Correspondance de Napoléon Ier – Octobre 1808

Erfurt, le 1er octobre 1808

Sire, S. M. l’empereur Alexandre vient de m’envoyer le grand cordon de l’Ordre de Saint-André. Je pense que c’est à Votre Majesté Impériale que je dois cet honneur, et je demande à Votre Majesté la permission de le porter. Vous l’avez mérité aux champs de Friedland comme à ceux Pultusk. L’estime d’un des anciens ennemis, aujourd’hui notre intime allié, vous honore et me plaît.

Tout à vous, mon cher Lannes.

 

Erfurt, 1er octobre 1808

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris

Je vois dans votre dernier rapport un article de Lyon sur les Pères de la Foi. Le remède est bien simple. Ordonnez que de Lyon tous les Pères de la Foi ou Jésuites soient tenus de retourner dans les villages où ils ont pris naissance. Par ce moyen il n’en restera plus à Lyon.

 

Erfurt, 2 octobre 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre á Paris

Vous trouverez dans le Moniteur les conventions de Portugal. Il est probable que le duc d’Abrantès est arrivé à Lorient ou à Rochefort. Comme ses troupes viennent par mer, elles seront sans doute en bon état. Mais il paraît qu’elles n’ont que 600 chevaux d’artillerie; il y a donc là un emploi à faire de 1,200 chevaux. Si vous dirigiez de ce côté les chevaux des Espagnols, qui ont l’avantage d’être acclimatés , ces 1,200 hommes seraient montés sur-le-champ.

Je pense que, si ces troupes arrivent à Rochefort, il faut diriger sur-le-champ l’infanterie sur Saintes, l’artillerie sur la Rochelle, et la cavalerie sur Niort et les environs. Les troupes pourront, sur ces points, se reformer et se réorganiser. Les bataillons des 26e, 66e et 82e seront à portée de leurs dépôts pour recevoir promptement des secours.

Les régiments dont l’armée de Portugal était composée sont les mêmes que ceux qui ont des bataillons à l’armée d’Espagne, et, quoique ces bataillons soient très-nombreux, les régiments auront probablement besoin de renforts pour se compléter.

Du moment où le duc d’Abrantès ou d’autres officiers de son armée seront débarqués , vous leur écrirez que j’ai appris la convention ; que je ne sais si je dois l’approuver, mais qu’en attendant la relation que je dois recevoir je ne vois rien dans cet acte qui soit contraire à l’honneur, puisque les troupes n’ont pas posé les armes, qu’elles reviennent avec leurs drapeaux, qu’elles ne sont pas prisonnières, et qu’elles arrivent, non par une capitulation, mais par une convention plutôt politique que militaire. J’attends du duc d’Abrantès une relation de tous les evénements, qui m’apprenne ce qui s’est opposé à ce que, voyant venir depuis six semaines, il ait fait un camp retranché à l’embouchure du Tage, ou dans toute autre position, avec des approvisionnements suffisants pour attendre qu’il soit secouru. Voilà ce que l’art de la guerre voulait qu’il fît dans une pareille situation.

 

Erfurt, 2 octobre 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, donnez l’ordre que le général de division Walther parte à la tête de ma Garde pour se rendre à Bayonne.

Ce qu’il mènera avec lui sera composé d’un régiment de chasseurs à cheval, d’un régiment de grenadiers à cheval et d’un régiment de dragons, formant en tout au moins 1,500 chevaux, d’un régiment de chasseurs à pied, formé de deux bataillons de quatre compagnies chacun, chaque compagnie de 140 hommes, officiers, sous-officiers non compris, formant par bataillon 520 hommes et par régiment 1.040 hommes, et d’un régiment de grenadiers à pied, composé de même.

Les 2e régiments de chasseurs et de grenadiers à cheval et de dragons resteront à Paris jusqu’à nouvel ordre.

Vous ferez partir avec la colonne ci-dessus 24 pièces de canon, des caissons d’ambulance, de vivres, des caissons d’infanterie, et tout ce qui peut être utile à l’artillerie.

Ainsi la colonne qui partira sera composée de 12 à 1500 hommes de cavalerie, de 24 pièces d’artillerie, dont 12 servies par l’artillerie légère, de 1,000 à 1,100 chasseurs à pied et de 1,000 à 1,100 grenadiers à pied; ce qui fera une force de plus de 4,000 hommes .

Vous donnerez ordre que le reste se tienne également prêt à marcher. On prendra des mesures pour atteler les 12 autres pièces d’artillerie qui restent, et pour mettre en état de partir le reste de la cavalerie et de l’infanterie. Vous m’enverrez l’état de ce qui part et l’état de ce qui reste, et je donnerai des ordres ultérieurs.

Le général de division Lefebvre restera à Paris pour commander le reste de la Garde en remplacement du général Walther, et pour conduire le second convoi, si je donne des ordres pour son départ.

Faites marcher la colonne qui part, de manière qu’une partie de la cavalerie soit arrivée à Bayonne avant le 30 octobre.

 

Erfurt, 2 octobre 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, je suppose que vous êtes certain d’avoir au 1er octobre, à Bayonne, le nombre de cartouches demandé, et les fusils nécessaires pour armer les conscrits. Dans ces opérations, il ne faut point de si ni de mais, il faut être sûr de réussir. Obligez les chefs de bureau à venir vous rendre compte tous les matins, et levez les difficultés.

Je vous ai écrit pour accélérer la marche de plusieurs compagnies de sapeurs et de mineurs ; faites-leur doubler quelques étapes, et qu’elles puissent arriver du 15 au 20 à Bayonne.

Le 5e corps se dirige décidément sur Strasbourg avec la 2e division de dragons ; la 5e division de dragons se dirige sur Mayence; prenez vos précautions et donnez vos ordres en conséquence.

Jetez un coup d’oeil sur l’état des dépôts, et faites-leur fournir de forts détachements. Je suppose en cela que les corps ne sont pas leur effectif.

 

Erfurt, 2 octobre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de la Grande Armée, à Erfurt

Mon Cousin, vous donnerez l’ordre au général Sebastiani d’être rendu avec tout son état-major à Bayonne le 10 octobre. Sa division entrera le 15 en Espagne, en se dirigeant par Vitoria. Elle marchera par brigade, chaque brigade ayant avec elle six pièces d’artillerie. En passant à Bayonne, il lui sera donné cinquante cartouches par homme. En passant à la hauteur de Saint-Sébastien, le 39e et le 58e recevront l’incorporation des détachements de leur corps qui font partie des bataillons provisoires de Portugal. L’état-major de 1e division marchera avec la 1e brigade ; il ne partira cependant que le 16, mais il ira droit de Bayonne à Ernani, où il joindra la le brigade. Vous donnerez l’ordre au général de division Leval d’être rendu le 8 à Bayonne avec son état-major. Il formera sa division en deux brigades : la 1e sera composée du régiment de Nassau et de celui de Bade; la 2e brigade sera composée des troupes de Hesse-Darmstadt et du prince primat. La 1e brigade entrera le 13 en Espagne et se rendra à Vitoria; la 2e entrera le 17. Je suppose qu’il y a à cette division deux généraux de brigade parlant allemand. Le général Vonderweidt serait bon pour commander une de ces brigades; donnez-lui l’ordre de s’y rendre en poste.

Le duc de Danzig sera rendu le 10 octobre à Bayonne, afin d’avoir son quartier général le 18 à Vitoria, et d’y réunir les divisions Sebastiani et Leval; ce qui lui fera 12,000 hommes, 24 pièces de canon et 30 caissons. Je suppose qu’il a été pris des mesures pour organiser l’état-major et les ambulances de ce corps. Donnez ordre qu’il soit donné à la division Sebastiani une compagnie du train , de celles nouvellement formées, et à la division Leval une autre, et que les caissons soient chargés de biscuit à Bayonne ; ce qui fera cinq jours de biscuit pour chaque division, qu’elles garderont en réserve pour des cas urgents et qu’elles ne consomineront pas inutilement.

 

Erfurt, 2 octobre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de la grande Armée, à Erfurt

Mon Cousin, donnez ordre au général Drouet de former du 86e autant de compagnies qu’il y a de fois 140 hommes, et de les diriger sur le corps du maréchal Bessières, pour, avec les grenadiers et les voltigeurs, compléter ce régiment. S’il ne peut former que deux compagnies, il les fera d’abord partir; avec les grenadiers et voltigeurs, cela formera un petit bataillon. Quand il pourra, il enverra la 3e et, après, la 4e. Prévenez le général Belliard que les cinq divisions de dragons se rendent en Espagne et qu’il doit considérer les régiments provisoires de dragons comme dissous, et que chaque détachement doit rejoindre son régiment; que plusieurs régiments de chasseurs et de hussards se rendent en Espagne, et que les détachements qu’ils ont dans les régiments provisoires de leur arme doivent les rejoindre, qu’au lieu de deux régiments provisoires de hussards qui sont en Espagne, on n’en fera qu’un, composé des détachements des 5e, 7e, 8e et 9e, vu que les autres régiments viennent en Espagne; que, pour la grosse cavalerie, il doit être formé un régiment définitif des régiments provisoires qui sont en Espagne, vu qu’il n’y vient aucun cuirassier. Prescrivez-lui de vous envoyer un état, au présent et non à l’effectif, de tout ce qui compose les régiments provisoires et de marche, afin que, comparant ce qui existe en Espagne avec ce qui doit arriver, je prenne une mesure définitive.

 

Erfurt, 3 octobre 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, vous trouverez ci-joint une pièce que vous joindrez aux autres pièces sur cette honteuse affaire.

(Extrait de la Gazette de Madrid, du 9 septembre, contenant l’état des sommes prises au général Dupont et versées à la trésorerie. (Note de la minute.)

 

Erfurt, 3 octobre 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le général Clarke , vous trouverez ci-joint une note que m’envoie le ministre de la marine [1]liste des généraux débarqués à Toulon sur un parlementaire sarde – note de la minute . Le général Dupont sera mis en arrestation, et le scellé sera mis sur ses papiers. Comme la capitulation n’a pas été suivie, aucun des généraux ne sera considéré comme prisonnier de guerre, et ils attendront tous, à Marseille, des ordres pour reprendre du service. Vous me ferez connaître les désir là-dessus, soit pour être employés à l’armée d’Espagne , soit pour être employés aux autres armées.

 

Erfurt, 3 octobre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, vice-connétable de l’Empire, à Erfurt

Mon Cousin, donnez l’ordre au prince de Ponte-Corvo de faire saisir les deux cents gardes de Hesse-Cassel, de les faire désarmer et de les faire conduire en France sous bonne et sûre garde en laissant les Danois chez eux s’il s’en trouve parmi eux; mais la plupart ne sont pas Danois, ce sont des déserteurs des troupes de Hesse-Cassel.

 

Erfurt, 4 octobre 1808

NOTES POUR M. DARU, INTENDANT GÉNÉRAL DE LA GRANDE ARMÉE, A ERFURT.

PREMIÈRE NOTE

M. Daru verra M. Champagny pour lui faire connaître que je céderai volontiers le pays de Baireuth par un traité avec M. de Mongelas, aujourd’hui ou demain.

Le pays de Baireuth sera cédé à la Bavière pour faire partie intégrante de la monarchie. Moyennant cela , la force militaire de la Bavière sera augmentée de deux régiments d’infanterie. Elle sera de34,000 hommes.

Les domaines que je m’étais réservés appartiendront à la Bavière qui, en échange, versera le capital à la caisse d’amortissement. Le capital consistera en 1,500 bons de 10,000 francs chacun , formant quinze séries de 100 bons, total 1,500 bons. Chaque bon portera intérêt de 5 pour 100, payable à Paris, chez un banquier choisi par la Bavière, au 1er juillet et au 1er janvier, à raison de six mois. L’intérêt courra du ler janvier 1809, et, dès lors, le premier payement aura lieu le 1er juillet 1809. L’intérêt sera payé au porteur. Il y aura, à cet effet, un livre chez le banquier, qui inscrira le porteur. Ces bons passeront d’une main à l’autre, et les transferts seront faits conformément aux lois de France.

Ces bons seront remboursables à raison d’une série par an . La première série, l’année qui suivra la signature de la paix maritime, et ainsi de suite jusqu’à la quinzième. Chaque série sera remboursée, à raison de 25 bons ou 250,000 francs, en mars de la première année, les autres 25 bons, en juin; idem, pour septembre et décembre.

Moyennant ce, le Roi disposera de tous les domaines comme il voudra. Pendant toute l’année 1809, il sera donné à un corps de troupes françaises de 15,000 hommes, qui restera dans cette principauté, le logement, lumière, bois, plus une fourniture de denrées équivalente à 2 millions dans l’année.

Le Roi serait mis en possession avant le 15 décembre, afin de commencer son administration avec l’année; et tous les revenus du passé jusqu’au ler janvier seraient à la caisse française; les revenus, passé le 1er janvier, au Roi.

Hanau sera cédé au prince Primat pour être joint à l’Électorat, qui par ce moyen aura près de 1,500,000 francs de rente. On lui laissera tous les domaines, mais il cédera, en place, son droit sur l’octroi du Rhin, et, outre ce, je me réserverai sur les domaines une somme de 300,000 francs. En évaluant l’octroi du Rhin à 700,000 francs, les 300,000 francs que je me réserve, le prince Primat y gagnera environ 500,000 francs de rente; il gagnera encore sur les frais d’exploitation ou d’administration 300,000 francs.

Pour le prince Primat, il serait imposé l’obligation de ne vendre aucuns domaines qui sont inamovibles, ou de les remplacer par d’autres.

Il y serait aussi stipulé la séparation de Ratisbonne, qui serait donné à la Bavière, avec la charge à la Bavière de donner des domaines pour la somme de 3 ou 400,000 francs de rente nette , à titre de fief, à M. de Dalberg, neveu du prince Primat, pour être possédés à perpétuité par son aîné et avec la faculté de pouvoir servir en France ou dans tous les pays de la Confédération.

Outre cela, la Bavière serait aussi obligée de donner, pour arrondir le roi de Wurtemberg, une population de 40,000 âmes.

Je donnerai Fulde avec ses domaines au roi de Westphalie. Par ce moyen, l’armée du roi de Westphalie serait augmentée de ce que comporte la population de Fulde.

Les domaines se montent à 900,000 francs; je me contenterais de 500,000 francs, répondant à un capital de 10 millions, arrangés de la même manière que ceux de Baireuth.

Donner toutes les enclaves de Hanau à Hesse-Darmstadt, celles qui lui conviennent.

Mais tout ceci ne peut pas se traiter ici ; je ne vois d’urgent que dans ce qui est relatif à la Bavière, afin qu’il n’y ait point d’incertitude sur le sort d’un pays qui va se trouver frontière de l’Autriche. Il faut aussi mettre Ratisbonne dans ce même traité, afin de finir ce qui est relatif à la Bavière et au Wurtemberg.

Enfin Erfurt serait donné au roi de Saxe, hormis quelques petites enclaves qui seraient données à Gotha, à Weimar et à la Westphalie.

En partant du principe que je me réserve les domaines, qui s’élèvent à 400.000 francs, on exigerait du roi de Saxe 6 millions. Ce qui ferait que je retirerais de l’Allemagne : 15 millions de la Bavière, 10 de la Westphalie, 6 de la Saxe, 6 du prince Primat; total : 37 millions. Ce qui me ferait près de 2 millions de rente à donner en France, d’une manière sûre et sans discussion, ou à garder juqu’à nouvel ordre en cas de besoins de l’État. Il ne restera plus alors entre mes mains que le Hanovre et la Poméranie suédoise.

 

DEUXIÈME NOTE.

M. Daru me fera connaître s’il a, par ses propres transports, moyen de faire passer 150,000 paires de souliers à Bayonne, et, s’il n’y a pas moyen, qu’est-ce que cela me coûterait par les chemins.

S’arranger de manière que tous les souliers qui restent soient distribués aux divers corps qui doivent composer l’armée du Rhin, un prix raisonnable. Par ce moyen, il n’y aura pas lieu à envoyer des souliers de France. Les matières resteront à Magdeburg.

 

TROISIÈME NOTE.

DISPOSITIONS POUR VIVRES d’ALLEMAGNE

Mes troupes doivent évacuer du premier moment que la ratification aura eu lieu; ce qui doit être dans la semaine.

Mon intention est d’évacuer réellement toute l’Allemagne et derepasser l’Elbe. Glogau, Küstrin et Stettin doivent avoir chacune pour leur garnison respective pendant un an. Les garnisons doivent être calculées suivant le traité. Les vivres journaliers doivent être fournis par la Prusse; mais, si la Prusse se refroidissait, la garnison aurait un an pendant lequel elle pourrait vivre.

Mon intention est de démolir Stralsund. Mon intention est également de démolir Danzig, où je laisserai cependant la garnison actuelle avec un gouverneur français.

Il y a en Poméranie, en Silésie et en Prusse, sans comprendre la Pologne, 180,000 quintaux. Il faut, ou faire refluer tout cela à Magdeburg, ou le vendre, en laissant à Küstrin, Glogau et Stettin ce qui est dit ci-dessus.

Il n’y a que 40 ou 50,000 quintaux à Magdeburg, c’est-à-dire pour 50,000 hommes pendant six mois; il faut en faire davantage.

Les 700,000 rations de biscuit qui sont en Prusse, ainsi que le biscuit qui est à Posen et à Thorn, pourraient être dirigées sur Magdeburg, en laissant le biscuit nécessaire dans les places qu’on doit garder.

Toute l’avoine qui est en Prusse, hormis ce qui est nécessaire dans les places, sera dirigée sur Magdeburg, où il n’y en a que 80,000 boisseaux.

Tout ce qui est à Hameln servira à la nourriture des troupes qui sont à Hameln, ainsi que ce qu’il y a à Erfurt, Würzburg, etc.

Mon intention est de laisser en Allemagne une armée, sous le titre d’armée du Rhin, et composée de 10,000 hommes environ, pour garder les trois places de l’Oder, d’une division pour garder la Poméranie, de 12,500 hommes à Magdeburg, de deux autres corps placés dans les villes anséatiques et le Hanovre, de 23,000 chevaux, dont 10,000 cuirassiers; ce qui fera à peu près une armée de 70 à 80,000 hommes.

Je compte nommer Villemanzy intendant général de cette armée, et le charger du gouvernement du Hanovre et des pays que je n’aurai pas distribués ; le major général en remettra l’état à l’intendant. Il est évident que les garnisons ont leurs subsistances. La Poméranie doit nourrir sa division; les villes anséatiques peuvent nourrir la leur. 12,500 hommes à Magdeburg, nourris par la Westphalie. Le Hanovre ne pourra probablement pas nourrir ce qu’on voudrait lui mettre; mais les magasins de Magdeburg, qu’on ne saurait trop approvisionner, et tous ceux d’Erfurt, Würzburg et Hameln, doivent être destinés à soulager le pays.

Aussitôt que M. Daru aura l’état de cette armée, il m’en fera le budget pour les six premiers mois de 1809 : d’où on tirera le pain, ce que je devrai payer, la solde; tous les revenus des pays qui me restent, et les magasins que j’ai sont destinés pour cet objet.

S’il y a guerre, Magdeburg doit être considéré comme la place de dépôt.

Mon but est de connaître, pour l’année prochaine, le budget de cette armée du Rhin, que je ne comprendrai point l’année prochaine dans le budget de l’État.

Si les ressources du pays étaient insuffisantes, j’y fournirais par les recettes de la Prusse. Je réglerai les ressources par le budget, jusqu’au ler juillet.

L’habitant ne devra point nourrir. Si l’on cantonne les troupes, il faudra leur assurer une indemnité équivalente.

Me faire l’état de ce qui me revient pour les contributions non rentrées, de ce qui me restera des bons de la Saxe, de ce qui rentrera des impositions ordinaires du pays.

 

QUATRIÈME NOTE.

M. Daru me fera un état qui me fasse connaître ma situation. Voici comment il faut me le faire : les recettes qui ont dû avoir lieu pour les impositions ordinaires de tous les pays jusqu’au 1er janvier 1809; celles qui ont eu lieu au ler octobre 1808; celles qui auront lieu après. Ainsi, par exemple, je verrai sortir les 20 millions de la Saxe, tout ce que doit la Westphalie, tout ce qu’on doit à un titre quelconque.

Je verrai par là ce qu’a rendu la Prusse. Je n’entends pas ce que le pays devait rendre en temps de paix. De là résultera un total d’une colonne, ce que j’ai dû recevoir, ce que j’ai reçu ce que j’ai à recevoir, ce qui est annulé. On portera, par exemple, à annulé, soit les pertes, soit les différences des contributions, telles qu’elles ont été frappées, la dépense de cet argent. On me fera connaître ce que payeur a recu du receveur des contributions, ce qu’il lui faut pour compléter la solde, au 1er janvier 1809, à deux corps qui restent en Allemagne, et enfin ce qu’il faut pour compléter tous les payements jusqu’au ler janvier 1809.

D’où il sera facile de voir ce que j’ai déjà à la caisse d’amortissement, ce que j’ai à la caisse actuelle, ce que j’ai à dépenser, ce que j’ai de net.

M. Daru, en même temps, me proposera les moyens pour que cet argent arrive à la caisse d’amortissement.

Pourquoi il y a des corps qui rentrent en France avec des créances, et d’autres alignés pour la solde, et pourquoi le payeur est assez inconsidéré pour donner à des corps des mandats sur Mayence payables en monnaie de Prusse.

Donner l’ordre à M. Roguin de venir à Erfurt.

La récapitulation de ces 150 millions, que je crois avoir en espèce de monnaies ou valeurs.

 

Erfurt, 4 octobre 1808

A M. Mollien, ministre du trésor public, à Paris

Monsieur Mollien, on m’assure que les régiments qui passent à Paris pour se rendre en Espagne sont arriérés dans leur solde. Le payeur général de la Grande Armée a eu la maladresse de leur donner des bons payables à Mayence en monnaie de Prusse. Le soldat n’est pas si dupe que de perdre 25 pour 100 sur cette monnaie. Prenez des mesures pour qu’ils soient payés exactement, et que le soldat entre en Espagne sans qu’il lui soit rien dû.

On se plaint aussi que la solde n’est pas payée à bord des escadres; faites-moi connaître si cela est vrai.

 

Erfurt, 4 octobre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, vice-connétable de l’Empire

Mon Cousin, témoignez mon mécontentement au prince de Ponte-Corvo de ce qu’il a donné des passeports à l’ancien Électeur de Hesse. Faîtes-lui connaître que ce prince semant partot le désordre et fomentant des troubles dans le pays, il faut qu’ilprenne des mesures pour se saisir de sa personne, se cela est possible.

 

Erfurt, 6 octobre 1808, Au comte de Fouché, ministre de la police générale

Qu’est-ce qu’un nommé Margarin et un nommé Sarrat, à Paris ? Tâchez de les faire arrêter et saisir leurs papiers. Ce sont des Espagnols.

 

Erfurt, 8 octobre 1808

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures, à Erfurt

Monsieur de Champagny, je vous envoie des observations que vous communiquerez à M. de Romanzof. Je tiens à la rédaction de l’article 6 telle que je l’ai faite, puisque je ne peux pas céder ce qui ne m’appartient pas, et que vouloir me faire adopter l’article qu’ils proposent est une pure fantaisie. Vous verrez le parti que j’ai pris pour l’article en discussion. Voyez si cela peut s’arranger comme cela.

OBSERVATIONS SUR LE PROJET DE TRAITÉ.

Il a été fait des objections sur l’article 4. Le plénipotentiaire français adopte le contre-projet.

Le contre-projet ne dit pas davantage que l’article, et il a l’inconvénient de compromettre la dignité de la France en pure perte.

Le contre-projet, article 7, peut être adopté en y ajoutant cette seule phrase :  » Il ne sera donné aucun éveil à la Porte sur les intentions de la Russie, que l’on n’ait connu l’effet des propositions faites par les puissances à l’Angleterre. »

On supprime, comme on le désire, l’article 11 comme sous- entendu, et l’on adopte l’article du contre-projet.

Toute la discussion ne peut donc tomber que sur la seule phrase ajoutée à l’article 7. Elle est cependant une conséquence immédiate de la démarche qui est faite. Car, si l’Angleterre est portée à entrer en négociation , il est évident que, la nouvelle lui survenant qu’une puissance d’une masse aussi considérable entre dans ses intérêt cela la rendra plus exigeante dans les négociations. A quoi bon lui rouvrir sans raison les portes de la Syrie, de l’Égypte, de l’Afrique et de la Morée? Les comptoirs français seraient pillés, plusieurs milliers d’hommes empoisonnés et égorgés, le commerce interrompu, et tout cela en pure perte pour la Russie. Et si la paix était faite entre la Russie et la Porte, pendant que les négociations auraient lieu avec l’Angleterre , ce serait un incident qui aurait plus d’inconvénients que d’avantages, puisque l’Angleterre verrait plus clair dans les affaires qui seraient traitées à Erfurt; et le traité fait avec la Porte lui ferait comprendre que les idées de partage sont éloignées, et l’effrayerait moins. Tout porte donc à exécuter scrupuleusement l’article proposé.

 

Erfurt, 8 octobre 1808

NOTE POUR M. DARU, INTENDANT GÉNÉRAL DE LA GRANDE ARMÉE, À ERFURT

La Westphalie doit 20,047,666 francs 24 centimes. M. Daru proposera .

Que les 20,047,666 francs 24 centimes soient payés à raison de 500,000 francs par mois à compter du 20 novembre prochain. Ainsi les 20,047,666 francs 24 centimes seront payés en quarante mois. Ainsi le dernier payement sera pour le 20 mars 1812.

Les 500,000 francs payables en novembre et décembre ne porteront aucun intérêt, non plus que les payements de janvier, février, mars, avril, mai, juin 1809, jusqu’au 1er juillet. Le payement du ler juillet portera 5 pour 100 d’intérêt depuis le 1er janvier 1809.

Le payement sera fait en bons numérotés. Les deux numéros de novembre et de décembre ne seront pas compris. La première série comprendra tous les numéros payables en 1809, l’autre en 1811 Chaque bon sera de 10,000 francs.

La date du payement sera faite, sur la caisse de Cassel, à raison de dix bons le ler de chaque mois, les 5, 10, etc. Chaque bon portera le jour de son échéance et le compte tout fait des intérêts.

Les bons de la série qui échoit en 1810 et 1811 porteront 6 pour 100 d’intérêt, afin que toutes aient la même valeur.

Les bons seront confectionnés sur un papier particulier, d’une manière très-soignée, et versés à la caisse d’amortissement.

Pour ceux de 1809, l’intérêt sera payable avec le capital. Pour 1810, on payera l’intérêt au ler janvier 1810, pour 1809; 1811 et 1812 également.

 

Erfurt, 9 octobre 1808

A l’impératrice Joséphine, à Saint-Cloud

J’ai recu, mon amie, ta lettre. Je vois avec plaisir que tu te portes ,bien. Je viens de chasser sur le champ de bataille d’Iéna. Nous avons déjeuné dans l’endroit où j’avais passé la nuit au bivouac.

J’ai assisté au bal de Weimar. L’empereur Alexandre danse, mais moi non; quarante ans sont quarante ans.

Ma santé est bonne au fond, malgré quelques petits maux.

Adieu, mon amie. Tout à toi. J’espère te voir bientôt.

 

Erfurt, 9 octobre 1808

A l’impératrice Joséphine, à Saint-Cloud

Mon amie, je t’écris peu. Je suis fort occupé. Des conversations de journées entières ! Cela n’arrange pas mon rhume. Cependant tout va bien. Je suis content d’Alexandre, il doit l’être de moi. S’il était femme, je crois que j’en ferais mon amoureuse.

Je serai chez toi dans peu, porte-toi bien et que je te trouve grasse et fraîche.

Adieu, mon amie.

 

Erfurt, 9 octobre 1808

A Monsieur de Champagny, ministre des relations extérieurs, à Erfurt

Monsieur de Champagny, donnez des pleins pouvoirs au maréchal Davout et à l’intendant général Daru, pour régler tout ce qui est relatif à l’exécution de la convention qui a été échangée hier et à l’évacuation. En conséquence, le sieur Daru sera chargé de s’entendre avec M. de Golz pour l’exécution de l’article relatif aux contributions. Il sera donné pour instruction au sieur Daru de tâcher d’avoir quatre millions par mois au lieu de trois qu’on propose. On facilitera, pour le surplus, un emprunt en Hollande ou en France. Il prendra toutes les précautions nécessaires pour les billets de la banque territoriale qu’on veut donner.

 

Erfurt, 9 octobre 1808

A M. Fouché, ministre de la police générale

Puisque l’officier qui est à Valencay ne convient pas, comme il résulte de votre bulletin du 30, il faut le changer. Il faut faire arrêter le dentiste Gallet, qui a voulu parler au prince des Asturies. Je trouve ridicule que vous n’ayez pas pris vous même ces mesures. Si on laisse ainsi rôder autour du palais des gens arrivant de Madrid, il faudra s’attendre à quelque évènement.

 

Erfurt, 9 octobre 1808

Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine

Monsieur Decrès, j’ai reçu votre lettre relative à l’amiral Ganteaume. Il me semble que j’ai nommé cet amiral inspecteur-général de la marine. Si le décret pour cette nomination n’a pas été pris, présentez-le à ma signature. Quant aux titres, l’amiral Ganteaume a ceux auxquels il a droit comme conseiller d’État; les ministres n’en ont pas davantage. Je ne comprends pas ce qu’il peut désirer.

 

Erfurt, 10 octobre 1808

Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de la grande Armée, à Erfurt

Mon Cousin, donnez ordre au prince de Ponte-Corvo de concentrer toutes ses troupes françaises et hollandaises dans les villes hanséatiques, afin de ne pas molester le Danemark et de ménager les habitants, ce pays n’ayant aucune espèce de dangers à craindre puisque toutes les forces anglaises sont occupées en Espagne; Ce corps devant, d’ailleurs, recevoir incessamment une nouvelle destination.

 

Erfurt, 10 octobre 1808

NOTE POUR M. DARU, INTENDANT GÉNÉRAL DE LA GRANDE ARMÉE, À ERFURT

Je vous prie de me faire une petite note sur les questions suivantes.

1e Question. Je suis obligé de laisser en Allemagne une quarantaine de mille hommes d’infanterie et 12,000 chevaux. Je puis faire rentrer en France une quarantaine de mille hommes et 12.000 chevaux. Si je fais rentrer en France ces 40,000 hommes et ces 20.000 chevaux, et s’ils devaient être nourris par moi en Allemagne, j’aurais l’avantage d’éviter l’exportation du numéraire et de favoriser la consommation des denrées qui sont abondantes en France. L’avantage qu’il y aurait à laisser ces troupes en Allemagne serait-il compensé par les autres avantages de leur rappel en France ? Sous ces divers points de vue, vaut-il mieux pour le trésor laisser ces 40,000 hommes et ces 12,000 chevaux en Allemagne que de les faire venir en France ?

2e Question. La Prusse doit nourrir 10,000 hommes, et la Poméranie suédoise en nourrira, je crois, 6,000. Ainsi je puis avoir là un corps de 16,000 hommes qui ne me coûtera rien. Comment doit-il, à cet effet, être composé en infanterie, cavalerie et artillerie ?

Le roi de Westphalie doit nourrir 12,500 hommes. Comment ce corps doit-il être composé en infanterie, cavalerie et artillerie ?

Que peuvent nourrir le Hanovre , Hambourg, Brême et Baireuth en infanterie, cavalerie et artillerie ?

La solution de cette question doit faire connaître comment doivent être composées mes troupes en Allemagne, en infanterie, cavalerie et artillerie, pour qu’elles ne coûtent rien à la caisse des contributions ni au trésor. On affecterait à l’intendant qui serait chargé de ce service les revenus du Hanovre, des villes hanséatiques, de Baireuth et de la Poméranie suédoise.

 

Erfurt, 11 octobre 1808

A la princesse Cunégonde, ancienne princesse d’Essex, à Augsburg

Ma Cousine, les dispositions que je vous ai témoignées à Augsburg, et que vous me rappelez, étaient une marque de l’intérêt que je prends à votre position. Il sera constamment le même. J’examinerai avec attention l’objet dont vous m’entretenez, et les circonstances où je pourrai vous donner des témoignages de ma considération et de mon estime seront toujours agréables pour moi.

 

Erfurt, 11 octobre 1808

DÉCISION.

Le major général propose à l’Empereur de décider que le 5e corps de la Grande Armée, commandé par le maréchal Mortier, et qui se rend à l’armée d’Espagne, conservera son numéro, et que le corps du qénéral Saint-Cyr, à qui le décret d’organisation de l’armée d’Espagne avait attribué, le no 5, deviendra le 7e corps de cette armée. Approuvé. Communiquer cette décision au ministre de la guerre.

 

Erfurt, 12 octobre 1808

CONVENTION D’ALLIANCE.

Sa Majesté l’Empereur des Français, Roi d’Italie, et Sa Majesté l’empereur de toutes les Russies, voulant rendre de plus en plus étroite et à jamais durable l’alliance qui les unit, et se réservant de s’entendre ultérieurement, s’il y a lieu, sur les nouvelles déterminations à prendre et les nouveaux moyens d’attaque à diriger contre l’Angleterre, leur ennemie commune et l’ennemie du continent, ont résolu d’établir, dans une convention spéciale, les principes qu’ils sont déterminés à suivre invariablement dans toutes leurs démarches, pour parvenir au rétablissement de la paix. Ils ont, à cet effet, nommé pour leurs plénipotentiaires respectifs, savoir :

ARTICLE 1er. – Sa Majesté l’Empereur des Français, le comte de Champagny, et Sa Majesté l’Empereur de toutes les Russies, le comte de Romanzof, lesquels sont convenus de ce qui suit :

Leurs Majestés l’Empereur des Francais et l’Empereur de Russie confirment, et, en tant que besoin est , renouvelle l’alliance conclue entre eux à Tilsit; s’engagent non-seulement à faire avec l’ennemi commun aucune paix séparée, mais encore à n’entrer avec lui dans aucune négociation et à n’écouter aucune de ses propositions que d’un commun accord.

ART. 2. – Ainsi résolues de rester inséparablement unies pour la paix comme pour la guerre, les hautes parties contractantes conviennent de nommer des plénipotentiaires pour traiter de la paix avec l’Angleterre, et de les envoyer, à cet effet, dans la ville du continent que l’Angleterre désignera.

ART. 3. – Dans tout le cours de la négociation, si elle a lieu, les plénipotentiaires respectifs des hautes parties contractantes agiront constamment avec le plus parfait accord, et il ne sera permis à aucun d’eux, non-seulement d’appuyer, mais même d’accueillir et d’approuver, contre les intérêts de l’autre partie contractante, aucune proposition ou demande des plénipotentiaires anglais qui, prises en elles-mêmes et favorables aux intérêts de l’Angleterre, pourraient aussi présenter quelque avantage à l’une des parties contractantes.

ART. 4. – La base du traité avec l’Angleterre sera l‘uti possidetis.

ART. 5. – Les hautes parties contractantes s’engagent à regarder comme condition absolue de la paix avec l’Angleterre, qu’elle reconnaîtra la Finlande, la Valachie et la Moldavie comme faisant part de l’empire de Russie.

ART. 6. – Elles s’engagent à regarder comme condition absolue de la paix que l’Angleterre reconnaisse le nouvel ordre de chose établi par la France en Espagne.

ART. 7. – Les hautes parties contractantes s’engagent à ne recevoir de la part de l’ennemi, pendant la durée des négociations, aucune proposition, offre ou communication quelconque, sans en faire immédiatement part aux cours respectives ; et, si lesdites proposition sont faites au congrès réuni pour la paix, les plénipotentiaires devtonz respectivement se les communiquer.

ART. 8 – Sa Majesté l’Empereur de Russie, d’après les révolutions et changements qui agitent l’empire ottoman et qui ne laissera aucune possibilité de donner et, par conséquent, aucune espérance d’obtenir des garanties suffisantes pour les personnes et les biens des habitants de la Valachie et de la Moldavie, ayant déjà porté les limites de son empire jusqu’au Danube, de ce côté, et réuni la Valachie et la Moldavie à son empire, ne pouvant qu’à cette condition reconnaître l’intégrité de l’empire ottoman , Sa Majesté l’Empereur Napoléon reconnaît ladite réunion et les limites de l’empire russe de ce côté, portées jusqu’au Danube.

ART. 9. – Sa Majesté l’Empereur de Russie s’engage à garder dans le plus profond secret l’article précédent, et à entamer, soit à Constantinople, soit partout ailleurs , une négociation, afin d’obtenir à l’amiable, si cela se peut, la cession de ces deux provinces. La France renonce à sa médiation. Les plénipotentiaires ou agents des deux puissances s’entendront sur le langage à tenir, afin de ne pas compromettre l’amitié existant entre la France et la Porte, ainsi que la sûreté des Francais résidant dans les Échelles, pour empêcher la Porte de se jeter dans les bras de l’Angleterre.

ART. 10. – Dans le cas où, la Porte Ottomane se refusant à la cession des deux provinces, la guerre viendrait à se rallumer, l’Empereur Napoléon n’y prendra aucune part et se bornera à employer ses bons offices auprès de la Porte Ottomane ; mais, s’il arrivait que l’Autriche ou quelque autre puissance fit cause commune avec l’empire otomman dans ladite guerre, Sa Majesté l’Empereur Napoléon ferait immédiatement cause commune avec la Russie, devant regarder ce cas comme un de ceux de l’alliance générale qui unit les deux empires.

Dans le cas où l’Autriche se mettrait en guerre contre la France, l’Empereur de Russie s’engage à se déclarer contre l’Autriche et à faire cause commune avec la France, ce cas étant également un de ceux auxquels s’applique l’alliance qui unit les deux empires.

ART. 11. – Les hautes parties contractantes s’engagent d’ailleurs à maintenir l’intégrité des autres possessions de l’empire ottoman, ne voulant ni faire elles-mêmes ni souffrir qu’il soit fait aucune entreprise contre aucune partie de cet empire, sans qu’elles en soient préalablement prévenues.

ART. 12. – Si les démarches faites par les deux hautes parties contractantes pour ramener la paix sont infructueuses, soit que l’Angleterre élude la proposdition qui lui sera faite, soit que les négociations soient rompues, Leurs Majestés Impériales se réuniront de nouveau , dans le délai d’un an, pour s’entendre sur les opérations de la guerre commune et sur les moyens de la poursuivre avec toutes les forces et toutes les ressources des deux empires.

ART. 13. – Les deux hautes parties contractantes, voulant reconnaître la loyauté et la persévérance avec laquelle le roi de Danemark a soutenu la cause commune, s’engagent à lui procurer un dédommagement pour ses sacrifices, et à reconnaître les acquisitions qu’il aura été dans le cas de faire dans la présente guerre.

ART. 14. – La présente convention sera tenue secrète, au moins pendant l’espace de dix années.

B. Nompère de Champagny – Comte Nicolas de Romanzof.

 

Erfurt, 12 octobre 1808

A Georges III, roi d’Angleterre

[2]A la minute de cette dépêche, conservée parmi les papiers de l’ancienne secrétairerie d’État, se trouve jointe une pièce portant cette indication : Lettre à écrire par M. de … Continue reading

Sire, les circonstances actuelles de l’Europe nous ont réunis à Erfurt. Notre première pensée est de céder au voeu et au besoin de tous les peuples, et de chercher par une prompte pacification avec Votre Majesté le remède le plus efficace aux malheurs qui pressent sur toutes les nations. Nous en faisons connaître notre sincère désir à Votre Majesté par cette présente lettre.

La guerre longue et sanglante qui a déchiré le continent est terminée, sans qu’elle puisse se renouveler. Beaucoup de changements ont eu lieu en Europe. Beaucoup d’États ont été bouleversés. La cause en est dans l’état d’agitation et de malheur où la cessation du commerce maritime a placé les plus grands penples. De plus grands changements encore peuvent avoir lieu, et tous contraires à la politique de la nation anglaise. La paix est donc à la fois, dans l’intérêt des peuples du continent comme dans l’intérêt des peuples de la Grande-Bretagne.

Nous nous réunissons pour prier Votre Majesté d’écouter la voix de l’humanité , en faisant taire celle des passions , de chercher, avec l’intention d’y parvenir, à concilier tous les intérêts, et, par là, garantir toutes les puissances qui existent, et assurer le bonheur de l’Europe et de cette génération à la tête de laquelle la Providence nous a placés.

NAPOLÉON. ALEXANDRE.

 

Erfurt, 12 octobre 1808

A Louis Napoléon, roi de Hollande, La Haye

Mon Frère, j’ai reçu vos lettres. J’ai changé le général Dupont-Chaumont sur votre demande. Je ne puis changer le sieur la Rochefoucault. Je n’ai pas d’Anglais à mon service , et un Anglais de la faction de Windham pourrait seul être bien accueilli en Hollande. Tous les Français, soit à votre service , soit commercants, se plaignant de votre ministère. Aucune des lois du blocus n’est observée; plus de cent bâtiments passent par mois de Hollande en Angleterre; tous les jours des particuliers en reviennent. Il n’est donc pas extraordinaire que le Conseil d’État ait rédigé un décret pour gêner les communications de la Hollande avec la France. Votre pays sera bien malheureux si ce ysstème s’accroît, et que le Rhin et l’Escaut soient fwrmés à la Hollande. Vous êtes trop raisonnable pour laisser venir les choses à ce point, et pour ne pas prendre les mesures nécessaires pour rétablir le blocus de l’Angleterre comme par le passé.

 

Erfurt, 12 octobre 1808

NOTE POUR M. PASQUIER, MAÎTRE DES REQUÊTES AU CONSEIL D’ÉTAT, À PARIS

M. Pasquier se rendra à Homburg et Kaiserslautern ; il y prendra toutes les informations nécessaires pour connaître les causes de la lenteur qui a été apportée à la confection de la route de Paris à Mayence, dans le département du Mont-Tonnerre. Il suivra cette route dans toute son étendue de Kaiserslautern à Mayence, en passant par Alzey. Il interrogera les maîtres de poste, recueillera les plaintes contre les ingénieurs et les entrepreneurs des travaux, et prendra des informations détaillées sur les malversations qui pourraient avoir existé, et sur l’emploi des fonds qui ont été affectés aux travaux de la route de Paris à Mayence par Alzey pendant les années 1807 et 1808.

 

Erfurt, 12 octobre 1808

DECRET PORTANT ORGANISATOIN DE L’ARMÉE DU RHIN

TITRE 1.

ARTICLE 1er. – A dater du 15 du présent mois, la Grande Armée sera dissoute.

Le corps de troupes qui restera en Allemagne prendra le nom d’Armée du Rhin.

ART. 2. – Le corps de troupes qui restera sous les ordres du maréchal prince de Ponte-Corvo, dans les villes hanséatiques, prendra le nom de corps de troupes du gouvernement des villes hanséatiques.

TITRE II.

DU GOUVERNEMENT DES VILLES HANSÉATIQUES.

ARTICLE 1er. – Le prince de Ponte-Corvo commandera en chef le corps de troupes du gouvernement des villes hanséatiques. Le général de brigade Gérard sera chef d’état-major dudit corps. Le général Mossel commandera l’artillerie. Le général Lazomski commandera le génie. Le sieur Duprat remplira les fonctions d’ordonnateur en chef. Le sieur . . . . . remplira les fonctions de payeur.

Troupes françaises . Division du général Dupas, composée du 5e régiment d’infanterie légère, du 19e régiment d’infanterie de ligne, du 13e et du 24e régiment de chasseurs à cheval.

Artillerie . Douze pièces d’artillerie servies par deux compagnies du ler régiment d’artillerie, attelées; les compagnies nécessaires du train d’artillerie, fournies par un même bataillon du train ; une compagnie de sapeurs; une compagnie d’équipages militaires.

Division de troupes hollandaises : quatre régiments d’infanterie, un régiment de cuirassiers, une compagnie d’artillerie à cheval, une compagnie de pontonniers, une compagnie du train d’artillerie.

ART. 2. – L’état-major sera composé de deux adjudants commandants et de six adjoints à l’état-major. Chaque division aura un adjudant commandant et deux adjoints. L’administration sera conforme aux règlements.

TITRE III.

ARMÉE DU RHIN

ARTICLE ler. – Le duc d’Auerstaedt commandera en chef l’armée du Rhin. Le général de division Compans sera chef d’état-major de ladite armée. Quatre adjudants commandants, seize adjoints seront attachés à l’état-major général. Un adjudant commandant et trois adjoints seront attachés à chacube des divisions.

Le général de division Hanicque commandera l’artillerie. Un général de brigade d’artillerie sera désigné pour commander le parc. Le nombre d’officiers d’artillerie nécessaire, tant pour le parc que pour chacune des divisions, sera déterminé.

Le général de brigade Tousard commandera le génie. Les officiers du génie nécessaires pour l’état-major, pour les places et pour les divisions, seront nommés.

L’inspecteur en chef aux revues Villemanzy sera l’intendant général de l’armée. Le commissaire ordonnateur Chambon sera ordonnateur en chef de l’armée. Le payeur actuel de la Grande Armée sera payeur général de l’armée du Rhin.

TITRE IV

COMPOSITION DE L’ARMÉE DU RHIN

ARTICLE 1er. – L’armée du Rhin sera composée de quatre divisions, une réserve d’infanterie, une de cavalerie, et du gouvernement de Danzig, savoir : 1e division, la division actuelle du général Morand; 2e division, la division actuelle du général Friant; 3e division, la division actuelle du général Gudin ; 4e division, la division actuelle du général Saint-Hilaire, augmentée du 57e de ligne. Réserve d’infanterie : corps du général Oudinot. Réserve de cavalerie : Quatorze régimants de grosse cavalerie, formant trois divisions.

Corps du gouvernement de Danzig

Le général Rapp, gouverneur, ayant à ses ordres quinze officiers français de différents grades, qui seront désignés de suite pour remplir les fonctions d’adjudant commandant, de commandant d’armes et de commandant de forts; un commissaire des guerres et les garde-magasins nécessaires.

Garnison . Le 105e régiment de ligne français; un régiment d’infanterie saxon ; deux régiments d’infanterie polonais; un régiment de cavalerie légère francais; un régiment de cavalerie polonais.

Artillerie et génie. Deux officiers supérieurs d’artillerie francais, quatre capitaines, résidents, d’artillerie francais; trois compagnies d’artillerie à pied françaises. Un officier supérieur du génie français, quatre officiers du génie français, résidents ; une compagnie de sapeurs francais.

ART. 2. La division du général Saint-Hilaire aura son quartier général à Stettin et fourmira les garnisons pour les places de Stralsund, Stettin, Küstrin et Glogau. Le reste des troupes de la division occupera la Poméranie suédoise.

ART. 3. – Il y aura à Glogau une compagnie d’artillerie à pied française, un escadron de cavalerie française, un régiment d’infanterie française, une compagnie de sapeurs, une escouade d’ouvriers.

État-major. L’état-major sera composé d’un commandant de place, quatre adjudants de place, un commissaire des guerres, et des garde magasins nécessaires.

Artillerie. Un officier supérieur d’artillerie, deux ofticiers d’artillerie en résidence, des garde-magasins.

 

PLACE DE KUSTRIN : Le même état-major et la même composition d’artillerie et du génie, qu’à Glogau. La garnison ne sera composée que de deux bataillons d’infanterie et d’une seule compagnie de cavalerie

PLACE DE STETTIN. Il y aura à Stettin deux compaqnies d’artillerie. Du reste, même composition d’état-major, d’artillerie et du génie que ci-dessus.

Tout ce qui restera de la division Saint-Hilaire, infanterie, cavalerie, artillerie et génie, tiendra garnison à Stralsund et occupera la Poméranie suédoise.

Cette division aura dix-huit pièces de canon, dont six servies par l’artillerie légère.

Il y aura au quartier général du général Saint-Hilaire un commissaire ordonnateur, qui correspondra avec tous les commissaire des places de Stettin, Küstin et Glogau, et même avec celui de la place de Danzig, afin de connaître la situation des magasins et à veiller à ce que les approvisionnements de siège soient en bon état, suffisants pour les besoins de la garnison pendant un an

ART. 4. – Les trois autres divisions seront placées, savoir : une à Magdeburg, laquelle sera complétée à 12,500 hommes et nourrie par le roi de Westphalie; l’autre division sera placée dans le Hanovre, la troisième, à Halle et à Halberstadt.

Une division de cuirassiers restera dans le pays de Baireuth. Les deux autres divisions de cuirassiers seront placées dans le Hanovre.

La division de réserve du corps du général Oudinot restera à Baireuth.

Ces troupes seront nourries des magasins de l’Empereur.

 

TITRE V.

ARTICLE ler. – Il y aura à l’armée du Rhin dix régiments de cavalerie légère, savoir : brigade du général Beaupré : ler, 2e et 12e régiment de chasseurs; brigade du général Pajol : 5e et 7e de hussards, 11e de chasseurs; brigade du général Bordesoulle : 9r régiment de hussards, 7e et 20e régiment de chasseurs. Le 8e de hussards et le 16e de chasseurs seront placés, l’un à Danzig, l’autre dans une des trois brigades ci-dessus.

ART. 2. – Indépendamment de cette cavalerie légère, la réserve de grosse cavalerie, comme il est dit ci-dessus, composée de quatorze régiments et formant trois divisions, fera partie de l’armée du Rhin.

La division du général Nansouty aura 12 pièces d’artillerie légère et chacune des deux autres divisions en aura 6 ; total, 24 pièces.

 

TITRE VI.

ARTICLE 1er. Le commandant de l’armée du Rhin aura soin de pourvoir à l’organisation de l’artillerie des places de Stralsund, Stettin, Küstrin, Glogau et Magdeburg. Il y aura dans ces places un officier supérieur, deux officiers en résidence, et des garde-magasins. Une compagnie d’ouvriers sera distribuée dans ces places.

Il y aura à Danzig quatre compagnies d’artillerie à pied fournies par un même régiment; trois à Magdeburg; cinq autres compagnies d’artillerie à pied seront également distribuées dans les places de Stettin, Küstrin et Glogau; ce qui fera douze compagnies d’artillerie à pied dans les places.

Dix compagnies d’artillerie à cheval seront employées au service des 60 pièces d’artillerie légère attachées aux divisions de l’armée du Rhin ; douze compagnies d’artillerie à pied seront aussi employées à l’artillerie de ces divisions ; six autres compagnies d’artillerie à pied seront employées au parc. Deux compagnies d’ouvriers seront employées aux divisions et au parc. Quatre compagnies de pontonniers auront la même destination.

ART. 2. — L’équipage de campagne sera de 130 pièces de canon et de 1,000 voitures, dont 7 à 800 attelées ; quatre bataillons du train et au moins 1,000 chevaux d’artillerie.

On aura soin que les dix compagnies d’artillerie légère et les trente compagnies d’artillerie à pied soient, s’il se peut, prises dans les mêmes régiments.

 

TITRE VII.

ARTICLE ler. – Le génie aura un officier supérieur et le nombre d’officiers du génie convenable dans chacune des places de Danzig, Glogau, Stettin, Küstrin, Stralsund et Magdeburg. Le minimum qu’on puisse y employer doit être de vingt-cinq à trente officiers.

Indépendamment du service des places, il y aura deux officiers du génie à chaque division près du commandant du génie.

Il y aura près de ce commandant un bataillon de sapeurs, une compagnie de mineurs, 15,000 outils chargés sur des fourgons attelés.

Le commandant du génie aura soin de se pourvoir, sous sa responsabilité, des plans des places dans lesquelles il reste des garnisons françaises, ainsi que de la carte du pays à 1.200 toises de la place, afin de pouvoir s’en servir si l’occasion s’en présente.

 

TITRE VIII.

ARTICLE 1er. – Il y aura deux bataillons entiers des équipages militaires, formant 228 voitures attelées, un médecin en chef, chirurgien en chef, un pharmacien en chef, un commissaire ordonnateur chargé des hôpitaux, six commissaires des guerres pour chacune des six places de Küstrin, Stettin , Stralsund, Magdeburg, Glogau et Danzig.

ART. 2. – Un commissaire ordonnateur sera chargé de tout ce qui tient à l’approvisionnement des magasins des places, de manière qu’ils soient approvisionnés pour un an pour la garnison.

ART. 3. – Tous les objets d’habillement et d’équipement qui se trouvent sur la rive droite de l’Elbe seront sans délai évacués et dirigés sur Magdeburg.

Tous les magasins et approvisionnements qui se trouvent su Vistule seront évacués et dirigés sur Danzig.

 

TITRE IX.

ARTICLE ler. – La division du général Boudet et celle du général Molitor, organisées et composées telles qu’elles l’étaient en venant d’Italie, artillerie, génie et administration, ainsi que les 19e, 3e, et 14e de chasseurs qui ont leurs dépôts en Italie, se réuniront d’abord à Francfort-sur-le-Main, où elles attendront de nouveaux ordres.

ART. 2. –La division du général Legrand et la division du général Saint-Cyr se réuniront d’abord à Würzburg, où elles attendront de nouveaux ordres.

ART. 3. – Les mouvements, en ce qui concerne l’armée du Rhin, ne se feront que par les ordres du duc d’Auerstaedt et par le plénipotentiaire qui sera chargé des dispositions relatives à l’évacuation de la Prusse. A cet effet, ce maréchal se rendra à Berlin, et, dès ce moment, c’est-à-dire du 15 octobre, le corps du maréchal Soult est sous ses ordres, ainsi que toutes les troupes en Allemagne, hormis le corps du prince de Ponte-Corvo.

ART. 4. – A cet effet, le major général donnera des états détaillés de tout ce qui doit rester à l’armée du Rhin et de ce qui doit en partir.

ART. 5. – Les officiers d’état-major, les commandants d’armes, les généraux, les inspecteurs aux revues, commissaires des guerres, agents et employés des différentes administrations, qui ne seront pas compris dans la présente organisation, se rendront à Mayence, où ils recevront des ordres du ministre de la guerre.

 

TITRE X.

GENDARMERIE.

ARTICLE ler. – Le corps du prince de Ponte-Corvo gardent le détachement de gendarmerie qui s’y trouve aujourd’hui et qui est fort de 3 officiers et de 78 gendarmes montés.

ART. 2. – Il y aura à l’armée du Rhin un colonel de gendarmerie et deux compagnies de 50 gendarmes chacune.

ART. 3. – Le surplus de la gendarmerie qui pourrait rester à la Grande Armée se retirera sur Mayence, d’où chaque brigade rentrera dans sa légion.

 

TITRE XI.

ROUTE DE l’ARMÉE

ARTICLE ler. – La route de l’armée pour les places de Glogau, Danzig, Küstrin et Stettin, sera tracée par Magdeburg et Wesel.

La route pour le corps du général Oudinot sera tracée, par le plus court chemin, sur Mayence.

ART. 2. – Nos ministres de la guerre, de l’administration de la guerre, notre major général et l’intendant général sont chargés de l’exécution du présent décret.

 

Erfurt, 12 octobre 1808

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie

Les assurances données par la cour de Vienne que les milices étaient renvoyées chez elles et ne seraient plus rassemblées, qu’aucun armement ne donnerait plus d’inquiétude pour les frontières de Confédération, la lettre ci-jointe que je reçois de l’empereur d’Autriche, les protestations réitérées que m’a faites M. le baron de Vincent, et, plus que cela, le commencement de l’exécution, qui a lieu en ce moment en Autriche, des différentes promesses qui ont été faites, me portent à écrire à Votre Majesté que je crois que la tranquillité des États de la Confédération n’est d’aucune manière menacée, et que Votre Majesté est maîtresse de lever ses camps et de remettre ses troupes dans leurs quartiers de la manière qu’elle est accoutumée de le faire. Je pense qu’il est convenable que son ministre à Vienne reçoive pour instruction de tenir ce langage, que les camps seront reformés et que les troupes de la Confédération et du Protecteur seront remises en situation hostile, toutes les fois que l’Autriche ferait des armements extraordinaires et inusités que nous voulons enfin la tranquillité et la sûreté.

 

Erfurt, 12 octobre 1808

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris

Faîtes arrêter à Bayonne le nommé Gosse ou Gasse qui est en correspondance avec Geoffroy. Faîtes mettre le scellé sur ses papiers et faîtes-le conduire sous bonne et sûre garde à paris

 

Erfurt, 13 octobre 1808

A M. Daru, intendant général de la grande Armée, à Erfurt

M. Daru me remettra une note qui me fera connaître ce qu’il ordonne qu’on verse à la caisse d’amortissement. Il me semble qu 81 millions ont été versés à la caisse d’amortissement; 42 sont en caisse ; 96 sont à percevoir. Ainsi on pourrait faire verser la plus grande partie de ces 42 millions à la caisse d’amortissement,vu que ce qui reste à percevoir sera suffisant pour les besoins à venir. Je voudrais donc que le résultat de M. Daru me présentât 110, 120 ou 130 millions existant à la caisse d’amortissement, en argent , en billets de Saxe et en billets de Danzig, ainsi qu’en ceux de Westphalie.

Je prie aussi M. Daru de faire faire sans délai les bons de Westphalie, ainsi que je l’ai ordonné.

Les bons de la Prusse seront aussi versés à la caisse d’amortissement, qui en poursuivra le remboursement.

Et comme tous ces objets deviennent très-considérables, M. Daru proposera au ministre des finances de nommer quelqu’un qui soit uniquement chargé des produits de la Grande Armée à la caisse d’amortissement. On pourrait y placer quelqu’un attaché à M. la Bouillerie. M. la Bouillerie reviendra à l’armée y encaisser les 140 millions, y prendre tous les papiers, et fermera sa comptabilité de la manière suivante : pour la Prusse, ce qui a été reçu jusqu’au moment du traité; pour la Westphalie, ce qui a été reçu ; pour les pays encore occupés, ce qui revient au 1er janvier 1809. Passé cette époque, la caisse sera confondue avec la caisse d’amortissement, laquelle poursuivra ce qui reste dû, par raison des traités, en obligations. Dès 1er janvier 1809, un autre individu aura le titre de receveur des contributions de l’armée du Rhin au lieu de la Grande Armée, et percevra ce qui reviendra des revenus du pays qui m’appartiennent. Ce sera une autre comptabilité, et un individu moins important que M. la Bouillerie, qui présentera ses comptes au Conseil d’État pour être soumis à mon approbation.

M. la Bouillerie ira à ses fonctions à la trésorerie, et il me sea proposé par l’intendant général la récompense dont il sera susceptible.

 

Erfurt, 13 octobre 1808

A Joseph Napoléon, roi d’Espagne, à Vitoria

Mon Frère, j’ai fait toutes mes affaires avec l’empereur de Russie. Je pars demain pour Paris, et je serai avant un mois à Bayonne. Envoyez-moi un état de situation exact de l’armée, afin que je puisse y calquer une organisation définitive, en faisant le moins de déplacements possible. Dans cette situation de choses, la présomption de l’ennemi porte à penser qu’il restera dans les positions où il se trouve. Plus il restera près de nous, mieux cela vaudra. La guerre pourrait être terminée d’un seul coup par une maumoeuvre habilement combinée, et pour cela il faut que j’y sois.

P. S. Je me mets en route aussitôt que j’aurai mis en mouvement le Corps législatif.

 

Erfurt, 14 octobre 1808

A Alexandre 1er, empereur de Russie, à Erfurt

Monsieur mon Frère, désirant donner à Votre Majesté Impériale une preuve bien convaincante de mon amitié pour elle , et combien me sont précieuses les occasions de lui être agréable, je lui fais part que j’ai diminué de vingt millions la contribution que devait la Prusse, et que les termes de payement et autres conditions dont les plénipotentiaires francais et prussiens sont convenus seront spécifiés et arrêtés de manière que chacun sache à quoi s’en tenir. Je désire que Votre Majesté voie dans la présente lettre une nouvelle preuve du cas que je fais de son amitié.

Le même jour Alexandre écrivait à l’empereur N’apoléon la lettre suivante :

 

Erfurt, le 14 octobre 1808

Monsieur mon Frère, touché de toute l’amitié que Sa Majesté ne cesse de me témoigner en toute occasion, pour lui donner une marque évidente de toute celle que je lui porte, je m’empresse de déclarer à Votre Majesté que je ne prends aucun intérêt à l’exécution de l’article éventuel du traité de Tilsit relatif au Hanovre, et , que je veux reconnaître tout ce qu’elle aura décidé sur le sort du royaume d’Étrurie et celui des autres états d’Italie. J’espère qu’elle y reconnaîtra une nouvelle preuve de mes sentiments pour elle.

 

Erfurt, 14 octobre 1808

A François 1er, empereur d’Autriche, à Vienne

Monsieur mon Frère, je remercie Votre Majesté de la lettre qu’elle a bien voulu m’écrire et que M. le baron de Vincent m’a remise (voir ci-dessous) Je n’ai jamais douté des intentions droites de Votre Majesté,; mais je n’en ai pas moins craint, un moment, de voir les hostilités se renouveler entre nous. Il est à Vienne une faction qui affecte la peur pour précipiter votre cabinet dans des mesures violentes, qui seraient l’origine de malheurs plus grands que ceux qui ont précédé. J’ai été maître de démembrer la monarchie de Votre Majesté, ou du moins la laisser moins puissante; je ne l’ai pas voulu. Ce qu’elle est, elle de mon voeu : c’est la plus évidente preuve que nos comptes sont soldés et que je ne veux rien d’elle. Je suis toujours prêt à garantir l’intégrité de sa monarchie. Je ne ferai jamais rien contre les principaux intérêts de ses États. Mais Votre Majesté ne doit pas remettre en discussion ce que quinze ans de guerre ont terminé. Elle doit défendre toute proclamation ou démarche provoquant la guerre. La dernière levée en masse aurait produit infailliblement la guerre si j’avais pu craindre que cette levée et ces préparatifs fussent combinés avec la Russie. Je viens de licencier les camps de la Confédéraration.

Cent mille hommes de mes troupes vont à Boulogne pour renouveler mes projets sur l’Angleterre : que Votre Majesté s’abstienne de tout armement qui puisse me donner de l’inquiétude et faire une diversion en faveur de cette puissance. J’ai dû croire, lorsque j’ai eu le bonheur de voir Votre Majesté et que j’ai conclu le traité de Presburg, que mes affaires étaient terminées pour toujours et que je pouvais me livrer à la guerre maritime sans être inquiété ni distrait. Que Votre Majesté se méfie de ceux qui lui parlent des dangers de sa monarchie et troublent ainsi son bonheur, celui de sa famille et de ses peuples. Ceux-là seuls sont dangereux; ceux-là seuls appellent les dangers qu’ils feignent de craindre. Avec une conduite droite, franche et simple, Votre Majesté rendra ses peuples heureux, jouira elle-même du bonheur dont elle doit sentir le besoin après tant de troubles, et sera sûre d’avoir en moi un homme décidé à ne jamais rien faire contre ses principaux intérêts. Que ses démarches montrent de la confiance ; elles en inspireront. La meilleure politique aujourd’hui, c’est la simplicité et la vérité. Qu’elle me confie ses inquiétudes, lorsqu’on parviendra à lui en donner; je les dissiperai sur-le-champ. Que Votre Majesté me permette un dernier mot : qu’elle écoute son opinion , son sentiment, il est bien supérieur à celui de ses conseils. Je prie Votre Majesté de lire ma lettre dans un bon sens, et de n’y rien voir qui ne soit pour le bien et la tranquillité de l’Europe et de Votre Majesté.

Voici la lettre de l’empereur d’Autriche :

Monsieur mon Frère, mon ambassadeur à Paris m’apprend que Sa Majesté Impériale se rend à Erfurt, où elle se rencontrera avec l’empereur Alexandre. Je saisis avec empressement l’occasion qui la rapproche de ma frontière pour lui renouveler les témoignages de l’amitié et de la haute estime queje lui ai vouées, et j’envoie auprès d’elle mon lieutenant général le baron Vincent, pour vous porter, Monsieur mon Frère, l’assurance de ces sentiments inviolables. Je me flatte, que Votre Majesté n’a jamais cessé d’en être convaincue et que, si de fausses représentations qu’on avait répandues sur des institutions intérieures et organiques que j’ai établies dans ma monarchie lui ont laissé pendant un moment des doutes sur la persévérance de mes intentions, les entretiens que le comte Metternich a présentées à ce sujet à son ministre auront entièrement dissipées. Le baron de Vincent se trouve à même d’affirmer à Votre Majesté ces détails et d’y ajouter tous les éclaircissements qu’elle pourra désirer. Je la prie de lui accorder la même bienveillance avec laquelle elle a déjà bien voulu le recevoir à Paris et à Varsovie. Les nouvelles marques qu’lle lui donnera me seront un gage non équivoque de l’entière réciprocité de ses sentiments, et elles mettront le sceau à cette entière confiance qui ne laissera rien à ajouter à la satisfaction mutuelle.

Veuillez agréer l’assurance de l’inaliénable attachement et de la haut considération avec lesquels je suis, etc.,

 

Erfurt, 14 octobre 1808

Au contre-amiral Lacrosse, commandant la marine à Boulogne

Monsieur le Contre-Amiral, vous voudrez bien faire partir sur un de mes bâtiments les courriers français et russe qui vous sont adressés par le ministre des relations extérieures. Ce bâtiment se dirigera sur la rade la plus sûre d’Angleterre, sans rencontrer la croisière anglaise, s’il le peut, ou en parlementant avec elle, mais sans remettre les courriers qu’il a à bord, qui doivent être portés par le même bâtiment à Douvres. Le bâtiment attendra à Douvres le retour des courriers, qui ont ordre de ne pas se dessaisir de leurs dcpêches et de ne les remettre qu’au ministre en main propre. Dans la lettre que vous écrirez aux commandants anglais, vous leur ferez connaître que le bâtiment que vous envoyez a ordre de mouiller sur la côte; que les courriers qui sont à bord sont partis d’Erfurt, porteurs de dépêches des empereurs de France et de Russie, de la plus grande importance qu’ils ont ordre de ne remettre qu’au ministre.

Plusieurs divisions de l’armée se sont mises en marche pour Boulogne, afin d’y rétablir le camp.

 

Erfurt, 14 octobre 1808

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Je vous envoie la lettre pour le commandant de la marine à Boulogne. Il faut que les courriers russes et français aient ordre de ne remettre leurs dépêches à qui que ce soit, mais en mains propres au ministre. Ils montreront leurs lettres pour faire voir qu’ells sont des empereurs de France et de Russie. Vous ferez sceller les enveloppes des sceaux de France et de Russie, et vous y ferez mettre le contre-seing : Empereurs de France et de Russie.

 

Erfurt, octobre 1808

LETTRE AUX PRINCES DE LA CONFÉDÉRATION

[3]Cette lettre fut adressée à des dates différentes, du 12 au 14 octobre, aux rois de Bavière, de Saxe, de Westphalie, de Wurtemberg, au qrand-duc de Bade et au prince Primat.

Monsieur mon Frère, les assurances données par la cour de Vienne, que les milices étaient renvoyées chez elles et ne seraient plus rassemblées, qu’aucun armement ne donnerait plus d’inquiétude pour les frontières de la Confédération, la lettre ci-jointe (référence à la lettre à François 1er) que je reçois de l’empereur d’Autriche, les protestations réitérées que m’a faites M. le baron de Vincent, et, plus que cela, le commencement d’exécution qui a déjà lieu en ce moment en Autriche des différentes promesses qui ont été faites, me portent à écrire à Votre Majesté que je crois que la tranquillité des États de la Confédération n’est d’aucune manière menacée, et que Votre Majesté est maîtresse de lever ses camps et de remettre ses troupes dans leurs quartiers, de la manière qu’elle est accoutumée de le faire. Je pense qu’il est convenable que son ministre à Vienne recoive pour instruction de tenir ce langage, que les champs seront reformés et que les troupes de la Confédération et du Protecteur seront remises en situation hostile, toutes les fois que l’Autriche ferait des armements extraordinaires et inusités; que nous voulons enfin tranquillité et sûreté.

 

Saint-Cloud, 19 octobre 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris.

Le Vice-Roi comme commandant mon armée d’Italie, le général Marmont comme commandant mon armée de Dalmatie, le roi de Naples comme commandant mon armée de Naples, le duc d’Auerstaedt comme commandant mon armée du Rhin, le prince de Ponte-Corvo comme commandant le corps d’armée des villes hanséatiques, vous écriront directement, et non par le canal de leur chef d’état-major, pour tous les objets relatifs au service; ce qui ne doit pas empêcher l’état-major de vous donner des explications sur les détails et de vous envoyer des rapports. Mais faites connaître aux commandants en chef que la responsabilité n’est à couvert qu’autant qu’ils ont écrit au ministre de la guerre, sans que quoi qu’ils puissent écrire directement à l’Empereur puisse couvrir leur responsabilité.

 

Saint-Cloud, 19 octobre 1808.

Au général Clarke, minsitre de la guerre, à Paris.

Monsieur le Général Clarke, écrivez au général Junot qu’il place sa première division à Angoulême, sa seconde à Saintes et sa troisième à la Rochelle, en les laissant organisées comme elles étaient. Il placera sa cavalerie à Niort et à Saint-Jean-d’Angely.

Donnez ordre au bataillon du train d’artillerie venant de la Grande Armée, en route sur Bayonne, qui est sans destination et sans voitures, de se rendre à la Rochelle pour y atteler l’artillerie du général Junot. Faites acheter 800 mulets pour compléter le bataillon du train de ce corps d’armée. Enfin donnez l’ordre pour qu’on achète dans le Poitou 600 chevaux pour monter les dragons. Il faudrait diriger des différents dépôts de dragons 600 chevaux, de ceux déjà achetés. Faites-moi connaître de quels dépôts on pourrait faire venir ces chevaux. Par ce moyen, les dragons qui se trotivent là pourraient être promptement montés. Je suppose qu’ils ont leurs selles.

Il doit manquer beaucoup de caissons d’artillerie et du génie ; il faut y pourvoir. Donnez ordre aux officiers d’artillerie et du génie qui se trouvent là de rester à leur poste, et que tout soit prêt à marcher au 1er novembre.

 

Saint-Cloud, 19 octobre 1808

Au général Clarke, minsitre de la guerre, à Paris.

Monsieur, le Général Clarke, présentez-moi un projet de décret pour régulariser la levée de tous les bataillons de miquelets, que l’on appellera bataillons de chasseurs des montagnes, et pour leur donner des numéros.

 

Saint-Cloud, 19 octobre 1808,

Au général Junot, commandant le 8e corps de l’armée d’Espagne, à La Rochelle

Le ministre de la guerre m’a mis sous les yeux tous vos mémoires et, notamment, votre lettre du 15 octobre. Vous n’avez rien fait de déshonorant ; vous ramenez mes troupes, mes aigles et mes canons. J’avais cependant espéré que vous feriez mieux. Dès les premiers moments de votre entrée en Portugal, je vous avais prévenu de la nécessité d’être maître des Portugais, de n’avoir aucune confiance en eux, de former un camp retranché. Ce camp retranché ne devait pas avoir pour but spécial de couvrir Lisbonne et l’embouchure du Tage : Almeida et Elvas pouvaient même servir de centre et de réduit, si l’embouchure du Tage n’y était pas propre. Dans la saison où nous sommes, il était facile d’y réunir des vivres, sauf à laisser manquer Lisbonne. Vous auriez défendu vos chevaux ; manquant de vivres, vous les auriez mangés ; et vous eussiez pu attendre, dans cette position, des secours pendant six mois. Durant ce temps vous auriez été secouru, ou, si vous ne l’aviez pas été, vous eussiez alors mérité la convention que vous avez faite. Cette convention, vous l’avez gagnée par votre courage, mais non par vos dispositions ; et c’est avec raison que les Anglais se plaignent que leur général l’ait signée. Vous l’auriez méritée si vous l’eussiez signée dans un camp retranché, six semaines plus tard. Enfin il est dans votre traité une circonstance qui peut difficilement se justifier , c’est d’avoir abandonné Elvas : pourquoi, au contraire, n’en avoir pas renforcé la garnison et ne lui avoir pas dit de tenir jusqu’à son dernier morceau de pain ? Nous serons à Elvas avant la fin de décembre ; quel avantage si nous avions trouvé cette place ! Et à tout événement, 1,500 à 2,000 hommes auraient obtenu de rentrer en France. Je vous avais ordonné depuis longtemps de démolir Almeida et la plupart des autres places. Aujourd’hui, j’ai publiquement approuvé votre conduite; ce que je vous écris confidentiellement est pour vous seul.

Restez où vous êtes. J’ai donné ordre au ministre Dejean de vous fournir 800 mulets et chevaux. Je passerai la revue de votre corps avant dix jours; il forme désormais le 8e corps de l’armée d’Espagne que je commande en personne. Avant la fin de l’année, je veux vous replacer moi-même à Lisbonne. Retenez près de vous les officier qui connaissent le mieux le pays. Envoyez-moi la meilleure carte que vous ayez ; faites-y tracer les routes , et joignez-y tous les renseignements sur la manière dont on peut rentrer à Lisbonne sans faire aucun siège.

Placez la division Delaborde à Angoulême. Faites-lui foumi douze pièces de canon avec les caissons, afin que cette division soit en état d’entrer la première en Espagne. Chacune sera portée 6,000 hommes. Tous les détachements de dragons que vous avez rejoindront leurs corps , et je vous donnerai une division complète. Déjà j’ai ordonné que de nombreux détachements des 47e, 70e, 86e partissent de Bretagne; d’autres vont partir de Paris.

Le ministre Dejean a dû vous envoyer l’ordre d’acheter 800 mules pour votre bataillon du train, et d’autres pour vos équipages militaires ; 600 chevaux espagnols sont dirigés sur vous, 600 chevaux s’y rendent des dépôts de dragons, et vous êtes autorisé à en acheter en Poitou.

Envoyez-moi l’état de situation de votre artillerie, de vos équipages militaires, de votre train, de votre cavalerie, de votre sellerie remonte, enfin tout ce qui peut me mettre à même de bien connaître la situation de votre corps. Ayez soin, en parlant de vos bataillons, de faire mettre le nombre de compagnies dont ils sont formés. Vous porterez désormais le nom de 8e corps de l’armée d’Espagne.

Sur les 600 chevaux que vous avez amenés, je désire savoir combien il y en a qui appartiennent à la troupe

Un homme comme vous doit mourir ou ne rentrer à Paris que maître de Lisbonne. Du reste, vous serez l’avant-garde et je serai derrière vous. Ne perdez pas un moment; activez l’organisation des administrations; passez par-dessus les difficultés. D’ailleurs j’ordonne qu’un nouveau bataillon vous soit envoyé.

 

Saint-Cloud, 19 octobre 1808

A Joseph Napoléon, roi d’Espagne, à Vitoria

Je suis arrivé cette nuit à Paris, étant parti le 14 d’Erfurt. Tout s’est arrangé dans cette ville comme je le désirais, et, après dix-huit jours de séjour, nous nous sommes séparés au mieux possible avec l’empereur.

Le maréchal Jourdan n’écrit pas au prince de Neuchàtel , de manière que je n’ai aucun détail de la situation des armées. Tout ce que j’en puis voir, c’est que vous avez évacué toute la rive droite : dès lors votre position est mauvaise ; l’ennemi, ne craignant plus que vous preniez l’offensive à Burgos, peut se porter sur Bilbao sans inquiétude et établir le théâtre de la guerre dans les montagnes; tout comme, ne craignant plus que vous débouchiez par la rive droite sur Saragosse, il est maître également de se porter sur l’extrémité de votre gauche. Rien de tout cela n’était possible si vous aviez ccupé en force Burgos et Tudela, et d’une manière offensive.

L’ennemi est-il à Burgos ? Avez-vous laissé quelques troupes dans la citadelle, ou détruite ? Je ne sais absolument rien de ce que vous avez fait, sinon que c’est fàcheux. Je ne puis pas comprendre pourquoi l’état-major n’écrit pas dans le plus grand détail tous les événements, comme cela doit être, et ne m’envoie pas le rapport des généraux , afin que je comprenne l’état de la question. A chaque escarmouche, je dois savoir combien de blessés et de tués, enfin le moindre détail. On me manque doublement en tenant une conduite si inexplicable. L’état-major doit écrire tous les jours trois pages.

 

Saint-Cloud, 20 octobre 1808

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel

Mon Frère, j’ai reçu votre lettre du 13. Je vois avec peine que votre santé n’est pas rétablie ; il vous faut du ménagement et de la tranquillité. Votre régiment est indiscipliné et a fait du tapage eu France; écrivez-lui que cela est mal. Aussitôt que vous aurez un régiment de 1,600 hommes de bonne volonté, je verrai avec plaisir que vous le fassiez partir. Au reste, les affaires seront bientôt décidées de ce côté.

 

Saint-Cloud, 21 octobre 1808

A M. Gaudin, ministre des finances, à Paris

Il faut, avant de me remettre le travail du grand-duché de Berg, que vous prépariez et m’en facilitiez la lecture.

Envoyez un courrier à Düsseldorf, avec l’ordre de vous rapporter le budget de l’arriéré jusqu’au 1er janvier 1808, le budget de 1808 et celui de 1809. 1° Que le résultat de ces états soit ce que j’ai, que je dois, ce que je recevrai l’année prochaine, ce qu’il me faut de dépenses. Donnez des instructions détaillées au sieur Beugnot là-dessus. 2° Que le même courrier vous rapporte la division du pays en départements ou en cercles, au nombre de trois ou de cinq. 3° Que l’on ôte tous les employés prussiens. 4° Que l’on ne réagisse pas; Beugnot réagit trop; cela n’est pas dans ma politique ; il ne doit pas blâmer ce qu’a fait le grand-duc. 5° Que l’on m’envoie l’état de situation des troupes et les lieux où elles se trouvent. 6° Que l’on m’envoie à signer ce qui est relatif à la princesse grand’mère de lavice-reine d’Italie. 7° Que l’on distingue bien les revenus du prince de ceux du pays. 8° Que l’on assigne les biens pour les 250.000 francs de rente destinés pour l’armée. 9° Que l’on paye les pensions que l’on doit par l’article secret du traité de Tilsit.

 

Saint-Cloud, 21 octobre 1808

Au général Lacuée, directeur des revues et de la conscription, à Paris

J’ai lu, avec le plus grand intérêt, le bel état que vous m’avez envoyé sur l’armée de Naples. Il m’a paru d’une clarté parfaite. Je l’ai parcouru avec autant de plaisir qu’un bon roman. Je désirerais fort avoir de cette manière l’état de mes autres armées, en les classant par, 1° armée du Rhin; 2° gouvernement des villes hanséatiques; 3° divisions Boudet et Molitor, qui retournent en Italie; 4° divisions qui se réunissent à Würzburg pour retourner en France; 5° armée d’Espagne; 6° dans l’intérieur; 7° armée d’Italie ; 8° armée de Dalmatie; 9° armée de Naples; 10° de Corfou. Faites-moi d’abord 1’infanterie; vous ferez faire après la cavalerie. Ainsi j’aurai une connaissance parfaite de mon armée. Veillez à ce qu’il ne s’y . . . . . .(lacune dans la minute) vois cependant dans votre état une erreur, c’est que vous portez le 23e léger à trois bataillons, à l’armée de Naples; il n’en a que deux. Ce qui fait quelque différence dans les chiffres.

Le résultat de ce travail me fera connaître l’effectif de chaque corps et ce qu’il faudra pour porter au grand complet toute l’armée.

Ajoutez à l’état de mettre à côté de chaque 5e bataillon le lieu où il est.

 

Saint-Cloud, 21 octobre 1808

A Joseph Napoléon, roi d’Espagne, à Vitoria

Mon Frère, Berthier est parti aujourd’hui pour Bayonne; j’y serai dans peu de jours. Il est nécessaire que j’aie des plans et reconnaissances sur le cours de l’Èbre, depuis Tudela jusqu’à Frias, et sur les routes de Vitoria à Loqrono. A-t-on gardé le fort de Burgos, ou l’a-t-on démoli ? Il y a des officiers de cavalerie intelligents qui ont parcouru le pays entre l’Èbre et Soria, Tudela et Logrono; envoyez-en un ou deux des plus intelligents à Bayonne, pour me donner des renseignements sur la nature des routes et du pays. Si, parmi les Espagnols qui vous sont attachés , il y en a qui connaissent bien les provinces de Soria, de la Montana où est Santander, je serais bien aise que, sous un prétexte quelconque, vous les adressiez à Bayonne, où, du reste, je ne compte rester que très-peu de jours, et me mettre sur-le-champ à la tête de l’armée.

 

Saint-Cloud, 21 octobre 1808

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris

Qu’est-ce que Gautier de Gemute, du Mans, qui parait avoir des relations à Berlin ?

 

Saint-Cloud, 22 octobre 1808

A M. Bigot de Préameneu, ministre des Cultes, à Paris

Donnez l’ordre le plus positif à l’agent de Rome de n’écrire à aucun évêque de France, sans envoyer ses lettres ouvertes au ministre des cultes, par le canal duquel elles doivent passer.

 

Saint-Cloud, 22 octobre 1808

NOTES POUR L’EXPOSÉ DE LA SITUATION DE L’EMPIRE

Le début du discours paraît susceptible de changements. On peut entrer plus promptement en matière et venir, sans détour, au principal objet de ce travail. On peut aussi adopter un plan plus régulier, et, pour rendre ce plan plus sensible, diviser l’exposé par chapitres et classer ainsi les idées.

Il paraîtrait convenable de se borner, dans l’exorde, au développement des phrases suivantes :

« Messieurs, le tableau de la situation de l’Empire, au moment de l’ouverture de votre session, excitera sans doute dans vos coeurs les mêmes sentiments dont vous avez été frappés à l’ouverture des sessions précédentes. Toutes les branches de l’administration publique ont été ravivées et raffermies; tous les projets d’amélioration que le Gouverriement avait couçus ont été suivis avec persévérance ; des efforts continuels ont été faits pour réaliser les espérances que la sollicitude du Gouvernement et ses succès dans les années antérieures avaient permis de concevoir, et il n’est aucune des institutions qu’il avait créées, aucune des branches de l’administration publique qui n’ait acquis quelques nouveaux degrés de perfection.

L’ordre judiciaire réclamait une attention toute particulière; il fallait concilier la nécessité de son indépendance et de l’inamovibilité des emplois avec les précautions qui devaient mettre à l’abri de la surprise des premiers choix, etc.  » Le sénatus-consulte du 16 octobre 1807, etc.

Le Culte. Il faut dire ce qu’on a fait, et faire sentir qu’on veut maintenir dans toute leur intégrité les principes du Concordat et lois organiques; que la tolérance est la première obligation comme le premier bienfait qui doivent résulter du système actuel, etc.

Après l’article du Culte, il faut parler des sciences et des lettres et, à cette occasion, des comptes qui ont été rendus par l’Institut et de l’époque prochaine, fixée par les décrets, pour la distribution des grands prix.

On parlera ensuite des différents muséum enrichis et agrandis.

La marche naturelle des idées conduit à développer les dispositions qui ont été prises pour l’organisation et la mise en activité de l’université.

Les développements relatifs à l’administration intérieure, d’où l’on doit écarter tout ce qui tient aux considérations politiques, mèneront à parler des nouveaux départements réunis.

On sera naturellement conduit à faire mention des voyages de l’Empereur, soit en Italie en novembre 1807, soit dans l’intérieur à la fin de l’été 1808, soit, et tout récemment, à Erfurt. Ce voyage ne doit être considéré que sous les rapports de l’influence qu’il peut avoir eue sur les affaires de l’intérieur, et tout développement relatif à la politique doit être écarté.

On arrivera naturellement à ce qui concerne l’administration proprement dite, les travaux publics, les routes, les canaux de navigation, les ports, les ponts et autres objets de même nature.

On dira, au sujet de la législation importante des mines, que les principes seront posés dans cette session.

On parviendra enfin à ce qui est relatif au commerce, et cela conduira, par une transition naturelle, en parlant des privations qu’il a éprouvées, à dire ce qu’il a souffert par la tyrannie anglaise et par la législation du mois de novembre (référence à la déclaration du roi d’Angleterre du 11 novembre 1807), si contraire à l’indépendance des mers. On évitera soigneusement de parler, d’une manière directe, du gouvernement anglais, et l’on parlera seulement de la législation commerciale adoptée en Angleterre. On ne pourra se dispenser de traiter des lois du blocus, de la nécessité des représailles, de l’impossibilité où l’on a été de se refuser à de telles mesures; mais on ne mêlera jamais la politique à ces développements, que l’on rapportera toujours et uniquement à l’influence que cette position des choses a sur le commerce.

L’article de la chambre des comptes doit être une suite de l’article sur les finances.

On passera sous silence ce qui concerne la translation de l’Imprimerie impériale; il faut éviter de tomber dans de trop petits détails.

La partie relative à la situation militaire et à la situation politique terminera le tableau. Les idées en seront données par l’Empereur.

 

Saint-Cloud, 22 octobre 1808

AUTRES NOTES POUR L’EXPOSÉ DE LA SITUATION DE L’EMPIRE.

Dans le discours de l’Empereur au Corps législatif, il y a trois choses qu’il faut développer.

Les codes civil, judiciaire et de commerce ont réussi. Le code criminel va être soumis dans cette session au Corps législatif. Le code civil est le code du siècle; la tolérance y est non-seulernent prêchée, mais organisée, la tolérance, ce premier bien de l’homme.

La sévérité déployée dans le code de commerce contre les banqueroutiers en a diminué le nombre et a été applaudie dans toute l’Europe.

Le code criminel, qui sera présenté cette année au Corps législatif est spécialement fondé sur ce principe, que le jury d’accusation est inutile, que la poursuite des délits ne saurait être placée dans de mains trop fortes contre des délits qui s’étayeraient de protections etchercheraient l’impunité.

Quant au système de finances dont parle le discours de Sa Majesté il se compose non d’une seule imposition, comme le voulaient les économistes, mais de différentes impositions. Il consiste à mettre en temps de paix les impositions à un tarif très-modéré, afin de pouvoir les hausser en temps de guerre selon les circonstances. Nos impositions actuelles sont de plus de 800 millions; en temps de paix les tarifs pourraient obtenir l’énorme diminution d’un quart; 600 millions pourront suffire en temps de paix. Dans l’état de guerre continentale, 850 à 900 millions sont jugés nécessaires. Nous les obtiendrions par un accroissement de 25 centimes sur tous les tarifs des impositions actuelles. Dans ce cas, on supporterait de fortes charges; mais on subviendrait à bien des besoins, et même l’imposition foncière ne serait pas plus forte qu’elle ne l’a été dans des circonstances de guerre. Voilà le système fondé par l’Empereur. Une nation n’a de finances que lorsqu’elle peut subvenir à tous ses besoins en paix comme en guerre, lorsqu’elle peut faire la guerre sans avoir recours à des emprunts, qui ne sont qu’un jeu d’anticipation ruineuse.

Quant à la politique, il faut s’étendre beaucoup sur le système vexatoire de l’Angleterre; dire que nous n’usons que de représailles; louer la conduite de l’Amérique; louer les mesures prises par une juste représaille; enfin dire que l’Europe présente aujourd’hui le spectacle de l’Angleterre en guerre contre tout le monde et n’ayant trouver d’alliés que dans les suppôts de l’inquisition et dans les plus barbares préjugés. Dire que l’Autriche a rappelé de Londres son ambassadeur et a cessé toute communication politique avec cette puissance; que cependant les armements de l’Autriche ont nécessité nos armements ; que la conscription est déjà en marche ; que les armées du Rhin et d’Italie vont se fortifier de toutes les nouvelles levées; que 100,000 hommes sont en marche des États de Prusse pour occuper le camp de Boulogne; que nous voulons la paix avec tout le monde, mais que nous sommes dans une position telle que nous ne craignons la guerre avec personne; que les régiments qui avaient été retirés d’Italie, il y a un an, retournent renforcer cette armée; que les troupes de la Confédération du Rhin sont bien organisées et instruites ; que le Danemark, désormais à l’abri de toute incursion anglaise, est évacué par nos troupes, qui se concentrent et se centralisent, et que, avant la fin de janvier, le nombre des bataillons retirés pour l’Espagne sera remplacé sur les bords de l’Elbe et du Rhin.

Parler de l’expédition de l’amiral Ganteaume et la louer.

Faire sentir le peu de chances qu’ont les Anglais de réussir dans une expédition continentale; dire que pour envahir le Portugal, ils affaiblissent la Sicile et d’autres points où il n’y a que très-peu d’Anglais , et que cette île se trouve exposée aux entreprises et à l’audace du roi actuel, qui, en même temps, commande mon armée.

 

Saint-Cloud, 23 octobre 1808

Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris

Donnez ordre à mon escadre de Flessingue de partir et de gagner un des ports de l’Océan ou de la Méditerranée, soit en doublant l’Irlande, soit en passant le détroit. Cette escadre mènera avec elle les trois frégates ou corvettes hollandaises.

 

Saint-Cloud, 23 octobre 1808

A M. Fouché, ministre de la police générale, à Paris

On dit que le sel vaut 50 centimes; faites-moi connaître ce qui en est.

 

Saint-Cloud, 23 octobre 1808

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel

Mon Frère, j’ai donné à des étrangers le grand aigle de la Légion d’honneur; cela vous était agréable, cela m’a suffi. Les étrangers n’ont aucun parallèle en France. Vouloir que je le donne au comte de ….. je vous laisse à juger si cela est convenable; vous avez l’esprit trop juste pour le penser. Le ministre de l’intérieur Cretet, qui m’a rendu tant de services dans la place de directeur général des ponts et chaussées et au Conseil d’état, le ministre du trésor public Mollien, un des premiers financiers de l’Europe, le ministre de la guerre Clarke, qui a été gouverneur de Vienne et de Berlin, avec qui j’ai négocié le traité de Campo-Forrnio, le ministre des cultes Bigot Préameneu, qui a été président de la section de législation de mon Conseil d’état, les ministres d’État Lacuée, Regnaud, Deermon, qui m’ont constamment rendu tant de services, n’ont pas le grand aigle de la Légion. Je ne parle pas des généraux; excepté les maréchaux, il n’y en a que quelques-uns qui l’aient pour leur conduite à Austerlitz et Friedland. Après cela j’attends votre réponse. On ne peut pas dire que le comte de ….. ne soit pas Français; cela est ridicule. Quand il vous aura servi fidèlement vingt-cinq ans, ou qu’il aura déployé de grands talents dans quelques circonstances, je ne me refuserai pas à lui donner ce que vous me demandez pour lui; il l’aura sans doute alors mérité.

 

Saint-Cloud, 24 octobre 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Dans une note que je recois sur le département de la Haute-Loire, je lis cette phrase : Le chef militaire du département est le général Beaufort, inspecteur dans les droits réunis. Je ne comprends pas trop cela. Comment un inspecteur des droits réunis peut-il être chef militaire d’un département ?

 

Saint-Cloud, 24 octobre 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, faites connaître au duc d’Auerstaedt, qui commande l’armée du Rhin et qui doit être à Berlin, que les chevau-légers polonais de ma Garde ont besoin d’une centaine d’homnies, et qu’il peut s’entendre avec le ministre de la guerre du grand-duché pour pourvoir aux moyens de les fournir; qu’il a dû recevoir les ordres pour les divisions Boudet et Molitor et pour les divisions Saint-Cyr et Legrand; que je suppose qu’elles sont en mouvement, et qu’il vous fasse connaître leur itinéraire de bonne heure, afin que vous puissiez prendre mes ordres avant leur arrivée; que comme je juge convenable de placer le corps du général Oudinot avec sa brigade de cavalerie légère à Hanau, il pourra dès lors placer à Baireuth une de ses trois divisions, ce qui empêchera l’encombrement; que je désire donc qu’il donne au général Oudinot l’ordre de se rendre à Hanau et de répartir sa division dans cette principauté.

 

Saint-Cloud, 24 octobre 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, il sera fourni 1,000 hommes à la disposition du ministre de la marine à l’île d’Aix, savoir : une compagnie du 66e composée de 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant, 1 sergent-major, 4 sergents, 8 caporaux, 2 tambours et 240 soldats; une compagnie du 882e organisée de même; 300 hommes du bataillon colonial et 200 hommes du dépôt de conscrits réfractaires le plus voisin ; total, 1,000 hommes.

Vous mettrez également 900 hommes à la disposition du ministre de la marine à Lorient, savoir : 400 hommes du bataillon colonial qui est à Belle-Île; 200 hommes tirés du dépôt de conscrits réfractaires le plus voisin ; enfin une compagnie composée de 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sergent-major, 4 sergents, 8 caporaux, 2 tambours et 300 soldats, tirés du bataillon de la légion de réserve qui est au camp de Rennes. Ce bataillon, qui est actuellement de 900 hommes, restera fort de 600, et, comme il n’a que trois compagnies, la force sera encore de 200 hommes par compagnie. A cet effet, vous ordonnerez au général Heudelet de regarder comme déracinés les officiers et sous-officiers qui vont être envoyés à Lorient, et de les remplacer aux cadres des compagnies.

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P. S. Vous prescrirez aux capitaines généraux des colonies de faire charger les flûtes et frégates qui seraient laissées aux colonies de denrées coloniales, et de profiter des occasions favorables pour les renvoyer en France.

 

Saint-Cloud, 24 octobre 1808

Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris

Monsieur Decrès, vous trouverez ci-joint des ordres pour mes escadres de Rochefort et de Lorient. Faites-les partir par des courriers extraordinaires , qui porteront aussi vos instructions.

Ordonnez qu’avant le 10 novembre ces escadres soient sans communication avec la terre , et que leur départ ne dépende plus que du temps et des circonstances favorables. Je donne des ordres au ministre de la guerre pour les troupes d’embarquement qui sont nécessaires ; ces troupes sont déjà rendues à portée de l’une et de l’autre escadre. Ces deux expéditions jointes à toutes les autres déjà méditées, car celles-ci ne doivent empêcher aucune des anciennes, doivent pourvoir aux vivres des colonies pendant un an ou quinze mois. Si cela ne devait pas être suffisant, il faudrait faire partir mon escadre de Brest. Quand elle n’appareillerait qu’en décembre ou en janvier, elle serait toujours à temps pour faire son retour en mars. J’attends donc, pour me décider à cet égard, votre rapport, et que vous me présentiez l’état de ce que les bâtiments des deux escadres vont emporter. Dans les instructions que vous donnerez aux deux commandants, je vous recommande d’ordonner que, s’il y a séparation, le point de réunion ne soit pas sur la Martinique, mais sur Cayenne. Toutes leurs prises doivent y être envoyées. Espagnols, Portugais, Américains, Suédois, Brésiliens, tous sont de bonne prise.

P. S. Vous prescrirez aux capitaines généraux des colonies de faire charger les flûtes et frégates qui seraient laissées aux colonies de denrées coloniales, et de profiter des occasions favorables pour les renvoyer en France.

 

Saint-Cloud, 24 octobre 1808

INSTRUCTIONS AU CONTRE-AMIRAL LHERMITTE, COMMANDANT L’ESCADRE DE ROCHEFORT

Monsieur le Contre-Amirai Lhermitte, vous mettrez à la voile le plus tôt possible avec la Ville-de-Varsovie, le Patriote et le Jemmapes, armés en guerre, et le Calcutta, armé en flûte, de manière cependant à porter sa première batterie et à tenir tête à une frégate. Vous embarquerez sur chaque vaisseau les munitions de guerre dont notre ministre de la mairine vous enverra l’état, et 250 soldats environ par bâtiment, y compris la flûte, en tout de 800 à 1,000 soldats. Vos vaisseaux seront approvisionnés pour six mois de vivres, et la flûte sera chargée d’autant de farines, salaisons et vin que possible. Vos vaisseaux seront aussi chargés de farines, mais sans vous encombrer. Vous vous rendrez droit à la Martinique, où vous ferez entrer la flûte. Vous y débarquerez 5 à 600 hommes et les farines que vous aurez à bord. Vous ne resterez pas plus de quatre jours à la Martinique. Après cela, vous reprendrez le large avec vos trois vaisseaux et les bricks que la colonie voudra renvoyer. Vous paraîtrez devant la Guadeloupe, où vous jetterez 3 ou 400 hommes.

Ces deux missions remplies, je vous laisse maître de vos manmoevres. Pour achever l’emploi de vos vivres, vous pourrez croiser dans tels parages où vous présumerez devoir faire le plus de mal à l’ennemi. Vous pourrez prendre sous votre croisière ceux de nos bricks ou frégates que vous trouverez dans nos colonies. Vous opérerez votre retour de préférence dans la Méditerranée, soit à la Spezia, soit à Gênes, soit à Toulon.

Je vous préviens qu’une expédition part en même temps que la vôtre de Lorient. Si vous vous rencontriez, je verrais avec plaisir que mes deux escadres se réunissent sous vos ordres. Je désire aussi que vous prévoyiez le cas d’une séparation, afin qu’aucun de mes vaisseaux ne soit exposé à arriver seul devant Fort-Royal de la Martinique, où je présume que l’ennemi tient un ou deux vaisseaux. Notre ministre de la marine est chargé de vous transmettre les instructions de détail relatives à votre mission. Nous comptons que vous ne négligerez rien pour la bien remplir et pour faire le plus de mal possible à nos ennemis; et nous nous reposons pour cela sur votre courage, vos talents et votre zèle pour notre service.

 

Saint-Cloud, 24 octobre 1808

INSTRUCTIONS AU CAPITAINE TROUDE, COMMANDANT LA DIVISION NAVALE DE LORIENT

Monsieur le Capitaine Troude, vous partirez le plus tôt possible avec le Courageux, le d’Hautpoul, le Polonais, et avec trois frégates armées en guerre, des meilleures qui sont à Lorient et que mon ministre de la marine désignera. Vous partirez avec six mois de vivres. Vous aurez deux flûtes de la force des frégates, chargées de vin, farines et salaisons. Vous placerez également des vivres sur vos vaisseaux et frégates, mais de manière à ne pas vous encombrer. Vous embarquerez de 8 à 900 soldats et les munitions de guerre que notre ministre de la marine vous désignera. Vous vous porterez d’abord sur la Martinique; vous y ferez entrer une de vos flûtes et une de vos frégates, et vous y laisserez les 2 à 300 soldats embarqués à bord de ces deux bâtiments. Les vivres apportés par la flûte serviront à ravitailler la colonie, et les hommes qui seront sur la frégate et sur la flûte serviront à recruter la garnison. Et, de suite, sans mouiller, vous vous rendrez , avec le reste de votre escadre, à la Guadeloupe; vous y débarquerez tous les vivres que vous aurez à bord et le reste de vos soldats. Après cela, vous croiserez où vous jugerez convenable, pour consommer vos vivres, et vous chercherez à opérer votre retour dans la Méditerranée, soit à la Spezia, soit à Gênes, soit à Toulon. Le capitaine général de la Guadeloupe profitera sans doute des cinq jours que vous serez là pour reprendre les Saintes et Marie-Galante. Vous pourrez prendre sous votre croisière ceux de nos bricks ou frégates que vous trouverez dans la colonie.

Je vous préviens qu’une expédition part en même temps de Rochefort, sous les ordres du contre-amiral Lhermitte. Si vous vous rencontriez je verrais avec plaisir que mes deux escadres se réunissent. Je désire aussi que vous prévoyiez le cas d’une séparation, afin qu’aucun de mes vaisseaux ne soit exposé à arriver seul devant Fort-Royal de la Martinique, où je présume que l’ennemi tient au moins un ou deux vaisseaux. Notre ministre de la marine est chargé de vous transmettre les instructions de détail relatives à votre mission. Nous comptons que vous ne négligerez rien pour la bien remplir et pour faire le plus de mal possible à nos ennemis; et nous nous reposons, pour cela, sur votre courage, vos talents et votre zèle pour notre service.

 

Saint-Cloud, 24 octobre 1808.

A M. Fouché, ministre de la police générale, à Paris

Je donne ordre à un général de brigade et à un bataillon de 1,000 hommes , qui part de Rennes, de séjourner à Beaupreau , ainsi qu’à 400 dragons qui partent demain de Versailles. Faites venir le général Buquet, pour qu’il envoie de ce côté quelques brigades de gendarmerie tirées, soit de l’armée, soit des pays les plus tranquilles. Prenez des mesures efficaces pour faire arrêter Bourmont.

 

Saint-Cloud, 24 octobre 1808

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris

Bourmont a débarqué à Lorient. Il faut le faire arrêter sans délai.

 

Saint-Cloud, 24 octobre 1808

Au général Lacuée, directeur des revues et de la conscription, à Paris

Je vous renvoie l’état de situation des légions de réserve. Il n’est pas exact, de sorte que je ne puis me reconnaître. La 2e légion a trois bataillons de huit compagnies qui ont été formées d’abord , un 4e bataillon aux régiments supplémentaires, et, outre cela, un 5e bataillon se trouve à Saint-Jean-Pied-de-Port. La 3e légion a un 4e batataillon aux régiments supplémentaires, un 3e à Bilbao, et un 5e, indépendamment du dépôt, à Belle-Ile. Également, la 4e légion a un 4e bataillon aux régiments supplémentaires et un 5e qui est parti depuis pour Saint-Sébastien. Même chose pour la 5e légion : le 3e bataillon est aux régiments supplémentaires et le 5e sur le derrière de l’armée.

Je pense me souvenir, ce que vous serez à même de vérifier, que les quatre premiers bataillons des légions n’ont été envoyés qu’à cinq compagnies et qu’il a été demandé ensuite un 5e bataillon également à cinq compagnies ; éclaircissez cela.

Fain joindra cela à la formation des régiments supplémentaires, et fera des recherches pour trouver la situation des légions de réserve, indépendamment des 5e bataillons, qui sont dans les régiments supplémentaires.

 

Saint-Cloud, 24 octobre 1808.

Au général Lacuée, directeur des revues et de la conscription, à Paris

Vous m’avez envoyé deux livrets rouges sur la levée des 80,000 conscrits de 1806, 1807, 1808 et 1809. Je n’y ai pas trouvé le renseignement qui fait connaître sur quel lieu se dirigent les conscrits. Par exemple : le 8e de ligne reçoit 850 hommes , mais une partie se rend à Bayonne; sur l’état, rien n’indique la partie qui se rend à Bayonne et la partie qui va au dépôt. Faites-moi des états où cela soit indiqué ; ce renseignement m’est très-nécessaire. Faites-moi faire un petit état qui fasse connaître quels sont les départements où je n’ai pas fait lever la conscription.

 

Saint-Cloud, 24 octobre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, à Bayonne

Mon Cousin, j’envoie par cette estafette au sieur Tournon un travail sur les effets d’habillement, armement, approvisionnement, qui sont arrivés à Bayonne. Vous pourrez consulter ce travail, si vous en avez besoin.

Il est nécessaire de désencombrer un peu Bayonne ; vous devez donc diriger sur Saint-Sébastien les compagnies des 4e bataillons, à mesure qu’elles seront complètes. Ainsi, par exemple, du moment qu’on pourra compléter à 140 hommes la le compagnie du 43e, on peut la diriger sur Saint-Sébastien , où elle sera casernée, s’instruira et en même temps gardera la place. Du moment que la 2e compagnie pourra être également complétée au même nombre, elle suivra la le. Par ce moyen, les conscrits, à peine arrivés, seront habillés, équipés et dirigés sur Saint-Sébastien. On en placera également à Tolosa et sur tous les lieux de la route où il sera nécessaire pour garder les communications, en ayant bien soin de réunir toujours le bataillon dans le même lieu.

 

Paris, 25 octobre 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, donnez ordre aux maréchaux Soult et Lannes de partir demain pour se rendre à Bayonne, pour être employés à l’armée d’Espagne. Donnez ordre à la dernière division du parc de ma Garde, composée de onze pièces d’artillerie, de partir de la Fère pour se rendre, par Rambouillet et Tours, à Bayonne. Faites partir également 200 chasseurs à cheval de ma Garde , 100 dragons, 100 grenadiers, 60 chevau-légers polonais, 50 gendarmes d’élite; total, 510 hommes à cheval. Ils se mettront en route le 27 et suivront la même route.

 

Paris, 25 octobre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, à Bayonne

Mon Cousin, il résulte de la lettre ci-jointe du ministre de la guerre que, le 25 octobre, il a dû arriver à Bayonne douze compagnies de sapeurs et trois de mineurs. Faites diriger huit compagnies de sapeurs avec leurs outils sur Pampelune pour servir au siège de Saragosse; et quant aux compagnies de mineurs, dirigez-en deux sur Saragosse et une sur le quartier général à Vitoria. Dirigez également sur Pampelune, pour servir au siége de Saragosse, trois des compagnies d’artillerie qui sont à Bayonne.

 

Paris, 25 octobre 1808

Au maréchal Davout, duc d’Auerstaedt, commandant l’armée du Rhin, à Berlin

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 16 octobre. En vous faisant connaître que l’armée polonaise devait occuper Praga, Thorn, Modlin et Sierock, j’ai voulu dire qu’elle devait garder tous les postes, mon intention étant de retirer insensiblement toutes mes troupes sur la gauche de l’Elbe. Si vous craignez que les Polonais ne vivent mal avec les Russes, vous pourriez placer aux avant-postes un régiment saxon. Il n’y a rien à craindre pour la Pologne ; d’ailleurs cela regarde le roi de Saxe, qui enverra autant de troupes saxonnes qu’il sera nécessaire. J’ai entendu que vous commandiez en chef de ce côté-là, afin d’avoir fréquemment des rapports de Danzig et de Varsovie. Danzig doit être en état; cependant on doit éviter de rétrograder l’artillerie, et de faire aucun mouvement qui puisse faire penser aux Russes que nous nous méfions d’eux. Je suis au mieux avec la Russie, je n’ai rien à craindre des Autrichiens ; mais, dans tout état de cause, mon intention est de concentrer de plus en plus mes troupes. Je suppose que cette lettre vous trouvera de votre personne à Berlin.

Dans peu de jours je pars pour l’Espagne. Il est nécessaire que vous correspondiez fréquemment avec le ministre de la guerre.

 

Paris, 25 octobre 1808

A Joachim Napoléon, roi des Deux-Siciles, à Naples

J’ai recu votre lettre du 14 octobre. J’attends avec impatience d’apprendre que le fort de Capri soit pris [4]la place est tombée le 16 octobre . Je vois avec plaisir le secours que vous avez fait passer. Seize vaisseaux de ligne, dix frégates et quatre gros transports pourraient facilement, cet hiver, partir de Toulon, se rendre près de Reggio, et, là, protéger le passage de 12 à 15,000 hommes sur la Sicile. Faites-moi un projet là-dessus. Combien de petites chaloupes canonnières ou spéronares aurez-vous , qui pourraient favoriser le débarquement ? Je suppose que les batteries de Tarente sont toujours en état de protéger mon escadre. Je pars dans peu de jours pour l’Espagne, où mes troupes arrivent.

 

Paris, 25 octobre 1808

NOTE DICTÉE EN CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’INTÉRIEUR

Sa Majesté, après avoir réglé le budget de la ville de Paris et celui des Ponts et chaussées pour 1809, dicte la note suivante, destinée au ministre de l’intérieur.

Le budget des ponts et chaussées pour 1809 est arrêté. Sa Majesté y a compris deux nouveaux travauy, savoir : le pont de Choisy sur la Seine et le pont de l’Arsenal à Lyon. Elle désire que, pour ces deux ponts, ainsi que pour le pont de Serin à Lyon, les dispositions soient faites de manière à ce que les travaux soient en activité au mois de mars prochain.

La commune de Paris est fort riche, et il est nécessaire d’avoir ses comptes en règle avec elle. C’est pour cet objet que Sa Majesté a mis un article relatif à la rentrée des deux millions prêtés.

Sa Majesté désire savoir, si l’eau de l’Ourcq rendra de l’argent, soit en la vendant aux particuliers, soit en concédant l’usage d’une certaine quantité pour les usines.

N’ayant pas eu le temps de discuter la proposition d’employer le nouveaux fonds prêtés à la commune de Paris à conduire les eaux de l’Ourcq au faubourg du Temple et à la place des Vosges, Sa Majesté a fait mettre dans le décret l’alternative de la conduite des eaux, soit à la place des Vosges, soit dans le quartier des Tuileries. Elle désire que le ministre lui fasse un rapport sur les motifs du parti qu’il croira devoir adopter. La discussion de cet objet est remise au mois de janvier.

Aucun marché n’est couvert; la halle n’est pas commencée ; l’entrepôt du sel n’est point établi; il n’y a rien de fait pour la halle aux vins, objet d’une grande importance ; Sa Majesté désire que le ministre donne une nouvelle impulsion à ces travaux.

La nouvelle évaluation du canal du Midi le porte à un capital de 11 millions. Il faut mettre cette affaire en règle le plus tôt possible , afin d’avoir ces 11 millions disponibles.

Il y a encore des fonds pour les abords du pont d’Austerlitz ; Sa Majesté a visité ces travaux et a trouvé qu’il n’y avait rien de fait.

Les travaux de la Bourse lui ont paru marcher bien lentement.

Sa Majesté a mis dans le budget de l’année dernière 200.000 francs pour le palais des Arts. Elle a demandé qu’un projet lui fût présenté et il ne l’a point encore été; c’est cependant un objet fort important. L’emplacement des Petits-Pères paraîtrait fort convenable. Il faut prendre un parti sans délai. On ne doit pas oublier que le Louvre était le palais des Arts; que les artistes y trouvaient des ateliers et des magasins qui leur manquent et qu’il est indispensable de leur rendre, dans le moment surtout où il ne faut pas laisser se refroidir l’émulation qu’ils ont manifestée.

Le projet d’une promenade d’hiver est une des choses qui a le plus frappé en Europe; on attend, avec une sorte d’impatience, le parti qui sera pris en France. Toutes les grandes villes sentent que cette commodité leur manque, et que, si l’on peut la leur procurer avec un million, il n’y a pas à balancer à faire pour elles une chose aussi agréable. Sa Majesté désire que le ministre fixe ses idées sur le parti qu’il y a à prendre pour arriver enfin à l’exécution de ce projet.

 

Palais des Tuileries, 25 octobre 1808

DISCOURS PRONONCÉ A L’OUVERTURE DU CORPS LÉGISLATIF.

Messieurs les Députés des départements au Corps législatif, les codes qui fixent les principes de la propriété et de la liberté civile, qui sont l’objet de vos travaux, obtiennent l’opinion de l’Europe. Les peuples en éprouvent déjà les plus salutaires effets.

Les dernières lois ont posé les bases de notre système de finances. C’est un monument de la puissance et de la grandeur de la France. Nous pourrons désormais subvenir, par nos seules recettes annuelles, aux dépenses que nécessiterait même une coalition générale de l’Europe. Nous ne serons jamais contraints d’avoir recours aux mesures désastreuses du papier-monnaie, des emprunts et des arriérés.

J’ai fait, cette année, plus de mille lieues dans l’intérieur de mon Empire. Le système des travaux que j’ai arrêtés pour l’amélioration du territoire se poursuit avec activité.

La vue de cette grande famille française, naguère déchirée par les opinions et les haines intestines, aujourd’hui prospère, tranquille et finie, a sensiblement ému mon âme. J’ai senti que, pour être heureux, il me fallait d’abord l’assurance que la France fût heureuse.

Le traité de paix de Presbourg, celui de Tilsit, l’attaque de Copenhague, l’attentat de l’Angleterre contre toutes les nations maritimes, les différentes révolutions de Constantinople, les affaires de Portugal et d’Espagne, ont diversement influé sur les affaires du monde. La Russie et le Danemark se sont unis à moi contre l’Angleterre. Les États-Unis d’Amérique ont préféré renoncer an commerce et à la mer plutôt que d’en reconnaître l’esclavage.

Une partie de mon armée marche contre celles que l’Angleterre a formées ou débarquées dans les Espagnes. C’est un bienfait particulier de cette Providence qui a constamment protégé nos armes, que les passions aient assez aveuglé les conseils anglais pour qu’ils renoncent à la protection des mers et présentent enfin leurs armées sur le continent.

Je pars dans peu de jours pour me mettre moi-même à la tête de mon armée, et, avec l’aide de Dieu, couronner dans Madrid le roi d’Espagne, et planter mes aigles sur les forts de Lisbonne.

Je ne puis que me louer des sentiments des princes de la Confédération du Rhin. La Suisse sent tous les jours davantage les bienfaits de l’acte de médiation. Les peuples d’Italie ne me donnent que des sujets de contentement.

L’empereur de Russie et moi , nous nous sommes vus à Erfurt. Notre première pensée a été une pensée de paix. Nous avons même résolu de faire quelques sacrifices pour faire jouir plus tôt, s’il se peut, les cent millions d’hommes que nous représentons de tous les bienfaits du commerce maritime. Nous sommes d’accord, et invariablement unis, pour la paix comme pour la guerre.

Messieurs les Députés, des départements au Corps législatif, j’ai ordonné à mes ministres des finances et du trésor public de mettre sous vos yeux les comptes des recettes et des dépenses de cette année. Vous y verrez avec satisfaction que je n’ai besoin de hausser le tarif d’aucune imposition. Les peuples n’éprouveront aucune nouvelle charge.

Les orateurs de mon Conseil d’État vous présenteront différents projets de lois, et, entre autres, tous ceux relatifs au Code criminel.

Je compte constamment sur toute votre assistance.

 

Saint-Cloud, 26 octobre 1808

NOTE POUR M. CRETET, MINISTRE DE L’INTÉRIEUR, A PARIS.

1° Que le ministre de l’intérieur rende compte de l’exécution du décret du 21 mars 1808, relatif à la vente des canaux, et fasse connaître par quel motif il ne lui a pas soumis avant le 10 avril l’emploi des trois millions affectés par l’article 7 de ce décret;

2° Qu’il fasse connaître par quel acte il a été autorisé à emprunter, sur les deux millions pour les travaux de Paris, article 7 dudit décret, une somme d’un million pour la conduite des eaux de l’Ourcq à la fontaine des Innocents ;

3° Qu’il fasse connaître si ce million est suffisant pour cet objet;

4° Qu’il propose un projet de décret pour emprunter un nouveau million sur les mêmes fonds, pour conduire l’eau de l’Ourcq sur une autre place de Paris que le décret désignera ; le même décret déterminera le versement des actions pour faire face à cet emprunt ;

5° Qu’il mette une note sur l’emploi de l’emprunt de la ville de Paris, et qu’il propose de modifier cet emploi et d’annuler la disposition relative aux bains publics, pour en reporter les fonds sur les tueries : au lieu de quatre tueries, on en construira six, chacune ne devant pas coûter plus d’un million ; on commencera sans délai celle qui doit désencombrer le plus beau quartier de Paris ;

6° Qu’il fasse dresser sans délai les plans , dessins et devis de la construction d’une fontaine sur la place de la Bastille ; cette fontaine représentera un éléphant portant une tour à la manière des anciens; on aura la liberté de faire ce monument en bronze ou de toute autre manière; on y emploiera les fonds destinés aux fontaines publiques;

7° Que la première pierre de cette fontaine et celle de la première tuerie soient posées le 2 décembre, jour anniversaire du couronnement , et que le même jour on célèbre l’arrivée de l’eau de l’Ourcq à Paris ;

8° Que le ministre porte dans son budget, comme fonds spéciaux, les fonds qui ont été retenus sur les budgets des villes pour les maisons de mendicité et tous autres fonds spéciaux affectés à la même dépense ;

9° Qu’il se fasse remettre par M. Montalivet une note explicative sur ce qu’il entend par le contingent du trésor public, 1° pour les routes , montant à 667,276 francs , 2° pour les projets soumis à Sa Majesté, montant à 663,750 francs ; il parait que M. Montalivet doit fournir à cette dépense, ou par les fonds généraux , ou par les fonds spéciaux.

 

Paris, 26 octobre 1808

A M. de Talleyrand, prince de Bénévent

Mon intention est que, pendant que durera la session du Corps Législatif, vous ayez au moins quatre fois par semaine un dîner de 36 couverts composé en grande partie de législateurs, de conseillers d’État et de mes ministres, afin de les mettre à même de se voir, et que vous puissiez ainsi connaître les principaux et cultiver leurs dispositions.

 

Paris, 26 octobre 1808

Au général comte Dejean, ministre-directeur de l’administration de la guerre

Monsieur le général Dejean, il faut envoyer de l’argent pour les hôpitaux du corps du général Junot et un autre ordonnateur que l’ordonnateur Trousset dont ce général continue à se plaindre, comme n’ayant pas l’activité nécessaire. Les régiments auront besoin de plusieurs effets d’habillements et il serait convenable de diriger sur La Rochelle de quoi équiper d’abord jusqu’à ce qu’on sache ce qui est nécessaire pour mettre le corps en état d’entrer en campagne.

 

Paris, 27 octobre 1808

A M. Fouché, ministre de la police générale

Veillez à ce qu’on ne mette pas trop de détails sur (la cour de] Vienne dans les journaux. Il y a trop d’affectation à la louer; il faut, au contraire, tourner en ridicule la levée hongroise et la Gazette de la cour, qui copie la Gazette de Séville et les autres nouvelles débitées par les insurgés. Il faut se moquer de la circonspection de la Gazette de Vienne.

 

Paris, 26 octobre 1808

Au général Junot, duc d’Abrantès, commandant le 8e corps de l’Espagne, à La Rochelle

J’ai reçu vos lettres. J’ai donné ordre à votre chef d’état-major, qui est débarqué dans le Morbihan , de se rendre près de vous. On changera votre ordonnateur, mais les bons ordonnateurs sont difficiles à trouver. Il ne s’agit plus d’y penser, il faut songer à l’avenir.

Je suppose que dans le courant de mai la tête de votre corps d’armée pourra se mettre en marche. On changera, comme vous le désirez, toute votre cavalerie.

 

Paris, 27 octobre 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Le comte d’Ega, ministre portugais débarqué à Nantes, demande à venir à Paris. Il sera le commissaire des Portugais qui sont en France. Les militaires, les employer dans les corps portugais ; les autres, m’en présenter un état pour leur donner des secours.

 

Palais des Tuileries, 27 octobre 1808

RÉPONSE DE L’EMPEREUR À LA DÉPUTATION DU CORPS LÉGISLATIF

Messieurs les Président et Députcs du Corps législatif, mon devoir et mes inclinations me portent à partager les dangers de mes soldats; nous nous sommes mutuellement nécessaires. Mon retour dans ma capitale sera prompt. Je compte pour peu les fatigues , lorsqu’elles peuvent contribuer à assurer la gloire et la grandeur de la France. Je reconnais dans la sollicitude que vous m’exprimez l’amour que vous me portez ; je vous en remercie.

 

Palais des Tuileries, 27 octobre 1808

RÉPONSE DE L’EMPEREUR A LA DÉPUTATION DES TROIS NOUVEAUX DÉPARTEMENTS D’ITALIE

J’agrée les sentiments que vous m’exprimez au nom de mes peuples du Musone, du Metauro et du Tronto. Je suis bien aise de les voir heureux dans leur nouvelle situation. J’ai été témoin des vices de votre ancienne administration. Les ecclésiastiques doivent se renfermer dans le gouvernement des affaires du ciel. La théologie qu’ils apprennent dans leur enfance leur donne des règles sûres pour gouvernement spirituel , mais ne leur en donne aucune pour le gouvernement des armées et pour l’administration.

Nos conciles ont voulu que les prêtres ne fussent pas mariés, pour que les soins de la famille ne les détournassent pas du soin des affaires spirituelles, auxquelles ils doivent être exclusivement livrés.

La décadence de l’Italie date du moment où les prêtres ont voulu gouverner et les finances et la police et l’armée.

Après de grandes révolutions, j’ai relevé les autels en France et en Italie. Je leur ai donné un nouvel éclat dans plusieurs parties de l’Allemagne et de la Pologne. J’en protégerai constamment les ministres.

Je n’ai qu’à me louer de mon clergé de France et d’Italie. Il sait que les trônes émanent de Dieu , et que le crime le plus grand à ses yeux, parce que c’est celui qui fait le plus de mal aux hommes, c’est d’ébranler le respect et l’amour que l’on doit aux souverains. Je fais un cas particulier de votre archevêque d’Urbino. Ce prélat, animé d’une véritable foi, a repoussé avec indignation les conseils, comme il a bravé les menaces, de ceux qui veulent confondre les affaires du ciel, qui ne changent jamais, avec les affaires de la terre, qui se modifient selon les circonstances de la force et de la politique.

Je saurai faire respecter en Italie comme en France les droits des nations et de ma couronne, et réprimer ceux qui voudraient se servir de l’influence spirituelle pour troubler mes peuples et leur prêcher le désordre et la rébellion. Ma couronne de fer est entière et indépendante comme ma couronne de France ; je ne veux aucun assujettissement qui en altère l’indépendance.

Les sentiments que vous m’exprimez et qui animent mes peuples du Musone, du Metauro et du Tronto me sont connus. Assurez-les que constamment ils peuvent compter sur les effets de ma protection, et que, la première fois que je passerai les Alpes, j’irai jusqu’à eux.

 

Paris, 27 octobre 1808

Au maréchal Bernadotte, prince de Ponte-Corvo, à Hambourg

J’ai recu votre lettre du 17 octobre. Si les circonstances me mettent à même de vous prouver l’estime que je vous porte, soyez sûr que je le ferai avec plaisir.

 

Paris, 27 octobre 1808

Au général Lacuée, ministre d’État, à paris

Je reçois votre lettre. Un homme qui travaille autant que vous a besoin d’un intérieur. Je verrai avec plaisir votre mariage avec mademoiselle Bianco de Brantès, et je désire que vous ne tardiez pas à avoir des enfants qui soient dignes de vous.

 

Paris, 28 octobre 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre

Sur 747 conscrits de l’Aube, 485 ont déserté. Donnez des ordres pour qu’ils soient arrêtés et envoyés à l’armée.

 

Saint-Cloud, 28 octobre 1808

Au comte Gaudin, ministre des finances, á Paris

Faîtes donner 100.000 francs à madame de Montmorency, en a-compte sur ses bois.

 

Paris, 28 octobre 1808

Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris

Monsieur Decrès , je vous envoie les ordres pour les frégates la Vénus et la Bellone.

Faites connaître au général Decaen [5]capitaine général des îles de France et de la Réunion mes relations avec la Perse, et l’utilité de communiquer avec mon ambassadeur dans ce pays, par le moyen d’une frégate, s’il n’y a pas trop d’inconvénients. L’envoi d’un millier de fusils en Perse, même par cette frégate, ne pourrait être que d’un bon effet. Quant aux expéditions, il faut que le Jemmapes soit armé sans délai par une presse générale, et que les trois bâtiments partent en chargeant le plus de farines qu’ils pourront.

 

Paris, 28 octobre 1808

DÉCISION.

Le qénéral Clarke, ministre de la guerre, soumet à l’Empereur le projet d’un sieur L’Homond, ex-chef de bataillon d’aérostiers, qui propose d’opérer une descente en Angleterre au moyen de cent montgolfières de 100 mètres de diamètre, dont la nacelle pourrait contenir 1,000 hommes, avec des vivres pour quinze jours, deux pièces de canon avec caissons, 25 chevaux et le bois nécessaire pour alimenter les montgolfières. Renvoyé à M. Monge pour savoir si cela vaut la peine de faire une expérience en grand.

 

Paris, 29 octobre 1808

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, le plan présenté pour Peschiera peut être adopté; mais comme on ne peut pas dépenser pour cette place plus de 200.000 francs par an, il faut faire la distribution de ce que l’on doit dépenser cette année et l’année prochaine, à raison de 200,000 francs par an. On fera successivement, chaque année, les dépenses les plus pressées. On emploiera donc huit ans pour exécuter tout le projet. Il faut rédiger le devis et faire connaître, année par année, ce qui doit être fait. On attend le projet pour le signer.

 

Paris, 29 octobre 1808

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, j’approuve le projet présenté pour Saint-Georges. Il faut commencer par exécuter la lunette centrale; on emploiera à la masser les fonds que j’ai destinés, cette année, pour l’ouvrage Saint-Georges. Les mouvements de terre doivent être étudiés avec beaucoup de soin, pour éviter les trop grandes dépenses.

 

Palais des Tuileries, 29 octobre 1808

ORDRE DE SERVICE PENDANT L’ABSENCE DE S.M. L’EMPEREUR ET ROI

Nous avons réglé, pour être exécutées pendant la durée de notre absence, les dispositions suivantes :

L’archichancelier présidera le Conseil d’État; il signera les affaires des divers départements du ministère qui seront de nature à être délibérées au Conseil; il désignera les membres du Conseil d’État qui porteront au Corps législatif les projets de lois auxquels nous donnerons notre approbation pendant notre absence; il signera les pouvoirs des orateurs ; il désignera le jour de la présentation et le jour de la discussion.

Les lois délibérées au Corps législatif seront promulguées le dixième jour de leur adoption, dans les formes ordinaires; l’acte de promulgation sera dressé et signé par le grand juge; notre signature y sera relatée comme si elle avait été apposée de notre main.

Tous les ministres correspondront avec nous pour les affaires de leurs départements.

Néanmoins ils se rassembleront, le mercredi de chaque semaine, dans une des salles des Tuileries et sous la présidence de l’archichancelier; ils porteront au Conseil les objets de détail et du contentieux de leur administration, lesquels seront remis à l’archichancelier pour nous être transmis dans la forme ordinaire. Il y joindra une courte analyse de ce qu’il y aura de plus pressant à expédier, et des notes sur les affaires qui lui en paraîtront susceptibles.

Nous entendons, en général, que toutes les affaires qui, dans l’ordre ordinaire du gouvernement et de l’administration, ont besoin, de notre signature, continuent à nous être présentées à cet effet.

Toutes les fois que le grand juge pensera qu’uue demande en grâce est dans le cas d’être admise et que des circonstances urgentes exigent une prompte décision, l’archichancelier pourra, sur la demande de ce ministre, convoquer un conseil privé, dont nous désignerons les membres. Il nous adressera le procès-verbal de ce conseil dressé par l’un des ministres appelés, et, en cas de diversité d’opinions, il y joindra le résumé de celles qui auront été énoncées de part et d’autre.

Toutes les fois qu’un ministre jugera nécessaire une conférence avec d’autres ministres pour traiter une affaire de son département , il en fera la demande à l’archichancelier, qui convoquera à cet effet les ministres dont le concours sera nécessaire.

S’il survient des événements extraordinaires de police, sur lesquels nous ne puissions pas statuer à temps à raison de notre éloignement, et qui exigent le concours de plusieurs ministres , l’archichancelier, auquel se réuniront les grands dignitaires qui se trouveront à Paris, convoquera les ministres dont la présence sera nécessaire. Si l’exécution des mesures que l’archichancelier aura approuvées excède les bornes de l’autorité ministérielle, et qu’il ne soit pas possible d’attendre notre décision, il sera tenu de cette conférence un procès-verbal dressé par le ministre du département que l’affaire concerne et signé par l’archichancelier. En conséquence dudit procès-verbal, ledit ministre se trouvera autorisé à exécuter les dispositions telles que les aura prescrites l’archichancelier, après avoir entendu l’opinion des ministres.

Dans tous les cas d’événements militaires extraordinaires , l’archicliancelier, auquel se réuniront les grands dignitaires qui se trouveront à Paris, sur la demande du ministre de la guerre, convoquera les ministres dont le concours sera jugé nécessaire, et il sera procédé ultérieurement comme il est dit ci-dessus.

Le ministre de la police nous écrira tous les jours par l’estafette dont nous avons ordonné l’établissement.

Les ministres de la guerre et de la marine nous écriront sur tous les objets importants, et au moins deux fois par semaine.

Les autres ministres nous écriront tout aussi souvent qu’ils auront à nous entretenir des affaires de leur département.

Toutes les lettres nous seront adressées directement.

Les dépêches télégraphiques transmises à Paris, ou à transmettre de Paris, seront portées à l’archichancelier avant qu’il puisse y être donné cours.

 

Rambouillet, 29 octobre 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, vous donnerez deux jours de séjour aux 4e, 7e et 9e régiments polonais qui se rendent à Bordeaux, pour qu’ils aient le temps d’y former leur dépôt, et d’y recevoir les effets d’habillement qui vont être envoyés à Bordeaux.

Dans le décret de ce jour, vous verrez l’organisation que je donne au dépôt et à la nouvelle administration de ces régiments.

Le 4e régiment polonais, qui a aujourd’hui une grande marche à faire, n’est parti de Versailles qu’à neuf heures, tandis qu’il aurait dû partir à six heures du matin. Le commandant m’a dit que cela provenait du retard de la distribution du pain. Tirez cela au clair, et punissez qui mérite de l’être. Le pain devait être distribué la veille.

 

Rambouillet, 29 octobre 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

C’est précisément parce qu’on ne veut pas occuper la hauteur du Hartenberg qu’on veut occuper Mombach, car, si on voulait occuper le Hartenberg, l’ancienne redoute de Mombach suffirait.

Voici la différence des ouvrages du Hartenberg et de Mombach , c’est que, Mombach pris, la place n’a plus qu’une simple ligne magistrale, au lieu que, sur les hauteurs du Hartenberg, quand on serait à 100 toises du fort Meusnier et quand même on aurait pris ce fort, la place serait encore dans son entier. Ce côté peut être considéré comme la partie la plus forte de la place. C’est tellement la partie la plus forte de Mayence, que personne ne propose de l’attaquer par ce côté. Cela étant, pourquoi propose-t-on de la renforcer ?

Pour Mombach, j’approuve le projet no 1 ; il faut commencer par faire le réduit A. Cet ouvrage fait me garantit de tout. Je veux le réduit en maconnerie, pour être à l’abri des glaces, et pour que, dans aucun cas, tous les autres ouvrages ne puissent être tournés.

Il faut faire attention que, cette année et l’année prochaine, on fait des sacrifices pour Kastel; que j’ai ordonné que, cette année, l’argent fut employé aux points les plus importants, et qu’il ne faut pas distraire les fonds de leur destination.

 

Rambouillet, 29 octobire 1808

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, l’idée d’avoir, avec 50,000 francs, un point dans la vallée, à la Chiusa-Veneta, dans lequel 50 ou 80 hommes, avec cinq ou six pièces de canon, puissent tenir pendant plusieurs jours, et dont l’ennemi ne puisse s’emparer sans calibre supérieur à celui de 12, est une idée qui peut être admise toutes les fois qu’il y a une vallée propre à cela, c’est-à-dire, 1° lorsque de la hauteur on ne peut point facilement détruire les maconneries, 2° lorsque la vallée est assez étroite pour être bien fermée, 3° lorsque ce résultat peut être obtenu avec la simple dépense de 50,000 francs.

Quant à l’idée de former des lignes depuis Osoppo jusqu’à Gemona, c’est une idée inadmissible. On désire que 800 hommes puissent conserver à Osoppo les magasins de vivres et à poudre, l’hôpital, les dépôts pendant quelque temps. On désire qu’une division étant promptement rappelée de devant Osoppo, pour livrer bataille sous Palmanova, ses bagages, ses blessés, ses malades, puissent être renfermés dans Osoppo. Enfin on désire que la division qui défendrait le haut Tagliamento, étant battue, tronvât un camp retranché pour se reformer et, de là, prendre toute autre délibération. Osoppo, dans la situation actuelle, ne m’offre point cet avantage; c’est un rocher trop élevé; je ne saurais où mettre 2 ou 300 voitures d’artillerie ou de bagages. Je crois même que la défense du rocher sera plus assurée quand il y aura des flèches au pied, sous l’immense protection des hautes batteries.

Ce que je désire à présent est donc ce que j’ai toujours demandé, un camp retranché qui soit le long des 400 toises qui forment le grand côté du fort, lequel s’appuie de droite et de gauche au rocher, et dont l’ouvrage le plus éloigné du centre ne soit pas à plus de 170 toises des hautes batteries du rocher; que les trois flèches du centre soient un peu mieux soignées; enfin que, dans le cas où il n’y aurait que 6 ou 800 hommes à Osoppo, on puisse, dans ces ouvrages du centre, laisser une soixantaine d’hommes pour servir les pièces qui y resteraient; et, s’il y a 7 ou 8,000 hommes, ils se tiendront dans le camp retranché et dans l’espace entre le fort et le fleuve.

La facilité qu’on a d’avoir de l’eau rend cet ouvrage très-facile, et certes personne n’imaginera pouvoir enlever de vive force un simple redan couvert d’un fossé plein d’eau, défendu par des pièces, comme cela se pratique dans la fortification de campagne, et soumis à toute l’artillerie de la hauteur. Encore moins osera-t-on ouvrir la tranchée sous une semblable domination , car on verra bien que, quand on aura le camp retranché, on n’aura rien. On se contentera donc de bloquer cette place ou de la bombarder.

Résumé : Osoppo est suffisant. Un simple camp retranché protégé par un filet d’eau est tout ce qui est nécessaire; deux ou trois flèches servant de point d’appui au camp retranché; le tout sous la domination du rocher : voilà ce que j’ai désiré pour cette année , et c’est pour cela que j’ai fait les fonds. Cela ne doit pas coûter plus de 115,000 francs. Quant à la hauteur de l’autre côté de la ville, je ne m’oppose point à ce qu’on l’occupe, mais je veux d’abord que mon camp retranché soit fait, parce que c’est là mon premier besoin, parce que c’est de là que doivent partir toutes les sorties et tous les convois.

 

…….. novembre 1808

NOTE POUR M. CRETET, MINISTRE DE L’INTÉRIEUR, À PARIS

Sa Majesté a visité les Enfants de la Patrie, et elle a été peu satisfaite de cet établissement. Elle a vu un vaste et beau bâtiment occupé par 2 ou 300 enfants de mauvaise mine, sales et couverts de haillons; elle n’a aperçu aucun costume et n’a rien vu qui respirât l’ordre et la décence. Elle a été assez contente de la distribution des ateliers; mais elle n’a pu concevoir comment chaque enfant pouvait coûter 23 sous dans un établissement où l’instruction ne coûte rien, puisqu’il n’y a qu’un seul maître d’école qui enseigne à lire; où les métiers, au lieu de coûter, rendent à l’école et aux enfants travailleurs. 23 sous par jour font une dépense annuelle de près de 400 francs; 12 à 15 sous par jour feraient une dépense de 200 à 220 francs , encore beaucoup trop forte, surtout si l’on considère qu’il y a des enfants de trois ans. Il y en a aussi beaucoup au-dessus de douze et même quelques-uns de seize à dix-huit ans, et c’est un abus. On comprend que les chefs d’atelier peuvent avoir un intérêt à conserver des jeunes gens, mais ce n’est pas une raison pour tolérer une chose qui ne convient pas et qui est dispendieuse.

Il faudrait que la ville de Paris fût difficile sur les réceptions. Est-il dans la justice générale qu’un enfant trouvé de trois ans ou le fils d’un mendiant coûte 400 francs à la ville, tandis qu’un secours de 400 francs arracherait à la misère un père, une mère et trois autres enfants ? Lorsque des établissements de cette nature ont pour objet de récompenser les services rendus (l’École de Chàlons), on doit les juger sur d’autres principes. Il y a dans l’institution des Enfants de la Patrie quelque chose que la raison n’approuve point et à quoi il faut remédier. Que la ville de Paris emploie 120 ou 130 francs au plus à soutenir de enfants malheureux, c’est là tout ce que sa munificence doit faire; il y a tant d’infortunés, qu’on ravit aux uns ce qu’on donne de trop aux autres.

Si l’administration est décidée à mettre des enfants en apprentissage, il faudra prendre un message plus modeste et s’arranger de façon à fixer la dépense à un taux raisonnable. Le local actuel serait excellent pour un lyçée.

En voyant un pareil établissement, la premiére idée qui se présente, c’est qu’il serait beaucoup mieux à deux ou trois lieues de Paris, où l’on aurait les vivres à beaucoup meilleur marché. Quoi qu’il en soit, les bâtiments actuels pouvant contenir 15 à 1800 individus, il faut rendre cet établissement plus utile.

Sa Majesté se propose de le visiter de nouveau à son retour; elle désire qu’à cette époque le ministre lui présente un rapport dans lequel il ait posé d’une manière claire les principes à suivre sur cette matière.

 

References

References
1 liste des généraux débarqués à Toulon sur un parlementaire sarde – note de la minute
2 A la minute de cette dépêche, conservée parmi les papiers de l’ancienne secrétairerie d’État, se trouve jointe une pièce portant cette indication : Lettre à écrire par M. de Romanzof. C’est une lettre que le ministre russe a du adresser à M. Canning, en lui faisant parvenir la dépêche des deux Empereurs, et qui est ainsi concue :

Erfurt, 28 septembre 1808 (style russe).

J’envoie à Votre Excellence une lettre que les Empereurs écrivent au roi d’Angleterre. S. M. l’empereur de Russie se flatte que l’Angleterre appréciera la sincérité et la grandeur de cette démarche. Elle ne peut attribuer à faiblesse ce qui est le résultat de l’union intime des deux plus grands monarques du continent, unis pour la paix comme pour la guerre.

Sa Majesté m’a chargé de faire connaître à Votre Excellence qu’elle a nommé des plénipotentiaires, qui se dirigeront sur la ville du continent où S. M. le roi d’Angleterre dirigera ses plénipotentiaires; et, quant aux bases de la négociation, Leurs Majestés n’ont pas d’inconvénient d’adopter toutes celles précédemment proposées par l’Angleterre même, savoir 1’utipossidetis, en y comprenant les puissances alliées, et toute, autre base fondée sur la justice, et sur la réciprocité et l’égalité qui doivent régner entre toutes les grandes nations.

3 Cette lettre fut adressée à des dates différentes, du 12 au 14 octobre, aux rois de Bavière, de Saxe, de Westphalie, de Wurtemberg, au qrand-duc de Bade et au prince Primat.
4 la place est tombée le 16 octobre
5 capitaine général des îles de France et de la Réunion