Correspondance de Napoléon – Janvier 1807
Varsovie, 4 janvier 1807
ORDRE
Vu l’ordre du jour du 4 janvier, qui accorde une indemnité aux officiers de l’armée qui sont en Pologne,
Nous ordonnons que les généraux de division employés dans la Garde touchent, à dater du 1er janvier 1807, la même indemnité que les généraux de division de la ligne commandant une division de troupes.
Les généraux de brigade employés dans la Garde toucheront la même indemnité que les généraux de brigade de la ligne commandant une brigade de troupes, soit infanterie, soit cavalerie.
Les chefs de bataillon de la Garde jouiront de la même indemnité que celle accordée aux colonels commandant des régiments.
Les capitaines de la Garde jouiront de l’indemnité accordée aux chefs de bataillon commandant des bataillons.
Les lieutenants et les sous-lieutenants de la Garde jouiront de l’indemnité accordée aux capitaines commandant des compagnies.
L’inspecteur aux revues dressera chaque mois un état en forme de revue sur lequel le major général, ministre de la guerre, ordonnancera.
Varsovie, 4 janvier 1807
Au général Clarke
Je ne vois pas d’inconvénient à laisser la princesse d’Orange à Berlin; il suffit qu’elle y reste tranquille. Vous pouvez répondre au prince Ferdinand que, si les Français vont à Koenigsberg, sa fille peut y rester en toute sûreté.
Je suis surpris que la division Espagne ne soit pas encore partie. Je réitère l’ordre au major général de la faire partir. Avant qu’elle ne quitte Berlin, voyez M. Estève et le receveur général pour qu’on lui paye un mois de solde; ce qui leur servira à acheter tout ce dont ils ont besoin.
Je vois que vous avez à Berlin un dépôt de 136 cuirassiers ou carabiniers; passez-en la revue et faites partir tout ce qui est disponible; mais n’envoyez que des hommes qui soient réellement en état de faire campagne.
Varsovie, 4 janvier 1807
Au maréchal Mortier
Mon Cousin, je désire que vous ménagiez les États de Mecklen burg-Strelitz. Il y a là une grand-mère de la princesse Eugène. C’est une vieille femme; voyez si elle a besoin de quelque chose, et faites-lui connaître que vous avez ordre d’avoir des égards particuliers pour elle.
Varsovie, 5 janvier 1807
A M. Ripault, bibliothécaire de l’Empereur
L’Empereur se plaint de ne recevoir aucune nouveauté de Paris. Il vous est cependant facile de nous faire passer deux ou trois volumes tous les jours par le courrier qui part à huit heures du matin. J’écris par ordre de l’Empereur à M. Lavallette pour qu’il les fasse partir.
Il a paru depuis peu plusieurs ouvrages qu’il serait intéressant de lire, tels que Le Directoire exécutif, de Lacretelle, etc.
Meneval, par ordre de l’Empereur.
Varsovie, 5 janvier 1807
A l’évêque d’Augsbourg, ancien électeur de Trèves
Mon Cousin, la lettre que Vous m’avez écrite le 7 décembre m’est parvenue. Recevez mes remerciements de ce que vous me dites d’aimable à l’occasion du renouvellement de l’année, et comptez toujours sur l’attachement que je vous porte.
Votre bon Cousin.
Palais impérial de Varsovie, 5 janvier 1807
DÉCRET
ARTICLE 1er. – Il sera compté tous les mois, à dater du 1er janvier de la présente année, à compte sur la masse générale de notre Garde impériale :
4,000 francs aux grenadiers à pied de notre Garde;
6,000 francs aux chasseurs à pied;
4,000 francs aux grenadiers à cheval;
4,000 francs aux chasseurs à cheval;
1,000 francs à la gendarmerie d’élite;
5,000 francs à l’artillerie.
ART. -2. – Ces sommes seront payées par avance, le 1er de chaque mois, sur l’ordonnance du major général, et elles seront portées en compte, à Paris, par notre ministre du trésor public, sur ce qui est dû aux corps pour la masse générale et de ferrage.
ART. 3. -Notre ministre de la guerre mettra à la disposition des colonels commandant des régiments de notre Garde, pour qu’ils aient à se procurer de bonnes marmites :
1,200 francs pour les grenadiers à cheval;
1,200 francs pour les chasseurs à cheval;
2,400 francs pour les grenadiers à pied;
2,400 francs pour les chasseurs à pied;
400 francs pour la gendarmerie d’élite;
1,200 francs pour l’artillerie;
150 francs pour les marins.
Les conseils d’administration des corps passeront sans délai des marchés, et seront fournis, avant le 20 janvier, de toutes les marmites nécessaires.
Art. 4. – Le major général mettra, dans la semaine, à la disposition des conseils d’administration de chacun des deux régiments de grenadiers et de chasseurs à pied, une somme de 8,000 francs, et à celle de chacun des deux régiments de chasseurs et des grenadiers à cheval une somme de 4,000 francs, pour doubler les attelages et fourgons, et réparer les pertes qu’ils ont éprouvées dans la campagne.
ART. 5. – Les régiments de grenadiers et de chasseurs à pied auront chacun huit fourgons attelés de six chevaux, dont deux seront employés à porter les effets des corps et les portemanteaux des officiers, et six à porter les vivres et le biscuit. Les deux régiments de grenadiers et de chasseurs à cheval en auront chacun huit, dont deux seront destinés à porter les effets des corps et portemanteaux des officiers, deux à porter les effets de harnachement et les fers pour les chevaux, et quatre à porter les vivres.
A cet effet, une somme de 8,000 francs sera mise à la disposition de chacun des deux régiments de chasseurs et grenadiers à pied, et une de 6,000 francs à la disposition de chacun des deux régiment de chasseurs et grenadiers à cheval.
ART. 6. – L’intendant général fera délivrer, sur les chemises dont la confection a été ordonnée en Silésie :
2,000 chemises aux chasseurs à pied;
2,000 chemises aux grenadiers à pied;
860 chemises aux grenadiers à cheval;
860 chemises aux chasseurs à cheval;
900 chemises à l’artillerie;
50 chemises aux marins.
Il sera fourni des toiles pour faire à l’infanterie 2,000 sacs dg distribution pour chaque régiment.
ART. 7. Il sera fourni, sur les draps dont la levée a été ordonnée en Silésie :
400 aunes de drap aux grenadiers à pied;
400 aunes de drap aux chasseurs à pied,
et une quantité de drap suffisante pour faire 200 manteaux et 200 portemanteaux à chacun des deux régiments de grenadiers et de chasseurs à cheval.
ART. 8. – Il sera mis à la disposition du commandant de l’artillerie de notre Garde 400 chevaux sur les 1,000 requis dans la basse Silésie, avec les objets nécessaires pour confectionner leur harnachement.
ART. 9. – Les musettes, étriers, éperons, sabres, ceinturons dont les régiments de notre Garde auront besoin, seront fournis sans délai
des magasins de Berlin.
ART. l0. – Il partira au 15 février, dans des caissons attelés dg six chevaux et conduits par des charretiers, lesquels seront fournis par la compagnie Breidt, par les soins du ministre Dejean, une paire de bottes pour chaque homme des régiments de grenadiers et de chasseurs à cheval et de l’artillerie, trois paires de souliers pour chaque homme des régiments d’infanterie, les effets de harnachement et d’équipement qui seront nécessaires, et la partie de l’habillement qu’il serait convenable de renouveler. Ces caissons seront dirigés sur Mayence, où ils devront être arrivés le 15 mars. Le ministre directeur de l’administration de la guerre instruira le major général du jour de leur arrivée à Mayence, pour qu’il prenne nos ordres sur la destination de ce convoi.
ART. 11 – – Le major général, l’intendant général et le ministre directeur de l’administration de la guerre sont chargés de l’exécution du présent décret, dont une expédition sera donnée à chacun des colonels des régiments de notre Garde.
Varsovie, 5 jantier 1807
Au général Dejean
Monsieur Dejean, je viens d’ordonner aux 3e et 24e de chasseurs, qui ont chacun 800 chevaux, de se rendre à la Grande Armée, avec leurs selles et harnachement, en laissant à l’armée d’Italie 500 chevaux par régiment, qui seront distribués entre le 6e de hussards, les 8e, 6e et 14e de chasseurs, de manière à porter ces quatre régiments à 1,000 chevaux chacun. J’imagine que cette opération se fera par procès-verbal, et que vous pourrez en tenir compte aux régiments. Les 15e, 23e et 19e de chasseurs sont arrivés à la Grande Armée, provenant de l’armée d’Italie; ils ont dû faire la même opération et laisser les deux tiers de leurs chevaux en Italie. J’imagine également que vous aurez régularisé cette opération, et qu’elle se sera faite par procès-verbal et en règle. Par cette opération, tous les carabiniers et cuirassiers sont à la Grande Armée. J’avais ordonné que les régiments de cuirassiers qui viennent d’Italie et de Parme n’envoyassent que trois escadrons et laissassent le 4e. Comme vous avez dû former un 5e escadron, ordonnez que, lorsque le 5e sera formé, les 4e partent pour Potsdam, pour se réunir à leurs régiments.
Sur 30 régiments de dragons que nous avons, 24 sont à la Grande Armée, 6 sont en Italie.
Sur 24 régiments de chasseurs, 3 sont à Naples, 3 restent en Italie, et, dès lors, 18 sont ou vont être à la Grande Armée.
Sur 10 régiments de hussards, 9 sont à la Grande Armée et 1 en Italie.
Il y aura donc en Italie 6 régiments de dragons, 3 de chasseurs et 1 de hussards; total, 10 régiments.
Il faut que vous fassiez passer une revue de ces régiments an 1er février, pour bien connaître leur situation et pouvoir les porter chacun à 1 ,000 chevaux; de sorte que l’armée d’Italie se trouve avoir 10,000 chevaux. Il faut porter à la même force ceux du royaume de Naples.
Moyennant la remise de chevaux que j’ai ordonné de faire au régiments qui restent en Italie, je pense qu’ils auront besoin de peu de secours; toutefois il faut leur donner ceux qui seront nécessaires de sorte qu’il y ait 10,000 chevaux à l’armée d’Italie, sans compter ceux de l’armée de Naples.
Quant aux cinq régiments de chasseurs que j’ai appelés d’Italie, je les monterai avec les moyens de la Grande Armée. Écrivez au général Bourcier de vous envoyer le procès-verbal de la remonte de ces régiments, afin que vous ne perdiez point de vue leur situation.
Varsovie, 6 janvier 1807
Au général Dejean
Monsieur Dejean, vous trouverez ci-joint un décret qui concerne ma Garde. Prenez toutes les mesures que vous jugerez convenable pour que les officiers restés à Paris aient les moyens de faire confectionner promptement les bottes, souliers et autres effets. Vous enverrez de plus, par le même convoi qui sera chargé de ces objet, 2,000 bonnes selles de hussards, 4,000 bonnes selles de dragons, 1,000 bonnes selles de cuirassiers, ayant toutes, brides, portemanteaux, fontes de pistolets, enfin le harnachement complet. Vous joindrez 40,000 paires de souliers de bonne qualité, 2,000 paires bottes de hussards, 4,000 paires de bottes de dragons et 1,000 bonnes paires de bottes de cuirassiers.
C’est en considération de ces dispositions que j’ai augmenté l’article des remontes et harnachement et celui des fournitures extraordinaires d’habillement.
C’est sur le chapitre des fournitures extraordinaires d’habillement que sera prise la dépense des bottes et souliers.
Je désire que tous ces objets soient confectionnés à Paris, non seulement pour que vous vérifiiez vous-même qu’ils sont fournis bonne qualité, mais aussi pour donner du travail aux ouvriers de capitale.
Ces effets, ainsi que ceux destinés à la Garde, seront transportés dans des caissons. Ils iront de Paris à Mayence, doit je les ferai probablement diriger sur Magdeburg. Il est nécessaire que vous attachiez à ce convoi un garde-magasin, qui en sera responsable.
Vous lèverez une ou plusieurs brigades de la compagnie Breidt pour porter ces objets. Ces brigades augmenteront les moyens de transport de l’armée.
Ayez surtout bien soin de n’envoyer que des objets de bonne qualité. Ils pourront être nécessaires pour subvenir aux déficit des corps.
Varsovie, 6 janvier 1807
Au général Dejean
Monsieur Dejean, j’ai reçu vos états du 18 décembre sur la situation de la masse des remontes. Les nouvelles circonstances dans les-quelles je me trouve me portent à changer les bases du décret du mois de septembre, et désormais je désire que le complet soit indistinctement pour tous les régiments, en quelque lieu qu’ils se trouvent: les carabiniers et cuirassiers à 997 hommes, complet à cinq escadrons; les dragons à 1,000 hommes, à raison de 250 par escadron; les hussards et chasseurs à 1,000 hommes, à raison de 250 hommes par escadron. Alors j’aurai 77, 000 hommes de cavalerie. Les hommes existent, car, avec les 10,000 de la conscription de 1807, j’aurai 70,000 hommes, et les 7,000 hommes que j’ai l’intention d’appeler de la réserve pour augmenter ma cavalerie la porteront au complet de 77,000 hommes. Il résulte de votre état du 10 décembre que le total de la cavalerie se montait à 53,000 chevaux existants an 1er septembre, non compris les chevaux reçus depuis le 1er septembre ou à recevoir depuis le 1er janvier : il manquerait donc 24,000 chevaux. Sur ces 24,000 chevaux, le général Bourcier en a délivré, du dépôt de Potsdam, près de 6,000 aux dragons; un millier a été distribué à Cassel; il resterait donc des fonds à faire pour moins de 18,000 chevaux, qui, à raison de 600 francs, y compris la selle et le harnachement, feraient dix à onze millions. Je suis résolu à faire ce sacrifice.
Vous verrez, par la lettre que je vous ai écrite hier, que je ne laisse en Italie que dix régiments de cavalerie et trois à Naples.
Faites-moi faire trois états : un pour le personnel, un pour la sellerie et un pour les chevaux. Le personnel me fera connaître la situation des hommes, ce que chaque régiment a reçu de la conscription de 1806, ce qu’il a reçu de la conscription de 1807, ce qu’il faudra lui donner de la réserve de 1807 pour le porter à son complet de 1,000 hommes.
L’état des chevaux sera fait comme celui du 10 décembre, hormis que la colonne du nécessaire sera conforme aux bases que je viens de poser, et qu’on y comptera ce que le général Bourcier a donné à Potsdam et le général Lagrange à Cassel. J’ai fait aussi une levée de 6,000 chevaux, qui n’est pas encore rentrée, mais qui diminuent d’autant le déficit des 18,000 chevaux. Il faut que le général Bourcier vous instruise exactement de la distribution qu’il fera de ces chevaux entre les différents régiments. Ordonnez donc aux conseil d’administration des dépôts de passer des marchés, mais qu’ils ne prennent pas de chevaux au-dessous de cinq ans et demi. Les chasseurs et hussards peuvent prendre des chevaux de 5 pouces. J’aime mieux un cheval de 5 pouces de huit à neuf ans, qu’un cheval de 8 à 9 pouces de quatre ans.
Varsovie, 6 janvier 1807
Au général Lacuée
En relisant avec attention votre lettre du 3 décembre, je vois qu vous voulez porter les carabiniers et cuirassiers au grand complet, c’est-à-dire à 997 hommes par régiment. J’espère que vous aurez réalisé cette bonne idée. Je vois que vous vouliez porter les dragons à 1,000 hommes, et les chasseurs et les hussards à 800 homme Pour cela, vous demandiez 12,500 hommes; je ne vous en ai accordé que 10,000; vous n’aurez donc pas pu réaliser cette idée. Je désirerais aussi pouvoir porter les chasseurs et les hussards à 1,000 hommes; c’est donc 5,000 hommes qu’il vous faudra pour réaliser cet objet; et alors la cavalerie, au lieu d’être de 71, 600 homme sera de 76,700 hommes. Ces 5,100 hommes, il faudra les appeler sur les 20,000 hommes de la réserve.
Varsovie, 6 janvier 1807
Au vice-amiral Decrès
Tâchez donc de faire conduire le Vétéran à Lorient. Voici la saison favorable. Faites passer à Cherbourg les frégates qui sont au Havre. Faites sortir la Comète du port du Passage, pour joindre un de nos ports. Armez promptement la frégate la Flore, puisque l’escadre de Rochefort se trouve sans frégates. Faites aussi mettre en rade le Jemmapes et le Génois. Préparez tout pour faire mettre en rade, avant le 1er mai, le Commice-de-Lyon, le Charlemagne, l’Anversois, le Duguay-Trouin, le César, le Thésée, afin que ces 6 vaisseaux nous forment, avec le Royal-Hollandais, une escadre de 7 vaisseaux à Flessingue.
Faites en sorte que l’Alcide, l’Inflexible et le Glorieux soient mis à l’eau à Lorient, avant le mois de juin, ainsi que le Tonnant, à Rochefort; et que le Commerce-de-Paris et le Robuste aillent, en rade à Toulon, et que le Superbe soit lancé à Gènes avant le mois d’avril.
Enfin il faut que, cette guerre finie, je me trouve avoir en Amérique 3 vaisseaux; à Cadix, 5; à Toulon, 5; à Rochefort, 7; à Lorient, 5; à Brest, 8; à Flessingue, 7; ce qui me formerait ,110 vaisseaux, indépendamment des hollandais et des espagnols, et deviendrait un objet de grande inquiétude pour les Anglais. La réunion, à Flessingue, de 18 vaisseaux français et hollandais, celle, dans les mers éloignées et par les combinaisons les plus inattendues, de 25 vaisseaux français, et les escadres espagnoles en mouvement au Ferrol et à Cadix, donneraient des chances pour recommencer la lutte maritime.
Je vous ai fait connaître mes intentions pour mes mouvements militaires de cette année; j’attends votre réponse.
Je vous donne l’autorisation nécessaire pour expédier les bricks que j’ai au Passage, à Santander et à Bayonne, afin de porter des nouvelles à Cayenne, à la Martinique et à l’île de France.
Varsovie , 6 janvier 1807
Au prince Eugène
Mon Fils, les trois régiments de cuirassiers qui sont partis de l’armée d’Italie, et celui qui est parti de Parme, pour se rendre à la Grande Armée, doivent avoir beaucoup d’hommes disponibles. Par les états du ler décembre, les trois seuls régiments qui étaient en Italie avaient 400 chevaux; faites-en passer la revue, et ordonnez que tous les hommes disponibles partent à cheval, bien armés et bien équipés. Faites faire la même chose pour les trois escadrons des trois régiments de chasseurs qui sont à la Grande Armée, et faites partir tout ce qui est disponible; bien entendu que vous mainteniez les cadres pour recevoir les recrues au fur et à mesure qu’elles arriveront. Mon intention est de ne garder en Italie que quatre régiments de cavalerie légère, le 6e de hussards et les 8e, 6e et 14e de chasseurs; mais mon intention est aussi que ces régiments aient chacun 600 chevaux; ce qui vous fera 2,400 chevaux pour ces quatre régiments. Faites partir le 3e et le 24e de chasseurs pour la Grande Armée. Ces régiment ont aujourd’hui 800 chevaux; faites-les partir chacun avec 300 chevaux, et qu’ils remettent 500 chevaux, c’est-à-dire 1,000 pour les deux, aux régiments de chasseurs et de dragons qu’il est dans mon intention de laisser en Italie. La cavalerie de l’armée d’Italie sera donc composée de quatre régiments de chasseurs et hussards, et de six régiments de dragons, ce qui formera dix régiments, qui, complétés à 1,000 hommes, feraient 10,000 chevaux. Or il vous sera toujours impossible, en Italie, de vous procurer ces chevaux; ce n’est donc pas affaiblir mon armée d’Italie, c’est au contraire faire du bien à mes régiments que leur laisser les chevaux des régiments que je retire. Indépendamment de cela, vous avez les trois régiments italiens.
Varsovie, 6 janvier 1807
Au roi de Naples
Mon Frère, vous trouverez ci-joint un décret que je viens de prendre. Je vous prie de donner les ordres les plus positifs pour son exécution. J’ai besoin de deux régiments de plus à l’armée d’Italie. D’ailleurs ces régiments ont été si défaits en Calabre, qu’ils ont besoin de se rapprocher. Mon intention est même de les faire passer en Allemagne, pour les avoir sous les yeux. Ce sont d’ailleurs deux régiments qui doivent laver la honte d’avoir été battus par les Anglais.
Sur les états de l’armée de Naples, du 1er décembre, je vois que les bataillons provisoires existent encore. Votre ministre de la guerre et votre chef d’état-major ne font donc rien. Faites dissoudre sur-le-champ ces bataillons et faites incorporer les détachements dans les régiments. Vous verrez que je vous envoie 5,000 hommes de vos dépôts, armés et équipés. Avant le mois de juin, vous en aurez 6,000 autres. Faites renvoyer exactement les officiers et sous-officiers des 3e bataillons. Le 6e de ligne est bien faible. Il serait économique et utile au service d’incorporer les officiers dans le 1er bataillon, et de renvoyer le cadre du second au dépôt. Je pense que vous devriez faire cela pour tous les régiments qui, avec les renforts que je vous envoie n’auront pas leurs bataillons à 800 hommes. Tous mes bataillons sont ici à un effectif de 1,250 hommes. Vous pouvez ainsi diminuer votre dépense de beaucoup sans affaiblir votre armée, et renvoyer 15 à 1800 officiers. Ce serait d’ailleurs fort utile pour former des cadres dans l’Italie supérieure. Vous profiteriez du renvoi de ces bataillons pour vous défaire de tous les officiers fatigués et dégoûtés du pays. Je vous laisse là-dessus le maître de faire ce que vous jugerez convenable.
Varsovie, 6 janvier 1807
A la princesse Auguste
Ma Fille, j’ai reçu votre lettre. Votre sollicitude pour les gens du petit prince m’a fait rire. Veuillez ne vous donner aucun souci pour cet objet. Pour l’amour de vous, j’ai ordonné qu’on ménageât toute la Maison de Strelitz. Votre grand’mère y est tranquille. Cependant votre tante, la reine de Prusse, s’est si mal comportée ! Mais elle est aujourd’hui si malheureuse qu’il n’en faut plus parler. Annoncez-moi bien que nous avons un gros garçon, et, si vous nous donnez une fille, qu’elle soit aussi aimable et aussi bonne que vous.
Votre affectionné père,
Napoléon
Varsovie , 7 janvier 1807
Au général Dejean
Monsieur Dejean, j’ai reçu votre lettre du 20 décembre. Vous pouvez laisser à Mantoue les mortiers qui s’y trouvent, puisqu’il y des bombes en suffisance. Si, dans mon travail, j’ai laissé quarante pièces de 24 à Mantoue, c’est bien suffisant, d’autant plus qu’il n’y a pas boulets pour un plus grand nombre de pièces. Quoique mon intention ait bien été d’y laisser cinquante-quatre pièces de 18, cependant
elles ne sont que de 12, elles suffiront. Les places où je veux beaucoup de pièces, c’est à Gènes, Fenestrelle et Alexandrie, que c’est là que je voudrais reformer mes équipages pour reprendre l’Italie, si elle était conquise.
Varsovie , 7 janvier 1807
A l’Impératrice, à Mayence
Mon amie, je suis touché de tout ce que tu me dis; mais la saison est froide, les chemins très-mauvais, peu sûrs : je ne puis donc consentir à t’exposer à tant de fatigues et de dangers. Rentre à Paris pour y passer l’hiver. Va aux Tuileries, reçois, et fais la même vie que tu as l’habitude de mener quand j’y suis; c’est là ma volonté. Peut-être ne tarderai-je pas à t’y rejoindre. Mais il est indispensable que tu renonces à faire trois cents lieues dans cette saison, à travers des pays ennemis, et sur les derrières de l’armée. Crois qu’il m’en coûte plus qu’à toi de retarder de quelques semaines le bonheur de te voir; mais ainsi l’ordonnent les événements et le bien des affaires.
Adieu, mon amie, soit gaie et montre du caractère.
Varsovie, 7 janvier 1807
CANTONNEMENTS DÉFINITIFS DE L’ARMÉE
Le corps de M. le maréchal Bernadotte, sur la gauche et sur la basse Vistule, occupe Osterode et Elbing.
Le maréchal Ney occupe à Mlawa, Soldau, et a pour point d’appui Thorn, où il fera établir des hôpitaux et des manutentions.
Le corps du maréchal Soult occupe Przasnysz, Makow, Ciechanow et aura pour point d’appui Plock, sur la Vistule, d’où il établira des communications directes avec les points ci-dessus. Il fera établir à Plock des hôpitaux et des manutentions.
Le maréchal Augereau occupe Nowemiasto et les environs, pour point d’appui Wyszogrod, sur la Vistule, où il fera établir des hôpitaux et des manutentions.
Le maréchal Davout a pour point d’appui Pultusk, et occupe les environs et une partie de la presqu’île entre la Narew et le Bug. Le maréchal Lannes occupe Sierock, la presqu’île entre le Bug et la Vistule, ayant pour point d’appui Varsovie.
La cavalerie du général Nansouty sera cantonnée sur la rive gauche de la Vistule, sur la Bzura.
La division de cuirassiers du général d’Hautpoul sera cantonnée en avant de Thorn, entre Gollud et Rypin.
La division de dragons du général Klein sera cantonnée du coté de Plock, le long de la Vistule.
La division du général Grouchy doit se cantonner dans l’arrondissement du maréchal Bernadotte.
La division de cavalerie légère du général Lasalle et la division du général Milhaud restent cantonnées dans l’arrondissement du maréchal Soult.
La division de dragons Beker reste cantonnée dans l’arrondissement du maréchal Davout.
La division de cuirassiers du général Espagne est à Posen.
En cas de mouvements de l’ennemi qui nécessiteraient la réunion de l’armée, le corps du maréchal – Lannes se rassemblerait à Sierock; le corps du maréchal Davout, à Pultusk; celui du maréchal Soult, à Golymin; celui du maréchal Augereau, à Nowemiasto; celui du maréchal Ney, à Mlawa. Les corps de grosse cavalerie se réuniraient sur-le-champ aux chefs-lieux de leurs cantonnements, où ils attendraient des ordres; il en serait de même pour les divisions de dragons et de cavalerie légère.
Varsovie, 7 janvier 1807
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, le dépôt de cavalerie bavaroise qui se trouve sur l’Oder, ainsi que les dépôts des corps bavarois et Wurtembergeois, seront à Glogau.
Breslau étant rendu, vous donnerez l’ordre an prince Jérôme de faire cerner à la fois Brieg, Kosel et Schweidnitz, de sorte qu’il ne reste plus que Neisse et Glatz, et de garder un corps de réserve d’infanterie, de cavalerie et d’artillerie à Breslau, où il restera de sa personne, en visitant cependant tous les quinze jours les trois blocus. Il correspondra activement tous les jours avec moi, se fera rendre compte par les agents et administrateurs du pays, afin d’établir une bonne administration dans la province et de tirer de la Silésie tout le parti possible pour fournir aux besoins de l’armée.
Le corps du prince Jérôme doit être fort actuellement de plus de 30,000 hommes, moyennant l’arrivée du 5e bataillon d’infanterie légère et du 14e régiment d’infanterie bavaroise. Je vois que ces corps sont portés sur l’état de l’emplacement de l’armée comme étant à Berlin; j’imagine que vous n’aurez pas perdu de temps pour donner l’ordre qu’ils se rendent à Breslau.
Mon intention est que tous les détachements de cavalerie qui arrivent à Potsdam se rendent de Potsdam à Breslau par le plus court chemin; ils y seront passés en revue par le général Fauconnet, et je leur enverrai là une destination. Sont exceptés, cependant, de cette disposition, les détachements qui iraient rejoindre les corps des maréchaux Ney et Bernadotte et la division de dragons Sahuc.
Varsovie, 7 janvier 1807
Au maréchal Mortier
Je vous ai fait envoyer l’ordre de faire partir le 2e et le 15e d’infanterie légère pour Posen. Je suppose qu’à l’heure qu’il est ils sont en route. Le 12e d’infanterie légère doit vous avoir joint. Je vous laisse le maître d’attaquer la Poméranie suédoise, quand vous en juger l’occasion favorable. Prenez l’île de Rügen, si vous le jugez convenable, et bloquez ou assiégez Stralsund; mais n’employez pour cela que le nombre de troupes nécessaires. Tenez le reste de vos troupes repos et en santé; cantonnez-les. Faites faire des magasins de biscuits; organisez vos transports avec des charrois du Mecklenburg, et tenez-vous en mesure de vous transporter partout où il sera nécessaire.
Varsovie, 7 janvier 1807
Au général Clarke
J’attends votre rapport sur la situation de mes finances. J’espère que vous prendrez tous les moyens pour me faire arriver ici de l’argent le plus rapidement possible. J’ai besoin tout de suite d’au moins une douzaine de millions. Mon armée, dans ses quartiers d’hiver, besoin de se refaire. Pour cela, il faut de l’argent. J’ai besoin aussi que les souliers et les capotes qui se trouvent dans les différents magasins de votre gouvernement soient expédiés sur Varsovie. Ne laissez venir à l’armée aucun homme à cheval et à pied qu’ii ne soit bien équipé. Dites à M. la Bouillerie qu’il ne correspond pas assez souvent avec l’intendant général. Je vois rarement de ses lettres dans la correspondance de ce dernier. Dites la même chose à M. Estève. Des capotes m’arrivent de Brême et de Hambourg; écrivez à M. Bourrienne pour accélérer autant que possible leur passage. Je vous demandé des renseignements sur les trois régiments italiens. Donnez m’en sur les 6, 000 chevaux dont j’ai ordonné la levée par mon décret de Breslau, s’est enfin rendu. J’ai ordonné qu’on assiégeât à la fois toutes les places de Silésie.
Varsovie, 7 janvier 1807
A M. Bourrienne
Je n’ai pas de nouvelles si mon décret sur le blocus de l’Angleterre est exécuté. J’avais ordonné l’établissement d’une ligne de douanes et l’envoi d’agents des postes. On me dit que les Anglais continuent à avoir des correspondances régulières sur le continent; je désirerais savoir où passent leurs malles. J’ai ordonné que toutes les marchandises anglaises, soit qu’elles appartinssent à des particuliers, soit qu’elles appartinssent à des négociants, définissant les marchandises par leur origine, fussent transportées en France. Il est bien important que cela soit exécuté. Je ne sais si ce décret a commencé à avoir son exécution. J’attendais de Hambourg un grand nombre de capotes et de souliers; faites partir celles qui seraient faites, ainsi que les souliers, pour Berlin. J’attends d’être instruit, par le retour de mon courrier, de l’exécution des différents ordres que j’ai donnés relativement aux villes hanséatiques.
Varsovie, 7 janvier 1807
Au prince Eugène
Mon Fils, je reçois votre lettre du 19 décembre, de Palmanova. Donnez ordre qu’on travaille sans délai à faire faire le revêtement des lunettes de Palmanova.
Je vous ai déjà mandé de faire partir les hommes disponibles des quatre régiments de cuirassiers et des trois régiments de chasseurs qui viennent d’arriver ici. Écrivez an gouverneur de Parme pour ceux des dépôts de ces régiments qui seraient à Parme et à Plaisance. Je vous ai écrit également de diriger sur la Grande Armée les 3e et 24e de chasseurs en gardant 500 chevaux de chacun de ces régiments pour les distribuer à ceux qui restent en Italie. J’ai prescrit également que des mesures fussent prises pour que tous les régiments de cavalerie qui sont en Italie fussent portés à 1,000 hommes et à 1,000 chevaux avant le 1er mai.
Je vous ai ordonné de faire partir pour l’armée de Naples 5,000 hommes. En retour, le 11e et le 42e rentrent en Italie. Le 7e de ligne doit se rendre d’Alexandrie à la Grande Armée. Je sais que ce régiment n’est pas en état; mais j’ai l’intention de l’envoyer à Braunau pour qu’il se remette, et je retirerai de cette place l’excellent 3e de ligne, dont je veux augmenter mon armée active. Étendez les cantonnements des divisions de Brescia et de Vérone, de manière qu’elles soient pas trop resserrées; exercez-les souvent et maintenez-les bonne santé.
Songez que le nombre des soldats n’est rien, et que ce n’est que lorsque les officiers et les sous-officiers ont la conscience qu’ils manœuvrent qu’on peut attendre quelque chose d’eux. Ce sont les camps de Boulogne, où les corps ont été exercés constamment pendant à ans, qui m’ont valu les succès de la Grande Armée. Mes affaires vont ici au mieux.
Varsovie , 7 janvier 1807
Au roi de Hollande
J’ai reçu votre lettre du 13 décembre. Le général Dedon est passé au service du roi de Naples. Il vous faut des troupes sans doute, mais des nationaux. La plupart de vos troupes sont composées d’étrangers et de déserteurs qui ne valent pas grand’chose. Vous avez institué des maréchaux; si vous ne les avez pas encore nommés, n’en nommez point; il n’y a personne en Hollande qui soit capable de remplir un poste si éminent. Vous donnez votre confiance à un mauvais colonel , méprisé dans son corps; je parle du colonel du 21e régiment d’infanterie légère. Vous marchez trop légèrement et trop vite. Vous créez des ordres de chevalerie, ce qui est une chose ridicule. La Légion d’honneur n’a jamais été considérée comme un ordre de chevalerie. Vous ne vous contentez pas d’en faire un, vous en faites deux. Il fallait attendre l’occasion de votre couronnement pour leur donner une époque et une forme imposante. Si vous n’y avez pas nommé, laissez dormir cela. Je vous avais écrit de ne point le faire; mais vous me consultez, sans jamais exécuter ce que je vous dis; cela vous expose à faire des choses ridicules. Il y a à peine six mois que vous êtes roi. Toutes ces choses ne se font qu’avec le temps. Ce sont des troupes et de la force qu’il faut organiser. Le corps hollandais qui fait partie de la Grande Armée est sous mes ordres directs; n’en retirez aucun détachement sans mon autorisation. Votre intendant a continué à faire des réquisitions dans les pays conquis; ce sont de mauvaises choses. Le général Dumonceau a levé des contributions pour payer la solde; cela est impossible. Toutes les contributions provenant du territoire sont au profit de la Grande Armée. Cependant, vous devez éprouver du soulagement, car, indépendamment de l’Ost-Frise et du pays d’Oldenburg, que je vous ai donnés, vous êtes encore déchargé de la nourriture de vos troupes.
Varsovie, 8 janvier 1807
A l’Impératrice, à Mayence
Ma bonne amie, je reçois ta lettre du 27 avec celles de M . Napoléon et d’Hortense, qui y étaient jointes. Je t’avais priée de rentrer
à Paris. La saison est trop mauvaise, les chemins peu sûrs et détestables, les espaces trop considérables pour que je permette que tu viennes jusqu’ici, où mes affaires me retiennent. Il te faudrait au moins un mois pour arriver, tu y arriverais malade, il faudrait peut-être repartir alors; ce serait donc folie. Ton séjour à Mayence est trop triste; Paris te réclame; vas-y, c’est mon désir. Je suis plus contrarié que toi; j’eusse aimé à partager les longues nuits de cette saison avec toi; niais il faut obéir aux circonstances.
Adieu, ma bonne amie, tout à toi.
Varsovie , 8 janvier 1807
A la reine d’Étrurie
Madame ma Sœur, j’ai reçu la lettre où Votre Majesté veut bien m’informer de la part qu’elle prend aux avantages que j’ai obtenus contre nos ennemis. Leurs plans d’attaque menaçaient mes alliés comme moi. Les mêmes succès nous ont servis tous, et les événements qui m’ont rendu maître du nord de l’Allemagne ont assuré le repos de l’Italie, ont protégé les États de Votre Majesté. Elle n’a, pour entrer dans ce plan de défense commune, aucun armement à faire, elle a seulement à préserver ses États de toute relation de commerce avec nos ennemis. L’Angleterre, exclue, de tous les ports depuis la Baltique jusqu’à Tarente, ne doit pas espérer plus de faveur dans un royaume qu’elle a refusé de reconnaître; l’Angleterre, armée contre la France, armée contre l’Espagne, ne trouvera pas chez la fille de Sa Majesté Catholique de nouveaux moyens pour faire la guerre à l’Espagne, pour faire la guerre à la France. Sa Majesté Catholique, dont vous aimez, Madame, à suivre les exemples, me donne avec loyauté des preuves de son attachement à l’alliance et ne m’a jamais mis dans le cas de douter de la sincérité de ses sentiments
Varsovie, 8 janvier 1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je reçois vos courriers du 25 et du 26 décembre. Il me semble que ce qu’il y a de plus prudent à faire est, lorsqu’il y aura moins d’inquiétudes pour les subsistances, d’empêcher la sortie des blés de France. Tenez un conseil sur cet objet. L’année me parait fort extraordinaire, et je suis porté à penser que nous aurons une mauvaise récolte. Occupez-vous de cela sérieusement, et prenez un parti définitif d’après les résultats du conseil que vous tiendrez.
Varsovie, 8 janvier 1807
A M. Fouché
Rien de nouveau ici. Nous ne sommes désolés que d’une chose c’est qu’il ne fait pas assez froid. Il y avait ces jours-ci un pied de neige, qui avait permis l’usage des traîneaux. Aujourd’hui il dégèle. Nous avons cependant besoin de froid pour rendre les chemins praticables.
Un homme comme Joliclerc serait fort utile ici pour mettre à 1a tête de la police; il ne serait pas hors de propos d’en envoyer un.
Varsovie, 8 janvier 1807
Au général Dejean
Je désirerais avoir un état général de la situation des troupes cheval.
La première colonne de cet état présenterait la formation, savoir :
Des régiments de grosse cavalerie à cinq escadrons;
Des régiments de hussards et de chasseurs à quatre escadrons;
Des régiments de dragons à-quatre escadrons, faisant de 8 à 900 chevaux chacun.
La deuxième colonne de l’état ferait connaître la situation des chevaux au 1er septembre;
La troisième, ce que les dépôts se trouvent avoir acheté au 1er janvier et avoir envoyé à l’armée;
La quatrième, ce que les dépôts ont acheté et l’existant postérieurement au 1er janvier;
La cinquième, ce que les régiments ont reçu du dépôt de Potsdam : j’écris au général Bourcier de vous en envoyer l’état;
La sixième, le total de la situation des régiments au moment où l’état sera dressé;
La septième, ce que doivent produire les marchés approuvés par le ministre et les achats faits par des officiers isolés pour des chevaux qui doivent rentrer avant le 1er février;
La huitième, le nombre de chevaux qui peut être acheté avec l’argent qui reste dans les caisses et au moyen des marchés à conclure;
La neuvième, le total du nombre auquel s’élèvera alors l’effectif des régiments;
La dixième et dernière colonne, le nombre de chevaux qu’il sera nécessaire de se procurer pour porter chaque régiment au complet proposé.
Il ne restera plus, pour avoir une connaissance précise de la situation des corps de troupes à cheval, qu’à déduire de cet état les chevaux perdus, dont le nombre doit d’ailleurs être compensé par celui des chevaux pris à l’ennemi et incorporés sans passer aux dépôts.
Il faudra dresser un état pareil pour les hommes, dont la première colonne sera l’effectif de chaque régiment, en mettant cependant un terme commun, pour qu’il n’y ait pas trop de différence; ce qui est d’autant plus praticable que, par l’appel de la réserve, il peut égaliser les corps.
En général, mon désir est que les hommes de tous les dépôts soient mis à cheval, tant ceux qui y sont en ce moment que ceux qu’ils vont recevoir de la conscription de 1807. Je n’en excepte aucune arme, pas même les dragons.
Je ne regretterais pas une dépense de six ou sept millions, si cela devait me donner 7 ou 8,000 chevaux de plus. Mais il faut que j’aie les hommes, et le ministre jugera, par la situation des dépôts, si cela est possible. Tout ce que j’ai ici est ou sera monté.
Ainsi donc, mon intention est d’avoir autant de chevaux que je puis me procurer d’hommes. La quantité d’hommes est bornée, puisqu’elle est subordonnée à la nécessité d’en donner à toutes les armes. La quantité des chevaux ne l’est pas, puisqu’elle ne dépend que de l’argent qu’on peut employer à en acheter, et que je suis en position de pouvoir faire les dépenses nécessaires pour cela.
S’il est vrai que j’aie, avec les réserves, avec la conscription de 1806, avec la réserve de cette année et avec la conscription de 1807, le moyen de porter ma cavalerie à 80,000 hommes, mon intention est d’avoir, avant le mois de mai, 80,000 chevaux.
Dans cette supposition, et pour réaliser cette volonté, il n’y aurait plus d’autre objection que l’argent, et, comme je le dis plus haut, cette objection n’en est pas une dans ma position. On pourrait observer aussi que l’on aurait de la sorte des compagnies et des escadrons trop nombreux; mais cette objection n’est pas fondée. Les escadrons de grosse cavalerie sont à 180 hommes par la dernière formation, ils seraient à 220, qu’il n’y aurait à cela aucun inconvénient. Les petits dépôts, la consommation des marches, les ordonnances, les escortes de bagages, ont bientôt réduit les escadrons ligne à 150 ou 160 chevaux. Les escadrons de cavalerie légère même sont aujourd’hui ridicules; ils ne sont pas à 100 hommes présents sous les armes en ligne. On les porterait, par l’organisation, à 3 où 350, qu’il n’y aurait aucun inconvénient pour les mouvements.
Mon intention n’est donc pas d’augmenter mes cadres, mais je veux les renforcer autant que je pourrai leur fournir des hommes. Ma limite est là, et une fois que j’aurai les hommes, je ne veux rien épargner pour leur procurer des chevaux et les monter tous. Je crois, par exemple, que les régiments qui se trouvent en Italie sont à 900 et 1,000 hommes; il faut leur procurer des chevaux pour qu’ils aient 900 ou 1,000 chevaux. Il ne doit y avoir aucune différence entre l’Italie et la Grande Armée, parce que, cette mesure étant prise pour l’Italie, j’en tirerai alors des régiments pour les faire venir à la Grande Armée.
Si je n’avais à considérer que j’ai besoin d’hommes pour l’infanterie et l’artillerie, et si je pouvais en mettre dans les troupes à cheval autant que je le désire, je ne serais pas éloigné de porter les régiments de grosse cavalerie à 1,000 hommes, formant cinq escadrons de 200 hommes chacun; les régiments de hussards et chasseurs à 1,200 hommes, formant quatre escadrons de 300 hommes chacun; les régiments de dragons à 1,000 hommes, formant quatre escadrons de 250 hommes chacun; ce qui me ferait un total de 84,000 hommes de cavalerie, et nul doute alors qu’il ne fallût procurer aux corps autant de chevaux qu’ils auraient d’hommes.
Mais il faut par-dessus tout faire la défense la plus formelle d’acheter des chevaux de moins de cinq ans. Je préfère de beaucoup des chevaux de 4 pieds 6 pouces, même de 4 pieds 4 pouces, âgés de cinq ou six ans, à des chevaux de 4 pieds 10 pouces qui n’auraient que quatre ans. Il ne s’agit pas de la guerre à venir, mais de la guerre présente, et, à la guerre, le moment est tout. Faites sur ce sujet une circulaire à tous les dépôts.
En résumé :
Je veux acheter autant de chevaux que j’ai d’hommes.
Je destine à la cavalerie 10,000 hommes de la conscription de 1807; il faut donc lui fournir autant de chevaux, à moins qu’il ne se trouve dans les dépôts autant de chevaux que d’hommes.
Il y a en Italie 3 ou 4,000 hommes non montés, il faut leur procurer 3 à 4,000 chevaux.
Enfin, si la guerre continue, j’augmenterai encore mes cadres au moyen de la conscription de 1808.