Correspondance de Napoléon Ier – Juillet-Août-Septembre 1811
Saint-Cloud, 3 juillet 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, donnez ordre au sixième convoi de fonds de partir le 15 juillet. Vous remarquerez que les 50,000 francs que ce convoi devait porter à Valladolid devaient être pris à Vitoria, et que ce sont les fonds que le duc d’Istrie s’est fait remettre. Le général Avy partira avec les trois bataillons de marche de l’armée du Midi, de l’armée du Centre et de l’armée de Portugal; il se fera joindre en route par tout ce qui appartient à ces trois armées. Il aurait ainsi 1,500 hommes. Mon intention est de rendre son convoi plus considérable. Faites-moi un rapport qui me fasse connaître ce qui a été envoyé cette année à l’armée de Portugal et à l’armée du Midi, et combien de mois de solde on a payés. Faites-moi connaître quand le 2e bataillon de marche de la Garde arrivera à Bayonne, et si, pour le 15, des détachements de cavalerie appartenant aux armées de Portugal et du Midi seront arrivés dans cette ville. Mon intention serait de les mettre sous les ordres du général Avy, ce qui rendrait sa colonne plus considérable et le mettrait à même d’être utile sur son passage, selon les circonstances.
Saint-Cloud, 3 juillet 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 28 juin. Je désire que vous réunissiez à Stettin le régiment du grand-duché de Berg, le régiment de Hesse-Darmstadt et le régiment de Bade, parce qu’il est possible que j’envoie une division française dans la Poméranie suédoise, et j’y joindrais alors ces régiments, pour que les troupes française soient toujours disponibles. Mes corsaires sont journellement insultés sur ces côtes. Je me déciderai à cette mesure demain ou après. Donnez, en attendant, des ordres en conséquence de cette lettre.
Saint-Cloud, 3 juillet 1811
NOTE DICTÉE EN CONSEIL DES MINISTRES
Le grand juge, les ministres des cultes de l’Empire et du royaume d’Italie, les comtes Regnaud, Boulay et Merlin, conseillers d’État, se réuniront chez le grand juge pour rédiger un projet de décret sur les bases ci-après :
1° L’institution canonique des évêques leur sera donnée par le métropolitain.
2° Nos procureurs généraux près nos cours impériales requerront le métropolitain, ou, s’il s’agit du métropolitain, le plus ancien suffragant, de donner l’institution canonique au prêtre que nous aurons nommé au siège vacant.
3° En cas de refus de la part du métropolitain ou du suffragant, le procureur général présentera requête à la cour, qui déclarera par arrêt que le siège est vacant.
4° L’évêque nommé par l’Empereur, reçu par le clergé, régira le diocèse.
5° Le temporel des sièges déclarés vacants sera saisi et administré par la régie des domaines impériaux.
6° Les séminaires des diocèses déclarés vacants seront fermés, et les étudiants seront placés d’office dans les séminaires voisins et recommandés aux évêques.
7° Dans les diocèses où il n’y aura pas d’évêque, les curés seront nommés par le préfet, à mesure des vacances.
Le considérant de ce projet sera simple : il sera motivé sur ce que, le concordat fait avec François 1er étant abrogé, l’institution canonique doit avoir lieu selon les privilèges et les canons de l’Église gallicane. On devra y rappeler les maximes que les parlements ont constamment soutenues en faveur de l’Église française.
La première question à examiner est celle de savoir si la commission est compétente. Dans le cas où elle déclarera qu’elle est incompétente, elle soumettra la question au concile.
Saint-Cloud, 4 juillet 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, il est nécessaire que vous donniez des instructions à mon ministre en Prusse pour qu’il soit mis sur la sortie des blés et des bois le même droit qui est mis à Danzig et dans les villes hanséatiques, afin que les Anglais payent ces objets le plus cher possible.
Saint-Cloud, 4 juillet 1811
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, le million pour la Catalogne est-il parti ? Il parait qu’on y manque de solde depuis cinq mois.
Saint-Cloud, 4 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
J’apprends que les plates-formes de la batterie impériale de l’île de Cadzand sont toujours les mêmes. Je vous avais fait connaître comment j’entendais que ces plates-formes fussent faites; car, dans l’état où elles sont, les mortiers ne peuvent tirer chacun qu’un très-petit nombre de coups, et c’est comme s’il n’y en avait pas. Faites-en établir du nouveau modèle, et ordonnez qu’on tire plusieurs bombes pour s’assurer soit de leur portée, soit de la facilité qu’on aura à tirer le nombre nécessaire.
Saint-Cloud, 4 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je désire que vous fassiez venir O’Connor et les autres Irlandais qui sont à Paris, et que vous voyiez à renouveler un parti en Irlande. J’ai dans ce moment vingt-cinq vaisseaux de guerre devant l’Escaut et neuf dans le Texel. Je ne suis point du tout éloigné de faire au mois d’octobre une expédition de 30,000 hommes et de 4,000 chevaux en Irlande, si je suis assuré d’y trouver un parti et si l’Angleterre continue à se dégarnir pour envoyer les troupes en Portugal. Il vous sera facile de faire comprendre que, étant maître de l’Escaut et du Texel, et les Anglais se dégarnissant de partout, c’est une circonstance unique.
Je ferai tel traité que les Irlandais voudront. J’attache à cela une grande importance. Je désire avoir un plan et savoir à quoi m’en tenir là-dessus avant quinze jours. Rien ne peut m’empêcher de sortir de l’Escaut; et les Anglais n’ayant plus personne en Angleterre seront obligés de rappeler leurs soldats de la Péninsule, ce qui demandera deux ou trois mois. On aura le temps de s’ancrer dans le pays avant l’arrivée de ces troupes.
Saint-Cloud, 4 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Vous aurez fait connaître au général Vandamme que le camp et Boulogne va être porté à 40,000 hommes ; que la flottille se prépare pour pouvoir embarquer 40,000 hommes, et qu’il doit se mettre en mouvement pour appuyer les lignes d’embossage et accélérer les armements.
Saint-Cloud, 4 juillet 1811
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Monsieur le Comte de Cessac, je réponds à votre lettre du 3 sur les transports militaires. Je ne juge pas convenable de signer le projet de décret que vous me présentez, parce qu’il me semble qu’il n’y a pas besoin de changement. Les bataillons resteront comme ils le sont, 40 voitures par compagnie. Au lieu de leurs caissons actuels, ils auront des chariots du modèle que vous m’avez présenté. Reste à avoir s’il faut donner à ces chariots 4 ou 6 chevaux. La question est facile à résoudre. Je pense que les chariots doivent être construits de manière à pouvoir porter 6 milliers dans l’occasion ; mais ils ne doivent ordinairement être attelés que de 4 chevaux et ne porter que 4 milliers pesant. Trois chariots portant 4 milliers porteront 12 milliers et emploieront 6 hommes, 3 voitures et 12 chevaux; deux chariots portant 6 milliers et attelés de 6 chevaux porteront également 12 milliers et n’exigeront que 6 hommes, 12 chevaux et 2 voitures ; il y aura donc une voiture d’économisée. Ainsi, sous ce point le vue, il vaudrait mieux n’avoir que des voitures portant 6 milliers que d’en avoir portant 4 milliers. Mais ces voitures doivent aussi porter du pain ; or 3 chariots porteront 4,800 rations de pain : 2 chariots ne porteraient que 3,200 ; 2 chariots ne porteraient que 5,600 rations de biscuit, et encore difficilement : 3 chariots en porteront 7,500 ou 7,600. Ce raisonnement sera a fortiori pour le fourrage et les liquides. C’est ce qui me décide à n’atteler les chariots que de 4 chevaux, en ne les chargeant que de 4 milliers. Dès lors je n’ai aucun autre changement à faire à l’organisation que de substituer un chariot du nouveau modèle à un caisson des transports militaires; or, ce changement, je désire le faire partout.
Saint-Cloud, 4 juillet 1811
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Je réponds à votre lettre du 3 sur l’approvisionnement de Danzig. Il est vrai que dans le premier moment de presse, et lorsque les événements paraissaient s’accélérer, j’écrivis au prince d’Eckmühl que j’accordais un million, sans discussion, pour qu’il fit entrer à Danzig tout ce qui manquait à l’approvisionnement de siège; mais, aussitôt que les choses sont devenues plus calmes, je lui mandai que cela était inutile et qu’il fallait économiser l’argent. Le blé, la farine sont dans une grande abondance à Danzig; le vin, l’eau-de-vie, les fourrages, les bestiaux également. Quant au bois de chauffage, il y a une si grande quantité de bois aux environs de Danzig que c’est une chimère de vouloir s’occuper de cela.
Remettez-moi sous les yeux l’état de ce que le général Rapp a acheté, de ce qu’il doit se procurer au dernier moment (le bois de chauffage est de ce nombre), les marchés qu’il a passés, à quel prix pour quel objet et pour quelle quantité d’argent. Dans le fait, s’il a acheté des choses qui soient utiles à l’approvisionnement de siège et qui ne se trouvaient pas dans la ville, il est bon de les payer et de les garder.
Saint-Cloud, 4 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Le rapport sur la rade de l’île d’Aix n’est pas satisfaisant, et je ne puis comprendre comment il n’y a pas de moyens, soit en plaçant des batteries sur des vaisseaux que l’on raserait, soit en construisant un fort, de protéger la gauche de la rade. Ne serait-il pas possible de suppléer le fort Boyard par une batterie flottante ? Je désire que vous occupiez les ingénieurs de cette question.
Mais, en attendant, j’approuve l’idée d’avoir cinquante-quatre chaloupes canonnières armées chacune de deux pièces de 24, et quelques-unes même de pièces de 36. Mon intention serait d’employer ces canonnières non-seulement à protéger l’escadre qui serait dans la rade de l’île d’Aix, mais à faire une guerre constante aux bâtiments qui mouilleraient dans la rade. Ce genre de guerre aurait l’avantage de protéger le cabotage de la Rochelle à l’île d’Aix, et donnerait lieu à des mouvements qui exerceraient nos équipages et obligeraient l’ennemi à ne plus mouiller dans la rade.
Je vous prie de me présenter un projet de décret pour l’organisation de cette flottille. Première question : Quel est le modèle et chaloupes canonnières qu’il faut adopter ? Il est évident que ce ne peut être celui des canonnières de Boulogne. Ces bâtiments ont été faits pour entrer dans les ports de la Manche et pour tirer très-peu d’eau. Ici, au contraire, ils sont destinés à aller dans la rade et dans la Charente, et ou peut leur donner autant de tirant d’eau qu’on voudra. Ils doivent être bons marcheurs. Les canonnières ne doivent porter ni hommes ni chargement; elles ne doivent avoir que ce qu’il faut pour deux pièces de canon. Il faudrait qu’elles allassent à la rame. Des canonnières dans le genre des bateaux hollandais, mais plus légères, rempliraient le but; elles seraient moins dispendieuses et exigeraient moins d’hommes.
En supposant une flottille de 81 bâtiments, formant 4 divisions, et composée de 54 chaloupes canonnières très-perfectionnées et de 27 péniches : des 54 chaloupes canonnières, 9 porteraient un mortier à plaque de 12 pouces destiné à tirer à 1,800 toises ; des 27 péniches, 9 seraient des bombardes portant chacune un mortier à la Gomer de douze pouces destiné à tirer à 1,000 toises, 9 seraient de simples péniches portant un obusier, et 9 autres des caïques portant une pièce de 24. En résumé, on aurait 45 chaloupes canonnières portant 90 pièces de 24, 9 grosses bombardes ayant chacune un mortier, 9 péniches portant un mortier, 9 péniches-caïques portant une pièce de 24, et 9 péniches simples; total de la flottille, 81 bâtiments.
Un seul équipage de la flottille serait suffisant pour servir ces bâtiments. Mais il faudrait de tout cela faire de bons modèles; et, en plaçant quatre vaisseaux et deux frégates à l’île d’Aix, protégés par cette flottille et se battant tous les jours avec les bâtiments anglais qui seraient au mouillage, cela pourrait obliger les Anglais à ne plus mouiller et à se tenir au large, parce que par ce moyen ils évitent de montrer leur force.
Enfin il serait nécessaire que vous ordonnassiez au préfet maritime d’aller visiter la batterie des Saumonards, dans l’île d’Oléron, pour voir si elle est en situation de protéger l’escadre, s’il y a des mortiers et comment sont faites les plates-formes.
Saint-Cloud, 4 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Il faut diriger sur Boulogne un second équipage de flottille; on peut prendre un des deux qui sont à Brest, en prenant des mesures pour le compléter. Secondement, il faut créer un nouvel équipage, ce qui fera trois équipages à Boulogne, représentant les 3,000 matelots dont on a besoin ; on peut prendre des hanséatiques.
Il faut me faire connaître le nombre d’officiers de marine et de capitaines de vaisseau que le règlement de la flottille prescrit pour commander la ligne d’embossage. Je compte qu’au 1er août les cinq prames, vingt-sept canonnières, vingt-sept bateaux canonniers et les neuf péniches, seront en embossage.
J’approuve une dépense de 1,400,000 francs et l’envoi de tout ce qui est nécessaire pour mettre en état 16 prames et 81 canonnière afin d’avoir trois divisions, et cent trente-cinq bateaux canonniers afin d’avoir cinq divisions de vingt-sept chacune, et trente péniches le tout dans le courant de septembre; ce qui porterait 26,000 hommes et 1,400 chevaux. Dirigez-y le chanvre et les bois nécessaire sans nuire à Anvers.
Quant aux 1,400 ouvriers, faites une circulaire aux préfets pour que de la Flandre et des bords des rivières on envoie ces ouvriers. Vous pouvez même en diriger de Brest, mais il ne faut dégarnir ni Anvers ni Cherbourg. Faites-moi connaître également combien il faudrait pour mettre en état les autres canonnières, et faîtes faire quelques excellents modèles de péniches, tels qu’on puisse employer les débris de celles existantes pour en construire sur le nouveau modèle.
Saint-Cloud, 4 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je reçois votre lettre par laquelle vous me rendez compte que la ligne d’embossage de Boulogne a été attaquée. Je regarderais comme une chose malheureuse que l’on eût un échec de ce côté. Ces entreprises des Anglais sont produites par l’importunité que leur donne cette ligne d’embossage. Ils savent que rien ne peut empêcher 25,000 hommes d’aller brûler le chantier de Chatham et faire une expédition qui peut être désastreuse à l’Angleterre. Ordonnez donc que l’armement de la flottille de Boulogne soit poussé vivement. Parlez à l’amiral Ganteaume, que je veux y envoyer dans quelques jours. Mais il faut avant y envoyer les officiers qui doivent être employés dans la flottille.
Saint-Cloud, 4 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Il faudrait préparer quelques expéditions pour Batavia et dans le cas où l’on apprendrait, en octobre, que l’expédition des Anglais n’a pas réussi ou n’a pas eu lieu. Beaucoup de gens croient en Angleterre qu’elle n’a pas eu lieu.
Saint-Cloud, 4 juillet 1811
NOTE POUR LE MINISTRE SECRÉTAIRE D’ÉTAT.
Le ministre secrétaire d’État écrira aux ministres de l’intérieur et des finances, au maire de Rome, au sénateur Fossombroni et au conseiller d’État de Gérando, pour les prévenir que, dans les premiers jours de la semaine prochaine, je tiendrai un conseil dans lequel seront réglés le budget de la ville de Rome, ce qui est relatif aux domaines qui existent, aux pensions, aux marais Pontins, et généralement tout ce qui concerne les affaires de Rome et de l’État romain. Les ministres de l’intérieur et des finances apporteront toutes les pièces et documents qu’ils ont sur cet objet. Le ministre secrétaire d’État prendra mes ordres dimanche pour le jour où ce conseil aura lieu.
Saint-Cloud, 4 juillet 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, j’ordonne qu’au 15 juillet vos 4e et 6e bataillons se mettent en marche pour Wesel, d’où vous leur ferez rejoindre leurs régiments respectifs. Les 4e et 6e bataillons ne doivent avoir ni grenadiers ni voltigeurs. Vous aurez soin d’ordonner le tiercement, afin que les anciens soldats soient dans la même proportion que les nouveaux. Les 4e bataillons du 15e léger et du 25e de ligne, qui arrivent d’Espagne et que je vais compléter, vous joindront un mois après. Vous aurez donc ainsi soixante et dix-neuf bataillons. Faites toutes les dispositions pour qu’à dater du 1er août votre armée soit partagée en cinq divisions, sans compter celle de Danzig, qui sera la 7e.
Je vous ai déjà annoncé que onze compagnies de vos régiments, qui sont dans l’île de Walcheren, allaient vous amener 1,650 hommes; que douze compagnies appartenant à des régiments qui ne sont pas partis de votre corps d’armée, et qui sont dans les îles de Schouwen et de Goeree, allaient vous amener 1,800 hommes; que quinze compagnies appartenant à vos 6e et 5e bataillons partiraient de l’île de Walcheren et vous amèneraient 2,250 hommes. Il ne manquera donc plus pour compléter vos bataillons à 840 hommes que 3,000 hommes, qui seront fournis au mois d’août par le régiment de Walcheren.
Vous devez répartir les 1,800 hommes des bataillons des îles de Goeree et de Schouwen entre ceux de vos bataillons qui seraient le plus faibles.
Le ministre de la guerre vous fera connaître mes intentions pour la formation de votre 5e division. Je suppose que vous avez le personnel et le matériel d’artillerie, du train, les sapeurs, etc. nécessaires pour cette division.
Je compte que, si vous deviez marcher au 1er août, vous marcheriez avec cinq divisions, ou soixante et dix-neuf bataillons ou 64,000 hommes d’infanterie; ce qui, avec la 7e division de Danzig, vous ferait près de 80,000 hommes. Il sera nécessaire que vous fassiez passer des revues de tous ces régiments, afin qu’il n’y ait aucune place vacante ni d’officiers ni de sous-officiers au 1er septembre, qu’il y ait un général de brigade par régiment et un major en second. Vous mettrez trois bataillons sous les ordres directs du colonel et deux bataillons sous les ordres directs du major en second. Je crois vous avoir fait connaître, et je dois vous répéter que tous vos généraux et officiers doivent être à leur poste, et le personnel et le matériel d’artillerie, les équipages militaires, le train du génie, parfaitement complets; de sorte que votre corps d’armée puisse, pour le 1er septembre, se mettre en mouvement peu de jours après que vous en auriez reçu l’ordre.
Saint-Cloud, 4 juillet 1811
A Élisa Napoléon, Grande-Duchesse de Toscane, à Florence
Ma Sœur, j’ai disposé de 8,500 conscrits des dépôts de conscrits réfractaires de l’île d’Elbe et de la Corse, savoir: pour le 1er régiment de la Méditerranée, dont trois bataillons sont en Corse et deux à l’île d’Elbe, 3,444 hommes ; pour le 5e bataillon du 112e, qui est au mont Argentaro, 600 hommes; pour le 14e léger, 500 hommes qui doivent se rendre de Corse à Piombino et de là à Rome; pour le 6e de ligne, 300 hommes qui doivent se rendre de l’Ile d’Elbe à Corfou pour être incorporés dans ce régiment. Il est important que les derniers 800 hommes soient tous Français, et qu’il n’y ait parmi eux aucun homme des départements au delà des Alpes. J’ai de plus ordonné que les 7e bataillons du 14e léger et du 6e de ligne se rendissent à l’île d’Elbe, où ils doivent recevoir chacun 840 hommes. La moitié de ces conscrits peut être Italiens; l’autre moitié doit être Français. Enfin j’ai donné aux 5e bataillons des 6e de ligne et 14e léger 1,120 hommes.
Le ministre de la guerre doit vous envoyer le tableau du nombre d’hommes dont j’ai disposé.
Faites-moi connaître si les ordres que j’ai donnés à cet égard sont exécutés. Les 5e bataillons des 6e de ligne et 14e léger sont-ils passés ? Les deux compagnies de marche du 14e, qui doivent recevoir 500 hommes du 1er régiment de la Méditerranée, sont-elles débarquées à Piombino pour aller à Rome ? Les 600 hommes destinés au 112e sont-ils arrivés au mont Argentaro ? Ils doivent être tous Français; je n’y veux point d’Italiens. Écrivez en Corse pour avoir leur situation. Faites passer une revue du dépôt de la Méditerranée, qui est à l’île d’Elbe. Croyez-vous que l’on pourrait se fier à ces conscrits, et qu’il y aurait sûreté à les diriger sur Rome ?
Saint-Cloud, 5 juillet 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, mon ministre à Carlsruhe est dans une fausse direction. Faites-lui connaître qu’il ne doit témoigner ni jalousie ni ressentiment contre la reine de Suède ni contre son fils, et que je reste parfaitement étranger à cette querelle. (Le ministre de France avait plusieurs fois signalé l’influence dont jouissait à la cour de Carlsruhe la comtesse de Gottorp, nièce du grand-duc de Bade et de Gustave IV, ex-roi de Suède. Des honneurs extraordinaires ayant été rendus à la comtesse et à son fils lors des funérailles du grand-duc de Bade, en juin 1811, le ministre revint avec insistance sur ses représentations. C’est à cette occasion que fut écrite cette lettre).
Saint-Cloud, 5 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
J’ai pris un décret pour occuper militairement l’île de Wangeroo; ordonnez la reconnaissance des autres îles jusqu’au Texel, afin de savoir si dans toutes il se trouve des points susceptibles d’être occupés. Lorsqu’on aura des renseignements sur ces îles, on pourra prendre des mesures pour y organiser une force publique.
Saint-Cloud, 5 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Il faut faire une nouvelle reconnaissance du Valais. Les trois casernes pourront s’exécuter l’année prochaine; les projets seront discutés en décembre. Au lieu d’une caserne défensive, je désire avoir au Simplon une citadelle qui me rende maître du passage. Une caserne défensive à Brigg et une autre à Sion, pour maintenir le pays, me paraissent fort utiles. La caserne de Sion s’appuierait aux forts qui sont sur les hauteurs, de manière à être parfaitement maître de la ville. Comme c’est la capitale du pays, en s’y établissant, ce serait le moyen le plus sûr de contenir les habitants. La caserne de Brigg s’appuierait aux hauteurs, qu’on pourrait fortifier par des tours. Quant aux points de Martigny et de Saint-Maurice, ils sont si près de la France qu’on ne peut avoir aucune inquiétude.
Il faut s’occuper du Simplon, de Sion et de Brigg, sous le double point de vue de guerre et de révolte. Il sera avantageux d’occuper trois points d’appui, qui permettent d’avoir le pied en Italie, économiseront beaucoup de troupes et assureront cette position importante. Si l’on suppose que l’ennemi force tous ces points, on arrivera à Lausanne et à Genève. Il sera nécessaire de reproduire aux conseils de décembre les projets sur Genève. Faut-il démolir cette place ou la fortifier ? Il n’est pas convenable de la laisser dans sa situation actuelle.
Saint-Cloud, 5 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je désire que l’on me soumette, aux conseils de décembre, trois projets de casernes égales à celles de Lans-le-Bourg, pour la défense de la vallée de Maurienne. Mon principal but serait, en cas de guerre, de s’en servir pour hôpitaux, et d’avoir ainsi une évacuation d’hôpitaux depuis le mont Cenis jusqu’à Saint-Jean-de-Maurienne. Les mouvements nombreux de troupes qui ont lieu par cette vallée, et l’expérience du degré de fatigue qu’éprouve le soldat en la traversant, doivent déterminer la distance à laquelle il faut placer ces casernes. Elles devront être disposées de manière qu’un bataillon puisse y loger. Mais, pour établir ces casernes, il faut que la nouvelle route soit faite, afin que par leur position elles puissent la défendre. Il ne faut point avoir égard aux journées d’étapes actuelles, calculées sur l’ancienne route ; il faut franchir promptement cette vallée et ordonner de nouvelles étapes qui soient de 12 à 13,000 toises. La première serait la caserne du mont Cenis, qu’il faudrait achever; la deuxième celle de Lans-le-Bourg; ensuite on établirait deux ou trois casernes intermédiaires pour arriver jusqu’à Saint-Jean-de-Maurienne.
Il sera très-utile que ces casernes soient crénelées, et il faudra avoir soin de les placer dans de bonnes positions, de manière que les troupes qui s’y trouveront puissent se défendre longtemps.
Je désire un projet sur le mont Cenis. Il est d’une grande imprudence de n’avoir rien sur ce point important. Il faudrait fortifier le couvent, occuper la hauteur par une tour. Si cela est nécessaire, on ferait construire une autre tour sur les hauteurs qui défendent le lac. Je désire qu’un projet bien détaillé, avec des cotes de nivellement, soit présenté en décembre, afin qu’en cas de révolte ou de guerre cette communication, si importante sous tant de points de vue, soit assurée. Mais ce projet ne doit pas me jeter dans de grandes dépenses. Il doit être calculé pour que les premiers 100,000 francs qu’on y dépensera en 1812 remplissent mon but, qui est que 200 hommes puissent s’y défendre contre 2,000; et, s’il doit coûter 5 à 600,000 francs, que ce soit en six ans, et que chaque année il acquière un nouveau degré de force.
Un corps de troupes avec du canon ne pourra arriver au couvent que par le grand chemin. Il faut donc des ouvrages qui barrent ce chemin de manière qu’on ne puisse avancer qu’après les avoir pris. Il ne reste plus que le couvent à mettre à l’abri d’un coup de main contre des troupes qui arriveraient des montagnes et sans artillerie.
Saint-Cloud, 5 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, j’accorde les 12,000 francs demandés pour continuer les travaux du mont Circeo. Je ne comprends pas bien pourquoi on n’établit pas, à 400 toises des batteries n° 2 et n° l, une tour qui défendrait les hauteurs, croiserait les feux avec les batteries et ôterait à l’ennemi toute idée de venir s’établir là. On ne conçoit pas bien pourquoi on n’a pas restauré les tours del Fico, Cervia et Paola. On pourrait placer sur ces tours des caronades en fer ayant peu de recul, telles que s’en sert la marine. Ces ouvrages protègeraient suffisamment toutes ces anses. Il faut faire en sorte d’établir un système où on ne me parle pas d’un camp de 100 hommes toujours présents. Il faut avoir des affûts de côte et mettre un mortier dans chaque batterie. En décembre, on me présentera un projet plus détaillé sur cette position.
Saint-Cloud, 5 juillet 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, vous ne m’avez pas envoyé la route que tiennent le régiment de marche de l’armée du Midi, celui de Portugal et celui de chasseurs. Ils doivent être arrivés à Bayonne ou en être bien prêt Vous ne m’en avez rien dit.
Saint-Cloud, 5 juillet 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Je lis avec attention le quatre-vingt-deuxième procès-verbal des séances du conseil de Hambourg, du 18 juin, et j’y vois que, sur une demande du général Liébert si les denrées coloniales venait à Göteborg doivent être admises, le conseil répond non, parce que la Suède n’est pas dans le système continental. Cette réponse m’a paru étrange. Je vous écris donc pour vous donner une direction précise sur cette question. Les marchandises coloniales venant de Suède et de Prusse doivent être confisquées, car elles viennent d’Angleterre toute denrée coloniale, de quelque lieu qu’elle vienne, doit être confisquée, car elle vient d’Angleterre. Envoyez des ordres et tenez la main pour que toutes les marchandises coloniales quelconques soient confisquées, n’importe le lieu d’où elles viennent. Ceci doit vous servir de direction pour Danzig. Je suppose que ma ligne de douanes du côté de terre est établie et qu’aucune denrée coloniale n’y peut passer. Par une erreur, la Saxe et la Westphalie avaient laissé entrer des marchandises coloniales venant de Prusse, et avaient pris pour bons les droits qu’elles avaient payés en Prusse ; la Saxe et la Westphalie se sont ravisées. Portez une attention particulière à cet objet, qui est majeur. Toute denrée coloniale doit être confisquée, à moins qu’elle ne vous ait payé le droit.
Saint-Cloud, 6 juillet 1811
NOTE POUR LES ÉVÊQUES.
Le rapport de la commission doit être fait sur les bases suivantes :
1° Que l’Empereur ayant le droit de nommer aux évêchés vacants, son droit se trouve nul si l’institution canonique peut leur être refusée par d’autres raisons que les cas prévus par le concordat de Léon X;
2° Que, Sa Majesté ayant réitéré plusieurs fois la demande de l’institution canonique, qui a été refusée, elle a pu être autorisée à regarder le Concordat comme non existant, et à réunir un concile pour qu’il pourvût à l’institution des évêques ;
3° Que le conseil des évêques qui était à Paris, et qui avait été consulté par Sa Majesté sur ces évêques, ayant obtenu d’envoyer une députation de quatre évêques au Pape, cette députation a levé toutes les difficultés; que le Pape a daigné entrer dans les besoins de l’Église et dans ses circonstances ; qu’il a formellement promis l’institution pour les évêchés vacants et approuvé la clause que, si dans l’espace de six mois lui ou ses successeurs ne donnent pas l’institution Canonique aux évêques, le métropolitain la donnerait; que, cela étant, le but de l’Empereur se trouve rempli; que les évêchés de son Empire ne peuvent plus rester vacants; que l’Empereur voulait trois mois; que le Pape en demandait six, différence qui n’est pas de nature à rompre l’arrangement déjà conclu, qu’on propose au concile le décret suivant; que, lorsqu’il sera adopté, il sera présenté par le concile en corps [à l’Empereur, pour le remercier et le supplier d’approuver ledit décret et de le faire publier comme loi de l’État.
Suit le projet de décret du concile.
Après un considérant, etc., le concile décrète :
1° Que les évêchés ne peuvent rester vacants plus d’un an, pour tout délai, et que dans cet espace de temps les nomination, institution, consécration doivent avoir lieu ;
2° Que l’Empereur nommera, conformément au Concordat, à tous les sièges vacants ;
3° Que, six mois après la nomination faite par l’Empereur, pour tout délai, le pape donnera l’institution canonique;
4° Que, les six mois expirés, le métropolitain, et, lorsqu’il sera question de la nomination du métropolitain, le plus ancien évêque se trouve investi par la concession même faite par le Pape, et devra procéder à l’institution canonique et à la consécration;
5° Que ce présent décret sera soumis à l’approbation de Sa Majesté, pour être publié comme loi de l’État;
6° Que Sa Majesté sera suppliée par le concile de permettre à une députation d’évêques de se rendre auprès du Pape pour le remercier d’avoir par cette concession mis un terme aux maux de l’Église.
Saint-Cloud, 6 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Vous expédierez un courrier et non une estafette au général Grenier à Naples. Vous choisirez pour cela un courrier sûr. Il aura ordre de ne remettre qu’au général Grenier ses dépêches. Vous enverrez à ce général un duplicata des ordres que j’ai donnés pour la dissolution de l’armée de Naples et la formation d’un corps d’observation sous ses ordres, et ma volonté pour que, quelle que soit l’opposition du roi de Naples, il ait à donner des ordres à tous les Français et à réunir mes troupes entre Naples, Capoue et Gaète; que le roi à Naples parait se livrer aux suggestions des ennemis de la France; que je lui ai déjà fait témoigner combien sa conduite était folle. Vous prescrirez au général Grenier de prendre des mesures pour, sans faire semblant de rien, faire mettre garnison à Gaète et s’en assurer la possession ; qu’il doit faire connaître aux Français et à tout ce qui fait partie de la garde qu’ils sont toujours Français; que je les considère comme tels; que par un décret du grand empire les Français sont citoyens de Naples; qu’il se concerte avec mon ministre pour le seconder et faire sortir le roi de la fausse position où il est ; que, s’il continuait à s’éloigner de ce que lui prescrivent la reconnaissance et ses devoirs, il y serait sévèrement rappelé; que le général Grenier doit parler ferme; qu’il n’est plus sous les ordres du roi de Naples; qu’il doit soutenir mon ministre comme commandant un corps de troupes et non comme un subordonné.
Ecrivez au général Miollis pour lui faire connaître que le général Grenier commande en chef mes troupes à Naples ; qu’il doit veiller à ce que les estafettes ne passent dans les mains napolitaines, mais aillent en droite ligne dans les mains du général Grenier.
Saint-Cloud, 6 juillet 1811
AU CAPITAINE DE MONTESQUIOU, OFFICIER D’ORDONNANCE DE L’EMPEREUR , A PARIS
Vous partirez dans la journée pour vous rendre à Niort et à Saintes. Vous séjournerez dans ces deux villes le temps nécessaire pour remplir la mission contenue dans l’instruction ci-jointe. Vous aurez bien soin de prendre des états de situation détaillés de chaque dépôt et des régiments de marche qui s’y réunissent. Vous verrez le général Defrance et les différents chefs, et vous ne manquerez pas de m’envoyer des rapports tous les jours.
INSTRUCTION.
Un décret du 7 mai a organisé à Saintes et à Niort le dépôt général des remontes pour l’armée d’Espagne. Saintes est pour les remontes de dragons et Niort pour celles de la cavalerie légère. Le général y a été envoyé pour en prendre le commandement. Il a sous ses ordres : 1° les régiments de marche qu’on a dirigés sur ces dépôts avant de les envoyer à Rayonne ; 2° les détachements que les dépôts dont les escadrons dé guerre sont en Espagne dirigent sur le dépôt général de Niort et de Saintes, et les hommes démontés revenant d’Espagne qu’on réunit dans ce dépôt.
RÉGIMENTS DE MARCHE. — Dans les derniers jours de mai, deux régiments de marche de dragons ont été organisés, l’un à Nantes pour l’armée de Portugal, l’autre à Niort pour l’armée du Midi. Un troisième régiment de marche, formé de détachements de cavalerie légère, a été organisé à Gand. Voici la composition première de ces trois régiments :
1° Régiment de marche du Portugal, organisé à Nantes : 1er escadron, 13e dragons, 26 hommes; 22e, 25; 18e, 42; 2e escadron, 8e dragons, 89 hommes ; 19e, 29 ; 3e escadron, 3e dragons, 60 hommes; 6e, 31; 10e, 45; 4e escadron, 11e dragons, 50 hommes, 15e, 29; 25e, 55.
2° Régiment de marche du Midi, organisé à Niort : 1er escadron, 1er dragons, 31 hommes; 2e, 39; 4e, 45; 2e escadron, 9e dragons, 33 hommes; 14e, 26; 17e, 18; 26e, 21 ; 3e escadron, 27e dragons, 25 hommes; 5e, 33; 12e, 36; 21e, 41; 4e escadron, 16e dragons, 51 hommes; 20e, 58.
3° Régiment de marche de cavalerie légère, organisé à Gand : 1er escadron, 1er hussards, 85 hommes; 2e, 44; 2e escadron, 13e hussards, 131 hommes; 3e escadron, 4e hussards, 90 hommes, 10e, 110; 4e escadron, 5e chasseurs, 34 hommes; 10e, 65; 21e, 50; 22e, 99; 27e, 34.
Dans le courant de juin, les deux régiments de dragons ont été dirigés sur Saintes et le régiment de cavalerie légère sur Niort. Ils ont dû arriver à ces destinations dans les derniers jours de juin. À leur arrivée, le général Defrance a dû faire, dans leur organisation, les changements suivants : 1° monter de préférence les anciens soldats du régiment qui se trouvent aux dépôts; 2° convertir le régiment de cavalerie légère en cinq escadrons de marche organisés ainsi qu’il suit, savoir : les détachements des 5e, 10e, 21e, 27e chasseurs, 2e hussards et 10e, appartenant à l’armée du Midi, formant deux autres escadrons; les détachements des 22e chasseurs, 1e et 3e hussards, appartenant à l’armée de Portugal, formant deux autres escadrons: enfin le détachement du 4e hussards, appartenant à l’armée d’Aragon, formant un 5e escadron.
En outre, il a été prescrit au général Defrance de renvoyer les cadres appartenant aux 1e, 3e, 8e, 9e et 10e régiments de dragons, devenus chevau-légers. Ces cadres se composent des officiers, sous-officiers et soldats ayant plus de deux ans de service. Les chevaux et les harnais doivent être laissés au dépôt; les soldats qui n’ont pas deux ans de service doivent être incorporés dans les régiments et marche; et, comme ces détachements se composent en grande partie de jeunes soldats, le renvoi des anciens n’affaiblira pas beaucoup ce que fournissent les cinq régiments de dragons, qui font ici exception.
M. de Montesquiou écrira si tous les ordres ont été exécutés, si tous les détachements sont arrivés, où sont ces régiments, quels sont les officiers qui les commandent, si la solde est payée, comment les chevaux sont harnachés, etc.
Dépôts de Niort et de Saintes. — Le décret du 7 mai, qui a organisé ces dépôts, a ordonné l’achât de 1,000 chevaux pour chaque dépôt et l’envoi de 2,000 selles qui doivent être fournies des magasins de Paris. Ces selles sont-elles arrivées ? Depuis, 500 chevaux de dragons et 500 chevaux de chasseurs ont été tirés des dépôts de cavalerie de la 6e division militaire et dirigés sur Saintes et Niort. Enfin les dépôts de tous les régiments de cavalerie qui ont leurs escadrons de guerre en Espagne ont dû diriger sur ces mêmes dépôts un premier envoi de tout ce qu’ils avaient de disponible au 15 juin. Ils ont dû faire un second envoi au 1er juillet. Ils doivent en faire un autre le 15 juillet.
M. de Montesquiou doit voir si tout est arrivé et dans quelle situation tout se trouve. Je compte réunir ainsi, dans les premiers jours d’août, 8,000 hommes de cavalerie. Il doit s’assurer si mes intentions seront remplies. Il doit non-seulement envoyer tous les renseignements que le général Defrance lui donnera, mais encore tout ce qu’il pourra recueillir par lui-même. Il verra les chefs; il s’assurera si la solde est au courant, si les habits, les chevaux, les harnais sont arrivés, si les selles sont bonnes, si les chefs se trouvent à la tête de leurs détachements. Il parlera des officiers, etc.
Il ira d’abord en droite ligne à celui des dépôts de Saintes et de Niort où le général Defrance se trouve, et, après avoir séjourné dans l’un assez de temps pour le bien connaître, il se rendra dans l’autre. Il écrira tous les jours ce qui se passe et attendra là de nouveaux ordres.
Saint-Cloud, 7 juillet 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, donnez ordre au général Avy de partir, du 13 au 15 juillet, de Bayonne avec le sixième convoi, qu’il doit escorter. Il aura sous ses ordres : 1° le régiment de marche de dragons de l’armée du Midi, fort de 500 hommes et 500 chevaux; 2° un bataillon d’infanterie légère pour l’armée du Midi, 330 hommes; 3° un bataillon d’infanterie de ligne pour l’armée du Midi, 740 hommes; 4° un bataillon appartenant à l’armée de Portugal, 430 hommes; total, 3,000 hommes et 500 chevaux.
Chaque homme d’infanterie, avant de partir de Bayonne, prendra 40 cartouches ; chaque dragon en prendra 20, de plus, les dragons auront soin de se munir de fers pour leurs chevaux pendant la route. Un détachement du train, de ceux qui doivent partir vers la fin de juillet, pressera son départ d’Auch, de manière qu’on puisse organiser deux pièces de 4, deux caissons et deux caissons d’infanterie, en tout six voitures, pour lesquelles 24 à 25 chevaux seront suffisants. Cette artillerie, qui sera servie par un détachement de la compagnie de marche de l’armée du Midi, accompagnera le convoi du général Avy et pourra servir en route. Le général Avy tiendra un convoi constamment réuni. Il marchera sans s’arrêter jusqu’à Valladolid, escortera toujours son convoi, n’en laissera détourner aurai homme ni aucun argent, enfin remplira fidèlement ses devoirs à cet égard. Le convoi séjournera deux jours à Vitoria et deux jours à Burgos, afin de faire les réparations nécessaires et que tout sert maintenu en bon état.
Ce sixième convoi se composera : 1° d’un million pour le roi d’Espagne (pour juin 500,000 francs, pour juillet 500,000 francs en argent); 2° d’un million pour l’armée du Nord, savoir, les 647,000 francs que le duc d’Istrie a pris à Vitoria et un complément de 353,000 francs en traites; 3° d’un million pour l’armée du Centre, 750,000 francs en argent, 250,000 francs en traites; 4° de quatre millions pour l’armée de Portugal, deux millions en argent, deux millions en traites; 5° de deux millions pour l’armée du Midi, 1,500,000 francs en argent, 500,000 francs en traites; total : 8,353,000 francs, dont 5,250,000 francs en argent, 3,103,000 francs en traites.
A l’arrivée du convoi à Vitoria et à Valladolid tous les hommes isolés appartenant aux armées du Centre, du Portugal et du Midi, y seront réunis. Vous écrirez à ce sujet au duc d’Istrie et au général Caffarelli, en exceptant toutefois les détachements destinés à faire partie de la colonne du général Van der Maësen, et qui se trouveraient réunis à Burgos au moment du passage du général Avy. Je suppose que ce général se fera joindre ainsi dans sa route au moins par 1,000 hommes appartenant à l’armée de Portugal ; ce qui le fera arriver à Madrid avec 3,000 hommes. Parvenu à cette première destination, si le général Avy apprend que les deux armées du Portugal et du Midi sont réunies, il passera d’abord par l’armée de Portugal pour arriver à celle du Midi; mais si la réunion des deux n’avait pas eu lieu, le convoi se séparerait. On dirigerait sur de Portugal les quatre millions destinés pour cette armée, en leur donnant pour escorte le bataillon de marche de Portugal et les 1,000 hommes environ qu’on aurait pu recueillir appartenant à l’armée de Portugal. Le général Avy s’entendrait avec le Roi, qui commande l’armée du Centre, afin que l’escorte du convoi de Portugal ne fût pas moindre de 2,000 hommes, infanterie et cavalerie. Deux jours après que ce convoi serait parti de Madrid, le général Avy se mettrait lui-même en route avec le reste pour l’armée du Midi. Il est nécessaire d’organiser un nouveau convoi de quatre millions pour les armées de Portugal et du Midi ; ce convoi sera dirigé sur Burgos, où il sera mis sous l’escorte de la colonne que le général Von der Maésen doit conduire à l’armée de Portugal. Faites-moi connaître quand les troupes que doit commander ce général seront arrivées à Burgos. Il faudrait pouvoir y joindre le régiment de marche de dragons de Portugal, et organiser pour cette colonne six pièces de canon en les faisant servir par les chevaux qui partent de Bayonne vers la fin de juillet pour le Portugal. Par ce moyen, ce général aurait une véritable division de 6,000 hommes, avec du canon et de la cavalerie, et pourrait être partout d’un grand service. Présentez-moi un projet d’organisation et d’instruction pour cette division.
Saint-Cloud, 7 juillet 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, en passant la revue du 6e bataillon du 15e d’infanterie légère, je me suis aperçu qu’on avait fort mal à propos nommé des caporaux et des sergents qui n’avaient pas deux ans de service. Je les ai fait rentrer dans les compagnies, et on les a remplacés par des sous-officiers tirés de Fontainebleau. Mais, comme on peut avoir fait la même chose aux autres 6e bataillons, je désire que vous écriviez pour faire rentrer dans les compagnies les nouveaux sergents et caporaux qui n’auraient pas deux ans de service; qu’on demande au ministre de la guerre des hommes de Fontainebleau pour les remplacer, ou que vous y mettiez d’anciens soldats que vous tirerez des bataillons de guerre, quand ces 6e bataillons vous auront rejoint. Je ne saurais trop vous recommander de faire passer des revues de régiment à l’arrivée de ces bataillons pour vous assurer que les caporaux et sergents ont au moins deux ans de service.
Je viens d’appeler la réserve et sur cette levée je viens de donner de quoi compléter le 4e bataillon du 15e léger et le 4e du 25e de ligne, ce qui vous complétera vos 4e bataillons; je viens aussi de donner 200 hommes à chacun de vos corps, afin d’avoir dans les 5e bataillons un fonds qui puisse porter vos 7e bataillons de guerre au complet ; car mon intention est toujours que votre corps soit composé de six divisions, y compris la 7e qui est à Danzig; que tous les bataillons aient 840 hommes présents sous les armes et qu’en septembre vous ayez soixante et dix-neuf bataillons français, neuf bataillons des 127e 128e et 129e régiments; total quatre-vingt-huit bataillons, qui, avec les 16 bataillons de Danzig, vous feront cent quatre bataillons ou 84,000 hommes d’infanterie, ayant leur artillerie régimentaire, leurs caissons régimentaires, leur artillerie de ligne, leurs caissons des transports militaires, leurs ambulances, leurs chirurgiens , leurs administrations, tout en état de faire campagne.
Il sera nécessaire que vous réunissiez chaque division séparément et que vous en passiez la revue d’ici au 15 septembre. Il est nécessaire également que vos généraux de division, vos généraux de brigade, vos adjudants-commandants, colonels, majors en second, que tout le monde soit présent. Les 240 caissons du 12e bataillons des équipages militaires doivent être arrivés. Pour les autres bataillons d’équipages qui vous sont destinés, j’ai remplacé les caissons par des chariots qui portent le double avec le même nombre de chevaux.
Saint-Cloud, 7 juillet 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, quand les 127e, 128e, 129e et 130e régiments seront formés, des détachements viendront à Paris, où je leur remettrai moi-même des aigles.
Saint-Cloud, 9 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Mettez 100,000 francs à la disposition du commandant de l’artillerie et 100,000 francs à la disposition du commandant du génie et l’armée de Portugal. Vous imputerez ces sommes sur le chapitre de ces deux armes dans votre budget, et vous les porterez en distribution pour le mois d’août. Annoncez cela aux généraux commandant ces deux armes et au major général. Il est nécessaire que tout ce que le maréchal Marmont aurait pris par violation de caisse ou autrement soit régularisé et porté en compte sur ces deux sommes ; bien entendu que cela ne peut regarder que l’argent qui aurait été pris dans les caisses.
Tenez 100,000 francs à la disposition du commandant de l’armée de Portugal pour dépenses secrètes.
Le ministre du trésor donne ordre au payeur de l’armée de Portugal de précompter ces trois sommes sur l’argent qu’il aurait avancé pour ces services.
Saint-Cloud, 9 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Savoir les détails sur le port de Bonifacio, le golfe de Santa-Manza, la Casa di …. (lacune dans le texte) et les bons mouillages entre Bonifacio et Ajaccio.
Saint-Cloud, 9 juillet 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, il est nécessaire de faire dessiner et graver les plans des sièges de Saragosse, de Lerida, de Mequinenza, de Tortose, de Tarragone, de Girone, de Ciudad-Rodrigo, d’Almeida etdeBadajoz, tant pour l’instruction des officiers que pour l’honneur des militaires qui se sont distingués dans ces sièges.
Saint-Cloud, 9 juillet 1811
Au général comte Bertrand, gouverneur général des Provinces illyriennes, à Trieste
Monsieur le Comte Bertrand, je reçois votre lettre du 1er juillet, qui m’apprend enfin votre arrivée en Illyrie. Indépendamment de votre correspondance avec les ministres, dans les premiers temps et pour accélérer le mouvement, écrivez-moi directement. Mais cela ne doit point vous dispenser de rendre compte aux ministres desquels vous devez recevoir des directions officielles.
Je crois vous avoir écrit sur les Croates et sur l’expédition de Lissa et la nécessité de chasser les Anglais de cette île, où je ne les crois pas en force.
Trianon, 10 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je reçois votre lettre du 6 juillet. Mon intention est que le Gaulois, le Trajan et le Conquérant soient prêts à être lancés, les deux premiers au 15 août et l’autre au 15 septembre. A mon passage à Anvers, je jugerai la question du bassin, et je me déciderai à faire mettre à l’eau ces trois vaisseaux pendant que je serai là, ou à attendre au 1er mars. Dans cette alternative, il faut que tout soit préparé pour leur armement, et que cela n’empêche pas d’en avoir six autres dans l’année, afin qu’au mois de septembre 1812 j’aie, y compris les hollandais , vingt-trois vaisseaux de guerre dans l’Escaut.
Mon intention est que le Chatham et le Hollandais soient armés en guerre et qu’on les mette en ligne; je les ferai manœuvrer avec l’escadre. Je déciderai moi-même alors s’il faut les faire armer en flûte. Le surplus de l’équipage servira pour faire armer des canonnières.
Si au mois de septembre ou d’octobre je pouvais faire venir mes seize prames de Boulogne à Anvers, je le ferais volontiers. Ces seize prames me seraient extrêmement utiles pour la défense de l’Escaut; cela me porterait d’ailleurs près de 3,000 hommes et 1,000 chevaux, et compléterait raisonnablement mon expédition. Ce mouvement lui-même sera un signe d’agression qui attirera l’attention de l’ennemi, et c’est mon but. Lorsque ces bâtiments seront arrivés dans l’Escaut, je leur ferai mettre dans l’année une autre quille aussi forte que possible , ce qui leur donnera les mêmes qualités qu’ont les flûtes hollandaises.
Trianon, 11 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, j’ai consenti à ce que les équipages de l’Amsterdam et du Doggers-Bank fussent placés sur les vaisseaux de l’Escaut; mais je n’en désire pas moins que ces deux vaisseaux soient envoyés au Texel, en prenant, s’il est nécessaire, leurs équipages parmi ceux de la flottille. J’attache une grande importance à faire venir en septembre les sept vaisseaux du Texel dans l’Escaut. Ayez une correspondance là-dessus avec l’amiral Dewinter. Trois raisons me déterminent principalement à ordonner ce mouvement : 1° l’avantage d’augmenter de sept vaisseaux la flotte de l’Escaut, ce qui ferait que l’année prochaine, au mois de juin, j’aurais dans l’Escaut trente vaisseaux de guerre, pouvant avec les frégates porter 18,000 hommes ; 2° que la surveillance du Texel m’est importune ; qu’il me faut au moins deux années pour y avoir une citadelle qui rende cette position raisonnable et m’y donne toutes les sûretés nécessaires ; 3° enfin que cette escadre serait toujours là sans intérêt, et que les deux vaisseaux qui me resteront à Amsterdam, avec trois ou quatre frégates, seront plus que suffisants pour la défense du Texel et du Zuiderzee. Il faut donc songer sérieusement à profiter de l’équinoxe pour me faire venir ces vaisseaux. S’il est trop difficile de les faire venir à Flessingue, on pourra du moins les faire venir à Voere; s’il est difficile de les faire venir à Voere, on pourra du moins les faire venir dans la Meuse. Il me semble qu’avec cette latitude l’amiral Dewinter doit être maître de son mouvement, et que, si je ne lui demande que de se rendre dans la Meuse, il peut le faire. Il suffit de s’assurer qu’il n’est pas bloqué et que la Meuse ne l’est pas. Une fois dans la Meuse, je les ferai venir dans l’Escaut, comme le Chatham y est venu. Occupez-vous sérieusement de cet objet.
Trianon, 11 juillet 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, si le comte de Gottorp (Gustav IV, ey-roi d’Espagne, détrôné le 13 mars 1809) vient sur le territoire français, on ne doit y faire aucune attention. II n’y a aucun intérêt à poursuivre cet homme, qui parait avoir renoncé au trône et qui ne peut inspirer que de la pitié pour sa folie. Il faut ne s’en occuper ni en bien, ni en mal, d’aucune manière. S’il demande s’il peut passer, on doit dire que tout le monde peut passer et qu’on ignorera qui il est. Voilà toute la conduite à tenir.
Trianon, 12 juillet 1811
NOTE SUR LES PROJETS PRÉSENTÉS POUR L’ACHÈVEMENT DU PALAIS DE VERSAILLES.
Sa Majesté remarque qu’il ne s’agit point de bâtir pour se procurer des logements; il en existe assez. Il faut faire une construction qui annonce le palais avec grandeur du côté de Paris ; ce n’est pas un ouvrage d’utilité, mais un ouvrage d’ostentation qui ne peut pas être médiocre.
Il faut ne rien faire si l’on ne peut pas faire une chose qui rivalise de beauté avec la partie bâtie par Louis XIV.
Sa Majesté habitera le premier étage de la partie bâtie par Louis XIII.
L’Impératrice habiterait le rez-de-chaussée au-dessous de l’Empereur, et les enfants de France l’autre partie du rez-de-chaussée.
Les appartements de représentation seront au premier étage de la partie de Louis XIV ; la partie du nord formera avec la galerie les grands appartements de l’Empereur; la partie au midi sera le grand appartement de l’Impératrice.
Les appartements des princes seraient dans les ailes du midi et du nord, ceux des grands officiers dans les bâtiments attenants. Il en coûtera :
Pour réparer et rétablir la partie bâtie par Louis XIV. 6,000,000
Pour la partie de Louis XIII, 400,000
Pour les écuries et la vénerie, 2,000,000
Pour le grand commun, 1,000,000
Pour les eaux extérieures, 800,000
Total, 10,200,000
Pour habiter Versailles, il en coûtera donc environ quatre millions, dont trois et demi sont déjà dépensés.
L’aile Gabriel est de mauvais goût; si l’on exécutait le projet en entier, le fond de la cour serait trop étroit et les deux allées parallèles seraient trop longues relativement à la largeur de la cour. Ce projet coûterait plus de douze millions et produirait un effet mesquin.
Si on laissait l’aile Gabriel telle qu’elle est, sans la pousser plus loin, il serait impossible de la raccorder d’une manière passable avec les constructions existantes ; on serait de plus forcé d’en construire une semblable en face.
Il en coûterait :
Pour terminer l’aile Gabriel, 1,500,000
Pour construire une aile semblable en face, 2,500,000
Total, 4,000,000
Ce serait quatre millions dépensés pour faire une chose qui serait universellement blâmée.
On objecte à cela que l’aile Gabriel a déjà coûté 1,500,000 francs ; mais, parce que Louis XV a mal dépensé 1,500,000 francs, ce n’est pas une raison pour mal dépenser quatre millions ; il serait préférable de démolir l’aile Gabriel; les matériaux vaudront au moins les frais de démolition.
Le projet de M. Fontaine place une colonnade au fond de la cour, mais cette colonnade, qui ne serait pas la moitié de celle du Louvre, n’a pas le caractère de grandeur convenable.
Une aile transversale que l’on construirait pour masquer la partie de Louis XIII rendrait les appartements sombres et tristes.
On pourrait construire un arc de triomphe qui annoncerait avec magnificence l’entrée du palais; pour en augmenter l’effet et le rendre plus pittoresque, on ferait au fond de la cour une percée par laquelle on apercevrait le ciel et de la lumière; mais, lorsqu’on serait arrivé sous l’arc de triomphe, on éprouverait un sentiment désagréable en ne voyant que des bâtiments gothiques.
Il faudrait que l’œil pût saisir de ce côté l’ensemble du palais; pour cela, il faut mettre à découvert autant que l’on pourra les faces des ailes du palais qui s’étendent sur les rues de la Surintendance et des Réservoirs.
Tout le monde convient que l’aile Gabriel a augmenté la difficulté du problème; il faut examiner si on ne la diminuerait pas en supprimant cette aile et celle qui est en face; cette suppression laisserait apercevoir que le palais a une grande étendue sur la droite et sur la gauche.
Sa Majesté a ordonné que M. le grand maréchal fera examiner cette question dans un conseil où seront M. Costaz, M. Fontaine, M. Gondoin et l’architecte du palais.
On examinera encore s’il ne conviendrait pas de construire de belles colonnades le long des ailes des ministres et une colonnade transversale qui se lierait avec les deux autres. Cet ensemble présenterait du côté de Paris une cour environnée d’un péristyle, qui pourrait avoir un caractère de grandeur.Trianon, 13 juillet 1811
DÉCISION
Mme Blanchard , qui a fait une ascension devant Leurs Majestés le jour de la fête de Saint-Cloud, a reçu 2,400 fr., prix convenu. Mais cette somme ne représente que la dépense de ses frais, et le feu d’artifice qu’elle a tiré est la première expérience de ce genre qui ait été exécutée, et elle a réussi. Peut-être Sa Majesté jugera à propos de la gratifier, et j’ai l’honneur de proposer de lui accorder 3,000 francs. | Accordé |
Trianon, 14 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Aussitôt que le fort de Figuières sera rendu, le général qui y commandait et les officiers supérieurs seront envoyés à la citadelle Perpignan, et l’on commencera une enquête sur la surprise de ce fort, pour voir où sont les coupables.
Assurez-vous auprès du ministre du trésor s’il a envoyé 1,400,000 francs pour solder l’armée de Catalogne.
Trianon, 14 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
J’ai lu avec attention le Mémoire que vous m’avez remis sur l’Irlande. Je désire, 1° connaître de qui il est; 2° connaître vos moyens d’entrer en matière avec les principaux du pays, afin que, lorsqu’une expédition de 60,000 hommes et portant 70,000 fusils et tout ce qui serait nécessaire se présenterait, on eût du secours, des correspondances, el qu’on sût à qui s’adresser. Poussez cette affaire vivement.
Trianon, 14 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je réponds à votre lettre du 13, bureau du matériel du génie. La somme de 23 millions pour le génie est de rigueur. Je vous prie de ne pas la dépasser. Si cela est nécessaire, réduisez le crédit des travaux de Rochefort à 250,000 francs, le crédit des tours à 400,000 francs; ce qui vous ferait une augmentation de 450,000 francs. Je n’ai demandé qu’on organisât au complet que les compagnies du train qui sont à Metz, destinées aux corps d’observation de l’Elbe, du Rhin, d’Italie. N’accordez aux bataillons de sapeurs et de mineurs, au lieu de 600,000 francs, que 400,000. Réglez-vous là-dessus, car je suis obligé à des dépenses considérables cette année. Je ne veux pas qu’on dépasse pour l’artillerie et le génie les sommes que j’ai réglées; et je prévois que je serai obligé de dépenser encore 500,000 francs pour les armées et les parcs.
Trianon, 14 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je réponds à votre lettre du 8 , bureau de l’artillerie. L’armée de Portugal paraissant prendre une position sur le Tage pourra facilement se pourvoir de Madrid et de Ciudad-Rodrigo; comme elle est réunie à l’armée du Midi, elle pourrait prendre une portion du matériel à Séville. Il est préférable, en général, de tirer du Midi. Faites préparer à Bayonne les 220 voitures nécessaires au corps d’observation de réserve.
Je suppose que le général Lacombe-Saint-Michel n’est pas dans le cas de prendre la direction de tout le matériel de l’armée d’Espagne. Dans ce cas, nommez le général Saint-Laurent.
L’armée de Portugal avait 1,300 chevaux; elle en a reçu 500 de la Garde, qui font 1,800; elle va en recevoir au 30 juillet et au 1er août 1,140 : elle aura donc près de 3,000 chevaux; c’est bien au delà de nos besoins.
L’armée d’Aragon reçoit 100 chevaux, et l’armée du Midi 200, qui leur seront utiles.
Les trois compagnies du 11e bataillon principal destinées pour l’armée du Midi, qui auront 200 hommes et 600 chevaux, partiront le 1er août; ce qui fera 800 hommes pour l’armée du Midi.
Quant au corps d’observation de réserve, les 500 chevaux du 4e bataillon bis qui se réunissent à Toulouse et qui seront prêts le 1er août, les 300 qui serviront les trois compagnies du 5e bataillon bis et qui seront prêtes le 12 août à Auch, et les deux compagnies du 3e bataillon principal qui seront prêtes à Toulouse le 10, formeront un total de 1,600 chevaux pour ce corps.
J’approuve la disposition de faire conduire à Burgos 100 charrettes à munitions, portant 200 milliers de poudre. Il y aura alors 370 milliers de poudre; ce qui est plus que suffisant.
Mais ici se présente cette question : Que doivent porter les 800 chevaux de l’armée du Midi ? N’y a-t-il point des bombes et des boulets à porter à cette armée ? Combien a-t-elle de cartouches à balles et à boulets ? et de quel calibre ? Cela est le premier besoin. Qu’est-ce que, de Burgos, les 1,140 chevaux destinés à l’armée de Portugal doivent atteler, et où feront-ils leur chargement ?
Quant au corps d’observation de réserve, on aura le temps de donner des ordres.
J’ai donné ordre au duc d’Istrie, et réitérez-le, d’évacuer sur Valladolid toute l’artillerie inutile de Salamanque et de Ciudad-Rodrigo.
Aussitôt qu’il sera arrivé de l’armée d’Espagne des hommes à pied du train, on pourvoira à leur donner des chevaux.
Résumé : Nous sommes au 14. Il devient urgent que vous donniez ordre de faire partir le 20 juillet, des dépôts d’Auch et de Toulon, ce qui doit former le premier convoi, savoir : les 100 chevaux de l’armée d’Aragon, les 200 de l’armée du Midi, les 1,140 de l’armée de Portugal, pour se diriger sur Burgos et de là où ils doivent aller prendre leur chargement.
Si vous envoyez haut le pied les chevaux de l’armée d’Aragon à Saragosse, prévenez-en le maréchal Suchet, afin qu’il prenne des mesures pour faire charger ce dont il a besoin. Les 800 chevaux destinés à l’armée du Midi ne devant partir que le 15 août, on aura le temps de recevoir des états et de savoir ce qu’ils doivent pour cette armée.
Quant aux chevaux destinés au corps de réserve, il faut à Toulouse et à Auch se reposer et s’organiser; on sera à temps de leur donner des ordres.
Pressez les commandants de l’armée du Nord, d’Aragon, de Portugal et du Midi de vous envoyer des états bien exacts de leur train et de leur artillerie.
Je vous prie d’envoyer ordre aux généraux commandant à Rennes et à Nîmes de passer la revue des compagnies d’artillerie des régiments d’infanterie qui se réunissent dans ces villes, et de les diriger sur Pau et sur Bayonne dès qu’ils seront en état, et de vous envoyer leur situation. Vous m’instruirez du jour où elles arriveront à Pau et à Bayonne et de la situation de leurs matériel et attelages. Je désirerais que ces compagnies pussent partir de Rennes et de Nîmes au 20 juillet. Cependant elles ne doivent partir que lorsqu’elles seront en état.
Trianon, 14 juillet 1811
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Un camp de 15,000 hommes doit être réuni à Utrecht et un de 6,000 dans la Frise. Faites-moi connaître ce que ces camps coûteront d’extraordinaire. Il y aura fort peu de chevaux.
Trianon, 14 juillet 1811
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Je reçois votre rapport du 10 juillet. Je vois qu’il faudrait encore 9,000 chevaux pour compléter à 40,000 chevaux l’effectif des régiments qui sont en Allemagne, au delà des Alpes et dans l’intérieur. Il en faudrait 3,000 pour la quatrième commande, 3,000 pour la cinquième et 2,600 pour le complément. Je ne compte pas dans ce moment faire cette nouvelle commande de 9,000 chevaux; et si pourtant les événements changeaient et que je me décidasse à faire de nouvelles commandes, j’accorderais la faculté de prendre jusqu’à des chevaux de huit ans et j’augmenterais le nombre proportionnel des juments; mais je ne consentirais pas à recevoir des chevaux de quatre ans. Je ne ferai une remonte aussi considérable que par suite des besoins du moment : or des chevaux si jeunes ne deviendraient bons qu’au moment de les réformer; ce serait une duperie : j’augmenterais mes dépenses sans augmenter mes moyens de faire la guerre.
Trianon, 14 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je reçois votre lettre du 12 juillet. J’apprends avec plaisir qu’enfin le génie militaire est arrivé, après deux ans de travaux et une dépense d’un demi-million, à la grande découverte que le radier de Flessingue n’a pas souffert. J’attendrai votre rapport et les projets du sieur Sganzin pour donner une décision. Le désir que j’aurais d’avoir les vaisseaux entrer tout armés ne peut pas être douteux; cependant il faut le subordonner à ce qu’il en doit coûter et au temps.
Trianon, 14 juillet 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, j’ai lu avec attention l’état des services des officiers et sous-officiers de votre corps d’armée. Je vois avec peine que presque partout il y a des sergents, des caporaux, etc., qui n’ont qu’un an de service. Faites-vous rendre compte de ces irrégularités et réitérez les ordres qu’aucun sous-officier ne soit nommé qu’il n’ait au moins trois ans de service. Je vois dans le 13e d’infanterie légère qu’il y a un sergent qui n’a qu’un an de service; qu’il y a dix-neuf caporaux qui n’ont que deux ans de service. Dans le 12e régiment de ligne, il y a un sergent qui n’a que six mois de service, etc. Cela ne pas être. Pourquoi toutes ces irrégularités ?
Trianon, 15 juillet 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, il est nécessaire de passer une lettre au ministre de Suède pour appuyer la plainte du vice-consul de Stralsund et demander vengeance du sang français qui a été répandu, vu qu’on ne peut regarder comme une satisfaction ce qui a été fait. Vous demanderez réparation de tous les outrages qu’on ne cesse de tolérer en Poméranie contre mon pavillon et l’assurance qu’ils ne se reproduiront plus à l’avenir.
Portez plainte au prince Schwarzenberg sur la partialité que montrent les généraux autrichiens en Pologne.
Écrivez au baron Alquier que je suis fâché des troubles de la Suède, mais que je ne puis que regretter que la Suède, sans aucun fondement, lève des troupes, inquiète le Danemark et tout le monde, dans l’état de délabrement où sont ses finances. Le baron Alquier doit, avec beaucoup de légèreté et avec toute la prudence convenable, influer pour que la cour de Suède prenne le ton qui convient à cette puissance, et pour que les Suédois se conduisent comme le comportent leurs circonstances, sans verve et sans passion.
Trianon, 15 juillet 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, il faudrait expédier un courrier en Russie pour répondre aux dépêches du comte Lauriston. Vous lui ferez connaître d’abord qu’il n’y a pas de bâtiments américains ; que tous les bâtiments prétendus américains sont anglais ou chargés pour le compte des Anglais; que les Anglais arrêtent les bâtiments américains et ne les laissent pas naviguer; que, si le ministre d’Amérique soutient le contraire, il ne sait ce qu’il dit.
Vous ferez connaître ensuite au comte Lauriston que nous attendons avec impatience que la Russie ait envoyé des pouvoirs au prince Kourakine ou à qui de droit, pour régler tout ce qui est relatif aux différends survenus entre les deux puissances au sujet du duché d’Oldenburg, et effacer l’apparence des brouilleries auxquelles la note de la Russie aux diverses cours a donné lieu ; que je suis prêt à diminuer la garnison de Danzig et à cesser des armements qui me coûtent beaucoup, si la Russie, de son côté, veut en faire autant; que, du reste, mes armements ne sont que défensifs et provoqués par ceux de la Russie.
Trianon, 15 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Mon intention est que vous supprimiez sur-le-champ les dépôts de Walcheren, de l’île de Ré et de Belle-Île. Les 5e bataillons des régiments de Walcheren, de Belle-Île et de l’île de Ré, feront fonction de dépôts; et les conscrits réfractaires, du moment qu’ils armeront, seront envoyés à ces 5e bataillons.
Il est convenable que vous ordonniez que les 1er et 2e bataillons du régiment de l’île de Walcheren soient conservés intacts, afin de les employer à la défense de l’île, et que désormais on ne retire plus aucun homme de ces bataillons pour les cadres de l’armée d’Allemagne. Ces hommes seront tous tirés des 3e, 4e et 5e bataillons.
Vous ordonnerez au général Gilly de composer ces deux bataillons des deux tiers au moins d’anciens Français, et d’en retirer insensiblement les hommes du département de l’Escaut pour les mettre dans les cadres qui doivent être dirigés sur l’armée d’Allemagne.
Les baraques du régiment n’ont pas de lits de camp. Cela serait important pour la santé du soldat.
Il faudrait aussi que le soldat ne but que de l’eau d’Anvers, porté dans des barriques. Cette première précaution n’a pas eu lieu. Mon intention est que vous donniez des ordres à ce sujet, et qu’à dater du 1er août mes troupes dans l’île de Walcheren ne boivent que de l’eau d’Anvers, que la marine fournira. Arrangez-vous avec la marine pour cela.
A dater du 1er août, on ne tiendra plus de troupes à Middelburg. Le 5e bataillon ou dépôt se tiendra à Flessingue. Trois bataillons seront campés sur les hauteurs. Les bataillons étrangers seront placés sur les différents points de l’île, de sorte qu’il n’y ait personne à Middelburg, qui est un pays malsain. Renouvelez les ordres pour que la paille soit donnée exactement et souvent.
Donnez des ordres pour que les soldats aient des capotes, au moins les hommes de garde.
Trianon, 15 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Réitérez l’ordre au général commandant en Corse de construire dans le golfe de Sagone trois batteries de dix-huit pièces chacune, qu’il tirera d’Ajaccio et de Calvi. Il est nécessaire que ces batteries soient armées dès le mois de septembre, afin que les bâtiments de Toulon puissent recommencer leur chargement de bois dès l’équinoxe. Ordonnez que, des quatre compagnies de garde-côtes corses que je solde, il y ait toujours un quart de service à ces batteries, c’est-à-dire 25 hommes à chaque compagnie; ce qui fera 100 hommes , qui seront suffisants pour servir ces trois batteries. Ordonnez la construction de trois tours du deuxième modèle pour chacune de ces batteries. Ces batteries doivent d’abord être composées de quinze pièces de canon de 24 et 36, sur affûts de côte, et de trois mortiers. Elles ne seront donc armées que de cinq pièces chacune, d’un calibre de 24 ou supérieur, et d’un mortier. Il y a à Calvi et à Ajaccio une artillerie considérable qui sera fort bien employée là. Les compagnies de garde-côtes corses ne servent à rien ; je voulais les licencier, mais moyennant ce service, on pourra les conserver. Aussitôt que les transports de la marine prendront plus d’importance pour l’exploitation des bois, la marine enverra dix-huit pièces de 36 et six mortiers pour les mieux armer.
Donnez ordre qu’on répare sans délai le château de Carghese, et qu’un bataillon de la Méditerranée puisse s’y loger et avoir toujours 200 hommes de service à la batterie. Vous ordonnerez qu’on fasse des baraques en bois sur une hauteur où pourront loger ces 200 hommes. Il faut qu’un capitaine en second d’artillerie de ligne se tienne toujours à ces batteries, qui, à mesure que les établissements de la marine prendront de l’accroissement, exciteront l’envie des Anglais. Mais, du moment que les trois tours seront construites, il n’y aura plus rien à craindre.
Si vous avez dans vos bureaux d’artillerie et du génie des projets pour mettre cette rade à l’abri, faites des recherches et remettez-moi cela sous les yeux. II serait convenable de choisir un endroit sain où l’on établirait une colonie, qui serait un commencement de bourg; car la dépense considérable que la marine doit faire pour l’exploitation des forêts donnera nécessairement naissance à une population.
Trianon, 15 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Le budget de la marine pour Venise est de trois millions. Comme je retire de nouvelles troupes d’Italie, que j’y ai beaucoup d’argent, que le change d’Italie sur Paris perd 5 pour 100, et qu’il est impossible de retirer cet argent, je désirerais que vous dépensassiez six millions de plus à Venise et à Trieste, partie en accélérant les constructions françaises de Venise, partie en mettant un vaisseau et une frégate sur les chantiers à Trieste, partie en achetant de préférence une plus grande partie de chanvre de Bologne, de cuivre d’Italie et d’autres objets des mines d’Illyrie. Tout cela est fort important et je vous prie de me faire un rapport là-dessus. Aujourd’hui que le général Bertrand est arrivé, et que le pays a pris une organisation régulière, tout cela pourra marcher promptement.
Trianon, 15 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Le Rivoli, le Mont-Saint-Rernard et le Régénératore sont en mer à Venise. Il est nécessaire d’envoyer un officier supérieur intelligent, capable de commander ces trois vaisseaux. Le Regeneratore sera monté par la marine italienne; vous n’avez rien à fournir. Il est nécessaire que la maistrance du Saint-Bernard et le capitaine de vaisseau soient envoyés sans délai. Mon intention serait, si ces vaisseaux peuvent sortir, ce que le vice-roi qui se rend sur les lieux va vérifier, de les faire toucher à Pola ou Ancône, de les gréer et de les diriger sur Toulon, où ils finiront de se former parfaitement ; ce qui portera la force de mon escadre de Toulon à vingt et un et vingt-deux vaisseaux.
On fournira d’excellentes garnisons françaises à Venise.
Envoyez la note du nombre de canonniers qu’ils doivent avoir.
Il faut donc avoir un capitaine de vaisseau pour le Rivoli, un pour le Saint-Bernard et un ancien capitaine de vaisseau, espèce de contre-amiral, pour commander les trois vaisseaux.
Trianon, 15 juillet 1811
Au général comte Bertrand, gouverneur général des Provinces Illyriennes, à Laibach
Monsieur le Général Comte Bertrand, écrivez-moi sur le château de Laibach et faites-moi connaître votre opinion. Y a-t-il quelque chose à faire au château de Trieste ? Transportez-vous à Trieste pour visiter les fortifications de cette place. En allant à Trieste, visitez mes magasins de vif-argent, et faites-moi connaître si, en donnant des licences, je trouverai à vendre ce produit et à l’exporter. Il est nécessaire qu’à Trieste vous jetiez un coup d’œil sur la marine. Il s’y trouve d’abord deux vaisseaux de ligne russes que nous a cédés la Russie; que faut-il en faire ? Il y a la frégate la Corcyre et la corvette le Diomède; ces deux bâtiments doivent être armés en flûtes, avec leur artillerie à fond de cale, et porter du blé à Corfou. Trouverait-on un beau bâtiment de transport de 8 à 900 tonneaux pour joindre à ces deux flûtes ? Le blé est-il bon marché à Trieste ? Combien coûte le quintal ? Espère-t-on qu’il baissera d’ici à la fin d’août ? Quels sont les bâtiments armés qui appartiennent à la marine illyrienne ? Quels sont les bâtiments qui sont en construction ? Pourrait-on construire un vaisseau de 80 et une frégate ? Trouverez-vous à traiter pour la coque de ces bâtiments avec des négociants du pays et par douzièmes ? Si cela est possible, passez ce marché. Indépendamment de l’avantage d’avoir un vaisseau de plus, et d’utiliser le fer et le cuivre du pays, je remplis le but de donner du travail au pays. Ces travaux sont restés en stagnation à cause de l’interrègne. Passez huit ou dix jours à Trieste et mettez tout cela en mouvement.
Trianon, 15 juillet 1811
Au général comte Bertrand, gouverneur général des Provinces illyriennes, à Paris
Monsieur le Comte Bertrand, je reçois votre lettre du 6. Je ne sais pas pourquoi vos lettres restent huit jours en route. II me semble qu’il y a des estafettes ; je devrais recevoir vos lettres en six jours.
Je destinais les deux bataillons croates à partir avec le 8e léger, pour faire partie du corps d’observation d’Italie. Les événements devenant pacifiques du coté du Nord, ces deux bataillons resteront dans l’Illyrie. Proposez pour le régiment croate d’Ogulin, en place du sieur Serrant, un officier qui convienne. Le sieur Tromelin part pour reprendre le commandement de son régiment, dans lequel je l’ai confirmé. On emploiera le sieur Serrant en France. Aussitôt que vos gibernes et vos shakos, etc., seront arrivés, mandez-le-moi. Si dans un mois ils n’étaient pas arrivés, écrivez-en au ministre de l’administration de la guerre. Faites tout ce qui est nécessaire pour mettre ces corps sur un bon pied. Les deux bataillons croates iraient-ils volontiers au Nord ?
Il est important que vous visitiez Zara et Raguse. Vous connaissez mes projets sur Raguse. Je voudrais en faire un point de résistance que nous puissions garder, même si l’ennemi venait sur l’Adige. Je vous autorise à commencer à faire travailler à Zara ; je me repose pour cela sur votre jugement. Faites également continuer à travailler aux chemins.
Voyez s’il serait possible de faire une expédition sur Lissa, où les Anglais paraissent vouloir s’établir.
Il est convenable que la garnison de Raguse ne soit pas composée seulement de Croates; il faut y mettre des Français et des Italiens. Vous me ferez connaître la situation du bataillon italien qui est à Raguse.
Tôt ou tard, je désire détruire l’influence de l’évêque des Monténégrins. Avec 6,000 Croates et deux bataillons français, ce qui ferait 7 à 8,000 hommes, auriez-vous des forces suffisantes pour venir à bout de ces gens-là ? Quels seraient les plans à adopter, et quelle est la saison la plus avantageuse pour faire cette expédition ?
Je suppose que vous avez noué vos relations avec le pacha de Bosnie et avec vos voisins.
Trianon, 15 juillet 1811
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils, voilà le moment des chaleurs. Je suppose que toutes mes troupes sont campées dans des lieux sains et qu’il n’y a aucun Français à Venise, à Legnano, à Palmanova ni sur le Pô, et qu’ils sont tous sur les montagnes. Vous devrez mettre, de préférence, les Italiens dans ces endroits; ils sont acclimatés et font d’ailleurs un service qui leur est plus propre.
Trianon, 15 juillet 1811
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils, écrivez au général Bertrand qu’il serait bien importait de s’emparer de l’île de Lissa; pour cela il aurait besoin de balancelles ou canonnières; il vous serait facile de les fournir; entendez-vous avec lui. Il serait malheureux d’y laisser les Anglais, qui finiraient par établir des fortifications qui les rendraient maîtres de ce point important; au lieu qu’en y débarquant un bon colonel et 7 à 800 hommes, en profitant de l’absence des croisières, on est sûr de s’en emparer. Vous pouvez disposer pour cela des canonnières destinées à la garde de Venise. Écrivez directement au général Bertrand et faites cette opération de concert. Le Rivoli, le Mont-Saint-Benard, le Régénératore sont à l’eau ; c’est donc le moment d’essayer de faire aller ces deux vaisseaux à Pula ou à Ancône. Quand l’Uranie sera-t-elle armée ? Les travaux de Venise ont-ils l’activité convenable ? Je suppose que le ministre de la marine de France vous a payé ce qu’il vous devait. Si cela ne tenait qu’à l’argent, je dépenserais volontiers quelques millions de plus dans le chantier de la France à Venise : j’atteindrais le double but d’accroître ma marine, de répandre de l’argent en Italie et de donner de l’occupation à Venise. Faites-moi connaître ce qu’il y a à faire là-dessus. Le Rivoli, le Saint-Bernard, le Regeneratore ont-ils leurs mâts, leurs canons ? Ne leur manque-t-il rien ? Je vois qu’au 22 juin le Duquesne, le Montenotte et l’Arcole n’étaient qu’aux 3 vingt-quatrièmes.
Il serait pourtant essentiel d’avancer un de ces vaisseaux de manière qu’au commencement de 1812 on pût mettre à l’eau le Castiglione et le Duquesne. Le Lombardo n’est qu’aux 2 vingt-quatrièmes; c’est bien peu de chose. En supposant que le Saint-Bernard, le Rivoli, le Regeneratore fussent cette année à Ancône et à Pula, il faudrait que le Castiglione, le Duquesne et le Lombardo y fussent l’année prochaine. Donnez la plus grande activité aux coupes des bois, aux transports et à tous les travaux de l’arsenal.
Trianon, 18 juillet 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, par le courrier que vous expédiez en Russie, il est nécessaire d’instruire, confidentiellement et pour sa gouverne, le comte de Lauriston que les 4e et 6e bataillons des régiments du corps d’armée que commande le prince d’Eckmühl rejoignent cette armée; que cette mesure est nécessitée par le besoin de réunir les régiments; que c’est bien une trentaine de mille hommes de plus qui vont se trouver dans la 32e division militaire, où les vivres sont à très bon marché, mais que cela ne forme pas un régiment de plus, que les 3e bataillons de la brigade de Westphalie, qui est à Danzig, étaient en marche pour rejoindre leur brigade; que j’ai jugé à propos de leur donner contre-ordre, me conformant au désir que parait avoir l’empereur de Russie que la garnison de Danzig ne soit pas augmentée.
Trianon, 18 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Témoignez mon mécontentement au colonel du 9e de cuirassier, qui a envoyé à la Garde un mauvais sujet qui avait été trois mois en prison. Ordonnez-lui les arrêts pour vingt-quatre heures et mettez-le à l’ordre de l’armée. C’est me manquer essentiellement que d’envoyer des mauvais sujets dans ma Garde.
Donnez ordre que le choix des hommes destinés pour la Garde soit fait par les inspecteurs, et que désormais ils en désignent vingt par régiment de cavalerie et vingt par régiment d’infanterie, sauf à faire sur ces vingt l’appel de ce qui sera nécessaire.
Trianon, 18 juillet 1811
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de L’administration de la guerre, à Paris
Les bois des 125 selles que vous avez envoyées à Niort ne sont pas ferrés aux fourches de devant et de derrière.
Trianon, 19 juillet 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, je vous envoie un rapport qui m’est fait par le ministre du trésor. Je donne ordre que les 1,537,000 francs que doit le royaume de Naples soient convertis en lettres de change payables, savoir : 400,000 francs en août, 500,000 francs en septembre, 500,000 francs en octobre et 137,000 francs en novembre Vous passerez une note au ministre de Naples pour lui notifier cette disposition, et vous lui porterez plainte de ce que le Roi ne tient aucun de ses engagements; que les traités ne sont pas exécutés, et que ceux qu’il fait avec moi doivent l’être ponctuellement. En causant avec ce ministre, faites-lui comprendre combien la conduite de sa cour est ridicule, et qu’elle se rit sans doute des qu’elle prend avec moi.
Trianon, 19 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je désire que le camp d’Utrecht se forme dans la première quinzaine d’août. Mais au lieu de camper les troupes je désirerais les faire cantonner. Envoyez un adjudant commandant à Utrecht, et faites-moi connaître comment étaient cantonnées les troupes du général Marmont. Il faudrait qu’avant tout la position fut très saine. Envoyez, un autre adjudant-commandant pour le camp d’Ost-Frise. La première condition est que l’emplacement soit sain : fût-il éloigné d’une journée de la mer, ce serait peu important. Il devient pressant d’avoir des rapports précis là-dessus, afin que l’ordre de mouvement soit donné et qu’on sache où placer les troupes.
Remettez-moi également des renseignements sur le nombre de baraques qui existent encore à Boulogne, pour les réparer, sur la quantité de couvertures et effets de campement des magasins de Boulogne et sur la manière dont seront placées les troupes que j’y destine.
Trianon, 19 juillet 1811
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de L’administration de la guerre, à Paris
L’hôpital de Middelburg parait mériter toute votre attention. On le dit bien mal situé et bien mal administré.
Trianon, 19 juillet 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, je vous ai recommandé hier de faire faire une marche rétrograde aux deux 3e bataillons de la brigade westphalienne. Faites-les diriger sur Glogau s’ils ont passé l’Oder, et sur Magdeburg s’ils sont atteints avant qu’ils aient passé l’Oder. Je vous ai fait connaître dans quel but ce mouvement était fait. Mon but est de diminuer l’effet que produira nécessairement la grande quantité de troupes qui vont arriver à Hambourg. La formation de la 5e division n’échappera pas aux Russes. Pour que cela ne soit pas un sujet d’alarmes pour eux, je désire que vous laissiez percer qu’une de ces divisions va rentrer en France. Faites répandre des bruits pacifiques, tels que celui de la rentrée prochaine de troupes en France, de la diminution de la garnison de Danzig, etc. Tout ce qui peut tendre à diminuer les alarmes des Russes est dans mon système.
Trianon, 19 juillet 1811
DÉCISION.
Le ministre de la police expose que plusieurs membres du clergé de France sont sollicités à se rendre en Amérique pour l’y établir. Le ministre demande ce qu’il faut faire de ce mouvement | L’encourager tant que l’on pourra; y envoyer les prêtres les plus fanatiques. |
Trianon, 20 juillet 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, faites connaître au prince Kourakine, dans une conversation, qu’un régiment de Bade, un régiment de Hesse-Darmstadt, un régiment du grand-duché de Berg et deux bataillons westphaliens ont passé ou sont en marche pour passer l’Oder et aller augmenter la garnison de Danzig ; mais qu’après les dernières lettres du comte Lauriston, annonçant qu’on montre en Russie le désir que la garnison de Danzig soit diminuée et que quelqu’un va enfin avoir des pouvoirs pour lever toutes les difficultés, j’ai ordonné que ces corps ne passassent pas l’Oder ou que, s’ils l’avaient passé, ils rétrogradassent. Faites connaître ces détails au comte Lauriston. Instruisez-le que tous les convois en route pour Danzig et pour l’armée d’Allemagne sont en marche par suite d’ordre donnés depuis longtemps; que le mouvement même des corps dont il est question ci-dessus est la conséquence d’ordres donnés il y a quatre mois; que ces mouvements n’ont eu lieu qu’à l’aspect des préparatifs et des armements de la Russie et des dispositions peu pacifiques qu’elle a montrées dans l’affaire du duché d’Oldenburg, en remettant à ce sujet une espèce de manifeste aux différentes puissances ; que nous attendons toujours que des pouvoirs soient donnés à quelqu’un à Paris pour terminer ces affaires.
Trianon, 20 juillet 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, je reçois votre lettre. Je vois que sur 1,350 conscrits, 1,200 vous sont arrivés. Je considère cela comme un bon résultat.
Je vous envoie une lettre de l’architrésorier, qui vous fera connaître qu’une partie des déserteurs est déjà reprise. Je donne des ordres pour que l’on prenne des mesures relativement à la solde, et que désormais elle ne manque plus en route. Je suppose que vous avez sur-le-champ donné l’ordre de répartir ces hommes dans les différentes compagnies et de les soumettre à une surveillance spéciale. J’en aurai 6,000 autres à vous envoyer. On m’assure que ce sont de beaux hommes; faites-moi connaître si vous en êtes satisfait et si leur habillement et leur équipement sont en bon état.
J’attends avec intérêt ce que vous aurez à me dire sur les petits bataillons des îles de Goeree et de Schouwen. Les compagnies des 6e bataillons, qui forment, je crois, 2,500 hommes, partiront à la fin d’août. Si le mouvement de tous les conscrits sur votre armée réussit, il sera possible que je vous envoie le régiment de l’île de Walcheren, pour être incorporé dans vos bataillons et les porter par ce moyen au grand complet, c’est-à-dire à 4,000 hommes par régiment. Il est bien entendu que les officiers et sous-officiers de ce régiment seraient, après l’incorporation, renvoyés a l’île de Walcheren. On me rend compte que vos troupes sont très belles; mais il est nécessaire qu’elles le soient, et que l’instruction se pousse parmi les officiers, sous-officiers et soldats avec une grande activité, puisque votre corps est une des principales ressources de l’Empire contre des évènements du côté du Nord.
Écrivez à vos généraux de division de passer des revues et de faire manœuvrer en tâchant de réunir les cinq bataillons de leurs régiments. Vous n’aurez que trois compagnies de grenadiers et voltigeurs par régiment; mais je me réserve, quand il en sera temps, de vous autoriser à former les autres compagnies. Je pense que ces conscrits réfractaires seront meilleurs que les autres conscrits; ce sont des hommes de vingt-deux, vingt-trois et vingt-quatre ans; mêlés à vos soldats , ils prendront le goût du service.
Les trois compagnies du 12e bataillon des transports militaires sont parties de Strasbourg pour vous rejoindre. Ainsi vous aurez bientôt 250 voitures d’équipages militaires et près de 100 qui appartiennent aux corps; ce qui fera 350 voilures. C’est plus que jamais il n’y en a eu à aucune armée.
Recommandez aux généraux qui commandent les cuirassiers et la cavalerie légère de passer des revues et de faire manœuvrer. Nous voilà bientôt en septembre : c’est le temps favorable des manœuvres et des exercices. Je suppose que chacun de vos régiments a une forge de campagne; vous savez combien cela est important. Tenez la main à ce que chaque régiment ait la sienne.
Veillez bien à ce qu’on ne fasse aucun sergent ni caporal qu’il n’ait été à Wagram, c’est-à-dire qu’il n’ait fait la guerre. Donnez-en l’ordre exprès dans votre corps d’armée, et qu’on ne puisse y déroger sans un approuvé de vous: Il est ridicule de voir des colonels faire sergents des soldats de six mois.
Je vous recommande de tenir en réserve les outils du génie qui sont attelés et de vous servir des outils du pays pour les ouvrages que vous faites faire sur les côtes, afin que, si vous veniez à partir, vous soyez garni de tout ce qui vous est nécessaire.
Je suis instruit que l’artillerie n’a pas tous les effets de qu’elle devrait avoir. Recommandez que les flambeaux, les haches et les autres rechanges soient tenus en règle et avec la plus grande exactitude.
J’ai déterminé trois espèces de tours pour fermer à la gorge les batteries de côte. Faites-moi connaître les batteries que vous faîtes construire, leur situation, leur force et leur importance.
Écrivez au gouvernement de la Poméranie que j’ai demandé à être instruit de la satisfaction qui me sera faite pour le sang qu’on a répandu en Poméranie.
Envoyez-lui un officier.
Trianon, 21 juillet 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, passez une seconde note au ministre de Suède pour se plaindre de ce que les Anglais font de l’eau dans l’île de Rügen, sans que les Suédois s’y opposent. Témoignez mon mécontentement de cette conduite.
Trianon, 21 juillet 1811
Au général Savary, duc de Rovigo, ministre de la police générale, à Paris
Je ne comprends rien à la lettre d’Amsterdam ni à votre lettre. Il faut parler plus clair. Il n’y a aucune mesure d’exception pour la Hollande : aucun passager ne doit pouvoir s’y embarquer pour l’Angleterre; aucun ne peut y arriver d’Angleterre. On ne peut aller en Angleterre qu’avec un passeport signé de moi, contresigné du secrétaire d’État et signé de vous. Donnez des ordres positifs là-dessus, et que tout voyageur allant ou venant d’Angleterre sans un passeport de moi soit arrêté. Je ne comprends pas ce qui peut avoir donné lieu à tout cet imbroglio.
Trianon, 21 juillet 1811
NOTE POUR M. BARBIER, BIBLIOTHÉCAIRE DR L’EMPEREUR, À PARIS.
L’Empereur désire que M. Barbier fasse des recherches pour réunir tout ce qui a été présenté par les évêques à l’Assemblée Constituante en 1790, et ce qu’ils ont proposé pour parer le coup de la constitution civile du clergé.
Trianon, 22 juillet 1811
Au comte Bigot de Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Monsieur le Comte Bigot Préameneu, il est nécessaire que vous fassiez demander à M. l’archevêque de Tours et aux évêques de Nantes et de Trêves les originaux des pouvoirs de chancellerie et les originaux des instructions, lettres et pouvoirs signés de moi qu’ils avaient pour négocier avec le Pape. L’usage est de remettre ces pièces originales sans en tirer copie. S’il en avait été tiré copie, il faudrait indiquer dans quel lieu elles se trouveraient.
Vous ferez connaître en confidence à ces évêques que je désire qu’ils adhèrent comme les autres, afin de ne point se séparer de la masse des évêques.
Je suppose que vous avez tous les procès-verbaux du concile et le sceau , s’il y en a eu.
Trianon, 22 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je reçois votre rapport. Je vous renvoie les pièces originales. La somme de 80,000 francs me parait trop forte pour la sacrifier au Helder. Quant à celle de 1,100,000 francs à Utrecht, je ne conçois pas comment on peut l’employer. On pourrait presque avec cette somme bâtir des casernes permanentes qui dureraient deux cents ans. Il faut donc y renoncer. Je préfère cantonner les troupes à Utrecht et aux environs, dans les endroits les plus sains; cela ne coûtera rien et j’aurai l’avantage que ces troupes pourront se réunir promptement pour les manœuvres, et qu’elles seront dans un pays très sain.
Le rapport sur Boulogne ne me parait pas clair. II y a des camps à Boulogne ; comment les troupes sont-elles campées ? J’accorde les 10,000 francs pour camper le nombre de 12,000 hommes; ce qui, avec les 8,000 déjà campés, fera 20,000 hommes. Je ne puis pas accorder des sommes aussi considérables que celles que l’on demande. Il faut me faire connaître quelle est la partie de l’ancien camp qu’on pourrait réparer avec 50,000 francs, et combien on pourrait y loger de monde.
Quant au camp du coté d’Emden, j’approuve qu’il soit placé dans les landes, qui est un endroit sain. Il n’y a pas moyen de cantonner puisqu’il y a trop peu de villages; mais on pourrait ne pas camper, car je crains que les baraques ne coûtent des sommes trop considérables.
Donnez des ordres conformes à cette décision ; il n’y a pas de temps à perdre, car j’attache une grande importance à ce que mes troupes quittent les bords de la mer pour cantonner dans des pays sains.
Trianon, 23 juillet 1811
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de L’administration de la guerre, à Paris
Monsieur le Comte de Cessac, je reçois de Saintes les plaintes suivantes : les selles venues de Paris sont mal confectionnées ; au lieu d’être rembourrées avec trois parties, en paille, bourre et crin, elles ne le sont qu’avec de la paille et de la bourre; on ne met un peu de crin qu’aux coussinets pour faire croire qu’il y en a partout ; les panneaux sont trop courts. Les officiers se plaignent de la nouvelle sellerie; elle est aussi mauvaise qu’à l’époque où régnait le plus grand désordre par suite de mauvaise administration. Donnez l’ordre au général Guyot de se rendre dans les magasins, avec les deux officiers les plus expérimentés de son corps, pour vérifier ces faits. Faites faire des retenues à l’entrepreneur coupable de fraude. Je dépense beaucoup d’argent, je paye avec exactitude, je veux que les fournisseurs livrent de bons effets; je préférerais ne rien avoir que d’avoir du mauvais.
Trianon, 23 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je vous prie de me présenter un projet de décret pour former trois bataillons de 800 hommes, un à Cherbourg, un à Boulogne et l’autre à Anvers. Ces bataillons seront composés de six compagnies, chaque compagnie de 140 hommes; ce sera des bataillons de conscrits ouvriers. Le général Dumas sera chargé de les fournir sur l’appel de la réserve; 500 seront fournis à chaque bataillon sur l’appel de l’intérieur, qui se met en marche en septembre, et le complément sera fourni par l’Illyrie, Rome, la Toscane, la 32e division militaire, etc.
Saint-Cloud, 25 juillet 1811
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, j’ai lu avec attention votre rapport du 21 juillet. Il en résulterait que 53,332,000 francs seraient envoyés en Espagne pour 1810 et 1811, en supposant le septième convoi parti ; que sur cette somme les corps auraient reçu vingt-neuf millions pour 1810, el seulement 22,600,000 francs pour 1811. Il resterait donc à envoyer 1,400,000 francs pour compléter les vingt-quatre millions de 1811 ; d’où il résulte qu’en supposant le septième convoi parti, et il partira en août, il ne reste plus de fonds pour l’armée d’Espagne. Il faudrait donc entamer les dix millions de réserve de 1810 et les dix millions de réserve de 1811. En supposant le septième convoi parti, il resterait à envoyer en Espagne: 1° les 1,400,000 francs restant des fonds faits, 2° les dix millions de réserve formant le supplément de crédit de 1810, et 3° les dix millions formant le supplément de crédit de 1811 ; total, 21,400,000 francs; ce qui probablement suffira pour achever de solder toute l’armée d’Espagne. Je vois qu’en outre l’armée d’Espagne aura reçu quarante-six million en 1810 et 1811 provenant des contributions espagnoles, probablement, dans les six derniers mois de 1811, on recevra au moins vingt-quatre millions ; ce qui fera soixante et dix-sept millions qu’on aura perçus en Espagne. Faites-moi connaître quelle est la partie de cette somme qui a été allouée à la solde. Faites-moi connaître également si les 21,400,000 francs seront suffisants pour compléter le payement de la solde. Enfin, présentez-moi un projet de décret pour affecter sur les dix millions de 1810 quatre millions pour un huitième convoi, et ainsi de suite. Je suppose que dans le budget de la guerre pour 1811 on a mis dix millions pour fonds de réserve des services en Espagne.
Saint-Cloud, 25 juillet 1811
Au comte Bigot de Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Monsieur le Comte Bigot Préameneu, je vous renvoie des pièces que je reçois du cardinal Fesch, pour joindre à celles que vous avez. Je désire que ce soir, à quatre heures, vous vous rendiez à Saint-Cloud, avec tous les papiers relatifs au concile, toutes les lettres que les évêques ont écrites au Pape dans diverses circonstances, tous les documents relatifs à ces affaires, enfin avec tous les actes particuliers d’adhésion que vous avez reçus. Menez avec vous le ministre des cultes d’Italie, qui portera les pièces qu’il a du royaume d’Italie.
Saint-Cloud, 25 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
J’ai ordonné que les fortifications de la ville de Middelburg fussent rasées. Faîtes-moi un rapport sur la question de savoir qui, de la ville ou de la guerre, doit opérer la démolition. Il serait urgent de démolir d’abord la partie qui peut assainir la ville, surtout du côté de l’hôpital.
Saint-Cloud, 25 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, Anvers, Boulogne et Cherbourg sont trois points d’où mes armées doivent menacer l’Angleterre et l’Irlande et se coordonner entre elles. Dès le 15 septembre 1811, ces trois expéditions doivent donner de l’inquiétude aux Anglais; au 15 septembre 1812 elles doivent présenter un développement encore plus considérable; enfin, au 15 septembre 1813, elles doivent être complètes et avoir le caractère offensif au plus haut degré.
A Anvers, au 15 septembre prochain, on aura quinze vaisseaux de guerre, deux frégates, trois bricks ou corvettes, formant vingt bâtiments qui porteront 8,500 hommes de troupes; plus trois vaisseaux hollandais portant 3,000 hommes, quatre frégates armées en flûtes portant 2,000 hommes, et trente-six canonnières portant 3,000 hommes; total, une expédition de 16 à 17,000 hommes. Ces bâtiments ne pouvant porter au plus que 150 chevaux, il faudrait y joindre les bâtiments nécessaires pour porter 1,000 chevaux. Si les quatre frégates armées en flûtes et les grosses corvettes hollandaises, qui marchent mal, pouvaient être installées en écuries, ce serait une opération avantageuse.
En octobre 1812, vingt-quatre vaisseaux de guerre, quatre frégates, trois bricks ou corvettes; total, vingt-huit bâtiments portant 14,000 hommes ; huit bâtiments hollandais portant 8,000 hommes; six frégates hollandaises armées en flûtes ou écuries, portant 3,000 hommes; trente-six canonnières portant 3,600 hommes; ainsi, en 1812, l’expédition de l’Escaut pourrait porter 25 à 30,000 hommes et se composerait de gros transports en suffisance pour porter 2,000 chevaux.
Enfin, en 1813, l’expédition de l’Escaut se composerait de trente vaisseaux, six frégates et six bricks ou corvettes, portant 16,000 hommes, dix bâtiments hollandais portant 10,000 hommes, six frégates hollandaises armées en flûtes portant 3,000 hommes, trente-six canonnières portant 3,000 hommes, et des écuries pour 3,000 chevaux; ce qui formerait alors le maximum de l’opération. Il y aurait de plus trois vaisseaux qui seraient lancés à cette époque; mais on suppose qu’ils ne seraient pas encore armés ; à la rigueur, ils pourraient l’être au mois d’octobre ou de novembre suivant.
Ainsi donc l’expédition de l’Escaut pourrait porter, en 1811, 10,000 hommes et 1.000 chevaux ; en 1812, 25 à 30,000 hommes et 1,500 chevaux; en 1813, 36,000 hommes et 3,000 chevaux.
BOULOGNE. Au 1er septembre prochain, la flottille de Boulogne doit, conformément à mon décret du 3 juillet, avoir les trois quarts de ses bâtiments prêts à passer en Angleterre.
En 1812, toute cette flottille, composée de 10 prames, quatre-vingt-une chaloupes canonnières, cent trente-cinq bateaux canonniers, cent trente-cinq péniches et trente-trois caïques, bombardes, mouches, cutters, etc., pouvant porter 30,000 hommes, doit être en état de partir.
En 1813, cette flottille devra pouvoir porter 40,000 hommes.
CHERBOURG. En septembre 1811, l’expédition de Cherbourg se composera de deux vaisseaux , deux frégates et deux bricks pouvant porter 1,700 hommes et 14 chevaux; de deux flûtes et trois prames, portant 1,800 hommes et 100 chevaux; de dix-huit canonnières portant 1,800 hommes et 36 chevaux; enfin de dix mouches, cutters, goélettes et bâtiments légers portant 900 hommes et 18 chevaux; ce qui fait un total de quarante bâtiments portant 6,000 hommes et plus de 200 chevaux. Il y aurait de plus quarante péniches, qui n’auraient pas d’équipages, chaque péniche étant attachée à un bâtiment qu’elle suivrait à la remorque; ce qui, avec les grosses chaloupes des bâtiments, mettrait à même de débarquer 3,000 hommes à la fois sous la protection des canonnières. Chaque péniche marcheuse serait armée d’une caronade ou d’une pièce de 4. Les six bâtiments de guerre existent à Cherbourg et au Havre; les flûtes et les gabares existent également. Quant aux chaloupes canonnières, douze existent, en y comprenant les cinq qui ne sont pas armées; six autres seraient envoyées de Boulogne. Il n’est plus question que d’avoir les quarante péniches. Provisoirement on se servirait de ce qui est à Cherbourg, à Granville et au Havre. Mais vous en mettriez cinq en construction à Granville et au Havre, sur différents modèles.
II faut que ces péniches puissent débarquer 50 à 60 hommes. Cette expédition doit être prête à partir dans les premiers jours de septembre.
En 1812, on aura de plus deux vaisseaux, actuellement sur le chantier, et les quatre vaisseaux de Lorient qu’on enverrait à Cherbourg, ce qui ferait huit vaisseaux de guerre; les frégates du Havre et de Cherbourg qu’on terminerait; une de Saint-Malo et deux de Nantes, ce qui ferait six; deux autres bricks, ce qui ferait quatre. En 1812, on aurait donc vingt-deux bâtiments de guerre portant 6,500 hommes et 44 chevaux ; deux flûtes et trois gabares existantes portant 1,800 hommes et 160 chevaux; cinq flûtes ou gabares-écuries, portant 1,500 hommes et 250 chevaux ; dix-huit canonnières et dix bâtiments légers; total, 12,000 hommes et 600 chevaux.
En 1813, on y joindrait deux vaisseaux mis à l’eau à Cherbourg et deux de Lorient ; ce qui ferait douze vaisseaux de guerre et dix frégates. Cette augmentation ferait, au lieu de vingt-deux bâtiments, vingt-six, qui porteraient 8,000 hommes. On porterait à vingt le nombre des flûtes et gabares, de manière à pouvoir y embarquer 6,000 hommes et 1,000 chevaux. Les canonnières resteraient au nombre de dix-huit et les bâtiments légers au nombre de dix; ce qui ferait 18,000 hommes et 1,500 chevaux. Vous remarquerez que tous les bâtiments de cette expédition sont de gros bâtiments, hormis les dix-huit canonnières, qui sont indispensables pour protéger le débarquement. Quant aux péniches, chaque vaisseau de guerre en aurait deux et chaque autre bâtiment une.
Ainsi, d’après ce plan, en septembre 1811, j’aurai de quoi embarquer : à Anvers, 16,000 hommes et 1,000 chevaux; à Boulogne, 30,000 hommes et 1,500 chevaux, à Cherbourg, 8,000 hommes et 200 chevaux; total, 54,000 hommes et 3,000 chevaux.
En 1812, j’aurai à Anvers de quoi transporter 26,000 hommes et 2,000 chevaux; à Boulogne, 30,000 hommes et 2,000 chevaux; à Cherbourg, 12,000 hommes et 1,000 chevaux; total, 70,000 hommes et 5,000 chevaux.
En 1813, l’expédition pourra être : à Anvers, de 36,000 hommes et 3,000 chevaux; à Boulogne de 40,000 hommes et 2,000 chevaux; à Cherbourg, de 18,000 hommes et 2,000 chevaux; total, 100,000 hommes et 7,000 chevaux, maximum de ce qu’il est nécessaire d’avoir indépendamment de la Méditerranée.
J’avais d’abord projeté de réunir la troisième expédition à Brest, au lieu de Cherbourg. Mais, pour cette année, Cherbourg me paraît avoir l’avantage, l’expédition n’étant que de 6,000 hommes. De ce port elle parait menacer les îles de Jersey. Quant aux années suivantes, faites-moi un rapport sur ce qui convient mieux de Brest, ou de Cherbourg pour y réunir une expédition dont le but est de menacer l’Angleterre. Si Brest est préférable, les vaisseaux de Cherbourg et de Lorient s’y réuniraient pendant l’hiver; mais ne vaut-il pas mieux réunir tout à Cherbourg ?
P. S. Donnez tous les ordres, pour Cherbourg surtout.
Saint-Cloud, 25 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Annoncez à l’escadre de Boulogne, à Ostende, à Flessingue, à l’escadre de l’Escaut, à l’amiral Dewinter, au préfet maritime de Hollande, aux commandants des flottilles des villes hanséatiques, qu’il est très possible qu’au commencement de septembre je me rende en Hollande et visite les côtes jusqu’à Hambourg ; que vous n’en avez pas la certitude officielle, mais que vous avez cru devoir les prévenir Partez de là pour presser l’armement et le départ des trois vaisseaux d’Anvers et la mise en état à la française des vaisseaux hollandais de sorte que je trouve en rade dix-sept vaisseaux de guerre, deux frégates. Je désire aussi y trouver les deux frégates de Dunkerque, Partez encore de là pour presser le départ des bâtiments hollandais, afin que je les trouve en bonne situation au Texel.
Écrivez donc à Missiessy qu’il fasse passer la barre; j’attache beaucoup d’intérêt à cette prouesse. Dites-lui qu’il peut envoyer des mouches fort au large, et que, moyennant ce, cette opération ne peut avoir aucun danger.
Mettez à ma signature la lettre pour que les quatre vaisseaux du Texel viennent à Hellevoetsluis ou dans l’Escaut.
Saint-Cloud, 26 juillet 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, faites mettre dans le Moniteur la relation des Danois sur l’affaire de leur flottille. Vous ferez mettre également dans le Moniteur, comme extrait des papiers anglais, tout ce qui est rapporté dans les dépêches du consul à Gœteborg sur le dîner du comte d’Essen à bord du vaisseau anglais, etc. ! Faites aussi mettre dans le Moniteur ce qui est relatif aux hostilités des Monténégrins contre les Albanais.
Passez une nouvelle note au ministre de Naples sur toutes les vexations qu’éprouve mon pavillon à Naples.
Saint-Cloud, 26 juillet 1811
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de L’administration de la guerre, à Paris
Je reçois votre lettre du 25 juillet. Vos services me sont nécessaires et ils me sont fort agréables. Les plaintes qui ont été portées contre les fournisseurs sont des détails d’administration, et personne ne rend plus de justice que moi à toutes vos qualités.
Saint-Cloud, 26 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, il serait possible qu’au lieu de faire partir deux expéditions de Trieste, j’en fisse partir cinq successivement dans le courant de l’hiver; car le ministre de l’administration de la guerre me représente que le blé ne vaut que 10 francs à Trieste et qu’il en vaut 25 à Toulon. Toutefois j’ai ordonné à ce ministre de mettre à votre disposition, pour être embarqués du 15 août au 1er septembre : à Trieste, 10,000 quintaux de blé, 1,000 quintaux de riz, 1,000 quintaux de légumes secs; total, 12,000 quintaux pour la première expédition ; à Gènes, même quantité pour la première expédition; à Toulon, même quantité pour la première expédition.
Mon intention est que le 15 septembre ces expéditions soient prêtes à partir. Vous présenterez à ma signature des instructions pour ces expéditions et pour le retour des bâtiments à Trieste ou à Ancône ou à Toulon, pour faire un second chargement dans les uns ou les autres de ces ports, selon que le prix des blés sera moins élevé à Trieste ou à Toulon ; car, si la différence est aussi grande que le rapport de 12 à 27, il est d’autant plus avantageux d’aller à Trieste que les risques de mer sont moins grands.
Saint-Cloud, 27 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Il est nécessaire que vous envoyiez aux armées et dans des corps les aides de camp du prince d’Essling et du duc de Castiglione. Puisque ces maréchaux ne peuvent servir, il est inutile de garder à Paris un tas d’aides de camp qui dépensent leur argent. Je suppose que ces maréchaux ne touchent que le traitement de leur grade.
Saint-Cloud, 21 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Il y a un général de division par division militaire et un général de brigade par département. Il me semble convenable d’ôter le général de brigade du département où réside le général de division. Cela fait un double emploi et c’est inutile, surtout dans des départements où il n’y a pas beaucoup de troupes.
Saint-Cloud, 7 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Il est nécessaire de s’occuper de l’île de Schouwen. Il y a dans cette île quatre batteries qui contiennent seize à dix-huit pièces de canon d’un calibre de 18, 24 et 36. Il est évident que cette artillerie est compromise.
Voici quelques questions dont la solution servira à régler la défense de l’île :
1° Quelle est l’action de l’île sur les rades qui l’entourent ? 2° Y a t il une rade entre l’île de Schouwen et celle de Nord-Beveland ? Une fois cela réglé, il s’agira de concentrer toutes les batteries dans le lieu où est la rade, et d’y faire le réduit de l’île. On pourra alors avoir deux obusiers et une ou deux pièces de campagne pour les promener sur la plage et favoriser le cabotage. Faites-moi un rapport là-dessus, car rien n’est réglé dans cette île; de sorte que les 1,200 hommes et les trente pièces de canon qui s’y trouvent seraient compromis en cas d’événement.
Pour Goeree tout a été bien établi, quoique j’attende un mémoire sur le fort à construire devant Hellevoetsluis, où mon intention est de réunir tout ce qui peut armer les batteries de l’île. Je vous ai envoyé ces données; vous ne m’avez pas encore répondu.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Saint-Cloud, 27 juillet 1811.
Monsieur le Duc de Feltre, le dépôt de Saintes n’a pas touché sa solde depuis quarante-sept jours. Faites-moi connaître la cause de cela et faites passer de l’argent pour qu’on paye ce dépôt. Au 22 juillet, le colonel en second que je vous avais dit d’envoyer pour commander ce dépôt n’était pas arrivé. Ainsi les ordres ne s’exécutent pas, parce qu’on les donne indistinctement à des hommes qui sont au fond de l’Italie et à d’autres qui sont au fond de l’Allemagne. L’Empire est devenu tellement grand, qu’il faut mettre tout autre soin pour réussir.
Saint-Cloud, 27 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Il y a près de Santoña, à cinq lieues, quatre cents pièces de canon de la marine espagnole (II y avait à cinq lieues de Santoña une fonderie de canons). Je donne ordre qu’on les évacue sur Santoña; ordonnez que les bâtiments à rames qui vont de Bayonne à Santoña les rapportent. On dit qu’il y a aussi des ancres; donnez des ordres pour cela à Bayonne.
Je désirerais envoyer à Santona un ingénieur de marine pour désigner les lieux où l’on pourrait établir des cales de construction; les mâtures, les ancres, les fers, les bois se trouvent dans cet endroit. Les fortifications de ce point avancent beaucoup. Je désirerais y faire mettre d’abord en construction un brick ; on y mettra plus tard une frégate et un vaisseau de guerre. Cet établissement aurait l’avantage de servir à pacifier le pays, parce qu’il donnerait du travail à beaucoup d’individus. Il serait à désirer qu’on put commencer dans la semaine prochaine. Occupez-vous donc sans délai de cet objet important. Je suppose que le port de Santoña est meilleur que le port de Passage.
Saint-Cloud, 27 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Il faut faire mettre dans le Moniteur tous les petits événements de marine qui arrivent. Je vous ai déjà dit cela plusieurs fois, il l’on n’en fait jamais rien.
Saint-Cloud, 27 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
La flottille de Boulogne n’appareille pas assez souvent. En général, les corvettes, frégates et bricks doivent toujours être sous voiles, les vaisseaux mêmes devraient appareiller plus fréquemment. Je suppose que vous avez expédié tous les ordres pour que les bâtiments qui doivent composer l’armement de Cherbourg se mettent en mouvement, afin que l’expédition puisse avoir lieu avant le 15 septembre.
Saint-Cloud, 27 juillet 1811
Au général comte Bertrand, gouverneur général des Provinces illyriennes, à Laybach
Monsieur le Général Bertrand, je pense que l’expédition de Lissa peut être faite dans la dernière quinzaine d’août. La batterie que l’ennemi a construite nous servira. Il me semble que toute l’opération consiste à débarquer dans l’île 1,500 hommes à la fois. Ces 1,500 hommes devront se composer de 500 Français, de 500 Italiens et de 500 Croates. Il devrait y avoir, en outre, une compagnie de sapeurs, une compagnie d’artillerie française et une d’artillerie italienne, Cette troupe devrait avoir six pièces de campagne dont trois obusiers; des vivres pour vingt jours; des cartouches embarquées en réserve, à raison de 100 cartouches par homme, indépendamment des 40 cartouches qui seront dans chaque giberne ; des outils de pionnier pour 6 à 700 hommes; une batterie d’artillerie de sept à huit pièces de 24 ou de 18 et de deux gros mortiers , afin de pouvoir sur-le-champ établir une batterie contre l’ennemi ; un général de brigade, un colonel, trois chefs de bataillon; trois ou quatre officiers d’état-major; un chef de bataillon d’artillerie et un capitaine du génie.
Il faudrait, en outre, qu’il y eût dans l’île de Lésina le général Dixon , qui aurait sous ses ordres un millier d’hommes et tout ce qui serait nécessaire pour envoyer dans l’ilc des renforts en artillerie et en hommes. Il me semble que de Lésina on doit arriver là en peu d’heures. Il faut calculer l’expédition pour y arriver h la rame ou à bon vent avec de gros bâtiments. Il y a dans l’île de Lissa plusieurs points où Ion peut débarquer. I#es bâtiments du pays ne seraient pas suffisants, car il faut en avoir qui puissent être à l’abri des bateaux, des chaloupes et des corsaires ennemis. Je pense qu’il vous faudrait six bonnes péniches et quelques petits bâtiments. Or je vois que vous avei en Illyrie une demi-galère» une goélette, dix canonnières, deux péniches, trois caïques et trois felouques. En écrivant au vice-roif il pourra faire partir de Venise des canonnières, des péniches et antres bâtiments pour vous soutenir. L’expédition pourra se faire pendant que les frégates ennemies seront dans le port, retenues par un calme, ou lorsqu’elles seront en croisière. Vous devez prendre toutes vos mesnres, bien comprendre l’opération et ne rien hasarder, en retardant jusqu’en septembre, s’il est nécessaire, ou même jusqu’en octobre. Il est probable que nos frégates, lorsqu’elles se rendront de Raguse à Trieste, vont décider les frégates anglaises à sortir de Lissa* 11 serait bon de profiter du moment de leur sortie. Calculez cela vous-même. Je n’ai pas besoin de vous dire qu’une fois le débarquement effectué il faudra de toutes parts faire envoyer des vivres à ces troupes, et qu’il faudra construire au milieu de l’île un fort, avec une tour de première espèce qui en défende la gorge. Il sera également nécessaire d’élever des batteries qui protègent le fort.
Saint-Cloud, 7 juillet 1811
INSTRUCTION POUR LE CAPITAINE GOURGAUD, OFFICIER D’ORDONNANCE DE L’EMPEREUR, A PARIS.
Partez pour Rouen; vous y resterez deux jours. Vous y verrez les travaux du pont et les autres travaux; vous me ferez connaître la situation dans laquelle ils se trouvent. Vous irez à la halle et vous y verrez l’état des manufactures, si les travaux reprennent, etc. Vous observerez ce qui se dit et ce qui se fait. Vous aurez soin de vous promener partout en bourgeois, sans qu’on vous connaisse. Vous pouvez pourtant vous présenter en uniforme chez le préfet.
De là vous vous rendrez au Havre. En passant, vous prendrez connaissance des manufactures de Bolbec. Vous resterez trois jours au Havre; vous verrez l’état des fortifications, des magasins, etc., vous étudierez ce qui arriverait si d’un moment à l’autre la place était fermée; vous verrez les travaux du port, ceux de l’écluse de chasse, si l’écluse joue, ce qu’elle a produit, quel changement elle a opéré dans le port. Vous irez à l’arsenal; vous verrez qu’il y a dans le port deux grandes flûtes de 200 tonneaux; vous me ferez connaître si elles ont leur armement, leurs équipages et quand elles pourront partir. Vous y verrez également deux prames; il doit y avoir aussi des corvettes, plusieurs péniches et des caïques; vous me ferez connaître dans quelle situation sont ces bâtiments et de quelle utilité ils peuvent être. Il doit y avoir, en outre, plusieurs bâtiments de 600 tonneaux appartenant au commerce; faites-m’en connaître le nombre et ce qu’ils coûteraient à achever. Vous vous informerez si l’on trouverait à achever, par entreprise, la frégate qui se trouve sur le chantier.
De là vous vous rendrez à Boulogne, en passant par Fécamp, par Saint-Valery-en-Caux, par Dieppe et Saint-Valéry-sur-Somme, Abbeville et Montreuil. Vous verrez dans chaque ville les travaux qu’on fait au port; le nombre qu’il y a de pêcheurs, s’ils pêchent de nuit, quelle espèce d’entraves on leur oppose. Vous verrez si dans chacun de ces ports il y a des bâtiments de plus de 600 tonneaux, dans quel état ils sont, etc. Vous me rendrez compte de l’état des batteries de côte, etc., de l’instruction des canonniers, particulièrement pour ce qui regarde Abbeville et Montreuil.
Arrivé à Boulogne, vous y resterez jusqu’à nouvel ordre et vous m’écrirez tous les jours pour me faire connaître les mouvements de troupes qui arrivent, la situation des camps, dans quel étal se trouvent les anciennes baraques, la situation des effets de campement et des magasins, combien de troupes on peut loger et y établir, la situation du port, les ouvriers qui y arrivent, la situation de la ligne d’embossage, l’armement de batteries de côte, l’esprit des marins de la flottille, enfin celui du pays. Vous aurez soin de prendre, sur toute la côte que vous parcourrez, la note des corsaires qu’on y tient en armement et le nombre des matelots qu’on pourrait tirer encore de tous ces ports pour armer la flottille en cas d’événement.
Rendez-moi compte tous les jours de tous les mouvements du port, de tous ceux de l’arsenal et de tout ce qui peut m’intéresser.
Saint-Cloud, 27 juillet 1811
INSTRUCTION POUR LE CAPITAINE DE MORTEMART, OFFICIER D’ORDONNANCE DE L’EMPEREUR, A PARIS.
M. de Mortemart, officier d’ordonnance, se rendra à Saint-Quentin, y prendra connaissance de la situation des manufactures et m’en rendra compte. Il ira par eau jusqu’à Cambrai, me fera connaître le nombre des bateaux qui ont passé par le canal, la quantité d’eau qui s’y trouve et les observations qu’il recueillera sur cette navigation. Il m’écrira de Saint-Quentin et de Cambrai. De Cambrai il se rendra à Maastricht; il y restera deux jours; il y verra la garnison, les travaux qu’on fait à la place, et m’enverra ses observations. Il ira passer un jour à Juliers, un jour à Venlo, quatre jours à Wesel.
Dans cette dernière place, il prendra connaissance du mouvement des 6e et 4e bataillons qui se rendent à l’armée d’Allemagne; il m’en rendra compte, et particulièrement de la désertion qu’ils éprouvent, de leur formation, de la manière dont ils sont habillés et armés, de ceux qu’on attend encore, et enfin de tout ce qui peut m’intéresser. Il ira à Nimègue, où il verra le régiment espagnol; il me rendra compte de l’esprit qui anime ce corps et de ce qu’on en dit. Il verra Graves. Il restera trois jours à Bois-le-Duc, qui est chef-lieu du département des Bouches-du-Rhin ; il en connaîtra l’esprit public, et de là se rendra à Anvers.
Partout sur sa route il prendra des informations sur les blés et sur la récolte; il en causera avec les maîtres de poste, qui sont la plupart des cultivateurs; il s’arrêtera quelquefois dans des fermes isolées, sur la route, pour prendre des informations auprès des fermiers, et dans toutes ses lettres il me fera part de ce qu’il aura appris à ce sujet.
Il séjournera dix jours à Anvers. Il m’écrira chaque jour et me fera connaître la situation des travaux des fortifications, le nombre des troupes qui y sont employées, les travaux du bassin, les constructions des vaisseaux, combien on en pourra mettre à l’eau cette année, le degré d’avancement de chacun, le nombre de cales et la situation des approvisionnements de l’arsenal.
D’Anvers il se rendra à Lille, à Liefkenshoek et au fort de Bath. Il verra ces forts en détail. Il visitera les batteries qui, le long de l’Escaut, protègent l’escadre dans les différents mouillages du fleuve depuis Anvers jusqu’à Flessingue. Il restera quinze jours dans l’île de Walcheren. Il me rendra compte de tous les mouvements de l’escadre, de tous les travaux qui se font dans l’île, tant par le génie maritime que par le génie de terre et par l’artillerie. Il me rendra également compte de tout ce qui est relatif au régiment de l’île de Walcheren, au mouvement des conscrits que ce dépôt a dirigés sur les régiments de l’armée d’Allemagne, de la désertion qui a eu lieu, dans ce mouvement des nouveaux cadres qui arrivent pour s’y recruter, de la situation des hôpitaux, etc. Pendant son séjour à Flessingue, il ira passer un jour à Cadzand; il y verra les travaux, recueillera tout ce qu’il entendra dire à cet égard. Cette mission terminée, il reviendra à Paris.
Saint-Cloud, 28 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
J’ai lu avec intérêt votre rapport sur la situation des travaux du génie au 1er juillet. Je désire que vers la fin d’octobre vous me remettiez un rapport qui me fasse connaître la situation des travauxau 1er.
J’accorde 500,000 francs pour le fort Lasalle au Helder ; ce qui, joint aux 500,000 francs accordés par le budget, fait un million. Il est nécessaire de donner l’ordre à l’officier du génie chargé de ce fort, de doubler les ateliers et de dépenser le plus qu’il pourra. Si la dépense excède les fonds accordés, l’excédant sera payé sur le budget de 1812. L’important est d’avoir là un bon fort. Il serait bien utile d’établir sur-le-champ la fondation d’un magasin à poudre, afin qu’on put l’achever l’année prochaine. Il serait aussi bien à désirer que ce fort put être armé au mois de janvier prochain.
Mon intention est que la tour du Kijkduin change de nom et prenne celui de Morfond. Pour enceindre cette tour, il faudrait, au lieu d’un chemin couvert, un bon ouvrage en terre susceptible de défendre quelques jours. Cela retarderait d’autant la prise du fort, et il sera impossible d’attaquer le fort Lasalle tant qu’on ne sera pas maître du Kijkduin.
J’accorde 250,000 francs de supplément pour Flessingue, ce qui, joint aux 2 millions accordés par le budget, fait un total de 2,250,000 francs. Faites connaître au directeur du génie que mon intention est qu’on dépense le plus qu’on pourra, sans être arrêté par la crainte de manquer d’argent. Il faut donc multiplier les ouvriers et les moyens. Si l’on peut dépenser plus que les 2 millions portés au budget et les 250,000 francs que j’accorde par mon décret de ce jour, il faut le faire. Cette place est d’une assez haute importance, et on n’y doit rien négliger.
Il est bien essentiel que le fort Montebello soit en état d’être armé cette année, que le réduit soit achevé, et enfin que l’on termine tout ce qui peut augmenter la résistance de ce point important.
J’accorde aussi 250,000 francs pour les travaux d’Anvers ; ce qui, joint aux 2,350,000 francs portés au budget de cette année, fait un total de 2,600,000 francs. Si l’on peut dépenser davantage, j’accorderai volontiers un fonds de supplément. Il faut employer tous les moyens possibles pour activer les travaux, car c’est de la force de cette place que dépend le salut d’une flotte qui s’augmente tous les jours.
Saint-Cloud, 28 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je vous envoie une note sur Cherbourg. Mon intention est que l’on s’occupe particulièrement de l’enceinte; il faudrait l’entreprendre sur tous les fronts et tâcher d’obtenir qu’il fut possible de l’armer au 1er janvier.
Le système de défense des ouvrages avancés me parait susceptible d’être beaucoup amélioré. Je voudrais que ces forts formassent deux lignes bien distinctes de défense, l’une saillante et l’autre rentrante. La première ligne serait composée de trois fronts : les Couplets, la couronne du Val et le fort Quentin. La deuxième serait composée de quatre ouvrages : le réduit des Couplets, le fort du Tot, le réduit de la couronne du Val et le fort d’Octeville. Cette nouvelle disposition, que j’ai indiquée sur le plan, aurait l’avantage de forcer l’ennemi à faire le siège de deux ouvrages sur la première ligne. Ces deux ouvrages pris, il serait obligé d’attaquer et de s’emparer de deux ou de trois ouvrages de la deuxième ligne avant de pouvoir cheminer sur le corps de place.
On voit facilement que cette nouvelle disposition peut augmenter de beaucoup la durée de la défense de Cherbourg.
Il est donc important que le comité retravaille les projets de Cherbourg, en se conformant, autant que les localités le permettront, au nouveau système que j’ai développé dans ma note.
Saint-Cloud, 29 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, présentez-moi l’organisation de l’artillerie du corps d’observation de réserve. Les quatre divisions de ce corps doivent avoir chacune douze pièces de canon, et la réserve douze pièces; ce qui fait soixante pièces de canon. Je désire que les douze premières pièces qui seront prêtes soient dirigées sur Pampelune et de là sur Logroño.
Proposez-moi les détails de la formation de ces quatre divisions et de la réserve. La 1e division sera commandée par le généra Reille ; la 2e, par le général Caffarelli ; la 3e par le général Souham, la 4e sera la division italienne. Proposez-moi également l’organisation du génie de ces quatre divisions, sapeurs, pionniers, etc., officiers et matériel.
La division du général Souham se dirigera sur Pampelune et de là sur Logroño; la division du général Reille sur Pampelune, et la division Caffarelli sur Vitoria et Burgos.
Saint-Cloud, 29 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je reçois votre lettre du 28. Les colonels en second et les majors en second qui n’ont pas de destination doivent rester à Paris pour être en état de partir vingt-quatre heures après en avoir reçu l’ordre, sans quoi l’on ne peut rien faire. Cela a l’avantage que vous pouvez les voir et savoir à quoi ils sont propres.
Remettez-moi la liste des colonels en second et des majors en second. Faites-moi connaître ceux déjà placés et proposez-moi l’emploi des autres dans les places vacantes, et, je vous le répète, tenez-les constamment à Paris, car le service souffre beaucoup de la manière actuelle. C’est six mois après leur nomination que ces officiers sont rendus aux postes auxquels ils sont nommés. L’objet de leur création est de pourvoir aux cas extraordinaires; ils doivent donc toujours être dans la main.
Saint-Cloud, 29 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je médite une expédition de Cherbourg sur les îles de Jersey et Guernesey.Je désire que vous me fassiez rédiger un mémoire sur la situation de ces îles et sur les moyens de les attaquer. Il faudrait lier une correspondance d’espionnage de ce côté. Les gens de Granville et de Saint-Malo doivent offrir beaucoup de facilités pour savoir ce qui se passe dans ces îles. Faites choix d’un officier d’état-major que vous mettrez à la tête de cette correspondance.
Je désire réunir pour cette expédition deux bataillons du 22e d’infanterie légère, formant 1,600 hommes; deux du 113e 1,600; quatre du 24e 3,200; deux bataillons suisses, 1,600 hommes. Je suppose qu’ils peuvent s’embarquer, parce que, lors de leur capitulation, j’ai eu soin de faire stipuler qu’ils pourraient servir contre l’Angleterre. Si cependant il était contre leur capitulation qu’on les fit s’embarquer, ils seraient remplacés par deux bataillons de tirailleurs de la Garde; total, 8,000 hommes.
Il faudrait un général de division, deux généraux de brigade, trois officiers du génie, une compagnie de sapeurs, douze à dix-huit pièces de campagne et 250 chevaux d’artillerie. Mon intention est que ces troupes soient casernées, cantonnées ou campées autour de Cherbourg. Je pense qu’il en faudra faire camper une partie. Quel est le lieu qu’on pourrait choisir ? Où sont les effets de campement, couvertures, etc.? Un campement de 3,000 hommes suffirait. Le camp devrait être tendu dans les quinze premiers jours de septembre, et les troupes devront s’embarquer dans le courant du mois. Comme c’est sur de gros vaisseaux de guerre que l’embarquement se fera, elles pourront y rester deux mois embarquées.
Chargez quelqu’un de passer la revue du 113e afin d’accélérer la formation des bataillons qu’il doit fournir.
Mon intention est que le camp de Cherbourg soit commandé par le général Vandamme, qui devra y être rendu pour le 1er septembre. Vous consulterez le général Vandamme pour la nomination des deux généraux de brigade et de l’adjudant commandant qu’il aura sous ses ordres.
Le camp de Boulogne sera commandé par le maréchal Ney. Il est nécessaire que ce maréchal y soit également rendu au 1er septembre.
Saint-Cloud, 29 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, j’ai donné le commandement du camp de Boulogne au maréchal Ney. Il y sera rendu le 1er septembre. Faites-moi connaître ce qu’il y aura de prêt à celte époque. Au 1er août je dois avoir soixante bâtiments; combien en aurai-je au 1er septembre, et quelle physionomie aura la rade ? Si l’on peut également avoir dans la rade 15 à 20,000 hommes embarqués, ce sera d’un fâcheux effet pour l’Angleterre. J’ai donné le commandement du camp de Cherbourg au général Vandamme. Au 1er septembre il sera à Cherbourg; 8,000 hommes s’y trouveront à la même époque. Faites-moi connaître si le 15 septembre ces hommes pourront être embarqués. J’ai donné le commandement du camp d’Utrecht au duc de Reggio; faites-moi connaître ce qu’au 15 septembre je pourrai embarquer dans les rades de l’Escaut.
J’attache toujours la plus grande importance à ce que l’amiral Dewinter vienne dans l’Escaut ou dans la Meuse. Vous ne m’avez pu encore fait signer les lettres. Il y a actuellement cinq vaisseaux au Texel. Je suppose que vous y faites aller l’Amsterdam et le Doggersbank, quoiqu’il me semble que vous ayez pris les équipages de ces deux vaisseaux pour l’Escaut; mais vous leur aurez bientôt formé de nouveaux équipages; faites-les donc aller au Texel. Dans l’ordre à l’amiral Dewinter, laissez-lui la faculté de faire partir les cinq vaisseaux à la fois ou deux à deux, parce que tout ce qui pourra arriver dans l’Escaut sera toujours autant d’arrivé.
Saint-Cloud, 29 juillet 1811
Au général Duroc, duc de Frioul, grand maréchal du palais, à Paris
Monsieur le Duc de Frioul, je désire que vous réunissiez les généraux et les colonels de la Garde pour arrêter les dispositions suivantes :
1° À dater 1er juillet de cette année, il n’entrera plus de vélites dans les chasseurs, grenadiers et dragons à cheval de la Garde; ceux qui sont entrés avant le 1er juillet seront conservés. 2° Tous les vélites à cheval feront partie du 2e régiment de chevau-légers de la Garde, de sorte que ce régiment sera complété par les vélites. 3° La pension qu’ils doivent payer ne sera plus que de 200 francs. Ils auront une solde et des masses telles qu’ils ne coûtent pas plus que les régiments de la ligne, sans compter leur pension. 4° Les emplois d’officier et de sous-officier seront remplis par des officiers et sous-officiers de la Garde. Occupez-vous de rédiger un projet sur ces bases, et vous me le soumettrez.
Saint-Cloud, 29 juillet 1811
Au capitaine Christin, officier d’ordonnance de l’Empereur, à Paris
M. l’officier d’ordonnance Christin emploiera les journées de mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche, lundi, mardi, à visiter tous les travaux de Paris. Il me fera chaque soir un rapport sur l’état de ces travaux, sur le nombre d’ouvriers employés dans chaque atelier, la partie des travaux qui est faite, celle qui est à finir, ce qui restait sur le budget de l’année passée, combien il y a d’accordé par le budget de cette année, combien on a dépensé et si l’on remplira le crédit. Il fera entrer dans ses rapports tous les détails qui peuvent m’intéresser, les sujets de plainte qu’auraient les ouvriers, etc.
Saint-Cloud, 29 juillet 1811
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils, je reçois votre lettre du 24 juillet sur la marine. Le capitaine de vaisseau Barré, qui commandait à Alexandrie la marine et qui avait très-bien découvert que des vaisseaux pouvaient y passer, se rend à Venise pour commander les trois vaisseaux. Vous dites qu’on pourrait dépenser à Venise un million de plus, mais qu’au delà de cette somme on manquerait d’ouvriers; cela n’est pas raisonnable. Les ouvriers sont faciles à former; il faut en faire un bataillon de 800 conscrits, comme je l’ai fait en France et comme vous l’avez vu à Wimereux. Il y a d’ailleurs des ouvriers sur les côtes de la Romagne : il n’y a qu’à faire un appel. Cette raison n’est donc pas une cause d’empêchement; du bois, du fer, des matières premières, c’est là l’important. Faites-moi un rapport là-dessus. Je suis dans l’intention de dépenser à Venise, au lieu de 3 millions, 6 millions pour le compte de la France. Les ouvriers ne sont pas ce qui doit retarder, mais trouvent-t-on des matières premières ? C’est ce que les administrateurs peuvent faire connaître.
Saint-Cloud, 30 juillet 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Dans l’état de la flottille de Boulogne que je reçois, je vois que vous ne mettez pas de chevaux à bord des canonnières ; j’avais cependant compté sur deux chevaux pour chacune. Vous portez des garnisons et des équipages pour les péniches. Il faut faire à cela une modification. Ne point donner aux péniches des garnisons ni des équipages, mais attacher les neuf péniches, savoir, cinq aux cinq prames et les quatre autres à quatre canonnières, en choisissant de préférence celle que montent les commandants. Cela exercera les équipages et n’exposera pas les garnisons à rester à bord des péniches en rade : ce qui serait un service intolérable. Les chevaux, les pierres à feu, caisses d’outils, fusils à cartouches d’infanterie, charrettes, caissons d’artillerie, fourches en bois, pelles, cartouches et gargousses, ne seront embarqués que lorsque j’en donnerai l’ordre. Les boulets seuls doivent entrer dans l’armement.
En attendant, ces soixante-huit bâtiments iront en rade sans avoir ces objets à bord, et seulement avec leur garnison. C’est ainsi qu’ils resteront en rade tout le mois d’août. Vous me ferez connaître si soixante-huit autres bâtiments pourront entrer au 1er septembre. On aurait alors de quoi porter 16,000 hommes. Je donnerai dans le temps des ordres sur ce qu’il conviendra de faire. Il faut considérer les péniches comme favorisant les débarquements et non comme portant des troupes.
Saint-Cloud, 31 juillet 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Vous devez écrire au général Donzelot :
1° Qu’il est nécessaire de faire repasser en France les Albanais, parce qu’il est malheureux de dépenser tant d’argent pour des gens dont on n’est pas sûr; il doit profiter du retour des frégates pour se défaire de tous les hommes inutiles ;
2° Qu’il jette de l’argent inutilement en Turquie et qu’il faut économiser davantage; Corfou me coûte fort cher;
3° Qu’il ne doit pas compter qu’on lui envoie de France du bois de construction, soit pour blindage, soit pour toute autre chose; il doit en trouver à Corfou ou en Albanie; quand il aura épuisé cette ressource, il demandera des ordres; mais on ne peut lui en envoyer de France, puisqu’on a peine à lui envoyer d’autres approvisionnements plus nécessaires;
4° Qu’en général Corfou coûte trop cher et qu’il faut diminuer les dépenses.
Saint-Cloud, 31 juillet 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, la tour de la Bidassoa sera construite par Bayonne; les ordres à cet égard ont dû être donnés par le ministre de la guerre; cela ne regarde en rien la Biscaye. Les tours que l’on construira ne devront l’être que sur les sommets des hauteurs. Elles seront toutes de la troisième espèce; il n’y en aura aucune ni de la première ni de la deuxième espèce.
La première sera établie sur la hauteur de Salinas; elle sera placée de manière que les signaux de cette tour fassent connaître ce qui se passe dans les montagnes.
L’officier qui a fait la reconnaissance n’a pas bien compris ce qu’on se proposait. Il faudrait établir trois tours, une à Salinas et les autres sur les points de partage des versants des eaux. Il faut connaître combien il y a de versants depuis la Bidassoa jusqu’à Miranda, et choisir d’abord les trois positions principales pour y construire trois tours. Aussitôt que ces tours seront achevées, on déterminera encore trois autres positions. Ces tours devront être placées de manière à bien voir la route et les défilés qui viennent y aboutir, à correspondre facilement entre elles par le moyen de signaux, à indiquer ce qui se passe dans les montagnes, et enfin à servir de refuge aux troupes. Ces tours de troisième espèce coûteront 15,000 francs chacune; ce sera donc pour les trois une dépense de 45,000 francs.
On ne saurait trop se presser d’établir une de ces tours sur les hauteurs de Salinas. Le travail qui a été envoyé par le général Thouvenon ne remplit pas mes intentions; ce travail est tout à fait à recommencer.
Saint-Cloud, 31 juillet 1811
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils, j’ordonne que l’escadre de Toulon fournisse 200 matelots de 1e et 2e classe pour servir à former les équipages du Rivoli et du Mont-Saint-Bernard. La même escadre fournira en outre 200 conscrits ayant plus de six mois de service. J’ordonne que 200 conscrits de la levée de 1812 pour la marine soient également dirigés sur Venise ; ce qui fera un fonds de 600 Français. Deux détachements de canonniers de la marine, composés également d’anciens Français, s’y rendent. Le ministre de la guerre vous aura désigné les deux régiments qui doivent fournir la 2e compagnie de leur 5e bataillon pour former la garnison de ces vaisseaux : ne laissez mettre dans ces compagnies que d’anciens Français. Enfin j’ordonne que les ports des départements romains vous fournissent 100 marins; que ceux de la Toscane en fournissent 200; l’Illyrie en fournira 600; ce qui, avec l’équipage de l’Uranie, fera 1,800 hommes, indépendamment des garnisons et canonniers.
Mon intention est qu’on arme pour le compte de la France deux ou trois bricks et trois bâtiments plus légers. Ces six bâtiments serviront dans toutes les hypothèses. Si les deux vaisseaux restent à Malamocco sans pouvoir sortir, la moitié des équipages restera à bord et l’autre moitié, embarquée sur ces bâtiments légers, battra l’Adriatique, poursuivra les corsaires, protégera les côtes et s’exercera. Faîtes-moi connaître les bâtiments que vous pouvez mettre, à cet effet, à la disposition de la division. Cette mesure sera tout à l’avantage du royaume. Je suppose que vous avez déjà pris des mesures pour l’équipage du Regeneratore.
Il devient urgent de faire sortir cette division, car l’année prochaine les Anglais, qui en auraient l’éveil, tiendraient des vaisseaux de guerre dans l’Adriatique.
Saint-Cloud, 1er août 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, je ne ferai point de difficulté d’accorder à la Prusse des licences pour l’exportation des toiles de Silésie. Demandez catégoriquement que la Prusse ne reçoive plus aucune denrée coloniale venant de la Russie. Je donnerai volontiers à la Prusse des licences pour l’exportation des blés pour l’Angleterre, à condition que le retour s’en fera en argent. Les droits seront au profit de la Prusse ; il n’y aura pour moi que le droit de licence que je percevrai pour l’expédition. La grande affaire est d’empêcher que les denrées coloniales ne viennent de Russie en Prusse.
Je croîs vous avoir mandé que je ne voyais pas d’inconvénient à ce que le roi de Saxe allât à Varsovie, où, au contraire, sa présence peut être utile.
Vous devez écrire, en chiffre et par duplicata, à mon ambassadeur à Madrid, qu’il me parait nécessaire qu’aussitôt que cela sera possible et convenable le Roi réunisse les cortes, afin de prendre des mesures qui tendent à réunir les Espagnols; que toutes les questions relatives à l’intégrité du territoire et aux indemnités à échoir pour compensation des sacrifices que la France a faits ne sont point de nature à être agitées dans les circonstances actuelles; que mon intention est que les propriétés que je me suis réservées restent intactes à la disposition de mes administrateurs, et que tous les troupeaux de mérinos qui m’appartiennent soient dirigés sur France; qu’il doit veiller à ce que les Espagnols que j’ai proscrits par mes décrets ne rentrent pas , et qu’il doit prévenir du moins de toutes les démarches qui seraient faites dans ce but; enfin qu’il doit soutenir et favoriser le Roi autant que cela sera possible.
Saint-Cloud, 1er août 1811.
Au vice-amiral Comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je reçois votre lettre du 30 juillet. Si les caïques peuvent porter une cinquantaine d’hommes et sont propres au débarquement, je pense qu’on peut les comprendre comme péniches; mais je n’en désire pas moins mettre cinq péniches du Havre et cinq de Granville, en ayant soin de prendre de leurs beaux bâtiments.
Faites réarmer des canonnières à Brest pour la défense de la côte. Donnez des ordres pour que les cinq canonnières du Havre et de Cherbourg restent à Cherbourg sous les ordres du contre-amiral Troude.
Je vous ai fait connaître que les caïques et péniches ne devaient pas avoir d’équipages et de garnison et devaient être attachées aux vaisseaux de guerre.
Enfin désignez six canonnières à Boulogne et faites-les partir pour compléter les dix-huit destinées à Cherbourg, afin qu’au 15 septembre l’embarquement des 6,000 hommes puisse avoir lieu.
Saint-Cloud, 1er août 1811
Au général comte Dumas, directeur des revues et de la conscription militaire, à Paris
Je vous envoie une lettre du prince d’Eckmühl. Mon intention est de lever la conscription de 1810 seulement. La conscription doit être réglée là sur le même pied qu’en France; il faut prendre pour contingent, par département, le même nombre d’hommes que la France fournit en proportion de sa population. Je pense qu’on doit demander au moins 3,000 hommes. La conscription de France est de 120,000 hommes pour 10 millions ; c’est 3,000 hommes par million. La conscription doit donc être de 3,000 à 3,500 hommes.
La répartition se fera de la manière suivante : pour les fusiliers, 60 hommes; pour les voltigeurs et tirailleurs, 140; ce qui fera, pour la Garde, 200 ; pour l’artillerie, 150 ; train, équipages militaires, 200; ouvriers de la marine, 150; cuirassiers et carabiniers, 70 hommes.
Il restera donc 2,800 hommes pour les trois régiments; ce qui ferait 900 hommes par régiment et 100 hommes pour le 9e de chevau-légers. Il est nécessaire que vous désigniez les trois régiments qui doivent former le recrutement de ces trois départements.
Saint-Cloud, 2 août 1811
Au général comte Dumas, directeur des revues et de la conscription militaire, à Paris
L’appel de la conscription de la réserve des anciens départements doit avoir eu lieu. Remettez-moi la distribution définitive de cette réserve telle qu’elle a eu lieu. Je vous ai envoyé une lettre du prince d’Eckmühl, en vous faisant connaître mon intention pour la levée de la conscription dans la 32e division militaire. On ne lèvera dans la 32e division militaire que l’an 1810. Par ce moyen, nous aurons 1811 en réserve, à lever en janvier ou en février si les circonstances l’exigent. On n’a levé en Hollande que 1808. Il serait nécessaire de lever 1800 et 1810, ou au moins une des deux années; mais je désire auparavant lever la conscription de la Lippe et des départements des Bouches-de-l’Escaut et des Bouches-du-Rhin. Proposez-moi un décret pour faire la levée de ces trois départements à la fois, et, immédiatement après que celle-ci aura marché, vous m’en proposerez un autre pour la levée de la conscription en Hollande. La conscription de la Toscane et celle de Rome ne doivent pas non plus être levées ensemble ; l’une doit commencer aussitôt que l’autre sera finie. Les travaux de la récolte ayant eu lieu actuellement, on pourra s’occuper de lever la conscription de ces différents pays.
Il est nécessaire que vous me remettiez un état des ressources que les trois départements, la Hollande, la 32e division militaire et les départements romains et toscans me présentent, et leur répartition entre les régiments qu’ils doivent recruter, tels que le 113e, le 131e et le 28e de chasseurs, qui doivent être portés au grand complet par les départements d’Italie, les cinq régiments hollandais, qui doivent être portés au grand complet par les levées de la Hollande, etc. Aussitôt que vous m’aurez fait connaître ce qui restera de surplus, je vous indiquerai mon intention sur l’emploi à en faire. Il est bien nécessaire que vous vous assuriez des besoins que peuvent avoir les bataillons d’équipages militaires et de la situation des régiments de cavalerie, afin de pouvoir céder ce qui leur serait nécessaire sur cette levée.
Je vois que vous ne donnez que 174 hommes pour le 3e bataillon d’équipages militaires à Pau : il en faudrait 200 de plus; que pour le 4e bataillon vous ne donnez que 208 hommes : il en faudrait également 200 de plus; que vous ne portez rien pour le 10e bataillon : il lui faudrait également 200 hommes; qu’enfin vous portez 217 hommes pour le 13e bataillon : mais il en faudrait 60 de plus. Il faudrait donc de plus 660 hommes. Le 6e ni le 7e bataillon n’en ont pas besoin : ce qui fait 100 hommes disponibles. Il faut 1,200 hommes et vous n’en avez que 700 : c’est une augmentation de 500 hommes à trouver et à diriger sur Pau. Je vois que vous avez donné au 13e de dragons 135 hommes; je ne comprends pas cette exception et je suppose que c’est un malentendu.
Saint-Cloud, 2 août 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg,
Mon Cousin, vous pouvez compter sur 6,000 conscrits de l’île de Walcheren qui rejoignent vos régiments. Je viens de former deux nouveaux dépôts de conscrits à Huningue et à Wesel. Je pense que ces dépôts pourront vous fournir à la fin de septembre 12.000 conscrits; cela vous ferait donc 18,000 conscrits. Faites-moi connaître quelle serait alors votre situation. Il me semble qu’il ne doit guère vous manquer que 4 à 500 hommes par régiment pour être au complet; ce qui, pour quinze régiments, ne ferait que 8,000 hommes. Si cela était, vous auriez 10,000 hommes de trop; et, si mes espérances se réalisent , on pourrait former les 7e bataillons ; mais avant de former ces 7e bataillons il faut me faire connaître si vous avez l’étoffe.
Envoyez-moi pour les officiers un état pareil à celui que vous m’avez envoyé pour les sous-officiers, c’est-à-dire un état qui me fasse connaître combien il y a de capitaines par régiment, présents et en état de servir; combien manquants; quels sont les services des capitaines présents ; on désignera les services ainsi : tant de soldats, tant d’officiers; combien il y a de lieutenants, etc. Par là je verrai combien, par exemple, vous avez de lieutenants, ayant fait la guerre comme officiers, qui seraient dans le cas d’être faits capitaines. Ces 7e bataillons seraient fort utiles, en ce qu’ils porteraient vos brigades à six bataillons. On mettrait à chaque brigade trois majors en second, un colonel et un général de brigade. Vos divisions seraient alors de dix-huit bataillons français; ce qui vous ferait quatre-vingt-dix bataillons, sans compter les quatre bataillons du 33e léger et les neuf bataillons des 127e, 128e et 129e et avec ces treize bataillons cent trois bataillons. En y joignant les dix-sept bataillons de la division de Danzig, vous aurez cent vingt bataillons, qui, à 800 hommes, porteraient votre corps d’armée à près de 100,000 hommes d’infanterie.
Je ne pourrai prendre un parti que lorsque vous m’aurez fait connaître, 1° ce qui est nécessaire pour compléter vos cadres à l’effectif de 840 hommes, pour cinq bataillons par régiment; 2° l’état des services de tous vos officiers.
Saint-Cloud, 3 août 1811
Au prince Cambacérès, archichancelier de l’empire, à Paris
Mon Cousin, je vous envoie un dossier de pièces relatives à l’Ordre de l’Union. Il est temps de déterminer ce qu’on fera de cet Ordre. L’écusson et la devise ne peuvent me convenir. Un grand État ne peut pas prendre pour devise : « Fais ce que dois, advienne que pourra », c’est la devise d’un preux. Il faudrait chercher une devise qui fît sentir les avantages de l’union de la Baltique, de la Méditerranée, de l’Adriatique et de l’Océan. Ce grand événement, qui caractérise vraiment l’Empire, pourrait s’appeler l’Ordre de l’Union. Il faudrait chercher un modèle avec un écusson et une devise différents. Cela établi, on pourrait dire qu’il est crée un Ordre de l’Union qui serait composé de cent grands-croix, de deux cents commandeurs et de mille chevaliers. Moitié de cela existe dans l’Ordre hollandais; il faut le laisser subsister; il en resterait la moitié à donner.
L’Ordre de l’Union hollandais proprement dit serait supprimé; et l’on aurait un autre Ordre qui indemniserait ceux qui auraient le premier. Il faudrait pourtant l’ôter à tous les Français.
Une face de la décoration de l’Ordre de l’Union de Hollande présente un faisceau de flèches; il faudrait que l’Aigle les réunit, et que quelque chose fît comprendre dans ce faisceau les limites actuelles de l’Empire. Voyez à me présenter plusieurs devises et un projet là-dessus.
Saint-Cloud, 3 août 1811
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, il serait nécessaire de faire fournir encore un million à la Saxe sur l’emprunt, sans délai. Faites-moi un petit rapport là-dessus. Combien ai-je fourni ? Ai-je les coupons de l’emprunt ? Les travaux du Grand-Duché ont bien besoin de cet argent.
Saint-Cloud, 3 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, je suis instruit que l’on tient dans la citadelle de l’île de Ré un grand nombre de conscrits réfractaires, et qu’il en meurt beaucoup par défaut d’espace. Je ne vois pas pourquoi ils n’auraient pas la liberté d’errer dans la ville. L’île elle-même doit être suffisamment gardée par les douanes, et enfin il ne faut pas enfermer les hommes de manière que leur santé s’en ressente. Envoyez un officier pour vérifier ce fait et y mettre ordre. J’ai beaucoup de beaux conscrits dans ces trois îles, et il faut les conserver. Je désire avoir, par départements, l’état des hommes des régiments de l’île et de Ré.
Saint-Cloud, 3 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je n’approuve pas l’organisation des bataillons coloniaux. Cette idée de mettre les armes à la main aux mauvais sujets est une idée funeste. Mon intention est donc qu’il soit créé quatre bataillons de pionniers, chacun de quatre compagnies et chaque compagnie à 200 hommes. On versera dans les nouveaux bataillons tout ce qui est vraiment mauvais sujet dans les bataillons coloniaux et étrangers, et à cet effet on réduira les bataillons coloniaux à quatre compagnies de 100 hommes, c’est-à-dire à 400 hommes. Par exemple, le bataillon colonial de l’île de Ré a 700 hommes; il y en aura donc 300 pour les pionniers. Vous recevrez un décret que je viens de prendre à ce sujet
Saint-Cloud, 3 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Donnez ordre que les deux vaisseaux hollandais qui sont à Flessingue soient tout à fait armés et installés à la française; que deux détachements d’artillerie, composés de canonniers français, y soient embarqués; qu’une garnison française y soit établie, et que la moitié des officiers et le tiers de la maistrance soient Français. Faîtes–les armer entièrement avec des canons de calibre français, lestés et gréés de la même manière. Faites descendre les deux vaisseaux qui sont encore à Anvers, afin que dans les premiers jours de septembre, quand j’irai à Flessingue, j’aie le plaisir de voir dix-sept vaisseaux bien armés, bien équipés et évoluants. Je veux moi-même juger de la différence qu’il y a entre les vaisseaux français et les hollandais, en les faisant manœuvrer.
La flotte de l’Escaut venant à être de dix-sept vaisseaux de guerre, il me semble qu’il y faudrait au moins trois contre-amiraux.
Je vous ai déjà fait connaître que je désire que le brick le Hussard soit attaché à l’escadre, où ce bâtiment, qui a une très bonne marche, sera plus utile. On le remplacera où il est (flottille de Schouwen) par un bâtiment hollandais.
Saint-Cloud, 3 août 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de l’armée d’Espagne, à Paris
Je désire que vous teniez un conseil composé de M. l’archichancelier, du grand maréchal du palais, du chancelier et du trésorier de l’Ordre des Trois Toisons d’or. Ce sera un conseil d’administration pour les affaires de l’Ordre des Trois Toisons d’or. Mon intention est de tenir, le 15 août, une grande assemblée de chevaliers.
Je vois dans la loi qui institue cet Ordre qu’il doit être composé de cent grands chevaliers; il faut me présenter la nomination de quarante ou cinquante, et avoir des décorations préparées pour ceux qui sont à Paris ou qui pourront y venir. Je choisirai sur la liste que le conseil présentera les hommes auxquels l’article 3 donne des droits.
L’article 6 dit que les aigles des régiments seront décorées de l’Ordre des Trois Toisons ; il faut préparer cette décoration et voir comment on doit la leur faire passer.
Il faut me présenter les capitaines, lieutenants et sous-lieutenants commandeurs que doivent avoir les bataillons de l’armée en conséquence de l’article 7, et les sous-officiers et soldats à faire chevaliers. On les nommera en août.
Indépendamment de tout cela, beaucoup de choses sont à faire. Il faut régler les finances et savoir en quoi consistent les revenus de l’Ordre au 15 août ; il faut régler la formule du serment. Il me semble que l’Ordre a aujourd’hui 1,500,000 francs de rente. Les mines d’Idria rendent 500,000 francs ; l’année 1810 et le premier semestre de 1811 doivent avoir rendu 750,000 francs; les revenus des biens de Hollande datent du 1er janvier 1811 ; cela fait 250,000 francs ; ceux de Rome, également, c’est-à-dire 250,000 francs : il y aurait donc en caisse au 1er juillet 1,250,000 francs.
Je vous envoie un projet de statut qui sera discuté en conseil. Il faut vous occuper de déterminer les modèles de décorations, de l’habit, régler le cérémonial pour la réception des chevaliers et la police du palais, enfin les différentes dispositions relatives à la mise en activité de cet Ordre. Il faudrait discuter s’il ne serait pas convenable d’adopter pour habit l’uniforme de cuirassier et le casque, mais orné et enjolivé. Il me semble qu’il n’y a rien de plus militaire.
Saint-Cloud, 3 août 1811
Au baron de La Bouillerie, trésorier du domaine extraordinaire, à Paris
Je vois par les états que vous me remettez, que vous portez cette année au chapitre IV du budget 200,000 francs pour les pauvres de la Seine-Inférieure, 200,000 francs pour ceux de Lyon, 200,000 francs pour ceux de Paris. Il est nécessaire pour votre justification que les comptes de ces sommes soient appuyés de pièces justificatives. Les reçus des préfets ne suffiraient pas, il faut des états certifiés pour être assuré que la distribution s’en est faite conformément à mes décrets. Quant à 1810, je vois que les comptes sont terminés. Je désire que vous me remettiez les pièces suivantes : 1° extrait de mon décret qui vous a autorisé à payer les 4,276,000 francs; 2° vous joindrez un projet de décret qui accepte ce compte.
Je ne me souviens pas d’avoir accordé 1,200 francs au baron Belleville, à Hanovre; à M. Noël, à Hanau, 500 francs; à M. Ramondene, receveur à Bayreuth, 10,000 francs. Ce chapitre doit être un chapitre à part de votre compte. Vous m’en devez donner un projet de décret, et vous devez me proposer un décret qui annule toutes les pièces justificatives.
Saint-Cloud, 4 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, il parait qu’à San-Filippo du mont Argentaro, l’air est mauvais et qu’il est bon à San-Stefano. Donnez ordre que les conscrits soient retirés de San-Filippo et placés à San-Stefano. S’il arrivait que l’air ne fût pas plus sain dans ce dernier endroit, vous ordonneriez qu’on évacuât le mont Argentaro et que tous les conscrits se rendissent par terre à Livourne.
Saint-Cloud, 4 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je vous renvoie le projet d’armement de Flessingue ; il faut me le mettre sur un plan d’une plus grande échelle et qui indique le tracé exact des différents ouvrages; des lignes rouges indiqueront le tir des pièces, et des arcs de cercle indiqueront leur portée et leur champ de tir à droite et à gauche. Je remarque que le fort Montebello a besoin de pièces de bronze de 16 et de 12, d’obusiers et de mortiers de 8 pouces, pour se défendre du côté de terre. Ce point important ne saurait être trop armé ; dix pièces du calibre de 16, de 12 et de 8, six obusiers de 6 pouces et six mortiers de 8 pouces, me paraissent nécessaires pour bien armer ce fort; deux pièces de 12 de bronze et deux mortiers de 8 pouces seront destinés pour armer la traverse.
Du côté de la mer, trente pièces de 36 sur affûts de côte, espacées en batteries de six pièces, avec une traverse entre chaque six pièces, six mortiers à plaque de 12 pouces, divisés en deux batteries (chaque mortier ayant deux plates-formes), et six mortiers à la Gomer, faisant en tout quarante-deux pièces, me paraissent indispensables, tant du côté de la mer que vers la digue. Sur la partie de l’enceinte qui bat la mer, depuis le fort Saint-Hilaire jusqu’au fort Montebello, il faut beaucoup de mortiers. En général, mon intention est d’avoir des pièces de 34 et de 36 et des mortiers de 12 pouces sur tous les fronts du côté de la mer; sur le point le plus important on placera huit pièces de 48.
Je pense qu’il faut soixante mortiers à Flessingue, dont douze à plaque, à grande portée, et quarante-huit de 12 pouces à la Gomer, portant à 14 ou 1500 toises, y compris l’armement des forts Montebello et Saint-Hilaire. Je pense qu’il faut aussi au moins cent cinquante pièces de canon de 36 et de 24 ; ce qui fait, pour armer les fronts de mer, deux cent dix bouches à feu qui lanceraient à la fois des bombes et des boulets.
Il faudrait également du même côté quatre batteries ; chacune de quatre pièces de 16, pour tirer à boulets rouges. Il faudrait que ces batteries fussent placées entre des traverses, dans des endroits à l’abri le plus possible et d’où elles puissent tirer tranquillement.
Je désire également que vous me remettiez l’armement de l’île de Cadzand. Je crois qu’il n’y a pas suffisamment de pièces ni de mortiers.
Lorsque vous m’aurez envoyé le plan comme je l’ai demandé ci-dessus, j’arrêterai définitivement l’armement tel qu’il doit être au mois de septembre ou d’octobre prochain.
Saint-Cloud, 4 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Mon intention est que les batteries de Cadzand et celles de Walcheren fassent l’exercice à boulets rouges contre un bâtiment ou carcasse qui sera placé à 1,800 toises de ces batteries. Je désire également que contre ce même bâtiment on fasse l’exercice des boulets creux, en tirant des obus de 6 pouces avec des pièces de 36.
Ordonnez que toutes les pièces du fort Impérial tirent dix obus chargés et dix boulets rouges; qu’un officier supérieur d’artillerie soit témoin et tienne de cette expérience un procès-verbal qu’il me mettra sous les yeux. Il faut que le même exercice ait lieu à la batterie de Nolle, à Flessingue ; on y tirera cinq obus de 6 pouces à toute volée, en les dirigeant contre un bâtiment qui sera placé à 2,300 toises de la batterie.
Envoyez quelques officiers pour assister à ces opérations. Je continue à être persuadé que l’artillerie n’a pas fait ce qu’elle aurait dû faire lors de l’expédition des Anglais dans l’Escaut. La batterie de Cadzand aurait du tirer 12,000 bombes; elle n’en a pas tiré 100. Elle aurait dû tirer 20,000 obus à toute volée, l’ennemi étant trop loin pour tirer avec des boulets; elle n’en a pas tiré un. Il faut que les expériences soient faites de manière que le procès-verbal puisse être imprimé et envoyé aux officiers d’artillerie pour leur gouverne. Faites faire aussi à Boulogne la même expérience, et faites tirer en mer beaucoup de boulets creux. Ordonnez que toutes les fois qu’un brick ou bâtiment ennemi approchera à 2,400 toises, on lui tire à toute volée des obus.
Je suppose que, dans le voyage prochain que je vais faire sur les côtes, je trouverai que tous les mortiers à plaque auront double plate-forme et que les batteries seront conformes à ce qui a été prescrit, et que les officiers d’artillerie sauront de combien est le recul, et le temps et l’effort qu’il faut pour mettre la pièce en batterie.
Saint-Cloud, 4 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
J’ai nommé au 11e léger le major Casabianca.
J’ai nommé six colonels en second, mais déjà le sieur Pelecier et le sieur Dein sont nommés à deux régiments; il y a déjà deux places vacantes parmi ces colonels en second. Mon intention n’est pas que vous envoyiez des colonels en second aux bataillons de guerre; ce sont les majors qui doivent y aller : les colonels et majors en second sont destinés à commander et à conduire des régiments de marche et à revenir à Paris, jusqu’à ce qu’ils soient nommés à des régiments. Cela est d’autant plus avantageux que vous pouvez les voir, les connaître, avant de leur donner le commandement des régiments.
Je vois qu’un nommé Fortier, colonel en second, commande le dépôt du 66e à . . . (le nom est laissé en blanc) ; cela ne doit pas être, c’est le métier du major. Les sieurs Beaulaton et Deuthsminster, commandant les bataillons de Goeree et Schouwen, vont être disponibles; faites-les revenir à Paris.
En général, ces majors en second ne suffisent pas ; portez-en le nombre à 30. Ayez toujours à votre disposition y a la suite de votre ministère à Paris, 20 colonels en second et 30 majors en second. Envoyez-m’en la liste tous les huit jours, en me proposant de nommer sur-le-champ aux places vacantes. Faites-leur remplir leurs missions en poste. Il faut que les places de colonel soient données à des colonels en second et celles de major à des majors en second. Ne manquez pas de proposer des récompenses pour ceux qui auront rempli le mieux les missions temporaires que vous leur avez données et que vous aurez distingués.
Dans cet état de colonels en second mettez ceux qui parlent italien, allemand ou flamand.
Saint-Cloud, 4 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
On m’assure que dans les plus mortes eaux il y a 7 pieds d’eau dans le canal qui conduit de Rochefort à la Gironde. Effectivement, on voit sur le plan que vous m’avez remis que dans les basses eaux, il y a 7 pieds. Or les eaux ne peuvent monter moins de 10 à 12 pieds; je compte qu’il y a 16 pieds au moins, et dans les grandes eaux et à l’équinoxe peut-être plus de 18 pieds.
1°. Je conçois donc l’espérance que mes frégates et vaisseaux, allégées autant qu’il serait nécessaire, pourraient passer et se diriger dans la Gironde au Verdon, où ils seraient armés et en appareillage pour toute espèce d’expédition. Il est impossible à l’ennemi de bloquer Bordeaux.
2°. Ne pourraient-ils pas appareiller de la rivière de Seudre dans la rade de Gatsau ? Il y a 35 pieds d’eau, et cette fosse a 1,000 toises de longueur. Un vaisseau peut facilement y être contenu, de la pointe de Gatsau à la terre. A la pointe d’Arvert il y a 1,000 toises. Mes vaisseaux seraient là à l’abri de toute attaque, et de là ils seraient en état de se mettre en appareillage pour aller partout.
Je conçois difficilement comment une frégate ou vaisseau arrivant par la rade des Trousses, longeant la Roche d’Antioche, où il y a 25 ou 30 pieds d’eau, toujours à portée de la Roche, serait empêché de sortir ; il me semble que par cette manœuvre il éviterait la rade des Basques.
3° Faire un canal de 6,000 toises qui couperait l’île d’Oléron en deux. Ce canal pourrait partir de la rade des Trousses et déboucherait en pleine mer, et dès ce moment la rade de l’île d’Aix aurait une autre issue que celle des Basques. La rive d’Oléron du côté de la rade des Trousses est basse et remplie de marais salants ; de l’autre côté, il paraît qu’il y a des rochers. Il est un point du côté de Saint-Pierre où la plage est basse.
Les vaisseaux alors resteraient en appareillage dans ce canal et pourraient déboucher d’un côté ou de l’autre, selon l’endroit où serait l’ennemi. Il est possible qu’on puisse faire le canal sans être obligé de faire des écluses; l’île serait coupée en deux : alors ce serait un travail qui ne devrait pas être extrêmement cher.
Saint-Cloud, 4 août 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, je vous envoie une note sur les dilapidations qui se sont faîtes à ….. Donnez des ordres pour faire arrêter le nommé….., saisir ses papiers et le faire venir sous bonne et sûre escorte à Paris , où sa comptabilité sera vérifiée scrupuleusement; car je veux savoir enfin la vérité sur ces infamies-là.
Saint-Cloud, 5 août 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, il est temps que vous vous occupiez de l’organisation de votre département, et que vous me présentiez un projet de règlement pour les secrétaires, auditeurs et consuls. Tout cela est dans l’anarchie dans votre département. Proposez-moi des sujets pour les places vacantes.
Saint-Cloud, 5 août 1811
Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris
Monsieur le Comte Montalivet, l’abattoir de Montmartre n’a que 200 ouvriers. Sur le million que j’ai accordé, il n’y avait que 90,000 francs dépensés au 1er août. L’abattoir du Roule n’a dépensé que 60,000 francs; même observation sur ceux de Grenelle, Villejuif et Ménilmontant. Enfin sur ces cinq abattoirs on n’a dépensé que 300,000 francs, tandis que j’ai fait un fonds de 2,600,000 francs. On tarde trop à se mettre en train pour les travaux, de manière que l’on fera cette année ce que l’on a fait l’année dernière : on travaillera dans l’arrière-saison et l’on ne fera que de mauvais ouvrage.
Aux greniers d’abondance on n’a dépensé que 130,000 francs sur 1,220,000 francs qui ont été accordés, et il n’y a que 170 ouvriers; il faudrait les quadrupler.
Faites-moi connaître si la coupole de la halle aux grains sera terminée cette année comme je l’avais ordonné.
Quand est-ce que le Panthéon sera enfin terminé ?
On n’a dépensé au palais de la Bourse que 550,000 francs. Il n’y a pas suffisamment d’ouvriers; il parait que l’on n’épuisera pas le crédit de cette année.
Saint-Cloud, 5 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Remettez-moi un plan d’Ostende. Vous ferez marquer sur ce plan l’armement de la place. Vous marquerez d’une ligne rouge la ligne de tir des différentes batteries. Lors de ma dernière visite dans cette place, je trouvai les batteries assez mal armées. Ses fortifications rendent assez importante pour s’occuper de l’armement du côté de la mer. Lorsque je connaîtrai l’armement actuel, je déciderai ce que je mettrai, surtout du coté de mer.
Saint-Cloud, 5 août 1811
Au lieutenant-colonel Deponthon, secrétaire du cabinet de l’empereur
Vous partirez sur-le-champ pour vous rendre à Rochefort. Aussitôt arrivé, vous vous rendrez chez le contre-amiral Lacrosse ; vous demanderez une péniche et les meilleurs pilotes; ils s’embarqueront avec vous; vous ferez le trajet que font les gabares et corvettes pour aller à Bordeaux en passant entre Oléron et le continent. Vous aurez d’autres péniches avec des officiers de marine, et l’on sondera où il sera nécessaire pour lever les incertitudes.
Vous mènerez l’ingénieur des ponts et chaussées, qui connaître bien le pays, et l’ingénieur militaire.
Visitez la rade de Gatsau, qui a beaucoup d’eau et où il serait possible de tenir les vaisseaux en sûreté : elle a 1000 toises de large et plus de 2,000 de long.
Mon intention est de faire passer les quatre frégates que j’ai en rade d’Aix et celle qui est à l’eau, lèges s’il le faut, par cette passe et les conduire au Verdon, où on les armera en guerre et où ces quatre frégates seraient en appareillage. Je désire même qu’il soit possible d’en faire autant pour les vaisseaux, et que tout ce que j’ai à Rochefort puisse de même, à fur et mesure, se rendre au Verdon et là soit armé et mis en appareillage. On m’assure que dans les hautes mers il y monte 18 pieds d’eau, dans toutes les marées plus de 16. Les vaisseaux de 74, allégés, pourraient donc réellement passer et se rendre dans la Gironde.
Je dis Gironde parce que je suppose qu’ils ne peuvent pas séjourner dans la Seudre. Si cela était possible, ce serait bien plus avantageux. S’il était nécessaire pour arriver à ce résultat de faire manœuvrer quelques Marie-salopes, il faut faire vérifier les points où cela serait nécessaire; je n’y trouve point d’inconvénient.
Enfin, si rien de cela n’est possible, il resterait à voir s’il serait possible de creuser un canal, soit de Rochefort, soit de Brouage, soit de la Seudre, dans la Gironde; de sorte que mes vaisseaux, du canal, passant par une écluse, seraient conduits dans la Gironde.
Vous aurez soin de bien vous assurer quelle est la rade du Verdon et l’état des batteries de côte existantes, et de voir où il conviendrait d’en placer de nouvelles pour mettre ce point important en défense. Je pense qu’il en faudrait à la Courbe, à la pointe de Maumusson, à la pointe de la terre d’Oléron et dans tous les points nécessaires pour bien favoriser le passage.
Vous reconnaîtrez bien l’état actuel de toute cette côte, et vous aurez soin de m’en rendre compte dans un mémoire détaillé, accompagné de dessins ; vous y joindrez l’opinion des officiers-mariniers et des pilotes les plus instruits. Informez-vous aussi du tirant d’eau des divers bâtiments de commerce qui ont passé par là.
Vous verrez aussi la rade de l’île d’Aix du côté des Grandes-Trousses, des Saumonards, et celle dite d’Antioche, pointe d’Oléron; et si, en faisant des batteries là, les vaisseaux ou frégates qui auraient passé la rade des Basques pourraient être en appareillage en sûreté pour gagner la haute mer. Comment les frégates ne peuvent-elles pas, de nuit, passer entre le Boyard et les Saumonards et doubler sans que l’ennemi s’en aperçoive de la position qu’il occupe en rade des Basques ?
Vous aurez soin de visiter l’île d’Oléron en règle, les batteries, troupes et conscrits réfractaires. J’ai là un petit bataillon des 66e et 82e, malades, déserteurs; demandez ce que pensent les officiers de ce bataillon, si l’on peut les envoyer à Bayonne avec sûreté, de quels départements sont ces conscrits.
Vous verrez la batterie des Saumonards, et vous demanderez combien de coups elle a tirés lors du désastre d’Aix. Faites tirer les mortiers à la Gomer et les mortiers à semelle pour voir leur portée; vous ferez tirer dix coups de chaque.
Je pense qu’il faut augmenter cette batterie importante et la porter à vingt mortiers. Demandez et envoyez-moi des détails de ce qu’ils ont fait lors de l’attaque des Anglais.
Parmi tant de projets qu’on peut méditer, peut-on partir des Saumonards vis-à-vis les Trousses et faire un canal de 6,000 toises qui couperait l’île d’Oléron et jetterait les vaisseaux en pleine mer? Consultez constamment l’ingénieur sur ces projets. Deux ou trois millions ne me paraissent pas trop cher.
Vous irez à l’île d’Aix, visiterez le fort qu’on y construit, l’inspecterez et m’en donnerez votre avis. Il y a des conscrits réfractaires, vous les inspecterez, ferez manœuvrer, m’apporterez des états en règle, me ferez connaître de quels départements sont les hommes de chaque bataillon. Vous resterez à Aix un ou deux jours pour bien voir en détail.
A Rochefort, voyez tous mes vaisseaux, vérifiez leurs besoin et ce qui est relatif à la construction. Visitez les fortifications et vérifiez les nouveaux plans que j’ai adoptés, faites les observations que vous jugerez convenables au bien de mon service. Visitez l’île Madame et les batteries de Fouras.
Voyez à l’île de Ré les bataillons de réfractaires. Vous pouvez rester dix ou quinze jours pour bien remplir votre mission. On m’a dit qu’il y a trop de réfractaires et qu’on les laisse donnez des ordres là-dessus.
Saint-Cloud, 6 août 1811
Au prince Cambacérès, archichancelier de l’empire, à Paris
Mon Cousin, le projet du Conseil d’État sur les Français à l’étranger ne me plaît pas. Je vous envoie une nouvelle rédaction, sur laquelle je désire que vous me fassiez connaître votre opinion. Faîtes-y un préambule et retouchez-la. Je n’aime pas le mot de mort civile ; vous en verrez la raison dans la note que j’ai dictée. Je ne veux pas de rigueur pour ceux dont j’ai autorisé la naturalisation. Tout Français qui agit en conséquence de son droit doit conserver un privilège, même dans les pays où existe le droit d’aubaine. C’est un respect que je veux avoir pour le sang français, lorsque le sujet dont il s’agit est en règle et est muni de ma permission : permettre et punir me paraissent une chose contradictoire. On n’a pas parlé de ceux qui sont mis au service étranger sans mon autorisation; cela était inutile ; ceux-là sont dans le cas des dénationalisés sons permission. Vous ajouterez cependant un article pour faire comprendre que, par la seule raison qu’ils font partie d’un corps militaire, ils sont dans le cas du décret de 1809, et sont censés avoir porté les armes contre moi s’ils sont restés au service d’un souverain qui m’aurait fait la guerre.
Je vous envoie également un décret relatif aux Belges, sur lequel je désire que vous me présentiez votre opinion. Vous y verrez que j’ai simplifié la question; que, quant aux Belges qui se sont soumis aux conditions de Campo-Formio (j’en fais imprimer la liste), je les mets dans une catégorie à part et je leur permets de rentrer en France en remplissant les formalités nécessaires. Mais il manque trois ou quatre articles que vous ajouterez. Il faut dire que l’état d’exception par lequel je rends ces Français encore plus étrangers à la France que les Autrichiens eux-mêmes doit cesser à leur mort, et que leurs enfants, qui seront alors considérés comme Autrichiens, pourront à ce titre hériter en France comme tous les Autrichiens, hormis toutefois des héritages qui leur reviendraient par les droits que leurs pères ont perdus.
Je vous prie de me faire de tout cela un travail. Cette matière est importante, et la voilà, je crois, arrivée à sa maturité.
Saint-Cloud, 6 août 1811
Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris
J’avais destiné la maison du Mont-Valérien pour en faire une maison d’orphelines; on a allégué de vaines raisons pour ne pas lui donner cette destination. Cette maison étant dévolue au Domaine par la suppression des Trappistes, mon intention est que vous la fassiez visiter, que vous en fassiez prendre possession et que vous y établissiez une maison d’orphelines.
Saint-Cloud, 6 août 1811
A M. Gaudin, duc de Gaète, ministre des finances, à Paris
Je vois qu’un sieur …. est pour 100,000 franc dans l’achat des domaines de Rome. Faites-moi un rapport là-dessus. D’où sort le sieur … ? Est-il d’usage qu’un agent de l’enregistrement puisse acquérir des domaines ? Cela ne peut-il avoir des inconvénients ?
Saint-Cloud, 6 août 1811
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Monsieur le Comte de Cessac, je vous envoie une lettre du général Bertrand ; vous y verrez qu’il croit que le blé augmentera. Je pense qu’il est convenable de vous assurer sans délai de 20,000 quintaux à 12 francs le quintal.
Je crains que la situation du Midi, relativement au blé, ne soit telle qu’il faille préférer faire partir de Trieste le plus de convois qu’on pourra; et si, en effet, il y avait lieu de craindre une mauvais récolte, tant en Italie qu’en France et à Trieste, je ne serait pas éloigné de réduire les projets d’approvisionnement pour Corfou. Faites-moi un mémoire qui me fasse connaître de combien il serait possible de réduire ce projet sans compromettre Corfou. Vous connaissez la situation au 1er juin; il me semble qu’au même moment il y avait plus de 30,000 quintaux à Brindisi, et je ne sais pas si vous n’aviez pas encore quelque chose en chemin. Comment était la récolte de l’année du riz et des légumes ? En diminuant le blé, ne pourrait-on pas augmenter le riz et les légumes secs ? Le riz et les légumes secs se conservent-ils longtemps ?
Saint-Cloud, 6 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je vois que mes intentions ne sont pas remplies à Boulogne, et que, les 1er, 2 et 3, la première partie de la flottille n’était pas sortie. Donnez ordre que les soixante-huit premiers bâtiments sortent sur-le-champ et forment la ligne d’embossage. Donnez ordre que la réparation des bâtiments soit faite sérieusement. Dites que mon intention est, si la guerre continue, de jeter 30,000 hommes en Angleterre pour ravager le port de Chatam et la côte d’Angleterre. J’apprends que le préfet dit que ceci est pour rire et qu’il n’y a pas besoin de faire les réparations.
Saint-Cloud, 6 août 1811
Au maréchal Mortier, duc de Trévise, commandant la garde impériale, à Paris
Faites faire le relevé de tous les chasseurs, dragons, grenadiers, artilleurs, soldats du train, chasseurs et grenadiers d’infanterie, sapeurs, qui étaient en Egypte et dans mes premières campagnes d’Italie, avec des notes sur le sujet.
Saint-Cloud, 6 août 1811
NOTE SUR OSTENDE.
Ostende est une des places les plus importantes de nos frontières. L’état de la place de Flessingue et du fort Impérial, les travaux considérables qu’on fait sur ces deux points de l’Escaut peuvent décider l’ennemi à appuyer une offensive contre la Belgique et l’Escaut, en s’emparant d’Ostende. Maître d’Ostende, il a une place pour ses débarquements; il se porte sur Gand et Bruxelles et est maître des canaux intérieurs, où toutes les flottilles peuvent entrer; il peut se porter jusque dans l’Escaut. Il est donc nécessaire de donner à cette place le plus haut degré de force. Mais, en la supposant une fois prise, il est nécessaire que le fort de Slykens puisse résister.
En effet, si, au lieu d’établir à Slykens une redoute qui tomberait avec la place, on établit un bon ouvrage, couvert d’une bonne inondation, muni de casemates, de magasins, etc., et qui puisse se défendre indépendamment de la place, il arrivera que, la place prise, l’ennemi n’aura rien, car il ne pourra se servir du canal de Bruges ; ce qui lui est indispensable pour qu’il ose s’aventurer dans le pays.
Puisque donc il est nécessaire d’occuper ce point, qui est indispensable à la défense d’Ostende, il est bon de ne pas perdre de vue cette idée, et d’avoir là un bon polygone qui puisse soutenir douze ou quinze jours de tranchée ouverte. Dans cette supposition, si la place d’Ostende ne pouvait plus se défendre, on ferait remonter dans la place de Slykens les canonnières et les bâtiments de commerce qui se trouveraient à Ostende; ce qui ferait que la prise de cette place serait moins avantageuse à l’ennemi.
Tout porte à penser que le fort de Slykens peut être couvert par une belle inondation, et être dès lors un ouvrage beaucoup supérieur à la place d’Ostende. La place a de grands inconvénients, on ne peut se le dissimuler. Les dunes qui l’avoisinent de droite et de gauche dominent. Les deux forts qu’on veut établir sont fort utiles, mais ne peuvent faire une défense de plus de huit ou dix jours, et dès lors, l’assiégeant se trouve avoir de grands avantages sur la place. Si, au contraire, le fort de Slykens peut être couvert d’une inondation, n’étant dominé nulle part, on peut en faire une citadelle de premier ordre; et, comme cette inondation irait jusqu’à la ville, dont les ouvrages avancés de part et d’autre ne sont qu’à 400 toises, il ne serait guère possible de couper la communication entre Slykens et la ville, et dès lors il serait peut-être convenable de construire dans le fort Slykens les magasins, casernes et autres établissements dont Ostende est dépourvue et qu’il paraît nécessaire d’y bâtir. La position de Slykens est hors de la portée de la bombe du côté de mer ; ce qui est un très grand avantage. On voudrait donc un projet raisonné dans le sens où Slykens serait considéré comme la citadelle d’Ostende où serait déposé tout ce qu’il y aurait de précieux, et que Slykens pût tenir longtemps, même après que la ville serait prise.
Il faut donc, pendant toute cette campagne, faire étudier le terrain et l’emplacement du fort de Slykens d’après ces données; il faut faire cesser sur-le-champ tous les travaux commencés à Slykens.
Quant aux nouveaux forts de l’Est et de l’Ouest, commencés sur les dunes d’Ostende, je ne puis augmenter le fonds spécial de 300,000 francs accordé pour 1811 ; mais on y appliquera en plus le fonds qui avait été accordé pour les travaux de Slykens de cette année; on poussera les travaux des deux forts avec assez d’activité pour qu’ils soient terminés en 1812.
Rambouillet, 8 août 1811
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, faites-moi un rapport sur la situation des recettes en Espagne. Quel est le nom de chaque receveur dans chaque gouvernement et dans chaque partie de l’Espagne ? Quel est le receveur central et où se tient-il ? Combien chacun d’eux vous a-t-il écrit de lettres cette année ? Envoyez-moi l’état de ce qu’ils ont perçu en 1810. Qu’ont-ils reçu dans chaque mois du premier semestre de 1811 ? Où avaient-ils versé leurs fonds ? Je vous prie de me faire un rapport sur tout cela. Il faudrait que vous ayez un bureau monté pour cette partie importante, à la tête duquel vous mettriez un homme actif et intelligent, qui serait chargé de suivre et de provoquer les mesures nécessaires pour assurer la rentrée des fonds. Un bomme qui vous ferait signer des lettres toutes les fois qu’on n’enverrait pas d’états en règle, et qui vous mettrait à même de recourir à l’autorité du major général ou à la mienne, lorsque cela serait nécessaire, serait essentiellement utile.
Rambouillet, 9 août 1811
Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris
Au 5 août, on n’a pas encore travaillé au marché Saint-Jean, au marché de la place Maubert, au marché Saint-Germain, au marché Saint-Martin; de sorte que, sur un fonds de 2,500,000 francs accordé pour les marchés, il n’y avait de dépensé que 400,000 francs ; 1,900,000 francs restent à dépenser.
Pourquoi les écluses du Perrey, au Havre, et celles des fonds du bassin ne chassent-elles pas ensemble avec les nouvelles écluses ? La combinaison de ces écluses peut seule produire un bon effet. On m’assure que, si l’on creusait la retenue d’eau, on aurait 40,000 toises cubes d’eau au lieu de 15,000.
Rambouillet, 9 août 1811
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, l’envoi de sommes en or de Danzig ferait trop d’effet. Faites la remise d’un million à Magdeburg. Il y a beaucoup de relations de Dresde avec Varsovie, et on saura bien le faire passer. Il suffit que cela soit remis sur-le-champ.
Rambouillet, 9 août 1811
Au général Savary, duc de Rovigo, ministre de la police générale, à Paris
Il a existé, dans le commerce de Paris, en l’an VII et VIII, une carte manuscrite de l’île de Sardaigne. Peut-être y est-elle encore. On désire l’avoir. Suivez des recherches pour tâcher de découvrir cette carte. Écrivez au prince Borghèse de faire visiter les dépôts de Turin, notamment ceux de l’ancien cadastre. Il a existé un certain Novare, qui était attaché au général César Berthier et qui avait été, à cette époque, chargé de retirer des archives du génie piémontais tout ce qui pouvait intéresser l’armée d’Italie, et il serait possible que ce fut par cette voie que la carte dont il s’agit eût été mise dans le commerce; mais il est mort.
Rambouillet, 9 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Désormais il n’y aura plus de colonels surnuméraires. Désormais, tout colonel qui ne sera pas attaché à un corps sera colonel en sera colonel en second. Aucun major ne doit être surnuméraire. Tous ceux qui ne seront pas attachés à des régiments seront majors en second. Je viens de nommer beaucoup de colonels de cavalerie généraux de brigade. Mon intention est que les colonels, comme Audenarde, Christophe, etc., qui sont colonels depuis 1809, soient nommés à ces régiments. Je vois que dans l’état que vous m’avez remis il y en a huit, Audenarde, Rolland, Christophe, Murat-Sistrières, Vezier, Lanougarède, Viennet et Baillod ; on doit leur donner des régiments avant les colonels en second. Faites-moi un rapport sur ces huit officiers, afin de leur donner des régiments, et ceux qui ne seraient pas capables, de leur donner leur retraite ou de les employer d’une autre manière.
Vous confondez toujours les majors avec les majors en second. Le sieur Guillaume, qui est major, et les sieurs Campariol, Campagnac, Lefebvre et les quatre autres qui sont portés dans votre état, doivent être nommés majors dans des régiments.
Il faut faire le même travail dans la cavalerie, afin que ceux qui sont colonels vous les nommiez aux régiments vacants par la nomination que j’ai faite de généraux de brigade, avant d’y nommer les majors en second.
Rambouillet, 9 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, je réponds à votre lettre du 6. Si vous croyez que les inspecteurs aux revues ne peuvent pas être chargés de la comptabilité des prisonniers de guerre, donnez ordre à quatre auditeurs (section de la guerre) d’aller en passer la revue, non seulement de ceux employés par la guerre, mais aussi de ceux qui travaillent pour les ponts et chaussées et la marine, vu que c’est vous, comme ministre de la guerre, qui devez prendre intérêt à ces malheureux. Vous ferez faire une instruction pour ces auditeurs sur la tenue des livrets et sur tous les détails de cette petite comptabilité. Ces auditeurs seront chargés de prendre note de tout et de recueillir les plaintes de ces prisonniers.
Faites former quinze autres bataillons pour le service du génie militaire, dont cinq seraient employés à Flessingue, cinq au Helder et cinq à Cherbourg. Nommez des officiers en retraite pour former et commander ces bataillons.
On doit pousser les travaux à Cherbourg avec la plus grande activité, ainsi qu’au Helder et à Flessingue, où il ne saurait y avoir trop de monde. Il faut prendre des mesures pour pouvoir dépenser 3 ou 4 millions l’année prochaine à Flessingue.
Rambouillet, 9 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, c’est pour la dixième fois que je donne ordre que le bataillon de Schouwen se rende en Allemagne. Sous différents prétextes on le retient, et il n’était pas parti le 4 août. Punissez qui est coupable de n’avoir pas obéi.
Envoyez une estafette pour faire partir ce bataillon douze heures après l’arrivée de cette estafette. Il partira beaucoup plus faible, parce que les fièvres dans cette saison font beaucoup de mal dans ce pays.
Vous donnerez également ordre que vingt-quatre heures après l’armée de votre estafette, tout ce qu’il y a de disponible aux 3e, 4e et 5e bataillons du régiment de Walcheren, habillé ou non, parte avec un cadre pour 140 hommes, pour se rendre à Gorcum et de là au corps d’observation de l’Elbe. Donnez également ordre que tous les hommes des deux premiers bataillons qui appartiennent aux départements de l’Escaut, des Deux-Nèthes et de la Lys, partent également; de sorte que le 13 août, sous votre responsabilité, il ne
reste du régiment de Walcheren, bien portants, tout au plus que les deux premiers bataillons, forts de 1,400 hommes (ce qui est suffisant pour le service de l’île), la meilleure partie du bataillon colonial, les compagnies d’artillerie et le bataillon de sapeurs. Vous comprenez facilement la grande importance que j’attache à ce que sans aucun délai, le bataillon de Schouwen, les hommes disponibles des trois bataillons, qui étaient, au 1er août, forts, le 3e de 600 hommes, le 4e de 400 hommes et le 5e de 400 hommes, quittent l’île de Wakcheren, puisqu’en laissant une si grande quantité dans celle île, c’est les envoyer à la mort. Ce n’est pas l’ennemi que j’ai à craindre, ce sont les fièvres. Je préfère que quelques désertent en route à les voir rester dans l’île de Walcheren pour périr de maladie. Faites connaître au général Gilly que je considère qu’y laisser pendant les mois d’août, septembre, octobre et novembre, un homme de plus que ce qui est nécessaire pour la stricte défense est un crime.
Le n° 124, qui est à Bruges, sera prêt à tout événement à rester dans l’île. L’escadre y jetterait ses matelots; et enfin, dans la situation actuelle, toute crainte pour cette île est une chimère. Je suis très mécontent du retard que le général a apporté à l’exécution de mes ordres. Vous ferez sortir de l’île le détachement du 11e de hussards, fort de 90 hommes; on n’y laissera que 25 hommes. Je vois avec peine que les cadres des 7e et 13e légers sont encore dans l’île et ne sont pas remplis. Si l’on ne peut pas les compléter avant le 15 août par des hommes habillés, qu’on les complète en hommes non habillés et non armés et qu’on les fasse partir pour Hambourg où ils seront habillés et armés à leurs régiments. Il est inutile de laisser ces cadres, qui sont composés de très bons officiers et sous-officiers, prendre la fièvre dans le pays.
Je suppose que vous avez donné ordre qu’il ne soit plus conscrits réfractaires dans l’île de Walcheren et qu’ils soient sur Wesel. Toutefois donnez ordre au général Rousseau, qui commande dans l’île de Cadzand, de n’en laisser passer diriger sur Wesel tous ceux qui se présenteraient.
Rambouillet, 9 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je vous ai fait connaître mon projet de campagne maritime pour 1811 et 1812. Les états que vous me remettez sur la flottille et les expéditions de l’Escaut et de la Méditerranée ne remplissent pas mon but.
ARMEMENT DE L’ESCAUT.
Quinze vaisseaux de guerre, quelques frégates, deux vaisseaux hollandais et quatre frégates hollandaises, peuvent porter en Angleterre ou en Irlande 12 à 15,000 hommes, mais je n’y vois pas de moyen de transport pour les chevaux ; 15,000 hommes ont besoin de 3,000 chevaux; 30,000 hommes en ont besoin de 6,000. La menace ne peut faire effet qu’autant que l’opération sera combinée et de manière que tout le monde y croie et qu’on puisse réellement la tenter.
Les dix-sept vaisseaux de cette armée seront augmentés l’année prochaine de treize vaisseaux, savoir, des neuf vaisseaux d’Anvers et des sept du Texel, et de quelques frégates. Ainsi donc on ne sera pas loin de pouvoir transporter l’année prochaine 20 à 25,000 hommes. La question restera toujours la même : les chevaux ?
Les canonnières et tous les petits bâtiments ne doivent pas faire partie de l’expédition de l’Escaut; ils n’y seraient d’aucune ressource, l’expédition partant par un gros temps et devant faire une haute navigation. Une expédition d’Irlande partant de l’Escaut doit être composée de cent bâtiments, dont le moindre serait de la valeur d’une frégate. Il faudrait, ou acheter à Rotterdam vingt bâtiments pouvant porter chacun 100 chevaux et ayant la valeur d’une frégate, ou faire construire à Dordrecht vingt écuries.
Comme vous ne vous êtes pas occupé de cette question, les idées sur ces écuries ne sont pas encore nettes. Combien les cinq frégates hollandaises et les dix vaisseaux hollandais installés en écuries pourraient-ils porter de chevaux ? Convient-il de faire construire des écuries sur un modèle particulier, ou tout simplement des frégates ? Peut-on trouver à Rotterdam des bâtiments de 8 à 900 tonneaux, capables de servir encore cinq à six ans, et qui puissent naviguer aussi bien que les bâtiments hollandais ? Je n’approuve pas qu’on frète aucun bâtiment; je ne veux rien fréter. Je n’approuve pas davantage l’emploi des canonnières, qui ne doivent pas entrer dans des expéditions de cette nature.
L’expédition de l’Irlande ne me promet donc aucun résultat.
FLOTTILLE DE BOULOGNE.
La flottille de Boulogne doit également avoir le nombre de chevaux proportionné aux troupes d’infanterie. Voici comment je conçois qu’elle doit être composée :
Quarante-huit petits bâtiments, bricks, cutters, péniches, avisos, etc., portant 3,000 hommes et 80 chevaux; seize prames, portant 4,000 hommes et 800 chevaux ; quatre-vingt-une canonnières, portant 10,000 hommes; chaque prame et chaque canonnière aurait une péniche sans canonnière et sans garnison; cent trente-cinq bateaux canonniers, portant 13,500 hommes et 270 chevaux; cent transports installés en écuries, y compris les corvettes de pêche, portant 3,000 hommes et 1,500 chevaux; deux cents chaloupes canonnières, bateaux canonniers convertis en écuries, portant 6,000 hommes et 3,000 chevaux ; total, cinq cent quatre-vingts bâtiments, 38,000 hommes et 5,050 chevaux.
Ces 38,000 hommes se diviseront en 30,000 hommes d’infanterie, 6,000 hommes de cavalerie, 2,000 hommes d’artillerie; le 6,000 chevaux seraient 4,000 de cavalerie et 2,000 d’artillerie et d’état-major.
Cela exigera donc cinq ou six cents bâtiments, qui existent tous excepté les péniches. Il suffira cette année d’avoir vingt-trois péniches de différents modèles à Saint-Valéry, Boulogne, etc., on ferait les soixante autres l’année prochaine.
EXPÉDITION DE CHERBOURG.
Les ordres ne sont pas encore donnés pour les prames du Havre. II y a dans ce dernier port un bâtiment de 600 tonneaux qu’il serait utile d’acheter. A Cherbourg, 600 chevaux suffisent cette année puisque l’expédition semble ne menacer que les îles de Jersey. Il n’y a pas besoin de cavalerie.
EXPÉDITION DE LA MÉDITERRANÉE.
J’ai pris un décret pour que la Melpomène et la Galatée soient mises à l’eau cette année. Je désire également y envoyer quatre frégates de l’Océan .
Rcmcltez-inoi un état des soixante-huit bâtiments qui sont ia*a* dans vos états de situation comme servant à la protection de U «*• Divisez-les en deux : ceux qui sont de la force d’un brick ou A* force supérieure, et ceui d’une force inférieure, et nombre d’hommes que chaque billimcnt pourrait porter en manière que j’aie au 15 décembre à Toulon v indépendamment et t* qui est nécessaire pour Corfou, six frégates ou grosses goélette». ^ (lûtes, quatre <jubares et quatorze écuries, portant ou pouvant ftfrtr 12,000 hommes et 700 chevaux, soit en Sicile, soit en Sardaîpt
Mon intenlion est qu’une frégate et une vingtaine de pttilihii-ineiils puissent se réunira Porto-Ferrajo et y embarquer 3,000 hommes, et qu’une grosse corvette et une vingtaine de petits bâtiments puissent en embarquer à Ajaccio et Bonifacio 3,000 autres; ce qui ferait une expédition de 6,000 hommes pour la Sardaignc et la Sicile, sans rien embarquer sur mes vaisseaux de ligne, que je ne veux compromettre d’aucune manière.
Si Ton faisait l’expédition de Sicile, l’ennemi viendrait en Sardaigne. L’expédition de Sardaigne faciliterait l’expédition de Sicile. Je désire que vous me remettiez un mémoire qui considère la question sous le point de vue maritime, fasse connaître où l’expédition pourrait débarquer, si ce doit être au port de Conte ou dans le golfe d’Ori-stano. Je désire bien connaître tous les points de l’île qui peuvent donner refuge à une escadre, et surtout celui de Cagliari. L’ennemi a dégarni et dégarnit tous les jours la Sicile; ce qui rend plus important de se trouver en mesure dans la Méditerranée.
Rambouillet, 9 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Il y a à Hambourg une immense quantité de bois provenant de Bohême, de Saxe, de Prusse, de Westphalie et de presque tous les pays dont les eaux versent dans l’Elbe. On achèterait ces bois à bon marché. La difficulté serait de les transporter à Amsterdam; mais, en les faisant passer par les Wadden, cette difficulté s’affaiblirait. Vous manquez de bois à Amsterdam, à Anvers et à Flessingue; ce nouveau débouché, qui ne tendrait qu’à en faire baisser le prix, serait une ressource également précieuse pour nos arsenaux et pour former nos marins.
Commencez par un essai. Faites acheter 25,000 pieds cubes de bois, non pas pris indistinctement, mais des courbes et des qualités qui vous sont le plus nécessaires. Faites venir ces bois à Cuxhaven, et faites-les embarquer sur quinze à vingt bateaux tirant moins de 4 pieds d’eau et portant le plus possible. Ces bateaux marcheront sous la protection des flottilles en attendant que toutes les îles puissent être militairement occupées, et ils ouvriront un chemin d’autant plus important que par là non seulement nous pourrons envoyer en retour nos vins dans le Nord, mais encore que nous pourrons faire arriver cette immense quantité de blé qui se trouve également sur l’Elbe, et dont la ressource nous sera peut-être nécessaire cette année.
Rambouillet, 9 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Décrès, dans la nécessité où je suis d’avoir des frégates prêtes pour différentes expéditions, je pense qu’il est nécessaire de mettre quatre frégates à l’eau à Nantes. Je ne trouve pas que les raisons que vous donnez dans votre lettre du 5 août soient bonnes. On peut tenir des frégates dans plusieurs endroits de la Loire; on peut, s’il est nécessaire, les alléger de manière à les tenir prêtes, soit pour Batavia, où les circonstances peuvent les rendre nécessaires, soit pour quelque expédition dans la Méditerranée. Quant à Rochefort, mon intention est que la Saale soit armée sans délai afin de profiter des espérances que l’on conçoit, soit de faire passer des vaisseaux dans la Gironde, soit de les faire mouiller près des Saumonards.
Rambouillet, 9 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Il y a dans le continent de la Sardaigne les rades de Cagliari, de Porto-Conte, de Terranova et d’Oristano. Je désire en avoir les plans, avec le mouillage des vaisseaux, afin de voir s’ils peuvent être protégés par la terre.
Il y a dans le continent de la Sardaigne plusieurs ports : Porte-Torrès, qui est le port de Sassari, Castel-Sardo, Alghero, Oristano, Torre di Bozza, et le port de Cagliari.
Je désire savoir si des frégates, corvettes, flûtes, gabares, tartanes, peuvent y entrer. Enfin il y a vis-à-vis, en Corse, les ports et rades de Santa-Manza, Bonifacio, Porto-Figari et le golfe Valinco, points de refuge qui peuvent être considérés comme tenant à une expédition de Sardaigne. Je désire en avoir les plans, ainsi que de tous les mouillages entre Bonifacio et Ajaccio, savoir quels échantillons de bâtiments peuvent y entrer, où ils peuvent mouiller, et la protection que la terre peut leur donner.
Enfin les Îles de la Madeleine forment un bon mouillage. Je désire savoir s’il est propre pour des vaisseaux, s’ils peuvent y rester en tout temps et quelle protection ils peuvent recevoir de la terre.
Rambouillet, 9 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Si l’on avait mis plus d’activité dans les travaux maritimes de Flessingue, le bassin aurait pu être terminé cette année et les vaisseaux y entrer, si cela avait été nécessaire.
Je désire que les travaux soient dirigés de manière qu’à la fin de juillet 1812 nos vaisseaux puissent y entrer. A cet effet, il faut donner l’ordre à l’ingénieur de requérir les maçons dont il a besoin dans les départements de la Lys et des Bouches-de-l’Escaut et dans les îles de Beveland, et lui faire fournir les bois dont il a besoin.
On doit pour les travaux suivre le plan suivant. Le radier doit être entièrement terminé cette année comme il est projeté, c’est-à-dire qu’au centre il y ait plus de 23 pieds d’eau ; les bajoyers de l’écluse seront établis jusqu’à la naissance de la voûte; le quai du bassin qui reste à faire sera entièrement terminé; les bois pour confectionner les trois paires de portes seront fournis avant le 15 septembre, afin de les arranger et confectionner pendant l’hiver. Pendant l’hiver on creusera le bassin à 3 pieds au-dessus du buse du radier. Le déblai sera très considérable, le bassin ayant besoin d’être creusé de plus de 6 pieds; mais ce travail ne peut se faire que cet hiver, à cause du mauvais air que cela produit
En juin 1812, l’écluse sera terminée, les portes placées, et l’on travaillera à creuser le canal et à démolir le batardeau, de sorte qu’en juillet les vaisseaux puissent y entrer.
Les travaux de la marine ne vont point du tout dans ce moment-ci ; c’est le bois qui manque et la volonté. Ceux de la guerre, au contraire, ne manquent de rien et vont avec la plus grande activité. C’est que les ingénieurs de terre ont le droit de se pourvoir de ce qui leur manque, au lieu que les ingénieurs de marine ne l’ont pas, ou que l’administration ne marche pas et ne leur fournit pas ce dont ils ont besoin.
Faites connaître ce plan de travail au préfet maritime et aux ingénieurs, et qu’on lève tous les obstacles pour qu’il réussisse.
Rambouillet, 9 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
On parle beaucoup des projets du canal de l’Elbe au Rhin. Tous les projets qui me sont présentés offrent au moins une dépense de 30 millions. Il est évident qu’en temps de paix ce canal sera d’un médiocre avantage. De gros bâtiments venant de Hambourg à Amsterdam et à Anvers auront la préférence, et, en temps de guerre, il est douteux si le canal que l’on fera sera plus avantageux que celui qu existe. Or il est impossible à l’ennemi d’intercepter la navigation de Hambourg à Cuxhaven. Il est impossible également d’empêcher la communication de Cuxhaven au Zuiderzee par les Wadden, si l’on arme et occupe toutes les îles. Faites faire au bureau une carte avec les cotes des Wadden. Faites-moi connaître la distance d’une île à l’autre, ce que pourrait faire l’ennemi en coupant la communication des îles occupées, et ce qu’il faudrait faire pour occuper ces îles (ce qui entraîne la description de ces îles ; il y a des tours dans plusieurs) ; enfin sur les moyens d’aller à leur secours.
Faites-moi faire un mémoire sur cette question, comment on la connaît au Dépôt; et, si cela n’est pas satisfaisant, chargez un ingénieur de marine et deux officiers de marine de faire cette importante reconnaissance, afin de me remettre un second mémoire, avec cartes et sondes, dans le courant d’octobre.
Rambouillet, 9 août 1811
Au comte Roederer, sénateur, ministre du grand-duché de Berg, à Paris
J’ai signé le décret pour l’appel de la conscription de 1811 du grand-duché de Berg, montant à l,850 hommes; ce qui, avec le montant de l’appel pour remplacer les conscrits réfractaires, fera 2,150 hommes; 600 seront nécessaires pour compléter le bataillon du 1er régiment qui est à Düsseldorf; l,200 deviendront nécessaires pour former le fonds du 4e régiment; les 300 hommes restants suffiront à former le noyau des escadrons de cavalerie et a compléter l’artillerie et le train.
Parce moyen, j’aurai, au 1er janvier 1812, savoir : un bataillon du 1er régiment complet, le 2e le 3e et le 4e régiment, ayant chacun 2 bataillons de plus de 600 hommes présents; ce qui me ferait 7 bataillons formant près de 4.000 hommes. J’aurais 1,000 hommes de cavalerie et 4 à 500 hommes d’artillerie.
En appelant la conscription de 1812, on compléterait les 1er, 2e, 3e et 4e régiments, la cavalerie et l’artillerie. Mais il est important que les cadres non seulement du 4e régiment, mais encore des ouvriers, de l’artillerie et du train, soient formés sans délai. Parce moyen, le grand-duché aurait une belle division munie de tout, et qui serait à même de se faire honneur.
Donnez donc l’ordre que les cadres du 4e régiment et tous les cadres de l’artillerie soient formés avant le 15 septembre. Présentez-moi un rapport pour le matériel de l’artillerie, caissons, etc., afin que tout cela s’apprête.
Rambouillet, 10 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Suspendez de ses fonctions le capitaine de gendarmerie…. Prenez connaissance des plaintes auxquelles il a donné lieu dans la Haute- Loire pour fait de conscription, et faites des exemples sévères sur les officiers de gendarmerie et de recrutement qui abusent de la conscription. Le sieur sera remplacé dans le Tarn, où il a été envoyé depuis.
Rambouillet, 10 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Faites paraître tous les jours un petit bulletin du mouvement des escadres de Toulon, d’Anvers, de Lorient, de Brest, de manière à encourager les marins qui sortent, sans cependant faire connaître dos forces.
Rambouillet, 10 août 1811
Au baron de La Bouillerie, trésorier général du domaine extraordinaire, à Paris
Je ne signe point le projet de décret que vous m’avez présenté; je désire avant que les comptes des 250,000 francs (chapitre VII) soient terminés. Lors donc qu’il sera prouvé qu’il n’y a plus rien à imputer pour dépenses accidentelles pour 1810, vous m’en rendrez compte, et je prendrai un décret qui portera l’annulation du surplus du crédit; mais j’approuve que vous portiez à ce chapitre les trois sommes qui seront portées dans le décret.
Quant aux 2,241,000 francs accordés pour dots aux militaires mariés, vous auriez dû envoyer l’argent en comptes courants chez les receveurs et payeurs, et ne les compter que lorsque les payements seraient faits et lorsque vous auriez toutes les pièces. Toute autre marche est irrégulière ; il faut donc que vous ayez non seulement les reçus du Domaine, mais l’emploi des fonds et les noms des militaires qui se trouvent dotés en conséquence.
Je trouve, au chapitre IV, une somme de 1,500 francs au sieur Tournus, chef de bureau des monnaies au trésor impérial. Cette somme ne devrait pas être portée à ce chapitre, mais au chapitre II, aux frais de négociation ou conversion de monnaies, aux frais de service des receveurs ou frais de diverses natures.
Vous n’avez point le droit d’empiéter d’une année sur l’autre. Vous n’auriez point dû le faire sans m’en rendre compte, pour que je vous ouvrisse un nouveau crédit; mais, une fois que cela est fait, il faut le porter comme surplus. Ce n’est pas une chose régulière, mais on se régularise à la fin de l’exercice. Il est probable que tout le crédit du chapitre VII ne sera pas nécessaire; alors on prendra donc à la fin de l’année pour les autres chapitres, si cela est nécessaire.
Vous portez 4,000 francs pour les essayeurs de la Monnaie de Paris; cela ne regarde pas le chapitre IV.
En ôtant les deux premiers articles, l’état B me parait en règle ; mais c’est autant que vous avez les pièces justificatives de 2,285,000 francs pour les dots de militaires. Il est nécessaire de savoir si les 48,000 francs qui restent à payer seront nécessaires. Je suppose que vous avez des reçus des conseils d’administration pour les 250,000 francs des corps du Brabant et de la Zeeland. Je vous renvoie donc toutes les pièces, afin de régulariser tout cela.
Au fait, voici la situation de 1810 :
Les crédits que j’ai accordés étaient de 20,379,000 francs; au 30 juin il vous restait encore 10,554,000 francs à payer. Il est nécessaire que vous effectuiez ces payements. Après avoir payé les 6 millions pour la restauration du palais de Versailles, les 2,300,000 francs pour remboursement au trésor de la Couronne, les 1,700,000 pour achat de domaines, il ne restera plus que 23,000 francs pour le chapitre V, 200,000 francs pour le chapitre VI et 250,000 francs pour le chapitre VII, c’est-à-dire 473,000 francs, et il restera à discuter la partie de ces sommes qui est due et celle qui n’est pas due ; ce qui permettra de couvrir par un décret toute la dépense de 1810.
Je nommerai une commission pour recevoir votre compte.
Le chapitre IV sera couvert par un décret de moi pour la partie qu’il est inutile que personne connaisse. Le service de 1810 se trouverait entièrement terminé.
Dans le budget 1812, tâchez d’économiser sur les dépenses des chapitres 1er, II et III de 1811 f afin de pouvoir en 1812 diminuer de beaucoup les crédits pour dépenses imprévues, frais de missions, frais de négociations, de conversion de monnaies, transport de Fonds, frais de service des receveurs, etc.
Rambouillet, 11 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la marine, à Paris
Il est nécessaire que pour les chevau-légers vous régliez les dimensions de la lance, tant du bois que du fer, afin que l’artillerie ne s’y trompe plus comme elle l’a fait pour les chevau-légers hollandais. Il est nécessaire que vous fassiez imprimer mon instruction sur l’exercice de la lance; que vous demandiez au 1er régiment de lanciers, qui est en Andalousie, et au régiment de la Garde, qui est à Paris, un certain nombre d’instructeurs pour être envoyés aux différents régiments. Je suppose que vous avez demandé des hommes pour former le premier régiment de chevau-légers, qui est à Sedan.
Rambouillet, 11 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, je désire que vous me fassiez un rapport sur les quatre régiments étrangers. Le premier est celui de la Tour d’Auvergne, le deuxième celui d’Isembourg, le troisième le régiment irlandais, et le quatrième celui de Prusse. Quels sont les quatre colonels et les majors qui commandent ces régiments ? Où sont-ils ? Quels sont les chefs de bataillon, capitaines et lieutenants ? Indiquez-moi de quelle nation est chacun, et joignez-y des renseignements sur leurs services, afin que je connaisse bien la composition de ces régiments. Tous les officiers français qui ont servi en Autriche et en Prusse et que je rappelle, tous ceux qui ont émigré, tous ceux enfin qui n’ont pas fait leur avancement dans l’armée française, pourront être employés dans ces régiments, où il y aura un tour d’avancement distinct de celui de la ligne; car vous ne devez pas perdre de vue le principe que ces officiers ne doivent pas avoir d’avancement dans la ligne, et que, s’il y a jamais quelque exception, ce ne peut être qu’en vertu d’un décret spécial de moi et d’après un rapport particulier sur chaque individu , où vous m’aurez bien fait connaître ce dont il s’agit et les services de l’officier.
Il faut porter le régiment irlandais et le régiment de Prusse, chacun à cinq bataillons, comme les régiments français. Aussitôt qu’il sera possible, vous ferez revenir de l’armée de Portugal les bataillons de Prusse et d’Irlande qui s’y trouvent. Les régiments de la Tour d’Auvergne et d’Isembourg sont destinés à garder la Toscane et l’Italie, et en conséquence, vous devez veiller à ce qu’on n’y envoie pas d’Autrichiens. Au contraire le 3e et le 4e régiment, que je destine à garder la Hollande, pourront recevoir les Autrichiens. Mais il est convenable qu’il y ait un bon nombre d’officiers et sous-officiers français parlant allemand.
Écrivez au duc de Tarente de faire venir le plus tôt possible le bataillon Valaisan sur Cette, où l’on verra à le réorganiser.
Qu’est-ce que les chasseurs français dont le dépôt est â Lille ? Où ont servi ces hommes ? Que pourrait-on en faire ?
La légion hanovrienne, celle du Midi, ont été dissoutes; les tirailleurs corses et du Pô sont également dissous; ainsi il n’y aura plu de corps irréguliers. Je ne parle pas des huit bataillons de la légion de la Vistule, des régiments espagnols, de la légion portugaise. Le bataillon romain est composé de déserteurs ; pourrait-on le faire passer en France ?
Il faut achever d’organiser le 32e léger. Donnez ordre de faire revenir de Catalogne les portions de ce régiment qui s’y trouvent, afin de réunir les trois bataillons et de pouvoir, aussitôt qu’il sera possible, former le 1er et le 5e bataillon. Ce régiment est mal placé à Toulon; comme je veux le composer d’Italiens, on placera le dépôt à Avignon. Les dépôts du 16e et du 29e, qui sont des dépôts français, sont suffisants à Toulon. Faites-moi un rapport particulier sur le 29e léger. II faudrait compléter ce régiment : le 3e et le 4e bataillon le serai à l’île de Ré; mais le 1er et le 2e sont encore loin d’être complets. Quelle est leur situation et qu’attend-on des garnisons de l’île de France et de Saint-Domingue ? Envoyés à Belle-Île le cadre du 5e bataillon du 20e de ligne. Il prendra 500 hommes, en ayant soin ne prendre aucun Breton ni Normand. Ces hommes, il les recevra des conscrits à mesure qu’ils arriveront ; il les habillera et les instruira.
Enfin il faut organiser le 28e de chasseurs et le porter à 1,000 hommes et à 8 ou 900 chevaux.
Rambouillet, 12 août 1811
Au prince Cambacérès, archichancelier de l’empire, à Paris
Mon Cousin, je vous renvoie votre projet sur l’Ordre de l’Union. J’en ai supprimé ce qui regarde les Français. Je désire que le nombre des commandeurs soit porté à 500 et celui des chevaliers à 5,000. Cela donnera les moyens de soulager la Légion d’honneur, qui sans cela s’accroîtra à l’infini.
Il faudrait aussi changer quelque chose à la plaque, qui a la même forme que l’aigle de la Légion d’honneur. La réunion consiste dans la réunion de la Hollande, des villes hanséatiques, de Rome et de la Toscane. Si l’on pouvait faire entrer dans la décoration quelque ligne qui rappelât ces trois grandes réunions, cela serait d’un bon effet : l’aigle pourrait soutenir le médaillon, par exemple. Enfin il faut imaginer une autre plaque que l’aigle seul, qui forme la Légion d’honneur.
Le nombre des départements réunis est, je crois, de 19, en y comprenant ceux de la Toscane et de Rome. Il est probable que le Piémont et Gènes seraient bien aises de trouver quelques souvenirs là-dedans.
On pourrait dire dans le préambule que les services rendus aux anciens souverains sont récompensés comme ceux rendus à nous-même ; ce qui donnera lieu à des chefs de vieilles familles de se croire des droits à cet Ordre, chose qui est politique et convenable. Cela se rattacherait même à des services rendus à l’ancienne France. Retravaillez donc ce projet et faites de nouvelles recherches pour un nouveau modèle.
Rambouillet, 12 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Les péniches anglaises nous harcèlent partout. Il faut que tous les bâtiments de la flottille du Nord aient des péniches; j’en avais attaché à tous les bâtiments de cette flottille; mais mes ordres ne s’exécutent pas; de sorte que les Anglais vont où nous ne pouvons aller. Il fau qu’indépendamment de son canot, chaque canonnière ait sa péniche pouvant porter 10 hommes et une pièce de canon. La négligence de ces détails nous fait éprouver des pertes. Il n’y a pas le soin et l’habileté convenables dans cette direction. J’ai une grande quantité de péniches qui pourrissent à Anvers et qui seraient fort utiles là.
Rambouillet, 13 août 1811
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, je vois dans les comptes du trésor de 1810 qu’il y a deux pensions montant à 157 francs, dont les titulaires auraient eu cent un ans en 1810; qu’il y a près de 5, 000 pensionnaires, hommes et femmes, ayant plus de quatre-vingt ans, et 375 ayant plus de quatre-vingt-dix ans. Je désire que vous fassiez dresser l’état nominatif de ces pensionnaires par départements, afin de faire vérifier s’il n’y a point d’abus.
Rambouillet, 13 août 1811
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, je désirerais beaucoup avoir des idées précises sur la solde des armées d’Espagne. Vous m’annoncez là-dessus un travail que j’attends avec impatience. Je viens d’ordonner l’envoi d’un huitième convoi de fonds qui partira au commencement de septembre. Je désire en faire partir un neuvième de 4 millions, qui partira dans les premiers jours d’octobre. Il sera nécessaire de coordonner cela avec les budgets de 1810 et de 1811. Une partie des fonds que j’envoie en Espagne sont destinés à l’armée du Centre et servent à payer les troupes de la Confédération auxquelles les princes doivent envoyer des fonds. La division italienne qui est en Espagne et celle qui va y entrer reçoivent des fonds du trésor d’Italie. J’ai besoin d’avoir là-dessus des explications claires.
Je vois dans les derniers états de la balance du trésor que vous m’avez remis qu’il était dû à la guerre, au 1er juillet, 15 millions sur l’exercice 1810. Je suppose que, sur ces 15 millions, les 10 millions pour supplément de solde de l’armée d’Espagne sont entiers. Dans le livret des finances de juillet 1811, je vois qu’il n’y avait de dépensés sur 1811, pour la solde des armées d’Espagne et de Portugal, que 12,700,000 fr. Je remarque par occasion dans ce livret, état n° 9, que vous avez dépensé 2,300,000 francs pour la solde de l’Illyrie et 400,000 francs pour la Dalmatie : mais la Dalmatie et l’Illyrie sont la même chose. Je vois 400,000 francs pour Naples : je ne connais pas cette dépense.
Rambouillet, 13 aout 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Donnez ordre au premier inspecteur d’artillerie de partir demain pour se rendre en toute diligence à Toulon. Il visitera les batteries de Toulon et de la rade des îles d’Hyères. Il donnera les ordres qui pourraient être nécessaires pour chasser, s’il est possible, et nuire aux Anglais qui mouillent dans la rade d’Hyères. Donnez ordre également à deux chefs de bataillon d’artillerie, avec deux capitaines, de passer dans les îles de Porquerolles et Port-Cros, où les deux chefs de bataillon prendront le commandement de l’artillerie.
Vous autoriserez le premier inspecteur à faire faire les dépenses nécessaires, et vous mettrez à sa disposition, chez le directeur, une somme soit pour réparations ou constructions d’artillerie, soit pour toute autre chose y relative.
Saint-Cloud, 14 août 1811
A M. Gaudin, duc de Gaète, ministre des finances, à Paris
Votre lettre sur la situation de la caisse d’amortissement m’a porté à lire les pièces relatives aux comptes de cette caisse qui sont imprimés dans les comptes des finances de cette année. J’y vois que la caisse d’amortissement, comme caisse d’amortissement proprement dite, doit représenter 32 millions, qu’elle représente en effet par une inscription de 1,600,000 francs de rente. J’y vois que, comme caisse de garantie, elle doit représenter 247 millions; mais que, sur ces 247 millions, 149 millions sont pour les cautionnements, c’est-à-dire ne sont point remboursables; l’intérêt n’est qu’à 4 pour 100. Sur cela le trésor lui doit 86 millions; elle a 42 millions de rente sur le grand-livre; il n’y a donc que 95 millions qui, étant exigibles, constituent son dû.
Elle représente pour les 95 millions 65 millions de domaines, 30 millions d’argent, ou effets valant de l’argent, qui feraient 95 millions. La caisse représente aussi 7 millions pour intérêts de cautionnements dus par le trésor en 1809 et 1810. Avez-vous porté ces deux sommes sur les budgets de 1809 et 1810 ? Elle réclame encore 24 millions pour pareille somme de domaines au delà des Alpes (loi du 3 février). Est-ce que je ne lui ai rien donné en place pour cet objet ? Ces deux explications me sont nécessaires.
La caisse doit représenter 61 millions comme caisse de dépôt, mais une partie de cette somme n’est point exigible, telle par exemple que le fonds de retraite : elle ne doit que l’intérêt.
La caisse représente, pour faire face à ces 61 millions, une somme de 61 millions en argent comptant ou de produit de ventes de domaines qui doivent rentrer promptement. La somme de 6 millions seule est en rente évaluée au pair; mais, comme une somme plus forte est due aussi en rentes et n’est pas remboursable, elle ne peut pas être une occasion de déficit.
Les comptes ainsi présentés me paraissent extrêmement clairs. Rapportez-moi le plus tôt possible les comptes de la caisse d’amortissement arrêtés au 1er juillet, faits de la même manière. 30 millions, sur les 87 millions que le trésor lui doit, doivent s’y trouver compris. Que le directeur fasse toutes les recherches et réunisse tous les renseignements sur ces 61 millions de biens, sur ce qu’il en retirera, sur l’époque des ventes, etc.
Aussitôt que vous m’aurez remis ces renseignements avec les besoins de la caisse, mois par mois, année par année, on créera des bons portant 4 ou 5 pour 100 d’intérêt, qui mettront la caisse d’amortissement au-dessus de ses besoins, sans qu’elle aliène directement ou indirectement son 5 pour 100. En effet, ses 5 pour 100 lui rendent 6 1/2 pour 100 : elle peut émettre des bons à 4 pour 100.
Dans la situation actuelle de la place, on préfère des billes à 4 pour 100, remboursables dans deux, trois ou quatre ans, à des 5 pour 100 qui ne sont point remboursables, quoiqu’ils rendent 6 pour 100, parce qu’on n’est pas certain de ce qu’on retirera du capital au moment où l’on voudra y rentrer. Je pense donc que la caisse d’amortissement doit profiter de ces bénéfices, si ce n’est pour en faire un commerce, au moins pour ses besoins.
Ce serait effectivement une bonne spéculation que d’émettre des bons remboursables à un an ou deux ans qu’elle rembourserait par d’autres bons, et d’acheter des 5 pour 100 qui lui donneraient constamment une bonification au moins de 1 et 1/2 pour 100 et qui auraient l’avantage de satisfaire aux besoins du public.
Je vois que vous avez 3,653,000 francs disponibles au 1er avril sur votre budget pour 1810. Je suppose que les 3 millions pour intérêt des cautionnements y sont compris; mais je ne trouve rien en 1809 que 200,000 francs, ce qui me fait supposer que cette année on n’a point compris l’intérêt des cautionnements.
Il sera nécessaire également que, dans le rapport que vous me ferez sur cet objet, vous m’indiquiez l’époque où tous les bons en émission sont remboursables.
Contre les 6,600,000 francs de girofle, j’avais ordonné qu’on émit 6,600,000 francs de bons du syndicat de Hollande, qui, rendant 5 pour 100, sont comme de l’argent. Faites-moi connaître si ces bons ont été émis. Dès lors ils doivent entrer dans l’avoir de la caisse.
Le but de ce travail est de me proposer l’émission de 20 millions de bons remboursables en dix-huit mois ou deux ans, portant le même intérêt que les derniers, l’intérêt payable deux fois l’an, avec lesquels la caisse d’amortissement pourvoira à tous ses besoins.
Saint-Cloud, 14 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Vous avez dû donner l’ordre au premier inspecteur général de l’artillerie de partir pour aller inspecter l’artillerie des côtes de Provence et spécialement des îles d’Hyères.
Je crains que les Anglais ne veuillent établir leur mouillage dans la rade pour surveiller les mouvements de l’escadre de Toulon. Déjà l’on me rend compte qu’au commencement de ce mois ils y ont mouillé. La mission du général de la Riboisière n’en est pas moins nécessaire. Les Anglais peuvent aller à leur but de deux manières, ou en s’emparant des îles de Porquerolles et de Port-Cros, ou sans s’emparer ni de l’une ni de l’autre de ces îles. Je suppose le cas où ils voudraient s’établir dans la rade sans s’emparer des îles : il me parait indispensable d’établir à Brégançon, à Porquerolles, à Port-Cros, à la presqu’île de Giens et sur tous les points de la plage, des mortiers à plaque tirant à 2,000 toises, et des pièces de 36 tirant des obus à la distance de 2,300 toises sous l’angle de 45 degrés. En jetant de ces points des obus à 2,300 toises, je crois qu’on atteindrait tous les points de la rade et que l’on empêcherait l’ennemi d’y mouiller. Si, à l’arrivée du premier inspecteur général, l’ennemi est encore mouillé dans la rade, vous lui ordonnerez de faire des dispositions pour faire tirer des différente points à la fois sur l’ennemi et pour l’incommoder, de manière à lui faire quitter son mouillage et à lui faire prendre le large. Si à l’arrivée du général de La Riboisière, l’ennemi a pris le large, on n’en fera pas moins des dispositions pour que des mortiers à plaques et des pièces de 36 soient placées de manière à tirer, la première fois que l’ennemi se présentera, de tous les points à la fois, des obus avec les pièces de 36 et des avec les mortiers à plaque, de façon à leur en faire passer l’envie.
II faut tirer de toutes les batteries à la fois; sans quoi ils se retireront de l’une sur l’autre. C’est donc un système à établir et une instruction à donner.
Il doit y avoir à Toulon, soit de la marine, soit de la guerre, des mortiers à plaque et des pièces de 36. Il ne manque point d’obus ou de bombes. Il me semble que j’avais ordonné qu’on établit de fortes batteries de pièces de 36 et de mortiers à plaque.
Dans tous les cas, l’inspecteur général parcourra les trois îles de Porquerolles, de Port-Cros et du Levant, visitera les batteries, les fera augmenter et mettre en état; il fera placer les mortiers à plaques et pièces de 36 nécessaires ; il s’entendra avec les ingénieurs et fera pousser les travaux. Vous lui recommanderez de prendre connaissance, avant de partir, de la situation de ces îles et des travaux du génie. Il visitera l’île du Levant, que je veux également faire occuper par des ouvrages qui soient le plus près possible de Porquerolles. Afin d’être maître de communiquer du fort de Man au fort Maupertuis, qui ne sont qu’à 300 toises de distance.
J’attache la plus grande importance à ce que l’ennemi ne reste pas dans la rade d’Hyères, et à ce que ces îles soient mises à l’abri toute attaque et de toute insulte de la part des ennemis. Le général de La Riboisière restera de ce côté jusqu’à ce que la défense de la rade soit parfaitement établie, et qu’il soit persuadé qu’il est impossible à l’ennemi de mouiller tranquillement dans aucun point de la rade.
Vous donnerez la même instruction au général Dumuy et au directeur de l’artillerie, en ce qui les concerne, pour que, de leur côté, ils donnent tous les ordres nécessaires pour seconder la mission du général La Riboisière et assurer la défense des îles.
Saint-Cloud, 14 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
L’ai reçu les projets sur l’île de Goeree. Je désire que vous me remettiez le plan de l’île avec le plan des fortifications qui sont vis-à-vis Wilemstad, afin que je puisse juger de l’ensemble. Faites-moi connaître si, moyennant ce fort, on peut abandonner toutes les batteries pour les renfermer dans le fort. Ce ne sera que quand j’aurai reçu ces renseignements que je donnerai une décision. Il restera à asseoir la défense de l’île de Schouwen; ce sera un sujet de discussion pour le conseil de novembre.
Je désire avoir un rapport sur les tours qu’on a commencées cette année sur les côtes. Remettez-moi également des projets sur les îles d’Hyères. Vous me ferez connaître ce qui existe dans ce moment, ce qu’il y aura de fait à la fin de la campagne moyennant les fonds faits, ce qu’on pourrait faire en augmentant les fonds, ce qu’il faudrait faire pour saisir ces îles avec une main de fer.
Il y a des îles en avant de Porquerolles et de Port-Cros qu’on n’a pas occupées. Pourquoi ne les a-t-on pas occupées ? Y a-t-il de l’eau ? A-t-il été question de les occuper ? Les Anglais ne s’y sont-ils jamais établis ? Que faudrait-il faire pour les occuper ? Le premier inspecteur du génie peut inviter l’amiral Ganteaume à se rendre au conseil du génie lorsqu’on discutera tout cela.
Nos forces de Toulon devenant très considérables, et l’ennemi ne pouvant pas les bloquer pendant l’hiver, il est à craindre qu’il ne s’établisse dans les îles d’Hyères que nous n’avons pas occupées, pour favoriser son mouillage, et qu’il fasse de ces îles un point de contrebande pour toute la côte de Provence, ou qu’il ne s’empare même des îles importantes de Porquerolles et Port-Cros. Mon intention est donc d’y faire toutes les dépenses nécessaires.
Saint-Cloud, 14 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je vous envoie une lettre du prince d’Eckmühl sur cette malheureuse affaire des quatre canonnières (ces quatre canonnières françaises étaient sous les ordres du lieutenant Van Wouten. Cet officier quitta le 2 août le mouillage du Krug, sur les côtes de la mer du Nord, et se dirigea sur l’île de Norderney; il se laissa surprendre dans le port de cette île par la flotte anglaise, qui, après une demi-heure de combat, captura les bâtiments français). II faut être bien peu habile pour aller passer la nuit dans une île. Il parait que le commandant était un Hollandais. On dit qu’on s’est mal battu. Il me tarde bien d’apprendre qui était dessus, et si ce sont des chaloupes canonnières ou des bateaux canonniers.
Ces opérations auraient dû être faites avec des péniches, les canonnières les soutenant. Ce qui est le plus important, c’est d’éloigner les Hollandais et de mettre des aspirants français. On formera ainsi une pépinière de jeunes gens pleins d’intelligence et d’ardeur : on ne s’en sert pas assez. Donnez ordre que ces péniches soient commandées par des aspirants de 1e classe, ayant sous leurs ordres des aspirants de 2e classe. Le commandant de la flottille de l’Ems ne me parait pas digne d’un commandement aussi important. Il faut établir les relations des commandants de la marine avec les commandants de terre.
Saint-Cloud, 14 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je vois par votre dernière lettre qu’une frégate construite exprès ne porterait que 112 chevaux et coûterait 800,000 francs ; qu’une écurie comme celles de Toulon coûterait 200,000 francs et ne porterai que 40 chevaux; ainsi avec 800,000 francs on construirait quatre de ces écuries qui porteraient 184 chevaux.
Une prame comme celles de Boulogne coûte 100,000 francs et porte 50 chevaux. Ainsi avec les 800,000 francs on construirait huit prames qui porteraient 400 chevaux. Avec les 200,000 francs que coûte une écurie je ferais deux prames qui porteraient l00 chevaux. L’armement de la prame la rendrait supérieure a un cutter, un brick, et la mettrait même en état de tenir tête à une frégate.
Quelle artillerie pourrait porter la frégate installée en écurie ? A quoi ressemble une écurie comme celles de Toulon ? Peut-elle être comparée à une corvette comme la Diligente ? Quelle artillerie porterait-elle ? Indépendamment des chevaux, combien d’hommes porterait-elle ? En donnant aux prames de Boulogne trois ou quatre pieds d’eau de plus, cela n’augmente pas sensiblement leur prix, et cependant elles pourraient porter 150 chevaux. Elles ont une batterie de quatorze pièces de canon. Pourquoi ne s’en tient-on pas à ces prames ? Alors les 6,000 chevaux seraient portés par soixante prames, qui coûteraient 6 millions. Soixante prames dans l’Escaut seraient une ligne d’embossage du plus grand résultat. Cette question ne me parait donc pas encore approfondie; j’attendrai un nouveau mémoire là-dessus.
1° Anvers. — S’il y a à Rotterdam deux bâtiments de 900 tonneaux, je pense qu’il est utile de les louer ou de les acheter et de les faire venir à Anvers. Cela fera du bruit, et ces bâtiments, s’ils durent cinq ou six ans et qu’ils marchent bien, nous seront toujours utiles, soit comme hôpital et poudrière dans l’expédition, soit même dans l’Escaut comme hôpital pour la flotte; car il serait d’un bon principe de garder pendant l’été les malades au milieu de l’Escaut; ils seraient plus sainement qu’à Saint-Bernard même.
2° Boulogne. — Je désire que vous ordonniez à la marine à Boulogne de prendre une des canonnières et un des bateaux canonniers qui ne sont pas destinés à être armés, en les installant comme écuries et y mettant le plus de chevaux possible. Vous ferez observer que ces bâtiments ne doivent pas aller en rade et ne doivent servir qu’au transport. L’expérience fera connaître ce que cela coûtera et comment on installera ces bâtiments. Abandonnez cela aux ingénieurs et à l’administration du port. Il faut seulement que cela soit fait en septembre, afin qu’en passant à Boulogne je puisse voir ces écuries avec leurs chevaux.
Quant aux vingt-trois péniches, je désire que vous en fassiez faire trois modèles : petites, moyennes et grandes. Les petites porteront 30 à 40 hommes ; les moyennes, de 40 à 50 hommes; les grandes, de 50 à 60 hommes; le tout indépendamment de l’équipage. Il faut que ces péniches soient le plus légères possible; elles ne porteront qu’une pièce de canon et seront construites avec du bois sec. Recommandez qu’elles soient faites avec le plus grand soin. L’expérience fera voir laquelle de ces trois espèces de péniches il faut préférer. Je ne suis pas d’opinion de faire construire de nouvelles prames à Boulogne. Ces bâtiments sont trop considérables pour la flottille de Boulogne.
3* Cherbourg. — Si le 3e arrondissement maritime ne peut envoyer que trois canonnières, qu’il n’en envoie que trois; Boulogne en enverra douze au lieu de six. Il faut que l’équipage de la flottille qui est à Cherbourg aille à Boulogne prendre ces douze canonnières.
Je vous ai mandé qu’il y avait des bâtiments de 4, 5, 6 et 700 tonneaux dans les petits ports de la Manche; ces bâtiments pourraient être achetés dès ce moment. Leur réunion à Cherbourg ferait un grand effet, puisque, avec les cinq que j’ai, cela ferait quinze cent bâtiments. Quant au prix, il faut traiter de manière à mettre une partie sur le budget de cette année et une partie sur le budget de l’année prochaine.
Mon intention est que les bâtiments de transport des flottilles de l’Escaut, de Toulon, de Cherbourg, de Boulogne, soient armées. Je vous ai demandé un projet pour l’armement des flûtes de 600 tonneaux, gabares et écuries. Il faut que chacune puisse se battre un bâtiment de guerre de sa force, surtout lorsque, par circonstance, il y aura des hommes à bord.
Saint-Cloud, 14 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je crois nécessaire d’avoir un petit établissement à Delfyl. Il faudrait avoir là, comme bâtiment stationnaire, une grosse corvette, bonne marcheuse et un bon brick, et outre cela les chaloupes canonnières et bateaux canonniers, avec une dizaine de péniches, sans équipage ni garnison. Il faudrait avoir aussi là un petit atelier pour réparer ces bâtiments et leur fournir des vivres. Il faudrait que tout cela fût français.
En général, il faut insensiblement éloigner les Hollandais qui sont à Venise, en Illyrie, à Lorient, à Brest, à Cherbourg, à Boulogne et à Anvers, et insensiblement remplacer tout cela par des Français. La prudence le veut ainsi; car, dans des moments douteux, nous nous trouverions mal de n’avoir pas pris cette précaution.
Faites en sorte que, lorsque j’arriverai à Boulogne, je ne voie que des jeunes gens sur les bâtiments; pas de patrons, etc., à moins que ce ne soit sur les prames, sur les canonnières commandantes ou parmi les officiers de l’équipage.
Paris, 15 août 1811 1)C’est aujourd’hui le 42e anniversaire de Napoléon
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je vois dans le Moniteur (Moniteur du 15 août 1811), un décret rendu au Conseil d’État sur votre rapport et dans lequel vous parlez d’otages. Je ne connais pas d’otages ; tout est prisonnier de guerre. Les Anglais voyageant qu’on a arrêtés au commencement de la guerre sont prisonniers de guerre. Je ne sais où vous avez été chercher qu’ils sont otages.
Paris, 15 août 1811.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je vous avais chargé de suivre les affaires relatives à l’Irlande. Je n’en entends plus parler.
Saint-Cloud, 16 août 1811
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, je vous renvoie votre rapport du 14 août et l’état qui y était joint. Je désire d’abord que vous mettiez à cet état le véritable titre : État général des fonds (y compris le huitième convoi considéré comme parti) qui ont été fournis par le trésor à l’armée d’Espagne pour les payements des dépenses de cette année, depuis le 1er janvier 1810 jusqu’au 1er septembre 1811, jour du départ du huitième convoi. Il me semble que ce titre est plus exact que celui que vous avez mis. Je ne vois pas pourquoi vous comprenez dans votre état les 1,783,000 francs de septembre, les 2 millions d’octobre, les 2 millions de novembre et les 4 millions de décembre : ces mois sont encore à arriver. Je vois que vous n’avez à Perpignan que 600,000 francs; mais depuis j’ai ordonné deux envois en Catalogne, qui doivent porter à 2 millions ce que vous avez à Perpignan. Enfin je ne vois pas comment vous pensez avoir dépensé tant d’argent, lorsqu’une partie des huit premiers convois se trouve avoir été employée en avances pour solder les alliés. Ces états ne me paraissent donc pas encore assez nets. Il me semble que la véritable marche serait de faire connaître tous les envois, date par date, depuis le 1er janvier 1810. Alors les huit convois s’y trouveront dans leur ordre, et les envois en Catalogne s’y trouveront également. Faites-moi donc un état en forme de journal. Le vrai seul est bon et porte avec soi conviction. Je vous prie de me renvoyer cet état le plus tôt possible, car cela m’intéresse beaucoup pour mettre de l’ordre dans toutes mes affaires. Vous aurez reçu par le major général le détail du huitième convoi.
Je viens d’ordonner la formation d’un neuvième, qui partira dans les premiers jours d’octobre. Il se composera de 4 millions, dont moitié en argent et moitié en bons; mais j’attendrai pour en faire l’attribution que vous m’ayez rendu rectifie l’état que je vous renvoie. Le maréchal duc d’Istrie avait ordonné une violation de caisse de 100,000 francs; faites-moi connaître comment cet argent vous appartenait. Il faudrait le faire entrer dans la composition d’un convoi sans faire double emploi.
Saint-Cloud, 16 août 1811
Au comte Bigot de Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Monsieur le Comte Bigot de Préameneu, des vicaires apostoliques exercent dans différentes parties de l’Empire, notamment à Bois-le-Duc. Présentez-moi un projet de décret à rendre au Conseil d’État pour que ces vicaires aient à cesser sur-le-champ toutes fonctions et même à s’éloigner. Ils seront remplacés dans le gouvernement des catholiques de ces pays par des vicaires nommés par moi. Là-dessus les évêques du concile; voyez quelle est la manière légale d’arranger cette affaire, et posez bien la question. Je ferais plutôt fermer les églises d’Amsterdam et du Brabant hollandais que de souffrir des vicaires apostoliques. Il me paraîtrait, en effet, préférable de n’avoir pas de culte en ces pays à en avoir un dirigé par des agents du Pape, sans l’intermédiaire de l’évêché. Faites comprendre en même temps aux évêques de quel scandale serait cette affaire dans des départements protestants, où tout récemment encore le culte n’avait qu’un exercice toléré.
Saint-Cloud, 16 août 1811
Au comte Bigot de Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Monsieur le Comte Bigot de Préameneu, la députation qui se rendra à Savone sera composée de l’archevêque de Tours, du patriarche de Venise, de l’évêque de Nantes, de l’archevêque de Malines, et l’évêque de Feltre et de l’évêque de Plaisance. Réunissez ces six évêques pour les prévenir de se tenir prêts à partir.
Discutez avec eux ces questions : 1° comment le Pape doit-il donner son approbation au décret du concile ? 2° le décret du concile comprendra tous les évêchés de l’Empire, même l’évêché de Rome.
Toute réserve que le Pape ferait pour l’évêché de Rome, je ne l’accepterai ni n’y mettrai d’opposition; mais pour tout évêché autre que celui de Rome je ne pourrais en admettre : cela romprait l’unité de mon Empire. Bois-le-Duc, Munster, la Toscane, l’Illyrie, tous les évêchés environnant Rome, doivent être compris dans le décret, hors l’évêché de Rome. Mon intention n’est pas d’avoir à Rome un beaucoup plus grand nombre d’évêchés que dans les autres pays de mon empire. Ainsi, non seulement je ne reviendrai pas sur ceux qui sont supprimés, mais je suis dans l’intention de m’entendre avec le Pape pour en supprimer d’autres. En France il y a un évêque par 500,000 âmes; à Rome j’aurai un évêque pour 100,000 âmes; ce qui fera pour les deux départements 6 ou 7 évêques. Le Pape n’a rien à voir aux limites temporelles de mes États. Tout pays qui se trouverait réuni à la France sera soumis au décret. L’IIlyrie et Corfou sont compris dans ces principes. Si mes États acquéraient un accroissement du côté de l’Espagne ou d’un autre côté, ces pays s’y trouveraient compris de fait.
Ayez une conférence là-dessus aujourd’hui, et présentez-moi demain un projet d’instruction d’après ces bases, afin que la députation puisse partir au plus tard dans la journée du 18. Il parait que l’on désire que les évêques partent avant les cardinaux ou en même temps.
Je vous renvoie votre rapport pour que vous le lisiez aux évêques députés et que vous preniez leur opinion.
Envoyez au Conseil d’État le projet de décret que vous m’avez soumis.
Saint-Cloud, 16 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, la marine s’occupe dans ce moment d’une opération dont le résultat serait de faire passer les frégates et peut-être les vaisseaux, depuis l’embouchure de la Charente jusque dans la Gironde, par le pertuis de Maumusson. L’ennemi peut vouloir s’y opposer; il est donc nécessaire de prendre aussitôt des mesures pour armer d’une manière convenable toutes les batteries de côte depuis les abords du port de Rochefort jusque dans la Gironde. Vous recevrez un décret relatif à cet armement. Il est nécessaire que vous donniez des ordres pour que toutes les batteries soient armées au 10 septembre.
J’ai demandé un projet de défense pour l’île Madame ; faites-le-faire de manière que cette île puisse se défendre seule, dans la supposition que l’île d’Aix et même tout le littoral de Rochefort seraient prit.
Saint-Cloud, 16 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, quel est le port qu’il faut préférer pour réunir mon escadre de l’Océan ? Je ne vois à choisir qu’entre deux : Cherbourg ou Brest. Quel est celui de ces deux ports qui m’offre le plus de facilités pour faire une descente en Angleterre ou en Irlande ? Quel est celui qui m’offre le plus de facilités pour appareiller pour l’Amérique et les Indes ? Dix vaisseaux de guerre réunis à Cherbourg pourraient-ils appareiller tous les jours et jouer aux barres avec une escadre supérieure, comme le fait celle de Toulon ? L’escadre que je réunirais se composerait des cinq vaisseaux de Lorient (à cet effet, je désirerais qu’un des vaisseaux qui sont en construction fût mis à l’eau et prêt à partir avant janvier), des deux vaisseaux de Brest (et, de même, je voudrais que l’ordre fut donné dans ce port pour que l’Orion fût mis à l’eau le plus tôt possible), enfin des quatre vaisseaux de Cherbourg, en y comprenant ceux qui sont sur le chantier; cela ferait donc une escadre de onze vaisseaux de guerre, qu’il serait facile de réunir à Brest ou à Cherbourg. Comme l’équinoxe arrive, il serait nécessaire de donner les instructions. Je désire donc que vous me rédigiez un mémoire sur cette question importante.
Il faudrait voir aussi toutes les frégates qu’il serait possible de tirer de Nantes, de Brest, de Saint-Malo, Cherbourg, le Havre, etc., pour les réunir à cette escadre.
Saint-Cloud, 16 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, le colonel Deponthon me rend compte que les marins et gens du pays sont dans l’opinion que les frégates peuvent passer par le pertuis de Maumusson et aller ensuite mouiller dans la rade du Verdon. Je désire qu’on y fasse passer aussitôt les trois frégates qui sont en rade, et que vous ordonniez sur-le-champ l’armement de la frégate la Saale; par ce moyen j’aurai quatre frégates dans la Gironde. Je désire également qu’on travaille avec la plus grande activité à la Circé, afin qu’elle puisse être mise à l’eau avant le 1er octobre. J’aurais donc alors cinq frégates dans la rade du Verdon. Cela étant ainsi, il devient nécessaire de mettre deux nouvelles frégates sur le chantier de Rochefort. Vous ne devez cependant garder ceci que comme indication de ce qu’il y aurait à faire. J’attends, en définitive, le rapport que vous devez me faire à ce sujet, car si les vaisseaux peuvent mouiller aux Saumonards, nous pourrions y avoir trois vaisseaux, et trois autres à l’île d’Aix; ce qui obligerait l’ennemi à avoir aussi six vaisseaux sur la rade des Basques. Mais probablement il ne voudra pas tenir un pareil nombre de vaisseaux mouillés; il préférera bloquer la rade extérieurement, avec la même croisière qu’il a devant Lorient, et tenir seulement des vaisseaux d’observation. Je pense que, s’il est possible de mouiller aux Saumonards, il est nécessaire de s’occuper de l’armement de l’Océan, du Foudroyant, du Triomphant, du Cassard et du Jemmapes, qui, avec le Régulus, feront six vaisseaux. Il ne resterait dans le port que le Patriote.
Saint-Cloud, 17 août 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, je vous envoie une lettre d’un soldat de la garnison de Stettin. Il dit qu’il y a beaucoup de malades : j’ai cru que Stettin était en bon air. Damm, au contraire, est malsain. Faîtes vérifier cela. Ayez bien soin que mes troupes soient placées dans des lieux où elles n’aient point à craindre de maladies. Il vaut mieux donner la bataille la plus sanglante que de mettre ses troupes dans un lieu malsain. Souvenez-vous de ce qui est arrivé à la division Morand après la bataille de Wagram.
Saint-Cloud, 17 août 1811
A M. Gaudin, duc de Gaète, ministre des finances, à Paris
Monsieur le Duc de Gaète, je réponds à votre lettre du 11 août dernier. 5 millions sont affectés, sur les domaines qui se trouvent en Hollande, à la route d’Amsterdam à Anvers. Vous observez qu’il sera difficile de faire face à toutes les dotations; celle-là doit passer avant tout. Vous devez désigner sur-le-champ pour une valeur de 5 millions de biens que vous remettrez à la caisse d’amortissement qui a l’habitude de ce genre d’affaires ; elle les mettra aussitôt en vente et elle en versera le produit dans la caisse des canaux. Vous aurez soin d’instruire de ces dispositions le ministre de l’intérieur, le directeur général des ponts et chaussées et le trésorier de la caisse des canaux. II faut remarquer que ces 5 millions sont une somme fixe; en sorte que, si la somme provenant du résultat des enchères surpassait celle de 5 millions, il ne devrait cependant être versé que 5 millions à la caisse des canaux, et l’excédant appartiendrait au Domaine. Je crois qu’il suffira que vous fassiez mettre en vente des biens pour 200,000 francs de rente, sauf à y ajouter, si leur vente ne produisait pas les 5 millions.
Vous devez aussi fournir à la caisse des canaux 4 millions pour la route de Hambourg à Wesel et 8 millions pour le canal de la Seine à la Baltique. Mais, comme on n’a pas encore commencé les travaux du canal, il n’y a d’urgent que la réalisation des 4 millions pour la route. Faites faire sans retard la remise de biens de cette valeur à la caisse d’amortissement, qui les vendra et en versera également le produit dans la caisse des canaux. Il sera statué ultérieurement sur les 8 millions pour le canal. Ordonnez que ces opérations soient exécutées sans délai, afin que la caisse d’amortissement soit saisie de ces biens avant le 1er octobre, et qu’elle procède aussitôt à leur vente. Il est probable que, lorsqu’on liquidera définitivement l’arriéré de la dette de Hollande, on trouvera que toute la somme calculée à présent ne sera pas nécessaire.
Quant à la dotation du Sénat de 600,000 francs, il sera ultérieurement à cet égard.
Je vous renvoie votre rapport, parce qu’il s’y trouve des états. Ce qui importe dans ce moment, je le répète, ce sont les travaux des routes. La chaussée d’Amsterdam à Anvers rapprochera cette première ville de Paris de vingt-quatre heures, et celle de Hambourg à Wese, rapprochera Hambourg de Paris de quatre jours ; cela assure et consolide la réunion de ces pays à l’Empire, et c’est donc un objet de premier intérêt.
Saint-Cloud, 17 août 1811
Au comte Bigot de Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Monsieur le Comte Bigot de Préameneu, vous trouverez ci-jointe l’instruction signée de moi pour les évêques qui vont à Savone. Vous la leur remettrez en original, contresignée par vous, et vous en garderez une copie.
Vous réunirez les cardinaux qui ont demandé à se rendre à Savone, et vous leur communiquerez les instructions que je donne aux évêques. Vous leur ferez connaître que, s’ils sont de l’opinion que le Pape doive arranger toutes les affaires, j’autorise leur voyage à Savone, et qu’ils peuvent partir incontinent; que je désire qu’arrivés à Savone ils n’écrivent à qui que ce soit et ne soient les intermédiaires d’aucune affaire auprès du Pape; que, si le Pape adhère au décret du concile, ils peuvent rester à Savone pour lui servir de conseil dans les affaires ultérieures et les arrangements qui suivront; que, si le Pape refuse son approbation, ils doivent retourner à Paris. Mettez cela par écrit et remettez-le-leur, signé de vous.
Saint-Cloud, 17 août 1811
A MM. LES ÉVÊQUES DÉPUTÉS PRÈS DU PAPE, A SAVONE.
Messieurs les Archevêques et Évêques de Tours, de Malines, de Venise, de Nantes, de Plaisance et de Feltre, nous vous avons nommés pour porter au Pape le décret du concile et lui en demander l’approbation. Cette approbation doit être pure et simple. Le décret s’étend sur tous les évêchés de l’Empire, dont Rome fait partie, et sur tous les évêchés de notre royaume d’Italie, dont Ancône, Urbino et Fermo font partie. Il comprend également la Hollande, Hambourg, Munster, le grand-duché de Berg, l’Illyrie et tous les pays réunis à la France ou qui y seraient réunis. Vous refuserez de recevoir l’approbation du Pape, si le Pape veut la donner avec des réserves, hormis celles qui regarderaient l’évêché de Rome, qui n’est point compris dans le décret. Nous n’admettrons non plus aucune constitution ni bulle desquelles il résulterait que le Pape referait en son nom ce qu’a fait le concile. Nous avons déclaré que le Concordat a cessé d’être loi de l’Empire et du royaume; nous y avons été amené par la violation que le Pape en a faite pendant plusieurs années. Nous sommes rentré dans le droit commun des canons, qui confèrent au métropolitain le droit d’instituer les évêques. Nous rentrons donc dans le Concordat. Nous approuverons le décret du concile, à condition qu’il n’aura éprouvé ni modification, ni restriction, ni réserve quelconque, et qu’il sera purement et simplement accepté par Sa Sainteté; à défaut de quoi, vous déclarerez que nous sommes rentrez dans l’ordre commun de l’Église; que l’institution canonique est dévolue au métropolitain sans l’intervention du Pape, comme il était d’usage avant le concordat de François Ier et de Léon X.
Aussitôt que Sa Sainteté aura approuvé le décret sans réserve les modifications, nous nous entendrons pour la circonscription des diocèses de Rome et du Trasimène, de la Toscane, de Hambourg, de la Hollande, du duché de Berg et de l’lllyrie. Nous n’entendons pas conserver dans les départements de Rome et du Trasimène plus d’un évêché par 100,000 âmes de population. Dans le reste de la France il y a un évêque par 500,000 âmes. Vous pouvez d’ailleurs, si le Pape est disposé à faire cesser les querelles qui existent, lui faire connaître que nous sommes animé des mêmes principes qui nous ont dicté les instructions données aux évêques lors de leur dernière mission. Aussitôt que le Pape aura donné son approbation au décret, vous l’enverrez par estafette à notre ministre des cultes, et vous resterez à Savone jusqu’à nouvel ordre, pour servir de conseil au Pape dans les affaires ultérieures que nous aurions à traiter.
Si le Pape refuse l’approbation pure et simple du décret, vous lui déclarerez que les concordats ne sont plus lois de l’Empire et du royaume, lesquels rentrent dans le droit commun pour l’institution canonique des évêques, c’est-à-dire qu’il y sera pourvu par les synodes et par les métropolitains.
Nous comptons sur votre zèle pour la religion, pour notre service et le bien de votre pays. Ne montrez aucune faiblesse; n’acceptez rien que nous n’accepterions pas et qui serait contraire à la teneur des présentes, ce qui embarrasserait les affaires au lieu de les arranger et de les simplifier.
Saint-Cloud, 17 août 1811
Au comte Bigot de Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Monsieur le Comte Bigot Préameneu, pour rendre la députation qui se rend auprès du Pape plus solennelle, mon intention est d’envoyer neuf évêques au lieu de six ; à cet effet, les évêques de Paris, de Trêves et d’Evreux seront joints aux six autres.
Saint-Cloud, 17 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Le corps d’observation de réserve de l’armée d’Espagne sera composé de quatre divisions. La première, qui se réunit à Pampelune, sera commandée par le général Reille; la seconde, qui se réunit à Burgos, par le général Caffarelli ; la troisième, qui se réunit à Logroño, par le général Souham; la quatrième est la division italienne, qui se réunit à Pampelune. Je suppose que la division italienne a ses administrations et ses commissaires des guerres. Il faudra prendre à Madrid et à l’armée du Nord les commissaires des guerres et chefs de service nécessaires pour les trois divisions françaises. Il y a tant d’employés d’administration en Espagne, qu’il ne doit pas être difficile de faire ce travail.
Saint-Cloud, 17 août 1811
Au lieutenant-colonel Deponthon, secrétaire du cabinet de l’Empereur, en mission à Rochefort
Je reçois votre lettre en date du 14, avec les plans qui y sont joints. J’attache une grande importance à ce que mes frégates puissent se rendre dans la Gironde. J’ai ordonné la construction d’un fort au Verdon. Je désire que vous apportiez les plus grands renseignements sur le cours de la Gironde et sur les positions que pourraient y prendre mes escadres. Vous trouverez ci-jointe une note du décret que j’ai pris pour l’armement des batteries de côte.
Mon intention est de placer trois vaisseaux aux Saumonards; il faut pour cela en renforcer les batteries. J’attends le rapport sur l’île d’Oléron, où vous me ferez connaître ce qu’il y reste à faire pour que les bâtiments soient à l’abri. Avec les trois vaisseaux qui sont à l’île d’Aix, cela me fera deux divisions, chacune de six vaisseaux en rade, et obligera l’ennemi à tenir dans la rade des Basques un nombre au moins pareil de vaisseaux. On a objecté à ce projet que le courant des Saumonards est trop fort pour qu’on y puisse mouiller ; j’ai ordonné en conséquence qu’une gabare y mouillât. Allez à bord de cette gabare et faites en sorte qu’on ne me fasse promptement un rapport là-dessus. Rien n’empêche que dans le gros temps les trois vaisseaux qui seront aux Saumonards ne filent leurs câbles et n’aillent mouiller dans la rade des Trousses, puisque, même éloignés des batteries, ils n’auront rien à craindre de l’ennemi, qui ne peut les attaquer par un gros temps.
Vous verrez, à l’île d’Oléron et à l’île d’Aix, les dépôts de conscrits. Entrez dans les plus grands détails sur leur habillement, leur armement et leur composition. J’ai ordonné que toutes les compagnies fussent portées à 200 hommes pour désencombrer le dépôt de l’île de Ré. Vous verrez à Rochefort la situation des huit que j’y ai. Je suppose que les réparations pour leur armement seront pas trop considérables.
Saint-Cloud, 18 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Témoignez ma satisfaction au général Jarry pour le zèle, l’activité et la bonté qu’il a témoignés aux conscrits de l’île de Ré. Encouragez-le à continuer. Il serait nécessaire d’avoir à l’île d’Oléron un général de brigade qui fit la même chose et eut soin de ces jeunes gens.
Palais des Tuileries, 18 août 1811
ALLOCUTION DE L’EMPEREUR A UNE DÉPUTATION DU DÉPARTEMENT DE LA LIPPE.
Messieurs les Députés du département de la Lippe, la ville de Munster appartenait à un souverain ecclésiastique : déplorable effet de l’ignorance et de la superstition ! Vous étiez sans patrie. La Providence, qui a voulu que je rétablisse le trône de Charlemagne, vous a fait naturellement rentrer, avec la Hollande et les villes hanséatiques, dans le sein de l’Empire. Du moment où vous êtes devenus Français, mon cœur ne fait pas de différence entre vous et les autres parties de mes États. Aussitôt que les circonstances me le permettront, j’éprouverai une vive satisfaction à me trouver au milieu de vous.
A UNE DÉPUTATION DES ILES IONIENNES.
Messieurs les Députés des îles Ioniennes, j’ai fait faire dans votre pays de grands travaux. J’y ai réuni un grand nombre de troupes et des munitions de toute espèce. Je ne regrette pas les dépenses que Corfou coûte à mon trésor; elle est la clef de l’Adriatique.
Je n’abandonnerai jamais les îles que la supériorité de l’ennemi sur mer a fait tomber en son pouvoir. Dans l’Inde, comme dans l’Amérique, comme dans la Méditerranée, tout ce qui est et a été Français le sera constamment. Conquis par l’ennemi, par les vicissitudes de la guerre, ils rentreront dans l’Empire par d’autres événements de la guerre ou par les stipulations de la paix. Je regarderais comme une tache ineffaçable à la gloire de mon règne de sanctionner jamais l’abandon d’un seul Français.
J’agrée les sentiments que vous m’exprimez.
Saint-Cloud, 19 août 1811
Au prince Cambacérès, archichancelier de l’empire, à Paris
Mon Cousin, on se trouve tous les jours embarrassé pour les titres des Romains et des habitants des départements de la Lippe, du Hanovre et de Hambourg. Je désire que vous me présentiez sans délai un projet sur cet objet. Je pense qu’il n’y a aucune utilité à mécontenter toute la noblesse des pays nouvellement réunis; il parait plus simple de la reconstituer et d’obliger ceux qui ont des titres à en solliciter la confirmation. On déterminerait leurs armoiries, leurs livrées, leurs titres, et, parla, ceux de prince et de duc ne seraient plus si communs. Cette disposition pourrait être appliquée aux nobles toscans. Gênes, le Piémont et la Hollande ont été révolutionnés; ils continueront de suivre nos principes.
Saint-Cloud, 19 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Faites-moi connaître quel jour mes troupes pourront s’embarquer à Cherbourg. Quand tous les bâtiments y seront-ils rendus ? Aucun système n’est encore arrêté pour les écuries d’Anvers ; ce qui retarde tous mes projets. Je suppose que vous me porterez cela mercredi.
J’ai beaucoup de relations en Irlande. Je tiens déjà le fil qui fera remuer beaucoup de choses. Des agents commencent à aller et venir. Il sera fâcheux qu’ils s’aperçoivent qu’il n’y a rien du côté de l’Escaut.
Saint-Cloud, 19 août 1811
Au général Duroc, duc de Frioul, grand maréchal du palais, à Paris
Monsieur le Duc de Frioul, vous ferez connaître au comte Rémusat qu’il n’a plus rien à voir à ma garde-robe, et que je lui ai retiré le titre de maître de ma garde-robe. Jusqu’à ce que j’aie pourvu à son remplacement, vous remplirez ses fonctions. Je vous envoie le budget de ma garde-robe que j’ai arrêté, et un ordre au comte Estève de payer les 16,000 francs de dettes que j’ai, Je ne veux pas charger le budget de cette somme; il n’y a rien à y changer, étant le même que celui que j’avais arrêté au commencement de l’année. Le trésorier payera donc les 16,000 francs sur la cassette, comme dette.
Faites-vous présenter les registres de mes effets; vérifiez-le et parafez-les. Je crois qu’on peut encore économiser sur le budget. Veillez à ce que le tailleur s’arrange pour ne pas faire de la mauvaise besogne, et que le budget ne soit pas dépassé. Le jour où l’on doit me présenter les objets neufs, vous me les présenterez, afin de voir s’ils me vont bien, et dès lors ils seront reçus. Mettez de l’ordre dans tout cela, afin qu’il y ait une règle bien établie pour le maître de la garde-robe quand j’en nommerai un. Il me semble que le comte Rémusat n’a pas été nommé par décret. S’il y avait un décret qui le nommât, vous me présenteriez un décret pour le révoquer.
Saint-Cloud, 20 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je vous ai mandé que mon intention était que le général Donnadieu eut le commandement des îles d’Hyères; mais, comme ces îles sont séparées, vous lui donnerez ordre de partir dans les vingt-quatre heures pour se rendre à Port-Cros, qui est l’île la plus exposée, afin de pourvoir à sa défense et à celle de l’Île du Levant.
Écrivez au général Dumuy d’augmenter la garnison de Port-Cros de manière qu’elle soit portée à 3,000 hommes ; d’y envoyer deux compagnies de marine et de se concerter avec le préfet maritime pour maintenir toujours cette île approvisionnée pour trois mois.
Faites connaître au général Donnadieu que je compte sur lui pour la défense de cette île importante, en surveiller les batteries et être toujours sur pied. Le général La Riboisière doit donner des ordres pour que les approvisionnements de guerre n’y manquent pas.
Saint-Cloud, 20 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, présentez-moi mercredi un projet de décret, avec la nomination de l’état-major, pour former à Rochefort quatre équipages pour les vaisseaux qui sont dans le meilleur état, le Triomphant, le Jemmapes, le Foudroyant et l’Océan; ce qui, avec le Regulus, fera cinq équipages. Il est nécessaire que les officiers et les maistrances soient promptement rendus à Rochefort, dès le commencement de septembre, ainsi que le personnel d’artillerie. Il faut faire un appel sur la côte et une levée dans le port de Lorient, parmi les marins des flottilles et les garde-côtes, pour armer ces vaisseaux. Mon intention est d’avoir cinq vaisseaux en rade de l’île d’Aix tout l’hiver. Je désirerais qu’ils fussent en rade, un en octobre et les autres en novembre. Le dépôt de l’île de Ré peut fournir un certain nombre de conscrits réfractaires. Les frégates, le Régulus, les vaisseaux de Lorient, de Brest même, peuvent concourir à former le fond des équipages. On en mettra deux aux Saumonards et deux à l’île d’Aix, ou tous les cinq à l’île d’Aix. Je veux que les Anglais soient obligés de tenir quatre vaisseaux devant Rochefort. Présentez-moi un contre-amiral pour commander cette division. Si le contre-amiral Violette, de Toulon, est capable de commander en chef, il faut le faire venir.
Il y a des officiers des marins de la Garde à Paris qui sont sans emploi; il faut leur donner du service, de préférence à Anvers ou sur la flottille de Boulogne, car il est probable que je me trouverai de préférence avec cette escadre et cette flottille.
Présentez-moi un projet de décret mercredi pour nommer et avoir en activité de service 16 contre-amiraux, savoir : 4 à Toulon, 1 à Rochefort, 1 à Brest, 1 à Cherbourg, 1 à la flottille de Boulogne, 5 à la flottille de l’Escaut, 2 hollandais pour les 9 vaisseaux et 1 à Venise.
En faisant de nouveaux contre-amiraux, il ne faut pas considérer l’ancienneté des services, mais véritablement l’étoffe et les espérances que les officiers peuvent donner.
Saint-Cloud, 20 août 1811
Au général comte Bertrand, gouverneur général des Provinces illyriennes, à Laybach
Monsieur le Général Bertrand, le temps se passe et rien ne se fait. Vous avez des commissaires de marine à Trieste; autorisez-les à passer un marché pour la construction d’un vaisseau de guerre et de deux frégates. On se conformera à ce qui est d’usage pour ces marchés, et vous pouvez demander des renseignements à ce sujet au préfet maritime qui est à Venise. Donnez des ordres pour qu’on ramasse des ouvriers et faites travailler; ce sera une chose utile pour les provinces illyriennes. Vous êtes loin; levez les obstacles, et que ces trois bâtiments s’élèvent rapidement.
Saint-Cloud, 21 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, j’ai ordonné le désarmement de toutes les batteries de Walcheren. D’après la connaissance plus approfondie que je viens de prendre des passes de l’Escaut, je suis dans l’intention d’excepter de cette mesure la batterie de West-Kappelle. Loin de la désarmer, je veux l’augmenter, en la faisant défendre par une tour de première espèce, qui contiendra ses munitions et la mettra à l’abri d’un coup de main, de telle sorte que 60 puissent se défendre là une trentaine de jours et obliger l’ennemi à ouvrir la tranchée.
Saint-Cloud, 21 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, je réponds à votre rapport du 20 août sur les pièces de 48. L’important est de savoir quand ces pièces seront en batterie. Je vois qu’il n’y a pas un seul mortier aux îles d’Hyères pour empêcher l’ennemi de mouiller dans cette rade, et ce malgré les ordres que j’ai donnés il y a six mois. J’étais bien loin de m’attendre à l’inexécution de mes ordres; il en sera de même ici. Il ne s’agit pas de spéculation, il s’agit d’exécuter. Les huit pièces de bronze provenant de Danzig et destinées pour Anvers sont dans l’île de Cadzand, et ne doivent en sortir qu’après qu’elles auront été remplacées par celles en fer qui viennent d’être ordonnées. Je devais donc être fondé à penser que ces huit pièces y étaient en batterie et prêtes à tirer au besoin ; cependant on me dit qu’il en est autrement. Sue les vingt nouvelles pièces en bronze, douze sont coulées à Douve, huit à la Haye. Pour ne pas faire de transport inutile, les huit de la fonderie de la Haye devront être envoyées à Flessingue, les douze de Douai devront être dirigées sur l’île de Cadzand, où l’on en retiendra huit, qu’on mettra en place de celles de Danzig, et les quatre autres passeront de là à Flessingue. Ainsi Flessingue aura douze pièces de 18, Cadzand en aura huit, et les huit pièces de Danzig seront transportées à Anvers. Quand ces vingt-huit pièces seront-elles en batterie ? Leur transport ne doit pas être difficile, puisque entre Douai, Anvers et Flessingue, tout peut se transporter par eau. Quand les dix en fer qui doivent être coulées à Liège seront-elles en état de partir avec leurs affûts et tout ce qui est nécessaire ? Sur ces dix, il en sera envoyé huit à Ostende. Les quarante-deux pièces en fer commandées à Liège seront employées pour l’Escaut et la Meuse. Ainsi le transport en sera facile. Les vingt-huit d’Indret seront envoyées, dix à la batterie des Saumonards, et dix-huit à celle de l’Île d’Aix. Mais quand tout cela sera-t-il fini ? voilà ce qu’il faudrait connaître bien positivement.
Je désire que vous me fassiez couler comme essai, à la fonderie de Douai, un canon qui puisse tirer des obus de 8 pouces, dont nous avons une grande quantité. Faites faire également quelques boulets du calibre 78 pour tirer avec ces nouvelles pièces, et voir l’effet que cela produirait. Obligé de défendre des rades éloignées et contre des vaisseaux, quelques pièces monstrueuses peuvent être d’un bon effet. Je sais tous les inconvénients attachés à ces pièces; il n’est donc question que de deux ou trois à mettre dans des points importants, en continuant d’assurer le fond de la défense sur des batteries de calibres moyens. J’approuve que vous fassiez couler 16,000 boulets pleins, de 48, et 4,000 boulets creux. Mais ne me demandez pas d’argent pour les boulets ni pour les fonderies : c’est un virement que doit faire le bureau d’artillerie, en diminuant les dépenses sur des objets moins pressants. Vous me dites que vous avez cinq pièces de 48 dans la direction de la Rochelle. Où sont ces pièces ? Si elles sont bonnes à quelque chose, il faudrait les placer à l’île d’Aix; mais, avant, il serait bon de les faire éprouver avec précaution.
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
J’ai l’habitude de tenir un gouverneur à Venise. On pourrait donner cette place à l’amiral Villaret-Joyeuse; envoyez-le chercher, parlez-lui-en, parce que c’est une grâce que je veux lui faire et non une obligation que je veux lui imposer.
Il sera sous les ordres du vice-roi et correspondra aussi avec vous. Cette place rend, je crois, plus de 100,000 francs. Comme Venise est un grand arsenal de marine et que tout y est maritime, ses connaissances comme amiral n’y seront pas inutiles. C’est la plus belle retraite qu’on puisse offrir. Il est convenable que vous lui fassiez la proposition comme venant de vous. Dans une autre place, il ne pourrait être admis à jouir d’un traitement aussi considérable
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je reçois votre lettre du 20 août relativement aux îles d’Hyères. Par mon décret du 14 août 1810, j’avais ordonné qu’il serait construit au cap des Mèdes une batterie de dix pièces de 36, de deux de 18 et de six mortiers, dont deux à grande portée, et quatre de 12 pouces à la Gomer; au lieu de cela, il n’y a aujourd’hui que cinq pièces de 36, deux pièces de 18 et deux mortiers à la Gomer. Le même décret dit qu’il sera fait une batterie à remplacement de la batterie de l’Alicastre; au lieu de cela, il n’y a que deux pièces de 12. Le même décret porte qu’il sera fait une batterie à la pointe de Bon-Renaud; au lieu de cela, il n’y a rien. Le fort du petit Langoustier devait être augmenté de trois pièces de 36 et de trois mortiers à la Gomer; il parait que cela a été fait.
Comme vous ne m’avez pas envoyé les rapports des îles d’Aix, etc., je n’ai pas pu voir si mes intentions ont été remplies pour la presqu’île de Giens et pour la batterie de l’Esterel, ainsi que pour le mouillage de Bregançon.
Il paraît que l’article 5, qui est relatif à l’île de Bagaud, a été exécuté, hormis pour les mortiers à grande portée; il n’y en a poinrt.
L’article 6 dit qu’il sera disposé d’une douzaine de pièces de 4 ou de 6, de quatre obusiers et de six petits mortiers de 6 pouces pour les employer dans les îles. Il n’y en a point, si ce n’est une pièce de 4. Rendez-moi compte de tout l’armement.
Par le décret du 18 octobre 1810, j’ai ajouté à l’île de Porquerolles une nouvelle batterie de six pièces de 30 et de deux pièces de 18. Je ne vois pas que cela ait été fait.
Envoyez ces deux décrets au général La Riboisière, pour qu’il fasse compléter cet armement.
Quant aux mortiers à plaque et à la Gomer, indiquez-moi les lieux où ils sont placés, pour que je désigne les points d’où l’on peut en tirer. Donnez ordre qu’on approvisionne les pièces de 36 d’un certain nombre d’obus et qu’on tire à toute portée.
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Puisque vous n’avez pas encore envoyé d’ordre au général Vandamme, je pense que vous pouvez lui donner le commandement de la 14e division militaire, en lui faisant connaître qu’il est spécialement chargé de commander une expédition (Cette expédition était dirigée contre les îles anglaises de la Manche) qui doit partir de Cherbourg. Il réunira ces deux commandements.
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, faites-moi connaître ce qu’il faut faire pour mettre en état l’enceinte de Middelburg. Il faudrait y établir un chemin couvert et des glacis, des ouvrages en maçonnerie sur les digues et une inondation qui couvrirait la place à 600 toises. Faites faire un projet afin que je puisse me décider aux conseils de novembre. Si j’adopte le canal qui m’est proposé par la marine, lequel aurait pour but de traverser l’île de Walcheren par Flessingue, Middelburg et Terveere, et d’aller avec une flotte de l’Escaut oriental dans l’Escaut occidental, il devient alors nécessaire de couvrir Middelburg, Terveere et ce canal par une flaque d’eau qui s’étende à 600 toises et fasse que je puisse toujours rester maître de cette île; si, au contraire, ce canal est jugé inutile, je préfère démolir Middelburg.
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je désire faire sauter les fortifications de Genève. Je crois que cette mesure a été décrétée. Peut-être, sous le point de vue militaire, serait-il intéressant de garder cette place; mais, les habitants ayant toujours gardé un esprit séparé, je suis décidé à faire sauter les fortifications sans délai. Faites-moi un rapport.
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
La batterie de l’île d’Hyères a mal fait son devoir, elle a fort mal tiré; les canonniers qui s’y trouvaient n’avaient jamais encore tiré. Le plus grand désordre régnait dans la batterie. Le vaisseau anglais a tiré 3 à 400 boulets et n’a blessé que deux hommes légèrement. Pour qu’un pareil événement n’ait plus lieu, il faut que les batteries de cette île s’exercent à tirer à boulets sur un bâtiment placé en mer, ainsi qu’au tir des bombes et des boulets rouges. Ordonnez les mêmes exercices à toutes les batteries de la rade d’Hyères, de la rade de Toulon et de la rade de l’île d’Aix, et spécialement de celle des Saumonards. Il faut mettre de l’intelligence en plaçant le but : par exemple, aux Saumonards, il faut placer une chaloupe à 100 toises du fort Boyard, et de manière qu’on puisse tirer dessus de l’île d’Aix et de l’île d’Oléron. On tirera aussi avec les mortiers à semelle, ainsi qu’avec des obus dans les pièces de 36.
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je reçois votre rapport du 22 (sur les batteries des côtes de Rochefort et de l’embouchure de la Gironde). Les douze mortiers de 12 à la Gomer tirés de Metz seront bien longtemps avant d’arriver à Rochefort. Vous portez cinq mortiers à plaque, douze mortiers à la Gomer et trois mortiers ordinaires; il ne faut point de mortiers ordinaires sur la côte; ils doivent tous être à la Gomer. Je donne ordre au ministre de la marine de vous fournir les vingt-deux pièces de 36 et les onze pièces de 24 dont vous avez besoin. Envoyez-moi l’état des mortiers qui sont sur cette côte, et je vous ferai connaître ce que l’on peut en tirer pour en avoir plus promptement. Si ces batteries ne sont pas promptement armées, j’aurai des frégates prises. Il faut que vous me fassiez connaître à quel jour précis les batteries de Maumusson, du fort Chapus, d’Arvert, de la Coubre, de Terre-Nègre, de Royan et de Susac, et surtout la pointe de Grave seront armées. Le temps est ici d’une grande importance. Cette partie de la côte est, je crois, comprise dans l’arrondissement d’une colonne mobile commandée par un chef d’escadron. Faites mettre sous ses ordres tout le régiment de Berg, afin qu’il aide à la construction des batteries, et qu’aussitôt que mes frégates seront en mouvement et passeront dans la Gironde il ait un bataillon entier à la pointe de Grave, et que les batteries de Royan, d’Arvert et de la Coubre, soient suffisamment gardées. Quant à la batterie de Maumusson, le commandant d’Oléron aura soin d’y tenir un bataillon, afin qu’on soit à l’abri de toute surprise.
Je vois qu’à la batterie des Saumonards il y a cinq pièces de 36. Mon intention est qu’il y en ait dix de plus, et que les pièces de 24 soient portées à dix ; ce qui fera vingt-cinq pièces de 36 et de 24. Elles doivent être montées sur de bons affûts de côte, et elles seront approvisionnées, indépendamment des boulets, de 30 coups à obus. Les quatre mortiers à semelle ne servent à rien, puisque les plates-formes ne sont pas faites et qu’ils ne pourraient tirer qu’un seul coup. Faites construire des plates-formes comme je l’ai ordonné, et faites-les faire doubles. Il faut aux Saumonards huit nouveaux mortiers à semelle, de manière à y en avoir douze. Il faut dix nouveaux mortiers à la Gomer, ce qui fait quinze, et avec les quatre mortiers en fer, en tout, trente et un mortiers à cette batterie. Outre les vingt-cinq pièces de 36 et de 24, il faudra deux pièces de 18 en bronze pour tirer à boulets rouges. Il est nécessaire que cet armement soit promptement achevé. Je vais avoir une escadre mouillée aux Saumonards , et son sort dépendra beaucoup de la force de cette batterie. II faudra avoir à l’île d’Oléron quatre obusiers sur essieux et quatre pièces de 12 de campagne pour pouvoir se porter sur tous les points, suivre les mouvements de l’ennemi et s’avancer à mer basse sur l’estran, afin de protéger les vaisseaux qui seraient dans la rade des Trousses. Je vois qu’au château d’Oléron il n’y a que des mortiers ordinaires; je crois qu’il faudrait quatre mortiers de 8 pouces pour la défense de ce fort. A l’île de Ré je ne vois point de mortiers pour la défense de la place ; il faudrait y envoyer huit mortiers de 8 pouces. Il y a à la citadelle de Saint-Martin trois mortiers à semelle; je ne les y crois pas utiles. Envoyez-les à l’embouchure de la Gironde.
Il y a trente-huit mortiers à l’île d’Aix, cela me parait suffisant. Les huit mortiers à semelle n’ont pas de plates-formes; faites-en construire sur-le-champ, et faites-les construire doubles; sans cela ils ne peuvent être d’aucune utilité. Je pense qu’il faut avoir à l’île d’Aix les obusiers prussiens en réserve. Il se trouve deux pièces de 48 à l’île de Ré et trois à la Rochelle. Si ces cinq pièces sont en bon état de service, elles seraient mieux placées à l’île d’Aix.
Il y a à Brouage trois pièces de 36, deux pièces de 24 et trois pièces de 18, que vous indiquez comme en réserve; elles peuvent être employées dans l’armement des nouvelles batteries. Ainsi le principal objet de cette lettre est que vous me fassiez connaître quand les nouvelles batteries seront armées et quand tous mes ordres pour les Saumonards seront exécutés. Je désire le savoir jour par jour, afin de remettre ma flotte en rade dans la rade de l’île d’Aix ; des évènements auront lieu; il faut donc que tout soit bien préparé. Je vais faire passer des frégates entre l’île d’Oléron et le continent pour se rendre dans la Gironde; il faut donc que la Gironde et les batteries qui couvrent le passage soient promptement armées.
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Vous chargerez le prince d’Eckmühl de donner l’ordre à l’amiral Ver Huell de prendre le commandement de la flottille de l’Ems, qui sera sous ses ordres, ainsi que toute la cote et les îles jusqu’aux limites du département de la Frise, y compris le Lauwer-Zee. Vous lui donnerez l’ordre de prendre les mesures nécessaires pour s’assurer des Wadden et pour qu’elles soient balisées. Il s’adressera au prince d’Eckmühl pour faire dresser des batteries où il sera nécessaire; il fera armer, au compte du commerce, tous les bâtiments qui font la navigation des Wadden. Ces bâtiments seront constamment escortés par des bateaux canonniers.
En conséquence, vous donnerez ordre qu’il y ait sous l’amiral Ver Huell vingt-quatre chaloupes canonnières, formant trois divisions pour garder les embouchures du Weser, de la Jahde, de l’Elbe, et trente-six bateaux canonniers du modèle hollandais, formant quatre sections, pour escorter les convois et battre les Wadden dans l’Ems, la Jahde, le Weser et la Baltique.
Donnez ordre par estafette au préfet maritime d’Amsterdam de fournir des bateaux canonniers hollandais pour compléter le nombre à trente-six. Il prendra à cet effet sur la flottille du Zuiderzee, de sorte que cela parte trente-six heures après votre ordre reçu.
Indépendamment de ce, il sera attaché aux canonnières de la flottille vingt-quatre péniches ou gros canots, pouvant porter 30 à 40 hommes et ayant une pièce de canon. Ces péniches seront attachées aux flottilles, et il y en aura à toutes les divisions de la Jahde, du Weser, de l’Elbe et de l’Ems. Vous donnerez l’ordre à l’amiral Ver Huell d’en acheter ou faire construire six à Hambourg et d’en faire venir d’Amsterdam au moins six.
J’ai à Hambourg 150,000 pieds cubes de bois qui m’appartiennent; donnez ordre qu’ils soient envoyés à Delfzyl, d’où ils arriveront par les canaux jusqu’à Amsterdam.
Donnez ordre que les bois qui sont à Hambourg soient achetés et transportés par les Wadden à Delfzyl, et de là à Amsterdam, avant la mauvaise saison. Il en existe jusqu’à 500,000 pieds cubes propres à la marine.
Des convois de blé devaient partir de Hambourg par ce canal. Donnez ordre au vice-amiral Ver Huell de se concerter avec le prince d’Eckmühl pour faire occuper toutes les îles à occuper, et de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger cette navigation.
Si l’ennemi s’obstinait dans une île des Wadden, mon intention est qu’on fasse une expédition pour l’en chasser.
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Faites connaître au capitaine de vaisseau Kersaint que, dans le courant de septembre, j’irai à Anvers et à Rotterdam; que je désire alors être instruit sur le grand projet du canal de Flessingue à Terveere, opération qui dépend de la grande question de l’Escaut oriental. Engagez-le à faire tous ses efforts pour être en état de me mettre au fait là-dessus, et que je puisse connaître de quelle manière se dirige cette passe.
Saint-Cloud, 22 août 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, écrivez au maréchal Suchet en lui envoyant les différents rapports sur l’armée de Catalogne. Faites-lui connaître les inquiétudes que l’on a que nos frontières soient attaquées; qu’il doit tenir garnison à Vicq pour empêcher l’ennemi de rien entreprendre contre le blocus de Figuières; qu’après le parti qu’il a pris d’évacuer toute la haute Catalogne, si l’ennemi venait à débarquer sur quelque point, le blocus de Figuières serait exposé; que des partis d’insurgés de la Catalogne inquiètent nos frontières. Que fait-il donc de mon armée ? Réitérez-lui l’ordre de tenir une de ses meilleures divisions entre Barcelone et Vicq, non pas des Italiens ou des Napolitains, mais une division française et des plus fortes, et de la mettre en communication avec le duc de Tarente, pour marcher au secours de la Catalogne. Faites-lui connaître que j’ai vu avec peine son retour à Saragosse; qu’il aurait mieux fait de rester aux environs de Montserrat, à portée de Barcelone et de la Catalogne, et de profiter de ce moment de terreur pour prendre Cardona et Urgel, et terminer la guerre dans cette province, au lieu que sa marche rétrograde a ranimé l’ennemi de tous côtés.
Réitérez-lui l’ordre de marcher au secours de la Catalogne et de prendre Cardona et Urgel. Ce qu’il dit de la force de l’ennemi du côté de Valence est ridicule; il s’endort trop vite sur ses lauriers.
Faites-lui connaître également que je suis surpris que le trésor ne reçoive aucun compte sur les finances du pays ; qu’il ait à lui faire passer un état détaillé de la situation des contributions ordinaires et extraordinaires ; que je vois avec peine qu’étant maître d’une partie de la Catalogne, de l’Aragon, ayant levé des contributions à Tortose, à Lerida, à Tarragone, la solde de l’armée ne soit pas à jour; qu’il prenne sur-le-champ des mesures pour la mettre au courant, et qu’il envoie des états très détaillés de tout ce qu’il a fait percevoir et de l’emploi qu’il en a fait; que c’est la seule armée dont on n’ait point de comptes détaillés.
Écrivez au duc de Raguse que je n’ai pas d’état de situation de son armée; qu’il ne correspond pas assez; qu’actuellement qu’il est sur le Tage il doit envoyer des renseignements sur tout ce qui le concerne, des états exacts de la situation et des emplacements de ses troupes; qu’il serait nécessaire qu’il s’assurât du passage du Tietar, en y faisant construire un pont au moins pour les hommes à pied, afin que la division qu’il a à Palencia puisse se porter à lui rapidement: que c’est sur le Midi qu’il doit porter ses regards ; que toute entreprise de l’ennemi sur le Nord est insensée, et que l’ennemi trouverait partout des renforts considérables qui compromettraient son existence.
Écrivez au duc de Dalmatie que le 1er corps qui bloque Cadix ne fait rien que rester sur la défensive.
Pourquoi n’ouvre-t-il pas la tranchée devant San-Pedro et ne met-il pas en mesure de passer le canal et de s’emparer de l’île de Léon, surtout lorsque l’ennemi s’est affaibli en évacuant la plus grande partie de ses forces ?
Écrivez au général Caffarelli qu’il est convenable qu’il fasse un mouvement combiné pour se porter sur Potes, tâcher d’y surprendre l’ennemi et le chasser de là.
Saint-Cloud, 22 août 1811
NOTE DICTÉE AU GRAND MARÉCHAL.
Faire un projet très économique assorti à l’École militaire et au palais de Rome pour entourer le Champ de Mars de casernes et relever d’un étage les portions de l’École militaire qui sont susceptibles de l’être, de manière à pouvoir caserner là une bonne division sans artillerie : on la suppose composée de dix bataillons d’infanterie faisant 8,000 hommes, de deux régiments de cavalerie faisant 2,000 hommes et 2,000 chevaux; total, 10,000 hommes et 2,000 chevaux. Ces troupes, ayant une place comme le Champ de Mars pour s’exercer, et pouvant être, pour ainsi dire, fermées sous la clef, formeraient un camp permanent. Le nombre en serait dans la proportion voulue pour les hommes et pour la manœuvre.
Cette caserne servirait à loger les troupes de la Garde, et, dans des temps d’exercice, quand on voudrait l’éloigner de Paris pour la dépayser, on la ferait remplacer par une division d’infanterie pour exercer.
Pour les constructions, on ne doit point s’écarter des règles ordinaires que suivent les officiers du génie. Un homme doit coûter 200 francs à loger et un homme et un cheval 300 francs. Au reste, on peut avoir des renseignements plus précis à la direction des fortifications.
Si cette idée ne pouvait pas se réaliser pour l’École militaire, on pourrait la réaliser ou sur les hauteurs de Meudon, ou à Fontainebleau, ou à Compiègne, c’est-à-dire que l’on voudrait avoir un projet de casernes, avec une grande place au milieu pour l’exercice, qui serviraient de camp d’instruction pour une division composée de 8,000 hommes d’infanterie et de 2,000 hommes de cavalerie.
Il y a deux manières d’exécuter cette idée : l’une de tracer un camp en carré et de l’entourer de baraques en briques en forme de tentes, et l’autre d’avoir des bâtiments de plusieurs étages.
Comparer la dépense des deux manières, et faire connaître combien coûterait un camp construit en baraques de pierres et de briques et pouvant durer vingt ans, ou bien combien cela coûterait en faisant des bâtiments à plusieurs étages.
Le premier projet a l’avantage de se rapprocher plus de la guerre, et l’autre est plus sain : le prix en décidera.
La cour habitant ordinairement Fontainebleau ou Compiègne perdant les mois de septembre et d’octobre, pendant lesquels on peut faire les manœuvres, ces deux endroits paraissent les plus propres pour y établir la grande caserne. Meudon, étant à proximité de Versailles, Sèvres, Saint-Germain, etc., offre l’avantage de pouvoir réunir pour les manœuvres les troupes de ces garnisons, à peu près 20,000 hommes.
Saint-Cloud, 23 août 1811
A M. Maret, duc de Basssano, ministre des relations extérieures, à Paris.
Monsieur le Duc de Bassano, je vous envoie une lettre sur les États-Unis. Il me parait nécessaire que vous envoyiez des instructions sur toutes ces questions au sieur Serurier. Il faudrait profiter du départ des bâtiments américains et envoyer ces instructions en chiffre par triplicata. Vous lui ferez connaître que mon intention est d’encourager l’indépendance de toutes les Amériques ; qu’il doit impliquer dans ce sens, non seulement avec le président, mais encore avec les députés ou agents que ces différentes colonies peuvent avoir auprès des États-Unis; qu’il doit chercher à se lier avec eux; qu’il est même autorisé à envoyer des agents dans ces colonies; qu’on y enverra volontiers des armes et tous les secours qui dépendront de nous, pourvu que l’indépendance de ces colonies soit pure et simple, et qu’elles ne contractent aucun lien particulier avec les Anglais. Il doit se servir du canal du gouvernement américain pour leur faire parvenir ces sentiments de la France, de toutes les manière; enfin se mettre en mesure de nous instruire fréquemment de ce qui se passe dans les colonies espagnoles. Comme le gouvernement américain doit voir avec plaisir l’indépendance de ces colonies, le sieur Serurier se servira des agents américains pour faire connaître nos dispositions aux colonies espagnoles. Il n’y a pas même d’inconvénient à ce que vous fassiez connaître ces dispositions au ministre d’Amérique à Paris, et à l’engager à expédier un bâtiment en Amérique pour parler de cette affaire. Il faudrait engager également les États-Unis à établir un paquebot régulier entre l’Amérique et la France. Il faudrait que ce paquebot partit tous les huit jours ou tous les quinze jours. Cette correspondance pourrait se faire sous le pavillon américain et aux frais communs des deux États.
Saint-Cloud, 23 août 1811.
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris.
Monsieur le Duc de Bassano, j’ai demandé au roi de Naples six équipages, puisque je ne puis pas avoir six vaisseaux. Faites une note officielle à ce sujet et chargez mon ministre de demander avec instance une prompte réponse. Les villes hanséatiques, le Mecklenburg, le Danemark, me fournissent des équipages. Il faut qu’il m’en fournisse également, puisqu’il ne peut pas me donner de vaisseaux. Suivez cette affaire et chargez mon ministre de présenter note sur note. Faites demander quand le vaisseau qui est à Naples pourra se rendre à Toulon avec son équipage.
Saint-Cloud, 23 août 1811
Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris
Le lycée de Lyon n’avait pas 80 pensionnaires l’année dernière; il en a cette année 283. Cela est dû à un proviseur, le chanoine Bonnevie ; mais les sieurs Poupart et Berenger, inspecteurs de l’Académie, sont en querelle avec ce proviseur et l’ont dégoûté; ce qui a décidé celui-ci à donner sa démission. Faites-moi connaître quel est le secret de cette affaire. Qu’est-ce que ces deux inspecteurs ?
Saint-Cloud, 23 août 1811
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, je vous envoie mes observations sur votre travail des finances d’Espagne. Vous verrez qu’il y a encore bien des renseignements à réunir. Je ne puis cependant que vous témoigner la satisfaction que j’éprouve à voir que, grâce à votre activité, il est encore possible de saisir le fil de ce dédale. Je ne vous renvoie pas votre travail, parce que je suppose que vous en avez gardé copie. Je vous en demande un autre plus volumineux, détaillé par armée, et qui se trouve augmenté et rectifié par les nouveaux renseignements que vous acquerrez en creusant la matière.
Saint-Cloud, 23 août 1811
A M. Gaudin, duc de Gaète, ministre des finances, à Paris
Monsieur le Duc de Gaète, les États romains devaient rendre 16,257,000 francs pour 1810. II y avait 707,000 francs d’augmentation de recettes; c’est donc 16,964,000 francs qu’ils devaient rendre. Ils n’avaient rendu au 20 juillet que 14,292,000 francs; il restait donc à recouvrer 2,672,000 francs, dont 300,000 francs sur les douanes, 500,000 francs sur les droits d’enregistrement, l,200,000 francs sur les sels et tabacs, 625,000 francs sur les droits d’entrée. Faites-moi connaître si l’on peut compter sur la rentrée d ces 2 millions.
Les provinces illyriennes devaient rendre 20,530,000 francs : elles n’ont rendu que 13 millions. Sur ces 20 millions, il y avait un crédit en domaines de 6 millions ; ce qui ne ferait que 14,536,000 francs de produits présumés. Indépendamment des 13 millions qu’on avait recouvrés, on avait reçu 4 millions d’excédant de recettes; ce qui faisait 17 millions. Il restait encore un million à recevoir. Faites-moi un rapport détaillé là-dessus.
Saint-Cloud, 23 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
La flottille de Boulogne est rentrée. Elle a eu des avaries; je crois même qu’un bateau canonnier a sombré. Écrivez que cela ne doit pas décourager. Ce sont justement ces coups de vent qui exercent ces équipages.
Saint-Cloud, 23 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, vous me dites beaucoup de bien du capitaine de vaisseau Jacob : s’il le mérite, je ne m’oppose pas à ce qu’il soit chargé de réaliser mon projet sur l’île d’Aix, qui consiste à avoir trois ou quatre vaisseaux, trois ou quatre bombardes et quelques canonnières mouillés sous l’île d’Aix, et à avoir cinq vaisseaux, y compris l’Iéna, mouillés dans les Saumonards et dans la rade des Trousses. Qu’il étudie cette question; qu’il me mette un vaisseau à l’eau , et, quand j’aurai là huit vaisseaux mouillés, il sera fait contre-amiral , il eu aura le commandement et sortira avec pour les conduire dans un grand port.
Saint-Cloud, 23 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, donnez ordre que le commandant de la gabare la Nourrice et celui de la gabare la Girafe, qui se sont fait sauter dans la baie de Sagone, soient arrêtés et mis en jugement. Cette affaire est scandaleuse. La tour est en bon état et n’a pas souffert. La Nourrice s’est fait sauter à une portée de fusil de la tour et de la batterie : il était impossible à l’ennemi de l’amariner si près de la plage. Donnez ordre que l’on envoie de Toulon à Sagone un bâtiment léger pour y mouiller, avec des plongeurs et quelques individus pour diriger le sauvetage. Il y avait, au 1er août, soixante pièces de mature sur le rivage. On peut sauver tous les bois qui sont dans les cales. On voit tous les canons; on peut les sauver ainsi que les effets. Quelques hommes intelligents qui séjourneraient dans la rade, sur l’aviso que vous enverrez, seraient fort utiles. A dater du 15 septembre, les batteries seront parfaitement armées. Profitez du départ de cet aviso pour envoyer quelques pièces de 36 et quelques affûts de côte. Cet aviso instruira le préfet maritime du moment où les batteries seront en état de protéger les gabares. Ordonnez au commandant d’écrire souvent par la voie d’Ajaccio et de Bastia. On ne travaille pas à la route de la forêt d’Aitone. Au 1er août, il n’y avait que 800 toises de faites. Témoignez mon mécontentement à votre ingénieur des ponts et chaussées de ce qu’il ne reste pas sur les lieux. La forêt d’Aitone sera une véritable ressource pour la marine de Toulon. Les fonds manquent, pourvoyez à cela. Donnez les ordres les plus positifs pour que la forêt de Vizzavona, dite la Foce, située sur la route de Bastia à Ajaccio, d’où elle n’est distante que de 8 lieues, soit exploitée sans délai. Ce sera une grande ressource pour la marine. La route vient d’être achevée. Les embarquements se feront dans le golfe d’Ajaccio, c’est-à-dire dans le port, et sous la protection de toutes les batteries. Donnez des ordres pour tout ce qui est relatif aux eaux d’Ajaccio et à la route de Bastia à Ajaccio. C’est vous qui êtes chargé des travaux de cette île. Faites-moi un rapport sur le personnel et sur les fonds.
J’estime que vous devez conserver dans le golfe de Sagone une tartane armée ou un demi-chébec, comme aviso, qui n’ait rien à craindre des péniches ennemies. C’est une garde qui est importante sur ce point où il y a beaucoup de bois.
Saint-Cloud, 23 août 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, vous témoignerez mon mécontentement au duc de Dalmatie de ce qu’il m’a envoyé les drapeaux d’Albuera par un étranger. Mon intention n’est pas de le lui accorder pour aide de camp; il parait que ce…sort du service d’Autriche; il a donc fait la guerre contre nous ; il est ridicule que le duc de Dalmatie m’envoie un pareil homme. Faites connaître à ce capitaine qu’il ne retournera plus en Espagne, et que je donne ordre qu’on le place dans son grade dans le 9e régiment de chevau-légers.
Saint-Cloud, 23 août 1811
Au général comte Bertrand, gouverneur des Provinces illyriennes, à Laybach
Monsieur le Général Bertrand, je reçois votre lettre du 13 avril. Je vois que vous n’avez rien décidé à Trieste ; j’aurais bien voulu, cependant, qu’on mît des frégates et des vaisseaux en construction
J’ai nommé sous-lieutenant au 106e régiment le sieur Vincenzio Candussio, lieutenant de la garde nationale de Parenzo.
Je vois avec peine ce que vous me dites, que l’air est mauvais à Pola et que les trois compagnies du 18e qui s’y trouvent ont beaucoup de malades. Je ne sais comment vous me dites cela de sang-froid. On croirait que vous n’êtes en Illyrie que pour observer. N’y êtes-vous pas pour ordonner ? Il fallait, aussitôt que vous avez appris que ces côtes étaient malsaines, en retirer mes troupes. Les gardes nationales ne suffisaient-elles pas et n’aviez-vous pas les Croates ? Donnez ordre que dans la mauvaise saison les troupes françaises soient placées dans les pays de montagnes, où l’air est sain. Donnez de l’activité à la marine et mettez promptement des bâtiments en construction. Parlez-moi un peu de la situation du transit du coton.
Saint-Cloud, 24 août 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, il est nécessaire que vous redressiez mon ministre à Carlsruhe. La princesse (Stéphanie) a tort de montrer du goût pour Manheim : son devoir est d’être où est son mari. La princesse a tort de vouloir dîner à cinq heures : son devoir est de dîner à l’heure où dîne son mari ; son devoir est de faire ce qu’il veut, d’être où il est et de ne point s’éloigner de lui. Au lieu d’encourager la princesse dans ces petites résistances, le baron de Moustier doit lui donner ces conseils par sa dame d’honneur. La princesse doit mettre autant d’empressement et de coquetterie aujourd’hui à plaire au prince que jusqu’à présent elle en a mis peu : c’est son devoir et aussi son intérêt.
P.S. Dirigez aussi mon ministre pour qu’il ne montre pas envers cette cour une exigence déplacée : il est là pour faire sa cour et observer, et non pour humilier et imposer.
Saint-Cloud, 24 août 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, répondez au duc de Raguse que je vois avec plaisir les ouvrages faits à Almaraz et sur le Tietar; qu’il serait convenable de faire des ouvrages de campagne en avant de Kio-del-Monte ; que j’espère qu’avant le 15 septembre tous ses dépôts, les 387 chevaux qui doivent compléter les 500 chevaux de la Garde, sur lesquels il en a déjà reçu 113, et les 1,400 chevaux que conduit le général Van der Maesen, lui seront arrivés ; que tous ses dépôts quelconques, soit de cavalerie, soit d’infanterie, soit d’artillerie, l’auront rejoint et que son armée se trouvera ainsi portée à plus de 50,000 hommes, que la réparation de son armée est la grande affaire ; mais qu’il ne voie aucun état détaillé qui puisse mettre à même de subvenir à tous ses besoins; que vous envoyez un aide de camp, colonel, dans les provinces du nord, avec des ordres pour que tous les dépôts de cavalerie et d’artillerie et tous les détachements qui appartiennent à l’armée de Portugal la rejoignent sans délai ; que cet officier a ordre de voir tout partir et de rester jusqu’à ce que tout soit parti; qu’il doit même se mettre en correspondance avec lui pour l’exécution de ses ordres; que l’armée de Portugal doit prendre sa ligne de communication sur Madrid; que c’est là que doit être son centre de dépôt, que toute opération que l’ennemi ferait sur la Coa ne peut déranger cette ligne; que si l’ennemi veut prendre l’offensive, il ne peut la prendre que dans l’Andalousie, parce que de ce côté il y a un objet à remplir, qui est de faire lever le siège de Cadix ; que dans le nord, s’avancerait-il même jusqu’à Valladolid, ses efforts n’aboutiraient à rien; que les troupes que nous avons dans ces provinces, en se repliant, lui opposeraient une armée considérable; qu’alors, sans doute, l’armée de Portugal devrait faire pour l’armée du Nord ce qu’elle ferait pour l’armée du Midi; que l’impossible c’est que sa ligne d’opération soit sur Talavera et Madrid, parce que cette armée est spécialement destinée à protéger celle du Midi ; qu’enfin, l’armée de Portugal étant attaquée de front, son mouvement de retraite est encore sur Madrid, parce que dans tous les cas possibles ce doit être sa ligne d’opération; qu’il faut donc que tous les dépôts quelconques appartenant à cette armée soient dirigés sur Talavera et Madrid; que j’ai même ordonné que la garnison de Ciudad-Rodrigo fût relevée par l’armée du Nord , mais que ce dernier ordre ne pourra s’exécuter qu’un peu plus tard; que le 26e de chasseurs, qui est un régiment entier, doit l’avoir rejoint; qu’il est fort important qu’il ait au moins 6,000 hommes de cavalerie; qu’il faut qu’il corresponde fréquemment et sur tous les détails de l’administration.
Envoyez un de vos aides de camp, colonel, à Valladolid, il portera l’ordre impératif et sous peine de désobéissance au général Dorsenne de faire partir vingt-quatre heures après la réception dudit ordre tous les dépôts d’artillerie, de cavalerie et les détachements appartenant à l’armée de Portugal, lesquels se dirigeront en gros détachements sur Avila et Plasencia. Les hommes malingres seront envoyés sur Madrid, la ligne d’opération de l’armée de Portugal étant désormais sur Madrid. Cet aide de camp rendra compte au duc de Raguse et à vous de l’exécution de vos ordres. Il ira visiter Toro, Zamora et Salamanque, et, lorsque le général Van der Maesen aura passé, il suivra son mouvement par Avila, Plasencia et Almaraz. Il reviendra par Truxillo et Madrid, rapportant les états les plus exacts de l’armée. Vous aurez soin d’envoyer au général Dorsenne un état détaillé de tous les détachements de l’armée de Portugal qui, d’après les derniers états, sont dans son armée, et que vos ordres concernent. Votre aide de camp aura cet état dans ses instructions. Il ne faut pas qu’un seul homme reste. Vous ferez connaître au général Dorsenne que mon intention est même que la garnison de Ciudad-Rodrigo soit fournie par l’armée du Nord, et que tout soit renvoyé à l’armée de Portugal; mais cette dernière opération (pour Ciudad-Rodrigo) peut être retardée jusqu’à l’arrivée des renforts qui vont se rendre à l’armée du Nord. Il vous sera facile de faire comprendre au général Dorsenne combien il lui est avantageux que la ligne d’opération de l’armée de Portugal se dirige sur Madrid ; ce qui sera un grand soulagement pour toutes les provinces de l’arrondissement de l’armée du Nord.
Faites-moi connaître le jour où tous les chevaux d’artillerie qui vont rejoindre les armées de Portugal et du Midi seront arrivés à Burgos, ce qu’ils doivent prendre à Bayonne pour le porter à Burgos, et à Burgos pour le porter à l’armée de Portugal. Je ne sais pas si le bureau de l’artillerie du ministère de la guerre a déterminé le lieu où les chevaux destinés à se rendre à l’armée de Portugal prendront l’artillerie et les voitures. Il serait assez important qu’on pût faire conduire ce qui est à Salamanque et à Ciudad-Rodrigo.
Comme le général Van der Maesen n’a d’ordre que pour se rendre à Valladolid, on pourrait de là le diriger sur les lieux où ces chargements doivent être pris. Je compte le diriger de Valladolid sur Salamanque et Plasencia. Remettez-moi des renseignements sur la nature de cette route, et instruisez en même temps le duc de Raguse que, probablement, je dirigerai de Salamanque sur Palencia tous les renforts que conduit le général Van der Maesen. Remettez-moi un état où je puisse voir quel jour ce général arrivera à Valladolid, ce qu’il conduit, infanterie, cavalerie, artillerie, train et équipages militaires, et quel est le convoi de fonds qu’il escorte. Faîtes-moi connaître également la route qu’a prise le général Avy, et quand il sera arrivé. Je désire également que tout ce qui est destiné pour l’armée du Midi se réunisse à la colonne du général Van der Maesen et en suive le mouvement.
D’Almaraz cette troupe se rendra à l’armée du Midi par Truxillo. Vous devez écrire au général Van der Maesen que le 26e de chasseurs n’est pas de l’armée du Midi, mais de l’armée de Portugal.
Saint-Cloud, 24 août 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, je vous renvoie tous vos états de mouvement. Faîtes-m’en faire un qui commence le mouvement au 20 août et le conduit au 1er octobre. Je préfère un seul état, si long qu’il soit, parce qu’il y a plus d’ensemble; la meilleure rédaction sera par armée. Il faut mettre en un même article tous les détachements qui appartiennent à une même armée, même ceux qui sont en marche; alors, sous le titre de l’armée, on verra tout ce qui en dépend , et quant à l’endroit où chaque détachement se trouve, les colonnes du jour le diront; de sorte que je pourrai voir d’un coup d’œil si j’ai des ordres à donner. Je vous recommande aussi de faire dater vos états. Une des principales causes de la confusion qui règne dans ceux que je vous renvoie, c’est qu’on ne peut voir du premier coup d’œil ceux qui sont les premiers remis et ceux qui font suite. Remettez-moi le nouvel état dans deux jours.
Saint-Cloud, 24 août 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, il vous sera facile de faire comprendre au roi d’Espagne que, assuré comme il l’est dans ce moment sur toute sa gauche par la présence de l’armée de Portugal à Almaraz, le nombre de troupes qu’il a lui est suffisant, et qu’il doit envoyer à l’armée du Midi tout ce qui appartient à cette armée; que le 26e de chasseurs est de la plus grande utilité à l’armée de Portugal, dont la cavalerie a été ruinée; que vous réitérez l’ordre au général Dorsenne de réunir tout ce qui appartient au 75e et au 28e ainsi qu’aux dragons de l’armée du Centre; que vous réitérez le même ordre au duc de Dalmatie, en y comprenant les Allemands, qui ne doivent pas faire partie de son corps d’armée. Donnez ordre au roi d’Espagne de renvoyer tous les hommes démontés appartenant à l’armée du Nord et qui se trouvent aux différents dépôts situés dans l’arrondissement de son armée.
Trianon, 25 août 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, je vous envoie des extraits de journaux anglais. Vous les montrerez au prince Kourakine en causant avec lui. Après cela vous les enverrez au comte Lauriston pour qu’il les montre en Russie. Vous l’informerez de votre conversation et des nouvelles que nous avons que cent cinquante bâtiments sous faux pavillon américain sont arrivés en Russie. Vous lui manderez que j’ai jugé inutile de remettre aucune pièce à l’ambassadeur; qu’elles seraient inutiles ; que les projets de la Russie sont démasqués ; qu’elle voulait renouer son commerce avec l’Angleterre; que c’est pour cela qu’elle a réuni ses troupes et qu’elle ne veut pas finir les affaires d’Oldenburg. Il faut insister sur le grand tort qu’elle fait à l’alliance et sur l’obstacle qu’elle apporte à la paix, et appuyer là-dessus avec force. Vous direz au prince Kourakine que vous vouliez lui faire une grande note, mais que vous l’avez jugée inutile; qu’aujourd’hui que le système de la Russie se déroule cette note paraîtrait ridicule et bien petite à Pétersbourg; que la Russie ne garde plus de ménagements, et qu’elle favorise de tous ses moyens le commerce anglais.
Trianon, 25 août 1811
Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris
Je vous prie de me faire un rapport sur l’esprit qui a animé l’Université à la distribution des prix de cette année et sur l’esprit qui anime les principales institutions et maisons d’éducation de Paris.
Trianon, 25 août 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, répondez au général Dorsenne que le baron Dudou, intendant des provinces du ressort de l’armée du Nord, ne doit pas suivre le mouvement de l’armée, mais rester à Valladolid; qu’il est chargé du gouvernement du pays sous les ordres immédiats du général en chef; que le général en chef ne doit prendre aucune mesure administrative que par le canal de l’intendant; qu’il ne doit faire verser aucune contribution ailleurs que dans les mains des agents de la trésorerie; que l’ordonnateur en chef doit suivre toujours l’armée et pourvoir à ses besoins ; que l’intendant Dudon représente l’administration du pays et doit être considéré comme le serait le préfet en France; que l’ordonnateur ne doit s’occuper que de l’administration de l’armée; qu’on ne peut employer des Espagnols dans les intendances , d’abord parce qu’ils n’offrent aucune garantie de fidélité ni d’attachement, ensuite parce qu’ils n’auraient aucun moyen d’agir sur les gouverneurs et sur les autorités militaires françaises, et ne pourraient empêcher les désordres si multipliés en Espagne et qui ont tant contribué aux crimes qui s’y sont commis; au lieu que des auditeurs français, ayant des correspondances en France, connaissant les bornes de l’autorité de chacun et ne s’en laissant pas imposer, sont des témoins qu’on pourra toujours consulter dans tous les événements contentieux; qu’il faut donc partout des auditeurs; qu’il faut que le général en chef ne donne les ordres d’administration que par l’intermédiaire de l’intendant Dudon, et que, sous quelque prétexte que ce soit, les recettes ne se versent que dans les caisses des receveurs français, et que les dépenses ne se fassent que par les payeurs du trésor; que dans ce cas toute intervention d’autorité espagnole serait suspecte; que je désire que le général Dorsenne utilise les talents du baron Dudon et le zèle des auditeurs; que c’est le seul moyen de mettre partout de la surveillance et de faire cesser bien des désordres, que je ne trouve pas d’inconvénient à instituer des intendants supérieurs qui seraient chargés chacun de toute une province; que dernièrement j’en ai établi un en Navarre; qu’on peut en mettre de semblables dans d’autres provinces ; que, quant à Sa Majesté Catholique, les instructions générales ont assez fait connaître qu’elle ne doit faire aucune nomination dans l’arrondissement de l’armée du Nord, si ce n’est pour les fonctions ecclésiastiques et de justice; mais qu’aucun agent militaire ou d’administration ne doit être nommé par le Roi ; qu’enfin mon intention est que le général Dorsenne marche d’accord avec l’administration , et, au lieu de donner des dégoûts à l’intendant et aux auditeurs, les encourage et les soutienne.
Trianon, 25 août 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, il parait qu’il n’y a que le petit port de Neu-Harrlinger-Syhl qui puisse donner refuge à une vingtaine de petits bâtiments de la navigation des Wadden. Ne conviendrait-il pas d’y construire une petite tour avec une batterie pour la défense de ce mouillage ?
Trianon, 26 août 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, il faut faire une note à Constantinople sur le recrutement fait au compte de l’Angleterre à Janina; dire que c’est une hostilité, et faire des instances pour que ces corps soient rappelés.
Je ne demande pas mieux que de faire ce qui sera nécessaire pour favoriser le ministre russe à Cagliari ; faites demander en Russie l’autorisation pour lui d’accepter l’aigle d’or de la Légion d’honneur.
Je suis fâché que vous n’ayez pas donné de direction à mon ambassadeur à Vienne. Vous deviez lui faire connaître que je voyais avec peine les relations de Vienne avec Naples, et que, au lieu de presser le départ du comte de Mier, j’aurais voulu qu’il y mit indirectement des entraves. Donnez-lui la même instruction pour Cassel. Moins la cour de Vienne aura de relations avec celle de Naples, mieux cela vaudra. Le comte Otto ne doit soutenir la cour de Naples en rien; il doit se contenter de tout rapporter. Pour peu que vous ayez parcouru une lettre à votre prédécesseur, vous y aurez vu partout cette intention de ma part. Mais la direction du département n’est pas encore efficace pour la suite de tous mes projets.
Je vous ai fait connaître que je voulais donner des présents à l’occasion du baptême de la fille du prince de Bade; vous n’avez pas donné de suite à cela.
Présentez-moi un projet de réponse à Lauriston pour lui faire connaître combien il continue à être trompé.
Trianon, 26 août 1811
NOTE SUR LES GARDE-COTES.
Sa Majesté a examiné le travail relatif aux garde-côtes. L’objet de ce travail était de faire connaître s’il y aurait plus d’avantages a supprimer les canonniers garde-côtes et à les remplacer par une troupe d’infanterie qu’à les conserver dans leur état actuel.
Il y a dans ce moment cent quarante compagnies de garde-côtes, formant 10,940 hommes et coûtant 3,750,096 francs. Cette troupe ne sert que par moitié, de manière que les 16,940 hommes n’en représentent que 8,40, et que chaque homme servant revient à 442 francs 75 centimes. Avec la même somme on entretiendrait deux régiments d’infanterie à cinq bataillons, de 3,970 hommes, et une fraction de 1,323 hommes.
Mais la question n’a pas paru suffisamment éclaircie.
1° Le nombre de cent quarante compagnies comprend-il tout ce qui compose le corps des garde-côtes dans tous les départements actuels de l’Empire ? En réponse à cette question, il est nécessaire de former un état des garde-côtes par division militaire, en commençant par la division de Hambourg, la Hollande, les anciennes côtes de France, les côtes de Gênes, de Toscane et les États romains. Il est vraisemblable qu’on n’a pas pu encore établir une parfaite uniformité dans l’organisation de ces compagnies, et il est nécessaire d’indiquer, à l’article de chaque nouvelle division, les différences qui existent entre la constitution de ces compagnies, leur solde, les fournitures qu’elles reçoivent et leur ordre de service.
Cela ne suffira pas encore pour bien connaître la dépense qu’occasionne la garde des côtes dans le système actuel, parce que, outre les compagnies de garde-côtes, il y a un état-major par arrondissement. On désire qu’il en soit formé un état avec le calcul de la dépense qu’elles occasionnent.
D’après les premiers résultats que donnent les renseignements déjà recueillis, on voit que, pour la somme que coûtent 10,940 garde-côtes composant les cent quarante compagnies actuelles, on peut entretenir deux régiments de cinq bataillons et à peu près une fraction de deux bataillons. On aurait donc deux colonels, deux majors, douze bataillons et soixante compagnies, qui feraient probablement ce service d’une manière plus satisfaisante.
Au lieu de former cette troupe en régiments de cinq bataillons, on pourrait diviser ces neuf mille et quelques cents hommes en cinq régiments de trois bataillons, chaque bataillon d’à peu près 600 hommes. Par ce moyen, chaque régiment étant chargé de la garde d’un arrondissement, les officiers supérieurs remplaceraient avec avantage les inspecteurs actuels des côtes, les quartiers-maîtres de ces régiments remplaceraient les quartiers-maîtres des compagnies. Chaque bataillon garderait une étendue de côtes, et l’on aurait droit d’attendre de cette troupe un service plus régulier. Elle serait susceptible de plus d’instruction, et elle se trouverait organisée pour agir en masse si les circonstances exigeaient qu’on la rassemblât.
Le recrutement de cette troupe devrait toujours être fait par le moyen de la conscription. Il ne faudrait pas laisser les conscrits tout à fait chez eux, mais on pourrait les placer dans les compagnies stationnées à quelque distance; par exemple à cinquante lieues de leur domicile, cela suffirait pour que ce genre de service parût moins pénible que celui des autres troupes, et ce serait un moyen pour employer une partie des conscrits qui ne peuvent pas aller à l’armée active.
Jusqu’ici on n’a raisonné que sur le projet de remplacer les garde-côtes par une troupe d’infanterie; il faut voir maintenant s’il y aurait de l’avantage à les remplacer par une troupe d’artillerie, ce qui serait plus analogue à leur destination.
Chaque régiment d’artillerie à pied a un état-major de 34 hommes et vingt compagnies, qui, sur le pied de paix, sont de 68 hommes chacune; ce qui fait 1,360 hommes.
Pour économiser sur la dépense des officiers et sous-officiers, il serait préférable de calculer la force du régiment sur le pied de guerre.
On pourrait examiner s’il serait convenable d’augmenter l’artillerie à pied de trois régiments, c’est-à-dire de soixante compagnies, qui, à 140 hommes chacune, devraient suffire au service des côtes. Les trois nouveaux régiments ne seraient pas destinés exclusivement à ce service, mais chacun des douze régiments d’artillerie à pied fournirait cinq compagnies. La côte serait divisée en douze arrondissements, et chaque régiment en garderait un.
Il faut, pour apprécier ce projet, établir le calcul de ce que coûte un régiment d’artillerie à pied sur le pied de guerre, pour la solde et ses masses ; mais le calcul des vivres de campagne doit être fait séparément, afin qu’on puisse ajouter ou retrancher cette dépense suivant que les circonstances l’exigeront.
Il y a une autre manière d’arriver au même but sans multiplier les états-majors des régiments; ce serait d’augmenter chaque régiment d’artillerie à pied d’un bataillon. Ce système donnerait moins d’hommes pour la défense des côtes, mais il coûterait moins cher.
Il faut calculer : 1° combien d’hommes donnerait l’augmentation d’un bataillon par chacun des régiments d’artillerie actuelle; 2° si ce nombre suffirait pour la garde des côtes ; 3° ce que cette troupe coûterait pour la solde, les masses et les vivres de campagne.
Enfin un troisième parti serait de créer des compagnies isolées de bombardiers garde-côtes; ces compagnies devraient être des troupes régulières et non des milices; car il n’est pas raisonnable de charger les garde-côtes du service des mortiers, surtout dans les postes importants comme les rades et les passes, où il y a des mortiers de gros calibre sur des plates-formes.
Tout ce qu’on vient de dire tend à prouver, tend à établir qu’on emploie actuellement pour la garde des côtes à peu près 17,000 hommes qui ne remplissent pas bien leur destination, qu’ils ne servent que par moitié et qu’ils coûtent 3,750,000 francs. Le problème à résoudre est celui de leur remplacement :
1° Par de l’infanterie;
2° Par trois régiments d’artillerie de nouvelle création;
3° Par un bataillon d’artillerie ajouté à chacun des régiments actuellement existants;
4° Ou par des compagnies de bombardiers isolées.
Pour arriver à la solution de ce problème, il faut commencer par déterminer : 1° quel est le nombre d’hommes qu’occupe actuellement la défense des côtes depuis Lubeck jusqu’à Rome, division par division, en y comprenant les états-majors des garde-côtes actuels. 2° quel est le nombre d’hommes raisonnablement nécessaire pour ce service.
Les garde-côtes servent par moitié et sont remplacés tous les quatre jours. On serait peut-être trompé dans son calcul si l’on se flattait de faire faire le même service par un nombre d’hommes moindre de moitié; car il y aura des malades, et les soldats par lesquels on remplacerait les garde-côtes actuels pourraient difficilement être continuellement présents à la batterie; il est donc nécessaire de déterminer quel serait le nombre de troupes de ligne indispensable pour ce service.
Cela posé, il s’agit de savoir comment on y pourvoira.
La première chose à établir pour servir de terme de comparaison, c’est le calcul de la dépense des garde-côtes actuels, en y comprenant les états-majors et les troupes qui font ce service dans les pays nouvellement réunis.
S’il résulte des calculs des forces nécessaires qu’il faille 9,000 hommes, par exemple, pour remplacer les garde-côtes actuels, la seconde question qu’il faudrait examiner, c’est de savoir quelle est l’organisation qu’il faut donner à ces 9,000 hommes.
Si on les organise en infanterie, ils coûteront moins cher et seront plus aisés à recruter. Il faut établir le calcul de ce que coûterait cette nouvelle troupe d’infanterie, en la divisant en cinq régiments de trois bataillons. Ce calcul devra être établi en trois colonnes : solde, masses et vivres de campagne.
Si les 9,000 hommes doivent être organisés en troupes d’artillerie, la question se subdivise.
Faut-il former de nouveaux régiments, et combien faudrait-il en former ? Dans ce cas, serait-il préférable de confier spécialement à ces régiments la défense des côtes, ou d’y faire concourir les neuf régiments actuels ? Serait-il préférable d’augmenter les régiments d’artillerie actuels, et de combien faudrait-il les augmenter ?
Enfin vaudrait-il mieux former des compagnies isolées de bombardiers ? Quelle organisation faudrait-il leur donner et quel devrait en être le nombre ?
A coté de chacune de ces propositions il faut établir le calcul de ce que coûterait l’augmentation de troupes proposée, pour la solde, les masses et les vivres de campagne.
Trianon, 27 août 1811
Au maréchal Mortier, duc de Trévise, commandant la garde impériale, à Paris
Mon Cousin, je vous envoie trois chemises que me remet le ministre de l’administration de la guerre. Vous verrez quelles ne coûtent que 4 Francs 7 sous ; elles me paraissent beaucoup plus belles que celles des Hollandais, qui coûtent 6 francs 10 sous. Faites dresser un procès-verbal de la comparaison de ces chemises, tant avec celles des grenadiers hollandais qu’avec celles des pupilles; faites-moi un rapport là-dessus, et prenez des mesures pour empêcher toute espèce de dilapidation de la part des quartiers-maîtres.
Trianon, 27 août 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, je reçois l’état de vos malades au 15 août. Le 7e de hussards en a 200; cela est énorme : il est donc cantonné, à Stettin, dans des pays bien malsains ? Mettez ordre à cela. Ce serait bien dommage de perdre ce beau régiment. Tous vos ordres du jour sont bons ; mais, ce qui est plus efficace, c’est de veiller à ce que pendant l’automne les troupes ne restent pas dans les pays malsains. Si n’aviez déplacé le 7e de hussards, il n’aurait pas tant de malades. Faites-le ôter d’où il est pour le mettre dans un pays sain.
Trianon, 28 août 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, vous m’avez parlé ce matin d’instructions reçues par le chargé d’affaires d’Amérique sur l’affaire des Florides. Vous pourriez insinuer l’idée suivante, que moyennant quelques millions de piastres l’Espagne, dans la situation de pénurie où elle est, céderait les Florides. Insinuez cela en ajoutant que, tout en ne trouvant pas mauvais que l’Amérique prenne les Florides, je ne puis intervenir en rien, puisque ces pays ne m’appartiennent pas.
Trianon, 28 août 1811
Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris
La route de Bruges à Breskens doit passer par l’Écluse. L’Écluse devenant une place forte de premier ordre, il devient important que les communications entre Bruges et Flessingue soient assurées en tout temps. Cela ne doit en rien empêcher la route d’Oostburg à Maldegem. En conséquence, j’accorde les 400,000 francs nécessaires pour terminer la route d’Oostburg à l’Écluse, afin d’avoir promptement la route de Bruges à l’Écluse. La route de Bruges est en bon état, du moins comparée au reste. Il ne faut rien défaire d’Oostburg à Maldegem, mon intention étant de la terminer après celle de Bruges à Breskens par l’Écluse.
Trianon, 28 août 1811
Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris
Je crois qu’il y a beaucoup de blé le long du Weser et le long de l’Ems. Si l’on achète les blés dans la direction de ces rivières, on aura la plus grande facilité de les faire parvenir en Hollande par l’Ems, et l’on n’aura aucun portage. Ceux qu’on achètera dans le Mecklenburg, si l’on ne suit pas les Wadden (ce qui parait encore difficile), auront deux portages, un de cinq lieues et l’autre de sept et demie; ce portage peut se faire par les chevaux d’artillerie et les transports militaires. Il y a en Allemagne 5,000 chevaux d’artillerie, 1,200 chevaux de transports militaires et 2,000 chevaux de régiment : ce serait 8,000 chevaux qu’on pourrait destiner à ce portage. Je pourrai aussi donner des facilités pour le portage en France. J’ai à Commercy 1,200 chevaux du train militaire, 5,000 chevaux d’artillerie; je pense donc donner facilité avec 6,000 chevaux. Je puis de même donner facilité en Italie, où j’ai 1,200 chevaux des transports militaires et 3,000 chevaux d’artillerie. Cette quantité énorme de moyens de transport que je suis obligé d’entretenir à ne rien faire, il n’y aurait donc aucune difficulté, à moins de circonstances extraordinaires, de les employer aux transports des grains d’Allemagne aux bassins de la Somme et de la Seine, tout comme ceux d’Italie, du bassin du Pô à la Méditerranée. Quant au Nord, le maréchal Davout y pourvoira. Quant aux transports du bassin du Rhin dans la Somme ou dans la Seine, il faut faire connaître les lieux de transport et de portage; il y serait aussitôt établi les relais nécessaires.
Vous me ferez connaître quelle économie l’emploi de ces chevaux produirait, et en conséquence ce que vous ferez verser dans la caisse de la guerre. Mon intention est que l’on fasse ces expéditions par des marchés, et, au lieu de payer aux paysans, vous payeriez aux transports militaires ou aux équipages d’artillerie ; ce qui sera toujours un grand avantage.
Trianon, 28 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
La Prusse demande un cartel pour rendre les déserteurs. Ceci ne peut pas avoir lieu pour la France, c’est contre mes principes ; mais cela peut se faire avec la Saxe, la Bavière, le Wurtemberg et la Westphalie. Ce serait suffisant, car les troupes alliées désertent plus que les autres. Écrivez au duc de Bassano pour que cette conduite soit dans cette direction.
Trianon, 28 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Vous pouvez faire répondre à la lettre du Transport-Office que, voulant en tout agir comme agit l’Angleterre, l’intention du gouvernement français est de mettre la moitié des prisonniers anglais sur des pontons et la moitié dans des casernes, en suivant en tout point ce que fait l’Angleterre; qu’on n’a point voulu prendre cette mesure, cependant, sans en prévenir le Transport-Office ; qu’on a vu avec peine qu’on se livrait à des sarcasmes et à des injures dans une correspondance qui est de sa nature toute pacifique; qu’on n’imitera pas en cela le Transport-Office; qu’on regarderait comme un crime d’employer l’ironie et le sarcasme dans une correspondance toute de charité et d’humanité ; que les Français sont juges s’ils sont aussi bien au milieu de la mer que sur terre; que 100,000 lettres remplies de plaintes obligent le gouvernement français à prendre une mesure et à agir de représailles; que quant à ceux qui étant sur parole se sont sauvés, les Anglais en ont donné l’exemple; qu’un grand nombre de prisonniers anglais qui se sont échappés ont été accueillis chez eux ; que le gouvernement français est prêt à s’entendre là-dessus, si l’on veut reconnaître que tout prisonnier anglais sur parole qui s’échappera sera rendu ou sévèrement puni chez lui ; mais que le gouvernement français ne peut considérer comme prisonniers sur parole les prisonniers de l’affaire de Bailen, pas plus que ceux de la garnison de Saint-Domingue, qu’après six ans le gouvernement anglais a reconnu devoir rendre, et que le gouvernement français ne doit pas non plus considérer comme prisonniers des Anglais les prisonniers faits par les bandes ou par les guérillas, lorsque celles-ci les ont remis aux Anglais et que les Anglais refusent de les échanger contre des prisonniers espagnols ; que ceux-là sont prisonniers des Espagnols. Or les prisonniers sur parole ne se font pas faute de fausser leur parole. En comptant les Anglais, Hanovriens, Portugais, Espagnols qui ont faussé leur parole, le nombre se trouve être de 779.
Quant au projet de cartel, c’est une dérision que de proposer un projet sur une base que nous avons rejetée, en ce qu’elle supposait de la mauvaise foi dans l’exécution, et que le nombre des prisonniers anglais, portugais, espagnols que nous avons se monte à 87,600. Que nous ne faisons point de difficulté d’admettre la base de libération générale, homme par homme et grade par grade, en l’effectuant sans délai et en faisant intervenir dans l’échange les Portugais et Espagnols contre les Anglais, et les Anglais sur le même pied contre les Français ; mais vouloir libérer les Anglais qui sont en France pour ne pas continuer l’exécution du principe, pour laisser les deux tiers des prisonniers français sans garantie à Londres, c’est ce qui ne sera jamais. C’est donc à vous à faire connaître vos intentions là-dessus. Un traité qui tendrait à rendre 100,000 familles au bonheur est conforme aux principes de Sa Majesté et aussi à l’intérêt des deux nations ; car les Portugais et Espagnols que l’Angleterre recevra, elle pourra les armer, équiper, les former en légion pour alimenter la guerre, car nous ne faisons pas de difficulté de rendre les prisonniers espagnols et portugais en Angleterre ou sur tel point de l’Espagne que voudront les Anglais. Si donc on arrivait à une libération générale, nous ne ferions pas de difficulté d’envoyer un agent à Douvres ou sur tout autre point que déterminerait le gouvernement anglais, pour s’arranger sur cette question.
Trianon, 29 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
La rivière de la Gironde fixe toute mon attention. Les rades du Verdun et de Talmon sont excellentes pour des vaisseaux de guerre. Je vais bientôt avoir des frégates dans la rade du Verdon, et je compte réunir une escadre dans la Gironde. Il devient donc nécessaire d’asseoir ses idées et de faire faire des projets pour la défense de l’embouchure de cette rivière. Je vous ai mandé de faire faire un plan d’une citadelle au Verdon. Je désire également avoir le plan d’une citadelle au point opposé, pour enfermer les batteries de la rive droite, afin que l’ennemi ne puisse, en débarquant quelques milliers d’hommes, s’emparer de ces batteries et attaquer les vaisseaux qui se trouveraient au Verdon. Par l’établissement de ces citadelles, 3 ou 400 hommes suffiront sur chaque rive pour mettre ces points à l’abri d’un coup de main. La rade de Talmon est aussi d’un grand intérêt. Quelle est la situation du terrain environnant, à une lieue autour de ce point ? Que faut-il faire du côté de la mer pour empêcher l’ennemi de remonter, et du côté de la terre pour l’empêcher de s’emparer des batteries ? Faites étudier cette rivière, et faites des projets qui me seront soumis aux conseils de novembre.
Trianon, 29 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je vous ai fait connaître mes intentions pour l’armement du pertuis de Maumusson et de l’embouchure de la Gironde ; le besoin est urgent: on doit profiter des marées d’équinoxe pour faire passer les frégates de la rade de l’île d’Aix dans la Gironde. Il est donc indispensable que, pour cette époque, les batteries soient armées.
Le fort Chapus a deux pièces de 24 et une de 8 non montées; il est nécessaire de tout disposer aussitôt, pour qu’au 10 ou 12 septembre elles soient montées. Il faut s’occuper également de celles qui doivent être placées au château d’Oléron, du côté de la mer. Sans ces précautions importantes mes frégates seraient prises. Maumusson n’a qu’un corps de garde; j’ai prescrit le nombre de pièces qu’il faut y placer. Faites également faire les changements à la batterie d’Arvert.
Il est important que la batterie de la pointe de Grave soit armée et approvisionnée et dans le cas de tirer, ainsi que celles de Royan et de Susac. Faites-moi connaître quelle sera l’exécution de mes ordres au 15 septembre. Le moindre retard peut nous mettre dans l’alternative de perdre la saison de l’équinoxe ou d’exposer mes frégates à des dangers pressants. Donnez aussi ordre au chef de bataillon qui commande la colonne mobile de l’embouchure de la Gironde de réunir son monde avec le détachement de Berg et de se porter pour renforcer les batteries, surtout celles de l’entrée de de la Gironde et d’Arvert, et de ne se porter cependant en avant que lorsqu’il saura que les frégates ont commencé leur mouvement. Quant à Maumusson, il y a beaucoup de troupes dans Oléron; on pourrait, s’il était ndispensable pour l’armer plus tôt, prendre des pièces dans les batteries de l’île autre que les Saumonards.
Le général se tiendra à Maumusson avec 5 ou 600 hommes, pour pouvoir porter aussitôt les secours nécessaires. Recommandez au colonel de la colonne mobile et au général commandant l’île d’Oléron de donner, s’il était nécessaire, toute espèce de secours en hommes aux frégates, au moment de leur passage. Vous préviendrez le ministre de la marine du résultat de ces ordres.
Compiègne, 30 août 1811
A M. Gaudin, duc de Gaète, ministre des finances, à Paris
Traitez avec le Sénat pour l’achat du château d’Eu et du château de Poppelsdorf, près Bonn. Le chef-lieu de la sénatorerie d’Eu ira à Rouen, celui de la sénatorerie de Poppelsdorf ira à Mayence. J’accorderai les fonds nécessaires pour cette transaction. Traitez avec les titulaires de ces deux sénatoreries. Le domaine extraordinaire fera les fonds pour ces acquisitions.
Quant aux chefs-lieux des autres sénatoreries, il faut savoir à quoi ces maisons sont bonnes, afin de voir quels ministres doivent les payer. Mais cela n’est pas pressé; ce sont des choses qui se font avec les siècles. Traitez toujours pour les deux premières sénatoreries que cet arrangement (… mots manquants) puisqu’il les placera l’une à Rouen et l’autre à Mayence, qui sont deux lieux fort importants.
Compiègne, 30 août 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, je vous envoie une lettre d’un de mes officiers d’ordonnance. Je ne puis croire qu’il n’y ait que 400 hommes à l’île de Port-Cros; si cela était, cette île serait exposée. Donnez l’ordre suivant.
Le bataillon du 23e léger et trois bataillons du régiment de la Méditerranée, formant quatre bataillons, tiendront garnison dans les trois îles, de manière qu’il y ait un bataillon de 1,000 à 800 hommes dans l’île du Levant, deux bataillons de 2,000 à 1,600hommes dans l’île de Port-Cros, enfin un bataillon dans l’île de Porquerolles.
Un colonel commandera dans l’île du Levant, le général Donnadieu dans l’île de Port-Cros, et un général de brigade dans l’île de Porquerolles.
Le bataillon destiné à l’île du Levant y descendra avec les pièces de campagne et de siège nécessaires pour faire une batterie qui défende la rade et croise son feu avec celui du cap des Mèdes, avec une escouade de sapeurs, un officier d’artillerie, un officier du génie, un détachement d’une trentaine de canonniers, soit de la marine, soit de la terre, des outils à pionniers et des vivres; tout cela sous les ordres d’un officier capable.
Le général La Riboisière et les directeurs de d’artillerie et du génie s’y rendront pour tracer les ouvrages ordonnés pour lier l’île du Levant à l’île de Port-Cros et pour que les 800 à 1,000 hommes de la garnison, après avoir défendu l’île, aient là un refuge et puissent recevoir des renforts.
Plusieurs péniches, bateaux de pêche et bâtiments légers doivent se tenir dans le port de Man, afin d’assurer les communications de l’île de Port-Cros avec l’île du Levant.
On augmentera le nombre des pièces de la batterie de Man, soit par des pièces de petit calibre, soit par des pièces qui défendent le coté de terre.
Compiègne, 30 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, je suis instruit qu’il n’y a point de canonnières dans la rade de l’île d’Aix. Donnez ordre que deux canonnières soient attachées à chaque vaisseau ou frégate, pour être montées par les équipages des bâtiments. Indépendamment de ces canonnières et des chaloupes et canots des vaisseaux, il faut qu’il y ait deux bonnes péniches. Enfin organisez une flottille sous les ordres du commandant de la rade.
Compiègne, 30 août 1811.
DÉCISION.
Le comte Decrès, ministre de la marine, sollicite la décoration de la Légion d’honneur pour le capitaine d’artillerie de marine le Traon-Kerguidan, grièvement blessé à l’affaire de Lissa. | Il faut saisir une meilleure et moins malheureuse occasion. |
Compiègne, 30 août 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, le grand état de situation que vous m’avez remis contient des inexactitudes. Vous portez la garnison de Badajoz telle qu’elle doit être fournie en conséquence de mes derniers ordres, c’est-à-dire composée, savoir : de deux bataillons du premier corps, de deux bataillons du quatrième corps, de deux bataillons du cinquième corps, d’un bataillon de Hesse-Darmstadt et d’un bataillon de la division de Cordoue. Mais cet ordre peut n’avoir pas été exécuté, et cette manière de faire des états de situation n’est propre qu’à m’induire en erreur. Vous deviez faire mention de mon ordre en observation, mais porter l’état de la garnison de Badajoz tel que vous le trouvez dans vos derniers états de situation. Corrigez cela; il ne faut rien mettre d’hypothétique, si ce n’est en note. Les états que vous me remettez ne doivent être que les copies des états qui vous sont envoyés, sans quoi vos états ne sont bons qu’à m’induire en erreur. Demandez également l’état de situation de la garde royale et de toutes les troupes qui sont à la solde de l’Espagne : c’est le seul moyen de connaître les forces qui sont disponibles.
Compiègne, 31 août 1811
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Monsieur le Comte de Cessac, le pain qu’on distribue aux troupes à Boulogne est très mauvais. Prenez des mesures pour remédier à cet abus.
Compiègne, 31 août 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
On emploie beaucoup de marins comme domestiques dans les équipages de flottille. Ainsi, dans le 13e bataillon à Boulogne, 30 hommes sont employés comme domestiques; 41 sont en permission et 15 absents; cela est irrégulier. Cependant la solde et les vivres des hommes manquants sont faits comme s’ils étaient présents. On assure que les chefs prétendent les distribuer aux pauvres pères de famille. Faites faire une enquête là-dessus et un exemple qui puisse épouvanter sur de pareils abus. Il parait qu’il y a de grandes plaintes contre le préfet maritime.
Compiègne, 2 septembre 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès 9 je désire avoir l’état des corsaires qui existent, avec l’indication du port d’armement, du nombre d’équipages, du nombre de canons et de leur tirant d’eau. On m’assure que j’en ai de très beaux dans la Baltique et à Danzig. Remettez-moi cet état et occupez-vous des moyens d’encourager la course. Je vous envoie copie d’une réclamation des armateurs de Danzig. Je désire que vous me fassiez un rapport là-dessus. Vous devez être le protecteur des corsaires, puisqu’ils font partie de ma marine, dont vous êtes le chef. Veillez à ce que le tribunal des prises ne fasse rien contre mes intentions et contre ma politique, et fixez votre attention particulièrement sur la législation qu’il a suivie depuis le dernier état de la question relativement aux Américains.
Compiègne, 3 septembre 1811.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, je vous prie de m’envoyer la situation des neuf régiments de chevau-légers. Le 1er régiment doit avoir son major, son 4e escadron et 200 hommes à son dépôt, indépendamment des 200 hommes qu’il reçoit de la réserve. Le 2e doit avoir son 3e et son 4e escadron, et également 3 à 400 hommes que lui fournissent la réserve et les conscriptions. Le 3e doit avoir à son dépôt, à Montmédy, le 3e et le 4e escadron, et au moins 400 hommes avec ce que la réserve doit lui fournir. Le 4e a de même son 4e escadron et 3 à 400 hommes présents. Le 5e doit avoir le 3e et le 4e escadrons avec 3 ou 400 hommes présents à Amiens. Le 6e doit avoir 800 hommes et ses quatre escadrons à Dôle. Le8e doit avoir bientôt 800 hommes ; enfin le 9e étant dans la 32e division, est déjà de 1,000 hommes et se complète en chevaux.
Quand chacun de ces régiments aura-t-il au moins 300 hommes ?
Quand chacun pourra-t-il avoir deux escadrons disponibles, montés, équipés, exercés à la lance ?
Je voudrais avoir pour le 1er février deux escadrons du 1er, du 2e, du 3e, du 4e et du 5e; total, dix escadrons ou 2,000 chevaux, qui formerait une brigade de chevau-légers ; enfin quatre escadrons du 6e régiment et quatre du 8e, ce qui formerait une seconde brigade. Je voudrais donc avoir pour le commencement de février 4,000 lanciers disponibles pour la guerre d’Allemagne, et ce indépendamment du 9e et sans compter le 7e, qui est en Espagne.
Ce qui est très pressant, c’est de m’envoyer d’abord des lances. Si vous n’en aviez pas de faites, on pourrait leur envoyer les 600 qu’avaient les Hollandais. En leur envoyant 100 lances par régiment, cela leur servirait du moins pour l’instruction. Je suppose que ions avez commandé 6,000 de ces lances.
Il faudrait ensuite envoyer à chaque régiment un officier des lanciers polonais pour leur apprendre le maniement de la lance. Il n’y a pas de moment à perdre pour employer ces six mois avec la plus grande activité à former ces sept régiments.
Je désire leur attacher dès à présent deux généraux de brigade intelligents. L’un serait chargé du 6e et du 8e, et il passerait alternativement un mois à Dole et à Sedan pour veiller à l’organisation, à l’instruction et aux remontes de ces régiments. L’autre serait chargé de veiller sur l’instruction et la formation des 1er, 2e, 3e, 4e et 5e et parcourrait successivement leurs dépôts.
Faites-moi un rapport général sur ces régiments.
Compiègne, 3 septembre 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je vous envoie une lettre du général Berthier sur les travaux de Corse. Faites-moi un rapport là-dessus et faites-moi la demande des fonds nécessaires pour l’arrivée des eaux à la fontaine d’Ajaccio ; il parait qu’il ne faut que 30 à 40,000 francs; c’est un ouvrage très important , ainsi que pour ce qui regarde les salines, dont l’air nuit à la ville. Quant à la route d’Ajaccio à Bastia, la somme paraît encore forte et cela peut se faire en plusieurs années.
Compiègne, 3 septembre 1811
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, il est convenable que vous fassiez toucher 2,500 francs par mois à l’ancienne reine d’Étrurie, à son couvent à Rome, à compter du jour où elle y est entrée. Il est inutile de citer aucune décision. Donnez ordre seulement au payeur des dépenses diverses de solder cette dépense.
Compiègne, 3 septembre 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, je vois avec la plus grande peine que vous ayez envoyé le 8e régiment de hussards dans l’Ems oriental. Lorsque j’éloigne une troupe de ces lieux pestilentiels, vous avez la simplicité d’y envoyer un de mes meilleurs régiments. Je regarde ce régiment comme perdu. Si vous ne prenez pas plus de soin de placer vos corps dans des lieux sains, vous me ferez ce que vous avez fait à Vienne. J’ai retiré de tous les points de la côte les troupes qui s’y trouvaient. A Flessingue même, qui est si important, je ne laisse que 600 réfractaires ; je préfère m’exposer aux chances de l’ennemi plutôt que de perdre des hommes d’une manière aussi misérable. Vous suivez une direction opposée. Si j’ai fait camper mes troupes dans la bruyère, à Utrecht et ailleurs, je n’ai pas eu d’autres raisons que de les soustraire au mauvais air. Je n’ai laissé sur le Helder qu’un bataillon étranger. Quand je prends tant de soin pour compléter votre armée, qui est si importante, et pour l’organiser et la mettre parfaitement en état, vous l’exposez à être détruite. Rassurez-moi au plus tôt sur le 8e de hussards; hâtez-vous de le rappeler, ainsi que les hommes du 25e et toutes les troupes qui sont parfaitement inutiles.
Compiègne, 3 septembre 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, je reçois votre lettre relative au tripotage de Bourrienne à Hambourg. Il serait important d’avoir des lumières sur ce qu’il a fait. Faites arrêter le juif Gumprecht-Mares, son prête-nom, faites saisir en même temps ses papiers, et tenir cet individu au secret, faites également arrêter quelques autres des principaux agents de Bourrienne, pour éclairer toutes ses menées à Hambourg et connaître les dilapidations qu’il a commises là.
Compiègne, 3 septembre 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, j’attends la situation de votre armée. Je suppose qu’au 1er septembre votre 5e division était formée. A la fin de septembre, des détachements de canonniers partiront des dépôts pour renforcer vos compagnies d’artillerie et les porter à 120 hommes, je suppose que vous continuez à donner des ordres pour que tous les détachements des quatre bataillons du train d’artillerie et des dix régiments de cavalerie, qui sont dans les dépôts, soit hommes, harnais ou chevaux, vous rejoignent. Il est important qu’ils arrivent avant la mauvaise saison. Mon intention est d’augmenter votre cavalerie légère d’une 5e brigade, en vous envoyant le 23e et le 24e de chasseurs qui sont en Hollande. Faites-moi connaître si le pays pourra suffire à cette augmentation de fourrages. J’ai pensé que cette 5e brigade, qui porte à quatorze le nombre de vos régiments de cavalerie légère, vous complétera 12,000 hommes à cheval, qui, passant l’hiver du côté du Mecklenburg et sur l’Elbe, pourraient marcher avec vous au moindre événement sans être obligés de forcer les marches. Mon intention est que dans le courant d’octobre il sera formé à votre corps d’armée une 6e division, composée de quatre bataillons du 11e d’infanterie légère, qui se forme à Wesel et se compose des tirailleurs corses et du Pô et de trois ou quatre bataillons des 127e, 128e et 129e; ce qui portera cette division de treize à seize bataillons. Faites-moi connaître la situation de ces régiments avec la conscription de la 32e division militaire et quand ils pourront former chacun leur 5e bataillon. Cela complétera votre corps d’armée à vingt régiments; ce qui, avec la 7e division, vous formera près de cent dix bataillons. Je suppose que le 9e de chevau-légers sera bientôt à 900 chevaux. Faites-moi connaître les mesures que vous prenez pour que les généraux réunissent leurs brigades et leurs divisions, et en passent l’inspection pour connaître ce qui manque en personnel et en matériel, et surtout les vacances des grades. Il serait bien important que vous pussiez vous-même, dans le courant d’octobre, voir toutes vos divisions, les faire manœuvrer, et vous assurer de leur situation en inspectant leur artillerie, leurs équipages, et en entrant dans tous les détails nécessaires. Envoyez-moi la situation de votre armée au 1er septembre.
Compiègne, 4 septembre 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
L’artillerie se divise en trois corps : l’artillerie de marine, l’artillerie de terre, l’artillerie des côtes. L’artillerie de marine est séparée de l’artillerie de terre; c’est une arme différente, qui appartient absolument aux officiers de marine. Il y avait jadis des relations entre l’artillerie de terre et l’artillerie de marine, et je crois qu’on ne pouvait arriver à certains grades qu’en sortant de l’artillerie de terre. Faites-moi un rapport là-dessus; car, l’artillerie de marine ayant bien peu d’occasions de s’instruire sur les détails, ses relations avec l’artillerie de terre sont bien importantes.
Quant à l’artillerie des côtes, il est impossible que cela aille plus mal ; elle est comme séparée de l’artillerie de terre, car les adjudants et inspecteurs des côtes ne sont pas même des officiers d’artillerie. Il est vrai qu’ils sont sous les ordres des directeurs et des sous-directeurs, mais ce nombre de véritables officiers d’artillerie est si petit, qu’il ne peut rien pour le service ni pour l’instruction.
Mon intention est de changer cet ordre de choses en tout ou en partie. Les garde-côtes me coûtent 3 ou 4 millions; mais je calcule qu’ils me coûtent encore 3 ou 4 millions par les bâtiments que laisse prendre ce mauvais service. Je ne gagne rien à avoir de mauvaises troupes, et c’est une économie ridicule que d’avoir un capitaine de milice pour défendre mes côtes contre mon ennemi le plus acharné, parce que ce capitaine ne coûte que 1,200 francs; voilà une économie de 50 louis bien funeste à mon service.
Présentez-moi un projet dont la base soit d’avoir soixante et douze compagnies d’artillerie employées à la garde de mes côtes. Ces soixante et douze compagnies seront six à six, formeront douze bataillons, ayant douze chefs de bataillon et douze adjudants-majors et formeront quatre régiments, ayant ainsi quatre colonels et quatre majors.
Je voudrais donc avoir sur les côtes quatre régiments d’artillerie de ligne, 4 colonels et 4 majors, formant 8 inspecteurs naturels, 12 chefs de bataillon, soixante et douze compagnies, 72 capitaines en second, 144 lieutenants en premier et en second, tous sortant des écoles, instruits et faisant absolument partie de l’artillerie de terre.
Les compagnies seraient à 120 hommes; cela ferait donc un effectif de 8,640. Ces 120 hommes serviraient comme tout le reste de l’artillerie, mais ils auraient pour auxiliaires 60 garde-côtes, levés, habillés et payés comme ils le sont aujourd’hui; ce qui ferait 180 hommes par compagnie, dont 60 appartenant à la localité et 120 à l’artillerie. Ces 180 hommes, dirigés par des officiers, sergents et canonniers de 1e classe de l’artillerie de ligne, seraient alors de véritables troupes d’artillerie. On aurait donc alors 8,640 canonniers de ligne, officiers et sous-officiers compris, et 4,320 garde-côtes auxiliaires; ce qui ferait un total de plus de 12,000 hommes. Il est vrai qu’aujourd’hui il y a 16,000 garde-côtes, mais ils ne font le service que de deux jours l’un ; cela ne fait donc en résultat que 8,000 hommes. Ainsi, au lieu de 8,000 hommes, on en aurait plus de 12,000, et au lieu d’officiers et sous-officiers ignorants, ou aurait des officiers et sous-officiers d’élite.
J’imagine qu’il suffirait d’un régiment pour la Hollande et les côtes de Belgique et de France jusqu’à la Seine, d’un régiment pour les côtes de la Seine à la Loire, et d’un régiment pour celles de la Loire à Bayonne; ce qui ferait neuf bataillons.
Un régiment de dix-huit compagnies devrait être suffisant pour toutes les cotes de la Méditerranée.
Il faudrait ajouter à cette institution d’établir dans toutes les places des compagnies de canonniers de gardes nationales, obligés de faire le service et d’accourir au premier coup de canon. On peut en établir ainsi dans les principales villes de Hollande, à Flessingue, à Ostende, à Dunkerque, à Calais, à Boulogne, à Abbeville, à Eu, à Dieppe, à Fécamp, au Havre, à Caen, à Cherbourg, à Granville, Saint-Malo, Saint-Brieuc, Brest, Quimper, Lorient, Nantes, etc. On peut ainsi se former sur toute la côte soixante ou quatre-vingts compagnies auxquelles on accorderait quelques distinctions et privilèges, et qui auraient l’emploi bien utile de concourir à la défense de la place et de la côte. A Flessingue, avant le siège, cette compagnie a rendu des services.
Enfin les vingt-six compagnies sédentaires pourraient être conservées. On pourrait même en établir de nouvelles dans les pays malsains, tels que dans les marais de la campagne de Rome, dans quelques postes de la Hollande, etc. Il faudrait que chaque régiment pût être changé à volonté. Les auxiliaires resteraient toujours et seraient attachés à la nouvelle compagnie qui arriverait.
Alors la côte serait entièrement gardée par l’artillerie de ligne. Aucun individu sous le titre d’inspecteur et d’adjudant n’existerait plus ; ce seraient les colonels et les majors qui feraient ces fonctions. On pourrait espérer alors un bon service; le corps d’artillerie apporterait dans la défense des côtes le bon esprit et les qualités qui l’ont distingué dans tous les autres services, et ce serait une grande garantie pour la surveillance des côtes que de les voir entourées par des sentinelles attachées à leur service, à la place de ces garde-côtes qui étaient soumis à tous les préjugés de localités et faciles à corrompre. Sous le seul point de vue de la police, ce projet aurait des résultats immenses. Il aurait encore l’avantage d’augmenter le corps d’artillerie, et par là de faire partager le service très étendu de ce corps à un plus grand nombre d’individus. Tel régiment de l’armée qui aurait été fatigué serait envoyé sur les côtes de Normandie et de Bretagne pour y passer trois ans et s’y reposer. Ce service des côtes serait en effet un véritable repos pour ce corps, en comparaison du service de la grande guerre.
A ces précautions il faudrait ajouter celle de faire faire, pour le service des garde-côtes, un ouvrage élémentaire dans lequel on les instruirait sur la construction des batteries, sur le tir à boulets rouges, sur le tir des bombes et de toutes les espèces de munitions, sur la construction des plates-formes, sur le tir des pièces de 24 et de 36, sur les différents angles du tir, et enfin sur les principes de l’artillerie des côtes, tout différents de ceux de l’artillerie de terre. Il faut sur les côtes tirer aussi loin qu’on peut et tirer toujours. Il faut des projectiles qui aillent le plus loin possible. Dans l’artillerie de terre tous ces principes changent, et on estime avec raison que tirer de loin c’est perdre sa poudre.
Ceci me conduit naturellement à quelques changements dans l’organisation des régiments à pied.
Projet d’une nouvelle organisation des régiments d’artillerie à pied. — J’ai neuf régiments d’artillerie à pied, de vingt-deux compagnies chacun. Peut-être serait-il convenable d’avoir douze régiments à pied, chaque régiment de trois bataillons de guerre et d’un bataillon de dépôt. Chaque bataillon serait de six compagnies; ce qui ferait quarante-huit bataillons formant deux cent quatre-vingt-huit compagnie, il y en a aujourd’hui cent quatre-vingt-dix-huit ; ce serait donc une augmentation de quatre-vingt-dix compagnies, dont soixante et douze seraient compagnies de dépôt ; ce qui réduirait l’augmentation à dix-huit compagnies de guerre.
Aujourd’hui il y en a vingt-sept en Allemagne, cinquante-cinq en Espagne et vingt-quatre en Italie, Illyrie el Dalmatie. Il y en a deux cent six employées aux armées ; il y en a quarante-deux dans les dépôts et cinquante sur les côtes de Normandie. Il y en aurait soixante et douze sur les côtes, soixante et douze dans les dépôts, et cent quarante-quatre pour les armées, ce qui ferait trente-huit compagnies et plus qu’il n’y a aujourd’hui pour les armées. Une compagnie pouvait servir 8 pièces de canon, les cent quarante-quatre compagnies des armées pourraient servir 1,152 et même 1,200 pièces. Les six régiments d’artillerie à cheval, formant quarante-trois compagnies, en pourraient servir 250; cela ferait donc 1,400 pièces de canon qu’on pourrait servir en guerre, indépendamment des 300 pièces de canon que serviraient les compagnies de régiment, et qui feraient un total de 1,700 pièces de canon servies aux armées, indépendamment du service des côtes.
Les douze bataillons de dépôt formeraient en outre une réserve qui pourrait fournir au service des places fortes et renforcer les points de la côte qui seraient nécessaires.
La compagnie d’artillerie à pied devant servir 8 pièces, soit de 4, soit de 8, soit de 12, a besoin de 80 canonniers présents, officiers et sous-officiers non compris; ce qui fait donc 100 hommes présents, ce qui suppose un effectif de 120 tout compris. La compagnie de canonniers garde-côtes sera de 120 hommes de la ligne; mais, sur ces 120 hommes, il n’y en aura que 100 de présents. Elle aura en outre 60 auxiliaires ; mais il est probable que sur ces 60 il n’y en aura que 50 présents. Ainsi une compagnie de garde-côtes dont l’effectif sera de 180 hommes n’aura probablement que 150 hommes présents; alors l’effectif de soixante et douze compagnies serait : de la ligne, présents 7,200, effectif 8,640; auxiliaires, présents 3,600, effectif, 4,320; total des présents 10,800, de l’effectif 12,960.
Les douze régiments à pied seront placés de la manière suivante : un à Anvers, un à Douai, un à Rennes, un à Toulouse, un à Grenoble, un à Alexandrie, un à Vérone, un à Besançon, un à Auxonne, un à Strasbourg, un à Metz, un à Mayence.
Les régiments qui seront sur les côtes tiendront toujours leurs 4e bataillons en garnison à Anvers, Rennes, Toulon et Grenoble. De là ces bataillons de dépôt pourront, selon les circonstances, renforcer ces batteries, et se trouveront assez à portée de toutes les côtes.
Je vous prie de me faire un rapport sur ce projet, car il devient fort important de faire cesser les sujets de plainte qui existent depuis six ans et qui sont la suite de tant de pertes.
P. S. Je vous envoie un projet de décret dans lequel j’ai placé les principales dispositions indiquées dans cette lettre. Ce décret n’est qu’une esquisse susceptible de toutes discussions. Vous remarquerez que, dans ce projet, au lieu d’affecter douze bataillons au service des côtes, j’en ai mis seize; ce qui fera quatre-vingt-quatre compagnies au lieu de soixante et douze. Ainsi donc quatre-vingt-quatre compagnies à 120 hommes feront 10,000 canonniers de ligne, et quatre-vingt-quatre compagnies auxiliaires à 60 hommes m’en feront 5,000; total, 15,000 sur les côtes; ce qui me fera une économie de 11,000 garde-côtes et surtout débarrassera de ce grand nombre d’officiers inutiles. Mais ces quatre-vingt-quatre compagnies comprennent tout ce qui est nécessaire pour l’extraordinaire de Boulogne, de Walcheren, de Cadzand, et enfin l’artillerie de ligne qui est aujourd’hui répandue sur la côte. Or il y a aujourd’hui cinquante compagnies sur les côtes, et je n’en mets que douze en sus des soixante et douze qui doivent remplacer les garde-côtes. Peut-être, dans la distribution des emplacements, jugerez-vous convenable d’en mettre six de plus; car il est bon que le service de places comme Boulogne, Ostende, Flessingue, Anvers, Cherbourg, Brest, Toulon, etc., soit compris dans le service de la côte.
Je ne sais pas assez ce que c’est que les canonnières sédentaires pour les comprendre dans le décret. Ce doit être l’objet d’un rapport que vous me ferez. Les compagnies de vétérans qui sont sur les côtes devront être placées de préférence dans les tours, dans les vieux châteaux où le service soit moins actif.
La manière d’exécuter ce décret serait très facile. Il faudrait d’abord former les trois nouveaux régiments en tirant des officiers, sous-officiers et canonniers de tous les régiments; on placerait les nouveaux régiments à Anvers, Rennes et Grenoble. Le régiment qui se trouve aujourd’hui à Anvers et celui qui se trouve à Rennes seraient envoyés à Auxonne et à Besançon ou dans d’autres écoles non occupées. On ferait sur-le-champ fournir à ces trois régiments, et sur les quarante-deux compagnies qui sont dans les dépôts, trente-six compagnies pour les côtes, et l’on prendrait sur les cinquante compagnies qui sont sur les côtes et sur les quarante-deux compagnies qui sont dans les dépôts de quoi fournir les bataillons que les autres régiments doivent fournir pour le service des côtes. Cette opération peut être faite dans les mois de novembre et de décembre; ceci suppose qu’il sera pris, sans délai, des moyens pour fournir les 7 ou 8,000 hommes nécessaires aux nouveaux régiments et pour compléter les cadres des anciens : c’est 12,000 qu’il faut procurer.
Compiègne, 5 septembre 1811
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Monsieur le Comte de Cessac, j’ai reçu votre lettre du 31 août relative aux ordres que vous avez donnés pour l’habillement du régiment de l’île de Ré; les états ne prouvent pas ce qui est dît dans le résumé.
L’état n° 1 porte que 7,000 habits doivent avoir été envoyés à l’île de Ré. On voit bien que les ordres ont été donnés, mais on ne voit pas que ces effets soient partis. On ne voit pas d’où ont été expédiés les effets qui ont dû partir du 2 février au 25 août. On a donné, par exemple, le 14 juin, l’ordre de faire partir 900 habits, 900 vestes, etc ., mais d’où ont-ils été expédiés ? Quand sont-ils partis, et en combien de jours ont-ils dû arriver ? Donner des ordres est la moindre chose, ce qui importe, c’est d’en assurer l’exécution.
L’état n° 2 est plus précis. J’y vois que 3,500 bonnets de fusils sont partis. Les époques de quelques-unes de ces expéditions sont déterminées : 8,000 culottes, 3,000 vestes sont parties de Paris le 1er et le 3 août; pourquoi ne sont-elles pas encore arrivées ?
État n° 3, je vois que 800 habits destinés au 29e d’infanterie légère ont dû être confectionnés par les soins de l’ordonnateur de l’administration militaire ; mais comment veut-on que l’ordonnateur fasse pour faire confectionner des habits ? N’était-il pas plus simple d’en charger le conseil d’administration ou de les faire confectionner à Bordeaux, où il existe un grand atelier ? Et comment croire que l’ordonnateur ne manquera de rien dans tous les détails d’une confection ? Rien n’est moins satisfaisant que ce tableau. Avec de pareilles indications, je ne puis rien faire suivre; et, si l’on n’a pas d’autres renseignements dans vos bureaux, je ne suis pas étonné que mes troupes ne soient point habillées. Le fait est que le 28 août ce dépôt était dans le plus pitoyable état. Si vous m’aviez envoyé des rapports que je pusse faire vérifier, j’aurais envoyé sur les lieux un officier d’ordonnance. Mais avec des états si obscurs que voulez-vous qu’on fasse ?
Le régiment de la Méditerranée, en Corse, est tout nu; à Wesel, les hommes sont déjà arrivés, et pas un habit, pas une chemise, pas une paire de souliers. Cependant je vous avais dit de faire un envoi direct de Paris. Cela influe beaucoup sur mon service, parce que, si ces conscrits attendent à Wesel, ils déserteront. Donnez-moi des états précis sur l’exécution des ordres pour Wesel et Strasbourg; que je sache la quantité d’effets expédiés, le lieu et le jour du départ, et la route qu’on leur a fait prendre, afin que je puisse faire faire même une vérification des chemises. Je crains toujours que le bureau de l’habillement ne soit pas en des mains assez fortes, et que dans ce bureau beaucoup de choses ne s’embrouillent. Un ordonnateur a toujours moins de moyens qu’un corps pour faire confectionner, parce que, indépendamment du nombre des agents qu’un conseil d’administration a à sa disposition pour surveiller une confection (agents qui ne coûtent rien), ce conseil a des ouvriers plus ou moins habiles, de sorte que le prix qui peut suffire à un conseil d’administration ne peut suffire à un ordonnateur. Celui-ci doit tout surveiller, mais non pas faire; car il est seul, sans agent pour le seconder. Dans une armée même on ne peut pas dire qu’un ordonnateur fasse faire du pain et des habits, car il a ses agents pour les vivres et l’habillement. Il passe des marchés pour la manutention, les fournitures, les transports; il surveille tout et ne fait rien directement. Que peut faire l’ordonnateur de la 12e division, sans garde-magasin, sans contrôleur, sans ouvriers ? Passer un marché avec un tailleur; mais qui le vérifiera ? C’est exiger d’un homme ce qui ne lui est pas possible, et il le fera mal. Votre prédécesseur avait agi de même; rien ne se faisait à Bordeaux ou se faisait mal. J’y ai établi un conseil d’administration, des gardes-magasins, des directeurs, etc. Les conseils d’administration pourraient faire confectionner; les conseils des bataillons qui sont à l’île de Ré et enfin le conseil du dépôt peuvent le faire sous la surveillance des ordonnateurs, qui seront chargés de la vérification et d’ordonnancer les dépenses.
Compiègne, 5 septembre 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, je reçois l’état de situation du 12e bataillon d’équipages. Je suis fort surpris de voir qu’il n’a pas le nombre de caissons prescrit. Je donne ordre que les 25 caissons restés à Strasbourg le rejoignent le plus tôt possible; de sorte que vous aurez à votre corps d’armée 250 caissons en bon état, outre les 100 caissons de régiment; ce qui vous fera 350 caissons, c’est-à-dire la valeur de 4 caissons par 1,000 hommes. Il faut actuellement avoir soin de faire servir très légèrement ces caissons, afin de tenir les chevaux gras et en bon état, et qu’au moment d’entrer en campagne vous puissiez les trouver capables d’un bon service. Si, au contraire, vous les écrasez, au lieu de 350 caissons, vous n’en aurez pas la moitié quand vous entrerez en campagne. Prenez des mesures là-dessus. Votre service n’a rien de pressé; il peut se faire par les moyens du pays et aussi par vos transports; mais il ne faut faire faire à vos chevaux que la moitié de ce qu’ils peuvent faire.
Je vous ai parlé aussi des outils du génie; il ne faut laisser rien faire avec ces outils, sans quoi vous ne trouverez ni outils ni caissons lorsque vous entrerez en campagne. Ces outils ne sont pas pour être employés en temps de paix ; ils ne doivent servir que devant l’ennemi. Les officiers du génie ne savent pas cela. Je désire que vous le leur appreniez. Faites-leur comprendre qu’il est contre les principes et leur arme d’employer un seul outil attelé ailleurs qu’aux ouvrages des champs de bataille.
Compiègne, 6 septembre 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je désire avoir les plans des travaux qu’on fait au cap de Grave et autres points de la côte. Je crains que mes intentions ne sont pas remplies et que je n’aie lieu d’être mécontent. Envoyez-moi cela ; que je sois tranquille sur les contre-coups qui arriveraient par les boulets qui des tours retomberaient sur les batteries. J’ai observé ces inconvénients aux batteries de Balaguier et de l’Éguillette, à Toulon: ce qui me fit préférer alors de faire construire des batteries en terre et perdre vingt-quatre heures, tant celles en pierre m’ont paru inabordables.
Compiègne, 6 septembre 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
L’ennemi ayant évacué la rade d’Hyères, ce sera une nouvelle raison pour le général la Riboisière d’activer la prise de possession de l’île du Levant et la construction des batteries et de la tour que j’ai ordonnées dans cette île.
Je compte que le colonel Donnadieu, qui a le commandement de Port-Cros, aura sous ses ordres le 5e bataillon du 22e léger, complété à 500 hommes par des conscrits réfractaires, et deux bataillons du régiment de la Méditerranée; ce qui lui fera 2,000 hommes pour la défense de Port-Cros et de l’île du Levant. J’espère qu’il fera travailler avec la plus grande activité pour mettre les batteries en état.
Le général que j’ai nommé à Porquerolles aura un bataillon du régiment de la Méditerranée. Le 4e bataillon du 22e léger suivra sa destination.
Faites-moi connaître si les petits bataillons des 8e et 18e légers et 23e de ligne, forts de 1,300 hommes, qui sont dans l’île Sainte-Marguerite , pourront partir au 20 septembre, habillés et en bon état, pour se rendre, par Gênes et le col de Tende, en Illyrie rejoindre les deux bataillons de guerre que ces régiments ont dans ce pays.
Ecrivez aux préfets des départements du Var et des Bouches-du-Rhône de requérir des ouvriers d’artillerie et du génie pour les fortifications des îles d’Hyères. Chargez les directeurs de l’artillerie et du génie de faire monter des ateliers en grand pour la construction des batteries et la mise en état de ces importantes îles, et de s’occuper du rétablissement du château de Giens, qui défend la pointe de cette presqu’île.
Compiègne, 6 septembre 1811
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Un rapport que je reçois de Turin me fait connaître que l’habillement du régiment d’Illyrie est dans le plus mauvais état On me mande que les habits n’ont pu être mis en service parce qu’ils sont trop petits, trop courts, trop étroits, mal cousus, mal faits, mal teints; que beaucoup de boutonnières ne sont faites que par un simple coup de ciseaux; que le devant des habits n’a que six pouces de hauteur ; qu’au lieu d’un galon de fil blanc pour arrêter l’épaulette, on n’a mis qu’une simple bordure de toile; que les manches et le dos des vestes ne sont pas doublés; que les capotes sont tellement étroite que, loin de pouvoir être portées sur l’habit, elles gênent les mouvements des hommes qui n’ont pas même de gilet dessous; beaucoup de ces capotes sont de mauvais drap ; que les pantalons sont également de mauvaise qualité, trop courts et trop étroits, etc. Je désire que vous me fassiez un rapport sur tout cela.
Ce régiment me coûte beaucoup d’argent, et je ne puis pas m’en servir. Il est actuellement à Turin; quand pourrai-je l’employer ?
Compiègne, 6 septembre 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
En mouillant dans la rade d’Hyères, l’ennemi ne pouvait avoir d’autre but que d’empêcher des troupes de se porter sur Figuières. Je vois des traces de cela dans les journaux officiels anglais, où l’on dit que les divisions françaises sont retournées du Languedoc sur Toulon. Cet événement est fort heureux, parce qu’il aura fixé l’attention sur ce point important.
Les bombardes avec un mortier à plaque peuvent tirer les bombes à 2,000 toises. Or ces bombardes peuvent se placer facilement à 400 toises des batteries. De la batterie des Mèdes à un point quelconque de la rade il n’y a que 400 toises. De l’île de Bagaud au cap des Mèdes la portée n’est que de 4,000 toises. A Brégançon il n’y a encore que 4,000 toises. Ainsi une bombarde qui mouillerait à 400 toises de Brégançon et une qui mouillerait à 400 toises de Port-Cros ne seraient éloignées que de 3,200 toises. Il faudrait donc avoir trois stations de bombardes : une mouillant à Port-Cros et se plaçant en avant sous la protection des batteries de Port-Cros ; une à Porquerolles, et une troisième pour se porter du côté du continent, soit sous la protection des batteries de Giens, de Brégançon, soit des autres batteries de la plage, selon la position des bâtiments ennemis. Mais je suis persuadé que, lorsque les nouvelles batteries seront établies, que l’on aura instruit les canonniers et que le système sera bien établi, tous les obus tirés par des pièces de 36 et les bombes des mortiers placés sur des bombardes iront sur tous les points de la rade.
Demandez au général Émeriau de vous faire connaître de quelle manière il entend mouiller ses canonnières et bombardes pour nuire à l’ennemi. Il me semble qu’il en faudrait au moins dix. La rade de l’île d’Hyères est un beau théâtre pour exercer nos jeunes matelots. En donnant ordre pour occuper les trois îles, il faudrait qu’on eût des stations fixes, aux mouillages de Porquerolles et de Port-Cros, de bombardes et bâtiments légers. Vous connaissez mes raisonnements, qu’un bâtiment ne peut être à l’abri des mortiers et pièces de 36 dans aucun point de la rade d’Hyères.
Écrivez au général Émeriau pour qu’on ancre un bateau sur le point le plus éloigné de terre où l’on ait reconnu qu’un bâtiment puisse mouiller, et que l’on tire de toutes les batteries sur ce bateau pour être sûr qu’il n’est pas à l’abri des bombes et des obus. On tiendra des procès-verbaux de ces expériences, lesquels seront déposés dans les bureaux de la préfecture maritime et dans les bureaux d’artillerie des trois îles. Écrivez en même temps au général la Riboisière sur cet objet, afin de me dispenser d’écrire au ministre de la guerre et pour que ces bâtiments soient parfaitement en état.
Dans un port comme Toulon, on doit toujours avoir une trentaine de canonnières, une douzaine de brûlots et une douzaine de bombardes; et, comme nous ne pouvons avoir une marine qu’en employant beaucoup de jeunes gens, on atteindra le double but de former ces matelots et de défendre la rade.
Compiègne, 7 septembre 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je suis surpris que le général Donzelot, malgré les ordres réitérés que je lui donne de renvoyer les Albanais, continue à vouloir les garder. Ces hommes me coûtent immensément pour la solde et la nourriture dans un pays si difficile à approvisionner; et non seulement ils ne seraient pas utiles, mais, si les Anglais venaient à débarquer, ils déserteraient et compromettraient la place. Je vois avec peine qu’il en ait augmenté le nombre, et par là accru les dangers de la place. Réitérez-lui l’ordre de profiter du retour des frégates pour les renvoyer en Italie, où ils seront fort utiles. Il ne faut à Corfou que des hommes sûrs. Le séjour de ces hommes a le double inconvénient de l’affamer et de compromettre la sûreté de la place.
Compiègne, 7 septembre 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Dans votre lettre du 6 août je vois plusieurs questions relatives au général Villaret-Joyeuse. Vous devez lui répondre que sa place n’est pas nouvelle, que tout se trouve réglé, que le vice-roi est à la fois chef du gouvernement italien et général en chef de l’armée française; que, du reste, Venise est gouvernée par un système constitutionnel auquel il n’est dérogé qu’en cas de guerre ou de siège.
Compagnie, 7 septembre 1811
A M. Gaudin, duc de Gaète, ministre des finances, à Paris.
Faites-moi un rapport sur les différentes branches des finances du département de la Lippe.
Je vous envoie un mémoire d’un aide de camp que j’ai envoyé dans la Lippe. Vous verrez ce qu’il dit des domaines. Je pense qu’il faudrait traiter avec le grand-duc de Berg. Mon intention n’a jamais été de lui laisser tous les domaines. Je n’ai pas entendu lui laisser les remparts de Munster, ce qui serait ridicule. Envoyez-moi un rapport et un projet de décret. L’inspecteur de l’enregistrement doit être arrivé. Tout ce qui est forêts, domaines, etc., doit m’appartenir. S’il y a lieu à indemniser le grand-duc de Berg, on l’indemnisera par des rentes.
Compiègne, 8 septembre 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
J’ai lu avec intérêt la lettre du général O’Connor, que je vous renvoie. Cette correspondance avec l’Irlande me parait fort importante à établir. Demandez des renseignements sur l’esprit actuel, car je ne suis pas éloigné d’y envoyer 6,000 chevaux et 30,000 hommes.
Compiègne, 8 septembre 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je reçois et lis avec attention le travail que vous m’avez remis sur les compagnies garde-côtes. Ces renseignements m’ont paru fort satisfaisants. Vous proposez de conserver cinquante compagnies garde-côtes et de créer trente-six nouvelles compagnies d’artillerie. Il n’est aucun doute que les cinquante compagnies garde-côtes ne vaudront jamais des compagnies d’artillerie, tant par la composition des officiers et sous-officiers que par celle des soldats. Mais, dit-on, il faut 450 officiers, et l’on ne peut en fournir que 140. Je ne puis pas admettre cette objection. Dans un pays comme la France, j’aurai non seulement 400 officiers, mais 4,000, si je veux les payer. Cette objection serait bonne en Russie. Les 450 officiers ne pourront pas être fournis cette année, parce qu’il faut un an d’école, mais on pourra les avoir l’année prochaine. Toute objection cesse en n’employant que 140 officiers cette année, et l’on emploiera l’année prochaine 1 40 autres. Dans les dix-huit points que l’on présente, La Havre, la Hague, Ostende, Dunkerque, Saint-Malo, Lorient, Nantes, l’embouchure de la Loire, Marseille, le golfe Juan, Fréjus, Livourne et Gènes ne sont point compris; tous ces points sont cependant importants.
Je ne puis donc pas admettre en principe que nos côtes doivent être confiées à des mains malhabiles. N’admettant point la raison du manque d’officiers, que je puis avoir en tel nombre que je veux, l’objection tombe sur les hommes : la conscription y pourvoira, et, pour la première formation, je ferai un appel pour les conscriptions antérieures par un sénatus-consulte ; ce qui soulagera les côtes de l’entretien des garde-côtes et donnera une nouvelle garantie à tout l’Empire.
La seconde objection est que cela est trop coûteux; mais, en supprimant cinquante compagnies garde-côtes, j’économiserai 1,500,000 francs; en formant trente-six compagnies de plus d’artillerie, je ne crois pas que ce soit une dépense de plus de 2 millions. Ce serait donc 600,000 francs de plus. Mais qu’est-ce qu’une dépense de 2 millions, de 3 millions de plus pour un objet de si grande importance ? Quel est le caboteur qui ne me payerait pas un droit qui me rendrait le triple, pour être efficacement protégé ? Mais, sans établir de nouveaux droits, l’inhabileté des garde-côtes coûte à mes marins 2 ou 3 millions par an et à mon commerce des sommes plus considérables. Il ne faut pas croire que les plaintes des officiers d’artillerie soient vraies; ils disent toujours qu’il y a trop de canons. Le fait est qu’il n’y en a point assez. La supériorité de l’ennemi est telle, qu’à tous les caps, sur toutes les plages, mon cabotage a besoin de trouver protection. Il faut beaucoup de batteries et en bon état, et de pièces de campagne. Il faut que les affûts soient en bon état, qu’on sache employer les bombes, donner une direction à la pièce, vérifier si l’on a de bonne poudre, se servir de pièces de campagne pour porter sur la plage à 12 et à 1500 toises de la batterie. Sont-ce des compagnies garde-côtes qui pourront jamais faire ce service ? On n’entend que des inepties : nos boulets ne portent pas, nos bouchons sont mauvais, notre poudre est détestable. En conséquence, mes bâtiments sont pris dans toutes mes rades. Ce qu’il y a de plus vrai dans tout cela, c’est que les adjudants des côtes sont ignorants, que les directeurs et sous-directeurs d’artillerie sont peu nombreux, vieux, dépourvus de matériel, et sont de peu d’utilité.
Les affûts sont faits de manière qu’on ne peut pas donner à la pièce le degré nécessaire pour tirer loin. A qui la faute ? Au capitaine d’artillerie, qui, par un coup de rabot qu’il fait donner par les ouvriers de sa compagnie, peut remédier à cet inconvénient.
La poudre est mauvaise, cela est possible; mais la faute à qui est-elle ? Au capitaine d’artillerie, qui doit la vérifier tous les mois, en prenant une poignée dans chaque gargousse pour s’assurer quelle est bonne; car dans ces lieux la poudre peut se détériorer d’un mois à l’autre. Sont-ce des officiers de garde-côtes qui peuvent faire ces vérifications ? Sera-ce de malheureux inspecteurs de garde-côtes que l’on dédaigne qui auront la main assez forte pour obliger le directeur à changer la poudre ?
Les plates-formes s’abîment, soit de mortier, soit de canon, les affûts se cassent, les épaulements sont écroulés par le canon ennemi, est-ce une compagnie composée de paysans, qui n’a point d’artificiers, pas d’ouvriers, qui n’a aucune des connaissances nécessaires qui pourra remédier à tout cela ? Non ; ils tirent quelques coups de canons et après cela cessent leur feu. Je ne veux point de compagnies garde-côtes. Je veux que des colonels, des colonels en second, des chefs de bataillon, des capitaines de la ligne, me répondent de mes côtes, que, le service venant à être mal fait, soit par défaut d’affûts, soit par mauvaise qualité de la poudre, soit par toute autre raison, ils en soient responsables. On coupe la tête à un officier d’artillerie qui donne des cartouches qui ne sont pas de calibre : on doit condamner à mort l’officier qui, placé sur la côte, laisse périr dans sa main les que je lui ai confiées pour défendre le territoire et protéger les propriétés de l’État ou du citoyen. Est-ce donc à de misérables officiers garde-côtes que je puis imposer cette responsabilité ?
Le corps de l’artillerie doit me répondre de mes côtes.
Les généraux d’artillerie, connaissant la valeur des différents officiers, pourront les placer et les déplacer.
Je persiste donc dans mon projet de créer trois nouveaux régiments d’artillerie. Vingt bataillons de six compagnies, formant cent vingt compagnies, seront employés sur mes côtes et dans mes places de guerre maritimes. Il y sera pourvu par soixante et douze compagnies de nouvelle création et par quarante-huit compagnies prises sur l’ancienne artillerie. Chaque compagnie étant de 120 hommes, cela me fera 14,400 hommes; cent vingt compagnies auxiliaires, formées, comme les compagnies de garde-côtes actuelles, de 60 hommes, feront 7,200 hommes; dix-huit compagnies de canonniers vétérans formeront 2,200 hommes; j’aurai donc 24,000 canonniers sur mes côtes.
J’estime qu’il est nécessaire d’avoir quatre ou cinq généraux de brigade d’artillerie chargés de l’inspection des côtes, de donner des ordres aux directeurs ou sous-directeurs d’artillerie des côtes, de demeurer dans un point central, et qui seront responsables du service de la côte. Deux de ces généraux paraissent nécessaires dans la Méditerranée et trois dans l’Océan. Ils doivent avoir sous leurs ordres un colonel, deux colonels en second, ce qui fera dix officiers supérieurs, et chaque officier supérieur aura deux chefs de bataillon, ce qui fera vingt chefs de bataillon. Ainsi mes côtes seront divisées en cinq grands arrondissements, en dix districts et en vingt arrondissements de bataillon.
Un général de brigade aura donc dans sa direction la valeur de quatre bataillons, c’est-à-dire 2,400 hommes avec un colonel, un colonel en second et deux chefs de bataillon. Le colonel et le colonel en second auront toujours un adjudant sous-lieutenant. Le général aura ses deux aides de camp. Le général aura de plus sous ses ordres un directeur et deux sous-directeurs chargés du matériel. Ces directeurs et sous-directeurs devront lui obéir, mais en rendant compte sur-le-champ au ministre de tous les mouvements. Indépendamment de ce, tous les ans, des généraux de division feront l’inspection des côtes. Ainsi, cinq généraux de brigade, 10 aides de camp, 5 colonels, 10 colonels en second, 5 adjudants, 20 chefs de bataillon, 20 adjudants sous-officiers, 120 capitaines, 120 capitaines en second, 240 lieutenants, et le nombre de directeurs et sous-directeurs nécessaire, formant 555 officiers, seront sur mes côtes. Si vous joignez 600 sergents-majors ou sergents, vous voyez que j’aurai l,200 officiers ou sous-officiers; ce qui, en supposant 6,000 pièces de canon sur mes côtes, fera un officier ou sous-officier pour 5 pièce de canon ; et, comme sur ce nombre de pièces il y en a une grande quantité (comme à Flessingue, à Cadzand, à Ostende, etc., où il y a plusieurs batteries) qui ne peuvent être employées qu’en cas d’attaque offensive, il s’ensuivra que je pourrai avoir un officier et un sergent à toutes les batteries de côte, n’ayant d’autre but que de protéger simplement le cabotage.
Le chef de bataillon, le colonel, à plus forte raison le général, pourront faire marcher la compagnie d’un point sur un autre, les mouvements de l’ennemi et le besoin.
Dans chaque bataillon, on destinera plus spécialement une compagnie au service de la bombe, comme dans Flessingue, Brest et Toulon, où l’on aura plusieurs compagnies, et, dans chaque batterie, des officiers et sous-officiers et quelques pointeurs serait plus spécialement chargés du service des mortiers.
Il faut d’abord faire un règlement sur toutes ces bases, et surtout avoir bien soin qu’une compagnie d’artillerie ait ses ouvriers, ses artificiers et tout ce qui est nécessaire pour son service.
Une fois l’organisation arrêtée, on verra s’il convient de ne former d’abord qu’un seul régiment et successivement les autres, mais, pour que déjà soixante-quatre compagnies sont employées sur les côtes, qu’il y en a une cinquantaine aux dépôts dont on peut tirer vingt-quatre compagnies, qui feraient cent quatre compagnies, on serait bien près du but. Aussi ai-je regardé que l’opération préalable était de recruter toute l’artillerie actuelle, ce qui était l’objet de mon dernier décret.
Faites-moi un travail conformément à ces principes. Ne mettez aucune époque. Dans un décret ultérieur, je déterminerai l’époque de la formation de chaque régiment et l’époque successive où les compagnies garde-côtes cesseront d’exister. Quant aux compagnies sédentaires, il n’y a point de difficulté qu’on les oublie et qu’on remette à prendre un parti sur elles.
Le nombre des garde-côtes étant de 12,000, le nombre des auxiliaires étant de 6 à 7,000, ce sera un soulagement important pour les côtes. Grande partie des sergents seront conservés; les officiers seuls ne le seront pas. S’ils sortent de l’artillerie, on les mettra dans les compagnies de vétérans; mais, s’ils sont sortis de l’artillerie, c’est qu’ils étaient vieux et peu capables : on pourra les employer comme garde-batteries ou bien leur donner leur retraite.
Dès l’année prochaine mes escadres commenceront à évoluer. Il est donc nécessaire que mes côtes soient défendues par de bons officiers, animés par des sentiments d’honneur et ayant de l’activité, les talents et les connaissances qu’exige cette arme, si grossière en apparence, mais si délicate et si subtile en réalité.
Quant au moyen de recrutement, il faudra s’en occuper sérieusement. Il importe pour cela que l’école de Saint-Cyr soit complétée et maintenue à 800 élèves; je pourrai donc en tirer alors les sujets nécessaires. Il faut qu’une batterie soit établie à l’école de la Flèche, avec un officier et quelques sergents. Enfin je ne m’oppose pas à ce que l’artillerie prenne de l’école polytechnique ce qui sera inutile au génie de terre et aux ponts et chaussées.
Ma Garde ne pourrait-elle pas fournir un certain nombre de bons officiers ? Il faut 1,410 officiers. J’ai besoin de 500 de plus; c’est donc un tiers en sus, ce qui donnera de l’avancement à ce corps, qui en a besoin. Quant au nombre de 600 officiers à tirer des sous-officiers, c’est trop. Un sous-officier d’artillerie ne devrait devenir officier que par une action d’éclat ou après huit ans de service de sous-officier; ce qui supposerait dix ou douze ans de service. Avoir des sous-officiers qui n’aient que huit ans de service depuis leur entrée comme soldats est une chose très pernicieuse.
Compiègne, 9 septembre 1811
NOTE DICTEE EN CONSEIL DU COMMERCE.
Le droit des neutres est qu’un bâtiment innocent ne peut jamais être pris, dans quelque lieu qu’il aille.
Par exemple, un bâtiment part de New-York; ses papiers sont pour Brest, il n’a que des marchandises dont l’entrée est permise; il ne voulait donc que faire le commerce et non la guerre. La place se trouve assiégée, mais il l’ignorait ; la croisière peut l’empêcher d’entrer, mais non le prendre.
Les Anglais ont suppléé à cela par la notification du blocus; aussi une note du ministère prévient les étrangers et les consuls que telle place est bloquée ; dès lors tout bâtiment qui y va est censé coupable, c’est contre cela que nous nous récrions.
Les droits des neutres sont établis par le traité d’Utrecht ; ils consistent en ce que le pavillon couvre la marchandise. Un pavillon neutre peut naviguer d’un port ennemi à un port ennemi, ou du port ennemi à un port ami ; il peut même faire le cabotage, mais il ne peut porter des marchandises prohibées. Il pourrait porter des draps de Carcassonne, à Alger ou à Anvers sans qu’on eût rien à dire.
Ce n’est pas que, les Anglais méconnaissant les droits des neutres, on ne pût très bien, en bonne justice, prendre un bâtiment qui méchamment va à Cadix assiégé et y porte des vivres ; mais ce serait décider une question qu’il nous convient de laisser en suspens.
Compiègne, 10 septembre 1811
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Monsieur le Comte de Cessac, je reçois votre nouveau rapport sur les dépôts de Strasbourg et de Wesel. En vérité, je ne conçois pas que vous ne répondiez pas plus clairement. Il y avait le 7 septembre 1,200 conscrits à Wesel, et pas une chemise, ni une paire de souliers, ni un habit n’étaient arrivés. Cependant du 3 août, date de mon ordre, au 7 septembre il y a trente-quatre jours. Comment les chemises de Mayence et de Strasbourg, comment les effets de Strasbourg et même ceux de Paris n’étaient-ils pas encore parvenus à leur destination ? Vous m’annoncez divers convois et vous assurez qu’il y aura 800 habits à Wesel au 15 septembre; mais cela sera bien insuffisant pour habiller 15 à 1800 conscrits qui s’y trouveront à cette époque. Vous ne me faites point part d’une manière assez précise des dispositions que vous avez faites, de manière que je ne puis ni les surveiller ni ordonner des mesures en conséquence. Vous annoncez que les chemises et les effets de petit équipement sont expédiés de Strasbourg et de Mayence; mais, s’ils n’étaient pas arrivés le 7 septembre, comment puis-je croire qu’ils arriveront jamais ?
Je me plains moins de ce que mes troupes ne sont point habillées, de ce qu’on suit une fausse direction, que du désordre qui règne dans le bureau de l’habillement, de manière qu’on ne me fait pas connaître l’état des choses. Je désire que tous les renseignements sur cet objet important me soient apportés par le chef de division de l’habillement, qui partira jeudi dans la nuit pour arriver vendredi dans la matinée chez le ministre secrétaire d’État. Il devra se pourvoir de tous ses registres et amener avec lui un ou deux commis, si cela est nécessaire. Il faut que je connaisse la situation de cette partie essentielle du service.
Compiègne, 10 septembre 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, je vous renvoie vos instructions pour les commandants des frégates l’Incorruptible et la Pénélope. Je vous envoie également les deux lettres signées de moi pour ces deux officiers et une pour l’officier commandant les frégates la Pomone, la Pauline et la flûte la Persane.
Vous demanderez au ministre de la guerre un ordre pour que le commandant de l’île d’Elbe fasse embarquer 300 conscrits du 6e ou du 14e léger à bord de l’expédition partie de Gènes, s’il y a suffisamment de conscrits habillés, et, dans le cas contraire, pour qu’il fasse compléter les cadres de deux compagnies du 7e bataillon du 14e léger par 300 conscrits disponibles du bataillon du régiment de la Méditerranée, qui se trouve dans l’île.
L’expédition de Toulon embarquera 300 conscrits du régiment de la Méditerranée qui est à Toulon.
Les deux expéditions de Gènes et de Toulon porteront ainsi 600 hommes; dans leur second voyage, elles porteront chacune 300 hommes du 14e léger et du 6e de ligne. Ce sera donc 1,200 hommes que ces deux expéditions auront portés.
Recommandez aux capitaines d’embarquer d’abord les vivres et de ne prendre les hommes qu’autant que cela ne gênerait point le transport des vivres.
Il est nécessaire que pour leur second voyage vous donniez de nouvelles instructions à Porto-Ferrajo, pour qu’on tienne prêt dans ce port de quoi compléter leurs vivres.
La première expédition de Trieste doit être, comme je l’ai déjà décidé, composée d’une frégate, de la Corcyre et du brick le Simplon; la seconde, d’une frégate, du Diomède et d’un transport; et la troisième, des frégates la Pomone, la Pauline et de la flûte la Persane.
La Thémis et la Corcyre resteront à poste fixe à Corfou.
Réitérez l’ordre aux commandants des frégates la Flore et la Danaé de partir de Raguse.
Compiègne, 10 septembre 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Présentez à ma signature les instructions pour les deux frégates qui de Dunkerque doivent se rendre dans l’Escaut, et pour les frégates qui de Rochefort doivent se rendre dans la Gironde.
Faites-moi connaître la destination que doivent avoir l’Ariane, qui est à Nantes, et l’Andromaque. Si l’on a de bonnes nouvelles de Batavia, on mettrait à bord de ces deux frégates autant d’hommes qu’elles en pourront porter. Si, au contraire, on a des nouvelles douteuses de cette colonie, on les fera partir avec le matériel qui peut être utile à Batavia et avec 30 hommes propres à faire des officiers et des sous-officiers. Après cela on ordonnera aux frégates d’aller en croisière sur les côtes du côté de Montevideo, et, selon les nouvelles qu’elles apprendraient, elles se dirigeront sur Batavia; ou, si Batavia était pris, elles iront croiser à volonté et opérer leur retour comme elles l’entendront. Si Batavia n’est pas pris, outre le secours que donneront par elles-mêmes ces frégates, elles y déchargeront le matériel dont elles auront été chargées et qui leur servira de lest.
Compiègne, 11 septembre 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je vous envoie le plan de Modlin avec les notes qui font connaître où en sont les travaux de cette place au 28 août. Je désirerais que le comité me traçât les redoutes A, B et C, de manière qu’elles flanquassent les branches des couronnes. Ces ouvrages, se trouvant ainsi à 100 et 150 toises des plates-formes, pourraient être entoures d’un chemin couvert; et même l’assiégé pourrait faire des ouvrages autour, pour opposer des obstacles au moment où la couronne serait prise. Faites-moi connaître quelles sont les objections qu’on a contre ce projet et ce qui a empêché les officiers du génie de le concevoir.
Je désire que les plans de Modlin et les plans sur Thorn, Zamosc et Danzig me soient apportés par l’officier que le prince d’Eckmühl a envoyé parcourir ces places en dernier lieu, afin que j’en puisse causer avec lui.
Compiègne, 11 septembre 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, faites-moi connaître la quantité de poudre et le nombre de pièces, de boulets et de munitions de toute espèce que le grand-duché de Varsovie a envoyés à Danzig, avec le lieu où tout cela a été mis en dépôt. Demandez qu’on vous envoie des officiers d’artillerie et du génie avec les plans de Modlin, Zamosc et Thorn , et qu’on vous fasse connaître quand ces places pourront recevoir l’artillerie. Faites-moi connaître quelle est la quantité d’artillerie hors de service qui se trouve à Danzig.
Compiègne, 12 septembre 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, j’ai lu avec attention votre rapport sur l’ordre que j’avais donné de s’assurer de la presqu’île Cépet, de Toulon ; elle a 2,000 toises de long. Le comité propose de placer sur un point culminant une redoute modèle n° 2, qui coûterait 300,000 francs, pour caserner 2 ou 300 hommes, qui se porteraient sur les batteries de la Caraque, de Saint-Mandrier, du Puits, de Mord’huy et du cap Cépet. Faites faire le tracé de cette redoute sur un grand plant avec des cotes de nivellement et avec la distance de chaque batterie et leur élévation. La mitraille de cette redoute pourra-t-elle donner dans ces batteries ?
Quant aux Sablettes, il est nécessaire de m’en bien faire connaître la position par un pareil dessin. Cela sera discuté dans les conseils de novembre. Tout ce qui regarde Toulon est d’une si haute importance qu’il faut s’en occuper avec soin. La batterie du cap Brun n’est pas fermée à la gorge. Une petite tour sur cette hauteur serait nécessaire. Faites-en faire le projet.
Compiègne, 12 septembre 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, avant peu nous aurons de grands événements sur l’Escaut. Les travaux de la guerre vont avec la grande activité. J’ai fait placer plus de soixante mortiers et cent quarante pièces de 36 sur tous les fronts de mer; il y en a autant sur le côté de Cadzand; la marine seule ne fait rien, ne prépare rien, ne prévoit rien pour la défense de l’Escaut et de Flessingue ; cependant, elle peut beaucoup.
Je vous engage à étudier sérieusement la note que j’ai dictée et prendre avec vos officiers les mesures convenables. Boulogne n’a pas été brûlé, grâce à la ligne d’embossage; sans elle tout aurait été incendié. Il faut préparer des bombardes, des brûlots, des chaloupes, pour former la flottille destinée à défendre Flessingue; il faut construire des prames; enfin il faut que des officiers de marine, des capitaines de port et autres reçoivent leurs instructions, et sachent les positions que doit occuper la ligne d’embossage, dans différents cas, et les manœuvres qu’ils doivent exécuter. Il n’y a aucune espèce de doute que, l’écluse de Flessingue étant terminée, je diviserai mon escadre en deux portions : l’une sera maîtresse de remonter sur Bath et Anvers, en cas d’évènements extraordinaires; j’imposerai à l’autre de s’enfermer dans Flessingue et de suivre son sort. Ces vaisseaux, en bonne saison, se tiendront en avant de Flessingue, se tiendront appuyés à la flottille. Je sens aussi le besoin d’augmenter cet appui par des prames, portant une forte artillerie. Je désire que vous étudiiez toutes ces idées et que vous me fassiez un rapport sur le parti à prendre. Mon escadre, forte de plus de trente vaisseaux n’a rien à craindre sur ses derrières, il lui reste à n’avoir plus à redouter, mouillée en avant de Flessingue, une escadre supérieure. Dans ce cas, elle peut souhaiter de voir ses ailes appuyées par des prames, comme sa tête de pont éclairée par une flottille.
Conpiègne, 12 septembre 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, on m’annonce que la frégate américaine la Constitution, est armée de 54 canons et a 420 hommes d’équipage. Chargez les officiers que j’ai à Cherbourg de voir cette frégate et de vous rendre compte de la disposition de ces 54 canons, pourquoi il y a 420 hommes d’équipage, et si cette frégate est plus forte que l’Iphigénie.
Compiègne, 12 septembre 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, vous me devez beaucoup de réponses; je vous prie de me les apporter au travail de dimanche. Vous devez me faire des rapports sur ce qui est relatif aux différentes corvettes à faire monter en Corse par des gens du pays et sur beaucoup d’autres dispositions.
Compiègne, 12 septembre 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, il y a à Cuxhaven quatre ou cinq batteries; elles ne pourraient point être défendues contre un débarquement. Il faudrait choisir le point le plus favorable pour défendre le mouillage de l’Elbe et y projeter un pentagone; de sorte que 4 ou 500 hommes pussent y soutenir un siège de douze ou quinze jours de tranchée ouverte; ce qui mettrait à l’abri de toute insulte la flottille et l’embouchure de l’Elbe. Si l’on pouvait protéger ce fort par des inondations, il deviendrait plus fort; on l’augmenterait successivement, de manière à avoir là par la suite une place très forte. L’ennemi ne pourra s’emparer de ce point qu’en y faisant un débarquement de 2,000 hommes; mais ces 2,000 hommes ne pourront pas espérer de s’y maintenir longtemps, parce qu’il y aura toujours dans les environs des forces supérieures prêtes à se rassembler. L’ennemi ne peut donc tenter cette opération qu’avec un corps de 7 à 8,000 hommes; alors elle devient trop importante. Si le terrain est bien choisi et l’inondation bien tendue, cette expédition, même avec 15 ou 20,000 hommes, mettra vingt ou trente jours à prendre cette place. II faut donc avoir un plan de l’Elbe et de ses sondes, en bien connaître les passes et les détails, pour pouvoir bien choisir le point le plus favorable pour l’établissement d’une place de cette nature. On ne conservera alors dans les batteries actuelles que des obusiers et des pièces de 12 de campagne, pour pouvoir les faire rentrer facilement dans la place; alors rien ne tenterait l’ennemi. Il faut choisir un pareil emplacement pour défendre le Weser et un autre pour la Jahde. Le Weser est plus important que la Jahde, mais il l’est moins que l’Elbe. Ces trois places, ainsi situées à l’embouchure des rivières, forment le véritable système à établir sur ces côtes; de sorte que la division qui les défendra, aura une brigade sur l’Elbe, une brigade sur le Weser et une autre sur la Jahde, et occupant par ses avant-gardes ces trois forts, serait très bien disposée pour la protection de ces côtes. Ainsi je demande trois projets pour trois forts placés comme je viens de l’expliquer. Les mémoires, les projets, les devis seront appuyés sur des plans, des cartes, des sondes et des nivellements. Une grande place de dépôt sur l’Elbe n’en est pas moins nécessaire; mais c’est une question d’une tout autre importance et qui ne peut empêcher d’avoir, au lieu de batteries, trois forts qui mettront 1,000 hommes et trois batteries à l’abri de toute insulte, qui protégeront la navigation et les débouchés. Il faut que vous chargiez de ce travail le général du génie.
Compiègne, 12 septembre 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, je reçois votre lettre. Le ministre de la guerre a l’ordre d’envoyer aucun ordre de mouvement à vos officiers. Tout doit vous être d’abord adressé ; vous seul devez savoir ce qu’il y a à faire, puisque vous commandez une armée et non pas une division. J’approuve donc la mesure que vous avez prise de retenir les officiers désignés pour des grades supérieurs jusqu’à ce qu’ils soient remplacés.
Compiègne, 13 septembre 1811
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, communiquez à M. d’Angelo cette copie de la lettre du ministre de Russie à Naples, pour lui faire voir où en sont les choses, et qu’il est temps que le roi finisse ce scandale (par décret du 14 juin 1811, le roi de Naples imposait aux Français employés dans les services civils de son royaume l’obligation de se faire naturaliser Napolitains, sous peine d’être considérés comme démissionnaires. Le motif et les conséquences de cette mesure excitaient une vive émotion, et les ministres étrangers accrédités à Naples s’étaient empressés d’en informer leurs cours.) Envoyez-en aussi quelque extrait à M. Durand, qui ne met pas dans tout cela l’activité et le zèle que j’aurais droit d’attendre.
Compiègne, 14 septembre 1811
Au capitaine Christin, officier d’ordonnance de l’Empereur, en mission
Vous trouverez ci-joint un plan de la Gironde et un rapport du bureau du dépôt de la marine sur cette rivière. Vous irez reconnaître cette rivière depuis l’embouchure jusqu’à Bordeaux. Vous visiterez la jetée et le port de Royan, les travaux faits et ceux à faire, ainsi que l’autre port dont il est question dans le mémoire (le port de Saint-Palais). Vous reconnaîtrez avec soin les deux rades de Jau et de Talmont et la possibilité qu’il y aurait à y mettre des vaisseaux à l’abri.
Vous verrez les batteries qui sont à la Pointe-de-Grave et au fort de Royan. Le maître des requêtes Fain vous remettra un relevé des ordres donnés pour la défense de ces côtes et l’armement de ces batteries.
Vous vous rendrez en droite ligne à Rochefort; vous m’enverrez de là un mémoire. De là vous irez à Oléron voir la batterie des Saumonards et prendrez connaissance de ce qui est relatif à la défense de cette rade. Vous visiterez Maumusson, Arvert et ce qui est relatif à la défense de ce point important.
Votre mission terminée, vous irez visiter les travaux des îles d’Oléron et d’Aix. Vous verrez les troupes qui sont dans ces îles, et vous m’enverrez un rapport sur leur habillement, instruction, santé, et sur les dispositions qu’elles montrent, enfin sur tout ce qui peut intéresser dans ces corps.
Compiègne, 14 septembre 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, j’ai expédié aujourd’hui un courrier pour Berlin. J’ai donné ordre au comte Saint-Marsan que, si la Prusse ne cesse point les travaux de fortification et d’approvisionnement des places de Spandau, de Kolberg et tous ses mouvements d’armement, il ait à quitter Berlin.
Mon intention est qu’aussitôt que le comte Saint-Marsan aurait quitté Berlin, ce dont il ne manquera pas de vous instruire, vous vous portiez de votre personne sur cette capitale avec votre armée. Vous auriez soin de renforcer la division du général Dessaix à Stettin de plusieurs brigades de cavalerie et d’une division d’infanterie. Afin qu’elle soit assez forte pour détruire le pont que les Prussiens ont sur l’Oder et intercepter le passage de ce fleuve.
Vous préviendriez dans ce cas le roi de Westphalie, qui réunirait ses troupes à Magdebourg. Vous écririez en Saxe pour que les troupes saxonnes soient réunies à Glogau. Vous écririez à Dresde et à Varsovie (pour ce qui regarde l’armée du Grand-Duché) pour qu’on interdit le passage de la Vistule à toutes troupes, charrois, munitions, etc., pour qu’on désarmât et fit prisonnières toutes les troupes qu’on trouverait, et qu’on prit tous les canons et tous les trains. Je n’ai pas besoin de vous dire que vous devez prévenir à Stettin, à Glogau, à Küstrin, à Danzig, de se tenir sur ses gardes. Prenez vos mesures d’avance pour que je n’aie pas sur ma ligne d’étapes des hommes isolés, des convois ou autre chose qui seraient sacrifiés. Si je perd un homme ou un caisson, j’aurai lieu de vous en témoigner mon mécontentement. Tout doit être groupé dans les places fortes et massé.
Ma résolution est si fortement exprimée, que j’espère que la Prusse sentira son impuissance et la folie de ses prétentions, et que le comte Saint-Marsan ne partira pas. Mon intention est d’ailleurs que vous ne fassiez aucun préparatif qui puisse menacer. Vos troupes doivent être sur l’alerte et avoir leurs quatre jours de vivres sous prétexte d’une revue. Si vous entrez en Prusse, il ne faut faire aucune proclamation, ne rien dire, mais tout prendre et désarmer, et surtout faire observer une bonne discipline. Il faudrait, dans ce cas, tâcher de surprendre Spandau.
Compiègne, 16 septembre 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Vous verrez par le décret de ce jour, qui règle un fonds spécial pour Danzig, et les places de l’Oder que j’ai accordé un fonds de 800,000 francs pour l’artillerie à Danzig. Il est convenable que vous me présentiez un décret pour la distribution de ces 800,000 francs. Danzig étant notre grand dépôt pour toute la guerre du Nord, il est convenable d’y avoir une grande quantité d’outils, de sacs à terre, et d’affûts. Il faut des affûts de place en grand nombre pour la place: mais il en faut aussi pour les équipages de siège. Un petit arsenal de construction avec une bonne compagnie d’ouvriers d’artillerie français, que l’on pourrait même augmenter d’ouvriers de la marine, me parait très nécessaire à Danzig, afin que tout le matériel puisse y être réparé. Il conviendrait même peut-être d’établir à Danzig une petite fonderie où l’on put couler des canons de bronze et des mortiers. Cette fonderie et ces établissements nous seraient d’une grande utilité dans cette position. Il faudrait également y établir une poudrière.
Compiègne, 16 septembre 1811
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Monsieur le Comte de Cessac, vous verrez par le décret de ce jour, qui règle un fonds spécial pour Danzig et les places de l’Oder, que j’ai laissé un fonds de 200,000 francs pour construction de chariots à Danzig. Je désire que vous ordonniez sur-le-champ qu’on établisse un atelier de construction à Danzig, où le bois est abondant, et que vous fassiez construire 100 chariots, soit sur le modèle de ceux que j’ai adoptés, qui portent 4 à 5 milliers, soit sur tout autre modèle qui serait plus propre à la guerre de Pologne. Il serait convenable d’avoir à cet effet un atelier et des ouvriers à Danzig, et que, tout en construisant ces charrettes, on puisse aussi y réparer les fourgons; qu’enfin on put avoir là un centre de réparation et de construction qui eût les moyens de pourvoir à tous les besoins de l’armée. Présentez-moi un projet d’organisation de cet établissement.
Compiègne, 18 septembre 1811
Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris
Monsieur le Comte Montalivet, je vous renvoie votre rapport et les différentes pièces qui y sont jointes sur les centimes affectés aux dépenses variables et fixes des départements. Je n’approuve aucun des projets que vous me présentez. Quand le cadastre sera terminé, je m’occuperai de la contribution foncière, je changerai les centimes fixes, variables, etc. D’ici à ce temps il n’y a rien à faire. Je n’approuve pas que les frais d’abonnement des préfets et sous-préfets qui se montent à 7 millions, les dépenses des enfants trouvés, qui se montent à 4 millions, celles des prisons, qui se montent à 8 millions, soient ôtés des dépenses variables. Je n’approuve pas non plus votre dernier système, qui est de prendre sur les villes 1,700.000 francs et un demi-centime sur les 4 centimes réservés pour les 1,200,000 francs de déficit qui restent à couvrir. Je désire que vous me présentiez un projet de décret pour régler les centimes des dépenses fixes et variables pour 1811, comme ils l’ont été pour 1810. Il y aura un déficit; ce déficit sera ajouté à celui de 1810 et l’on prendra une mesure commune pour suppléer au déficit de 5 à 6 raillions qui existera. Je désire que vous me présentiez ce décret dans la semaine. Ayant réglé le système de l’année 1811, je désire que vous me remettiez un travail ayant pour objet de régler d’une manière plus solennelle l’année 1812.
Voici les bases du travail pour l’année 1812 (je désire que ce travail me soit présenté en septembre, afin qu’il puisse être envoyé avant la première quinzaine d’octobre) : les dépenses fixes et variables se montent à 48 ou 49 millions; je pense que cette évaluation n’est pas portée assez haut. Les tribunaux sont mal partout ; les prisons sont insuffisantes; les enfants trouvés manquent même d’établissements dans plusieurs endroits. Porter à 51 millions les dépenses fixes et variables ne serait pas trop. Une diminution peut être faite sur les dépenses de préfectures : quelques petites préfectures ont un abonnement trop fort pour leurs frais de loyer, d’entretien et autres menues dépenses. Il faudrait faire revoir cela avec soin, pour comparer ces préfectures aux autres et mettre de l’uniformité où il n’y en a point. Faites quatre ou cinq rangs de préfectures, si vous le jugez à propos; je ne m’y oppose point. La quotité des dépenses de loyer, d’entretien, etc., classera les préfectures dans ces cinq ordres; même chose pour les sous-préfectures. On trouvera ainsi moyen d’économiser au moins 1 million.
Il y aura toujours un déficit de 3, 4 ou 5 millions. Il faut y pourvoir en formant dans chaque département un fonds commun départemental, qui se composera du produit de la retenue pour la garde départementale et de 6 ou 8 centimes sur les octrois et revenus des villes; cela formera un fonds de 4 à 6 millions. Vous verrez à combien se montera le produit par département, et il y aura alors moyen de renforcer la caisse des dépenses départementales. En me faisant connaître ce que les 17 centimes rendent dans chaque département, vous y ajouterez ce que produit la retenue pour les compagnies de réserve et ce que produiraient les 6 ou 8 centimes de retenue sur tous les revenus des communes. Il sera encore facile de se procurer 1 ou 2 millions, en mettant à la charge des grandes villes les dépenses des cours impériales, tant pour le logement que pour les menus frais et dépenses de toute nature. Les cours impériales sont toutes dans de grandes villes qui ont de gros revenus et qui tirent avantage du séjour de ces cours souveraines. Vous pouvez, dans plusieurs grandes communes, mettre les enfants trouvés des villes à la charge de ces villes ; ce sera un moyen de se procurer des ressources.
S’il était des départements qui, malgré la retenue de 6 ou 8 centimes sur les revenus des communes, malgré la mise aux frais des communes de la cour impériale, malgré l’abandon des 17 centimes, sans qu’on leur en attribuât de fixes, ne pussent cependant pourvoir à leurs dépenses variables, cela serait évidemment une exception et ne tomberait pas sur plus de quatre ou cinq départements. Il y serait pourvu en augmentant les centimes fixes des départements qui seraient les plus riches, de sorte que le trésor serait couvert de ses dépenses. Ce serait un fonds dont la perception serait inaperçue. Refaites votre travail sur ces bases et remettez-le-moi au plus tôt, avec un projet de décret.
Compiègne, 18 septembre 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je vous renvoie votre correspondance de Catalogne. J’avais retardé de signer le décret de réunion pour avoir l’opinion du général qui commande dans cette province. Il parait qu’il y voit plus d’inconvénients que d’avantages. Cela étant, le décret n’étant pas encore pris, je retarderai encore, car ces sortes de mesures ne doivent être prises que lorsqu’elles ont un but d’utilité.
Il n’est pas possible, dans le décret de réunion de la Catalogne, de faire une exception pour la conscription. Des prétextes ne manqueront pas pour tenir le peuple en insurrection, tant qu’on ne sera pas les plus forts. Écrivez au duc de Tarente que je désire qu’il fasse connaître quand il jugera que le temps est arrivé.
Compiègne, 20 septembre 1811
INSTRUCTION POUR LE CAPITAINE GOURGAUD, OFFICIER D’ORDONNANCE DE L’EMPEREUR, A BOULOGNE
L’officier d’ordonnance Gourgaud se rendra à Ambleteuse avec 10 chevau-légers et 10 chasseurs de la Garde. Un officier commandera ce détachement.
Il passera la nuit à la Tour d’Ambleteuse. J’ai donné ordre que trois pièces de 12, trois obusiers, une compagnie de voltigeurs, et une d’artillerie de renfort se rendissent sur ce point.
Du moment qu’il y aura quelque chose de nouveau, il enverra un chasseur pour m’en prévenir. Il me rendra compte toutes les heures de la situation de la croisière et de la ligne d’embossage. Il se rendra à bord de l’amiral et de la bombarde, ainsi que de la canonnière, pour savoir celles qui ont lancé des obus avec des obusiers de 8 pouces, et combien de coups a tirés la bombarde. Il aura soin de se porter avec la batterie mobile à l’endroit où se tirerait un coup de canon.
Boulogne, 20 septembre 1811
Au maréchal Bessières, duc d’Istrie, commandant la garde impériale, à Paris
Mon Cousin, allez souvent voir le roi de Rome; voyez Mme de Montesquiou, et prenez toutes les mesures pour veiller à sa sûreté. Informez Mme de Montesquiou qu’en cas d’événement c’est à vous qu’elle doit s’adresser et vous qu’elle doit prévenir.
Boulogne, 22 septembre 1811
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
J’ai trouvé les 4e, 19e et 46e régiments, qui sont au camp de Boulogne, assez bien habillés. Les draps qui leur ont été fournis cette année sont supérieurs à ceux des autres années. Les corps se plaignent, en général, que l’administration de la guerre leur fournit tout, tels que shakos, gibernes, etc., ce qui a l’inconvénient qu’ils payent ces objets cher et qu’ils sont moins bons. J’ai vu des shakos qui sont trop étroits. Tous préfèrent que l’administration de la guerre ne leur fournisse que les draps, comme cela se faisait il y a deux ans, et leur passe le reste sur la masse d’habillement. Ils trouvent trop forte la réduction faite pour l’évaluation des habits. J’ai vu que des régiments avaient eu pour les anciens soldats plus d’habits qu’il ne leur en revenait.
Tous les militaires croient que l’administration de la guerre se charge de beaucoup trop de détails, et que cela est plus nuisible que utile; que tout devrait se réduire à leur fournir le drap : cela paraît sage.
Le 5e régiment de chevau-légers a 500 hommes, des lances et point de chevaux. Il a 150 conscrits qui ne sont pas habillés; il n’a pas encore commencé son nouvel uniforme. Vous l’avez autorisé à acheter 400 chevaux; mais il n’a pas pu trouver de fournisseurs. Le fournisseur qu’il avait précédemment est ruiné. Ce régiment se plaint de ce qu’il y a deux réceptions, l’une provisoire et l’autre définitive ; que la réception définitive vient un mois ou six semaines après la réception provisoire, et que, par une des clauses du marché, tout fournisseur est obligé de reprendre son cheval si, lors de la revue définitive, il n’est pas accepté, et même le fourrage que le cheval a consommé. Il n’y a point d’avantage à imposer des conditions onéreuses aux fournisseurs. Il parait juste, lorsqu’un cheval a été gardé dans les cinq jours de son arrivée au corps, de le recevoir définitivement.
La cause de l’impossibilité qu’il y a à trouver des chevaux est donc bien connue : c’est que les conditions auxquelles on soumet les fournisseurs ne sont pas admissibles. Les fournisseurs eux-mêmes sont obligés de traiter avec des cultivateurs qu’ils ne peuvent pas soumettre à une double réception. Ce qui me parait le plus naturel serait d’avoir un point central en Normandie, dans les Ardennes, selon le point où se feraient les marchés. Là, un comité, composé de deux majors et des officiers de cavalerie ayant votre confiance, présiderait aux réceptions. Le mode actuel ne satisfait pas à mes besoins et n’est pas juste.
Breskens, 24 septembre 1811
ORDRE.
Pendant notre absence, les ministres qui auront des dépêches à faire parvenir par la voie du télégraphe les adresseront à notre cousin le prince archichancelier, qui, après en avoir pris connaissance, est autorisé à en ordonner la transmission.
Breskens, 24 septembre l811
Au général Savary, duc de Rovigo, ministre de la police générale, à Paris
Je ne vois que des abus dans les licences de la police:
2,800,000 francs sont entrés avec ces licences à Dunkerque;
500,000 francs sont entrés à Ostende; il est entré pour des sommes
plus considérables à Boulogne. Cependant vous n’avez pas fait exporter une égale quantité de marchandises. B… , banqueroutier, homme déshonoré dans toute la Belgique, a une de ces licences. Il doit revenir avec une cargaison de deux ou trois millions. La réputation de l’administration et la vôtre sont compromises, lorsqu’on voit des hommes aussi méprisés environnés de votre confiance. Mon intention est qu’il soit mis promptement un terme à ce brigandage. Présentez-moi un projet de décret pour rapporter les licences de la police et y mettre un terme. Voir dans ce crédit de l’administration la partie la plus méprisée et la plus honteuse de la société, ou donner lieu de croire que l’Empereur est dupé par ses ministres et que ses ministres sont sans moralité, est un mal si grand, que rien ne peut le compenser.
A bord du Charlemagne, en rade de Flessingue, 25 septembre 1811.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Hambourg
Mon Cousin, l’organisation de votre division polonaise n’avance guère ; je ne vois pas que les régiments polonais aient leurs 4e bataillons. Quand est-ce qu’il vous sera possible d’avoir au complet ces douze bataillons ? Ont-ils leur artillerie ? Vous devez avoir reçu des ordres pour la formation de la 6e division.
Je réunis au camp d’Utrecht une division de cuirassiers de quatre régiments et deux régiments de cavalerie légère. Je compte, après la revue, envoyer hiverner cette brigade de cavalerie légère et cette division de grosse cavalerie à Munster et dans le département de la Lippe. Par ce moyen, cela sera en ligne avec votre corps ; ce3 qui fera avec vos régiments de cavalerie huit régiments de cavalerie légère et dix de grosse cavalerie; total, dix-huit régiments, qui devraient vous former cet hiver 14 ou 15,000 hommes de cavalerie. La division de cuirassiers aura à Munster ses douze pièces d’artillerie.
A bord du Charlemagne, en rade de Flessingue, 25 septembre 1811
Au prince Cambacérès, archichancelier de l’empire, à Paris
Mon Cousin, je suis depuis deux jours à bord du Charlemagne. Nous avons été trente-six heures sans communiquer avec la terre, parce qu’un coup de vent de l’équinoxe s’est fait sentir. Cela ne m’a pas empêché de bien manger et de bien dormir. La mer était forte et houleuse; cependant la rade est fort bonne. Le temps devenant meilleur, je compte demain faire manœuvrer l’escadre.
Faites mettre la note ci-jointe dans le Moniteur (Voir le Moniteur du 29 septembre 1811).
Flessingue, 26 septembre 1811
Au général Savary, duc de Rovigo, ministre de la police générale, à Paris
Vous avez eu tort d’écrire à mon ministre en Suisse pour surveiller le comte de Gottorp (Gustave IV, ex-roi de Suède v détrôné le 13 mars 1809); vous deviez vous adresser au ministre des relations extérieures. Mes ministres à l’étranger reçoivent des instructions par le ministre des relations extérieures; les vôtres sont contraires. Cette marche n’est pas régulière. Mes agents ne doivent s’occuper en rien du comte de Gottorp ni s’en mêler; voilà mon ordre. Ce fou ne peut être l’objet d’aucune surveillance.
Flessingue, 28 septembre 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je vois dans une lettre du général Dejean qu’il est surpris de ce que les vaisseaux tirent plus loin que nos batteries de côte. C’est pourtant une raison bien simple : l’affût marin tire sa pièce à 17 degrés ; il y en a qui vont jusqu’à 25 degrés, l’affût de côte de M. de Gribeauval ne tire qu’à 5 degrés et demi; de là une différence immense. Les arrangements que l’on a faits aux affûts de côte ne tirent jusqu’à présent que sur 12 degrés et demi; c’est encore une grande différence. Tant que l’artillerie ne voudra pas donner des ordres précis pour tirer dans les grandes batteries sous l’angle de 30 à 40 degrés, on aura beaucoup de craintes, et l’ennemi mouillera dans des lieux où il ne mouillerait pas sans cela.
Anvers, 30 septembre 1811
Au prince Cambacérès, à Paris
Mon Cousin, je suis arrivé à Anvers aujourd’hui à une heure du matin, fort content de mon escadre, de sa tenue, de son esprit et de ses manœuvres. Je compte rester ici aujourd’hui et demain. Ainsi, voilà la première partie de mon voyage terminée.
Anvers, 30 septembre 1811
A Madame la comtesse de Montesquiou, gouvernante de la Maison des Enfants de France, à Paris
Madame la Comtesse de Montesquiou, j’ai vu avec plaisir, par vos différentes lettres la bonne santé du Roi. Puisque vous n’avez pas été à Meudon, je suppose que c’est que le rapport de la Faculté y aura été contraire. Il me parait cependant bien extraordinaire que cette maison si bien située ne soit pas saine. Je désire que la Faculté, peut-être trop soigneuse, n’aille pas contre son but, et que l’on forme de bonne heure la constitution du Roi par un régime solide. Au reste, je m’en rapporte avec confiance sur cela à vous, Madame.
Anvers, 30 septembre 1811
Au comte Bigot de Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Monsieur le comte Bigot de Préameneu, je vous envoie l’original du bref du Pape. Gardez-le, sans le communiquer à qui que ce soit jusqu’à mon retour. Mon ministre secrétaire d’Etat vous a fait connaître mes intentions pour le renvoi des évêques dans leurs diocèses, afin de ne pas attendre la saison où des vieillards ne sauraient passer les Alpes sans de graves inconvénients.
Je vous ai également fait mander d’écrire aux évêques députés à Savone de revenir, en apportant avec eux l’institution de tous les évêques nommés aux sièges vacants. Je désire qu’ils se trouvent à Paris à mon arrivée, afin de voir le parti qu’il y aura à prendre.
Il me semble que le meilleur serait celui-ci : regarder le bref comme non avenu (puisqu’il est adressé aux évêques, cela ne me concerne pas), et publier comme loi de l’État le premier décret du concile national, par lequel il se déclare compétent, et le second, en ordonnant leur insertion au Bulletin des lois pour les rendre obligatoires. Quant au bref, il serait envoyé aux évêques pour leur gouverne, sans lui donner aucune publicité.
Cependant un bref ne peut pas être envoyé sans avoir été enregistré au Conseil d’Etat. Il faut donc que le Conseil enregistre celui-ci. Il fera, s’il y a lieu, les réserves nécessaires pour conserver les privilèges de l’Église gallicane. Mais puisque le Pape, au lieu de ratifier purement et simplement le décret du concile, a fait un bref comme il l’a voulu, il me semble que je dois y ajouter ce qui me convient. Ainsi je publie un décret, rendu en Conseil d’État, où sera rapporté, mot pour mot, le décret du concile, dans lequel on ne fera point mention qu’il doit être soumis au Pape. Quant à l’enquête à faire par le métropolitain pour s’assurer des bonnes mœurs et de la foi de l’évêque à instituer, on dira que cette enquête sera faite par le métropolitain, mais qu’il ne pourra point l’envoyer à la cour pontificale, et que, s’il en résultait que l’individu n’eût point la foi ou les caractères nécessaires, le métropolitain en ferait son rapport au ministre des cultes; qu’enfin, si le métropolitain, sans avoir rien à objecter contre l’individu, se refusait au bout de six mois à donner l’institution, sous prétexte de défenses secrètes ou par tout autre motif, il serait traduit devant les tribunaux comme rebelle aux lois de l’État et de l’Église , comme voulant mettre le désordre dans la société, en inquiétant les consciences des citoyens, et condamné à la perte de ses fonctions épiscopales, à la privation des droits de citoyen et à la réclusion pour sa vie. Sans ce moyen on ne sera sur de rien; car les papes, par des lettres secrètes, défendront de donner l’institution aux évêques nommés.
Il est aussi convenable que ces maximes s’étendent à tous les pays réunis à l’Empire, et que le Pape, par aucun acte patent ou secret, ne puisse ni priver le métropolitain de son droit, ni le dispenser de l’obligation de conférer l’institution.
Il est convenable que vous m’écriviez sur ce projet ; surtout il faut le tenir secret et gagner du temps jusqu’à mon arrivée. J’attends que le Pape fasse des démarches ultérieures. Vous pourrez cependant montrer le bref à la commission, après lui avoir fait jurer le secret, afin qu’elle puisse faire des recherches et préparer le travail.
Je pense qu’il est convenable de dire dans le considérant que le Pape a refusé deux fois de donner l’institution canonique aux évêques, ainsi qu’il l’avait fait en Allemagne, ce qui y a fait périr l’épiscopat, que nous étions résolu de revenir au droit commun de l’Église, qui accorde ce droit aux métropolitains et aux synodes provinciaux; mais que les prélats de notre Empire, réunis en concile national, avaient pris le décret suivant, nous avons voulu, par amour pour la paix et dans l’espérance que ce décret mettrait un terme aux prétentions de la cour pontificale de détruire l’épiscopat pour gouverner les diocèses par des vicaires apostoliques, ordonner la publication de ce décret du concile et son exécution comme loi de l’État ; de là toutes les modifications et précautions prises pour maintenir les dispositions de ce décret.
Il faudrait aussi finir par déclarer que, si jamais, pour quelque cause que ce puisse être, le décret ne produisait pas ce résultat efficace d’assurer le remplacement des évêques dans l’espace d’un an, nous entendons rentrer dans le droit commun de l’Église, tel qu’il était avant l’existence du Concordat.
Voilà les idées principales sur lesquelles vous aurez à faire rédiger le projet.
Anvers, 30 septembre 1811
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils, il y a beaucoup de voleurs et de brigands qui assassinent sur la route de Bologne à Florence et sur celle de Rome. Je vous charge spécialement d’écrire au général Miollis et à la grande-duchesse, et de réunir deux colonnes mobiles, l’une du côté d’Ancône et l’autre dans les Apennins, du côté de Bologne. Ces colonnes mobiles seront composées de trois compagnies de voltigeurs et de quelques piquets de cavalerie légère; elles seront commandées par un officier supérieur, et il y aura avec elles deux commissions militaires pour juger et faire fusiller sur-le-champ les bandits qu’on prendra. Le général Miollis enverra également deux colonnes mobiles, composées de trois compagnies de voltigeurs, l’une du côté de Macérata et l’autre du côté de la Toscane. La grande-duchesse en fera autant de son côté, et leurs opérations se combineront de manière à détruire tous les brigands.
References [ + ]
1. | ↑ | C’est aujourd’hui le 42e anniversaire de Napoléon |