Correspondance de Napoléon – Janvier 1804

Paris, 13 janvier 1804

Au citoyen Louis d’Affry

Citoyen Landamman Louis d’Affry, j’ai reçu votre lettre du 2 janvier. J’ai appris avec grande peine que votre magistrature était terminée. J’aurais fort désiré que, dans les circonstances actuelles, elle eût pu se continuer. J’espère que l’avoyer Watteville marchera sur vos traces.

Dans le travail sur la capitulation militaire, j’aurai égard à toutes vos recommandations et spécialement à tout ce qui vous touche de près. je désire que vous vous regardiez toujours comme un des principaux intéressés à maintenir l’accord entre la Suisse et la France, je verrai toujours avec plaisir ce que vous aurez à me marquer d’intéressant. J’ai vu avec plaisir tout ce que vous m’avez dit du général Ney, et je suis fort aise qu’il ait acquis votre confiance. Veuillez croire à l’estime et à la considération que je vous porte.

 

Paris, 13 janvier 1804

Au citoyen Melzi

Citoyen Melzi, Vice-Président de la République italienne, j’ai reçu vos lettres des 28 et 29 décembre. Comme vous, je ne conçois rien à toutes ces intrigues de Naples. J’ai vu avec plaisir le chef de brigade Fontanelli (Achille Fontanelli, 1775-1857. Il vient d’être nommé aide de camp italien de Bonaparte. Il commandera la Garde royale italienne en 1807, sera ministre de la guerre, en Italie, de 1811 à 1814). Je lui accorde ma confiance puisqu’il a la vôtre, mais, dans la place importante que je lui accorde en lui faisant faire le service-près de moi, je compte que vous me le garantissez. Il ne m’est point revenu de plaintes sur la division italienne; la première colonne arrive samedi; je ne pourrai la voir que dimanche prochain.

 

Paris, 13 janvier 1804

Au citoyen Tascher

Citoyen Tascher, Officier de la Garde, vous partirez dans la journée de demain pour Rome. Vous descendrez chez le cardinal Fesch, ambassadeur de la République, qui vous présentera au Pape, auquel vous remettrez en main propre la lettre ci-jointe. Vous resterez à Rome jusqu’à ce que Sa Sainteté vous ait remis sa réponse. Dans tous les cas, vous y resterez huit ou dix jours pour voir cette ville.

 

Paris, 13 janvier 1804

A S. S. Le Pape

Très-saint Père, j’ai fait communiquer à la diète de Ratisbonne le dernier bref que m’a adressé Votre Sainteté, et lui ai fait connaître le vif intérêt que je prenais à ce qu’il ne fût rien fait que de concert avec elle pour les affaires de religion, afin que Votre Sainteté n’eût, dans cette circonstance, à éprouver aucun sujet d’affliction ni de douleur. J’aurai soin de suivre cette première démarche, et elle peut compter sur tout mon appui et ma bonne volonté. Il suffira qu’elle fasse prévenir le cardinal Caprara, afin qu’il me fasse connaître l’état des choses et les démarches à faire.

J’ai éprouvé une grande consolation de voir terminé le concordat de la République italienne, et Votre Sainteté doit rester persuadée du désir que j’ai de chercher toutes les occasions de rendre heureux et prospère son pontificat.

Je n’ai qu’à me louer, en général, de la marche du clergé en France. Les évêques, les chapitres, les curés et les églises ont déjà un état décent, et mon intention est d’affecter le montant des pensions ecclésiastiques, qui est de 20 millions, à l’entretien du clergé, de sorte qu’à mesure des extinctions qui auront lieu par mort des pensionnaires, je me trouverai à même d’accroître l’aisance et le bien-être des ministres de la religion; et, indépendamment de ce fonds général, mon intention est de commencer, cette année, de faire donner un traitement aux succursaux et vicaires. Nous en avons ici 40,000. Les frais de casuel qui leur avaient été accordés ne sont pas d’un revenu assez considérable ni assez assuré.

J’ai pensé qu’il n’était pas possible, dans la situation actuelle des choses, d’établir un séminaire par diocèse; mais j’ai l’intention de faire établir d’abord un grand séminaire par archevêché; les frais seront moindres, et par là ils pourront être entretenus avec la décence convenable.

Je recommande le cardinal Caselli à Votre Sainteté; il a été honoré de sa confiance, et je ne puis oublier la bonhomie et la pureté des principes que je lui ai reconnus dans les discussions théologiques que j’ai eues avec lui.

Je prie Votre Sainteté d’avoir quelque bonté pour madame Paulette (Pauline Bonaparte !), et de lui donner quelquefois ses conseils.

J’ai dans ce moment un grand nombre de pétitions des catholiques d’Irlande, qui sont sous une oppression vraiment intolérable et bien incompatible avec ces principes de philosophie dont se targuent les Anglais. Je désirerais connaître si Votre Sainteté y a quelques renseignements et quelques fils, et de quelle manière elle influe sur les-dits catholiques. Je ne pense pas qu’ils soient tout à fait privés de correspondance avec le Saint-Siége.

Je charge de cette lettre le citoyen Tascher, officier de la Garde, créole de la Martinique. Je prie Votre Sainteté de le recevoir avec bonté.

 

Paris, 13 janvier 1804

Au cardinal Fesch

Monsieur le cardinal Fesch, Ambassadeur de la République, j’envoie à Rome le citoyen Tascher, parent de ma femme, pour que vous le présentiez au Pape. Il est chargé d’une lettre de moi à Sa Sainte. Je crois même qu’il lui en remettra une de ma femme, en réponse une qu’elle en a reçue l’année passée, ainsi qu’un rochet (rochet . surplis à manche étroites des évêques et de certains dignitaires ecclésiastiques) qu’elle a fait faire. Vous ne le présenterez pas comme parent de ma femme mais comme officier de la Garde, en en disant assez cependant pour qu’il soit bien traité. Je l’autorise à rester à Rome huit ou dix jours,  après quoi il s’en retournera ici.

 

Paris, 13 janvier 180Au cardinal Fesch

Monsieur le Cardinal Fesch, j’ai été satisfait d’apprendre l’arrestation de Vernègues. Il est convenable qu’il soit remis sans délai aux premiers postes français à Rimini et conduit, sous bonne et sûre escorte, à Paris. On ne doit attacher aucune importance à la démarche qui a été faite par les Russes; d’abord, parce qu’elle n’est pas approuvée par l’empereur; mais il sera possible que quelques intrigants de ce cabinet, gagnés par l’Angleterre, veuillent se mêler de ce qui ne les regarde pas. Le moyen d’éviter les discussions est de le faire partir sur-le-champ. La Russie est hors de la sphère de l’Europe, et, indépendamment que Vernègues est français, cette affaire ne peut rien la regarder.

 

Paris, 13 janvier 1804

Au général Berthier, ministre de la guerre

Faites venir MM. Emmet, Thompson et autres chefs irlandais-unis; faites-leur connaître, 1° que j’ai lu le mémoire ci-joint avec la plus grande attention; que je ne puis faire aucune proclamation avant d’avoir touché le territoire d’Irlande; mais que le général commandant l’expédition sera muni de lettres scellées, par lesquelles je déclarerai que je ne ferai point la paix avec l’Angleterre sans admettre l’indépendance de l’Irlande, toutefois que l’armée aura été jointe par un corps considérable d’Irlandais-unis; que l’Irlande sera en tout traitée comme l’Amérique dans la guerre passée;

2° Que tout individu qui s’embarquera avec l’armée française, faisant partie de l’expédition, sera commissionné Français; et s’il était arrêté et ne fût pas traité comme prisonnier de guerre, la représaille (sic) serait faite sur les prisonniers anglais;

3° Que tout corps formé au nom des Irlandais-unis sera considéré comme faisant partie de l’armée française; si l’expédition venait à ne pas réussir, la France entretiendrait un certain nombre de brigades irlandaises, et donnerait des pensions à tout individu qui aurait fait partie du gouvernement et des autorités du pays; ces pensions pourraient être réglées d’après les pensions données en France aux conditions équivalentes, lorsque les individus ne sont pas employés; que je désirerais qu’il se formât un comité d’Irlandais-unis, et que je ne vois pas d’inconvénient à ce qu’ils fassent des proclamations et instruisent leurs compatriotes de l’état des choses. On ferait mettre ces proclamations dans l’Argus et dans les autres journaux d’Europe, afin d’éclairer les Irlandais sur le parti à tenir et sur les espérances à concevoir.

Si le comité voulait faire une narration de toutes les tyrannies exercées en Irlande, on l’insérerait dans le Moniteur.

 

Paris, 13 janvier 1804

NOTE POUR LE MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES

Répondre que la lettre a été mise sous les yeux du ministre, qui a eu lien d’être surpris.

Le Gouvernement français ne peut reconnaître dans aucune puissance belligérante le droit de faire des modifications au droit des gens et de la guerre établi entre toutes les nations policées depuis tant de siècles. Les 25,000 sujets de Sa Majesté Britannique qui ont été pris les armes à la main dans les États de Hanovre, commandés par un de ses fils, et après avoir essayé de résister, et par suite de la proclamation de Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne, qui avait même ordonné une levée en masse, sont prisonniers de guerre et doivent être échangés. Le droit des gens et de la guerre ne connaît pas de distinction métaphysique, et il est tout à fait nouveau que dans le temps où Sa Majesté forme des soldats hanovriens qui ont passé en Angleterre, le roi veuille proposer un cartel d’échange tout en sa faveur et contraire au droit de la guerre. Le ministre ne peut que déplorer ces mesures arbitraires, qui aggravent pour l’humanité un état déjà trop déplorable. La faute n’en sera pas attribuée au Gouvernement français, mais à la violation du droit des gens et d’usages que veut établir Sa Majesté Britannique.

 

Paris, 13 janvier 1804

DÉCISION

Les Anglais refusent tout autre officier que le capitaine Brenton en échange du citoyen Jurien. Il faut donc ou renvoyer Brenton ou donner un passe-port à Jurien.Échanger le capitaine Jurien pour le colonel Smith, qui s’est  sauvé. Si les Anglais n’y consentent pas, ils renverront le colonel Smith, et alors le citoyen Jurien retournera en Angleterre. Écrire en conséquence et dès à présent au citoyen Jurien qu’il est échangé.

 

DÉCISION

Le ministre de la guerre propose d’accorder aux citoyens Bastide, des lettres de marque pour deux corsaires, sur lesquels 160 hommes de troupes seraient portés gratuitement à la Martinique.Le ministre de la guerre fournira deux compagnies, chacune  de 80 hommes, pris dans le bataillon colonial qui est dans  14e division militaire. Ils seront embarqués à Saint-Malo sur deux corsaires; chaque bâtiment sera aussi obligé de porter trois cent fusils.

 

Paris, 13 janvier 1804

Au général Davout, commandant le camp de Bruges

Citoyen Général Davout, j’ai reçu vos lettres. Je ferai remettre avant la fin du mois à madame Davout ce qui vous est nécessaire pour vous mettre à jour pour votre terre.

On a accordé aux convalescents tout ce qu’ils pouvaient désirer. J’ai reçu tous vos états, que je n’ai pu encore lire.

J’attendrai le retour du ministre de la marine pour savoir les mesures qu’il aura prises et qui resteraient à prendre pour se procurer des matelots. La saison s’avance.

 

 Paris, 13 janvier 1804

Au citoyen Fleurieu, conseiller d’État, chargé par intérim du portefeuille de la marine

Le Premier Consul, Citoyen Ministre, a lieu d’être surpris de ce que les bureaux du ministre ne peuvent pas rendre un compte aussi simple que celui qui avait été demandé. Il est persuadé que tous les états existent, mais qu’on ne prend pas la peine de les dépouiller.

Il désire que vous fassiez dresser un état des bâtiments qui ont été mis en construction pour la flottille, par arrondissement maritime et par port. Chaque bâtiment, avec son numéro, sera désigné dans la 1e colonne. La 2e colonne présentera l’état de la construction faite; la 3e, ce qui est dû aux constructeurs pour le travail fait; la 4e, ce qui a été payé sur ce travail; la 5e, ce qui restait à payer; la 6e, ce qui aurait été payé de trop.

On entend par payé de trop tout ce qui l’aurait été pour des bâtiments dont la quille ne serait qu’élongée ou dont la construction ne s’approcherait pas du quart payé d’avance à l’entrepreneur. On fera, à cet égard, les observations nécessaires Pour apprécier l’excédant de ce qu’on a payé sur le travail effectué.

Le ministre de la marine, dans sa tournée, a arrêté la construction d’un grand nombre de bâtiments , parce qu’il s’est aperçu qu’il y avait des malversations. Ces bâtiments seront compris dans la colonne du trop payé.

Une partie du gréement a été fournie par les entrepreneurs; l’autre l’a été par les ports. On notera ce que les entrepreneurs ont fourni; ce qui l’a été par les ports entrera dans la défense des ports.

Je me suis empressé, Citoyen Ministre, de vous adresser ces notes pour ne pas retarder la rédaction de ces états, qui iront jusqu ler nivôse.

 

Paris, 1er janvier 1804

DÉCISION

Le général Morand adresse au Premier Consul une carte de la Corse, avec l’indication des nouvelles routes projetées pour l’an XII.Renvoyé au citoyen Cretet. Il faut, avant d’ordonner aucune espèce de travail, faire achever  la route d’Ajaccio à Bastia; les autres travaux se feront après.

 

 

Paris, 16 janvier 1804

EXPOSÉ DE LA SITUATION DE LA RÉPUBLIQUE
MESSAGE AU SÉNAT CONSERVATEUR

La République a été forcée de changer d’attitude, mais elle n’a point changé de situation; elle conserve toujours, dans le sentiment de sa force, le gage de sa prospérité. Tout était calme dans l’intérieur de la France, lorsqu’au commencement de l’année dernière, nous entretenions encore l’espérance d’une paix durable. Tout est resté calme, depuis qu’une puissance jalouse a rallumé les torches de la guerre; mais, sous cette dernière époque, l’union des intérêts et sentiments s’est montrée plus pleine et plus entière; l’esprit public s’est développé avec plus d’énergie.

Dans les nouveaux départements que le Premier Consul a parcourus, il a entendu, comme dans les anciens, les accents d’une indignation vraiment française; il a reconnu, dans leur haine contre un gouvernement ennemi de notre prospérité, mieux encore que dans les élans de la joie publique et d’une affection personnelle, attachement à la patrie, leur dévouement à sa destinée.

Dans tous les départements, les ministres du culte ont usé de l’influence de la religion pour consacrer ce mouvement spontané des esprits. Des dépôts d’armes, que des rebelles fugitifs avaient confiés à la terre pour les reprendre dans un avenir que leur forgeait une coupable prévoyance, ont été révélés au premier signal du danger et livrés aux magistrats pour en arrner nos défenseurs.

Le Gouvernement britannique tentera de jeter, et peut-être il a déjà jeté sur nos côtes, quelques-uns de ces monstres qu’il a nourris pendant la paix, pour déchirer le sol qui les a vus naître; mais ils n’y retrouveront plus ces bandes impies qui furent les instruments de leurs premiers crimes; la terreur les a dissoutes ou la justice en a purgé nos contrées; ils n’y retrouveront ni cette crédulité dont ils abusèrent, ni ces haines dont ils aiguisèrent les poignards. L’expérience a éclairé tous les esprits; la sagesse des lois et de l’administration a réconcilié tous les cœurs.

Environnés partout de la force publique, partout atteints par les tribunaux, ces hommes affreux ne pourront désormais ni faire des rebelles, ni recommencer impunément leur métier de brigands et d’assassins.

Tout à l’heure une misérable tentative a été faite dans la Vendée: la conscription en était le prétexte; mais citoyens, prêtres, soldats, tout s’est ébranlé pour la défense commune; ceux qui, dans d’autres temps, furent des moteurs de troubles, sont venus offrir leurs bras à l’autorité publique, et, dans leurs personnes et dans leurs familles, des gages de leur foi et de leur dévouement.

Enfin, ce qui caractérise surtout la sécurité des citoyens, le retour des affections sociales, la bienfaisance se déploie tous les jours davantage; de tous côtés on offre des dons à l’infortune, et des fondations à des établissements utiles.

La guerre n’a point interrompu les pensées de la paix, et le Gouvernement a poursuivi avec constance tout ce qui tend à mettre la constitution dans les mœurs et dans le tempérament des citoyens, tout ce qui doit attacher à sa durée tous les intérêts et toutes les espérances.

Ainsi le Sénat a été placé à la hauteur où son institution l’appelait. Une dotation telle que la constitution l’avait déterminée l’entoure d’une grandeur imposante.

Le Corps législatif n’apparaîtra plus qu’environné de la majesté que réclament ses fonctions ; on ne le cherchera plus vainement hors de ses séances. Un président annuel sera le centre de ses mouvements, et l’organe de ses pensées et de ses vœux dans ses relations avec le Gouvernement. Ce corps aura enfin cette dignité qui ne pouvait exister avec des formes mobiles et indéterminées.

Les collèges électoraux se sont tenus partout avec ce calme, avec cette sagesse qui garantissent les heureux choix.

La Légion d’honneur existe dans les parties supérieures de son organisation et dans une partie des éléments qui doivent la composer. Ces éléments, encore égaux, attendent d’un dernier choix leurs fonctions et leurs places. Combien de traits honorables ont révélé l’ambition d’y être admis ! Que de trésors la République aura dans cette institution pour encourager, pour récompenser les services et les vertus!

Au Conseil d’État, une autre institution prépare au choix du Gouvernement des hommes pour toutes les branches supérieures de l’administration : des auditeurs s’y forment dans l’atelier des règlements et des lois; ils s’y pénètrent des principes et des maximes de l’ordre public. Toujours environnés de témoins et de juges, souvent sous les yeux du Gouvernement, souvent dans des missions importantes, ils arriveront aux fonctions publiques avec la maturité de l’expérience et avec la garantie que donnent un caractère, une conduite et des connaissances éprouvés.

Des lycées, des écoles secondaires s’élèvent de tous côtés, et ne s’élèvent pas encore assez rapidement au gré de l’impatience des citoyens. Des règlements communs, une discipline commune, un même système d’instruction y vont former des générations qui soutiendront la gloire de la France par des talents, et ses institutions par des principes et des vertus.

Un prytanée unique, le prytanée de Saint-Cyr, reçoit les enfants des citoyens qui sont morts pour la patrie; déjà l’éducation y respire l’enthousiasme militaire.

A Fontainebleau, l’école spéciale militaire compte plusieurs centaines de soldats qu’on ploie à la discipline, qu’on endurcit à la fatigue, qui acquièrent, avec les habitudes du métier, les connaissances de l’art.

L’école de Compiègne offre l’aspect d’une vaste manufacture, où cinq cents jeunes gens passent de l’étude dans les ateliers, des ateliers à l’étude. Après quelques mois ils exécutent, avec la précision de l’intelligence, des ouvrages qu’on n’en aurait pas obtenus après des années d’un vulgaire apprentissage; et bientôt le commerce et l’industrie jouiront de leur travail et des soins du Gouvernement.

Le génie, l’artillerie n’ont plus qu’une même école et une institution commune.

La médecine est partout soumise au nouveau régime que la loi lui a prescrit. Dans une réforme salutaire, on a trouvé les moyens de simplifier la dépense et d’ajouter à l’instruction.

L’exercice de la pharmacie a été mis sous la garde des lumière et de la probité.

Un règlement a placé, entre le maître et l’ouvrier, des juges qu terminent leurs différends avec la célérité qu’exigent leurs intérêts et leurs besoins, et aussi avec l’impartialité que commande la justice. Le code civil s’achève; et, dans cette session, pourront être soumis aux délibérations du Corps législatif les derniers projets de lois qui en complètent l’ensemble.

Le code judiciaire, appelé par tous les vœux, subit en ce moment des discussions qui le conduiront à sa maturité.

Le code criminel avance ; et, du code de commerce, les parties que paraissent réclamer le plus impérieusement les circonstances sont en état de recevoir le sceau de la loi dans la session prochaine.

De nouveaux chefs-d’œuvre sont venus embellir nos musées ; et, tandis que le reste de l’Europe envie nos richesses, nos jeunes artistes vont encore, au sein de l’Iltalie, échauffer leur génie à la vue de ses grands monuments, et respirer l’enthousiasme qui les a enfantés.

Dans le département de Marengo, sous les murs de cette Alexandrie qui sera un des plus puissants boulevards de la France, s’est formé le premier camp de nos vétérans ; là, ils conserveront le souvenir de leurs exploits et l’orgueil de leurs victoires ; ils inspireront leurs nouveaux concitoyens l’amour et le respect de cette patrie qu’ils ont agrandie, et qui les a récompensés; ils laisseront dans leurs enfants des héritiers de leur courage, et de nouveaux défenseurs de cette patrie dont ils recueilleront les bienfaits.

Dans l’ancien territoire de la République, dans la Belgique, d’antiques fortifications, qui n’étaient plus que d’inutiles monuments des malheurs de nos pères ou des accroissements progressifs de la France, seront démolies. Les terrains qui avaient été sacrifiés à leur défense seront rendus à la culture et au commerce; et, avec les fonds que produiront ces démolitions et ces terrains , seront construites de nouvelles forteresses sur nos nouvelles frontières.

Sous un meilleur système d’adjudication , la taxe d’entretien des routes a pris de nouveaux accroissements : des fermiers d’une année étaient sans émulation ; des fermiers de portions trop morcelée étaient sans fortune et sans garantie. Des adjudications triennales, des adjudications de plusieurs barrières à la fois, ont appelé des concurrents plus nombreux, plus riches et plus hardis.

Le droit de barrière a produit, en l’an XI, quinze millions; dix de plus ont été consacrés dans la même année à l’entretien et au perfectionnement des routes.

Les routes anciennes ont été entretenues et réparées ; d’autres routes ont été liées à d’autres routes par des constructions nouvelles. Dès cette année, les voitures franchissent le Simplon et le mont Cenis.

On rétablit au pont de Tours trois arches écroulées.

De nouveaux ponts sont en construction à Corbeil, à Roanne, à Nemours ; sur l’Isère, sur le Roubion, sur la Durance, sur le Rhin.

Avignon et Villeneuve communiqueront par un pont entrepris par une association particulière.

Trois ponts avaient été commencés à Paris, avec des fonds que des citoyens avaient fournis : deux ont été achevés en partie avec les fonds publics, et les droits qui s’y perçoivent assurent, dans un nombre déterminé d’années, l’intérêt et le remboursement des avances.

Un troisième, le plus intéressant de tous (celui du Jardin des Plantes), est en construction et sera bientôt terminé. Il dégagera l’intérieur de Paris d’une circulation embarrassante, se liera avec une place superbe, depuis longtemps décrétée, qu’embelliront les plantations et les eaux de la rivière l’Ourcq, et sur laquelle aboutiront, en ligne droite, la rue Saint-Antoine et celle de son faubourg.

Le pont seul formera l’objet d’une dépense que couvriront rapidement les droits qui y seront perçus. La place et tous ses accessoires ne coûteront à l’État que l’emplacement et les ruines sur lesquelles elle doit s’élever.

Les travaux du canal Saint-Quentin s’opèrent sur quatre points à la fois. Déjà une galerie souterraine est percée dans une étendue de mille mètres; deux écluses sont terminées, huit autres s’avancent, d’autres sortent des fondations; et cette vaste entreprise offrira, dans quelques années, une navigation complète.

Les canaux d’Arles, d’Aigues-Mortes, de la Saône et de l’Yonne, celui qui unira le Rhône au Rhin, celui qui, par le Blavet, doit porter la navigation au centre de l’ancienne Bretagne, sont tous commencés, et tous seront achevés dans un temps proportionné aux travaux qu’ils exigent.

Le canal qui doit joindre l’Escaut, la Meuse et le Rhin, n’est déjà plus dans la seule pensée du gouvernement; des reconnaissances ont été faites sur le terrain ; des fonds sont déjà prévus pour l’exécution d’une entreprise qui nous ouvrira l’Allemagne, et rendra notre commerce et à notre industrie des parties de notre propre territoire que leur situation livrait à l’industrie et au commerce des étrangers.

La jonction de la Rance à la Vilaine unira la Manche à l’Océan portera la prospérité et la civilisation dans les contrées où languisse l’agriculture et les arts, où les mœurs agrestes sont encore étrangères à nos mœurs. Dès cette année, des sommes considérables ont été affectées à cette opération.

Le dessèchement des marais de Rochefort, souvent tenté, souvent abandonné, s’exécute avec constance. Un million sera destiné cette année à porter la salubrité dans ce port, qui dévorait nos marins et ses habitants. La culture et les hommes s’étendront sur des terrains voués depuis longtemps aux maladies et à la dépopulation.

Au sein du Cotentin, un dessèchement non moins important, dont le projet est fait, dont la dépense largement calculée sera nécessairement remboursée par le résultat de l’opération, transformera en riches pâturages d’autres marais d’une vaste étendue, qui ne sont aujourd’hui qu’un foyer de contagion toujours renaissante. Les fonds nécessaires à cette entreprise sont portés dans le budget de l’an XII. En même temps un pont sur la Vire liera le département de la Manche au département du Calvados, supprimera un passage dangereux et souvent funeste, et abrégera de quelques myriamètres la
route qui conduit de Paris à Cherbourg.

Sur un autre point du département de la Manche, un canal est projeté, qui portera le sable de la mer et la fécondité dans une contrée stérile, et donnera aux constructions civiles et à la narine des bois qui périssent sans emploi à quelques myriamètres du rivage.

Sur tous les canaux, sur toutes les côtes de la Belgique, les digues , minées par le temps, attaquées par la mer, se réparent, s’étendent et se fortifient.

La jetée et le bassin d’Ostende sont garantis des progrès de la dégradation ; un pont ouvrira une communication importante à la ville, et l’agriculture s’enrichira d’un terrain précieux, reconquis sur la mer.

Anvers a vu arrêter tout à coup un port militaire, un arsenal et des vaisseaux de guerre sur le chantier. Deux millions assignés sur la vente des domaines nationaux situés dans les départements de l’Escaut et des Deux-Nèthes sont consacrés à la restauration et à l’agrandissement de son ancien port. Sur la foi de ce gage, le commerce fait des avances, les travaux sont commencés, et, dans l’année prochaine, ils seront conduits à leur perfection.

A Boulogne, au Havre, sur toute cette côte que nos ennemis appellent désormais une côte de fer, de grands ouvrages s’exécutent ou s’achèvent.

La digue de Cherbourg, longtemps abandonnée, longtemps l’objet de l’incertitude et du doute, sort enfin du sein des eaux, et déjà elle est un écueil pour nos ennemis et une protection pour nos navigateurs. A l’abri de cette digue, au fond d’une rade immense, un port se creuse, où, dans quelques années, la République aura ses arsenaux et des flottes.

A la Rochelle, à Cette, à Marseille, à Nice, on répare avec des fonds assurés les ravages de l’insouciance et du temps.

C’est surtout dans nos villes maritimes, où la stagnation du commerce a multiplié les malheurs et les besoins, que la prévoyance du Gouvernement s’est attachée à créer des ressources dans des travaux utiles ou nécessaires.

La navigation intérieure périssait par l’oubli des principes et des règles ; elle est désormais soumise à un régime tutélaire et conservateur. Un droit est consacré à son entretien, aux travaux qu’elle exige, aux améliorations que l’intérêt public appelle : placée sous la surveillance des préfets, elle a encore, dans les chambres de commerce, des gardiens utiles, des témoins et des censeurs de la comptabilité des fonds qu’elle produit, enfin des hommes éclairés qui discutent les projets formés pour la conserver ou pour l’étendre.

Le droit de pêche dans les rivières navigables est redevenu ce qu’il dut toujours être, une propriété publique. Il est confié à la garde de l’administration forestière, et des adjudications triennales lui donnent, dans des fermiers, des conservateurs encore plus actifs, parce qu’ils sont plus intéressés.

L’année dernière a été une année prospère pour nos finances ; les régies ont heureusement trompé les calculs qui en avaient d’avance déterminé les produits. Les contributions directes ont été perçues avec plus d’aisance. Les opérations qui doivent établir les rapports de la contribution foncière, de département à département, marchent avec rapidité. La répartition deviendra invariable : on ne verra plus cette lutte d’intérêts différents qui corrompait la justice publique, et cette rivalité jalouse qui menaçait l’industrie et la prospérité de tous les départements

Des préfets, des conseils généraux ont demandé que la même opération s’étendit à toutes les communes de leur département, pour déterminer entre elles les bases d’une répartition proportionnelle. Un arrêté du Gouvernement a autorisé ce travail général, devenu plus simple, plus économique par le succès du travail partiel. Ainsi, dans quelques années, toutes les communes de la République auront chacune, dans une carte particulière, le plan de leur territoire, les divisions, les rapports des propriétés qui le composent ; et les conseils généraux et les conseils d’arrondissement trouveront, dans la réunion de tous ces plans, les éléments d’une répartition juste dans ses bases et perpétuelle dans ses proportions.

La caisse d’amortissement remplit avec constance, avec fidélité, sa destination. Déjà propriétaire d’une partie de la dette publique, chaque jour elle accroît un trésor qui garantit à l’État une prompte libération : une comptabilité sévère, une fidélité inviolable ont mérité aux administrateurs la confiance du Gouvernement et leur assurent l’intérêt des citoyens.

La refonte des monnaies s’exécute sans mouvement, sans secousse, elle était un fléau quand les principes étaient méconnus ; elle est devenue l’opération la plus simple, depuis que la foi publique et les règles du bon sens en ont fixé les conditions.

Au trésor, le crédit public s’est soutenu au milieu des secousses de la guerre, et des rumeurs intéressées.

Le trésor public fournissait aux dépenses des colonies, soit par des envois directs de fonds, soit par des opérations sur le continent de l’Amérique. Les administrateurs pouvaient, si les fonds étaient insuffisants, s’en procurer par des traites sur le trésor public, mais avec des formes prescrites et dans une mesure déterminée.

Tout à coup une masse de traites (quarante-deux millions) a été créée à Saint-Domingue, sans l’aveu du Gouvernement, sans proportion avec les besoins actuels, sans proportion avec les besoins à venir.

Des hommes sans caractère les ont colportées à la Havane, à la Jamaïque, aux États-Unis : elles y ont été partout exposées sur les places à de honteux rabais, livrées à des hommes qui n’avaient versé ni argent ni marchandises, ou qui ne devaient en fournir la valeur que quand le payement en aurait été effectué au trésor public. De là, un avilissement scandaleux en Amérique, et un agiotage plus scandaleux en Europe.

C’était pour le Gouvernement un devoir rigoureux d’arrêter le cours de cette imprudente mesure, de sauver à la nation les pertes dont elle était menacée, de racheter surtout son crédit par une juste sévérité.

Un agent du trésor public a été envoyé à Saint-Domingue, chargé de vérifier les journaux et la caisse du payeur général, de constater combien de traites avaient été créées, par quelle autorité et sous quelle forme; combien avaient été négociées et à quelles conditions; si pour des versements réels, si sans versements effectifs, si pour éteindre une dette légitime, si pour des marchés simulés.

Onze millions de traites, qui n’étaient pas encore en circulation, ont été annulés ; des renseignements ont été obtenus sur les autres.

Les traites dont la valeur intégrale a été reçue ont été acquittées avec les intérêts du jour de l’échéance au jour du payement ; celles qui ont été livrées sans valeur effective sont arguées de faux, puisque les lettres de change portent pour argent versé, quoique le procès-verbal de payement constate qu’il n’a rien été versé; et elles seront soumises à un sévère examen. Ainsi le Gouvernement satisfera à la justice qu’il doit aux créanciers légitimes, et à celle qu’il doit à la nation, dont il est chargé de défendre les droits.

La paix était dans les vœux comme dans l’intérêt du Gouvernement. Il l’avait voulue au milieu des chances encore incertaines de la guerre; il l’avait voulue au milieu des victoires. C’est à la prospérité de la République qu’il avait désormais attaché toute sa gloire. Au dedans, il réveillait l’industrie, il encourageait les arts; il entreprenait ou des travaux utiles, ou des monuments de grandeur nationale. Nos vaisseaux étaient dispersés sur toutes les mers et tranquilles sur la foi des traités.

Ils n’étaient employés qu’à rendre nos colonies à la France et au bonheur; aucun armement dans nos ports, rien de menacant sur nos frontières.

Et c’est là le moment que choisit le Gouvernement britannique pour alarmer sa nation , pour couvrir la Manche de vaisseaux , pour insulter notre commerce par des visites injurieuses, nos côtes et nos ports, les côtes et les ports de nos alliés, par la présence de forces menaçantes.

Si , au 17 ventôse de l’an XI, il existait aucun armement imposant dans les ports de France et de Hollande, s’il s’y exécutait un seul mouvement auquel la défiance la plus ombrageuse pût donner une interprétation sinistre, nous sommes les agresseurs; le message du roi d’Angleterre et son attitude hostile ont été commandés par une légitime prévoyance, et le peuple anglais a dû croire que nous menacions son indépendance, sa religion, sa constitution.

Mais si les assertions du message étaient fausses, si elles étaient démenties par la conscience de l’Europe comme par la conscience du Gouvernement britannique, ce Gouvernement a trompé sa nation; il l’a trompée pour la précipiter, sans délibération , dans une guerre dont les terribles effets commencent à se faire sentir en Angleterre, et dont les résultats peuvent être si décisifs pour les destinées futures du peuple anglais.

Toutefois, l’agresseur doit seul répondre des calamités qui pèsent sur l’humaité.

Malte, le motif de cette guerre, était au pouvoir des Anglais; c’eût été à la France d’armer pour en assurer l’indépendance, et c’est la France qui attend en silence la justice de l’Angleterre ! et c’est l’Angleterre qui commence la guerre, et qui la commence sans la déclarer !

Dans la dispersion de nos vaisseaux, dans la sécurité de notre commerce, nos pertes devaient être immenses. Nous les avions prévues, et nous les eussions supportées sans découragement et sans faiblesse; heureusement elles ont été au-dessous de notre attente. Nos vaisseaux de guerre sont rentrés dans les ports de l’Europe; un seul, qui depuis longtemps était condamné à n’être plus qu’un vaisseau de transport, est tombé au pouvoir de l’ennemi.

De 200 millions de francs que les croiseurs anglais pouvaient ravir à notre commerce, plus des deux tiers ont été sauvés; nos corsaires ont vengé nos pertes par des prises importantes, et les vengeront par de plus importantes encore.

Tabago, Sainte-Lucie étaient sans défense et n’ont pu que se rendre aux premières forces qui s’y sont présentées; mais nos grandes colonies nous restent, et les attaques que les ennemis ont hasardées contre elles ont été vaines.

Le Hanovre est en notre pouvoir; 25,000 hommes des meilleures troupes ennemies ont posé les armes et sont restés prisonniers de guerre. Notre cavalerie s’est remontée aux dépens de la cavalerie ennemie, et une possession chère au roi d’Angleterre est entre nos mains, le gage de la justice qu’il sera forcé de nous rendre.

Chaque jour le despotisme britannique ajoute à ses usurpations sur les mers. Dans la dernière guerre, il avait épouvanté les neutres en s’arrogeant, par une prétention inique et révoltante, le droit de déclarer des côtes entières en état de blocus. Dans cette guerre, il vient d’augmenter son code monstrueux du prétendu droit de bloquer des rivières, des fleuves.

Si le roi d’Angleterre a juré de continuer la guerre jusqu’à ce qu’il ait réduit la France à ces traités déshonorants que souscrivirent autrefois le malheur et la faiblesse, la guerre sera longue. La France a consenti, dans Amiens, à des conditions modérées; elle n’en reconnaîtra jamais de moins favorables; elle ne reconnaîtra surtout jamais, dans le Gouvernement britannique, le droit de ne remplir de ses engagements que ce qui convient aux calculs progressifs de son ambition, le droit d’exiger encore d’autres garanties après la garantie de la foi donnée. Eh ! si le traité d’Amiens n’est point exécuté, où seront, pour un traité nouveau, une foi plus sainte et des serments plus sacrés ?

La Louisiane est désormais associée à l’indépendance des États-Unis d’Amérique. Nous conservons là des amis que le souvenir d’une commune origine attachera toujours à nos intérêts, et que des relations favorables de commerce uniront longtemps à notre prospérité.

Les États-Unis doivent à la France leur indépendance; ils nous devront désormais leur affermissement et leur grandeur.

L’Espagne reste neutre.

L’Helvétie est rassise sur ses fondements, et sa constitution n’a subi que les changements que la marche du temps et des opinions lui a commandés. La retraite de nos troupes atteste la sécurité intérieure et la fin de toutes ses divisions. Les anciennes capitulations ont été renouvelées, et la France a retrouvé ses premiers et ses plus fidèles alliés.

Le calme règne dans l’Italie; une division de l’armée de la République italienne traverse en ce moment la France pour aller camper avec les nôtres sur les côtes de l’Océan. Ces bataillons y trouveront partout des vestiges de la patience, de la bravoure et des grandes actions de leurs ancêtres.

L’empire ottoman, travaillé par des intrigues souterraines, aura, dans l’intérêt de la France, l’appui que d’antiques liaisons, un traité récent et sa position géographique lui donnent droit de réclamer.

La tranquillité, rendue au continent par le traité de Lunéville, est assurée par les derniers actes de la diète de Ratisbonne. L’intérêt éclairé des grandes puissances, la fidélité du Gouvernement à cultiver avec elles les relations de bienveillance et l’amitié, la justice, l’énergie de la nation et les forces de la République en répondent