Correspondance de Napoléon – Janvier 1800

Janvier 1800

 

Paris, 2 janvier 1800

DÉCISION.

Le ministre de l’intérieur propose 1 projet de règlement pour la réorganisation de la garde nationale parisienne

Renvoyé à la section de l’intérieur du Conseil d’État, pour discuter la question de savoir s’il convient de réorganiser la garde nationale, et spécialement celle des grandes communes.

 

Paris, 2 janvier 1800

NOTE AU MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES

Le Ministre des Relations Extérieures fera connaître au ministre plénipotentiaire de la République Helvétique que je ne reçois les ministres étrangers que dans les jours où ils me sont présentes par lui.

Lettres à Talleyrand

 

Paris, 3 janvier 1800

A Gaudin (ministre des Finances)

Le ministre des finances fera payer, le plus tôt possible, sur les fonds extraordinaires, à chacun des officiers des guides revenus d’Égypte avec moir, une gratification de 500 livres.

 

Paris, 4 janvier 1800

ARRÊTÉ

Les Consuls de la République, considérant que le chef de brigade Dupuy, mort les armes à la main au Caire, a commandé pendant cinq campagnes la 32e demi-brigade, qui, dans chaque bataille où elle a donné, a décidé la victoire par sa bravoure, arrêtent ce qui suit :

Le ministre de l’intérieur fera élever une des colonnes de granit qui ont été apportées de la Grèce, au milieu de la grande place de la commune de Toulouse, lieu de la naissance du chef de brigade Dupuy. La colonne portera cette inscription: A Dupuy et aux bravee de la 32e demi-brigade morts au champ d’honneur.

 

Paris, 4 janvier 1800

Au général de division Saint-Hilaire, commandant la 8e division militaire, à Marseille.

Je suis satisfait, Citoyen Général, de la conduite que vous tenez dans la 8e division, depuis que je vous en ai confié le commandement.

Éclairez le peuple, faites sentir à tous les citoyens que le temps des partis et des déchirements est passé. Mettez en mouvement les troupes qui sont à votre disposition et de forts piquets pris parmi les gardes nationales des communes, afin de rétablir la sûreté des routes et d’extirper les brigands qui troublent la tranquillité publique. Dans le pays où vous êtes, on a la tête chaude; que toute cette chaleur se tourne vers le rétablissement du commerce, la gloire de nos armées, de notre marine, et tout ce qui peut rendre le nom francais recommandable aux yeux de l’univers, et notre génération sera chère aux générations futures. Toutes les mesures extrêmes qui caractérisent un gouvernement faible et vacillant ne doivent plus exister. Toutes réunions de factions doivent être défendues plus encore dans le midi de la France que partout ailleurs, parce que là, plus que partout ailleurs, on est enclin à l’exagération. Dites souvent aux gardes nationales et aux différents citoyens que la révolution est finie; que, s’il est quelques ambitieux qui ont besoin de haines, s’il en est qui veulent déchirer le pacte social, les rênes de l’état sont dans des mains fermes et accoutumées à surmonter tous les obstacles. Répétez-leur fréquemment que, si dans les circonstances dîfficiles l’indifférence pour la chose publique est blâmaable, la modération est la plus grande vertu de l’homme.

Je vous ai élevé au grade de général de division. Apprenez bientôt au Gouvernement que les bandes de malfaiteurs qui infestent les grands chemins sont dissoutes. Faites-lui connaître les communes et les individus qui s’emploieront avec le plus de zèle et prouveront par là leur dévouement à la République.

 

Paris, 4 janvier 1800

INSTRUCTION POUR LE VICE-AMIRAL BRUIX.

L’escadre, commandée par le vice-amiral Bruix et composée des vaisseaux le Dix-Août, le Jean-Bart, le Tourville, la Constitution, le Cisalpin, le Tyrannicide, leJemmapes, l’Indomptable et le Formidable, ainsi que les frégates désignées par le ministre de la marine et des colonies, se rendra le plus promptement possible en Égypte.

Arrivée sur les côtes de ce pays, elle ne pourra y séjourner plus de trois jours. Si le temps est favorable, ils seront employés à mettre à terre l’état-major et les troupes de terre embarqués sur l’escadre, ainsi que les secours de tout genre que le Gouvernement envoie à l’armée d’Orient.

Après avoir fait entrer dans le port d’Alexandrie deux frégates bonnes marcheuses, chargées d’apporter des nouvelles détaillées de la colonie française en Égypte, et après avoir reçu de terre les principales nouvelles qui la concernait, l’escadre fera voile pour Toulon.

Si cependant le vice-amiral Bruix peut prendre sur la côte d’Égypte des vaisseaux que commande Sidney Smith, il s’en emparera.

Lors de son retour, si le vice-amiral Bruix ne trouve pas d’inconvénient à passer à Malte, il est autorisé à y passer, et alors il se fera joindre par le Guillaume-Tell et par les autres forces maritimes qui se trouvent dans cette île.

Le vice-amiral Bruix est autorisé à changer l’un des vaisseaux de 74, désignés dans la présente instruction, contre l’Indivisible, de 80 canons, si ce changement n’apporte aucun retard à l’expédition dont il est chargé.

Le vice-amiral Bruix trouvera ci-joint une instruction pour le contre-amiral Lacrosse, qu’il remettra à Brest à cet officier. Cette instruction ne pourra être ouverte qu’en pleine mer.

 

Paris, 4 janvier 1800

INSTRUCTION POUR LE CONTRE_AMIRAL LACROSSE

L’escadre composée de cinq vaisseaux de ligne et de deux frégates rassemblés à Brest, laquelle est destinée à être sous les ordres du contre-amiral Lacrosse, devra appareiller de Brest du 10 au 20 pluviose. Elle dirigera sa route sur les côtes de Portugal, de manière à venir prendre connaissance du cap de la Roque (Punta da Rocca), où elle croisera quelques jours.

Cette rnanoeuvre réunira le double avantage, 1o de donner le change sur sa véritable destination, en faisant croire à l’ennemi qu’elle se porte vers la Méditerranée; 2o celui d’intercepter les bâtiments sortant du Tage ou y entrant. Cette croisière fournira peut-être à l’escadre l’heureuse rencontre de quelque convoi anglais allant à Gibraltar ou en revenant.

En quittant les côtes de Portugal, l’escadre se portera sur l’ile de Madère, où une station de quelques jours peut également devenir avantageuse.

Si, en arrivant sur cette île, les vents venaient de terre, et que le temps fût beau, le commandant de l’escadre devra tenter de surprendre, enlever on détruire les bâtiments anglais qui, généralement, sont mouillés en grand nombre sur la rade de Funchal.

De l’ile de Madère, l’escadre se dirigera sur le parallèle de la Barbade, où elle croisera huit jours, à la distance de quinze à vingt lieues de terre, de manière à en prendre connaissance par les frégates avancées, sans courir le risque den être apercue.

La même manoeuvre devra ensuite avoir lieu sur le parallèle de la Martinique, et de là, passant au vent de la Désirade, elle tombera infailliblement sur les croiseurs ennemis qui, ordinairement, se tiennent au vent de la Guadeloupe. Deux ou trois jours de croisière sur ce point seront suffisants; et, soit que l’escadre passe ensuite entre la Guadeloupe et la Dominique, ou entre la Guadeloupe et Antigoa, elle fera route dans l’ouest, en prenant connaissance de Nieves et de Saint-Christophe, où se rassemblent les convois anglais des Antilles.

De la vue de Saint-Christophe, l’escadre gouvernera sur Saint- Domingue.

Ici se présentent deux points importants de croisière, aussi intéressants l’un que l’autre.

Les ennemis ont constamment, pour bloquer le Cap-Français, une petite division de vaisseaux ou frégates sur la Grange.
Leurs vaisseaux de guerre, leurs convois et leurs bâtiments, même isolés, destinés pour la Jamaïque, passent au contraire dans le sud de l’ile, et ont pour principe de venir reconnaître le cap de la Beatà.

Si le contre-amiral Lacrosse, en arrivant dans ces parages, croit pouvoir, sans danger, partager l’escadre sous ses ordres, alors une partie devra se porter au nord et l’autre au sud de Saint-Domingue, sur les deux points indiqués. On soumet absolument cette disposition à la volonté du citoyen Lacrosse, et elle est naturellement subordonnée aux renseignements qu’il recevra sur les forces des ennemis à Saint-Domingue.

Si, au contraire, le contre-amiral Lacrosse pense que ce serait compromettre l’escadre, en tout ou en partie, que de la diviser pour remplir les deux buts indiqués, on le laisse absolument libre de se porter sait au nord, soit au sud de Saint-Domingue, suivant les circonstances et les avis qu’il pourra se procurer.

Dans l’un et l’autre cas, l’escadre ou ses deux divisions devra relâcher à la Havane pour renouveler l’eau consommée. Cette relâche devra être tout au plus de cinq jours.

Le départ de France de l’escadre ayant été fixé au 90 pluviôse au plus tard, il a été calculé que le passage sur la Barbade serait de quarante jours, y compris les deux stations sur le cap de la Roque et sur Madère; que seize jours de croisière sur la Barbade et sur la Martinique, trois jours au vent de la Guadeloupe, dix sur Saint- Domingue, huit de traversée de cette île à la Havane, et enfin cinq jours de relâche dans ce port, seraient suffisants, ce qui, réuni, fait un espace d’environ trois mois; de sorte qu’en admettant qu’il y eût une erreur de douze à quinze jours, l’escadre devrait sortir de la Havane du 10 au 30 floréal.

En quittant l’île de Cuba, l’escadre passera rapidement par le détroit de Bahama sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre. Elle prendra ou détruira tous les bâtiments anglais qu’elle rencontrerait sortant de Charlestown, de la baie de Chesapeake, de la Delaware, et enfin de tous les autres lieux commerçants de cette côte. Elle se dirigera ensuite vers la partie du sud de l’île de Terre-Neuve, afin d’y détruire les pêcheries et bâtiments ennemis, qui y sont nombreux dans la belle saison.

Le passage de l’ile de Cuba à Terre-Neuve ne devant être que d’un mois au plus, l’escadre y arrivera en été, et par conséquent dans la saison la plus favorable pour les opérations.

L’escadre séjournera environ un mois sur cette côte, et, après avoir complètement rempli son objet, elle retournera en Europe, en passant par les Açores, où elle établira une dernière croisière dont la durée sera déterminée par la quantité de vivres restant à bord des vaisseaux et frégates.

Pendant la saison où l’escadre se trouvera sur les Açores, ell cherchera à avoir connaissance de quelques convois partis de l’Inde ou des Antilles, lesquels viennent assez ordinairement rectifier leur estime par la vue des îles Corvo et Flores.

BONAPARTE.

Si le contre-amiral Lacrosse trouve des inconvénients à se diriger sur-le-champ vers les côtes de Portugal et le cap de la Roque, l’escadre pourra faire voile directement pour l’île de Madère.

 

Paris, 4 janvier 1800

Les Consuls de la République, considérant que le citoyen Bourguignon n’est attaché que depuis peu de temps à la régie de l’enregistrement, et qu’il y a été admis contrairement à la loi qui règle le mode d’avancement dans cette administration,

Arrêtent que le citoyen Bourguignon, nommé administrateur de la régie de l’enregistrement le 2 thermidor an VII, cessera de suite ses fonctions.

 

 Paris, 5 janvier 1800

Au citoyen Bacher (Théobald Bacher, 1748-1813, diplomate),

Je suis chargé, Citoyen, de vous demander de me faire connaître quelle a été la conduite de Pichegru. en pays étranger, depuis le 18 fructidor an V. C’est la vérité qu’on veut connaître, et non la calomnie. On ne peut mieux s’adresser qu’à vous pour dévoiler la première.

Par Ordre du Premier Consul.

 

Paris, 5 janvier 1800

PROCLAMATION A L’ARMÉE

Soldats, le Gouvernement a pris les mesures pour éclairer les habitants égarés des départements de l’Ouest. Avant de prononcer, il les a entendus. Il a fait droit à leurs griefs, parce qu’ils étaient raisonnables. La masse des bons habitants a posé les armes. Il ne reste plus que des brigands, des émigrés, des stipendiés de l’Angleterre.

Des Français stipendiés de l’Angleterre! Ce ne peuvent être que des hommes sans aveu, sans coeur et sans honneurs. Marchez contre eux; vous ne serez pas appelés à déployer une grande valeur.

L’armée est composée de plus de soixante mille braves; que j’apprenne bientôt que les chefs des rebelles ont vécu. Que les généraux donnent l’exemple de l’activité. La gloire ne s’acquiert que par les fatigues; et si l’on pouvait l’acquérir en tenant son quartier général dans les grandes villes, ou en restant dans de bonnes casernes, qui n’en aurait pas?

Soldats, quel que soit le rang que vous occupiez dans l’armée, la reconnaissance de la nation vous attend. Pour en être dignes, il faut braver l’intempérie des saisons, les glaces, les neiges, le froid excessif des nuits; surprendre vos ennemis à la pointe du jour, et exterminer ces misérables, le déshonneur du nom francais.

Faites une campagne courte et bonne.

Soyez inexorables pour les brigands, mais observez une discipline sévère.

 

 Paris, 15 nitôse an VIII (5 janvier 1800).

Au général Hédouville (Gabriel d’Hédouville, 1755-1825; c’est lui qui va négocier la paix avec les royalistes), commandant en chef l’armée d’Angleterre (il revient de saint-Domingue, où il a eu des problèmes avec Toussaint-louverture).

Le Consul Bonaparte vient de recevoir, mon cher Général, votre lettre du 19 courant. Il me charge de vous écrire par courrier extraordinaire, et vient de me faire part de ses idées, que je vous transmets, en y mettant peu du mien.

Vous avez demandé 15,000 hommes: on vous en a donné au delà de ce nombre. En voici la récapitulation:

Trois demi-brigades venues de Batavie. 7,000 hommes.
La 61e demi-brigade . . . . . . . .  . . . . 2,300
La 79e demi-brigade . . . . . . . . .. . . . 2,500
La 30e légère . . . . . . ……. . . . . . . . . 1,500
Le 21e régiment de chasseurs. . .. . . . 800

Vous avez à Nantes, de troupes de la marine.. .1,800

Enfin on vient d’ordonner, par courrier extra-ordinaire, de diriger de Lyon sur Tours un corps de 1,500

Total . . . . . . . .17 400

On vient d’envoyer un renfort de 500 hommes à Orléans. Chartres est muni de forces considérables; Évreux de même. Toutes les fois que vous aurez besoin de 400 hommes tirés d’Orléans, de 600 extraits de Chartres, de 600 extraits d’Évreux, ils marcheront au premier ordre de votre part aux chefs qui les commandent. On leur a commandé de mettre ces détachements à votre disposition.

Le Premier Consul de la République pense qu’en ce moment toute nouvelle démarche pacifique devient inutile. Il faut tomber le plus promptement possible sur les rassemblements armés et les dissiper à l’instant par la force. C’est par ceux de Frotté et de Georges (il s’agit évidemment de cadoudal) qu’il faut commencer. Pour contribuer à anéantir le premier, on va faire partir un régiment de cavalerie de 400 hommes pour le département de la Manche.

Le Premier Consul désire que vous fassiez placarder et distribuer partout l’arrêté, que vous trouverez dans les journaux, relatif aux honneurs funèbres accordés à Pie VI.

Malgré tout ce que l’on pourra faire, il sera impossible de rétablir l’ordre dans les départements de l’Ouest sans quelques actions militaires. Pour cela, il ne faut pas tenir les troupes dans les grandes villes; il suffit que vous nommiez un bon chef pour leur garde nationale; c’est à ces villes à se charger de leur propre défense et de celle de leur territoire.

Quant à l’article du désarmement, le Premier Consul n’entend pas, quel que soit le mal que cette mesure puisse produire d’abord, biaiser sur cet objet; il faut que ce désarmement soitréel et entier.

Vous êtes investi, mon cher Général, de tous les pouvoirs, oui, de tous les pouvoirs; agissez aussi librement que si vous étiez au milieu de l’Allemagne. Que les petits intérêts et les considérations individuelles disparaissent devant la nécessité de comprimer les rebelles et de faire respecter le Gouvernement.

La mesure d’avoir des conseils militaires à la suite des colonnes républicaines est inutile. Les Consuls pensent que les généraux doivent faire fusiller sur-le-champ les principaux rebelles pris les armes à la main.

Les cabales, les dénonciations, les intrigues dirigées contre vous, de quelque côté qu’elles viennent, seront vaines. Le Gouvernement vous soutiendra; mais on jugera en militaire vos actions militaires; elles seront examinées par un homme qui a l’habitude des mesures rigoureuses et énergiques, et qui est accoutumé à triompher dans toutes les occasions. Quelque rusés qu’on puisse croire les chouans, ils ne le sont pas autant que les Arabes du désert. Ils n’ont ni leur coup d’oeil ni leur vélocité – vous devez les vaincre.

Le Premier Consul croit que ce serait donner un exemple salutaire que de brûler deux on trois grosses communes choisies parmi celles qui se comporteront le plus mal. L’expérience lui a fait connaître qu’un grand acte de rigueur, dans des circonstances telles que celles dans lesquelles vous vous trouvez, était ce qu’il y avait de plus humain. La faiblesse seule est inhumanité.

Si vous le jugez à propos mon cher Général, vous pouvez envoyer à Paris, soit les prêtres, soit les chefs principaux des rebelles; ils y seront bien reçus, et le Premier Consul les verra avec plaisir. Si Sapineau désire venir à Paris, vous pouvez l’autoriser à s’y rendre, en le faisant accompagner par un officier. Mais n’oubliez pas que le Gouvernement veut en finir, et qu’il sait que cette guerre civile ne sera terminée que lorsque les insurgés n’auront plus d’armes, et qu’on leur aura inspiré une grande terreur à la suite d’actes conformes à la modération, au bon ordre et à la justice.

Déployez donc, mon cher Général, dans cette importante occasion, de la vigueur. La vigueur seule peut vous faire réussir. Le Premier Consul ne paraît pas beaucoup approuver la seconde réunion des chefs des chouans. Aux armes donc! aux armes! Ils ont des canons, il faut vous en emparer. Ils se rassemblent dans certaines communes, brûlez-les. Après avoir fait tout ce que dicte la modération, il faut déployer de l’énergie, sans quoi cette modération n’est elle-même que faiblesse.

Par ordre du Premier Consul.

 

Paris, 8 janvier 1800

Au général de brigade Guidal, commandant à Alençon ou à l’officier qui commande dans le département de l’Orne

Des rassemblements de chouans existent dans le département de l’Orne. Le général Merle (Pierre Hugues, comte Merle, 1766-1830) en a dissipé plusieurs, et le Premier Consul se plaint de n’avoir pas encore entendu parler de vous. Il demande ce que vous faites, ce que font les troupes qui sont sous vos ordres, ce que font les gardes nationales des principales communes de l’Orne. Il ne veut point que votre quartier général soit dans une ville. Les villes n’ont point besoin de troupes pour se défendre; c’est à elles à se défendre elles-mêmes. Il vous commande, par mon organe, de parcourir les campagnes; de vous attacher à la poursuite des rassemblements de chouans, de ne leur laisser aucun instant de repos; d’encourager partout les bons citoyens, portés pour le Gouvernement actuel, et d’anéantir ceux que solde l’Anglais et qui ont les armes à la main pour nous combattre. Enfin, Citoyen Général, il vous envoie un de ses aides de camp, le citoyen Merlin, afin d’apprendre, de la mnière la plus détaillée, la situation ds choses dans le département de l’orne.

Par ordre du Premier Consul.

 

Paris le 8 janvier 1800

Au général Berthier

Le ministre de la guerre me fera connaître le plus tôt possible l’état actuel de l’administration de l’habillement, la situation de ce service, et les mesures prises pour l’assurer, ainsi que celui du linge et chaussure. Il me rendra le même compte pour le harnachement de la cavalerie.

Il me présentera en outre, le tableau des fonds nécessaires pour mettre les masses en activité dans tous les corps d’armée

 

Paris, 9 janvier 1800

Au général Lefebvre

Le Premier Consul me charge de vous apprendre, Citoyen Général, qu il a vu avec indignation qu’on ait laissé établir les chouans à Saint-Jean de Margon, dartement de l’Eure et Loir, en conséquence dune lettre d’un nommé Ramefroy, chef de chouans, qui annonce qu’il y sera tranquille. Il désire que vous envoyiez sur-le-champ à Évreux, par un courrier extraordinaire, l’ordre de les attaquer et de fusiller ceux qu’on prendra les armes à la main, ainsi que de s’attacher à s’emparer du nommé Ramefroy.

Il désire également que vous envoyiez sur-le-champ un courrier à Chartres, avec l’ordre de faire marcher des troupes dans le canton de Thiron, pour chasser les chouans qui s’y trouvent, et principalement dans les communes de Frétigny et Saint-Denis d’Authon.

Le Premier Consul ne veut pas que les généraux aient leurs quartiers généraux dans les villes; il faut qu’ils soient sans cesse en tournée avec les colonnes mobiles.

Par ordre du Premier Consul.

 

Paris, 9 janvier 1800

ARRÊTÉ

Article 1er. – L’arrêté du ci-devant Directoire exécutif, en date du 13 pluviôse an VI, ordonnant la suppression de l’arsenal de
construction établi à Auxonne, est rapporté.
ART. 2. – L’arsenal sera rétabli et mis en activité.
ART. 3. – La place d’Auxonne sera considérée comrne place de guerre et mise en état de défense.
ART. 4. – On y réactivera les ateliers de construction, principalement ceux pour les équipages de montagne.
ART. 5. – Le ministre de la guerre est chargé de l’exécution du présent arrêté , qui ne sera point imprimé.

 

Paris, 9 janvier 1800

À Berthier

Vous ordonnerez sur-le-champ, Citoyen Ministre, au général de division Gardanne et aux autres officiers de l’Armée d’Angleterre ou destinés à y être employés, d’être rendus le 24 du courant, pour tout délai, à leur poste, les hostilités commençant le 25