut pour laisser à l’effectif de 840 hommes les cadres des premiers bataillons.

Donnez ordre que l’infanterie légère westphalienne et les deux compagnies d’artillerie qui sont à l’armée de Catalogne en partent sans délai pour se rendre à Cassel. Donnez ordre également au 3e ba­taillon du grand-duché de Berg de retourner dans le grand-duché.

Il y a dans toutes ces armées beaucoup d’officiers, beaucoup de cavaliers à pied, beaucoup d’hommes d’équipages militaires, beau­coup d’hommes d’équipages d’artillerie, parfaitement inutiles : faites revenir tout cela en France.

Retirez des armées d’Espagne quatre compagnies d’artillerie à cheval ; il suffit d’en laisser huit. En retirant les hommes à pied du train et des équipages, il faudrait resserrer les compagnies, afin de faire revenir des cadres entiers. Ces différentes mesures nous rendront disponibles les cadres dont nous aurons besoin pour recevoir la con­scription de 1814, et procureront aussi l’avantage de diminuer beaucoup les frais d’entretien de l’armée d’Espagne. Faites-moi connaitre tous les ordres que vous donnez pour cet objet; envoyez-les par triplicata, et expédiez à cet effet plusieurs aides de camp au Roi.

Mon intention est que tous les régiments de marche soient dissous, et que chaque détachement rejoigne son corps eu faisant, comme je vous l’ai mandé plus haut, des échanges entre les armées.

II est indispensable de profiter de l’hiver pour faire tous ces mou­vements. Si j’en avais oublié quelques-uns, remettez-m’en la note sous les yeux.

 

Paris, 4 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Je viens d’ordonner par un décret que les trente 4e escadrons de l’armée d’Espagne et les sept 3e escadrons de la même armée qui sont en France seraient complétés à 250 hommes et 250 chevaux ; ce qui me fera deux belles divisions de cavalerie de la force de plus de 7,000 chevaux. Je pense que les dépôts des régiments de cavalerie de l’armée d’Espagne ont à recevoir des hommes à pied qui leur sont renvoyés des escadrons de guerre; cependant le nombre n’en peut pas être aussi considérable que ce qui sera envoyé aux dépôts de cavalerie de la Grande Armée; il me semble donc qu’il est néces­saire de leur fournir sur-le-champ des moyens de recrutement. Quarante cadres d’escadrons (c’est à peu près le nombre des 3e et 4e escadrons de l’armée d’Espagne qui sont en France) doivent comprendre, à raison de 250 hommes par escadron, environ 9,000 hommes; il n’y en a que 4,000 dans les dépôts : c’est donc 5,000 à se procurer. Proposez-moi un appel de 2,500 hommes, c’est-à-dire de la moitié de ce qui est nécessaire. Cet appel serait fait sur-le-champ dans les dépôts des corps les plus voisins des lieux où se trouvent ces 40 escadrons; ce qui de 4,000 hommes porterait à 6,500 le nombre des hommes disponibles de la ca­valerie.

 

Paris, 4 janvier 1818.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Indépendamment des équipages d’artillerie qui ont été organisés, il sera formé pour le corps d’observation d’Italie un équipage de 54 bouches à feu, plus, de 16 pièces italiennes, soit 70 pièces; cinq divisions d’artillerie à pied, une à cheval, deux de réserve. Cela exigera 1,500 chevaux et la valeur d’un bataillon du train. Les chevaux pourraient être requis dans les provinces illyriennes, moyennant un prix fixé. La Carniole et la Carinthie peuvent facilement fournir 2,500 chevaux, 1,500 pour l’artillerie et 6 à 700 pour les transports militaires. Remettez-moi un projet pour cet équipage, et donnez les ordres sans délai. Désignez le personnel et le matériel. Dirigez en poste les cadres des trois compagnies du bataillon du train d’artillerie qui étaient avec le 4e corps; les hommes seront placés dans les autres compagnies. Les cadres arriveront en poste, et, avec la compagnie qui se trouve à Vérone, feront quatre com­pagnies; vous en augmenterez le nombre, s’il est nécessaire. Si les provinces illyriennes ne pouvaient pas fournir les 2,500 chevaux, vous vous feriez remettre par le ministre de l’intérieur l’état des provinces d’Italie où il y a des chevaux, et vous en tireriez on certain nombre, moyennant un prix fixé, pour arriver promptement à avoir ces 2,500 chevaux. Quant aux hommes nécessaires, pro­posez-moi d’en prendre dans les dépôts des régiments qui sont en Italie.

 

Paris, 4 janvier 1813.

Au général Rapp, gouverneur de Danzig

Je reçois votre lettre du 22 décembre. Danzig doit être appro­visionné et armé de manière à pouvoir rester six mois isolé et cerné. Je réunis quatre corps d’armée qui feront 300,000 hommes, indépen­damment de la Grande Armée. Si jamais le cas arrivait que vous fussiez cerné, je viendrais moi-même vous dégager. Occupez-vous sans relâche de réunir tous les approvisionnements nécessaires.

 

Paris, 4 janvier 1813

A M. Melzi, duc de Lodi, grand chancelier du royaume d’Italie, à Milan

Monsieur le Duc de Lodi, je vous prie de m’envoyer l’état de situation de mon armée italienne, assez détaillé pour que je con­naisse bien la situation des corps et des dépôts au 1e janvier, ainsi que le personnel, le matériel et les attelages de l’artillerie.

Mon intention est de réunir un corps d’observation d’Italie à Vérone avant la fin de février. Ce corps, dont je donne le comman­dement au général Bertrand, gouverneur des provinces illyriennes, composé de trois divisions, chacune de douze bataillons. Les deux premières divisions seront composées de troupes françaises et la troisième de troupes italiennes. Vous devez fournir à cet effet huit bataillons bien complets et avoir soin qu’il n’y ait dans ces bataillons aucun conscrit de 1813, autant toutefois que cela se pourra. Le royaume de Naples fournira deux bataillons, et j’y joindrai deux cohortes ou deux bataillons français pour compléter la force de cette division à douze bataillons.

Cette division devra avoir seize pièces d’artillerie, servies par l’artillerie italienne et le train italien, une compagnie de sapeurs italiens et une compagnie de 100 ouvriers pris dans l’arsenal de Venise. Les sapeurs devront avoir leurs outils. Gomme je n’ai pas sous les yeux les détails de l’armée italienne, faites-moi con­naître si je puis compter là-dessus. Il faudrait que cette division eût six caissons chargés d’effets d’ambulance. Il ne faut rien mettre en mouvement, mais tout préparer.

 

Paris, 4 janvier 1813.

A Caroline, reine des Deux-Siciles, à Naples

Ma Sœur, je vous ai écrit pour vous faire connaître mon arrivée, et que j’avais laissé au Roi le commandement de mon armée.

Les circonstances politiques veulent que je réunisse un corps d’observation d’Italie, dont je donnerai le commandement au général Bertrand, gouverneur des provinces illyriennes. Il est indispensable que vous fassiez partir dans les vingt-quatre heures un régiment de cavalerie napolitaine de 4 escadrons, chaque escadron fort de 250 hommes et le régiment fort de 1,000 bommes. Vous prendrez dans vos autres régiments pour le compléter ainsi, et vous aurez soin que ce soient tous beaux hommes avec de bons chevaux. Vous y join­drez une compagnie d’artillerie légère avec ses chevaux ; je lui four­nirai l’artillerie et les attelages. Vous ferez partir également un régiment d’infanterie légère de 2 bataillons, en ayant soin que ce soient tous hommes de vingt-deux ans au moins, et que ces bataillons soient complétés de manière à former au moins une force de 1,800 hommes. Dirigez ces troupes sur Vérone. J’ai besoin d’avoir 40,000 hommes sur l’Adige. Ceci ne souffre aucun délai.

Envoyez-moi un état de situation de vos troupes, matériel, at­telages, etc.

Vous aurez soin que votre cavalerie et votre infanterie aient leurs chirurgiens et tout ce qui leur est nécessaire pour faire la guerre. Ayez soin aussi que tous les chevaux soient âgés de plus de soixante mois.

 

Paris, 5 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Je reçois votre lettre. Je vois dans l’état que vous me remettez qu’un marché de 2,000 chevaux a été fait à Varsovie. Par les ren­seignements que j’ai reçus, je suis informé que ce marché est rempli et qu’avec de l’argent on pourrait en conclure encore un pour 6,000 autres. Je vois par les renseignements que j’ai du Hanovre que cela va bien aussi de ce côté ; on peut donc compter sur les 4,700 chevaux de Hanovre; ceux de Glogau, d’Elbing, de Posen, de Hambourg et de Berlin offriraient des résultats bien satisfaisants, en supposant que Vilna et Königsberg viennent à nous manquer.

Je vous renvoie vos états pour que vous les suiviez et que vous les teniez au courant. Vous dites fort bien dans votre lettre du 5 ce que je voudrais. Il me tarde fort d’apprendre que les 25,000 hommes que je veux faire marcher à la Grande Armée existent.

 

Paris, 5 janvier 1813.

Au comte de Préameneu,  ministre des cultes, à Paris

Monsieur le Comte Bigot Préameneu, l’archevêque de Malines n’est plus employé aux relations extérieures ; mon intention est qu’aussitôt qu’il sera de retour vous lui donniez l’ordre de se rendre dans son diocèse.

 

Paris, 5 janvier 1818

A Frédéric VI, roi du Danemark et de Norvège, à Copenhague.

Monsieur mon Frère, une lettre de mon ministre, en date du 22 décembre, m’apprend que Votre Majesté n’a pas reçu ma réponse à la lettre qu’elle m’a écrite et que j’ai reçue à Moscou, à laquelle j’ai répondu le surlendemain. Mon ministre m’ayant envoyé une quantité de bulletins russes, je dois dire à Votre Majesté qu’ils sont entièrement faux. L’ennemi a toujours été battu et n’a pas pris à mon armée une seule aigle, un seul canon. Le 7 novembre, le froid est devenu excessif; tous les chemins se sont trouvés imprati­cables; 30,000 de nos chevaux périrent du 7 au 16. Une partie de nos voitures de bagages et d’artillerie furent cassées et abandonnées ; nos soldats, peu accoutumés à se garantir du froid, ne purent en­durer un froid de 18 à 27 degrés. Ils s’éloignaient des rangs pour chercher des abris la nuit, et, n’ayant plus de cavalerie pour les protéger, plusieurs milliers tombèrent successivement entre les mains des troupes légères de l’ennemi. Le général Sanson, qui n’était point chef d’état-major, mais chef de la topographie au quartier général, fut pris par quelques Cosaques au moment où il levait une position. D’autres officiers eurent le même sort, mais ils étaient isolés. Mes pertes sont réelles, mais l’ennemi ne peut s’en attribuer l’honneur. Mon armée a beaucoup souffert et souffre encore; celte calamité cessera avec le froid.

Je lève des chevaux de tous côtés, indépendamment de ceux qui, grâce à Votre Majesté, vont arriver du Holstein et du Jutland. J’en lève 60,000 dans mon empire. Je marcherai au printemps avec une armée plus considérable que n’était la Grande Armée au commencement de la campagne. J’entre dans ces détails avec Votre Majesté pour la mettre à l’abri des mauvais bruits que l’on propage avec tant d’artifice.

J’ai garanti à Votre Majesté la Norvège et l’intégrité de ses États ; rien au monde ne peut lui en faire perdre la moindre partie. L’An­gleterre est occupée en Espagne, en Sicile, en Amérique; la Russie le sera plus sérieusement que jamais sur ses frontières : elles ne pour­ront rien, ni l’une ni l’autre, contre Votre Majesté. J’aurai toujours, comme par le passé, un corps de 30,000 hommes pour la sûreté des États de Votre Majesté, ainsi qu’elle aura elle-même un corps pour la défense des côtes de la Baltique. Je suis assuré des bons sentiments de l’Autriche, je n’ai qu’à me louer du roi de Prusse. Que Votre Majesté soit sans inquiétude : nous sortirons triomphants de cette lutte, et tous les efforts des ennemis du Danemark seront vains. Je connais toutes les intrigues que l’Angleterre, la Russie et la Suède font jouer autour de Votre Majesté; mais je connais aussi son caractère et la loyauté de sa nation, et je suis sans inquiétude sur sa persévérance dans le système qu’elle a suivi jusqu’à ce jour, conformément à ses intérêts et à la vraie politique de ses peuples.

Paris. 6 janvier 1813

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, je n’approuve pas le travail sur la formation d’une armée de 150,000 hommes que vous m’avez envoyé. On aurait épargné une peine inutile aux bureaux, si l’on m’avait envoyé seulement une note pour me Caire connaître les matériaux existants.

Vous verrez par la lettre que je vous ai écrite la formation de quatre corps : un corps d’observation de l’Elbe, un corps d’obser­vation d’Italie et deux corps d’observation du Rhin.

Le corps d’observation de l’Elbe doit être entièrement composé de cohortes.

Il me faut, pour le corps d’observation d’Italie, sans y com­prendre les bataillons italiens, 28 bataillons, et 40 bataillons pour chacun des corps d’observation du Rhin, 80 bataillons ; total des bataillons nécessaires, 108.

Il sera formé, à cet effet, 34 régiments provisoires, chaque régi­ment composé de 2 bataillons; ce qui fera 68 bataillons. Il ne me faudra donc plus que 40 bataillons que j’ai en France, savoir : 2 bataillons du 1e léger, 2 du 9e, 2 du 32e, 2 du 34e (je ne compte jamais le bataillon de dépôt), 2 du 7e de ligne, 5 du 13e, 2 du 15e, 3 du 22e, 4 du 23e, 2 du 42e, 2 du 52e, 2 du 70e, 3 du 101e, 2 du 113e, 2 du 121e; total, 37 bataillons.

Il est nécessaire que vous me présentiez sur-le-champ un projet de décret pour porter ces 37 bataillons, et davantage si j’en avais oublié, à 840 hommes par bataillon, en prenant d’abord dans les 5e bataillons et ensuite dans les dépôts les plus voisins.

Les 34 régiments provisoires seront formés de la manière suivante : 2e régiment provisoire : 3e bataillon du 2e d’infanterie légère, 3e du4e; 3e régiment provisoire : 3e bataillon du 3e d’infanterie légère, 3e du 8e; 4e régiment provisoire : 4e bataillon du 12e d’infanterie légère, 1e du 29e; 5e régiment provisoire : 4 bataillon du l4e d’infanterie légère, 4e du 18e; 6e régiment provisoire : 2e bataillon du 6e d’infanterie lé­gère, 3e du 25e; 8e régiment provisoire : 4e bataillon du 5e d’infan­terie légère, 4e du 23e; 10e régiment provisoire: 3e bataillon du 16e d’infanterie légère, 1e du 28e; 11e régiment provisoire : 4e batail­lon du 1e de ligne, 2e du 62e; 12e régiment provisoire : 4e bataillon du 10e de ligne, 4e du 20e; 13e régiment provisoire : 3e bataillon du 14e de ligne, 4e du 16e; 14e régiment provisoire: 4e bataillon du 34e de ligne, 3e du 40e ; 16e régiment provisoire : 6e bataillon du 26e de ligne, 6e du 82e; 17e régiment provisoire : 3e bataillon du 36e de ligne, 4e du 43e; 18e régiment provisoire : 3e bataillon du 50e de ligne, 4e du 65e; 19e régiment provisoire : 4e bataillon du 32e de ligne, 2e du 58e ; 20e régiment provisoire : 5e bataillon du 66e de ligne, 3e du 122e; 21e régiment provisoire : 3e bataillon du 59e de ligne, 4e du 69e; 23e régiment provisoire : 7e bataillon du 6e de ligne, 4e du 67e ; 24e régiment provisoire : 3e bataillon du 88e de ligne, 3e du 103e ; 25e régiment provisoire : 3e bataillon du 86e de ligne, 3e du 47e.

Vous me présenterez un projet de décret pour compléter ces 40 bataillons à 840 hommes.

14 régiments provisoires restent à former; il faut que vous me remettiez l’état des bataillons qui restent en France ou qui sont en route pour arriver à leur dépôt, afin de les compléter et d’y trouver les moyens d’arriver au nombre de 34 régiments provisoires, sans employer jamais les 5e bataillons.

La Grande Armée envoie en France les cadres des 4e et 6e ba­taillons; cela servira à recevoir la conscription de l’année prochaine pour la défense des côtes.

J’ai ordonné aussi la rentrée d’un grand nombre de bataillons d’Espagne qui arriveront assez à temps pour cette destination.

Lorsque ces quatre corps seront formés, vous me présenterez un projet de bataillons de marche pour conduire des renforts à la Grande Armée, mais sans changer les cadres.

Dans ce que je viens d’organiser, il y a de quoi former de suite le corps d’observation d’Italie, le corps d’observation de l’Elbe et le 1e corps d’observation du Rhin.

J’attendrai le travail que vous allez me présenter pour m’occuper de la formation du 2e corps du Rhin.

 

Paris, 7 janvier 1813.

A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Vilna

Monsieur le Duc de Bassano, je vous renvoie vos portefeuilles. Faites connaître à mon ministre à Cassel que je préfère effectivement que le Roi réunisse tous ses moyens entre Cassel et Magdeburg, de manière à former une belle division pour le mois de mars. Elle se mettrait alors en marche bien armée et équipée et aurait une direction selon les circonstances. Il faudrait pousser un peu le pays pour qu’on pût, au mois de mars, avoir réorganisé toute l’armée. Les ordres ont été donnés à la Grande Armée que tous les cadres westphaliens qui auraient moins de 100 hommes revinssent, en complé­tant à 100 hommes ceux qu’on gardera.

Écrivez à M. Hédouville de faire les instances les plus fortes pour que les individus qui ont insulté à Hanau et fait tapage soient punis, et de faire connaître que, sans cela, j’enverrai une colonne les punir.

Je vous ai fait connaître mes intentions sur M. Bignon. Les mem­bres du gouvernement lithuanien doivent rester à Varsovie. Je ne fais pas difficulté de leur accorder un traitement. M. Bignon doit prendre un soin particulier des régiments lithuaniens et donner tout ce qui est raisonnable pour les armer et équiper. Vous pouvez écrire au chargé d’affaires que toutes les armes françaises qui sont à Varsovie sont à leur disposition, qu’ils peuvent les prendre après avoir épuisé tous leurs magasins et quand ils auront plus d’hommes que d’armes.

Écrivez à M. Serra, par courrier extraordinaire, pour que des pouvoirs extraordinaires soient donnés au prince Poniatowski pour armer et approvisionner les places, les mettre en état et organiser les conscrits. Faites connaître à mon chargé d’affaires que je ne ferai pas difficulté de donner encore deux millions au Grand-Duché, si je suis certain que ce sera employé à son armée et surtout à la cavalerie.

 

Paris, 7 janvier 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Elbing.

Mon Cousin, j’approuve fort que les quatre régiments de la Vistule soient réunis entre Posen et Varsovie. Réunissez aussi les trois régi­ments de Lithuanie; faites en sorte que ces bataillons se complètent le plus possible. Comme je pense que la légion de la Vistule a beaucoup souffert, il n’y aurait pas d’inconvénient à réduire chaque régiment à 2 bataillons, ce qui ferait 8 bataillons. Les régiments de Lithuanie pourraient également être réduits à 2 ou 3 bataillons, ce qui ferait 9. Cela ferait donc encore une belle division de 17 à 18 bataillons, qui seraient tous soldés, habillés et équipés à mes frais. Veillez à cela.

 

Paris, 7 janvier 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Elbing.

Mon Cousin, donnez des ordres pour que des armes soient mises en quantité suffisante à la disposition du prince Poniatowski; qu’il n’en manque pas. Donnez ordre également pour qu’on réunisse toutes les troupes lithuaniennes. On pourrait les réunir à la légion de la Vistule et former ainsi une belle division, dont la solde et les masses seraient à ma charge. On pourrait les réunir sur quelque point con­venable pour les bien organiser. Il y a trois régiments lithuaniens d’infanterie qui doivent faire 12 bataillons; la légion de la Vistule est de quatre régiments ou 12 bataillons; ces cadres complétés pour­raient faire une belle division. Si le général Claparède est à l’armée et en état, il pourrait soigner ce corps. Il y a aussi deux régiments lithuaniens à cheval qui, à ce qu’on dit, ont rejoint. Il faudrait aussi les réunir et leur laisser leurs chevaux, si les hommes peuvent être utilisés.

 

Paris, 7 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, il sera formé un corps d’observation de l’Elbe à Hambourg. Ce corps sera composé de cinq divisions.

Infanterie. — 1e division : 4e et 10e brigade de cohortes; 2e di­vision : 3e et 11e brigade de cohortes; 3e division : 5e et 9e brigade de cohortes; 4e division : 1e et 6e brigade de cohortes; 5e division : 7e et 12e brigade de cohortes. Une de ces cinq divisions sera consi­dérée comme étant la réserve.

Artillerie. — L’artillerie se composera : de huit batteries d’artil­lerie à pied, 64 pièces ; de deux d’artillerie à pied de réserve, 16 pièces ; de deux d’artillerie à cheval, 12 pièces; total, 92 pièces.

Génie. — II faut six compagnies de sapeurs avec leur train. Un bataillon d’ouvriers de la marine sera fourni par Anvers.

Équipages. — II faut huit ambulances. Un des bataillons d’équi­pages qui se forment à Sampigny sera attaché à ce corps d’armée.

Cavalerie. — La cavalerie se composera d’une division de 6,000 chevaux au moins.

 

  1. S. Présentez-moi le développement de toute cette armée.

 

Paris, 7 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, faites connaître aux généraux com­mandant les divisions militaires que les états qu’ils envoient à votre mi­nistère, intitulés Situation des troupes stationnées dans la division, etc., avec tous les détails qui leur ont été demandés, deviennent d’une importance majeure dans cette circonstance; qu’ils doivent redoubler de soins dans leur rédaction ; que je désire qu’ils les envoient tous les quinze jours, et que ceux du 15 janvier soient faits avec assez de soin pour que j’y voie les corps comme si je les passais en revue.

 

Paris, 7 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Je vous ai envoyé la formation de vingt régiments provisoires. J’en désire avoir trente : il y en a donc dix encore à former; mais je crois avoir oublié plusieurs cadres, tels que le 128e, le 124e, le 129e, le 35e léger, le 75e, le 133e, le 134e, etc. Je pense donc que vous trouverez encore dans les cadres oubliés de quoi former cinq régi­ments provisoires. Je ne sais s’il en est arrivé d’autres d’Espagne ; il est possible qu’il y en ait en route, et vous devez considérer comme arrivés tous ceux qui auraient passé Bayonne, Pau ou Perpignan. Toutefois, s’il n’en existait pas, vous me proposeriez d’employer les 5e bataillons des vingt-quatre régiments de l’armée d’Espagne, tels que le 17e léger, le 27e léger, le 100e le 64e etc., qui n’ont fourni aucun bataillon aux régiments provisoires. Vous me proposerez de prendre trois compagnies par régiment, formant 450 hommes, ce qui fera facilement six régiments provisoires.

A fur et mesure que les cadres entiers arriveraient d’Espagne, on l’es enverrait et on ferait revenir les cadres des 5e bataillons. Il ne peut donc y avoir aucune difficulté pour avoir promptement ces trente régiments provisoires, ce qui fera soixante bataillons.

J’ai en France trente-sept bataillons qui appartiennent à des régi­ments qui ont deux ou trois bataillons. Il y a trente-quatre dépôts de la Grande Armée, lesquels doivent avoir chacun leur 5e bataillon complet en quatre cadres. Ces quatre cadres sont arrivés en France, ou doivent en ce moment passer l’Elbe, car je les ai fait partir de Moscou ; donnez-m’en des nouvelles. Chacun de ces régiments pour­rait donc faire partir un bataillon de 800 hommes. J’aurai alors 111,000 hommes, plus 48,000 hommes des cohortes du corps d’observation de l’Elbe, plus 9,000 Italiens; ce qui me ferait un effectif de 168,000 hommes d’infanterie, distribués dans le corps d’observation d’Italie, dans le corps d’observation de l’Elbe, dans les deux corps d’observation du Rhin et dans le corps de marche de la Grande Armée.

Je vous ai fait connaître la composition des corps de l’Elbe, d’Italie et du 1e corps d’observation du Rhin. Le 2e corps d’observation du Rhin serait composé des dix régiments provisoires qui restent à former et de cinq autres régiments qui seraient formés de Suisses et de régi­ments étrangers, ce qui ferait une trentaine de bataillons.

La réserve de la Grande Armée serait composée des trente-quatre 5e bataillons des corps qui sont à la Grande Année.

J’aurai le temps de faire connaître mes intentions spéciales sur la formation du 2e corps du Rhin et sur la formation du corps de marche de la Grande Armée, aussitôt que j’aurai reçu votre travail.

Les 48,000 hommes des cohortes doivent être recrutés, puisqu’il y a encore 19,000 hommes à recevoir et que les compagnies de dépôt doivent être complètes.

Les 111,000 hommes de la ligne doivent être fournis facilement, puisque, par l’état que vous me remettez, je vois que 165,000 hom­mes existent dans les dépôts; il restera encore 54,000 hommes.

J’ai bien ordonné aux 4e et 6e bataillons de la Grande Armée de revenir ici, mais cette opération dépend de circonstances locales, et je ne crois pas que ces cadres puissent quitter la Vistule avant le 15 janvier. Il faut donc, avant de compter là-dessus, attendre des renseignements ultérieurs.

 

Paris, 7 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

J’approuve que les 400 remplaçants qui sont ici (de bons sujets) soient admis dans la jeune Garde par exception, en constatant que ce sont des hommes contre lesquels il n’y a aucun reproche à faire.

 

Paris, 7 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, le 1e corps d’observation du Rhin se réunira à Mayence ; il sera composé :

1e division. — 1e brigade : du 2e régiment provisoire, deux batail­lons; de deux bataillons du 136e ou régiment de Paris, qui se réu­nissent à Erfurt; du 14e régiment provisoire, deux bataillons; total, six bataillons. Cette 1e brigade se réunira le plus tôt possible à Erfurt. 2e brigade : du 6e provisoire, deux bataillons; du 19e provi­soire, deux; du 18e provisoire, deux; total, six bataillons. Total de la 1e division, douze bataillons.

2e division. — le brigade : du 4e régiment provisoire, deux batail­lons; du 11e deux; du 13e, deux; total, six bataillons. 2e brigade: du 8e régiment provisoire, deux bataillons; du 16e, deux; du 17e, deux; total, six bataillons. Total de la 2e division, douze bataillons.

3e division. — 1e brigade : du 10e régiment provisoire, deux bataillons; du 20e, deux; du 21e, deux; total, six bataillons. 2e bri­gade : du 24e régiment provisoire, deux bataillons; du 25e, deux; du 13e, deux; total, six bataillons. Total de la 3e division, 12 ba­taillons.

4e division. — 1e brigade : du 32e léger, deux bataillons; du 15e de ligne, deux; du 70e, 2; total, six bataillons. 2e brigade : du 34e léger, deux bataillons du 22e de ligne, trois; du 121e, deux; total, sept bataillons. Total de la 4e division, treize bataillons.

Récapitulation du 1e corps d’observation du Rhin : 1e division, douze bataillons; 2e division, douze bataillons; 3e division, douze bataillons; 4e division, treize bataillons. Total, quarante-neuf bataillons.

Artillerie. — Ce corps d’armée aura six batteries à pied, deux batteries de réserve et deux batteries à cheval ; total, soixante et seize bouches à feu.

Le quartier général du 1e corps d’observation du Rhin se réunira à Mayence, une division se réunira à Erfurt, une à Hanau, une à Francfort, et la quatrième à Fulda ou Mayence.

Présentez-moi le développement de la formation de cette armée.

 

Paris, 7 janvier 1813

A François 1er, empereur d’Autriche, à Vienne.

(A la date du 7 janvier 1813 se trouve, d’après quelques historiens, une lettre de l’Empereur Napoléon Ier à François Ier d’Autriche, où les questions de paix et de guerre sont longuement traitées. Nonobstant l’autorité des histo­riens qui en ont admis l’authenticité (notamment H. Bignon, M. Thiers, etc.), cette lettre a parue suspecte à la Commission chargée de publier la   correspondance de Napoléon Ier; il n’est pas du moins certain pour elle que l’on doive y voir autre chose qu’un projet de dépêche abandonné et non expédié.

En effet, 1° la minute de cette lettre n’est pas dans les papiers de la Secrétairerie d’État, où les moindres notes de l’Empereur sont conservées; 2° cette minute existe, il est vrai, aux archives des Affaires étrangères, mais dictée par le duc de Bassano, laborieusement corrigée par lui, et il n’y a pas d’exemple d’une pièce de cette importance dont l’Empereur ne se serait pas réservé la rédaction; 3° ce qui ne permet pas enfin d’admettre que cette pièce, bien que portant des modifications de la main de l’Empereur, ait été définitivement adoptée par lui et expédiée, c’est qu’on ne l’a pas retrouvée parmi les lettres de l’Empereur Napoléon Ier à l’Empereur d’Autriche, ainsi qu’en font foi les catalogues que la chancellerie de Vienne a envoyés aux archives des affaires étrangères et au Se­crétariat de la Commission de la Correspondance.

Ces considérations ont déterminé la Commission à ne pas donner place dans son recueil au projet de lettre dont on a fait la dépêche du 7 janvier 1813, et, vu l’importance du document, à motiver ici cette exclusion.)

 

Paris. 8 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, le camp de Boulogne devient inutile. Donnez ordre que les troupes soient casernées ou cantonnées dans la ville.

 

Paris, 9 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Ayant nommé pour commander à Vincennes le sieur Daumesnil, le commandement du sieur Harel est devenu inutile. Cela multiplie les emplois et fait des frais. Proposez-moi de placer ailleurs cet officier.

 

Paris, 9 janvier 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Elbing.

Mon Cousin, j’ai reçu votre lettre du 1er avec l’étrange nouvelle qu’elle contenait. Le ministre de la guerre a dû vous écrire, et je ne puis que vous répéter qu’il faut renvoyer en France tous les géné­raux blessés et tous les généraux et officiers d’état-major inutiles, ainsi que les cadres de bataillons qui ne sont pas nécessaires, car c’est de cadres que nous manquons.        .

Voici les dispositions que j’ai prises. Aussitôt que j’ai appris la trahison du général York, je me suis décidé à faire à la nation une communication, qui aura lieu demain, et à faire une levée extraordinaire. J’ai formé un corps d’observation de l’Elbe, qui se réunit à Hambourg. Ce corps sera fort de soixante bataillons; j’en ai donné le commandement au général Lauriston. J’ai formé un corps d’obser­vation d’Italie, que je réunis à Vérone et qui sera fort de quarante bataillons; j’en ai donné le commandement au général Bertrand. J’ai formé un 1e corps d’observation du Rhin, composé de soixante bataillons; j’en ai donné le commandement au maréchal duc de Raguse, son quartier général sera à Mayence. Je vais former un 2e corps d’observation du Rhin, qui sera également de soixante bataillons.

J’ai converti les quatre-vingt-huit cohortes en vingt-deux régi­ments de ligne ayant quatre bataillons de guerre et un bataillon de dépôt; chaque régiment prend une compagnie d’artillerie, et des autres compagnies d’artillerie de cohorte je forme trois nouveaux régiments d’artillerie de vingt compagnies chacun.

Je fais un appel de 100,000 hommes des conscriptions arriérées depuis 1810, de sorte que ce seront des hommes âgés de plus de vingt et un ans ; ils seront rendus en février dans les dépôts. La conscription de 1814 sera de 150,000 hommes; elle sera levée dans le courant de février.

Les cantons de France m’ont offert chacun trois chasseurs, hommes de vingt-deux à vingt-six ans, sachant monter à cheval et montés sur des chevaux pris dans le canton ; cela me fera 12 à 15,000 chas­seurs, qui arriveront dans les dépôts pendant le mois de février. J’ai levé en France 20,000 chevaux de cavalerie, tant par département; ils seront rendus avant la fin de janvier dans les différents dépôts.

J’ai accepté les offres qu’on m’a faites de six escadrons de gardes du corps, de 200 hommes chaque escadron ; ils seront composés de volontaires des départements, ayant tous une pension de 1,000 francs de chez leurs parents. J’ai fait des marchés pour 8,000 chevaux de cavalerie en France, et ces marchés seront remplis dans le courant de février. J’ai réorganisé six bataillons d’équipages militaires. J’ai levé 12,000 chevaux d’artillerie. J’ai fait réorganiser les équipages d’artillerie pour la Grande Armée, à raison de 400 bouches à feu, et pour les autres corps sur le même pied, au total pour 800 bouches à feu. J’ai réorganisé tout le train du génie. Enfin, quant à ma Garde, j’ai créé un régiment de voltigeurs et un de tirailleurs, qui seront 6e bis; un régiment de fusiliers bis; un bataillon de chasseurs et un de grenadiers ; de sorte qu’en y comprenant les deux bataillons qui sont à Stettin et qui doivent y rester, j’ai dans ce moment cinq régi­ments de la jeune Garde formant 8,000 hommes sous les armes.

J’ai fait un appel de 3,000 vieux soldats, qui ne tarderont pas à arriver aux dépôts de la vieille Garde. J’ai fait une remonte particu­lière de 3,000 chevaux pour la Garde. J’ai fait un recrutement extraordinaire pour la cavalerie. J’ai fait dans les dépôts un appel de 800 hommes pour le recrutement du train. Je pense que vous aurez déjà fait partir pour Magdeburg tous les hommes à pied de la Garde, et que vous aurez également renvoyé tous les cadres soit de nia jeune, soit de ma vieille Garde, en ne gardant qu’autant de com­pagnies qu’il y aura de centaines d’hommes. Tout cela est de la plus grande importance.

Le roi de Westphalie s’occupe d’approvisionner Magdeburg. Le duc de Castiglione a reçu le corps du général Grenier, de sorte qu’il a actuellement dans la main 30,000 hommes.

Donnez ordre à tous les colonels de garder autant de cadres de compagnies qu’ils ont de centaines d’hommes à pied ou à cheval, et de renvoyer tous les autres cadres en France. Donnez ces ordres dans tous les corps d’armée; qu’on garde autant de cadres de bataillons qu’il y aura de 5 ou 600 hommes présents; qu’on renvoie le reste.

Complétez trois ou quatre cadres d’équipages militaires, que vous pourrez remonter à Danzig et à Berlin, et renvoyez le reste ; vous débarrasserez l’armée et nous donnerez les moyens d’en former une nouvelle.

Tout est ici en mouvement. Rien ne manque, ni hommes, ni argent, ni bonne volonté, mais il nous faut des cadres.

Faites bien approvisionner Danzig et de manière qu’il y ait pour 20,000 hommes pendant un an. Si vous étiez obligé d’évacuer la Vistule, ce que je ne crois pas possible, laissez à Danzig, entre Fran­çais, Polonais et Napolitains, 18 à 20,000 hommes, au moins quatre généraux, beaucoup d’officiers du génie, au moins douze compagnies d’artillerie; faites resserrer les cadres des sapeurs, com­plétez à 100 hommes, les compagnies que vous gardez et renvoyez les autres en France. Faites faire la même opération dans la division Durutte. J’ai mis le 1e corps à trois divisions; resserrez les cadres selon les circonstances, et ne gardez que le nombre de généraux et of­ficiers dont on a besoin.

Si Dumas est dans le cas de reprendre son service, vous êtes le maître de renvoyer Daru. J’ai remplacé Haxo, puisqu’il est malade; c’est Rogniat qui commandera le génie, il part demain. J’ai fait Charbonnel général de division. Je ne sais pas, parmi les généraux d’artillerie de l’armée, quels sont ceux qui sont en état; nommez-en un pour commander l’artillerie. Le directeur du parc y est : c’est l’homme principal. Prenez sur vous et fournissez à tous les besoins.

Les cours d’Autriche et de Danemark paraissent dans les meilleures dispositions.

 

Paris, 9 janvier 1813.

A Madame la comtesse de Montbrun, à Paris

Madame la Comtesse Montbrun, je reçois votre lettre. Je faisais grand cas de votre mari, je l’ai vivement regretté. Je nommerai votre fils ainé avec plaisir. Je charge le ministre de la guerre de vous remettre le brevet d’une pension de 12,000 francs. Quant au titre et aux dotations du général Montbrun, cela est de droit.

 

Paris, 11 janvier 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Elbing.

Mon Cousin, je reçois votre lettre d’Elbing du 3, où je vois que vous ne faites que de recevoir ma première lettre. Je vous ai écrit hier pour vous faire connaître toutes les mesures extraordinaires que j’ai prises. Le Moniteur de demain vous les annoncera. Hommes, chevaux, voitures, artillerie, rien ne manquera. Des généraux, des officiers, des cadres, voilà ce dont nous avons besoin; je ne puis donc que vous réitérer l’ordre positif de renvoyer tous les généraux, adjudants commandants et officiers d’état-major inutiles; de ren­voyer tous les cadres inutiles, soit d’infanterie, soit de cavalerie, en gardant autant de cadres de bataillons que vous avez de 5 à 600 hom­mes sous les armes; de renvoyer tous les cadres du train d’artillerie, en en gardant cependant un certain nombre complétés pour les che­vaux que vous pensez avoir en Allemagne; de renvoyer également tous les hommes de cavalerie au-delà du nombre que vous pensez pouvoir monter, et, en cas qu’il ne reste que ce que vous pouvez monter, de renvoyer les cadres qui cesseront d’être nécessaires, en resserrant les compagnies au complet de 200. Renvoyez les géné­raux en proportion.

Faites connaître au duc de Tarente l’indignation que la lettre du général York a produite dans toute la nation et le mouvement national qui en est la conséquence.

Je n’ai pas besoin de vous recommander de bien approvisionner Danzig. Cette place doit tenir un an. Il doit y rester au moins dix compagnies d’artillerie, des sapeurs, beaucoup d’ingénieurs et au moins quatre généraux, dont un commandant en second et pouvant remplacer le général Rapp. Vous devez avoir un chiffre sur avec le gouverneur de Danzig.

Vous aurez vu tout ce qu’a fait le roi de Prusse aussitôt qu’il a appris la trahison du général York, et peut-être aura-t-on pu faire revenir le corps prussien.

Quant à ma Garde, je ne connais pas sa situation ; on la dit fort réduite. Je ne conçois pas comment il en peut être ainsi : au moment de mon départ, elle était encore en bon état. Toutefois il est néces­saire que vous ne gardiez de la Garde qu’autant de cadres que vous avez de centaines d’hommes, et que vous renvoyiez le reste en France. Renvoyez tous les cavaliers à pied de la Garde, toute l’artil­lerie à pied, tout le train démonté de la Garde, ainsi que tous les hommes des équipages militaires. Formez de l’infanterie que vous gardez une seule division, dont vous pouvez donner le commande­ment au général Roguet. Gardez un adjudant commandant de la Garde et renvoyez les autres. J’aurais surtout besoin du général Curial, qui commande les chasseurs, du général Friant, qui com­mande les grenadiers, et des généraux Saint-Sulpice et Walther, qui commandent différentes armes.

Je vous ai fait connaître que tout ce qui est relatif à la Garde est ici en mouvement. Il est bien urgent que je connaisse la situation de tous les bataillons d’équipages militaires et des bataillons du train, soit de la Garde, soit de la cavalerie, soit de Tannée.

Renvoyez le duc de Danzig et les généraux Delaborde et Friant.

On me rend compte qu’à Varsovie 2,000 hommes sont déjà montés ; il est donc convenable de les faire marcher sur Posen pour les joindre là à d’autres détachements de leurs régiments et com­mencer à reformer la cavalerie.

Comme tous ces ordres ne sont que la répétition de ce que je vous ai déjà mandé ou de ce que vous a écrit le ministre de la guerre, j’espère que tout est déjà mis à exécution; mais il faut que nous sachions bien sur quoi compter.

Je le répète, ce qu’il nous faut surtout, soit pour la cavalerie, soit pour l’infanterie, soit pour les équipages militaires, soit pour les bataillons du train, ce sont des cadres. Comme un grand nombre de nouvelles compagnies d’artillerie avaient été envoyées à la Grande Armée, elles doivent se trouver en route; arrêtez-les sur l’Oder, mettez-en quatre ou cinq dans les places de l’Oder. Ayez soin aussi de pourvoir ces places d’officiers du génie.

 

Paris, 11 janvier 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Je réponds à votre lettre du 9 (bureau de l’artillerie). Je vois que les 290 voitures nécessaires aux premières batteries que j’ai deman­dées à la Fère seront arrivées dans le courant de février. Il est néces­saire que les 540 autres arrivent à la même époque, et que vous tiriez à cet effet de Douai, de Boulogne et de Cherbourg tout ce que vous en devez tirer. Il ne faut pas compter sur les 1,500 chevaux qui vont être levés, pour faire aucune corvée. J’ordonnerai la levée des 2,700 chevaux nécessaires pour atteler le reste des voitures, aussitôt que j’aurai reçu des états de la Grande Armée; il est pro­bable que ce sera avant la fin de janvier. Ainsi donc il faut que les 120 bouches à feu et les 800 voitures soient le plus tôt possible à la Fère.