Correspondance de Napoléon – Janvier 1806
Janvier 1806
Munich, 2 janvier 1806
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, je n’ai encore rien de nouveau à vous mander. J’attends ici de pied ferme que je voie clair à tout, et que les ratifications soient échangées.
Je n’ai point ici mes fusils, ce qui ne m’empêche pas d’aller à la chasse tout à l’heure.
L’Électeur est proclamé Roi hier.
Munich, 3 janvier 1806, 2 heures du matin
Au prince Eugène
Mon Cousin, douze heures au plus tard après la réception de la présente lettre, vous partirez en toute diligence pour vous rendre à Munich. Tâchez d’être arrivé le plus tôt possible, afin d’être certain de m’y trouver. Vous laisserez votre commandement entre les mains du général de division que vous croirez le plus capable et probe. Il est inutile que vous ameniez beaucoup de suite. Partez promptement et incognito, tant pour courir moins de danger que pour éprouver moins de retard.
Envoyez-moi un courrier qui m’annonce votre arrivée vingt-quatre heures avant.
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Une heure après la réception de cette lettre, envoyez-moi un courrier pour m’annoncer le jour que vous croyez arriver.
Munich, 3 janvier 1806, 3 heures du matin
ORDRE
Le général Duroc se rendra demain, à sept heures du matin, chez M. Otto. Il lui témoignera mon mécontentement que le contrat ne soit pas signé. Il fera mettre dans ce contrat que le mariage sera célébré à Munich, le 15 janvier. M. Duroc se portera lui-même M. Montgelas, si M. Otto le juge nécessaire. Il lui dira qu’il est convenable qu’il se présente chez moi demain à midi, et m’annonce que le contrat est signé.
Munich, 3 janvier 1806
A M. Cambacérès
Je vous remercie de ce que vous me dites à l’occasion du nouvel an. Je désire que vous m’en écriviez encore une vingtaine de pareilles, mais surtout sans faire usage d’ipécacuanha.
Munich, 3 janvier 1806
A M. Champagny
J’ai vu avec plaisir la promesse qu’a faite M. de Lalande et ce qui s’est passé à cette occasion.
Je vous remercie de ce que vous me dites à l’occasion du nouvel an. Cette nouvelle année augmentera, s’il est possible, vos droits à mon estime et à ma confiance.
Munich, 3 janvier 1806
Au maréchal Jourdan
J’ai reçu votre lettre du ler nivôse (22 décembre 1805). Je vous remercie de ce que vous me dites sur les dernières affaires. J’ai appris avec peine votre maladie, qui m’a empêché de vous employer en Hollande. C’était, dans ma pensée, l’armée du Nord que je vous destinais. Je ne vous la donne pas à présent, où l’on est au milieu des arrangements de la paix; mais, s’il survient quelques événements, je vous y nommerai.
Munich, 3 janvier 1806
A l’électeur de Salzburg
Mon Frère, M. Manfredini m’a remis la lettre de Votre Altesse Royale. J’ai regardé comme une circonstance heureuse pour moi l’occasion qui s’est présentée d’améliorer votre position et d’assurer votre indépendance dans les nouveaux arrangements de la paix. M. Manfredini vous dira combien je désire faire quelque chose qui soit agréable à Votre Altesse Royale et vous convaincre de l’estime et de l’amitié que je vous porte.
Munich, 3 janvier 1806
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, faites passer sur l’Italie les premiers 6,000 hommes sur les 12,000 de la réserve qui ne sont pas répartis dans les corps.
Dirigez-les sur Innsbruck et Vérone, pour être à la disposition du prince Eugène, qui les distribuera dans les corps qui en ont le besoin.
Si les Autrichiens ont beaucoup de canons à Venise, on pourrait convenir d’un échange avec ceux de Vienne.
Munich, 3 janvier 1806
ORDRE
Le général Bertrand partira demain matin pour se rendre à Kufstein. Il continuera de là sa reconnaissance de l’Inn et de la Salza, pour servir en temps de guerre.
Il se rendra à Salzburg pour y connaître la conduite qu’on y a tenue, pour la levée des contributions, etc.
Il reconnaîtra les limites du Tyrol, avec Salzburg, et aura soin de voir le rapport qu’aurait sa droite avec l’armée d’Italie.
Quand cette reconnaissance sera parfaitement faite, et il y mettra le temps convenable, il viendra me joindre où je serai. Si j’ai dépassé Augsbourg, il s’y arrêtera pour bien déterminer le système de défense de cette place.
Munich, 3 janvier 1805
A M. de Brême, ministre de l’intérieur du royaume d’Italie
Je reçois votre lettre du 21 décembre. Ma confiance dans vos talents et dans votre attachement est entière. Vous avez un département à réformer; il exigera d’autant plus de soin que Venise vient d’y être réunie. Je compte sur l’emploi de toutes vos lumières; comptez sur mon estime et sur toute ma confiance.
Munich, 4 janvier 1805
A M. Fouché
Monsieur Fouché, je lis votre bulletin du 7 nivôse (28 décembre 1805). Je vous ai fait connaître que je ne désirais pas qu’on fit sortir les prêtres de leurs fonctions et qu’on leur donnât trop d’importance civile. En général, il ne faut point se fâcher ni discuter, surtout avec les prêtres, lorsque cela n’est point d’une nécessité absolue. Il faut les maintenir dans leurs limites. C’est un grand mal que de leur faire sentir qu’ils ont une importance politique. Il faut porter beaucoup d’attention aux prêtres comme hommes, les mettre à leur place sous ce point de vue, mais éviter de donner lieu à l’intérêt qu’ils attachent souvent à des enfantillages.
Munich, 4 janvier 1806
Au roi de Wurtemberg
Je reçois votre lettre du. . . Je remercie Votre Majesté de la notification qu’elle a bien voulu me faire de sa prise de possession de la dignité royale. Personne ne prendra jamais plus de part que moi et les princes de ma Maison à tout ce qui arrivera d’heureux à la Maison de Votre Majesté. Elle peut être convaincue que je n’hésiterai, dans aucune circonstance, à mettre en avant tous les moyens de ma couronne pour soutenir le trône où elle vient de monter.
Munich, 4 janvier 1806
A l’électeur de Bade
Mon Frère, j’ai été extrêmement touché de tout ce que m’a dit M. de Thiard. Votre Altesse peut être persuadée que je saisirai toutes les occasions de lui être agréable. La reine de Bavière m’a fait connaître que le prince Charles se trouvait contrarié et malheureux des liaisons que le désir de resserrer les liens qui nous unissent m’ont fait concevoir. Mon premier désir est de ne rien faire que ce qui pourra contribuer à la satisfaction du prince Charles, et les idées que j’ai conçues ne me seront chères que lorsqu’elles pourront se concilier avec ses inclinations et son bonheur.
Il me reste à vous recommander le prince Louis; j’avais désiré le comprendre nominativement dans un des articles du traité qui concernent votre Maison; mais j’ai voulu laisser à votre cœur paternel le soin de lui assurer un rang digne de sa naissance, et qui le mette ainsi dans une position à avoir une existence heureuse, qui est le but auquel tendent tous les efforts des princes comme des autres hommes. Je prie Votre Altesse de ne jamais douter de mon amitié, et du plaisir que j’aurai à vous en donner des preuves dans toutes les circonstances.
Munich, 5 janvier 1806
Au prince Clément-Wenceslas de Saxe, ci-devant électeur de Trèves
Mon Cousin, dans le doute si l’électeur de Hanovre acquittera ce qu’il doit payer à Votre Altesse, en conséquence du recès de l’Empire, pendant que mes troupes ont occupé l’électorat de Hanovre, j’ai trouvé convenable et juste de le lui payer moi-même, sans préjudice de l’acquit que le roi d’Angleterre pourrait lui faire de la somme qui lui est due. Votre Altesse peut donc ordonner à son ministre de tirer une lettre de change de 30,000 florins sur M. Estève, mon trésorier général à Paris; elle sera acquittée sur présentation. Votre Altesse petit être bien persuadée du désir que j’ai de saisir l’occasion de faire ce qu’elle demande pour assurer la juste et faible indemnité qui lui a été accordée.
Munich, 5 janvier 1806
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, expédiez le général Berthier, votre frère, avec le décret qui nomme le prince Joseph commandant en chef de l’armée de Naples. Il restera au quartier général de cette armée, gardera le plus profond secret sur l’objet de sa mission, et ce ne sera que lorsque que le prince arrivera qu’il lui remettra le décret. Je dis qu’il doit garder le plus profond secret, parce que je ne suis pas sûr que le prince Joseph accepte, et, à cause de cela, il ne faut pas que rien soit connu.
Munich, 6 janvier 1806
Au roi de Bavière
Monsieur mon Frère, au moment où les troupes de Votre Majesté vont rentrer dans son royaume et cesser d’être sous mes ordres, je dois lui faire connaître la satisfaction que j’ai éprouvée de leurs services et de la bravoure qu’elles ont montrée dans les différentes affaires contre le corps de Kienmayer, avant le passage de l’Inn, et, depuis, aux combats de Lofer et d’Iglau. Désirant leur donner un témoignage de cette satisfaction , je vous prie, Monsieur mon Frère, de permettre que j’accorde au général Deroy une pension, au général de Wrede le rang de grand officier dans ma Légion d’honneur, et que je donne aux braves qui se sont le plus distingués quarante places dans madite Légion d’honneur, dont vingt aux officiers et vingt aux soldats, avec la jouissance de la pension qui y est attachée par les constitutions de la Légion. Ces récompenses ne sont point proportionnées aux services qu’ils ont rendus; mais qu’elles leur soient une preuve de mon estime et du cas que je fais de vos armées. Ils étaient animés par la justice de notre cause et par le sentiment qu’ils avaient à défendre leur souverain et leur patrie. Ils ont été en tout dignes de faire partie de la Grande Armée.
Munich, 7 janvier 1806
A M. Cambacérès
Mon Cousin, le mariage de mon fils le prince Eugène avec la la princesse Auguste de Bavière se fait le 15. Cela retarde mon départ de quelques jours. Je désire que vous portiez au Sénat la lettre ci-jointe, si le prince Joseph est parti; sans quoi, vous la lui remettriez pour qu’il la communique lui-même.
Je désire également que vous fassiez part de ce mariage à mes ministres et à mon Conseil d’État. Je sais la part qu’ils prennent à ce qui m’est agréable, et rien ne me l’est davantage que l’union d’une princesse aussi parfaite que la princesse Auguste avec un enfant pour qui tout le monde connaît mes tendres sentiments.
Vous laisserez aussi entrevoir que je n’ai pas été fâché de rester huit ou dix jours ici, pour m’assurer que tout ce qui a été convenu s’exécute. Je vous envoie les conditions de la paix; communiquez-les au Sénat, et après vous les ferez publier.
Munich, 7 janvier 1806
MESSAGE AU SÉNAT
Sénateurs, la paix a été conclue à Presbourg et ratifiée à Vienne entre moi et l’empereur d’Autriche. Je voulais, dans une séance solennelle, vous en faire connaître moi-même les conditions; mais, ayant depuis longtemps arrêté avec le roi de Bavière le mariage mon fils le prince Eugène avec la princesse Auguste sa fille, et trouvant à Munich au moment où la célébration dudit mariage doit avoir lieu , je n’ai pu résister au plaisir d’unir moi-même les jeunes époux, qui sont tous deux le modèle de leur sexe. Je suis d’ailleurs bien aise de donner à la Maison royale de Bavière et à ce brave peuple bavarois qui, dans cette circonstance, m’a rendu tant de services et montré tant d’amitié, et dont les ancêtres furent
constamment unis de politique et de cœur à la France, cette preuve de ma considération et de mon estime particulières.
Le mariage aura lieu le 15 janvier. Mon arrivée au milieu de mon peuple sera donc retardée de quelques jours. Ces jours paraîtront longs à mon cœur; mais, après avoir été sans cesse livré aux devoirs d’un soldat, j’éprouve un tendre délassement à m’occuper des détails et des devoirs d’un père de famille. Mais, ne voulant point retarder davantage la publication du traité de paix, j’ai ordonné en conséquence de nos statuts constitutionnels, qu’il vous soit communiqué sans délai, pour être ensuite publié comme loi de l’Empire.
Munich, 7 janvier 1806
A S. S. le Pape
Très-saint Père, je reçois une lettre de Votre Sainteté, sous la date du 13 novembre. Je n’ai pu qu’être vivement affecté de ce que, quand toutes les puissances à la solde de l’Angleterre s’étaient coalisées pour me faire une guerre injuste, Votre Sainteté ait prêté l’oreille aux mauvais conseils et se soit portée à m’écrire une lettre si peu ménagée. Elle est parfaitement maîtresse de garder mon ministre à Rome ou de le renvoyer. L’occupation d’Ancône est la suite immédiate et nécessaire de la mauvaise organisation de l’état militaire du Saint-Siège. Votre Sainteté avait intérêt à voir cette forteresse plutôt dans mes mains que dans celles des Anglais ou des Turcs. Votre Sainteté se plaint de ce que, depuis son retour à Paris, elle n’a eu que des sujets de peine; la raison en est que, depuis lors, tous ceux qui craignaient mon pouvoir et me témoignaient de l’amitié ont changé de sentiments, s’y croyant autorisés par la force de la coalition, et que, depuis le retour de Votre Sainteté à Rome, je n’ai éprouvé que des refus de sa part sur tous les objets, même sur ceux qui étaient d’un intérêt de premier ordre pour la religion, comme, par exemple, lorsqu’il s’agissait d’empêcher le protestantisme de lever la tête en France. Je me suis considéré comme le protecteur du Saint-Siège, et, à ce titre, j’ai occupé Ancône. Je me suis considéré, ainsi que mes prédécesseurs de la deuxième et de la troisième race, comme le fils aîné de l’Église, comme ayant seul l’épée pour la protéger et la mettre à l’abri d’être souillée par les Grecs et les musulmans. Je protégerai constamment le Saint-Siège, malgré les fausses démarches, l’ingratitude et les mauvaises dispositions des hommes qui se sont démasqués pendant ces trois mois. Ils me croyaient perdu : Dieu a fait éclater, par le succès dont il a favorisé mes armes, la protection qu’il a accordée à ma cause. Je serai l’ami de Votre Sainteté toutes les fois qu’elle ne consultera que son cœur et les vrais amis de la religion. Je le répète, si Votre Sainteté veut renvoyer mon ministre, elle est libre de le faire; elle est libre d’accueillir de préférence et les Anglais et le calife de Constantinople; mais, ne voulant pas exposer le cardinal Fesch à ces avanies, je le ferai remplacer par un séculier. Aussi bien la haine du cardinal Consalvi contre lui est telle, qu’il n’a constamment éprouvé que des refus, tandis que les préférences étaient pour mes ennemis. Dieu est juge qui a le plus fait pour la religion, de tous les princes qui règnent.
Sur ce, je prie Dieu, Très-saint Père, qu’il vous conserve longues années au régime et gouvernement de notre mère sainte Église.
Votre dévot fils, l’Empereur des Français, Roi d’Italie.
Munich, 7 janvier 1806
Au cardinal Fesch
Le Pape m’a écrit, en date du 13 novembre, la lettre la plus ridicule, la plus insensée: ces gens me croyaient mort. J’ai occupé la place d’Ancône parce que, malgré vos représentations, on n’avait rien fait pour la défendre, et que d’ailleurs on est si mal organisé , que, quoi qu’on eût fait, on aurait été hors d’état de la défendre contre personne. Faites bien connaître que je ne souffrirai plus tant de railleries; que je ne veux point à Rome de ministre de Russie ni de Sardaigne. Mon intention est de vous rappeler et de vous remplacer par un séculier. Puisque ces imbéciles ne trouvent pas d’inconvénient à ce qu’une protestante puisse occuper le trône de France, je leur enverrai un ambassadeur protestant. Dites à Consali que, s’il aime sa patrie, il faut qu’il quitte le ministère, ou qu’il fasse ce que je demande; que je suis religieux, mais ne suis point cagot; que Constantin a séparé le civil du militaire, et que je puis aussi nommer un sénateur pour commander en mon nom dans Rome. Il leur convient bien de parler de religion, eux qui ont admis les Russes et qui ont rejeté Malte, et qui veulent renvoyer mon ministre ! Ce sont eux qui prostituent la religion. Y a-t-il un exemple d’un nonce apostolique en Russie ? Dites à Consalvi, dites même au Pape que, puisqu’il veut chasser mon ministre de Rome, je pourrai bien aller l’y rétablir. On ne pourra donc rien faire de ces hommes-là que par la force ? Ils laissent périr la religion en Allemagne en ne voulant rien terminer pour le concordat; ils la laissent périr en Bavière, en Italie; ils deviennent la risée des cours et des peuples. Je leur ai donné des conseils qu’ils n’ont jamais voulu écouter. Ils croient donc que les Russes, les Anglais, les Napolitains auraient respecté la neutralité du Pape ! Pour le Pape , je suis Charlemagne, parce que, comme Charlemagne, je réunis la couronne de France à celle des Lombards, et que mon empire confine avec l’Orient. J’entends donc que l’on règle avec moi sa conduite sur ce point de vue. Je ne changerai rien aux apparences si l’on se conduit bien ; autrement, je réduirai le Pape à être évêque de Rome. Ils se plaignent que j’ai fait les affaires de l’Italie sans eux. Fallait-il donc qu’il en fût comme de l’Allemagne, où il n’y a plus de solennités, de sacrements, de religion ? Dites-leur que, s’ils ne finissent pas , je les montrerai à l’Europe comme des égoïstes, et que j’établirai les affaires de l’Église en Allemagne avec l’archichancelier et sans eux. Il n’y a rien, en vérité, d’aussi déraisonnable que la cour de Rome.
Munich, 7 jantier 1806
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, j’approuve la réponse que vous avez faite à M. Gyulai; et je prendrai à mon service le bataillon de marine, infanterie et artillerie, et le bataillon dalmate, que l’empereur voudra me laisser. Vous avez bien fait de laisser pressentir que je laisserai à l’empereur les armures qui sont dans le Tyrol ; il peut donc envoyer quelqu’un pour prendre toutes celles qui lui conviendront.
Les pays de Salzburg et de Berchtesgaden seront occupés au même moment que le seront les bords de l’Inn, en y mettant tout au plus trois ou quatre jours de retard. Je vous recommande de ne point toucher au trésor de huit millions que vous emportez et de le faire filer en toute diligence sur Paris. Je vous recommande aussi beaucoup de ne faire faire aux troupes que de très-petites journées ; il faut qu’elles ne soient point fatiguées par de trop longues marches, qu’il n’y ait point de traînards et que leur retour n’ait pas l’air d’une déroute.
Les routes d’étapes que j’avais fait tracer pour accélérer la marche de l’armée sont trop fortes aujourd’hui. Réglez-les à quatre lieues par jour et un repos tous les trois jours. Enfin, je vous le répète, ménagez mon armée.
Dans deux ou trois jours, le mariage du prince Eugène aura lieu. La princesse est vraiment très belle, et, mieux que cela, extrêmement bonne. J’attends le prince demain.
J’attends l’ordre du jour sur toutes les récompenses accordées à l’armée. Ce sera un petit volume.
Vous devez avoir du papier en caisse; payez-en la solde de l’armée jusqu’au 1er février.
Donnez ordre au général Solignac de se rendre à Paris, pour rendre compte de toutes les opérations de finances des États de Venise.
Munich, 8 janvier 1806
A M. Champagny
Monsieur Champagny, M. Maret vous enverra un décret qui licencie toutes les gardes nationales qui ont été requises. Écrivez-en une circulaire à tous les préfets. Cela me coûte beaucoup d’argent et m’est inutile.
Munich, 8 janvier 1806
A M. Cretet
Le pont commencé sur le Rhin, à Strasbourg, est mal placé; mon intention est qu’il soit établi dans l’endroit où le génie militaire décidera qu’il doit être.
Munich, 8 janvier 1806
Au prince Eugène
Mon fils, mon intention est que les gardes nationales de mon royaume d’Italie soient licenciées, et qu’il n’en soit point envoyé à la suite de l’armée de Naples. Il faut mettre de la méthode et du discernement dans les nouvelles levées; ce n’est pas leur nombre qui en fait la force, mais leur bonne composition. Je vous recommande d’avoir soin, le plus possible, de faire rentrer les fusils.
Par un des articles du traité, les cartes doive être rendues; ainsi envoyez un officier auprès du commandant autrichien de la ville où se trouvent les papiers, pour les recevoir. Il est faux que le général Solignac m’ait parlé d’aucune exaction; il est contre mon caractère de les approuver. Je lui ai fait donner ordre, par le ministre de la guerre, de se rendre à Paris, où je débrouillerai tout cela; en attendant, envoyez-moi tous les documents convenables.
Le pays de Monfalcone ne fait rien aux limites; mon intention est de n’y rien changer; mais on peut établir les douanes sans y comprendre ce pays.