Correspondance de Napoléon Ier – Mai 1811

Saint-Cloud, 1er mai 1811

Au général comte Dumas, directeur des revues et de la conscription militaire, à Paris

Monsieur le Comte Dumas, les besoins de l’artillerie à pied et à cheval, des sapeurs et des mineurs, des bataillons du train d’artillerie, des équipages militaires et de la cavalerie, sont tels que, si on pre­nait tout sur la réserve de 1811, il serait à craindre que cette réserve ne fût épuisée et qu’il ne restât plus rien pour les grands besoins de l’infanterie. Je pense donc qu’il faut dresser l’état de ce qui est néces­saire pour porter les régiments de cavalerie à 1,100 hommes et tout le reste au grand complet ; mais qu’on n’en devra donner qu’une partie sur la réserve, une partie sur ce qu’on va lever encore en Toscane et en Hollande, et l’autre partie enfin sur la conscription de 1812.

Il faudrait cependant procéder de manière que tous les besoins de l’armée de l’Allemagne fussent satisfaits. Je vois que pour la cavalerie il faut 3,600 hommes pour la porter au complet que j’ai déterminé, savoir : pour les régiments qui sont en Italie à 900 hommes, et ceux de l’intérieur à 1,000 hommes ; et que de suite, si on devait y com­prendre la première et la deuxième augmentation, il faudrait en outre 9,000 hommes, c’est-à-dire la moitié de la réserve. Il me semble qu’en accordant à la cavalerie les 3,600 hommes sur la réserve, ce serait suffisant.

L’artillerie ne doit être portée qu’au complet de 120 hommes, au lieu de 140; et, quand par la première réserve l’artillerie ne serait porté qu’à 100, qu’à 90 hommes même par compagnie, cela serait d’abord suffisant; on compléterait ensuite sur la conscription de 1812.

Les besoins du train d’artillerie et des bataillons d’équipages militaires sont déterminés par le complet auquel je les ai portés et par les chevaux qu’ils doivent servir.

Quant aux besoins de l’infanterie, je veux compléter tous les régiments au grand complet, non seulement les bataillons de guerre, y compris les 6e bataillons pour les régiments où j’en ai créé, mais encore les 5e bataillons.

Quant à l’armée d’Espagne, je suppose qu’avec la réserve de 1811 et la conscription de 1812, je devrais pouvoir arriver a ce résultat.

Si la guerre venait à éclater cette année, je lèverais sur-le-champ la conscription de 1812. De sorte que tous les régiments de cava­lerie se trouveront portés à 1,100, les compagnies d’artillerie à 120, et toutes les compagnies d’infanterie à 140 hommes, dans les 4e et 5e bataillons et dans les 6e bataillons que je fais former en ce moment. Je verrai ensuite la portion de ce recrutement que je prendrai sur la réserve et celle que je prendrai sur la conscription de 1812. Je destine spécialement la conscription de 1812 à la garde du territoire français et de l’Italie. D’abord, en laissant cent trente et un 5e bataillons, à 500 hommes par bataillon , j’aurai 70,000 hommes, plus une quarantaine de 4e bataillons qui arrivent d’Espagne et les 6e bataillons que j’ai formés; tout cela réunira cinquante autres ba­taillons, de manière que j’aurai dans l’intérieur de l’Empire de 100 à 140,000 hommes, artillerie, sapeurs, cavalerie, tout compris; ce qui serait suffisant pour la garde de tous les établissements en France.

Remettez-moi un état là-dessus : la conscription de 1811, la réserve non comprise, étant répartie dans les corps et arrivée à sa destination, quel est l’effectif de tous les régiments ? Et que manque-t-il encore à leur complet ?

 

Saint-Cloud, 2 mai 1811.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Magdeburg doit être approvisionné par la Westphalie. Cette puis­sance doit également pourvoir aux travaux des fortifications. J’ai déclaré à cet égard au roi que, si ces dépenses n’étaient pas faites, je prendrais pour moi la ville, son administration et ses revenus. Écrivez toujours aux officiers du génie de commencer les travaux. Le prince d’Eckmühl fera fournir par avance une somme de 50,000 francs: le roi la remboursera, ou je garderai Magdeburg.

 

Saint-Cloud, 2 mai 1811.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, le livret de l’artillerie et du génie au 15 mars est plein de fautes; je vous prie de m’en envoyer un plus correct. Ce livret n’indique pas les cadres des compagnies qui ont eu ordre de revenir d’Espagne ni celles qui sont déjà revenues; ce qui m’oblige de vous demander un projet de travail sur les bases suivantes.

Les trois compagnies du 4e principal, les deux compagnies du 1er bis et les quatre du 13e bis, en tout les neuf compagnies qui se réu­nissent à Metz, y resteront pour y être complétées avec des conscrits de 1812. Mon intention est que ces neuf compagnies, qui pourront avoir 1,500 hommes et 3,000 chevaux, puissent être employées en deuxième ligne, en Allemagne, en Hollande ou sur les côtes.

Les trois compagnies du 9e bataillon bis, qui sont à Mayence, y resteront également, et on y joindra trois autres compagnies tirées d’un des trois bataillons principaux; ce qui fera six compagnies, qui pourront recevoir 7 à 800 hommes et servir 12 à 1500 chevaux, qu’on pourrait de Mayence porter sur tous les points de l’Allemagne où cela serait nécessaire.

Ainsi, sur trente-sept compagnies qui reviennent d’Espagne, quinze, recrutées par les conscrits de 1812, seront employées pour le service de l’Allemagne, de l’intérieur ou de l’Italie; ce qui, avec les onze bataillons déjà disponibles, me parait plus que suffisant. Je désire donc que les vingt-deux autres compagnies qui reviennent d’Espagne soient centralisées à Pau, à Toulouse et à Auch. Elles y seront com­plétées sur-le-champ, en hommes par un appel sur la réserve de 1811, et en chevaux et en harnais de manière à pouvoir disposer, au mois d’août, de 5,000 chevaux pour remonter les équipages d’ar­tillerie de l’armée d’Espagne. La répartition de ces vingt-deux com­pagnies en trois dépôts devra être faite par armée : dans l’un devront être réunies les compagnies des armées de Catalogne et d’Aragon; dans l’autre, celles du nord de l’Espagne et de Portugal ; dans le troi­sième, celles des armées du Centre et du Midi. Remettez-moi un projet là-dessus. Aussitôt que ce projet sera arrêté, tous les hommes isolés qui arriveront d’Espagne, appartenant aux compagnies qui sont à Mayence et à Metz, continueront leur route; ceux appartenant aux compagnies réparties dans les trois dépôts d’Auch, de Pau et de Toulouse devront s’y rendre; enfin tous ceux qui appartiendront aux bataillons restés en Espagne rejoindront leurs dépôts ou un dépôt général, afin d’y recevoir des chevaux et de pouvoir recruter les bataillons qui sont en Espagne.

A ce projet vous joindrez le devis de la dépense, un projet de décret pour la levée des hommes à prendre sur la réserve et un projet pour mettre à votre disposition les fonds nécessaires pour les achats de chevaux et de harnais, mon intention étant d’avoir au moins 5,000 chevaux prêts à entrer en Espagne au mois d’août.

Pour que ce travail soit complet, je désire que vous me remettiez un état général de tous mes bataillons du train divisé ainsi : Alle­magne, Italie, intérieur, armées d’Espagne et de Portugal. Vous subdiviserez ce dernier article de la manière suivante : armées de Catalogne et d’Aragon; armées du Centre et du Midi; armées de Portugal et du nord de l’Espagne, et enfin les dépôts des cadres qui rentrent et la force à laquelle je me propose de les porter; de manière que je voie l’effectif et le présent sous les armes au 1er avril, et hommes, en chevaux et en harnais, ce qui manque pour arriver au complet projeté, ce que j’ai accordé, ce qui reste à accorder, et dès lors ce que j’aurai dans le courant de juillet.

 

Saint-Cloud, 2 mai 1811

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

J’ai rendu un décret pour établir deux tours aux batteries de Vaubas et de Cornouailles qui défendent le goulet à Brest.

Je désire que vous me remettiez les projets qui ont été rédigés pour achever le camp retranché, de manière que l’ennemi se trouve aussi éloigné de l’enceinte de Brest qu’il l’est de l’enceinte de Recouvrante.

Présentez-moi aussi le projet de ce qui reste à faire pour fermer la presqu’île de Kelern et pour assurer les batteries de l’île Longue, afin de mettre ces positions à l’abri de toute insulte.

Je désire aussi que vous me présentiez les projets et devis de ce qui reste à faire pour achever l’enceinte du port de Brest.

 

Saint-Cloud, 2 mai 1811

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

J’ai examiné le projet de Rochefort, et j’ai rendu un décret par lequel j’accorde 500,000 francs sur le fonds du budget du génie pour fermer la place, y disposer des parapets et terre-pleins et construire sur la rive gauche de la Charente un chemin couvert avec des lunet­tes; ce qui, protégé par l’inondation, suffira pour mettre ce côté à l’abri de l’insulte. Ainsi, avec 500,000 francs, Rochefort sera à l’abri de toute surprise et pourra se défendre un certain temps.

Si vous envoyez une note sur le système du camp retranché à éta­blir autour de Rochefort, il faut en faire rédiger le projet conformé­ment à cette note et le présenter au conseil de novembre prochain.

Il est indispensable de mettre l’île Madame dans un état tel qu’elle puisse se défendre, même quand le continent serait au pouvoir de l’ennemi.

 

Saint-Cloud, 2 mai 1811

Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris

Il y a beaucoup de chapeliers, de bonnetiers, de cordonniers, de tailleurs, de selliers qui sont à Paris sans ouvrage. Je désirerais que vous prissiez des mesures pour faire faire 500 paires de souliers par jour, avec la condition d’employer 1,000 ouvriers cordonniers et de ne point prendre de souliers tout faits; ce qui ferait par mois 15,000 paires de souliers. Vous prendrez les précautions nécessaires pour vous assurer que les souliers que vous ferez faire seront bons.

Je voudrais faire faire également 250 shakos par jour, une tren­taine de selles par jour et un certain nombre d’effets d’habillement, en ayant soin que ces travaux emploient toujours de nouveaux ou­vriers. Comme il y a d’autres ouvriers qui n’ont pas d’ouvrage, voyez s’il serait convenable de faire faire une centaine de caissons des équipages militaires, en veillant à ce qu’ils fussent bien faits; on pourrait les avoir à aussi bon marché qu’à Sampigny.

 

Saint-Cloud, 2 mai 1811

Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris

Monsieur le Comte de Cessac, les 12e, 2e et 9e bataillons du train des équipages militaires ne sont pas suffisants pour l’armée d’Alle­magne; deux autres bataillons sont nécessaires, et les cadres doivent être en marche pour Sampigny. Avec ces cinq bataillons le service de l’armée d’Allemagne sera assuré, puisque cela fera plus de 1,200 voi­tures; ce qui, avec les caissons des régiments, sera le triple de ce que jamais en eut aucune grande armée.

Il faut donc penser à l’armée d’Espagne. Je désire que les cadres des autres bataillons que j’avais fait revenir restent à Bayonne et soient de là dirigés sur Pau et sur tout autre endroit convenable ; que d’au­tres qui viennent de Catalogne soient dirigés sur Toulouse ou Carcassonne, et que des mesures me soient proposées pour réunir dans ces dépôts les hommes isolés appartenant aux bataillons qui restent atta­chés au service des armées d’Espagne. Je désire également qu’on jette un nouveau coup d’œil sur les équipages militaires qui existent en Espagne, et qu’on réitère l’ordre de faire venir les hommes à pied, en faisant revenir de nouveaux cadres et en resserrant ceux qui res­tent, afin de compléter en hommes, en chevaux, en voitures, en harnais, tous les cadres qu’on aura pu réunir dans les 10e et 11e di­visions militaires, et de pouvoir disposer, avant le mois d’août, de 3,000 chevaux pour remonter les équipages de l’armée d’Espagne. Je suppose qu’il faudra réorganiser ces bataillons comme vient de l’être le 10e c’est-à-dire leur donner deux compagnies avec des cais­sons, en prenant ceux qui se trouvent dans la 10e division militaire, et quatre compagnies avec des mulets de bât.

Pour avoir un travail complet, je désire que vous me remettiez un état de tous les bataillons du train, indiquant pour chacun où se trouvent les compagnies, le présent au 1er avril, les caissons et les chevaux qu’il a, le complet que j’ai ordonné et que vous proposez, les achats qui se font, ce qui reste à ordonner, et enfin le résultat qu’on aura dans le courant de l’été et ce qui se trouvera disponible, soit pour l’armée d’Allemagne, soit pour l’armée d’Espagne. Enfin présentez-moi des projets de décrets pour lever sur la réserve ce qui est nécessaire pour compléter les bataillons d’Espagne, et pour mettre à votre disposition les fonds nécessaires pour l’achat des mulets, chevaux, harnais, voitures et bats de mulet. Faites ce travail avec soin et remettez-le-moi le plus tôt possible, afin qu’ayant le nécessaire  pour   l’Allemagne j’assure   également le nécessaire pour l’Espagne.

 

Saint-Cloud, 2 mai 1811

Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris

L’établissement d’un canal de Nantes à Brest est encore une grande question. On demande trente millions et quinze ans. Il parait que la navigation de Nantes à Quimper n’est pas très difficile, et qu’il suffi­rait de faire un canal de Quimper à Châteaulin. La navigation de Nantes à Brest sera extrêmement lente, fort coûteuse; elle ne sera d’aucune utilité, non seulement en temps de paix, mais même en temps de guerre, lorsque nous aurons quelques vaisseaux. Je désire que vous me fassiez connaître quelles sont les difficultés de la navigation de Quimper à Brest, et si un canal partant de Quimper ne suffirait pas; ce qui pourrait se faire en trois ans et coûterait cinq à six millions. Mais que le canal soit fait ou non, il n’en est pas moins vrai qu’on ne cessera pas de construire à Brest; les besoins de répa­rations et de radoubs seront considérables, et ce grand port d’arme­ment ne sera jamais suffisamment approvisionné. Cependant les bois de la Loire demandent un emploi. Tous les projets pour construire des vaisseaux à l’embouchure de la Loire ont été rejetés. S’il est démontré qu’il faille renoncer à l’idée si séduisante de construire des vaisseaux à Paimbœuf ou Mindin, il reste à savoir s’il ne convien­drait pas de commencer des vaisseaux ou à Mindin ou à Saint-Malo ou dans la Vilaine. Là les bois se rendraient dans la Vilaine par mer ou par un canal joignant la Vilaine à la Loire; ce qui ne ferait qu’une dépense de trois millions. Ce canal faisant la première partie de la jonction de la Loire à Brest, ce serait toujours autant de fait.

Sous ce point de vue, les chantiers à établir dans la Vilaine seraient dès lors les mêmes que s’ils étaient établis à Nantes; mais, la Vilaine étant jointe à la Rance par un canal qui sera bientôt terminé, la communication se trouverait établie entre Nantes et Saint-Malo; et, si l’on ne peut construire des vaisseaux dans la Vilaine, les bois de la Loire pourraient être transportés de la Vilaine à Saint-Malo, où l’on construit des vaisseaux, et de là se rendre à Brest au moment favorable.

 

Saint-Cloud, 3 mai 1811

Au général comte Dumas, directeur des revues et de la conscription militaire, à Paris

Je vous prie de me remettre un état de situation et effectif de loin les corps de mon armée au 1er avril 1811, bataillon par bataillon, compagnie par compagnie, en indiquant le lieu où se trouvent cha­que bataillon et chaque compagnie.

Vous y joindrez ce que quelques régiments doivent recevoir par la conscription de Hollande, de Toscane et de Rome, et la situation de ces corps après qu’ils auront reçu ces conscrits. Une colonne comprendra le nécessaire à chaque régiment, comme je l’ai réglé, savoir: les bataillons à six compagnies et à 840 hommes, les corps qui ont six bataillons à six bataillons, les régiments de cavalerie qui ont cinq escadrons à cinq escadrons. Vous porterez le complet de tous les régiments de cavalerie à 1,100 hommes et à 1,000 chevaux, l’artillerie à cheval à … hommes par compagnie, l’artillerie à pied à 120 hommes. Cela étant, vous aurez le complet général de mon armée, et l’on verra ce qui manque et si, avec la réserve qui me reste à lever, la conscription de Hollande, de la Toscane, de Rome et la conscription de 1812, je puis porter mon armée au grand complet.

Il sera nécessaire que vous fassiez cet état par armée. Les batail­lons du train seront au complet, savoir : les onze qui sont en France de 1,000 hommes, et les cadres des douze compagnies qui rentrent en France à 150 hommes par compagnie. Les bataillons des équi­pages militaires seront complétés comme cela est ordonné.

 

Saint-Cloud, 3 mai 1811

Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg

Mon Cousin, je viens de demander au grand-duc de Bade un régi­ment d’infanterie avec une compagnie d’artillerie et deux pièces de canon attelées. J’ai fait la même demande au grand-duc de Hesse-Darmstadt. Vous dirigerez ces deux régiments sur Magdeburg; avant qu’ils y soient arrivés, je pourrai leur donner une destination défini­tive. On pourrait envoyer les deux régiments à Danzig; c’est pour cela qu’ils sont censés être mis en marche. Si, en effet, les approvisionnements de cette place sont parfaitement assurés, comme je le pense, il n’y a pas d’inconvénient à y avoir quatre bataillons de plus. Peut-être serait-il plus convenable de les envoyer à Küstrin et de faire passer à Danzig le régiment polonais qui est à Küstrin, quoique je préférerais de beaucoup voir cette place si importante occupée par des Français; et, lorsque les cinq bataillons arriveront, on pourrait peut-être y placer quatre 5e bataillons. Je penserais que les Polonais sont plus sûrs que les Badois, les Hessois ou les Westphaliens ; faites-moi connaître quelle est votre opinion.

 

Saint-Cloud, 3 mai 1811

Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg

Mon Cousin, vous devez écrire au général Rapp pour lui faire connaître que ni lui, ni le commissaire des guerres chargé des appro­visionnements de siège, ni les commandants de l’artillerie et du génie, ne doivent, sous quelque prétexte que ce soit, s’éloigner de 500 toi­ses des ouvrages avancés de la place, c’est-à-dire de la portée du canon.

Recommandez-lui de mettre un embargo sur tous les bâtiments, afin que tout le blé reste; on ne saurait trop en avoir. Faites-lui connaître que je lui ai envoyé une garnison de 15,000 hommes pour qu’il forme une division mobile, qu’il composera de 2,000 chevaux, de six pièces d’artillerie à cheval, de six pièces d’artillerie à pied, de douze pièces de régiment et de huit bataillons, savoir, quatre polo­nais, deux westphaliens, un bavarois et un wurtembergeois; que cette division est destinée à tenir la campagne, sans cependant se laisser couper de la place ; qu’en attendant il fasse exercer ses trou­pes aux grandes manœuvres ; qu’il s’occupe de compléter les régiments polonais et de se mettre parfaitement en état ; que je lui enverrai une batterie d’artillerie légère; que, quant à la batterie d’artillerie à pied, il lui sera facile de se procurer des attelages pour traîner ces six pièces; qu’il doit avoir sous ses ordres un général de division, un général commandant le génie, un général commandant l’artillerie, au moins cinq généraux de brigade.

Je suppose qu’on travaille avec la plus grande activité aux fortifications. Je désire que tous les huit jours il vous envoie le bulletin de ces travaux. Il faut qu’il fasse des projets pour les lignes de contre-attaque  à établir lorsque l’ennemi aurait démasqué ses attaques.

Quand l’ennemi remue de la terre, il faut qu’il en remue; c’est le moyen de prolonger le siège à l’infini. Combien les Prussiens avaient-ils de monde dans la place de Danzig au commencement du siége ? Ils n’avaient pas, je crois, une garnison aussi forte.

Recommandez aux commandants de Küstrin et de Glogau de faire le service avec la plus grande exactitude; ils ne doivent pas se cou­cher la nuit, mais dormir le jour. Il n’y aurait pas d’inconvénient à envoyer une compagnie d’artillerie de plus, prise parmi celles attachées au parc ; quand on marcherait en avant, elle vous rejoindrait.

Je ne parle pas d’instructions à donner au général Rapp en cas de rupture ; on aura toujours le temps : l’essentiel est d’avoir un chiffre avec lui. D’ailleurs, dans ce cas, comme vous vous porteriez sur Stettin, vous seriez en communication avec lui, et lui se tiendrait en communication, le plus longtemps qu’il pourrait, avec l’armée polonaise sur Varsovie.

 

Saint-Cloud, 3 mai 1811

A Louis X, grand-duc de Hesse-Darmstadt, à Darmstadt

Mon Frère, j’ai demandé deux régiments polonais, un régiment saxon, un régiment bavarois et un régiment wurtembergeois pour occuper la place importante de Danzig, qui est le boulevard de la Confédération et qui peut être menacée soit par une descente, soit par les forces considérables que les Anglais envoient dans la Baltique. Je désirerais que Votre Altesse disposât d’un de ses régiments, avec deux pièces de canon attelées et leurs caissons, pour augmenter la garnison de ce point important. Je la prie de mettre ce régiment en marche sur Magdeburg, en faisant connaître au prince d’Eckmühl du jour de son départ, la route qu’il suivra et l’époque de son arrivée à Magdeburg, pour que ce maréchal lui donne une direction ultérieure.

 

Saint-Cloud, 4 mai 1811

Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris

Je reçois votre lettre du 3 mai.  Lorsque vous m’avez proposé le sieur… pour secrétaire général du ministère de l’intérieur, vous ne m’avez pas dit qu’il était dans les affaires. Mon intention n’est pas de mettre dans une place aussi importante, de nommer secrétaire géné­ral d’un ministère qui est celui du commerce, un homme qui a une maison de commerce et dont les affaires sont fort embrouillées. Il faut plusieurs années pour liquider une maison de commerce. D’ail­leurs, j’ai pour principe de ne pas confier mon administration à des personnes accoutumées à ne soigner que leurs affaires particulières. J’avais pensé que c’était un de vos compagnons d’études, élevé comme vous dans le barreau, et non un homme qui appartint à la carrière du commerce. Pendant que le sieur… est auprès de votre personne, mettant à profit l’ascendant qu’il a sur vous, il est admis dans beaucoup de spéculations; aussi cette nomination a-t-elle déjà fait un mauvais effet. Je viens de la révoquer.

 

Saint-Cloud, 4 mai 1811

Au général Duroc, duc de Frioul, grand-maréchal du palais, à Paris

Monsieur le Duc de Frioul, je vous renvoie vos états sur la situa­tion des corps de la Jeune Garde. Je ne sais pas si ce qui est porté dans la colonne que j’ai indiquée (A) est ordonné ou seulement pro­jeté. Cela est nécessaire à dire. Il faut en outre distinguer, dans la colonne de ce qui est en Espagne, ce qui est présent sous les armes de ce qui est malade ou prisonnier.

J’ai ordonné aux 5e, 79e, 11e, 81e, 60e, 10e et 20e régiments de ligne de diriger chacun 200 hommes sur la Garde, ce qui fait 1.700 hommes; je crois avoir, en outre, demandé 100 hommes aux 8e, 18e et 23e d’infanterie légère, ce qui fait un total de 1,700 hom­mes; j’en ai en outre demandé deux par bataillon à chaque régiment de ligne, ce qui fait 1,000 hommes; j’ai donc demandé 2,700 hom­mes à l’armée pour la Garde.

Je désire que vous me fassiez connaître ce qui me manque pour avoir au 1er juin : un 1er régiment de grenadiers, complété à 1,600 hommes; un 2e de grenadiers (le 2e sera le cadre du 1er régiment de tirailleurs), à 1,600 hommes; un 3e de grenadiers (les Hollandais), à 1,600 ; total des grenadiers, 4,800 hommes; le 1er régiment de chasseurs, complété à 1,600 hommes; le 2e de chasseurs, à 1,600; le bataillon de sergents, à 840; celui des tirailleurs caporaux, à 1,600 : en tout, treize bataillons et 10,440 hommes.

Ce qui me manquera pour faire ce complément je l’appellerai des fusiliers. J’aurai en outre 2,400 hommes du nouveau régiment de la Jeune Garde que je formerai; ce qui complétera l’infanterie de la Garde à 12,000 hommes.

 

Saint-Cloud, 4 mai 1811

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le duc de Feltre, faites connaître au général Baraguey d’Hilliers qu’il doit donner ordre à la division Plauzonne d’entrer en Catalogne pour venir à son secours.

 

Saint-Cloud, 4 mai 1811

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

L’île d’Elbe n’est pas suffisamment gardée. Mon intention est que vous donniez ordre au 2e bataillon étranger, auquel il parait qu’on ne peut pas se fier, de passer en Corse, et à un autre bataillon, bien complet et bien habillé, de passer du régiment de la Méditerranée à l’île d’Elbe. Je désire qu’indépendamment de leurs chefs de bataille, ces bataillons soient commandés par un major en second que vous enverrez, afin d’être sans inquiétude sur la position importante de l’île d’Elbe.

P. S. Le général commandant en Corse doit faire passer sans délai ce bataillon. Je désire qu’il s’assure que sur les 900 hommes qu’il doit avoir il y en ait 6 à 700 d’anciens Français en deçà des Alpes.

 

Saint-Cloud, 4 mai 1811

Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris

Je pense qu’il est convenable que tous les habillements et effets d’habillement que vous avez à Bordeaux soient transférés à Bayonne; qu’il faut également ordonner qu’on confectionne à Bayonne pour un million de rations de biscuit.

Il est bon que l’administration des vivres de la guerre augmente les réserves à Bayonne, de manière à avoir, en cas d’événement, des ressources toutes prêtes en farines, blés et légumes. J’avais ordonné un transport de biscuit à Santona. Faites-moi connaître si cet envoi est parti.

Je pense qu’il faudrait traiter avec une maison de Bayonne pour transporter 10,000 quintaux métriques de blé pour nourrir les habi­tants de Santander; vous prendriez les précautions convenables pour que ce blé n’aille pas ailleurs. Cette maison ferait l’opération pour son compte. Le blé étant très-cher dans cette province, elle y gagne­rait beaucoup.

 

Saint-Cloud, 4 mai 1811

Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris

Je désire que vous me fassiez un rapport sur Cività-Vecchia, dont le port tombe en ruine. Cela m’intéresse sous le point de vue mari­time et sous le point de vue moral.

 

Saint-Cloud, 4 mai 1811

A M. de Montaigu, chambellan de l’empereur, à Paris

Vous vous rendrez à Lyon; vous y resterez deux jours. Si le 10e et le 20e sont arrivés, vous m’enverrez leur situation et combien il y a de vieux soldats. Vous verrez à Lyon les travaux qu’on fait à l’île Perrache, aux ponts, et vous m’enverrez un rapport sur tout ce qui peut m’intéresser. Vous me parlerez des manufactures.

Vous irez à Avignon; vous verrez les travaux qu’on y fait; vous visiterez la succursale des Invalides, vous prendrez note du nombre d’hommes qui s’y trouvent, et vous m’enverrez un rapport sur la situation de cet établissement.

De là vous irez à Toulon ; vous m’écrirez tous les jours, en me rendant compte des mouvements de l’arsenal, des mouvements de l’escadre et du dépôt du fort Lamalgue. Vous irez tous les jours au fort Lamalgue pour voir les conscrits réfractaires. Les cadres des deux bataillons du 22e d’infanterie de ligne sont aux îles d’Hyères pour être complétés par des conscrits réfractaires du dépôt du fort Lamalgue. Le 6e bataillon du 1er de ligne est dans l’île de Pomègue, près de Marseille; il doit être complété par des conscrits réfractaires.

Les cadres de quatre autres bataillons sont à Toulon, répartis dans la presqu’île formée par le cap Sepet et dans les îles d’Hyères, et doivent également être complétés par des conscrits réfractaires. Vous irez voir ces bataillons dans les îles d’Hyères et dans la presqu’île de Sepet. Vous vous informerez des lieux où sont les cadres du 2e régi­ment de la Méditerranée. Vous vous informerez auprès du colonel des officiers et sous-officiers qui sont ou ne sont pas arrivés, si l’habillement est arrivé, s’il est en bon état, et vous me ferez connaître jour par jour l’état des différents bataillons.

Vous irez tous les jours sur l’escadre et à l’arsenal ; vous verrez les travaux qu’on fait au Petit-Gibraltar et me rendrez compte de leurs progrès.

Quand vous aurez passé quinze jours à Toulon et que vous sera instruit que le 5e bataillon du 102e qui doit recevoir des conscrits à l’île Sainte-Marguerite, a reçu ces conscrits, vous irez le voir.

Vous irez voir le bataillon qui est à Pomègue et au château d’If, dans la rade de Marseille.

Quand vous aurez tout visité, vous attendrez de nouveaux ordres à Toulon. Vous aurez soin d’écrire tous les jours.

 

Saint-Cloud, 7 mai 1811

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la marine, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre rapport du 4 sur le régiment illyrien; mon intention est que le tiers des officiers soit français, et le reste belges, français, officiers au service d’Autriche, venant du dépôt de Passau. Aucun officier français qui n’a point servi avec nous dans nos guerres ne doit être employé dans nos régiments fran­çais. Vous devez tous les employer dans le régiment illyrien et dans les 127e, 128e et 129e régiments. Ne me proposez jamais de passes dans les régiments français ni d’avancement dans les états-majors pour ces officiers sans me l’avoir auparavant fait observer.

Laissez le général Delzons maître de diriger sur Trévise les 3e et 4e bataillons du régiment illyrien. Ce régiment sera bien placé à Trévise pour se former entièrement. Je crois avoir nommé un général allemand pour en diriger l’instruction, le général Wedel ou le général Latour. Je suppose que le colonel et les premiers officiers sont arrivés.

 

Saint-Cloud, 7 mai 1811

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Beaucoup d’ouvriers n’ont pas d’ouvrage à Paris. Comme je désire leur en donner, je vous prie : 1° de faire une commande extraordi­naire de harnais d’artillerie, afin d’employer une grande quantité d’ouvriers de cette espèce ; 2° d’ordonner pour la Garde un certain nombre de lits, et autres meubles de cette espèce, qui puissent don­ner de l’occupation aux ouvriers des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau; enfin de faire construire, s’il est nécessaire, des caissons et charrettes d’artillerie, des caisses à contenir des cartouches, etc., afin de donner des secours aux ouvriers, surtout pendant mai et juin.

 

Saint-Cloud, 7 mai 1811.

Au général Duroc, duc de Frioul, grand-maréchal du palais, à Paris

Le faubourg Saint-Antoine manque d’ouvrage; je désire lui en donner, surtout ce mois-ci qui précède les fêtes. Il est nécessaire que vous alliez à Paris voir les gens de mon Garde-Meuble et mon architecte Fontaine, et que l’on fasse une commande telle que pen­dant les mois de mai et de juin 2,000 ouvriers du faubourg Saint-Antoine, qui font des chaises, des tables, des commodes, des fauteuils, et qui sont sans ouvrage, en aient sur-le-champ. Commandez des pièces qui puissent servir soit au Louvre, tels que des châssis, fenêtres qui seront nécessaires pour la nouvelle galerie, soit pour le fonds du Garde-Meuble, pour Versailles et pour les autres palais. Je ne suppose pas que cette commande coûte plus de 3 à 400,000 francs. Que vos idées soient arrêtées demain, et qu’on commence sans délai. Concertez-vous avec Fontaine pour former dès demain des ateliers dans le Louvre et employer le plus grand nombre d’ouvriers possible aux démolitions, afin de donner de l’ouvrage à ceux qui n’en ont pas. Voyez à ce que les travaux de Versailles prennent la plus grande activité et qu’on emploie là 2 ou 3,000 travailleurs. Il me semble qu’il y a les travaux du parc et d’autres qui peuvent occuper beau­coup de monde.

 

Saint-Cloud, 7 mai 1811

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris

Mon Cousin, je vous envoie la traduction des journaux anglais. Vous y verrez que le 18 avril Wellington avait passé le Tage. Je vous prie de faire copier ces dépêches et de les envoyer ce soir au duc d’Istrie et de Raguse, et même au général Belliard. Ainsi il paraît qu’il n’y avait plus du côté de la Castille que la moitié de l’armée anglaise. Les événements qui se seront passés du côté d’Almeida auront déjà instruit les généraux de l’armée de ces nouvelles et les mettront à même de prendre le parti convenable d’appuyer sur le Tage. Vous voyez que ce que j’avais prévu est arrivé, qu’on a eu la simplicité de laisser du monde dans Olivenza et de faire prendre là 300 hommes. Olivenza a été pris le 14. Il me semble étonnant que, depuis le 4 que le duc de Dalmatie était prévenu du passage de lord Beresford, jusqu’au 25 avril, il n’ait pas pris des mesures pour dégager Badajoz avant l’arrivée de Wellington. Renvoyez-moi ces gazettes aussitôt que vous les aurez fait copier.

 

Saint-Cloud, 7 mai 1811

Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg

Mon Cousin, toutes les nouvelles que l’on reçoit de Russie sont pleines de protestations de l’empereur Alexandre pour la continuation de la paix et de l’alliance. Rien ne me porterait donc à penser que la Russie eût la volonté de commencer aucune hostilité. Quoi qu’il en soit, tous les préparatifs pour mettre votre corps d’armée en état, loin d’être ralentis, doivent être continués, cependant j’ai cru devoir vous donner cet avis pour votre gouverne. Lorsque vous trouver de l’économie à mettre douze ou quinze jours de plus à faire faire une chose, je pense qu’il faut adopter ce parti de préférence. Vos 4e et 6e bataillons vont arriver dans le courant de juillet, ce qui vous permettra de porter alors votre corps d’armée à cinq divisions; et, dans le cas où ces préparatifs devraient se prolonger jusqu’à l’année prochaine,  je désirerais savoir si sans inconvénient vos régiments pourraient fournir les cadres nécessaires pour former un 7e bataillon. Il est bien important que les généraux de division passent la revue de leurs troupes afin de faire les propositions, et qu’au 1er juillet il n’y aucune place vacante d’officier ni de sous-officier, et que tout soit rempli. Je désirerais savoir combien d’années de service ont vos capitaines, vos lieutenants, vos sous-lieutenants, ainsi que vos ser­gents et caporaux. Si vos régiments avaient en ligne six bataillons, cela formerait une très belle brigade ; ce qui permettrait de composer, avec vos seize régiments et les trois que vous organisez , c’est-à-dire avec vos dix-neuf  régiments, six belles divisions; chaque division forte de trois brigades, et chaque brigade de six bataillons. Cela vous ferait donc cent huit bataillons ou près de 90,000 hommes ; ce serait véritablement une armée. Je désire donc que vous me fassiez une réponse  à cette question : vos régiments pourraient-ils au mois d’octobre fournir les cadres d’un 7e bataillon, en le composant de bons officiers et sous-officiers, sans s’affaiblir ? Je pense que le 127e et le 129e, ainsi que le 30e de chasseurs, seront formés d’ici le mois d’octobre et pourront tout à fait être en ligne et vous être d’une grande utilité à la campagne prochaine. Je pense aussi que vos régiments de cavalerie doivent avoir dans le courant de l’été 9,000 hommes à cheval.

 

Saint-Cloud, 8 mai 1811

Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris

Je désire que, pendant les mois de mai et juin, les secours des comités de bienfaisance soient doublés, et ce à dater de demain 9, et que les faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau ils soient i triplés, s’il est nécessaire. Vous donnerez également ordre que, pendant les mois de mai et juin, à Rouen et à Lyon, les secours des comités  de bienfaisance soient triplés. Faites cela avec le moins d’éclat possible. Donnez des ordres pour que tous les travaux prennent plus d’activité, surtout dans les mois de mai et de juin; qu’aucun ouvrier ne reste sans ouvrage.

Je mets sur mon domaine à votre disposition 300,000 francs pour être distribués par les comités de bienfaisance de Paris, 100,000 francs pour être distribués par ceux de Rouen, et 200,000 francs par ceux de Lyon.

Donnez des ordres pour que les travaux de Perrache à Lyon soient triplés sur-le-champ. Ces travaux sont de nature à y mettre autant de monde qu’on veut. Il me semble que la plus grande partie consiste dans des digues et à combler.

Mon intention est qu’au 10 mai 3,000 personnes y soient em­ployées. Je n’admettrai d’excuse qu’autant qu’il ne se sera pas pré­senté ce nombre de personnes. Réunissez la députation de Lyon, voyez les mesures qu’on pourrait prendre pour les ouvriers et pour leur fournir à tous de l’ouvrage.

Faites la même chose à Rouen. Ouvrez des ateliers. Je désire qu’il y ait 2 à 3,000 ouvriers d’employés, indépendamment du pont.

Pour Paris, ordonnez qu’on multiplie les ateliers au canal Saisnt-Maur. On peut y employer 2 à 3,000 personnes d’ici à peu de jours. Enfin prenez des mesures pour que, sous aucun prétexte que ce soit, la police ne trouve aucun ouvrier qu’elle ne puisse envoyer à un ate­lier. Instruisez de tout cela le préfet de police.

Il est possible que les hôpitaux, les hospices et les dépôts de mo­dicité aient besoin de lits et autres meubles; si cela était, ce serait le cas d’en faire la commande.

 

Saint-Cloud, 8 mai 1811

Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris

Monsieur le Comte Mollien, je vous avais envoyé un mémoire du prince d’Eckmühl sur le service de l’armée d’Allemagne. J’attends un rapport de vous. Je vous envoie un projet de décret dont je désire que vous me remettiez la rédaction. Ce projet fait rentrer au bout des six premiers mois les recettes et les dépenses des trois nouveaux départements du nord dans le budget de l’État. Si vous le préférez, ces fonds pourraient rester indépendants et se consommer au trésor comme fonds spéciaux; mais peut-être y a-t-il plus de règle lorsque tout rentre au trésor en recette et en dépense. Il parait que pour les six premiers mois de 1811 les 250,000 francs par mois et les 100,000 francs pour Danzig seront suffisants; mais il est probable que pour les six derniers mois il faudra des sommes plus considérables.

 

Saint-Cloud, 8 mai 1811

Au général Duroc, duc de Frioul, grand-maréchal du palais, à Paris

Je vous ai écrit pour que vous fassiez travailler pour mon Garde-Meuble les ouvriers du faubourg Saint-Antoine, pour que vous fassiez accélérer les démolitions du Louvre et de Versailles, enfin pour occu­per le plus grand nombre d’ouvriers de toute espèce à des travaux utiles à ma maison pendant les mois de mai et de juin. Je vous écris comme au commandant de ma Garde. La Garde doit avoir un accrois­sement de caissons ; elle doit avoir besoin de harnais, etc. Voyez le gé­néral Sorbier et les autres commandants de ma Garde pour que pen­dant ces deux mois ils fassent travailler les ouvriers aux fournitures dont ils ont besoin. La Garde n’a pas le nombre de lits nécessaire. Ces lits se font, je crois, dans les faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau. On pourrait commander aux ouvriers de ces faubourgs un certain nombre de lits, livrables à la fin de mai et de juin, afin d’être sûr qu’on emploie dès ce moment une grande quantité d’ouvriers.

 

Saint-Cloud, 8 mai 1811

A Elisa Napoléon, Grande-Duchesse de Tosacane, à Florence

Ma Sœur, j’ai appris avec peine la mort de votre fils. Je prends une part sincère à toute la douleur que vous cause ce malheureux événement.

 

Saint-Cloud, 10 mai 1811

Au comte Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris

Je vois dans le Journal de Paris des folies du préfet de Strasbourg pour la vaccination. Cette manière de conduire les citoyens n’est pas conforme à mes intentions. Il faut les éclairer, mais non pas prendre des moyens de cette violence.

 

Saint-Cloud, 10 mai 1811

Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg

Mon Cousin, j’ai donné ordre que votre artillerie fût complétée pour cinq divisions et composée, savoir : de deux batteries de ré­serve, servies par l’artillerie à pied, chacune de deux obusiers à grande portée et de six pièces de 12 ; de cinq batteries à cheval (une par division) , chacune de deux obusiers et de quatre pièces de 6; de cinq batteries à pied, chacune de deux obusiers et de six pièces de 6 ; enfin de deux batteries à cheval pour les cuirassiers ; ce qui fait vingt-huit obusiers, douze pièces de 12, cinquante-huit pièces de 6; total, quatre-vingt-dix-huit bouches à feu, lesquelles, étant jointes aux soixante-quatre pièces de l’équipage de campagne, foot un total de cent soixante-deux bouches à feu. Par ce moyen, vos cinq divisions seront organisées. Le nombre des voitures sera donc de 992. Vous ne devez avoir que deux bataillons du train.

 

Saint-Cloud, 10 mai 1811

Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg

Mon Cousin, vous avez ordonné que les colonels remissent aux généraux de brigade les propositions pour l’avancement ; que ceux-ci les remettraient aux généraux de division, et que vous les recevriez des généraux de division pour les envoyer au ministre de la guerre. Cela est contraire au principe général établi en France de la commu­nication directe des ministres de la guerre avec les chefs des corps. Cette communication existe depuis Louis XIV, et l’on ne s’en est ja­mais départi. Il est donc nécessaire que vous laissiez aux colonels la correspondance directe avec le ministre de la guerre, soit pour l’avan­cement, soit pour les notes, soit pour la comptabilité. Cela n’em­pêche pas qu’on ne doive faire dans votre armée aucun mouvement sans votre ordre. Mais la correspondance des colonels avec le ministre est fondamentale en France. Vous avez mal vu cela.

 

Saint-Cloud, 11 mai 1811

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

J’approuve l’organisation de l’artillerie telle qu’elle est présentée dans votre rapport du 7. Je vous autorise à faire les mouvements du matériel et du personnel pour compléter entièrement le corps d’observation de l’Elbe, ainsi que l’artillerie de la 1e division de la réserve de la cavalerie qui est en Allemagne. Faites donc diriger sans délai de Strasbourg sur le corps de l’Elbe les 121 voitures qui sont nécessaires pour le complément de 992 voitures. Quant aux 45 voitures d’excédent, laissez-les au parc de l’armée d’Allemagne, afin de ne faire aucun mouvement inutile.

Donnez les ordres pour mettre en ordre le personnel et le matériel du corps d’observation du Rhin et de l’Italie; mais n’en donnez aucun pour le mouvement du matériel, du personnel et des attelages, sans avoir reçu mes ordres.

J’en dis autant pour la réserve de la grosse cavalerie. Faites réunir à Vérone et Pavie l’artillerie du corps d’observation d’Italie.

Faîtes mettre en état le matériel de la Garde, mais ne donnez aucun ordre pour le mouvement sans avoir obtenu mon approbation.

Donnez des ordres à Danzig pour que l’équipage de pont, tel qu’il est porté dans les états, soit prêt au 1er août, mais tout cela sans trop d’affectation.

Quant an personnel du corps d’observation de l’Elbe, comment, par exemple, ôter à la division de cuirassiers les deux compagnies du 5e d’artillerie qui y sont, pour en mettre deux autres ? Comme le corps d’observation de l’Elbe occupe lui-même beaucoup de terrain, il ne faut faire aucun mouvement inutile; il ne faut pas que la com­pagne qui est dans le Mecklenburg soit obligée de se porter ou sur Danzig ou sur Stettin. Si vous n’avez pas là-dessus les renseigne­ments nécessaires, laissez une certaine latitude au général d’artillerie.

J’approuve que le ler principal et le 3e bataillon du train soient employés au corps d’observation de l’Elbe.

J’approuve que le 9e principal et trois compagnies du 8e principal soient employés au corps d’observation du Rhin; que les trois autres compagnies du 8e principal soient employées à la réserve de la cava­lerie; que le 9e bataillon principal soit employé à la Garde; le 14e principal, au parc, ainsi que le 11e bis, en remplacement du 8e bis qui est en Allemagne et qui sera désigné pour les ponts. De sorte que j’aurai employé à la Garde et au parc le 6e principal, le 14e principal et le 11e bis; ce qui fera 3,500 chevaux.

Je vois avec plaisir que le 15 mai les voitures destinées au corps d’observation de l’Elbe pourront partir, et qu’au ler juin les autres seront prêtes pour les corps d’observation du Rhin et d’Italie, pour la Garde et pour la grosse cavalerie.

Je désire connaître les besoins de l’armée d’Espagne en artillerie ; ils sont assez considérables en attelages. J’ai formé un dépôt général à Auch, et je vous ai autorisé à lui fournir 1,000 chevaux. Mais j’ai besoin de connaître la situation de toute mon artillerie en pièces, en affûts, caissons, munitions, à Bayonne, à Burgos, à Valladolid, à Madrid, à Salamanque, et répondez-moi à cette question : Suffirait-il d’envoyer des chevaux pour atteler le matériel que les corps au­raient laissé, ou faut-il envoyer aussi du matériel ? Il est nécessaire que vous me répondiez à cette question le plus tôt possible.

 

Saint-Cloud, 11 mai 1811

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, je désire former à la fin de juin trois divisions : la 1e, appelée Division du midi d’Espagne, la 2e, Division de l’armée de Portugal, et la 3e, Division des armées et de Catalogne.

La 1e division comprendra autant de bataillons de marche qu’on en pourra former avec la conscription reçue aux dépôts de tous les régiments faisant partie de ces armées, en déduisant ce qu’ils auront fourni aux bataillons dont je viens d’ordonner la formation. Ainsi la 1e division, qui est celle du Midi (cette armée étant composée de vingt-cinq régiments d’infanterie, en supposant que chaque régiment pourra fournir deux compagnies), serait composée de huit bataillons ou 6,400 hommes.

L’armée de Portugal a, je crois, vingt-quatre régiments.

L’armée d’Aragon et celle de Catalogne en ont seize ou dix-huit ; ce qui ferait de vingt à vingt-cinq bataillons, formés en trois divi­sions, ou plus de 20,000 hommes. Faites-moi un projet là-dessus. II faut avoir soin de mettre ensemble pour former un bataillon les régiments qui forment une division. Ainsi les onze régiments qui sont devant Cadix formeraient trois bataillons comprenant ces onze régiments ; ceux du 5e corps formeraient deux bataillons ; ainsi se suite.

 

Saint-Cloud, 11 mai 1811

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

On a volé à Berg-op-Zoom 75 boulets, et ces vols faits à l’artil­lerie se réitèrent. Donnez ordre au général Bizanet de faire des visites pour rechercher les objets d’artillerie et boulets qui se trouveraient dans la ville. Écrivez au général, au maire et au sous-préfet de Berg-op-Zoom pour leur faire connaître le danger de ce défaut de surveil­lance. Il y a à Berg-op-Zoom trois compagnies du régiment prussien. Il y a 100 hommes qui ont déserté dans le mois; c’est le dépôt de Gorcum qui les a fait déserter; on m’en a dit beaucoup de mal. Je voulais le garder jusqu’à la fin de l’année, mais je me décide à dissoudre ce dépôt. Chaque régiment se recrutera de son côté.

Donnez ordre que les hommes du dépôt du 123e soient habillés, afin qu’il puisse envoyer 400 hommes à ses bataillons de guerre.

Faites-moi un rapport sur la place de Berg-op-Zoom. Il paraît qu’il n’y a ni manutention, ni caserne, ni magasin à poudre à l’épreuve. On assure qu’il y a des réparations urgentes à y faire.

Qui est-ce qui commande la place de Tholen ?

 

Saint-Cloud, 11 mai 1811

A M. Régnier, duc de Massa, Grand-Juge, ministre de la justice, à Paris

Faites-moi connaître quand la justice française sera établie dans le département des Bouches-de-l’Escaut. Cela devient très important.

 

Saint-Cloud, 11 mai 1811

Au général comte de La Riboisière, premier inspecteur général de l’artillerie, à Paris

Prenez les renseignements nécessaires pour me faire directement, et sans confier à personne mon secret, le projet d’un équipage né­cessaire pour assiéger et prendre Spandau, tiré de Magdeburg ; d’un équipage pour assiéger Kolberg, tiré de Stettin et Küstrin ; d’un équi­page nécessaire pour assiéger Neisse, tiré de Glogau et complété avec l’artillerie que peut avoir la Saxe.

Faites-moi connaître quels seraient les équipages nécessaires pour mener de front ces trois sièges, ce qui existe dans ces places et ce qu’il faut y envoyer, le personnel qu’il faudrait et les attelages d’artillerie.

 

Saint-Cloud, 12 mai 1811

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris

Mon Cousin, renvoyez au général Suchet son aide de camp Ricard avec l’ordre de se porter sur Tarragone. Faites-lui comprendre la nécessité de laisser la brigade Klopicki pour défendre le pays du côté de la Navarre. Vous lui ferez connaître la victoire que le général Baraguey d’Hilliers a remportée le 3 du mois sur Campo Verde, qui, à la tête de 12,000 hommes de ses meilleures troupes, a voulu intro­duire un convoi dans Figuières; 1,200 mulets qui formaient le convoi ont été pris, cent officiers et 2,000 hommes ont été faits prisonniers, et le reste tué et dispersé dans tous les sens. Vous ferez connaître au général Suchet qu’il est malheureux que, tandis qu’il a tant de forces dans les mains, il les laisse dormir, et qu’il n’ait pas profité de ces circonstances pour investir Tarragone.

 

Saint-Cloud, 12 mai 1811

Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg

Mon Cousin, je vois par votre lettre du 7 mai que le 2e régional du grand-duché de Berg, fort de 1,600 hommes, est prêt; ce qui, avec les régiments de Bade et de Hesse-Darmstadt, forme trois nouveaux régiments. Je ne désire pas envoyer ces forces à Danzig, où il y a suffisamment de monde. Faites venir le régiment du grand-duché de Berg à Magdeburg. Comme ce régiment m’appartient, chargez un général de brigade d’en prendre un soin particulier et d’envoyer des notes sur ses officiers, sur son habillement et sur son armement. Faites-moi connaître les places qui s’y trouvent vacantes, et quel degré de confiance je dois attacher aux officiers et surtout à celui qui commande.

Les régiments de Hesse-Darmstadt et de Bade doivent se réunir également à Magdeburg. Je destine ces trois régiments à tenir garnison dans les deux places fortes de Stettin et de Küstrin. Aussitôt que vous aurez pris connaissance de ces régiments, vous me ferez connaître de quelle manière vous pensez qu’il est plus utile de les distribuer. Je pense que le régiment du grand-duché de Berg pourrait être mieux placé à Stettin, en ce qu’il s’y trouverait avec des troupes françaises et apprendrait d’elles à bien faire le service. D’un autre coté, il est nécessaire d’avoir à Küstrin le régiment sur lequel on peut le plus compter. Je suppose que le régiment de Hesse-Darmstadt doit être un régiment très sûr, puisque autrement il compromettrait l’existence de son prince. Toutefois j’aurai le temps d’avoir votre opinion sur la distribution de ces régiments. Il en faudra mettre deux à Küstrin et un à Stettin. Le 5e polonais, qui est à Küstrin, pourra alors en partir et se rendre à Danzig. Par ce moyen, les trois régiments polonais seront réunis à Danzig.

J’ai donné l’ordre au général de division Grandjean, qui parle allemand, de se rendre à Danzig. Il commandera en second la place et pourra commander la division active. Moyennant ce, le général Bachelu n’aura plus de mission spéciale et servira dans la garnison, selon son grade et la date de son brevet.

Le général Kister doit également s’être rendu à Danzig ; le général Pajol doit y être; il y a en outre le général westphalien et un général polonais; ce qui fait un général de division et cinq généraux de bri­gade. Vous donnerez pour instruction spéciale au général Rapp de ne jamais sortir de la place. Toutes les fois que le général Grandjean sortira avec des troupes, le général Pajol l’accompagnera. Sans doute le général Rapp pourra envoyer avec le général Grandjean le général Kister ou le général polonais; mais il devra toujours garder le général Bachelu dans la place, afin que, dans le cas où il lui arriverait quel­que accident, il y ait toujours un autre commandant jusqu’à la rentrée de la division. J’ordonne au ministre de la guerre d’envoyer une compagnie d’artillerie légère, avec une batterie attelée, à Danzig.

Il faut ordonner au général Rapp, indépendamment des douze pièces de régiment, d’organiser une batterie d’artillerie à pied; de sorte qu’il puisse avoir en campagne, en cas d’événement, douze bataillons, formant 9 à 10,000 hommes d’infanterie, six pièces d’artillerie légère, six pièces d’artillerie à pied, douze pièces d’artil­lerie de régiment et environ 2,000 chevaux ; ce qui fera une division de 11 à 12,000 hommes et vingt-quatre bouches à feu; avec ces moyens il se trouvera plus fort que les forces prussiennes réunies aux environs.

 

Saint-Cloud, 13 mai 1811

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Je vous envoie une lettre du major général sur les  épreuves que le duc de Dalmatie a fait faire à Séville. Où en sont ces épreuves en France ? S’il est vrai qu’on ait lancé des bombes à 3,000 toises, c’est une chose bien importante pour la marine et bien essentielle à avoir dans l’île de Cadzand et à Flessingue.

 

Saint-Cloud, 14 mai 1811

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Faites-moi connaître pourquoi le prix du sel du côté de Strasbourg est augmenté d’un sou par livre.

 

Saint-Cloud, 14 mars 1811

Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris

Monsieur le Comte Decrès, donnez ordre au commandant de la flottille sur la côte de Hollande de faire fréquemment et au moins deux ou trois fois par semaine des visites dans toutes les îles qui sont le long de la côte, depuis le Texel jusqu’à l’île de Wangeroog, à l’embouchure du Weser, afin de prendre connaissance des marins qui s’y trouvent, de reconnaître ceux qui font le commerce avec Heligoland, et de saisir les marchandises prohibées, s’il y en a. Je n’en­tends jamais parler des rapports des commandants des flottilles. Je désire que vous m’en remettiez un bulletin toutes les semaines, avec l’indication de leur situation et de ce qu’ils ont fait.

 

Saint-Cloud, 14 mai 1811

Au général Savary, duc de Rovigo, ministre de la police général, à Paris

Je vous envoie un rapport fort intéressant sur un voyage fait à Helgoland. Faites-moi connaître comment est organisée la police dans le département d’Emden. Je suppose qu’il y a à Emden un com­missaire général, et je crois convenable d’établir un commissaire spécial à Jever pour toute la côte. Donnez-moi aussi des renseigne­ments sur les sous-préfectures de ce département. Je crois que tous les sous-préfets doivent être d’anciens Français parlant allemand.

Je n’entends pas encore parler de gendarmerie. Il sera nécessaire qu’un capitaine de gendarmerie surveille spécialement la côte.

Enfin écrivez au commandant de la division pour que toujours des patrouilles d’infanterie et de douaniers rôdent dans les îles de la côte et surtout dans celle de Waageroog.

 

Saint-Cloud, 14 mat 1811

Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg

Mon Cousin, je suis surpris du mauvais état dans lequel vous est arrivé le détachement du 3e de cuirassiers. Comment le colonel ne vous fait-il pas connaître d’où cela vient ? Demandez des renseigne­ments à ce colonel. J’écris au ministre de la guerre pour faire punir le major.