Correspondance de Napoléon Ier – Juin 1799

Quartier général, El-A’rych, 14 prairial an VII (2 juin 1799).

AU GÉNÉRAL BERTHIER.

Le général Robin partira aujourd’hui à midi pour se rendre à Mesoudyah, où il restera assez de temps pour que sa troupe fasse la soupe, sa provision d’eau et se repose ; il partira de là à onze heures ou minuit, fera le plus de chemin possible et arrivera à Qatyeh.

BONAPARTE.

 

Quartier général, El-A’rych, 14 prairial an VII (2 juin 1799).

AU GÉNÉRAL BERTHIER.

Vous voudrez bien, Citoyen Général, donner l’ordre au général Robin de laisser à Qatyeh tous les chrétiens, hommes, femmes et enfants, qui se sont réfugiés, soit d’Acre, soit de Jaffa, auprès de nous. Il leur fera connaître qu’après être restés deux jours à Qatyeh ils partiront pour Lesbé, où il leur sera donné des terres.

BONAPARTE.

 

Quartier général, El-A’rych, 14 prairial an VII (2 juin 1799).

AU GÉNÉRAL BERTHIER.

Le 1er bataillon de la 3e tiendra garnison, jusqu’à nouvel ordre, dans le fort d’El-A’rych.

Le commandant du génie y laissera 80 sapeurs et les ouvriers nécessaires.

Le général d’artillerie y laissera 50 canonniers, deux forges de campagne et le nombre d’ouvriers et d’artificiers nécessaire. Il laissera des attelages pour pouvoir atteler deux pièces de campagne.

L’état-major sera composé d’un chef de bataillon commandant la place, un adjudant capitaine ou lieutenant, un officier supérieur d’artillerie, deux adjudants capitaines ou lieutenants, deux officiers supérieurs du génie et deux adjudants d’un grade subalterne, un commissaire des guerres. Le tout sera, jusqu’à nouvel ordre, commandé par un adjudant général, qui conservera avec lui 50 hommes de cavalerie
et 20 dromadaires. Cet adjudant général rendra compte au général de brigade qui sera établi à Qatyeh.

L’ordonnateur en chef prendra toutes les mesures pour approvisionner El-A’rych de tout ce qui est nécessaire à 1,000 hommes de garnison pendant six mois.

Les magasins contenant l’approvisionnement de siège seront fermés.

Le commissaire des guerres, le commandant de la place et le garde-magasin auront chacun une clef; on ne pourra les ouvrir qu’en dressant un procès-verbal dont copie sera adressée au général en chef et à l’ordonnateur.

Il y aura des magasins ordinaires pour la garnison pendant trois semaines.  L’ordonnateur prendra des mesures pour les renouveler.

Il y aura un hôpital avec les médicaments et chirurgiens nécessaires pour panser 200 blessés, et un autre séparé pour 100 malades.

L’ordonnateur me remettra, avant mon départ d’El-A’rych, le procès-verbal qu’il fera faire par le commandant de la place, le commissaire des guerres et le garde-magasin, pour constater l’état des magasins. Il leur fera connaître que la moindre dilapidation sera punie de mort.

BONAPARTE.

 

Quartier général, Qatyeh, 19 prairial an VII (7 juin 1799).

AU GÉNÉRAL BERTHIER.

Vous donnerez l’ordre au général Kleber de se rendre à Damiette avec sa division;
De réorganiser les attelages de son artillerie, les transports de sa division et le 18e de dragons, en requérant, à Damiette et dans la province, les chevaux et chameaux nécessaires ;
D’activer le mouvement de toutes les impositions;
De mettre, s’il est nécessaire, sur la ville de Damiette, qui de toute l’Egypte a le moins payé, une contribution;
De se faire rendre compte du grand nombre d’erreurs qui se sont glissées dans les rôles d’impositions et qui sont presque toutes à notre désavantage; les Mameluks, Hassan-Toubàr et plusieurs.hommes qui se sont sauvés en Syrie, avaient aussi des biens considérables dont l’on peut, je crois, tirer un plus grand parti;
Enfin de prendre tous les moyens possibles pour procurer l’argent nécessaire pour sa division, sa solde et les travaux.

Vous donnerez l’ordre au général Dommartin d’envoyer une demi-compagnie de pontonniers pour jeter un pont de bateaux sur le bras d’eau situé entre Tyneh et Omm-Fàreg, et un autre à Dybeh, de sorte que l’on puisse venir de Damiette à Qatyeh sans trouver d’obstacles.

Les grenadiers de la 19e partiront aujourd’hui avec le quartier général pour le Caire.

Le bataillon de la 4e légère, qui est à Damiette, se rendra au Caire.

La 2e légère, qui restera à Qatyeh, tiendra des postes à Tyneh et à Omm-Fàreg; chacun de ces postes aura une pièce de 4 attelée.

Le 18e régiment de dragons, qui est attaché à la division Kleber, laissera 15 hommes à Qatyeh.

La 2e d’infanterie légère aura avec elle une pièce de 4.

Le bateau de Menzaleh restera en station à Omm-Fàreg.

Le général qui reste à Qatyeh aura avec lui 20 dromadaires; l’adudant général qui commande à El-A’rych est sous ses ordres. Il communiquera souvent avec lui, et lui donnera l’ordre de faire partir, toutes les décades, une patrouille de dromadaires qui viendrait jusqu’à mi-chemin de Qatyeh, où elle rencontrerait une patrouille de
dromadaires qui partirait de Qatyeh.

Le général qui commandera à Qatyeh sera immédiatement sous les ordres du général Kleber. Il instruira aussi directement le général en chef, au Caire, de tous les objets qui en mériteraient la peine.

BONAPARTE.

 

Quartier général, Qatyeh, 19 prairial an VII (7 juin 1799).

AU GÉNÉRAL BERTHIER.

Vous donnerez l’ordre au général de division Menou de partir de Qatyeh, avec le détachement de dromadaires et de cavalerie, pour se rendre à El-A’rych. Il fera l’inspection des troupes des différentes armes qui se trouvent à El-A’rych.

Il fera partager les magasins de subsistances en deux ; il fera verser dans l’un ce qui est nécessaire pour nourrir la garnison pendant quinze jours; dans l’autre, l’approvisionnement de siège, auquel on ne devra toucher qu’en cas que l’on soit investi. Il fera dresser un procès-verbal dans lequel sera contenu l’inventaire de ce dernier magasin, et fera exécuter l’ordre que j’ai donné qu’il soit fait trois clefs, dont une pour le garde-magasin, une pour le commandant et une pour le commissaire des guerres.

Il visitera les magasins d’artillerie et constatera, par un procès-verbal où se trouvera l’officier du génie, la quantité de pièces qu’il faudrait pour la défense d’El-A’rych, et les époques où il faudrait que cette artillerie arrivât. Il se fera remettre l’inventaire des approvisionnements d’artillerie qui existent. Mon intention est que les pièces françaises soient approvisionnées à 1,000 coups de canon par pièce, et les pièces turques à 500.

Il fera constater également, par un procès-verbal, la situation où se trouvent les ouvrages de fortifications et le temps où l’on croit, avec les moyens actuels, que les ouvrages seront faits.

Il visitera les différents tracés, et, s’il y avait des discussions entre les officiers du génie sur les ouvrages à faire, il lèvera toutes les difficultés.

Le général Menou remplira donc pour ce fort les fonctions d’inspecteur  d’infanterie’d’artillerie et du génie.

A son retour, il passera toujours le long de la mer; il fera faire un croquis de la route et tâchera de savoir s’il y a de l’eau.

Si l’ennemi menaçait d’investir la place avant que son travail fût achevé, il reviendrait à Qatyeh, mon intention étant que, dans aucun cas, il ne s’enferme dans le fort.
A son retour à Qatyeh, il fera la même opération pour Qatyeh.

Vous préviendrez les officiers commandant ces différents forts, les officiers d’artillerie et du génie, pour qu’ils le reconnaissent dans cette inspection comme leur inspecteur.

Tous les chrétiens qui sont venus de Syrie se rendront à Damiette, où le général Kleber leur donnera des terres.

BONAPARTE.

 

 

Au Quartier général, Sillieyeh, 21 prairial an VII (9 juin 1799).

AU GÉNÉRAL DUGUA, AU CAIRE.

L’état-major vous a écrit hier, Citoyen Général, par un homme du pays, pour vous faire connaître l’arrivée de toute l’armée à Sàlheyek, Nous avons assez bien traversé le désert.

Le château d’El-A’rych, qui est bien armé et en bon état de défense, a 5 ou 600 hommes de garnison. J’en ai laissé autant à Qatyeh. Le commandant anglais qui a sommé Damiette est un extravagant

Comme il a été toute sa vie capitaine de brûlots, il ne connaît ni les égards ni le style que l’on doit prendre quand on est à la tête de quelques forces. L’armée combinée dont il parle a été détruite devant Acre, où elle est arrivée quinze jours avant notre départ, comme je vous en ai instruit par ma lettre du 27 floréal.

Je partirai d’ici demain, et je serai probablement le 26 ou le 27 à El-Mataryeh, où je désire que vous veniez à la rencontre de l’armée avec toutes les troupes qui se trouvent au Caire, hormis ce qui est nécessaire pour garder les forts. Vous mènerez avec vous le divan et tous les principaux du Caire, et vous ferez porter les drapeaux que je vous ai envoyés en différentes occasions par autant de Turcs à cheval; il faut que ce soit des odjaqy : après quoi, nous rentrerons ensemble dans la ville. Quand vous serez à cent toises devant nous, vous vous mettrez en bataille, la cavalerie au centre et l’infanterie sur les ailes ; nous en ferons autant.

Le général Kleber doit, à l’heure qu’il est, être arrivé à Damiette avec sa division.

Gardez le bataillon de la 21e avec vous jusqu’à mon arrivée.

Il me tarde beaucoup d’être au Caire, pour pouvoir, de vive voix, vous témoigner ma satisfaction sur les services que vous avez rendus pendant mon absence.

Vous trouverez ci-joint la relation que je vous ai envoyée par mon courrier Royer. Comme il y a fort longtemps qu’il est parti par mer, je ne sais pas s’il est arrivé. Faites-la imprimer le plus tôt possible, ainsi que l’autre que je vous ai envoyée de Jaffa et dont copie est ci-jointe.

BONAPARTE.

 

Quartier général, Sâtheyeh, 21 prairial an VII (9 juin 1799).

AU GÉNÉRAL MARMONT, A ALEXANDRIE.

Nous voici, Citoyen Général, arrivés à Sâlheyeh. J’ai laissé au fort d’El-A’rych dix pièces de canon et 5 à 600 hommes de garnison; autant à Qatyeh. Kleber doit être arrivé à Damiette.

L’armée qui devait se présenter devant Alexandrie, et qui était partie le 1er ramazan de Constantinople, a été détruite sous Acre. Si cependant cet extravagant de commandant anglais en faisait embarquer les restes pour se présenter à Aboukir, je ne compte pas que cela puisse faire plus de 2,000 hommes : dans ce cas, faites en sorte de leur donner une bonne leçon.

Le commandant anglais prendra toute espèce de moyens pour se mettre en communication avec votre garnison ; prenez les mesures les plus sévères pour l’empêcher. Ne recevez que très-peu de parlementaires et très au large. Ils ne font que répandre des nouvelles bêtes pour les gens sensés et qu’il vaut tout autant que l’on ne donne pas. Surtout, quelque chose qu’il arrive, ne répondez pas par écrit;
vous avez vu, par mon ordre du jour, que l’on ne doit à ce capitaine de brûlots que du mépris.

Quand vous recevrez cette lettre, je serai au Caire.

Le général Bon et Croizier sont morts de leurs blessures.

Lannes et Duroc se portent bien.

Armez donc le fort de Rosette de manière qu’il y ait 8 à 10,000 coups de canon à tirer.

BONAPARTE.

 

Quartier général, Sàlheyeh. 21 prairial an VII (9 juin 1799).

AU GÉNÉRAL BERTHIER.

Les otages de Jaffa et de Gaza, que le général Robin a été chargé d’escorter, seront remis dans le fort de Sàlheyeh. Le commandant aura pour eux des égards, en  prenant toutes les mesures pour qu’ils ne s’échappent pas. On leur fera connaître qu’ils n’auront leur liberté que lorsqu’ils auront payé la contribution pour laquelle ils ont répondu.

Vous donnerez l’ordre aux généraux commandant les divisions de marcher dans le plus grand ordre et de faire de la musique auprès des villages sur la route.

BONAPARTE.

 

Quartier général, Sàlheyeh, 21 prairial an VII (9 juin 1799).

ORDRE.

ARTICLE 1er. — Tous les hommes qui sont attaqués de la fièvre à bubons [1]la peste seront soumis à une quarantaine qui sera déterminée par les conservateurs de la santé.

ART. 2. — Les corps qui ont avec eux des hommes ayant des symptômes de cette maladie les laisseront aux lazarets de Sàlheyeh et de Belbeys.

ART. 3. — Les corps qui auront avec eux des hommes atteints de cette maladie, lorsque l’armée aura dépassé Belbeys, seront soumis, avant d’entrer au Caire, à une quarantaine qui sera déterminée par les conservateurs de la santé.

ART. 4. — L’ordonnateur des lazarets se rendra à El-Mataryeh, et fera, avec les conservateurs de la santé, les visites et autres dispositions nécessaires pour mettre à exécution le présent ordre.

BONAPARTE.

 

Quartier général, Sàlheyeh, 21 prairial an VII (9 juin 1799).

AU CHEF DE BRIGADE SANSON.

Vous voudrez bien, Citoyen Commandant, en conséquence des ordres du général en chef, faire perfectionner le puits des Palmiers et ouvrir un autre puits entre les Palmiers et Sàlheyeh, à l’endroit le plus convenable et à peu près à mi-chemin, de manière que les troupes trouvent de l’eau à deux stations entre Sàlheyeh et Qatyeh;
on pourra se servir des puits déjà construits.

Ces puits seront suffisamment grands, solidement et proprement revêtus et garnis de leurs moulinets, cordages et seaux, avec des rechanges de ces derniers.

Vous enfermerez chacun de ces puits dans une redoute de 12 à 15 toises de développement, armée d’une petite pièce de canon; chaque redoute aura 20 hommes de garnison, et on établira dans son intérieur une guinguette pour le cantinier.

Vous emploierez à l’établissement du puits des Palmiers 25 sapeurs et 50 hommes de la garnison de Qatyeh, et à l’établissement du puits intermédiaire, 25 sapeurs et 50 hommes de la garnison de Sàlheyeh. Le premier soin des hommes d’escorte sera de se couvrir contre les Arabes.

Le général en chef attachant la plus grande importance à ces deux ouvrages, vous voudrez bien donner vos ordres pour qu’on y mette tous les soins et toute l’activité dont on peut être susceptible.

Par ordre du général en chef.

 

Quartier général, Belbeys, 23 prairial an VII (11 juin 1799).

AU GÉNÉRAL MURAT.

Ordre au général Murat de partir avec toute la cavalerie pour se rendre à Gezyret el-Bily, village chef-lieu des Bily; il leur fera tout le mal possible, fera toutes leurs femmes prisonnières, prendra tous les chevaux et chameaux, emploiera les journées des 24 et 25 à parcourir les villages environnants ; il y prendra les femmes, les bestiaux que les Bily y ont en dépôt et qui leur appartiennent à coup sûr, attendu que ces villages n’en ont presque point; enfin il leur fera tout le mal possible.

En passant à Abou-Za’bal, il fera connaître au cheik de Saouâlhàt que le général en chef est très-satisfait de la conduite qu’il a tenue en son absence, et prendra de lui, sur les Bily, tous les renseignements qu’il pourra. Le général Murat sera rendu le 26, à dix heures du matin, à El-Mataryeh, où il trouvera l’armée et où il amènera les prisonniers qu’il aura faits sur les Bily.

Par ordre du général eu chef.

 

Quartier général, au Caire, 26 prairial an VII (14 juin 1799).

AU GÉNÉRAL DAVOUT.

J’ai lu, Citoyen Général, avec intérêt, la relation que vous m’avez envoyée des événements qui se sont passés dans la haute Egypte, et j’approuve le parti que vous avez pris de vous rendre au Caire. Ce point était d’une telle importance dans l’éloignement où se trouvait l’armée, qu’il devait principalement fixer toutes les sollicitudes.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 26 prairial au VII (14 juin 1799).

AU GÉNÉRAL DOMMARTIN.

Il est indispensable, Citoyen Général, que vous partiez, au plus tard le 1er du mois prochain, pour vous rendre à Rosette et à Alexandrie, pour visiter par vous-même les approvisionnements de ces places, reformer les équipages de campagne , et pourvoir à l’approvisionnement des autres places de l’Égypte. Faites partir demain au soir pour Alexandrie le citoyen d’Anthouard ; mon intention est qu’il y reste tout l’été pour y commander l’artillerie, sous les ordres du citoyen Faultrier; il pourra être porteur de vos dispositions. Vous connaissez mes intentions par rapport à Rosette, El-Rahmànyeh, Sàlheyeh, etc., et à la formation de l’équipage de campagne.

Mon intention est d’établir à Bourlos un fort, et provisoirement une batterie capable de défendre la passe de ce lac. Il faut donc que vous preniez des mesures pour y faire parvenir les pièces d’artillerie nécessaires.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 26 prairial an VII (14 juin 1799).

AU GÉNÉRAL BERTHIER.

Je vous prie de donner ordre à l’adjudant général de visiter, demain matin, les casernes qu’occupent l’armée et les dépôts, soit d’infanterie, soit de cavalerie, pour connaître le nombre des hommes qui s’y trouvent, en distinguant les hommes armés, les hommes désarmés mais en état d’être armés, les hommes encore blessés.

IJn autre officier de l’état-major ira visiter les hôpitaux.

La cavalerie de l’armée sera divisée en deux brigades indépendantes l’une de l’autre, et correspondant l’une et l’autre avec l’état-major général.

Le 22e de chasseurs, les 15e et 20e de dragons seront de la brigade du général Davout.

Le 7 e de hussards, les 3e et 14e de dragons seront de la brigade du général Murat.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 27 prairial an VII (15 juin 1799).

ORDRE DU JOUR.

Le général en chef témoigne sa satisfaction au général Dugua de la conduite qu’il a tenue pendant son absence en Syrie ; c’est aux sages mesures qu’il a prises que nous devons en grande partie la tranquillité dont l’Egypte a joui pendant tout le temps qu’a duré son invasion en Syrie.

Le général en chef, dans la revue qu’il a passée, a vu avec le plus grand plaisir les bataillons des 61e et 88e, et le brave 15e de dragons; ces corps méritent, par leurs fatigues et les constantes victoires qu’ils ont remportées dans la haute Égypte, ces témoignages particuliers de satisfaction.

Le général en chef, étant extrêmement mécontent des commissaires des guerres et garde-magasins qui ont été chargés du service à Jaffa et à Gaza, ordonne à l’état-major de les faire arrêter sur-le-champ, de faire mettre le scellé sur leurs papiers, et de les faire poursuivre selon toute la rigueur des lois militaires ; il n’a pas tenu
à eux que l’armée ne mourùt de faim.

Le général en chef témoigne sa satisfaction à l’ordonnateur en chef des mesures qu’il a prises pour nourrir l’armée dans le désert. Le commissaire des guerres Sartelon a montré autant d’activité que de zèle pour lever toutes les difficultés qui se présentaient; le général en chef lui en témoigne sa satisfaction.

Le général en chef témoigne son mécontentement au commandant de Qatyeh de ce qu’il a pris sur lui d’envoyer à Damiette un officier et cinq Anglais qui avaient échoué en escortant un bateau de blessés français. Le commandant devait les garder à Qatyeh jusqu’à ce que le général eût donné des ordres, en les traitant avec tous les égards que l’on se doit entre nations policées, quoique cette nation s’avilisse
par son alliance avec des barbares. Dans tous les événements imprévus de cette espèce qui pourraient arriver, le général en chef ordonne aux différents commandants de ne rien prendre sur eux, et d’attendre qu’il ait donné des ordres.

Par ordre du général en chef.

 

Quartier général, au Caire, 27 prairial au VII (15 juin 1799).

AU GÉNÉRAL BERTHIER.

Le commandant des dromadaires se transportera à Gyzeh et se concertera avec le commissaire des guerres Boissard pour prendre, parmi les 160 chameaux qui ont été remis il y a deux jours à l’artillerie, tout ce qui pourrait être utile à son service.

L’adjudant général Boyer partira demain, avec tous les hommes de la 88e qui se trouvent au Caire ou au dépôt, pour se rendre au Fayoum, achever la levée de toutes les impositions. Lorsque cela sera fait, il rejoindra et se mettra sous les ordres du général Zajonchek pour parcourir la province de Beny-Soueyf, pour faire payer le myry et autres’impositions que devrait cette province. Lorsque cette opération sera faite, il attendra à Beny-Soueyf de nouveaux ordres.

Le général Zajonchek, qui est chargé du commandement des provinces du Fayoum et de Beny-Soueyf, lui donnera tous les renseignements qui pourraient lui être utiles pour sa tournée dans la province du Fayoum.

Le chef de l’état-major passera demain la revue de la 69e demi-brigade. Il se fera remettre un contrôle par compagnie, où seront nommés les officiers et l’endroit où ils se trouvent dans ce moment-ci.

Il me présentera un projet pour égaliser les trois bataillons, réduire les bataillons à cinq compagnies avec quatre officiers et le même nombre de sous-officiers que porte l’ordonnance ; s’il arrivait qu’il y eût des officiers de reste, il me proposera ce qu’on en pourrait faire ; s’il n’y en avait pas assez, il me proposera des nominations.

Après quoi, il passera une revue particulière des trois compagnies de grenadiers. Mon intention est que nul ne puisse être grenadier de la 69e, s’il n’est dans un de ces cas :

1° S’être trouvé grenadier à la bataille de Mondovi;
2° Avoir eu un sabre, un fusil d’argent ou toute autre distinction;
3° Avoir été éclaireur à l’armée d’Italie ou en Syrie.

Tous ceux qui ne seraient pas compris dans un de ces trois cas rentreront dans les basses compagnies.

Il me remettra également une revue de l’habillement, armement et solde de cette demi-brigade. Il aura avec lui un commissaire des guerres pour constater la situation de cette demi-brigade, au moment de cette nouvelle formation.

Vous donnerez l’ordre au général Destaing de partir le 29, pour se rendre à El-Rahmânyeh avec le bataillon de la 61e qui se trouve au Caire et tous les hommes de ce bataillon qui sont au dépôt et qui sont dans le cas de pouvoir marcher. Arrivé à EI-Rahmânyeh, il ramènera au Caire tous les hommes de la légion nautique qui s’y
trouveraient. Il sera sous les ordres du général Marmont, qui commande les trois provinces. Il prendra les mesures les plus promptes pour faire rentrer les contributions que doit la province de Bahyreh.

Vous donnerez l’ordre au bataillon de la 25e qui est à Menouf d’en partir pour se rendre, avec armes, bagages et tous les effets, à Qatyeh, en passant par Belbeys et Sàlheyeh ; au général Lanusse, de garder avec lui le bataillon de la 4e légère; au général Rampon, de prendre le commandement de la province du Caire.

Le général Leclerc se rendra à Belbeys, où il trouvera le bataillon de la 25e demi-brigade, avec lequel il se rendra à Qatyeh, pour y prendre, sous les ordres du général Kleber, le commandement de l’avant-garde, qui s’étend depuis Omm-Fàreg jusqu’à El-A’rych.

Dès l’instant que le général Destaing sera arrivé à El-Rahmânyeh, le chef de brigade Lefebvre rejoindra la 25e à Damiette.

Le général Robin se rendra à Myt-Ghamar, pour prendre le commandement de la province de Qelyoub : il s’aidera du bataillon de la 32e qui s’y trouve, pour la parcourir et lever tout ce qu’elle doit d’impositions. Le général Lanusse, qui réunit le commandement de
cette province à celui de Menouf, lui donnera tous les renseignements dont il pourra avoir besoin.

Le général Kleber réunira à son commandement de la province de Damiette celui de la province de Mansourah. Il prendra toutes les mesures pour faire rentrer les contributions et les faire verser dans la caisse du payeur.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 27 prairial an VII (15 juin 1799).

AU CITOYEN FOURIER,
COMMISSAIRE PRÈS LE DIVAN DU CAIRE

Je vous prie, Citoyen, de faire connaître au divan, et par lui aux principaux habitants du Caire, que je désire que ceux d’entre eux qui auraient à me parler viennent chez moi depuis sept heures du soir jusqu’à neuf, excepté dans le cas où ils auraient quelque chose de pressé à me communiquer; que ce n’est pas notre usage de venir
avant sept heures du matin, et que je sais que la grande chaleur les empêche de venir après.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 21 prairial an VII (15 juin 1799).

AU GÉNÉRAL DESAIX.

Je suis arrivé ici hier, Citoyen Général, avec une partie de l’armée.

J’ai laissé une bonne garnison dans le fort d’El-A’rych, qui est déjà dans une situation respectable.

Le général Kleber est à Damiette.

Vous trouverez dans mes relations imprimées le véritable récit des événements qui se sont passés.

Il est nécessaire que vous me fassiez une relation de tout ce qui s’est passé dans la haute Égypte depuis votre départ du Caire, afin que je puisse le faire connaître; je crois qu’il me manque de vos lettres, de sorte qu’il y a des lacunes ; d’ailleurs c’est un travail que personne ne peut bien faire que vous-même.

J’attends d’ici à deux ou trois jours la nouvelle que vous occupez Qoseyr, ce qui me fera un très-grand plaisir.

Nous voici arrivés à la saison où les débarquements deviennent possibles. Je ne vais pas perdre une heure pour nous mettre en mesure. Toutes les probabilités sont cependant que, pour cette année, il n’y en aura point.

Je vous écrirai plus au long dans trois jours, en vous envoyant un officier de l’état-major.

Je vous salue et vous aime.

BONAPARTE.

Portez donc un gilet de flanelle ; c’est le seul moyen de vous mettre à l’abri des maux d’yeux.

 

Quartier général, au Caire, 29 prairial an VII (17 juin 1799).

AU GÉNÉRAL BERTHIER.

Vous donnerez l’ordre au général Dumuy de se rendre le plus tôt  possible à Suez, pour y remplir les fonctions d’inspecteur du génie, de l’artillerie et de l’infanterie. Il y restera quelques jours et renverra de suite la légion maltaise, tous les galériens, marins, matelots qu’il jugerait inutiles à la confection des travaux et à la défense de la place, vu qu’il est nécessaire qu’il y reste le moins de bouches possible, et surtout aucune bouche inutile; et, après y être resté huit ou dix jours, quand il jugera sa présence inutile, il reviendra au Caire.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 29 prairial an VII (17 juin 1799).

AU GÉNÉRAL DOMMARTIN
Le bateau le Nil, que j’avais destiné pour moi en cas que les événements m’eussent forcé de me rendre à Damiette, Rosette ou dans la haute Egypte, est prêt pour vous conduire à Rosette.

Arrivé à Rosette, vous le renverrez sur-le-champ avec le rapport que vous me ferez sur la situation d’El-Rahmànyeh et de la défense de l’embouchure du Nil.

Je vous prie de déterminer près d’A’lqàm, dans une position très-favorable et près d’un endroit où les bateaux échouent ordinairement,
l’emplacement d’une redoute, que 30 ou 40 hommes devraient pouvoir défendre, mais qui en pourrait contenir un plus grand nombre : son but principal serait d’empêcher les bâtiments qui viendraient de Rosette de remonter le Nil, et de bien prendre sous sa protection les bâtiments français qui seraient poursuivis par les Arabes.

Je me charge spécialement de faire descendre ces différents bateaux à Rosette.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 29 prairial an VII (17 juin 1799).

AU GÉNÉRAL MARMONT, A ALEXANDRIE.

Le général Destaing se rend, Citoyen Général, dans la province de Bahyreh avec un bataillon de la 61e; un bataillon de la 4e s’y étant précédemment rendu de Menouf, mon intention est que la légion nautique et la 19e, qui se trouvent à Rosette, en partent sur-le-champ pour se rendre au Caire, et que le détachement de la 25e qui est à
Rosette se rende à Damiette.

Le général Dommartin part pour Alexandrie; mon intention est que tout l’équipage de campagne sans distinction, et la partie de l’équipage de siège qu’il jugera nécessaire, se rendent sur-le-champ au Caire. Il est autorisé à laisser à Alexandrie quatre pièces de campagne.

Vous aurez reçu plusieurs lettres que je vous ai écrites de Jaffa et de Qatyeh. Tous les projets de l’ennemi ont été tellement déconcertés par la campagne imprévue et prématurée de Syrie, que, s’ils tentent quelque chose, cela sera découvert et facile à repousser. La province de Bahyreh vous fournira de l’argent; nous sommes ici fort pauvres.

Je ne conçois pas comment un brick anglais restant à croiser devant Alexandrie se trouve maître de la mer : pourquoi une frégate ou des bricks ne sortent-ils pas? Le citoyen [2]un contre-amiral… Dumanoir a été autorisé à le faire.  Je vous prie de m’envoyer au Caire l’agent divisionnaire qui a été surpris vendant cent ardebs de blé, et le Français qui les achetait.

Faites venir au Caire tout l’argent provenant de la vente des effets de ces deux individus.

Une grande quantité d’employés, d’officiers de santé, se sont embarqués pour France sans permission. Il me semble que cette police était aisée à faire.

Vous avez eu tort dans toutes les discussions d’autorité que vous avez eues. Le commissaire Michaux se trouvait sous les ordres de l’ordonnateur Laigle, et, eût-il été indépendant, la politique eût dû vous engager à avoir des procédés différents, puisque, tous les magasins de l’Egypte se trouvant à la disposition de l’ordonnateur Laigle, c’est peu connaître les hommes que de ne pas voir que c’était vous priver des approvisionnements que je désirais avoir dans une place comme Alexandrie.

Sans cette discussion mal entendue, vous auriez eu à Alexandrie 400,000 rations de biscuit de plus.

L’ennemi se présentant devant Alexandrie ne descendra pas au milieu de la place : ainsi, vous auriez le temps de rappeler les détachements que vous enverriez pour soutenir le général Destaing et lever les impositions. Vous n’avez rien à espérer que de nos provinces de Rosette et de Bahyreh.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 29 prairial an VII (17 juin 1799).

AU CHEF DE BRIGADE CRETIN.

Lorsque je vous ai confié, Citoyen Commandant, l’arme du génie, je n’ai pas eu pour seule considération votre ancienneté. Veuillez donc partir le plus tôt possible pour Rosette. Vous pourrez profiter, pour venir au Caire, du bateau le Nil, qui part après-demain avec le général Dommartin ; votre prompte arrivée au Caire est nécessaire. En passant à El-Rahmànyeh, visitez dans le plus grand détail les établissements.

Ordonnez également une redoute sur la rive de l’embouchure du lac Madyeh, du côté de Rosette. Mon but serait que l’ennemi ne pût raisonnablement opérer un débarquement entre le lac et le Boghâz, pour marcher sur Rosette, sans s’être, au préalable, emparé de cette redoute, tout comme il ne pourrait débarquer entre le lac et Alexandrie sans s’être emparé du fort d’Aboukir.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 30 prairial an VII (18 juin 1799).

AU GÉNÉRAL DOMMARTIN.

J’approuve, Citoyen Général, toutes les mesures que vous proposez pour l’organisation de l’artillerie de campagne de l’armée.

Faites-moi un projet de règlement par articles pour l’artillerie des bataillons; vous y mettrez les masses telles que vous pensez que l’on doit les accorder aux corps.

Les brigades de cavalerie étant faibles, une artillerie trop nombreuse ne fait que les embarrasser. Ainsi, je pense que deux pièces de 3, attachées à chaque brigade de cavalerie, seront suffisantes; la cavalerie est divisée en deux brigades.

Je désirerais que vous organisassiez de suite l’artillerie des guides et des deux brigades de cavalerie, en donnant aux guides la pièce de 5 du général Reynier et la pièce de 5 de la cavalerie, et en donnant à la cavalerie la pièce de 3 qu’a le général Lannes, la pièce de 3 des guides, la pièce de 3 qu’a le général Lanusse, et en laissant provisoirement une pièce de 5 jusqu’à ce que vous la puissiez remplacer par une pièce de 3 autrichienne.

Il est nécessaire que vous complétiez l’approvisionnement de toutes ces pièces à 300 coups.

Il est également nécessaire de commencer à donner à chaque division deux grosses pièces. Il faudrait approvisionner les pièces de 8 qu’ont les généraux Lannes et Reynier, la pièce de 8 et l’obusier qu’a aujourd’hui le général Davout; envoyer le plus tôt possible à KIeber deux affuts de rechange, afin qu’il puisse se monter les deux pièces de 8; faire remplacer les pièces de 8 des généraux Lanusse et Légière par des pièces de 3 vénitiennes, et les attacher aux divisions Lannes et Rampon.

Il est nécessaire de distribuer les pièces de 3 ou de 4 de manière que chaque division se trouve en avoir deux ou trois ; et, lorsque l’on donnera aux bataillons leurs pièces, on se trouvera en avoir à chaque division pour les premiers bataillons des demi-brigades.

Le général Kleber se trouve déjà avoir trois petites pièces.

La pièce qui est à Belbeys peut être attachée à la division Reynier. Il sera nécessaire d’en procurer le plus tôt possible aux divisions Lannes et Rampon. L’armée pourra attendre dans cette situation que vous ayez eu le temps de faire venir l’artillerie de Rosette et de donner à chaque division l’artillerie, comme vous le projetez.

Ordonnez que l’on ne distribue des fusils que par mon ordre; mon intention est de ne commencer à les distribuer que dans cinq ou six jours, et lorsque les corps seront réorganisés.

BONAPARTE.

 

 

Quartier général, au Caire, 30 prairial an VII (18 juin 1799).

AU CITOYEN POUSSIELGUE.

Je vous prie, Citoyen Administrateur, de faire connaître aux principaux négociants damasquins que je désire qu’ils me prêtent chacun 30,000 francs. Vous leur donnerez à chacun une lettre de change de 30,000 francs payable à la caisse du payeur de l’armée le 15 thermidor : ces lettres de change seront acceptées par le payeur; je désire que cet argent soit versé dans la journée de demain.

Lorsque les Coptes auront versé les 150,000 francs, vous leur ferez connaître que mon intention n’est point qu’ils se payent de ces 150,000 francs sur les adjudications des villages, car alors c’est comme s’ils ne nous avaient rien prêté. Vous arrangerez avec eux la manière dont ils devront être payés, de sorte qu’ils le soient dans le courant de thermidor.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 1er messidor an VII (19 juin 1799).

Le général Bon, le général Caffarelli, le chef de brigade du génie Detroye, le chef de bataillon du génie Say et le chef d’escadron Croizier, mon aide de camp, morts en Syrie, étaient des officiers du plus grand mérite.

Le général Caffarelli, avec une jambe de bois, était toujours aux avant-postes. Son zèle, son courage, ses talents, sa sévère probité étaient rares. Il est mort en faisant des projets pour l’instruction de la jeunesse. Sa grande et unique passion était la prospérité publique.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 1er messidor an VII (19 juin 1799).4190. — AU GÉNÉRAL DESAIX.

Le général Dugua me fait part, Citoyen Général, de vos dernières lettres des 15 et 22 prairial. J’ai appris avec plaisir votre occupation de Qoseyr.

Je donne ordre qu’on vous envoie plusieurs officiers du génie, afin de diriger les travaux dans la haute Égypte, et spécialement les ouvrages de Qoseyr et du fort de Qeneh.

Nous sommes toujours sans nouvelles de France.

Tout est parfaitement tranquille en Egypte. Il paraît que les Mameluks refluent dans les provinces de Charqyeh et de Bahyreh ; on ira y mettre ordre.

Vous êtes fort riche. Soyez assez généreux pour nous envoyer 150,000 francs. Nous dépensons de 2 à 300,000 francs par mois pour les travaux d’El-A’rych, Qatyeh, Sàlheyeh, Damiette, Rosette, Alexandrie, etc.

Faites, je vous prie, mon compliment au général Belliard et à votre adjudant général sur l’occupation de Qoseyr.

J’attends toujours une relation générale de toute votre campagne de la haute Égypte, avec une note des officiers et de tous les soldats auxquels vous voulez donner de l’avancement.

Croyez, je vous prie, que rien n’égale l’estime que j’ai pour vous, si ce n’est l’amitié que je vous porte.

Salut, amitié.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 1er messidor an VII (19 juin 1799).

AU GÉNÉRAL DUGUA.

Faites fusiller, Citoyen Général, tous les Moghrebins, Mekkins, etc. venus de la haute Égypte et qui ont porté les armes contre nous.

Faites fusiller les deux Moghrebins Abd-Allah et Abmed, qui ont invité les Turcs à l’insurrection.

L’homme qui se vante d’avoir servi quinze pachas et qui vient de la haute Egypte restera au fort pour travailler aux galères.

Faites-vous donner, par le capitaine Omar, des notes sur tous les Moghrebins de sa compagnie qui sont arrêtés, et faites fusiller tous ceux qui se seraient mal conduits.

Faites venir le cheik Solyman des Terràbyn, et qu’il vous dise ce que font les Arabes qui viennent à El-Basâtyn. Il est chargé de la police de ce canton, et on s’en prendra à lui si des Arabes y viennent faire des courses.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 1er messidor an VJI (19 juin 1799).

AU CITOYEN D’AURE.

Le nombre des employés, Citoyen Ordonnateur, est trop considérable; veuillez me présenter un état de réduction.

Un grand nombre d’officiers et de sous-officiers blessés de manière à ne pas pouvoir servir pourraient être employés dans les administrations, et un grand nombre de jeunes gens qui peuvent porter le mousquet et qui sont dans les administrations pourraient entrer dans les corps.

Voyez à me présenter un projet sur chacun de ces objets.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 2 messidor an VII (20 juin 1799).

AU GÉNÉRAL BERTHIER.

Je vous prie, Citoyen Général, de donner l’ordre au général Andréossy d’inspecter l’école française et de m’en faire un rapport.

Vous donnerez l’ordre pour que tous les hommes à pied du 22° de chasseurs, des 15e et 20e de dragons, partent le plus tôt possible pour la haute Egypte, pour y aller en remonte. Par cette même occasion , les trois officiers du génie partiront pour la division Desaix.

Je vous prie d’ordonner au général Desaix qu’il m’envoie trente bons chevaux pour la remonte de ma compagnie des guides.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 2 messidor an VII (20 juin 1799).

AU CHEF DE BRIGADE SANSON.

J’ai reçu, Citoyen Commandant, le rapport sur les casernes. Mon intention est qu’au lieu de dépenser de l’argent pour les casernes à Boulàq vous fassiez au fort Sulkowski toutes les réparations possibles, de manière à pouvoir y loger beaucoup de chevaux.

Je vous prie de me faire connaître s’il n’y aurait pas à la citadelle un local où l’on puisse construire des écuries pour 300 chevaux, et de faire vérifier si les chevaux boivent de l’eau du puits de Joseph.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 2 messidor an VII (20 juin 1799).

AU CHEF DE BRIGADE SANSON.

Je vous prie, Citoyen Commandant, de me remettre un devis de ce qu’a coûté le fort Camin et de ce qu’il aurait coûté si, au lieu de placer le moulin au-dessus du fort, on l’eût placé à côté.

Je désirerais que vous pussiez faire continuer, sur la hauteur derrière le quartier général, une petite tour qui défendrait la place Ezbekyeli; il faudrait qu’elle fût la plus simple et la moins coûteuse possible, de manière à y placer une pièce de canon et quelques hommes de garde; je vous prie de m’en présenter le projet.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 3 messidor an VII (21 juin 1799).

AU CHEF DE BRIGADE SANSON.

J’ai visité hier, Citoyen Commandant, la citadelle du Caire; je me suis convaincu par moi-même que le citoyen Fauvi, duquel j’avais eu lieu d’être satisfait, prend envers le commandant un ton qui n’est pas convenable.

Le chef de brigade Dupas, uniquement occupé de sa place, commence à connaître à fond les détails de la citadelle, ce qui lui a fait venir un grand nombre d’idées que j’ai trouvées raisonnables. Je vous prie de conférer avec lui sur ces différents travaux, et de me faire connaître le parti que vous croirez devoir prendre sur plusieurs objets essentiels, tels que :
Le fossé qu’il propose pour isoler entièrement la citadelle du côté de la ville, qu’il faudrait faire calculer avec l’occupation de la tour des Janissaires;
Un chemin qui conduirait tout de suite de la première place sur le rempart de droite en entrant;
Un chemin qui conduirait droit de la première place à celle du Pacha ;
Enfin plusieurs idées de détail sur la facilité des communications entre la forteresse.

Le citoyen Dupas a un grand nombre de prisonniers. En fournissant quelques outils, vous pouvez activer les travaux de manière à faire promptement beaucoup de besogne.

Quant aux logements intérieurs, la chose dont il faut principalement s’occuper, c’est:

De nettoyer les souterrains, où l’on pourrait placer la garnison en cas de siège ;
Placer les poudres et les salles d’artifices dans un endroit à l’abri de la bombe ;
Avoir un hôpital à l’abri de la bombe.

Sans cela, trois ou quatre mortiers minent tout et rendent une place intenable.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 3 messidor an VII (21 juin 1799).

AU CONTRE-AMIRAL GANTEAUME.

Vous vous rendrez, Citoyen Général, à Rosette et à Alexandrie.

Vous passerez la revue des bâtiments qui se trouvent pour la défense de l’embouchure de Rosette; vous y ferez envoyer d’Alexandrie tout ce qui pourrait y manquer. Mon intention est que les bâtiments qui n’ont qu’une pièce soient approvisionnés à 300 coups, et ceux qui en ont deux à 200.

Vous ferez partir d’Alexandrie tous les bâtiments propres à la navigation du Nil, et spécialement tous les avisos armés en guerre qui peuvent entrer dans le Nil ou à Bourlos.

Vous prendrez à bord de tous les bâtiments, soit de guerre, soit du convoi, tous les canons, toutes les armes et autres objets de quelque espèce que ce soit qui peuvent être utiles à la défense du Nil.

Vous trouverez à Alexandrie le général Dommartin, et vous l’aiderez dans le transport de toutes les poudres, canons, munitions de guerre, etc., qu’il doit envoyer à Rosette, Bourlos et Damiette.

Je désirerais que l’on put embosser à l’embouchure du lac Bourlos un gros bâtiment armé de grosses pièces, de manière que ce bâtiment pùt défendre la passe et tenir lieu d’un fort que l’on va commencer à construire, mais pour lequel il faudra du temps.

Vous désarmerez à Alexandrie tous les bâtiments, hormis la Muiron et la Corrère, et une demi-douzaine d’avisos ou bâtiments marchands, bons marcheurs, qu’il faut tenir prêts à partir pour France.

Vous me ferez faire un rapport sur la meilleure des frégates qui restent, et vous ordonnerez toutes les dispositions pour l’armer au premier ordre en matériel.

Vous aurez soin de vous assurer que les futailles des deux frégates la Muiron et la Carrère soient en meilleur état que celles de l’escadre du contre-amiral Perrée.

Vous aurez soin qu’hormis ce qui vous est nécessaire, vous laissiez dans chaque bâtiment de guerre de quoi l’armer en flûte le plus promptement possible.

Vous trouverez ci-joint l’ordre pour que l’ordonnateur de la marine et le commandant des armes ne portent aucun obstacle à vos opérations et vous secondent de tout leur pouvoir.

BONAPARTE.

Vous ferez mettre en construction deux ou trois petits chebecs semblables à la Fortune, et qui puissent entrer dans le Nil et à Omm-Fàreg.

 

Quartier général, au Caire, 3 messidor an VII (21 juin 1799).

AU GÉNÉRAL BERTHIER.

Vous trouverez ci-joint, Citoyen Général, l’état des militaires français détenus à la citadelle; voyez, je vous prie, d’y envoyer un officier d’état-major pour m’en faire un plus détaillé, et surtout si les lois militaires , qui accordent aux officiers supérieurs le droit de mettre en prison des soldats pour un certain nombre de jours, n’ont point été transgressées ; si plusieurs soldats ne sont point détenus quoique le temps de leur détention prononcée par les conseils militaires soit expiré; enfin si les sentences des conseils militaires sont conformes aux lois, et si les conseils de révision demandés par les condamnés leur ont été accordés.

Vous sentez combien la mission de cet officier intéresse l’ordre et l’humanité.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 3 messidor an VII (21 juin 1799).

AU GÉNÉRAL DESAIX.

Les trois officiers du génie, une compagnie de canonniers et une centaine d’hommes de cavalerie à pied ont ordre, Citoyen Général, de se rendre dans la haute Égypte. Les commandants de l’artillerie et du génie font partir des outils et des cartouches.

Si vous écrivez au chérif de la Mecque, faites-lui connaître que l’on m’a présenté hier les différents reis de ses bâtiments, et que l’on fait passer à force du blé et du riz à Suez pour les lui envoyer.

BONAPARTE.

 

Quartier, général, au Caire, 3 messidor an VII (21 juin 1799).

AU GÉNÉRAL FOGIÈRE.

Je reçois, Citoyen Général, votre lettre du 29 prairial.

Votre payeur doit verser tous les fonds qu’il reçoit dans la caisse du Caire. Tàchez de nous envoyer le plus tôt possible 100,000 francs,dont nous avons grand besoin ; j’aurai aussi besoin de quarante beaux chevaux pour la remonte de mes guides. La province de Gharbyeh en a de très-bons, tâchez de nous les envoyer.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 4 messidor an VII (22 juin 1799).

AU CITOYEN LEPÈRE,
INGÉNIEUR DES PONTS ET CHAUSSÉES.

Je désirerais, Citoyen, que le nouveau chemin du Caire à Boulàq fùt fini le plus promptement possible.

Je désirerais connaître s’il ne serait pas possible de profiter du fossé que vous faites d’un des côtés du chemin pour s’en servir comme canal de communication du Caire à Boulàq, au moins pendant sept à huit mois de l’année, et si l’année prochaine on ne pourrait pas s’en servir constamment.

Il est nécessaire également de préparer un rapport sur la conduite des eaux du Nil dans le Khalyg, sur l’inondation des places du Caire et des terres adjacentes.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 4 messidor an VII (22 juin 1799).

AU CHEF DE BRIGADE SANSON.

Mon intention, Citoyen Commandant, est d’établir une redoute à Myt-Ghamar et à Mansourah, remplissant les buts suivants : défendre la navigation du Nil ; protéger les barques françaises ; contenir des magasins capables de nourrir un corps de 10,000 hommes pendant un mois; contenir une ambulance d’une cinquantaine de lits, et enfin maintenir les villes de Mansourah et Myt-Ghamar. Je vous prie de me proposer un projet pour ces deux redoutes, auxquelles je désire que l’on travaille de suite, de manière qu’entre Rosette et le Caire il y aura les redoutes d’El-Rahmànyeh et d’A’lqàm, et entre Damiette et le Caire celles de Mansourah et de Myt-Ghamar.

Je vous prie aussi de me faire un rapport sur la redoute d’El-Rahmànyeh. Voilà longtemps qu’on travaille, et je vois que cela ne finit jamais.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 4 messidor an VII (22 juin 1799)

AU GÉNÉRAL DESAIX.

Je désirerais, Citoyen Général, acheter 2 ou 3,000 nègres ayant plus de seize ans, pour pouvoir en mettre une centaine par bataillon.

Voyez s’il n’y aurait pas moyen de commencer ce recrutement en commençant les achats. Je n’ai pas besoin de vous faire sentir l’importance de cette mesure.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 4 messidor an VII (22 juin 1799).

ORDRE DU JOUR.

Le général en chef a inspecté avant-hier les fortifications de la citadelle du Caire ; il a été satisfait de l’activité prodigieuse du chef de brigade Dupas, commandant la place, qui a mis cette forteresse dans le meilleur état de défense.

Il sera mis, à la principale porte des magasins de siège des différentes places de l’Egypte, deux serrures ou cadenas ; le garde-magasin aura la clef de l’une, et l’autre sera remis au commandant de la place.

Tous les cinq jours, le commandant de la place, le commissaire des guerres et le garde-magasin feront la visite pour s’assurer que tout est en règle et que les vivres ne dépérissent point.

Le commissaire ordonnateur en chef et les commandants des places sont chargés de faire exécuter le présent ordre au plus tard cinq jours après sa réception. Il sera, à cette occasion, dressé un procès-verbal par le commissaire des guerres, en présence du commandant de la place, et signé par le garde-magasin, avec un tableau en trois colonnes, comprenant les objets nécessaires, les objets existants, les objets manquants.

Par ordre du général en chef.

 

Quartier général, au Caire, 5 messidor an VII (23 juin 1799).

AU DIRECTOIRE EXÉCUTIF.

Citoyens Directeurs, après la bataille des Pyramides, les Mameluks se divisèrent. Ibrahim-Bey se retira dans le Charqyeh, passa le désert, séjourna à Gaza et à Damas. Affaibli par les pertes qu’il a essuyées pendant mon incursion en Syrie, il est aujourd’hui dans la plus profonde misère.

Mourad-Bey remonta le Nil avec une nombreuse flottille et se retira dans la haute Egypte; battu à Sédiman, il était toujours maître des provinces supérieures et dans une position menaçante.

Le 20 frimaire, le général Desaix, ayant été renforcé de la plus grande partie de la cavalerie de l’armée, se mit en marche et arriva le 9 nivôse à Girgeh.

A deux journées plus haut, Mourad-Bey l’attendait réuni à Hassan-Bey, à 2,000 Arabes d’Yanbo qui venaient de débarquer à Qoseyr, et à une grande quantité de paysans qu’il avait soulevés.

COMBATS DE SAOUAQY ET DE TAHTAH.

Le général Desaix , ayant appris que plusieurs rassemblements armés occupaient les rives du Nil et s’opposaient à la marche de la flottille qui portait ses munitions de guerre et ses vivres, envoya le général Davout avec la cavalerie. Il trouva et dissipa, les 14 et 19 nivôse, des rassemblements de paysans à Saouàqy et à Tahtah; il massacra, dans ces deux affaires, plus de 2,000 hommes. Les chefs de brigade Pinon, à la tête du 15e, et Boussart, à la tête du 20e de dragons, se sont particulièrement distingués.

AFFAIRE DE SAMHOUD.

Ayant été rejoint par sa cavalerie et sa flottille, le général Desaix marcha à l’ennemi, qu’il rencontra le 3 pluviôse au village de Samhoud. Il prit l’ordre de bataille accoutumé, en plaçant son infanterie en carré sur ses ailes; sa cavalerie en carré, au centre. La droite était commandée par le général Priant, la gauche par le général Belliard et le centre par le général Davout. L’ennemi investit avec un tourbillon de cavalerie notre petite armée; mais, ayant été vigoureusement repoussé par la mitraille et la mousqueterie, il fit un mouvement en arrière. Notre cavalerie se déploya alors et le poursuivit : une centaine d’Arabes et de paysans furent massacrés, le reste s’éparpilla et fuit dans le désert. Le citoyen Rapp, aide de camp du général Desaix, officier d’une grande bravoure, a été blessé d’un coup de sabre.

Le drapeau de la République flotta sur les cataractes; toute la flottille de Mourad-Bey se trouva prise, et dès ce moment la haute Égypte fut conquise. Le général Desaix plaça sa division en cantonnement le long du Nil et commença l’organisation des provinces.

Le reste des Mameluks et des Arabes d’Yanbo ne pouvait vivre dans le désert: la nécessité de se procurer de l’eau du Nil et des vivres engagea différents combats, qui, politiquement, ne pouvaient plus être dangereux : l’ennemi n’ayant plus ni artillerie ni flottille, le succès d’un combat n’avait pour but que le pillage; mais les bonnes dispositions du général Desaix et la bravoure des troupes ne lui donnèrent pas même cette consolation.

COMBAT DE QENEH.

Le chef de brigade Conroux, avec la 61e, fut attaqué à Qeneh, le 22 pluviôse, par 5 ou 600 Arabes; il joncha le champ de bataille de morts.

COMBAT DE SAMATAH

Le général Friant marcha, le 24 pluviôse, à Samàtah [3]Samâtah Tâny? , où il savait que se réunissaient les Arabes d’Yanbo; il leur tua 200 hommes.

COMBAT DE THÈBES.

Sur les ruines de Thèbes, 200 hommes du 22e de chasseurs et du 15e de dragons chargèrent, le 23 pluviôse, 200 Mameluks qu’ils dispersèrent. Ils regagnèrent le désert après avoir laissé une partie de leur monde sur le champ de bataille. Le chef de brigade Lasalle,du 22e de chasseurs, s’est conduit avec son intrépidité ordinaire.

COMBAT D’ESNÉ.

Le 7 ventôse, Mourad-Bey se porta à Esné; le citoyen Clément, aide de camp du général Desaix, le dispersa et l’obligea de regagner le désert.

COMBAT D’ABNO-IÏD..

Instruits que j’avais quitté l’Egypte, que j’avais passé le désert pour aller en Syrie, les Mameluks crurent le général Desaix affaibli, et dès lors le moment favorable pour l’attaquer, ils redoublèrent d’efforts, accoururent de tous les points du désert sur plusieurs points du Nil ; ils s’emparèrent d’une de nos djermes, en égorgèrent l’équipage, prirent huit pièces de canon, et, renforcés par 1,500 hommes qui venaient de débarquer à Qoseyr, ils se réunirent à Abnoud, où ils se retranchèrent. Le général Belliard marcha à eux le 20 ventôse, les attaqua, tua la moitié de leur monde et dispersa le reste; c’est le combat où l’ennemi a montré le plus d’opiniâtreté.

COMBAT DE BYR EL-BAR.

Le 13 germinal, le général Desaix, instruit que Hassan-Bey avait le projet de se porter sur Qeneh, marcha dans le désert pour le chercher; le 7e de hussards et le 18e de dragons découvrirent l’ennemi, le chargèrent, le dispersèrent après un combat très-opiniâtre. Le citoyen Duplessis, commandant le 7e de hussards, fut tué en chargeant à la tête de son régiment.

COMBAT DE GIRGEH.

Le 16 germinal, le chef de brigade Morand, attaqué dans le village de Girgeh, fut secouru par les habitants et mit en fuite les Arabes et les paysans, après leur avoir tué plus de 100 hommes.

COMBAT DE GEHYNEH.

Le chef de brigade Lasalle marcha à Gehyneh pendant la nuit du 20 germinal, surprit un rassemblement qui s’y trouvait, tua une cinquantaine d’hommes et le dispersa.

COMBAT DE BENY-A’DYN.

Les Mameluks, voyant la haute Égypte garnie de troupes, filèrent par le désert dans la basse Egypte. Le général Desaix envoya le général Davout à leur suite. Il les rencontra au village de Beny-A’dyn, les attaqua, les dispersa après leur avoir tué un millier d’hommes.

Nous avons eu 3 hommes tués et 30 blessés ; mais parmi les tués se trouve le chef de brigade Pinon, du 15e de dragons, officier du plus rare mérite.

PRISE DE QOSEYR.

Le 10 prairial, le général Belliard et l’adjudant général Donzelot sont entrés à Qoseyr et ont pris possession de ce poste important.

On s’occupe à le mettre dans le meilleur état de défense.

Cette occupation, celle de Suez et d’El-A’rych ferment absolument l’entrée de l’Egypte du côté de la mer Rouge et de la Syrie ; tout comme les fortifications de Damiette, Rosette et Alexandrie rendent
impraticable une attaque par mer, et assurent à jamais à la République la possession de cette belle partie du monde , dont la civilisation aura tant d’influence sur la grandeur nationale et les destinées futures des plus anciennes parties de l’univers.

Mourad-Bey est retiré avec peu de monde dans les oasis, d’où il va être encore chassé. Hassan-Bey est à plus de quinze jours au-dessus des cataractes. La plupart des tribus arabes sont soumises et ont donné des otages. Les paysans s’éclairent et reviennent tous les jours des insinuations de nos ennemis; des forts nombreux, établis de distance en distance, les retiennent d’ailleurs, s’ils étaient mal intentionnés. Les Arabes d’Yanbo ont péri pour la plupart.

L’état-major vous enverra les noms des officiers auxquels j’ai accordé de l’avancement.

J’ai nommé au commandement du 15e de dragons le citoyen Barthélémy, chef d’escadron des guides à cheval, ancien officier de cavalerie, distingué par ses connaissances.

Je vous demande le grade de général de brigade pour le citoyen Donzelot, adjudant général du général Desaix.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 5 messidor an VII (23 juin 1799).

AU GÉNÉRAL KLEBER.

Je reçois, Citoyen Général, vos lettres des 26, 28 et 29 prairial.

L’année passée, nous avions permis le commerce avec la Syrie, et Djezzar-Pacha s’y était opposé. Quelque inconvénient qu’il puisse y avoir, le premier besoin pour nous étant de ne pas laisser tomber l’agriculture, je ne vois pas d’inconvénient à ce que d’ici à thermidor vous permettiez le commerce avec la Syrie ; mais je crois qu’il est bon de laisser passer tout messidor.

Le bataillon de la 25e se rend en droite ligne à Qatyeh, avec le général Leclerc. J’ai envoyé le général Destaing à EI-Rahmânyeh.

Le général Dommartin doit être rendu à Alexandrie.

Si Lesbé n’est pas en état aujourd’hui, il est au moins nécessaire que vous donniez les ordres qu’on y travaille avec une telle activité, que tous les mois il acquière un nouveau degré de force, et que l’année prochaine il puisse remplir le but qu’on s’était proposé.

Hassan-Toubàr est au Caire ; je dois le voir dans une heure. Je ne vois pas trop le parti que je prendrai avec cet homme. Si je lui rends ce qu’il me demande, le préalable sera qu’il me remette ses enfants en otage.

Nous sommes toujours ici sans nouvelles du continent ; on m’assure aujourd’hui que des vaisseaux anglais ont paru devant Alexandrie ; qu’ils ont expédié à Mourad trois exprès sur des dromadaires.

Ils auront de la peine à le trouver, car le général Friant est dans ce moment dans les oasis.

Le général Desaix est en pleine jouissance de la haute Égypte et de Qoseyr. Les impositions se payent régulièrement, et sa division est au courant de sa solde. Avec les impositions de Damiette et de Mansourah, vous viendrez facilement à bout de payer votre division.

Mettez-vous en correspondance avec Rosette, afin que l’on vous prévienne promptement de tout ce qui pourrrait se passer sur la côte.

Dès l’instant qu’il y aura un peu d’eau, je vous enverrai les deux demi-galères et la chaloupe canonnière la Victoire, qui sont fort bien armées. Dans ce moment-ci les eaux sont trop basses.

Je crois qu’il serait toujours utile de tenir à Omm-Fàreg le bateau le Menzaleh, et de remplir sa cale de jarres pleines d’eau, car d’ici à un ou deux mois le lac Menzaleh sera un moyen efficace de communication avec Qatyeh et El-A’rych.

Le général Menou n’est pas encore de retour de son inspection d’El-A’rych.

Quatre ou cinq négociants de Damiette, chrétiens ou turcs, peuvent vous prêter les 60,000 livres que vous demandez; je crois que cela vaut mieux que de s’adresser à un trop grand nombre. Choisissez six négociants turcs et deux ou trois chrétiens, et imposez chacun d’eux à tant.

Je ne connais pas les membres du divan de Damiette. Cette province a toujours été faiblement administrée, et je ne la calculerai de niveau avec celles de Rosette, du Caire et d’Alexandrie que trois ou quatre décades après votre arrivée. Faites tout ce que la prudence vous fera juger nécessaire.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 5 messidor an VII (23 juin 1799).

AU GÉNÉRAL KLEBER.

Hassau-Toubàr, Citoyen Général, sort de chez moi. Il remet ici, ce soir, son fils en otage ; c’est un homme âgé de trente ans. Hassan-Toubàr part sous peu de jours pour Damiette; il parait un peu instruit par le malheur; d’ailleurs, son fils nous assure de lui. Je crois qu’il vous sera très-utile pour l’organisation du lac Menzaieh, la province de Damiette, les communications avec El-A’rych et votre espionnage en Syrie.

Je suis en guerre avec presque tous les Arabes. J’ai rompu, à ce sujet, tous les traités possibles, parce que, aujourd’hui qu’ils nous connaissent et qu’il n’y a presque aucune tribu qui n’ait eu des relations avec nous, je veux avoir des otages.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 5 messidor an VII (23 juin 1799).

AU CHEF DE BRIGADE SANSON.

Je vous prie, Citoyen Commandant, de faire déblayer au plus tôt les murailles qui sont contre les créneaux de la porte du Delta.

Vous trouverez ci-joint une lettre de l’administrateur des finances; je vous prie de la prendre en grande considération et de vous concerter avec les architectes, les ingénieurs des ponts et chaussées et l’administrateur des finances, et de me présenter un projet :
1° Des maisons nationales à démolir;
2° Des maisons particulières à acquérir et à démolir pour avoir une communication large et commode d’ici au quartier de l’Institut, avec une place au milieu de ladite communication.

3° Pour avoir une communication de la place Ezbekyeh à la place Birket el-Fyl, avec une place au milieu. Les maisons que l’on a démolies à droite et à gauche défigurent la ville et ruinent des habitations que nous serions obligés, un jour, de rétablir.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 5 messidor an VII (23 juin 1799).

AU CHEF DE LA 69e DEMI-BRIGADE.

J’ai reçu, Citoyen, votre mémoire historique sur vos compagnies de grenadiers. Votre tort est de ne pas vous être donné les sollicitudes nécessaires pour purger ces compagnies de quinze à vingt mauvais sujets qui s’y trouvaient. Aujourd’hui il ne faut penser qu’à organiser ce corps, et le mettre à même de soutenir, aux premiers événements, la réputation qu’il s’était acquise en Italie.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 5 messidor an VII (23 juin 1799).

AU CITOYEN POUSSIELGUE.

Le général Rampon m’instruit, Citoyen Administrateur, que la tribu nommée El-Barara, dans les environs de Qelyoub, est continuellement occupée au transport des grains, soit dans les montagnes, soit vers la Mecque. Je vous prie de prendre des renseignements à ce sujet et de me faire connaître la quantité de grains que cette tribu peut exporter.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 5 messidor an VII (23 juin 1799).

AU CITOYEN POUSSIELGUE.

Je vous prie, Citoyen , de me proposer une mesure afin qu’il ne sorte de Suez qu’une quantité de riz, blé et sucre, proportionnée à celle du café qui nous arrive. Il ne faudrait pas que le chérif de la Mecque nous enlevât, pour quelques fardes de café, la plus grande partie de nos subsistances.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 6 messidor an VII (24 juin 1799).

AU CAPITAINE DE LA 1e COMPAGNIE DE GRENADIERS DE LA 69e DEMI-BRIGADE.

J’ai reçu, Citoyen, les notes que vous m’avez remises, qui prouvent que votre compagnie ne se trouvait pas avec les deux autres compagnies au moment où je fus mécontent d’elles, et qu’elle venait, au contraire, d’être envoyée par le général Rampon à l’attaque d’un poste où elle a montré le courage,  l’impétuosité et la bravoure qui doivent distinguer les grenadiers.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 7 messidor an VII (25 juin 1799).

AU CITOYEN D’AURE.

Je viens de faire la visite de l’hôpital de la maison d’Ibrahim-Bey.

J’ai vu avec mécontentement qu’il y manque plusieurs médicaments essentiels, et surtout la pierre infernale. Donnez les ordres pour qu’avant le 10 du mois tous ces objets soient à l’hôpital.

J’ai trouvé que les pharmaciens n’étaient point à leur poste. Il y avait quelques plaintes sur les chirurgiens.

Il manquait beaucoup de draps, et les chemises étaient plus sales qu’elles ne l’auraient été à l’ambulance devant Acre.

Fixez, je vous prie, vos yeux sur cet objet essentiel; faites-vous remettre l’état du linge, des chemises qui ont été données au directeur de l’hôpital, et faites que, d’ici au 10, il y ait 5 ou 600 chemises à cet hôpital.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 7 messidor an VII (25 juin 1799).

AU CITOYEN D’AURE.

J’ai donné, Citoyen Ordonnateur, au général Kleber l’autorité nécessaire pour administrer les provinces de Damiette et de Mansourah, de manière à pouvoir solder tout ce dont a besoin sa division.

La même autorité a été donnée au général Marmont pour les provinces d’Alexandrie, de Rosette et de Bahyreh.

Même autorité au général Desaix pour les trois provinces de la haute Egypte.

Je vous prie donc, dans les besoins de l’administration, de distinguer les besoins de la division Desaix, ceux de la division Kleber, l’arrondissement d’Alexandrie, enfin le Caire et les troupes qui sont dans les autres provinces.

Si vous accordiez pour les divisions Kleber, Desaix et l’arrondissement d’Alexandrie plus qu’il ne faut, les généraux ne feraient pas solder les crédits que je vous ai donnés.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 7 messidor an VII (25 juin 1799).

AUX CITOYENS HAMELIN ET LIVRON.

J’ai reçu, Citoyens, votre lettre du 28 prairial. Le citoyen Poussielgue, qui a mis en vous toute sa confiance pour un objet aussi essentiel, garantit votre activité et les moyens que vous aurez pour réussir. J’écris au général Desaix pour qu’il vous donne toute la protection que vous pourrez désirer. Autant qu’il sera possible, on lèvera toutes les difficultés qui pourraient s’opposer à la marche de votre opération. La réussite pourra faire apprécier les motifs qui vous ont fait mettre en avant, comme seule elle sera la mesure du service que vous vous trouverez avoir rendu. Vous n’aurez réussi que lorsque vous aurez fait verser à Boulàq 600,000 ardebs de blé.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 8 messidor an VII (26 juin 1799).

AU GÉNÉRAL DESAIX.

Quoique la caravane du Darfour se soit très-mal conduite, Citoyen Général, mon intention est que vous fassiez rendre à Krabino, un des chefs de la caravane, sa propre fille, qui a été enlevée et qui est demeurée à un des chirurgiens de votre division.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 8 messidor an VII (26 juin 1799).

AU DIVAN DU CAIRE.

j’ai fait arrêter le cadi, parce que j’ai lieu de m’en méfier, et que son père, que j’avais comblé de bienfaits, m’a payé de la plus noire ingratitude. Je vous prie de me présenter quelqu’un pour remplir cette place. Il faut que ce soit un homme né en Egypte.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 8 messidor an VII (26 juin 1799).

ORDRE.

Le général en chef, considérant que l’ordre qu’il avait donné à l’artillerie pour confectionner la poudre n’a pas eu son exécution ;
Considérant que le citoyen Champy, membre de la commission des arts attachée à l’expédition, est administrateur des poudres de
la République, ordonne :

ARTICLE 1er. – Le citoyen Champy est uniquement et exclusivement chargé de la fabrication de la poudre en Egypte.

ART. 2. — Le commandant du génie fera travailler aux bàtisses et ustensiles nécessaires dans le local nommé mosquée de Roudah. Il prendra ses mesures de manière que, le 20 messidor, l’établissement soit fait, et, pour ce, il ralentira, autant qu’il sera nécessaire, les travaux du Caire et de Gyzeh. Les ateliers du citoyen Conté seront exclusivement attachés à la confection des ustensiles.

ART. 3. — Le citoyen Champy remettra demain au commandant du génie la note des bâtiments qu’il faut construire et des ustensiles qui lui sont nécessaires.

ART. 4. Le citoyen Champy me présentera, dans la journée de demain, l’organisation de la fabrique, de manière qu’elle soit dans le cas de faire 45 milliers par mois.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 8 messidor au VII (26 juin 1799).

AU GÉNÉRAL KLEBER.

Je vous prie, Citoyen Général, d’envoyer au Caire l’Osmanli que vous avez déjà renvoyé d’Alexandrie, et qui, par sa mauvaise étoile, n’est pas encore parti. Je le garderai prisonnier à la citadelle; il servira d’otage pour les Français prisonniers à Constantinople.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 8 messidor an VII (26 juin 1799).

AU GÉNÉRAL MARMONT.

Je n’ai point reçu, Citoyen Général, la lettre que vous m’annoncez m’avoir écrite le 1er messidor; je viens de recevoir celle du 3.

Le général Destaing est arrivé à El-Rahmànyeh ; il a mené avec lui un bataillon de la 61e; le général Lanusse y avait envoyé un bataillon de la 4e ; le chef de la 4e est parti avant-hier avec un autre bataillon. Ainsi, il ne manque pas de forces pour faire payer les contributions et dissiper les rassemblements.

Vous-même vous pouvez, avec une partie de vos forces, vous porter sur Maryout et détruire ces maudits Arabes.

Le contre-amiral Ganteaume doit être arrivé à Alexandrie ; secondez, je vous prie, toutes ses opérations.

Smith est un jeune fou qui veut faire sa fortune et cherche à se mettre souvent en évidence. La meilleure manière de le punir est de ne jamais lui répondre. Il faut le traiter comme un capitaine de brûlots. C’est, au reste, un homme capable de toutes les folies et auquel il ne faut jamais prêter un projet profond et raisonné ; ainsi, par exemple, il serait capable de faire faire une descente à 800 hommes.

Il se vante d’être entré déguisé à Alexandrie. Je ne sais si ce fait est vrai, mais il est très-possible qu’il profite d’un parlementaire pour entrer dans la ville, déguisé en matelot.

La province de Rosette doit beaucoup d’argent; prenez des mesures pour faire tout solder.

Le Nil n’augmente pas encore, mais du moment qu’il sera un peu haut, je vous enverrai 600,000 rations de biscuit et une grande quantité de blé.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 8 messidor an VII (26 juin 1799).

AU GÉNÉRAL DUGUA.

Mon intention, Citoyen Général, est que demain, au lieu d’assembler le petit divan, ainsi que je vous l’avais écrit, vous convoquiez le grand divan; que vous y appeliez le cheik Sàdàt et tous les principaux qui n’en font pas partie; que vous y fassiez lire le procès-verbal de la séance dans laquelle le cheik El-A’rychy a été élu cadi, et que vous le fassiez reconnaître en cette qualité; qu’ensuite, accompagné du divan, de l’état-major, vous le conduisiez avec pompe chez moi où je serai prêt à le recevoir; et de là vous irez l’installer, avec tout l’appareil d’une fête, à la maison de justice.

BONAPARTE

 

Quartier général, au Caire, 9 messidor an VII (27 juin 1799).

AU GÉNÉRAL DAVOUT.

D’après les dispositions du général en chef, vous voudrez bien, Citoyen Général, partir demain 10, avec tous les hommes à cheval des 22e de chasseurs et 20e de dragons, tous les hommes d’infanterie de la division Desaix qui sont au dépôt et dans le cas de partir, et votre artillerie, pour vous rendre à Atfyeh, poursuivre les Mameluks qui sont cantonnés dans les différents villages de cette province.

L’intention du général en chef est que vous restiez à Atfyeh le nombre de jours nécessaire pour donner la chasse à ces Mameluks, qui, probablement, prendront le parti de remonter dans la haute Egypte; alors vous les poursuivriez. Vous resterez avec vos forces dans les provinces de Beny-Soueyf, de Minyeh et du Faroum; les commandants de ces trois places seront sous vos ordres. Vous vous porterez sur l’une et sur l’autre rive, partout où vous croirez nécessaire pour poursuivre les Mameluks, les Arabes, et presser la levée des impositions.

Dès l’instant que vous serez arrivé dans la province des Beny-Soueyf, vous prendrez toutes les mesures pour bien remonter votre cavalerie. Vous retiendrez près de vous tous les hommes du 22e de chasseurs et du 20e de dragons qui ont été en remonte dans la haute Egypte. Vous correspondrez, pour ces trois provinces, directement avec le général en chef et l’état-major général. Vous les organiserez de manière à pouvoir renvoyer au Caire le bataillon de la 22e, afin d’organiser cette demi-brigade à la fin de messidor.

Vous aurez avec vous un officier du génie qui sera chargé de faire retrancher les établissements français à Minyeh et à Beny-Soueyf, de manière que 60 hommes y gardent les magasins que nous y aurions contre une multitude.

Il vous sera accordé, à compter du 1er messidor, le même traitement de table qu’aux généraux de division. Vous renverrez au Caire tous les hommes des 7e de hussards, 3e et 14e de dragons.

Je joins ici l’ordre au commandant de Gyzeh de mettre à votre disposition tous les hommes disponibles des dépôts de Gyzeh ; veuillez bien leur indiquer l’heure et le lieu du rendez-vous pour le départ.

J’ai écrit au commandant du génie de désigner un officier de son arme pour partir avec vous; cet officier ira prendre vos ordres.

Par ordre du général en chef.

 

Quartier général, au Caire, 9 messidor an VII (27 juin 1799).

AU GÉNÉRAL DUGUA.

Je vous prie de réunir demain matin, chez vous, Citoyen Général , les membres du divan, et de leur faire connaître la lettre ci-jointe en réponse à celle qu’il m’a écrite ce matin.

Je désire que vous envoyiez de suite quelqu’un rassurer les femmes du cadi, et que vous donniez ordre à la citadelle pour qu’il soit traité avec les plus grands égards.

Je désire également que vous lui fassiez demander le lieu où il désire se rendre; soit qu’il veuille aller en Syrie, soit à Constantinople, je l’y ferai conduire.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 9 messidor an VII (27 juin 1799).

AU DIVAN DU CAIRE.

J’ai reçu votre lettre ce matin ; ce n’est pas moi qui ai destitué le cadi; c’est le cadi lui-même qui, comblé de mes bienfaits, a poussé l’oubli de ses devoirs jusqu’à quitter son peuple et abandonner l’Egypte pour se retirer en Syrie.

J’avais consenti que provisoirement, pendant la mission qu’il devait avoir en Syrie, il laissât son fils pour gérer sa place pendant son absence; mais je n’avais jamais cru que ce fils , jeune, faible, dût remplir définitivement la place de cadi.

La place de cadi s’est donc trouvée vacante. Qu’ai-je fait pour suivre le véritable esprit du Coran? C’est de faire nommer le cadi par l’assemblée des cheiks, c’est ce que j’ai fait. Mon intention est donc que le cheik El-A’rychy, qui a obtenu vos suffrages, soit reconnu et remplisse les fonctions de cadi. Les premiers califes, en suivant le véritable esprit du Coran, n’ont-ils pas eux-mêmes été nommés par l’assemblée des fidèles?

Il est vrai que j’ai reçu avec bienveillance le fils du cadi lorsqu’il est venu me trouver; aussi mon intention est-elle de ne lui faire aucun mal; et si je l’ai fait conduire à la citadelle, où il est traité avec autant d’égards qu’il le serait chez lui, c’est que j’ai pensé devoir le faire par mesure de sûreté. Mais, dès que le nouveau cadi sera publiquement revêtu et exercera ses fonctions, mon intention est de rendre la liberté au fils du cadi, de lui restituer ses biens, et de le faire conduire avec sa famille dans le pays qu’il désirera. Je prends ce jeune homme sous ma spéciale protection; aussi bien je suis persuadé que son père même, dont je connaissais les vertus, n’a été qu’égaré.

C’est à vous d’éclairer les bien intentionnés, et faites ressouvenir enfin les peuples d’Egypte qu’il est temps que le règne des Osmanlis finisse : leur gouvernement est plus dur cent fois que celui des Mameluks; et y a-t-il quelqu’un qui puisse penser qu’un cheik, natif d’Egypte, n’ait pas le talent et la probité nécessaires pour remplir la place importante de cadi?

Quant aux malintentionnés et à ceux qui seraient rebelles à ma volonté, faites-les-moi connaître : Dieu m’a donné la force pour les punir; ils doivent savoir que mon bras n’est pas faible.

Le divan et le peuple d’Egypte doivent donc voir dans cette conduite une preuve toute particulière des sentiments que je nourris dans mon cœur pour leur bonheur et leur prospérité; et, si le Nil est le premier des fleuves de l’Orient, le peuple d’Egypte, sous mon gouvernement, doit être le premier des peuples.

BONAPARTE

 

Quartier Général, au Caire, 10 messidor an VII (28 juin 1799).

AU DIRECTOIRE EXÉCUTIF.

Vous trouverez ci-joint plusieurs imprimés qui vous mettront au fait des événements qui se sont succédé depuis plusieurs mois.

La peste a commencé à Alexandrie, il y a six mois, avec des symptômes très-prononcés. A Damiette, elle a été plus bénigne. A Gaza et à Jaffa, elle a fait plus de ravages. Elle n’a été ni au Caire, ni à Suez, ni dans la haute Egypte.

Il résulte de l’état joint à cette lettre que l’armée française, depuis son arrivée en Égypte jusqu’au 10 messidor an VII, a perdu 5,344 hommes. Vous voyez qu’il nous faudrait 500 hommes pour la cavalerie, 5,000 pour l’infanterie, 500 pour l’artillerie, pour mettre l’armée dans l’état où elle était lors du débarquement.

La campagne de Syrie a eu un grand résultat; nous sommes maîtres de tout le désert, et nous avons déconcerté pour cette année les projets de nos ennemis. Nous avons perdu des hommes distingués. Le général Bon est mort de ses blessures; Caffarelli est mort; mon aide de camp Croizier est mort ; beaucoup de monde a été blessé.

Notre situation est très-rassurante. Alexandrie, Rosette, Damiette, El-A’rych, Qatyeh, Sàlheyeh se fortifient à force; mais, si vous voulez que nous nous soutenions, il nous faut, d’ici à pluviôse, 6,000 hommes de renfort.

Si vous nous en faites passer en outre 15,000, nous pourrons aller partout, même à Constantinople.

Il nous faudrait alors 2,000 hommes de cavalerie pour incorporer dans nos régiments, avec des carabines, selles à la hussarde et sabres; 600 hussards ou chasseurs; 6,000 de troupes pour incorporer dans nos corps et les recruter; 500 canonniers de ligne; 500 ouvriers, maçons, armuriers, charpentiers, mineurs, sapeurs; cinq demi-brigades à 2,000 hommes chacune; 20,000 fusils; 40,000 baïonnettes; 3,000 sabres; 6,000 paires de pistolets, 10,000 outils de pionniers.

S’il vous était impossible de nous faire passer tous ces secours, il faudrait faire la paix, car il faut calculer que d’ici au mois de messidor nous perdrons encore 6,000 hommes.

Nous serons à la saison prochaine réduits à 15,000 hommes effectifs, desquels ôtant 2,000 hommes aux hôpitaux, 500 vétérans, 500 ouvriers qui ne se battent pas, il nous restera 12,000 hommes, compris cavalerie, artillerie, sapeurs, officiers d’état-major, et nous ne pourrons pas résister à un débarquement combiné avec une attaque par le désert.

Si vous nous faisiez passer 4 ou 5,000 Napolitains, cela serait bon pour recruter nos troupes.

Il nous faudrait 18 à 20 médecins, et 60 à 80 chirurgiens; il en est mort beaucoup. Toutes les maladies de ce pays-ci ont des caractères qui demandent à être étudiés. Par là, on peut les regarder toutes
comme inconnues; mais toutes les années elles seront plus connues et moins dangereuses.

Je n’ai point reçu de lettres de France depuis l’arrivée de Moureau, qui m’a apporté des nouvelles du 5 nivôse, et de Belleville, du 20 pluviôse. J’espère que nous ne tarderons pas à en avoir.

Nos sollicitudes sont toutes en France. Si les rois l’attaquaient, vous trouveriez dans nos bonnes frontières, dans le génie guerrier de la nation et dans vos généraux, des moyens pour leur rendre funeste leur audace. Le plus beau jour pour nous sera celui où nous apprendrons la formation de la première république en Allemagne.

Je vous enverrai incessamment le nivellement du canal de Suez, les cartes de toute l’Egypte, de ses canaux, et de la Syrie.

Nous avons de fréquentes relations avec la Mecque et Moka. J’ai écrit plusieurs fois aux Indes, à l’ile de France; j’en attends les réponses sous peu de jours. C’est le chérif de la Mecque qui est l’entremetteur de notre correspondance.

Le contre-amiral Perrée est sorti d’Alexandrie le 19 germinal avec trois frégates et deux bricks; il est arrivé devant Jaffa le 24, s’est mis en croisière, a pris deux bâtiments du convoi turc, chargés de 300 hommes, 100 mineurs et bombardiers, est revenu devant Tantourah pour prendre nos blessés ; mais il a été chassé par la croisière anglaise, et a disparu; il sera arrivé en Europe.

Je lui avais remis des instructions pour son retour : personne n’est plus à même que cet officier de nous faire passer des nouvelles et des secours; depuis la bouche d’Omm-Fàreg, Damiette, Bourlos, Rosette, Alexandrie, il peut choisir dans ce moment-ci, et depuis le 15 ventôse il n’y a point de croisière devant Alexandrie ni Damiette; cela nous a été utile pour l’approvisionnement d’Alexandrie.

J’ai été très-satisfait de la conduite du contre-amiral Perrée dans toute cette croisière; je vous prie de le lui faire connaître.

BONAPARTE.

 

Quartier général, an Caire, 10 messidor an VII (28 juin 1799).

AU GÉNÉRAL DESTAING.

Je reçois presque en même temps vos lettres des 5 et 7 messidor.

Le 1er bataillon de la 4e est parti le 6, à quatre heures après midi, du Caire, pour se rendre à El-Rahmànyeh. Si vous êtes parti le 9, comme c’était votre projet, pour remonter votre province, vous vous serez probablement joints à portée de tomber sur le rassemblement de l’ennemi. Le 15e de dragons et tous les dromadaires disponibles partent cette nuit pour se rendre à Menouf. Je donne l’ordre au général Lanusse de se porter au village de Tanoub et de le brûler, ainsi que le village d’El-Za’yrah ; après quoi il vous fera passer le 15e et les dromadaires. Ces secours et les trois bataillons que vous avez vous mettent à même de soumettre la province de Bahyreh.

Dès l’instant que vous aurez frappé quelques coups dans votre province, faites-moi passer la légion nautique, dont j’ai le plus grand besoin pour l’organisation de l’armée.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 10 messidor an VII (28 juin 1799).

ORDRE.

ARTICLE 1er. — Les ingénieurs géographes qui sont à l’armée sont réunis à l’état-major général, sous les ordres du général chef de l’état-major général.

ART. 2. — Le bureau topographique sera établi à l’état-major général.

ART. 3. — Le citoyen Jacotin est nommé chef des ingénieurs géographes; il transmettra les ordres; les ingénieurs géographes en mission lui rendront compte.

ART. 4. — Le chef de l’état-major général fera dresser une carte générale du pays, sur laquelle seront rapportés toutes les reconnaissances particulières, tous les figurés, etc. Les observations astronomiques serviront à établir le canevas de la carte générale.

ART. 5. — Le chef de l’état-major général réglera le service des ingénieurs géographes, soit au bureau, soit en campagne; il réglera également les dépenses extraordinaires, comme indicateurs, porte-chaînes, etc.

ART. 6. — Les ingénieurs géographes continueront à jouir du traitement dont ils jouissent aujourd’hui; ils seront payés sur un état certifié du chef de l’état-major général et d’après une revue, conformément à ce que prescrit la loi.

ART. 7. — Le général chef de l’état-major général, le général commandant l’arme du génie se concerteront pour les communications de travail qui seraient utiles au bien du service.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 10 messidor an VII (28 juin 1799).

AU CITOYEN FOURIER, COMMISSAIRE PRÈS LE DIVAN.

Je vous prie, Citoyen, de me faire un rapport sur les membres qui composent le grand et le petit divan du Caire, pour me faire connaître s’il y a des places vacantes dans l’un ou l’autre.

Je désire également que vous me fassiez connaître si, parmi les membres du grand divan, il s’en trouve qui ne méritent pas la place qu’ils ont, soit par leur peu de considération, soit par une raison quelconque, et que vous me présentiez un certain nombre d’individus pour remplir les places vacantes. Mon intention est de composer ce divan de manière à former un corps intermédiaire entre le gouvernement et l’immense population du Caire, de manière qu’en parlant à ce grand divan on soit sûr de parler à la masse de l’opinion.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 10 messidor an VII (28 juin 1799).

AU CITOYEN POUSSIELGUE.

Je vous prie, Citoyen Administrateur, de faire au général Kleber un acte de donation de sa maison. Étant instruit que le cheik El-Cherqâouy est mal logé, je désire lui donner une maison de Mameluk; voyez à causer de cela avec lui, pour lui en donner une qui ne nous serve à rien.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 11 messidor an VII (29 juin 1799).

AU GÉNÉRAL DUGUA.

Je vous prie, Citoyen Général, de faire mettre en liberté, ce soir, le fils du cadi qui avait été conduit à la citadelle. Vous lui ferez connaître que mon intention est qu’il aille loger chez quelque particulier de ses amis.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 11 messidor an VII (29 juin 1799).

ORDRE.

ARTICLE 1er. — Le citoyen Lepère, ingénieur en chef des ponts et chaussées, correspondra directement avec l’état-major général pour les mouvements, directement avec moi pour le matériel, pour tout ce qui est relatif aux ponts et chaussées.

ART. 2. — Tous les officiers des ponts et chaussées attachés à l’expédition seront sous ses ordres et voudront bien obéir à ceux qu’il leur donnera.

ART. 3. — Le corps des ponts et chaussées sera uniquement chargé de l’ouverture des chemins, chaussées, rues, communications, canaux, travaux pour l’irrigation, nivellements.

ART. 4. — Le citoyen Lepère me présentera, le plus tôt possible, un plan d’organisation de son corps, afin d’avoir, dans le plus court délai, la carte hydrographique de l’Égypte.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, Il messidor an VII (29 juin 1799).

4232. — AU CITOYEN POUSSIELGUE.

Je vous prie, Citoyen, de me faire connaître l’âge des trois esclaves mâles arrivés ces jours derniers de la haute Egypte : je désire les acheter.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 12 messidor an VII (30 juin 1799).

AU GÉNÉRAL MURAT.

Il est ordonné au général Murat de partir demain, avant le jour, avec toute la cavalerie disponible des deux brigades, les trois compagnies de grenadiers de la 69e qui sont à la citadelle, et deux pièces de canon, pour se rendre au village de Berkàch, où il trouvera la tribu des Henàdy. Le général Murat partira avec eux pour se rendre à Terràneh et de là à Koum-Cheryk.
Le général Lanusse a eu ordre, avec le 15e de dragons, un détachement du 22e de chasseurs, un détachement de dromadaires, un bataillon de la 69e, de se rendre au village de Tanoub pour le brûler.

Le général Destaing doit également être parti le 10 ou le 11 d’El-Rahmânyeh, pour remonter le Nil, dissiper le rassemblement de Mameluks, fellahs, Arabes qui lèvent les impositions dans la province de Bahyreh et nous privent de sommes considérables.

Le général Murat de Koum-Cheryk se rendra dans la montagne ou à Chàbour, afin de faciliter de tous ses moyens les opérations du général Destaing et parvenir au grand but de l’anéantissement de tous ces rassemblements.

Lorsqu’il croira que sa présence ne sera plus nécessaire dans le Bahyreh, il reviendra, soit par le même chemin, soit en passant dans le Delta; il retirera le détachement du 14e de dragons qu’a le général Destaing, et laissera en place le détachement du 22e de chasseurs.

Si les circonstances dans lesquelles se trouverait le Bahyreh le lui faisaient croire nécessaire, il laisserait le 20e régiment de dragons et les trois compagnies de grenadiers de la 69e.

Le général Murat fera prendre des vivres à sa troupe pour quatre jours; il est prévenu que l’ordonnateur en chef a ordre de faire partir demain, pour Terràneh, du pain pour quatre autres jours ; il laissera, à cet effet, au commissaire ordonnateur, et pour servir d’escorte à ces vivres, une demi-compagnie de grenadiers de la 69e.

A moins d’événements inattendus et très-majeurs, l’intention du général en chef est que le général Murat soit de retour au Caire le 24. Il enverra tous les jours un exprès au général en chef, afin qu’il sache où lui envoyer des ordres, dans le cas où il aurait besoin de la cavalerie qu’il commande.

Quant aux Henàdy, qui sont de très-grands coquins, il faut en profiter pour chasser les autres, qui sont plus dangereux ; bien étudier leurs usages, les pays où ils se tiennent, afin que, dans les circonstances, on en puisse profiter. Si le général Murat ne va pas à Maryout, il fera connaître au général Destaing que le général en chef ne regardera la province comme soumise que lorsqu’il aura été dans cet endroit.

Pendant tout le temps que le général Murat restera dans la province de Bahyreh, il aura le commandement sur le général Destaing et le général Marmont.

Par ordre du général en chef.

 

Quartier général, au Caire, 12 messidor an VII (30 juin 1799).

AU CHÉRIF DE LA MECQUE.

Au nom de Dieu clément et miséricordieux. !

Il n’y a pas d’autre dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète !
J’ai reçu votre lettre et j’en ai compris le contenu. J’ai donné les ordres pour que tout ce qui peut persuader de l’estime et de l’amitié que j’ai pour vous soit fait.

J’espère que, la saison prochaine, vous ferez partir une grande quantité de bâtiments chargés de café et de marchandises des Indes.

Ils seront toujours protégés.

Je vous remercie de ce que vous avez fait passer mes lettres aux Indes et à l’ile de France. Faites-y passer celles-ci et envoyez-moi la réponse.

Croyez à l’estime que j’ai pour vous et au cas que je fais de votre amitié.

BONAPARTE.

Pièces imprimées par ordre du Premier Consul.

 

Quartier général, au Caire, 12 messidor an VII (30 juin 1799).

AU SULTAN DU DARFOUR.

Au nom de Dieu clément et miséricordieux!

Il n’y a pas d’autre dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète !

Au sultan du Darfour, Abd-el-Rahmàn, serviteur des deux cités
saintes, calife du glorieux prophète de Dieu, maître des mondes.
J’ai reçu votre lettre; j’en ai compris le contenu.

Lorsque votre caravane est arrivée, j’étais absent, ayant été en Syrie pour punir et détruire nos ennemis. Je vous prie de renvoyer, par la première caravane, 2,000 esclaves noirs ayant plus de seize ans , forts et vigoureux ; je les achèterai tous pour mon compte.

Ordonnez à votre caravane de venir de suite et de ne pas s’arrêter en route. Je donne des ordres pour qu’elle soit protégée partout.

 

Quartier général, au Caire, 12 messidor an VII (30 juin 1799).

AU COMMANDANT DES ILES DE FRANCE ET DE LA RÉUNION.

Vous aurez sans doute appris, Citoyen Commandant, que depuis un an la République est maîtresse de l’Egypte. Je vous ai fait passer plusieurs lettres par la voie de Moka, et j’espère que vous les aurez reçues.

Les ports de Suez et de Qoseyr sont occupés par des garnisons
françaises et armés; les avisos que vous pourrez m’envoyer pour correspondre avec moi seront donc sûrs d’y être protégés.

Je désirerais que vous me fissiez passer le plus tôt possible quelques avisos, pour pouvoir correspondre avec les Indes, et que vous profitassiez de ces bâtiments pour nous envoyer 3,000 fusils de calibre, 1,500 paires de pistolets, 1,000 sabres.

La grande quantité de vaisseaux anglais qui inondent la Méditerranée rend difficile l’arrivée des bâtiments de Toulon. Mes dernières nouvelles de France sont du mois de ventôse : nous nous étions emparés du royaume de Naples, qui s’était déclaré pour les Anglais, et la République était dans l’état le plus florissant.

Faites-moi passer par vos avisos toutes les nouvelles que vous pourriez avoir des Indes.

L’établissement solide que la République vient de faire en Égypte sera une source de prospérité pour l’ile de France.

L’état-major vous fait passer différents imprimés qui vous feront connaître les événements qui se sont passés dans ce pays-ci.

Croyez, je vous prie , au désir que j’ai de faire quelque chose qui vous soit agréable.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 12 messidor an VII (30 juin 1799).

AU COMMANDANT DE L’ÎLE DE FRANCE.

Je vous prie, Citoyen Commandant, de faire payer au chérif de la Mecque la somme de 94,000 francs, que le payeur de l’armée tire en trois lettres de charfge sur le payeur de l’île de France et dont la trésorerie nationale tiendra compte.

J’ai pensé devoir me servir de ce moyen pour avoir un canal sûr pour correspondre avec vous, malgré les croiseurs qui infestent la mer Rouge.

BONAPARTE.

 

Quartier général, au Caire, 12 messidor an VII (30 juin 1799).

ORDRE.

Les commandants des provinces instruiront les différents divans que l’assemblée des ulémas a nommé pour cadi le cheik El-A’rychy ; que l’intention du général en chef est que tous les cadis soient confirmés, comme c’est l’usage, par le premier cadi. En conséquence, tous les cadis des provinces se rendront au Caire, pour obtenir de lui l’investiture.

Les commandants des provinces feront sentir, dans toutes les circonstances, aux principaux du pays qu’il est temps enfin que le gouvernement des Osmanlis finisse, gouvernement qui a été plus tyrannique pour eux que celui des Mameluks mêmes, et qu’il est contre l’esprit du Coran que des Osmanlis et des gens de Constantinople viennent administrer la justice à un peuple dont ils n’entendent pas la langue; que ce n’est que trois ou quatre siècles après la mort du Prophète que Constantinople a été musulman ; que, si le Prophète venait sur la terre, ce n’est pas à Constantinople qu’il établirait sa demeure, mais dans la ville sainte du Caire, sur les bords du Nil; que le chef de la religion musulmane est notre ami le chérif de la Mecque, tout comme la véritable science existe dans l’assemblée des ulémas du Caire, sans contredit les plus savants de tout l’empire; et que l’intention du général en chef est que tous les cadis soient natifs d’Egypte; à moins qu’ils ne le soient des saintes villes de la Mecque et de Médine.

BONAPARTE.

 

 

References

References
1 la peste
2 un contre-amiral…
3 Samâtah Tâny?