Correspondance de Napoléon – Janvier 1794

Marseille, 15 nivôse an II (4 janvier 1794).

AU MINISTRE DE LA GUERRE.

Le fort Saint-Nicolas n’est pas susceptible d’un quart d’heure de défense. Les trois enceintes qui fermaient le fort du côté de la ville ont été démolies, et rendent le fort accessible de tous les côtés.

Il est cependant indispensable de mettre ce fort en état de se défendre, au moins contre les efforts de quelques malveillants. Il faudrait, pour cet objet, relever une des trois enceintes.

Je vais faire placer des pièces de canon contre le fort, de manière à maîtriser la ville.

Toutes les batteries circonvoisines qui défendent la rade de Mar­seille sont dans un état ridicule. L’ignorance la plus absolue de tous les principes a présidé à leur tracé. Elles ne sont pas dans le cas de soutenir une bordée ; elles seraient enfilées, et les canonniers sont découverts à certaines pièces jusqu’au talon. Ce n’est pas cependant faute qu’il n’y ait des épaulements, mais c’est qu’ils ne sont pas comme ils doivent être.

J’ai donné des ordres pour faire établir des traverses et réparer, autant qu’il sera possible, le défaut primitif de leur tracé.

Je fais achever le four à réverbère qui se trouve au fort Faro.

Je fais établir des forges aux autres batteries, et j’ai déterminé les emplacements, pris des mesures, pour la construction te différents fours à réverbère.

Le général de brigade d’artillerie, chargé de l’inspection des côtes,

Buonaparte

 

Marseille. premiers jours de pluviôse an II (du 20 au 25 janvier 1794).

AU MINISTRE DE LA GUERRE.

Il y a à chaque batterie de côte des compagnies de canonniers marins mises en réquisition.

Je crois que le bien de la marine ordonnera d’employer tous les marins sur les vaisseaux. Je pense alors qu’il faudra établir un chef canonnier par pièce et huit servants tirés de la réquisition de la garde nationale, sans qu’il y ait d’autres officiers que le chef des pièces et le commandant des batteries. Cette méthode très-simple ne sera pas onéreuse à la République v et le service en sera mieux fait.

Je suis fort peu content de ces compagnies de canonniers de la côte ; ils ne s’exercent pas, et ils sont aussi ignorants que le premier jour.

Le matelot n’est bon qu’à la mer, et je crois que, sous tous les rapports, on doit l’y restituer.

Je désire que tu m’écrives un mot sur la conduite que je dois tenir. Je ne connais aucune loi sur la formation du personnel des batteries de côte.

Je suis occupé à faire faire des fours à réverbère, dans les posi­tions les plus intéressantes, et à faire refaire la plupart des batteries, qui sont absolument, par l’ineptie de ceux qui les ont dirigées jusqu’à présent, hors de défense.

J’espère, avant quinze jours, avoir mis la côte, depuis les bouches du Rhône jusqu’au Var, sur un pied respectable.

Buonaparte.

 

Port-la-Montagne[1]Toulon 10 pluviôse an II (29 janvier 1794)

AU CITOYEN DUPIX.

Je viens des îles d’Hyères ; j’y fais établir plusieurs batteries pour mettre ces Iles en défense et pour qu’ elles puissent offrir un point de protection à nos vaisseaux, contre une escadre supérieure.

Buonaparte.

References

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1Toulon