Paris, 1er janvier 1811

Au maréchal Davout, duc d’Auerstaedt, prince d’Eckmühl, commandant l’armée d’Allemagne, à Paris
Mon Cousin, il me revient que le sieur Bourrienne a gagné 7 à 8 millions à Hambourg en délivrant des permis et faisant des retenues arbitraires. Je suis également instruit que le sénat de Hambourg a fait pour plusieurs millions de dépenses secrètes pour des sommes remises à des Français. Je veux avoir des idées claires sur ces affaires. Comme gouverneur du pays, et devant liquider le sénat, il faut que vous sachiez tout. Mon intention est d’obliger tous les individus qui auraient reçu des sommes sans mon consentement à les restituer, et d’employer cet argent à des travaux publics.
Je vous envoie un rapport que me remet le général Rapp. Faites-lui connaître que je verrai avec plaisir que les matelots des villes hanséatiques, de Papenburg, de Hollande, même les Américains qui se trouvent à Kœnigsberg et Memel sur les bâtiments confisqués, soient envoyés à Danzig, d’où on les fera venir en France pour armer nos bâtiments. Demandez-lui des éclaircissements sur l’affaire de 800,000 francs du consul Clérembault, car ce n’est pas de cette manière qu’elle m’est présentée. Envoyez-moi les noms des maisons françaises qui sont intéressées dans ce convoi de Carlshamm.
Paris, 1er janvier 1811
A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel
Mon Frère, je vous remercie de ce que vous me dites pour la nouvelle année. Je souhaite que vous ayez l’espérance, cette année, d’avoir un garçon. C’est le meilleur souhait que je puisse vous faire.
Paris, 2 janvier 1811
A M. de Champagny, duc de Cadore, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Cadore, j’attends d’ici à quinze jours les états des armées étrangères au 1er janvier, comprenant tous les renseignements que vous devez avoir reçus depuis la remise des premiers livrets.
Paris, 2 janvier 1811

Au comte Bigot de Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Monsieur le Comte Bigot Préameneu, vous devez répondre au chapitre de Florence que je n’ai appris qu’avec indignation qu’il s’était mis en révolte contre mon autorité et avait reçu communication d’un prétendu bref du Pape, sans qu’il eût été enregistré au Conseil d’État ; que ses membres ne pouvaient pas méconnaître à ce point leur devoir et les lois de l’Empire, qui sont aussi celles de l’ancien grand-duché de Toscane ; que Sa Majesté a ordonné qu’on arrêtât et qu’on traduisit devant les tribunaux criminels ceux qui avaient ainsi violé les principes fondamentaux de l’État ; qu’elle a ordonné que les vicaires généraux eussent à se rendre à Paris ; que sa volonté souveraine est qu’ils reconnaissent l’archevêque Osmond, comme ayant les pouvoirs de vicaire capitulaire ; qu’ils réfléchissent au tort qu’ils se feraient à eux et à la religion, en se mettant en désobéissance ouverte avec le souverain.
Vous écrirez à la grande-duchesse de bien faire comprendre au chapitre que, si l’archevêque Osmond n’est pas sur-le-champ installé, je dissoudrai le chapitre de Florence ; enfin que je lui recommande de prendre les mesures de vigueur convenables pour arriver au but et faire reconnaître l’archevêque.
Paris, 2 janvier 1811
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils, je reçois votre lettre du 26 décembre, avec un projet de décret relatif aux vélites et aux gardes d’honneur. Ce que vous proposez serait impossible pour les gardes d’honneur. Mon but serait manqué si l’on prenait des gens qui ne payassent rien. Ce sont des gens riches qu’il faut prendre, afin d’aguerrir la tête de la nation. Quant aux vélites, il faut me faire un rapport pour me proposer de donner, comme récompense, l’exemption de payer à ceux qui auraient cinq ou six ans de service. Faites-moi également un rapport qui me fasse connaître le payement actuel de la garde et quelle différence cela ferait.
Paris, 2 janvier 1811
Au prince Camille Borghèse, gouverneur général des départements au-delà des Alpes, à Turin
Mon Cousin, je ne sais ce que vous avez de troupes à Savone; mais je pense qu’il est nécessaire d’y avoir 500 hommes d’infanterie et 100 hommes de cavalerie; s’ils n’y sont pas, portez la garnison à ce nombre.
Il est nécessaire d’envoyer à Savone une compagnie d’artillerie du 4e régiment*, et d’avoir quelques pièces de canon en état dans la citadelle de cette place. Je désire même que vous y teniez toujours une centaine de milliers de rations de biscuit, afin qu’en cas d’événement la garnison puisse se jeter avec le Pape dans la citadelle et s’y renfermer plusieurs jours. Ceci n’est qu’une précaution et peut être superflu, mais les précautions sont toujours bonnes à prendre.
Il est convenable que la compagnie d’artillerie du 102e qui est à Gênes se rende à Savone.
Paris, 2 janvier 1811
A Elisa Napoléon, grande-duchesse de Toscane, à Florence

Ma Sœur, le ministre des cultes me remet une lettre du chapitre de Florence qui fait connaître qu’une prétendue lettre du Pape lui défend de donner des pouvoirs à l’archevêque Osmond. Je suis surpris que vous n’ayez pas mis une assez grande vigilance pour être instruite de ces menées et les prévenir. Il vous reste à réparer ce défaut de surveillance par des mesures de vigueur. Faites arrêter la partie du chapitre qui s’est montrée malveillante, et faites-vous remettre la lettre du Pape, qui ne peut avoir aucune valeur, les lois de l’Empire, comme celles de l’ancienne Toscane, défendant aux chapitres et évêques de recevoir aucun bref du Pape sans qu’il ait été enregistré au Conseil. A défaut de ces formalités, tout bref du Pape est nul et non avenu. Enfin, si vous trouviez de l’opposition dans le chapitre, je vous autorise à le supprimer et à en faire séquestrer tous les biens.
Paris, 3 janvier 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, je désire avoir un livret de la Grande Armée, comprenant l’infanterie, la cavalerie, l’artillerie, les équipages de pont, le génie, avec remplacement des troupes au 1er janvier et les ordres qu’elles ont reçus.
INFANTERIE.
La Grande Armée sera composée de quatre corps. Le corps d’observation de l’Elbe comptera pour deux.
Je vous ai fait connaître l’organisation du corps d’armée de l’Océan, qui n’aura que 3 divisions au lieu de 4, et celle du corps d’observation d’Italie, qui n’aura que 3 divisions au lieu de 4, savoir : 2 divisions françaises et 1 italienne.
La Grande Armée ne sera donc composée que de 15 divisions; j’en joins ici l’état pour plus de clarté; il y aura 2 divisions de moins que dans le premier projet, ce qui influera sur l’artillerie.
CAVALERIE.
La cavalerie légère sera divisée en 14 brigades. Vous en avez les numéros; pour plus de clarté, je joins ici l’état de leur formation. Ces 14 brigades formeront 7 divisions.
La cavalerie de réserve sera composée de 6 divisions, savoir : 5 divisions de cuirassiers et 1 de dragons; pour plus de clarté, j’en joins ici l’organisation.
Il y aura donc une division de cavalerie de plus que je n’avais ordonné; ce qui donne une augmentation de deux batteries d’artillerie à cheval de plus que je n’avais ordonné.
ARTILLERIE.
Les 14 divisions françaises auront chacune une batterie à pied de six pièces de 6 et de deux obusiers, et 13 batteries à cheval de quatre pièces de 6 et de deux obusiers, la 7e division étant servie par une compagnie d’artillerie à cheval polonaise. Le corps d’observation de l’Elbe, formant deux corps d’armée, aura 4 batteries de réserve, chacune de six pièces de 12 et de deux obusiers à grande portée ou licornes. Le corps d’observation de l’Océan aura 2 batteries pareilles. Le corps d’observation d’Italie aura 2 batteries pareilles; total de l’artillerie française attachée aux 14 divisions d’infanterie, 35 batteries à pied, à cheval ou de réserve, formant quarante-huit pièces de 12, cent quarante-six pièces de 6, soixante et dix obusiers, dont seize à grande portée ou licornes ; total, 264 pièces attachées à l’infanterie.
La division italienne aura 1 batterie à pied et 1 à cheval. La garde italienne aura 1 batterie à pied et 1 à cheval. Il y aura 2 batteries d’artillerie de réserve italienne attachées à la garde; total de l’artillerie attachée à l’infanterie italienne, 6 batteries à pied, à cheval ou de réserve, formant douze pièces de 12, vingt pièces de 6, douze obusiers, dont quatre licornes ; total, 44 pièces de canon italiennes.
L’artillerie de la cavalerie sera composée de 12 batteries à cheval ou de soixante et douze pièces, savoir : quarante-huit pièces de 6 et vingt-quatre obusiers ; total, 72.
Le total de l’artillerie de la Grande Armée sera donc de 51 batteries à pied, à cheval ou de réserve, formant soixante pièces de 12 françaises ou italiennes, deux cent quatorze pièces de 6 et cent six obusiers ; total, 380 bouches à feu, sans comprendre l’artillerie régimentaire.
Conformément à l’état ci-joint, les 15 divisions auront 174pièces de régiment, dont dix italiennes et seize de la Confédération.
La Garde impériale aura 8 batteries d’artillerie à cheval, 8 batteries d’artillerie à pied et 4 de régiment; total, 24 batteries servies, vingt-quatre pièces de 12, quatre-vingts pièces de 6, trente-deux pièces de 4, quarante obusiers, dont huit à grande portée ou licornes; total, 176 pièces. Ce qui, avec les trente-six pièces de la garde italienne, y compris les seize de la réserve italienne, fera 212 pièces pour la Garde.
Ainsi il y aura à la Grande Armée quatre-vingt-quatre pièces de 12, deux cent quatre-vingt-quatorze pièces de 6, cent quarante-six obusiers et deux cent six pièces de régiment, y compris la Garde; total général, 730 bouches à feu.
ÉQUIPAGES DE PONT ET PARCS DE SIÉGE.
Il y aura 3 équipages de pont, dont 2 sont formés et 1 avec les agrès seulement, servis par 13 compagnies de pontonniers;
2 équipages de siège avec au moins 12 compagnies françaises pour le service des 2 équipages, et 12 alliées, dont 3 italiennes, 3 polonaises et 6 des autres nations ;
24 compagnies de sapeurs françaises, 2 italiennes, non compris les sapeurs de la Garde ;
6 compagnies de mineurs ;
1 bataillon d’ouvriers de la marine, de 6 compagnies.
TRANSPORTS MILITAIRES.
Il y aura 7 bataillons, dont 6 français et 1 italien, formant 1,774 voitures.
GÉNIE.
2 équipages de siège et 3 équipages de pont, composés des simples matériaux en réserve à Danzig.
Il faudrait joindre à l’artillerie un certain nombre de pièces attelées au parc général, pour pouvoir promptement réparer les pertes.
Paris, 3 janvier 1811
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils, on vient de découvrir ici une clique du Pape. Un abbé Fontana et un abbé Gregori, que j’avais fait venir de Rome, étaient les intermédiaires de la correspondance du Pape avec les vicaires, généraux de Paris pour semer le désordre. Ils ont été arrêtés tous avec leurs papiers; il en résulte que le Pape, à la plus horrible conduite, joint la plus grande hypocrisie. Je vous donne ces renseignements pour votre gouverne, afin que le ministre des cultes veille à ce qu’il ne se trouve rien de pareil dans le royaume.
Paris, 5 janvier 1811
NOTE POUR LE BIBLIOTHÉCAIRE DE L’EMPEREUR
L’Empereur désire que M. Barbier lui envoie, le plus tôt possible, le résultat de ses recherches sur la question de savoir s’il y a des exemples d’empereurs qui aient suspendu ou déposé des papes.
Paris, 5 janvier 1811
Au comte Bigot de Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Je pense qu’il est nécessaire de faire un court exposé de l’affaire du Pape, avec les pièces, pour en saisir une commission présidée par l’archichancelier et composée du ministre d’État Régnaud et des conseillers d’État Merlin et Boulay, pour prendre leur avis sur les différentes questions. Rédigez votre rapport au Conseil d’État, et proposez un projet de décret et les autres mesures à prendre.
Paris, 5 janvier 1811
Au comte Bigot de Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Monsieur le Comte Bigot Préameneu, je vous envoie un mémoire qui m’a été remis. Faites-moi connaître ce que vous pensez sur l’idée de sonder les évêques avant la réunion d’un concile national. Il me semble qu’il serait convenable que vous fissiez un exposé de la question sur lequel vous prendriez l’opinion de quelques évêques. Cet exposé porterait sur le refus du Pape de donner l’institution canonique, sur sa bulle d’excommunication, sur son éloignement de Rome, sur la liberté dont il a joui à Savone, sur l’abus qu’il en a fait, sur les lettres qu’il a écrites au cardinal Fesch (dont on joindrait des copies), qui ont fait connaître l’esprit d’irritation et de frénésie qui anime le Pape, sur ses lettres au cardinal Maury, au grand vicaire d’Astros. Les premiers à interroger seront les archevêques, ceux de Paris, de Lyon, de Tours, de Malines, de Toulouse, de Turin, de Bordeaux, ensuite quelques évêques, les plus forts. On consultera les autres après. Demandez-leur de vous remettre dans les huit jours leur opinion motivée sur ces questions :
1e Question. — Le Pape a-t-il le droit d’excommunier les souverains et leurs ministres pour des objets temporels ? Quelles sont les mesures auxquelles peut donner lieu cette excommunication, colportée par la malveillance et servant à exciter dans l’Etat des rumeurs ? Quel parti y a-t-il à prendre ? Que prescrivent les maximes de l’Église gallicane ?
2e Question. — Le Pape ayant violé le Concordat par le refus qu’il a fait de donner l’institution canonique aux évêques sans restriction, l’Empereur ne veut plus exposer à ces outrages la dignité de sa couronne. Dans cet état de choses, quel est le moyen canonique qu’indique l’histoire de l’Église pour parvenir à instituer canoniquement les évêques ?
3e Question. — Sa Majesté, par amour du bien, ayant consenti que les évêques qu’elle aurait nommés administrassent leurs diocèses comme vicaires capitulaires, le Pape avait-il le droit de défendre aux chapitres de leur donner les pouvoirs, d’entretenir dans l’État des correspondances clandestines, de prêcher la révolte à l’autorité et de substituer l’arbitraire de sa volonté aux droits des chapitres ?
4e Question. — Enfin que convient-il de faire dans ces circonstances pour mettre un terme à des oscillations si contraires à l’indépendance de la nation, à la dignité du trône et au bien de l’Église, qui souffre de ce que le souverain est dans la crainte de se voir troublé par l’esprit d’usurpation et atrabilaire du Pape ?
Paris, 5 janvier 1811
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils, hier, me trouvant au Conseil d’État, j’ai demandé au comte Portalis s’il avait connaissance d’un libelle du Pape, qui avait circulé ici, tendant à provoquer la désobéissance et le mépris de l’autorité. Après avoir hésité, ce conseiller d’État m’ayant répondu qu’il en avait eu connaissance, je l’ai chassé de mon conseil, lui ai ôté toutes ses places et l’ai exilé à quarante lieues de Paris. Je vous mande ceci afin que l’on soit bien convaincu de mon intention prononcée de faire cesser cette lutte scandaleuse de la prêtraille contre mon autorité.
[1]Même lettre au prince Borghèse et à la grande-duchesse de Toscane
Paris, 7 janvier 1811
A M. de Champagny, duc de Cadore, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Cadore, vous témoignerez mon mécontentement à mon chargé d’affaires à Stuttgart de ce qu il a sollicité une feuille de route pour mon service particulier, et vous lui ferez comprendre qu’il n’y a que le grand veneur qui puisse faire venir des cerfs pour moi, et que le grand veneur n’ordonne rien pour mon service sans le payer comptant. Vous lui enjoindrez de se rendre chez M. de Taube pour lui faire connaître que ces cerfs n’étaient pas pour moi ; que c’est à tort qu’il s’est mêlé de cette affaire ; que le service de ma Maison est payé argent comptant, et qu’il est pourvu à toutes les dépenses de mon service particulier par des fonds de la Couronne. Vous parlerez dans ce sens au ministre de Wurtemberg à Paris. Voyez aussi le grand veneur et le comte de Cessac pour savoir ce que cela veut dire et pourquoi on veut faire en pays étranger ce qu’on ne ferait pas en France, puisque la guerre ne payerait pas cela. Écrivez à mes ministres en Allemagne qu’ils ne doivent avoir aucun égard aux demandes qui seraient faites par des personnes attachées à moi service particulier, parce que toute dépense privée est payée sur les fonds de la Couronne, et non sur les fonds de la guerre, de l’administration de la guerre ou de tout autre département. En général, mes ministres n’ont pas une bonne direction. Puisque ce chargé d’affaires ne savait rien, il devait se taire et ne pas prendre parti dans une affaire qui ne le regardait pas.
Paris, 8 janvier 1811
Au prince de Cambacérès, archichancelier de l’empire, à Paris
Mon Cousin, je réponds à votre lettre du 17 décembre dernier. Tous les décrets du roi numérotés 43, 44, 45, 46, 47 et 48,qui élèvent des individus à la noblesse de Hollande, doivent être regardés comme non avenus. Le décret numéroté 49 doit exister dans le sens qu’il donne le droit au général Dumonceau de porter le titre de comte; mais il s’appellera le comte Dumonceau et non le comte Ac Begen-Duin. Même observation pour les décrets numérotés 50, 51, 52, 53, 54, 50, 57 , qui concernent les amiraux Ver Huell, Dewinter, Kinsbergen, et les sieurs Twent (Ministre du Waterstadt), Travers (Capitaine des gardes du roi Louis), etc. Pour le numéro 56, il faudra prendre des informations pour s’assurer que les six individus mentionnés dans ce décret sont des sujets méritants. Quant au numéro 57, ce décret peut donner le droit à l’individu qu’il concerne de reconstituer le majorât par-devant vous. Présentez-moi un projet de décret relatif à tout cela; moyennant ces dispositions, je crois avoir décidé toutes les affaires qui regardent la noblesse de Hollande, et je suppose qu’il n’y a plus d’autres titres.
Paris, 8 janvier 1811.
Au comte Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris
Je désire un rapport qui me fasse connaître si je dois accorder à Terveere, dans l’île de Walcheren, le droit de recevoir des smogglers, sans que cela fasse trop de tort à Dunkerque. Pour décider cette question, faites-moi connaître : 1° le nombre de smogglers dans l’année 1810; 2° de quels ports d’Angleterre ils sont venus. Des renseignements me portent à penser que ceux qui viennent à Dunkerque viennent de la rive droite de la Tamise ; ce qui porte à penser que ceux qui viendraient à Flessingue viendraient de la rive gauche.
Paris, 8 janvier 1811
Au comte Bigot de Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Monsieur le Comte Bigot Préameneu, le bref du Pape au chapitre de Paris n’a pu être dénoncé au Conseil d’État, puisqu’il n’a pas été présenté au chapitre ; mais celui adressé au chapitre de Florence doit l’être, puisque le chapitre a délibéré. Envoyez donc ce bref aux sections de législation et de l’intérieur du Conseil d’Etat réunies, pour me présenter un rapport sur ce qu’il y a à faire.
Paris, 8 janvier 1811.
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, je vous prie de me faire le dépouillement de tous les bâtiments français du commerce qui ont navigué en 1810, en indiquant leur nombre, leur tonnage et la force de leurs équipages. Vous ferez dresser un état de ceux de la Méditerranée et un autre de ceux de l’Océan, en les distinguant par arrondissements de préfecture maritime.
Il faut avoir soin que les mêmes bâtiments ne soient pas portés deux fois. Par ces états on connaîtra le nombre des matelots existants. Il résulterait des renseignements que j’ai qu’il y aurait 40,000 matelots français qui naviguent sur les bâtiments du commerce, indépendamment des pêcheurs.
Paris, 8 janvier 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mou Cousin, écrivez au duc d’Istrie de se rendre à Bayonne. Il pourra loger, à Marracq, dans l’appartement qu’occupait l’Impératrice. Donnez-lui l’ordre d’établir là sa correspondance avec les généraux Reille, Caffarelli et Thouvenot, et de prendre des mesures pour disperser promptement les brigands qui infestent la Navarre et le faire vivement pourchasser. Il écrira également au général Dorsenne pour que ces mesures se combinent et rendent libres les derrières de l’armée. Vous lui ordonnerez de passer en revue les dépôts.
Paris, 10 janvier 1811
A M. Gaudin, duc de Gaète, ministre des finances, à Paris
Monsieur le Duc de Gaète, les principaux emplois de l’administration des finances en Illyrie ont été donnés, dans le premier moment de l’organisation de ces provinces, à des hommes qui, en général, n’ont pas l’expérience ni toutes les connaissances nécessaires. Mon intention est que vous me présentiez, dans le plus bref délai, pour les places de conservateur des forêts, de directeur de l’enregistrement et de directeur des contributions, ainsi que pour les autres places principales, des hommes parfaitement capables, en état de mettre l’administration au courant de celle du reste de l’Empire et sachant les langues allemande ou italienne, suivant la province où ils devront résider.
Je désire que le directeur de l’enregistrement ne perde pas de temps à prendre connaissance de toutes les questions domaniales et puisse vous envoyer promptement des renseignements détaillés sur cette partie.
Faites-moi un rapport sur la manière dont on administre les sels et tabacs en Illyrie. Ne pourrait-on pas y établir une régie semblable à celle qui est à Turin ?
Paris, 10 janvier 1811
Au général Lacuée, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Monsieur le Comte de Cessac, j’ai définitivement organisé la Grande Armée en quatre corps, à compter du 15 février.
1er CORPS D OBSERVATION DE L’ELBE.
Le prince d’Eckmühl, commandant. Les 1e, 2e, 3e, 4e, 5e divisions d’infanterie et les 1e et 2e brigades de cavalerie légère.
2e CORPS D’OBSERVATION DE L’ELBE.
Le duc de Reggio, commandant. Les 6e, 8e et 9e divisions d’infanterie et les 5e et 6e brigades de cavalerie légère. Au 15 février, tout ce corps sera réuni à Munster et Osnabrück.
CORPS D’OBSERVATION DE L’OCÉAN.
Le duc d’Elchingen, commandant. Il sera au 15 février à Mayence. Les 10e, 11e, 12e, 7e divisions (la 10e division se réunit à Mayence, la 11e se réunit à Düsseldorf, la 7e est à Danzig, la 12e division ne pourra être formée que dans le courant d’avril), les 9e et 14e brigades de cavalerie légère. Tout cela sera prêt à marcher le 15 février.
CORPS D’OBSERVATION D’ITALIE.
Les 13e, 14e et 15e divisions d’infanterie, les 12e et 13e brigades de cavalerie légère. Elles seront réunies le 15 février à Bozen, Trente, Vérone et Brescia.
RÉSERVE DE CAVALERIE.
La réserve de cavalerie sera divisée en trois corps : 1e corps, général Nansouty : 1e division de cavalerie légère, général Bruyère; 3e brigade, général Jacquinot; 4e brigade, général Piré; 1e division de cuirassiers, général Saint-Germain ; 5e division de cuirassiers, général Valence.
2e corps, général Montbrun : 2e division de cavalerie légère comprenant les 7e et 8e brigades, général Vattier; 2e division de cuirassiers, général Saint-Sulpice; 4e division de cuirassiers, général Defrance.
3e corps, général Latour-Maubourg : 3e division de cavalerie légère comprenant les 10e et 11e brigades, général Kellermann; 3e division de cuirassiers, général Doumerc ; division de dragons, général Lahoussaye.
Du reste, il n’y a aucun changement dans l’organisation des brigades d’infanterie, si ce n’est que le 24e léger est mis dans la 10e division à la place du 26e, et que le 26e est mis dans la 6e division à la place du 24e.
Dans les derniers états, il n’y avait que 13 brigades de cavalerie légère ; il y en a aujourd’hui 14. La 14e est formée du 4e et du 28e de chasseurs ; elle est sous les ordres du général Beurmann.
Chaque division de cavalerie aura besoin de son ambulance, de ses commissaires des guerres et de son administration. Il serait bon que chaque corps, composé de trois divisions, eût ou un ordonnateur, ou du moins un commissaire des guerres principal.
La Garde sera toujours composée de quatre divisions, comme il a été dit. Je désirerais que, vers le 15 février, l’état-major général pût être réuni à Mayence. J’attendrai le rapport que vous devez me faire là-dessus.
Paris, 11 janvier 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, le régiment de la Méditerranée remplit déjà un grand but, puisqu’il met à même de réunir successivement à Corfou un grand nombre de troupes, qu’il sert à garder la Corse et l’île d’Elbe. Mon intention est que vous me présentiez des projets de décret pour les caporaux et sergents qu’il faut y envoyer, comme on y envoie des officiers ; sans cela on ne pourra jamais compter sur ce corps.
Un des bataillons de ce régiment vient de partir pour Corfou; il faut que les hommes soient rayés des contrôles. Je suppose que vous avez envoyé peu d’officiers avec ces 500 hommes. Il me tarde beaucoup que ce régiment soit entièrement organisé.
Il me semble qu’on pourrait laisser les 2e, 3e et 4e bataillons en Corse, et mettre le 5e bataillon au fort Lamalgue; ainsi le dépôt de d’habillement et de l’équipement serait en France. On n’habillerait pas les hommes à Toulon, de peur qu’ils ne désertassent, mais seulement lorsqu’ils seraient embarqués.
Je pense que les conscrits réfractaires des départements de Rome, de la Toscane, de Gênes, du Piémont, doivent être dirigés sur Cività-Vecchia, Livourne et Gênes. Je donne ordre au ministre de la marine qu’il y ait constamment dans ces ports des bricks et petits bâtiments pour transporter ces conscrits en Corse aussitôt qu’ils arrivent.
Les conscrits partant de ces ports ne pourront pas être habillés ; il sera donc nécessaire qu’il y ait un dépôt à Ajaccio pour les habiller et les équiper à leur arrivée.
Tous les conscrits réfractaires des 7e, 8e, 9e, 19e, 10e 6e, 18e et 5e, 27e, 28e, 29e et 30e divisions militaires serviraient à former ce régiment.
Il faut bien prévenir que les brigands et mauvais sujets ne soient pas confondus avec les conscrits simplement réfractaires. On enverra les premiers aux bataillons étrangers ou au bataillon colonial qui était en Corse.
Je désire que vous me présentiez un projet de décret pour former un autre régiment d’infanterie légère, qui se réunira à Belle-Île et qui prendra le nom de régiment de Belle-Île, lequel sera entièrement composé de conscrits réfractaires, qui seront tirés des 11e, 12e, 13e, 22e, 14e, le, 2e, 3e, 4e, 24e, 25e et 26e divisions militaires. Il sera nécessaire d’envoyer non seulement les officiers, mais encore les sergents et caporaux. Ce régiment sera porté au complet de 4,000 hommes. Il servira soit pour des expéditions maritimes, soit pour toutes autres opérations. Il pourra fournir un bataillon pour la garnison de l’île de Groix. Il faudra également distinguer les hommes susceptibles d’entrer dans ce régiment de ceux à reléguer dans les bataillons coloniaux.
Peut-être pourrait-on former un troisième régiment à l’île de Ré, lequel aurait un bataillon à l’île d’Yeu, un à l’Île d’Oléron et un à l’île d’Aix ; ce qui aurait l’avantage de garder ces îles et de s’assurer de ces conscrits.
Par ce moyen j’aurai trois régiments ou 12 à 15,000 conscrits réfractaires, étant tous dans des îles.
J’aimerais assez avoir en Corse deux régiments au lieu d’un, c’est-à-dire huit bataillons ou 6 à 7,000 hommes.
Faites-moi connaître la quantité de conscrits réfractaires qui existent par département. Je formerai, si cela est nécessaire, des colonnes mobiles de ma Garde pour les faire rejoindre.
Avant de rien exécuter, faites-moi un rapport sur le contenu de cette lettre. Vous discuterez la question des bataillons coloniaux.
Peut-être serait-il convenable, pour épargner du travail aux bureaux de la guerre, que le 3e et le 4e bataillon de ces régiments de conscrits réfractaires fût un bataillon colonial et soumis à la même administration.
J’attendrai, sur tout cela, votre rapport.
Paris, 13 janvier 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je vous renvoie les pièces relatives à la première expédition de Corfou. La Pauline et la Thémis me paraissent suffisantes dans cette rade. Mon intention est que vous ordonniez au commandant de la Pomone que, si les frégates la Pauline et la Thémis avaient été interceptées et n’étaient pas arrivées, il prenne le commandement de la marine de Corfou et permette par là aux frégates la Danaé et la Flore de remplir leur mission pour l’Adriatique. Si, au contraire, la Pauline et la Thémis sont arrivées, mon intention est que la Pomone et la Persane se rendent à Ancône, en leur faisant connaître que, selon les circonstances, elles peuvent relâcher aux bouches du Cattaro, à Pola, à Trieste, à Raguse, ces ports étant gardés par mes troupes et parfaitement armés.
La Pomone pourrait embarquer les hommes impotents et qui généraient la garnison, et ramener en Italie une partie des Albanais, qui vont devenir inutiles au général Donzelot, ainsi que le bronze, artillerie et fer inutiles à la colonie. On pourrait charger la Persane d’huile ou d’autres objets utiles aux habitants, afin que cette flûte ne revienne pas à vide.
Je ne veux pas laisser au général Donzelot la Persane, qui est une trop bonne flûte. Je préfère qu’elle vienne à Ancône avec la Pomone, d’où je lui ferai faire un second voyage à Corfou.
Dans le nombre des ports de l’Adriatique où pourront se réfugier mes frégates, vous mettrez Brindisi.
J’aurai donc par ce moyen trois nouvelles frégates françaises dans l’Adriatique; ce qui, joint aux deux françaises que j’y ai, me ferait cinq frégates françaises.
Faites-moi connaître si les officiers commandant ces frégates se trouvent naturellement placés sous celui qui commande à Ancône, et s’il est leur ancien. Ayant l’espérance d’avoir bientôt quatre ou cinq vaisseaux dans l’Adriatique, ces cinq frégates me seront utiles et auront l’avantage de croiser dans une mer étroite et dont tous les ports m’appartiennent.
Si la Pomone et la Persane arrivaient à Brindisi, je désirerais que le roi de Naples fît charger la Persane de blé et de munitions, et fît mettre à bord les hommes qui se trouvent encore à Otrante pour faire un voyage à Corfou.
Rédigez dans ce sens mes instructions au commandant de la Pomone. Faites-moi connaître aussi ce que vous pensez sur le placement de quelques frégates à Brindisi, pour de là escorter des gabares pour l’approvisionnement de Corfou.
Paris, 15 janvier 1811
A M. de Champagny, duc de Cadore, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Cadore, recommandez aux sieurs Otto, Bourgoing, à mes ministres à Munich et dans les différentes cours d’Allemagne, de recueillir toutes les pièces qu’ont imprimées les Autrichiens sur les campagnes depuis quinze ans, et surtout sur les dernières, et de les envoyer à mon secrétaire de cabinet Mounier. Ecrivez également à mon ministre à Berlin de ramasser tout ce qui est relatif aux campagnes de Prusse et autres campagnes d’Allemagne qu’on pourrait trouver, et de l’envoyer également au baron Mounier.
Paris, 15 janvier 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
S’il en est encore temps, envoyez au commandant des trois frégates qui escortent le convoi de Barcelone l’instruction de croiser dans la Méditerranée, après qu’il aura jeté son convoi dans cette place. Faites-lui connaître que nous sommes maîtres de Malaga, du fort de Marbella ; que la tranchée devant Tortose a été ouverte en décembre, et qu’à l’heure qu’il est cette place doit être en notre pouvoir; que les prises en vivres qu’il fera dans sa croisière il les envoie à Barcelone.
Il n’y aurait pas de mal même qu’il parût devant Alger, et qu’il demandât au consul comment se comporte le dey.
Paris, 15 janvier 1811
Au général Savary, duc de Rovigo, ministre de la police générale, à Paris
Le secrétaire intime de l’archichancelier reçoit trois fois par semaine à un premier étage. Beaucoup d’agents de change se rendent chez lui ; il se mêle de beaucoup de tripotages ; il s’y débite de fort mauvaises nouvelles. II y a quelques jours qu’on a dit que le prince de Condé était à la tête des insurgés d’Espagne et allait se faire couronner roi à Madrid. Il faut avoir là un regard, et on trouvera la source de tous les mauvais bruits qui courent dans Paris.
Paris, 16 janvier 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Vous m’avez parlé de 18 ou 20,000 fusils qu’on trouverait en Hollande à bon marché. Il serait peut-être convenable que vous écrivissiez au sieur Bourgoing que ces fusils seraient très bons pour armer les paysans du duché de Varsovie, et qu’il faudrait que le Roi en fit l’achat pour ledit duché.
Paris, 16 janvier 1811
Au baron Costaz, intendant des bâtiments de la couronne, à Paris
Faites-moi un rapport sur la démolition de l’église de Saint-Thomas du Louvre et des maisons que j’ai acquises entre les Tuileries et le Louvre, afin de déblayer ces terrains et de donner du travail à la population de Paris. Quelles sont les maisons qu’on doit acquérir cette année et dont les marchés pourraient se faire sans difficulté ?
Paris, 17 janvier 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, faites connaître au roi d’Espagne qu’ayant donné le gouvernement de Madrid au général Belliard, et ce général n’ayant pas cessé de me rendre de bons services, je n’entends pas que son gouvernement lui soit ôté, et surtout qu’il soit donné à des officiers qui ne seraient pas au service de France; que si donc cela était vrai, et que le roi eût retiré le gouvernement de Madrid au général Belliard, il eût à le lui rendre sans délai; que c’est mon ordre formel; qu’en général j’entends qu’aucune troupe française ne soit mise sous les ordres d’officiers au service d’Espagne.
Paris, 20 janvier 1811
A M. de Champagny, duc de Cadore, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Cadore, il est nécessaire d’envoyer à mes ministres en Russie, en Autriche, en Danemark, des copies des livrets que vous m’avez remis, afin qu’ils vous les renvoient avec leurs observations sur chaque régiment. Ce travail leur servira à eux-mêmes de guide.
Paris, 20 janvier 1811
A M. Gaudin, duc de Gaète, ministre des finances, à Paris
Monsieur le Duc de Gaète, je désire que vous me fassiez connaître ce qui existe à la caisse de la loterie, pour lots non réclamés, sur l’exercice de 1810 et années antérieures. Je désire également que vous me fassiez connaître ce qui reste de libre sur le cinquième du produit net des saisies des douanes pour les exercices 1810, 1809 et antérieurs. Enfin je désire savoir ce qui reste libre sur le fonds des amendes des fraudeurs. Indiquez-moi dans quelle caisse chaque restant libre se trouve.
Paris, 21 janvier 1811
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Monsieur le Comte de Cessac, j’attends l’état que je vous ai demandé pour régler les remontes de 1811. J’ai reçu celui du ministre de la guerre, mais je n’ai point le vôtre. Vous me ferez connaître, par l’état que vous devez me remettre, les remontes qui entrent dans le budget de 1811. Il résulte de l’état du ministre de la guerre qu’an 1er novembre dernier j’avais 78,000 hommes de cavalerie et seulement 58,000 chevaux, ce qui ferait donc un déficit de 20,000 chevaux, qui seraient nécessaires pour remonter les hommes à pied, dont 3,000 chevaux de hussards, 6,000 de chasseurs, 7.000 de dragons et 3,000 de cuirassiers. D’un autre côté, il résulte du même état qu’il manque au complet de la cavalerie, en hommes, 8,000 hommes. Ce qui ferait donc 28,000 chevaux manquant pour avoir un complet de 86,000 chevaux.
Paris, 21 janvier 1811
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, à Paris
Mon Cousin, mon intention est d’envoyer à votre armée un nouveau régiment français d’infanterie légère et quatre régiments hollandais, et qu’il soit formé une 4e division, de sorte que votre corps sera composé de quatre divisions, chacune de cinq régiments, savoir: d’un régiment d’infanterie légère et de trois régiments de ligne français et d’un régiment hollandais. La division où sera le 33e léger aura un autre régiment d’infanterie légère français. Mon intention est de réunir l’artillerie et tout ce qui est nécessaire pour pouvoir, dans le courant de l’été, former, de ces quatre divisions de cinq régiments chacune, cinq divisions de quatre régiments. Il est donc nécessaire qu’il y ait aux parcs de l’artillerie et du génie le matériel nécessaire pour former ces cinq divisions. Comme chaque régiment sera de quatre bataillons, je désire qu’il y ait trois pièces régimentaires au lieu de deux; ce qui ferait soixante pièces de régiment. Chaque division d’infanterie devrait avoir une compagnie d’artillerie légère, ce qui ferait cinq compagnies; la cavalerie, trois compagnies; ce qui ferait huit compagnies d’artillerie légère pour le corps d’armée. Chaque division d’infanterie devrait avoir aussi une batterie et demie d’artillerie à pied, ce qui ferait environ huit compagnies d’artillerie à pied. Il faudrait donc un matériel de soixante et quinze bouches à feu pour l’infanterie, de dix-huit pour la cavalerie, ce qui ferait quatre-vingt-treize, et de sept pour le parc; total, cent pièces de canon. Je pense qu’il faudrait cinq compagnies de sapeurs pour les divisions et quatre compagnies pour le parc, et quatre compagnies de pontonniers pour le parc. Les dix régiments de cavalerie actuellement existants formeraient la cavalerie de l’armée. Il faudrait que le génie eut tous les outils nécessaires. Les régiments ayant le nombre de leurs caissons augmenté, on compléterait les quatre bataillons du train; ce qui fournirait les caissons nécessaires pour les cartouches, et près de quatre-vingts caissons seulement pour les vivres, ou presque l’équivalent d’un bataillon. Il y aurait, indépendamment de cela, deux bataillons d’équipages militaires, formant deux cent quatre-vingt-huit caissons.
Ainsi votre corps d’armée serait composé de cinq divisions d’infanterie, de trois brigades de cavalerie légère, d’une division de cavalerie de réserve, de cent quatre-vingts bouches à feu, et présenterait, tout compris, une force de 80,000 hommes, que je voudrais avoir toujours disponible pour former l’avant-garde et porter où cela serait nécessaire. J’ai désigné le général Haxo pour commander le génie. Faites mettre sur un état l’organisation que je projette, et sur un autre ce que vous avez et ce qui vous manque.
Paris, 21 janvier 1811
A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel
Mon Frère, je reçois votre lettre du 10. Je vous remercie de la nouvelle que vous me donnez. Le caractère de l’individu doit vous faire connaître si cette confidence est l’écho de propos vagues, comme il y en a tant, ce qui dès lors paraîtrait un piège qu’on vous aurait tendu, ou si elle est la conséquence d’un plan auquel on travaillerait.
En général, ce n’est pas la première fois que je sais, par Berlin et par d’autres villes d’Allemagne, qu’on croit que vous suivez une autre direction que celle que je vous donne, ce qui a l’inconvénient de nuire à votre crédit et à vos affaires.
Paris, 22 janvier 1811
A M. de Champagny, duc de Cadore, ministre d relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Cadore, vous recevrez les décrets que j’ai pris pour la prise de possession des pays réunis à l’Empire. II faut faire des instructions pour les commissaires chargés de prendre possession et pour les commissaires chargés de traiter, ce qui est deux choses différentes. Je désire annoncer ces dispositions, par des lettres signées de moi, aux différents princes. Ainsi vous me présenterez des projets de lettres pour le roi de Westphalie, pour le duc d’Oldenburg, pour le duc d’Aremberg et pour le prince de Salm. Il faut surtout appuyer sur ce que les ordres du conseil britannique ont nécessité ces mesures et sur le nouveau système qu’ils ont introduit dans le monde. J’ai chargé le duc Dalberg de traiter avec le ministre du roi de Westphalie pour régler tous les intérêts.
Paris, 24 janvier 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je m’empresse de vous envoyer un procès-verbal d’épreuves faites à Séville, d’où il résulte qu’on a lancé à 2,500 toises des obus de 8 pouces pesant 80 livres. Rassemblez un comité d’officiers d’artillerie et faites-moi un rapport sur l’avantage de fondre de ces pièces et de continuer ces épreuves, qui me paraissent très précieuses pour la défense de l’Escaut et pour les rades.
Je désirerais faire partir de Toulon 6,000 obus de 8 pouces. Faites-moi connaître s’ils existent à Toulon et places environnantes, et d’où il faudra les tirer ; si deux frégates pourront porter cette quantité de projectiles. Il faudrait joindre à cet envoi de la poudre et autres objets nécessaires à l’armée d’Andalousie. Deux frégates porteraient ces munitions à Malaga, d’où on pourra facilement les transporter à Cadix.
Paris, 24 janvier 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Je vois par votre lettre du 23 janvier qu’à mon grand étonnement vous aviez connaissance qu’il existait 104 déserteurs français dans les régiments d’Illyrie. Les comptes qu’on m’a rendus ne les portaient pas à ce nombre. Je suis surpris que vous ne m’ayez pas rendu compte de cela, car c’est une chose nouvelle que de voir déserter à l’étranger 100 hommes anciens et vrais Français. Faites-moi un rapport sur ce qui a été fait au sujet de ces déserteurs. A-t-on fait des enquêtes dans leur pays ? A-t-on pris des renseignements dans les régiments ? Je désire que vous me présentiez l’état de la désertion à l’intérieur, en masse, par régiment; mais que vous me remettiez l’état nominatif des déserteurs à l’extérieur.
Envoyez au comte Otto, mon ambassadeur à Vienne, l’état de ces déserteurs. Je sais que plusieurs se repentent. On leur accordera amnistie en considération de la circonstance du mariage ; on les fera revenir de Graz et autres points de l’Autriche, où ils sont dans une profonde misère, et on les renverra à leurs régiments en Illyrie.
Vous témoignerez mon mécontentement d’abord au duc de Raguse de ce qu’il n’a pas pris des mesures pour empêcher la désertion, et aux colonels de ce qu’il puisse y avoir dans leurs régiments un si grand nombre de déserteurs.
Paris, 24 janvier 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Le duc de Raguse met sur pied quatre bataillons de chasseurs illyriens, savoir: un de Lika, un d’Ottochacz, un d’Ogulin et un de Szluin, indépendamment d’un régiment de pandours. Il me semble que cela coûtera beaucoup d’argent inutilement. Sur ces quatre, deux bataillons sont suffisants. Le duc de Raguse ne devrait point lever de corps sans vos ordres. Cela m’engage à des dépenses tout à fait inutiles.
Paris, 25 janvier 1811
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de l’armée d’Espagne, à Paris
II est nécessaire d’écrire sur-le-champ au duc de Dalmatie qu’après la prise de Badajoz il doit se porter sur le Tage avec son équipage de siège, pour donner les moyens au prince d’Essling d’assiéger et prendre Abrantès.
Palais des Tuileries, 27 janvier 1811
NOTE DICTÉE EN CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’INTÉRIEUR
Les ponts d’Austerlitz, de la Cité et des Arts rendent 296,000 francs : 1° ils coûtent de frais de perception 50,000 francs, ce qui fait 16 pour 100; 2° c’est une grande gêne et un esprit de fiscalité peu analogue au caractère français que, dans une ville comme Paris, on soit obligé de payer au passage de tous les ponts; c’est une véritable imposition. La ville ne pourrait-elle pas traiter de l’acquisition des ponts ? Des personnes pensent qu’avec une redevance de 150 ou 200,000 francs la compagnie se trouverait fort heureuse. Ce serait une charge pour Paris, mais aussi un impôt de moins. N’y aurait-il pas quelques moyens d’indemniser la ville de ce sacrifice et de rendre ainsi libre le passage de tous les ponts ?
Palais des Tuileries, 27 janvier 1811
NOTE DICTÉE EN CONSEIL D’ADMINISTRATI0N DE L’INTÉRIEUR.
De toutes les communications de la Baltique au Rhin, la meilleure, la plus courte, la plus économique, c’est la mer; mais la mer étant interdite par des forces supérieures, de là naît l’idée et vient la nécessité d’une communication intérieure de la Baltique au Rhin. La première idée qui se présente, c’est de partir de Hambourg, de franchir l’Elbe, suivre les waddens (bas-fonds) jusqu’à Delfzijl. Il est vrai que cette navigation n’est bonne que pour des bâtiments tirant quatre pieds d’eau ; mais cette navigation, comme la première, a l’inconvénient de pouvoir être interceptée par l’ennemi. Alors l’idée la plus naturelle est de défendre l’Elbe jusqu’à Cuxhaven, et de joindre l’Elbe avec le Weser à Bremerlehe par un canal latéral sans écluses. La navigation de Hambourg à Cuxhaven peut être pratiquée par des bâtiments immenses; celle de Cuxhaven au Weser par le canal; à Bremerlehe on prendrait le nouveau canal, qui conduirait jusqu’à Delfzijl. Ce projet n’a point été étudié; c’était faute de renseignements positifs que Sa Majesté avait adopté le projet d’un canal passant par l’Oste. Ici il y a un partage d’eau, ce qui est une chose toujours difficile. Il est vrai que l’Oste est navigable jusqu’à Bremervœrde, où il faudrait rompre charge jusqu’au Weser. Ainsi Sa Majesté n’arrête point ce projet, jusqu’à ce qu’on l’ait étudié. Dès l’année prochaine on fera le projet pour la jonction de l’Elbe au Weser. L’on déterminera le point où le canal devra joindre l’Elbe. On proposera à Sa Majesté la nomination d’une commission mixte d’officiers du génie de terre, d’officiers de marine et d’ingénieurs des ponts et chaussées, pour déterminer ce projet.
Le premier point est de vérifier le travail de M. Beautems-Beaupré par une commission d’officiers de marine et du génie.
2° Déterminer le point où on fera le bassin, puisque les vaisseaux engagés dans l’Elbe risqueraient de périr par les glaces. Il faut qu’on s’assure de la possibilité d’établir le bassin dans l’emplacement qui sera désigné.
3° Deux forts seront nécessaires à droite et à gauche de ce grand établissement, afin de se trouver toujours maître de 2,000 toises de rade, et alors on établirait le long de la mer, à 7 ou 800 toises, un fort comme le fort Lasalle du Helder, coûtant à peu près un million, où 1,000 ou 1,500 hommes pourraient soutenir un siège très long, parce qu’on ne peut être attaqué que par les digues.
Si ce travail pouvait être étudié d’ici au mois d’avril, on pourrait commencer ce fort dans la campagne prochaine, et l’avoir dans l’année comme le fort Lasalle. Le ministre de la marine tiendra un conseil où seront appelés le général Haxo, MM. Tarbé, Blanken, Sganzin, Cachin et Beautems-Beaupré, pour faire un premier projet qui sera remis à Sa Majesté, et ensuite on enverra sur les lieux pour étudier le terrain.
Paris, 27 janvier 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, donnez ordre qu’un général de brigade de confiance, choisi parmi les officiers de mon armée de Naples, se rende à Otrante. Vous le chargerez de vous écrire tous les jours, de vous envoyer l’état de tout ce qui, en personnel et en matériel, arrive à Otrante de Naples et d’Italie, de tout ce qui est embarqué et de tout ce qui part, de tout ce qui est pris en chemin.
Vous ferez connaître au roi de Naples l’ordre que je donne. Cet officier veillera à ce que tout ce qui passe à Corfou, matériel et personnel, soit tenu en ordre, surveillera les transports et rembarquement, et exercera sa surveillance tant sur Otrante que sur Brindisi et autres ports voisins.
Donnez-lui l’ordre de numéroter ses rapports et de ne pas manquer de vous écrire tous les jours.
Paris, 27 janvier 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je vous envoie votre rapport sur les frégates de l’île d’Aix. Je vous prie de m’apporter, demain matin au lever, une carte de l’île d’Aix et de la rade des Basques, avec l’endroit où mouillent les Anglais, pour savoir s’il n’y aurait pas quelque possibilité de les éloigner. Nous avons aujourd’hui des moyens de tirer des bombes à 2,700 toises.
Faites-moi connaître s’il ne serait pas plus facile aux trois frégates de partir l’une après l’autre que de partir ensemble, et enfin s’il ne serait pas possible d’armer quatre vaisseaux à l’île d’Aix en quatre ou cinq jours, en faisant tous les préparatifs d’avance, en y envoyant des équipages et en y versant même les équipages des frégates, de manière à avoir la supériorité sur les bâtiments ennemis qui sont dans la rade des Basques.
Paris, 27 janvier 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, je reçois votre lettre du 25 janvier. Je voudrais envoyer à Malaga six mille bombes de 8 pouces pesant, l’une portant l’autre, 40 livres; mille bombes de 10 pouces pesant chacune 100 livres, et mille de 12 pouces pesant 150 livres; autant de poudre que possible, mais au moins cent milliers. Je chargerais volontiers tout cela sur une belle flûte de 800 tonneaux, que deux frégates escorteraient. Cette expédition pourrait se rendre à Ajaccio ou à Porto-Ferrajo ; elle prendrait là 5 ou 600 hommes, et irait débarquer ces hommes et toutes ses munitions à Malaga. Les frégates feraient au retour une croisière devant Alger, se présenteraient devant Cagliari, où elles ne trouveraient tout au plus qu’une frégate, et feraient tout le mal qu’elles pourraient aux Anglais et aux Siciliens. Elles pourraient aussi passer devant Valence, Alicante et autres villes de la côte d’Espagne, où elles feraient beaucoup de prises. Elles feraient rafle sur la côte et feraient tout le dommage qu’elles pourraient aux insurgés.
Paris, 27 janvier 1811
Au général comte Andréossy, président de la section de la guerre au conseil d’état, à Paris
Réunissez la section de la guerre et proposez-moi un projet pour récompenser les militaires retirés et blessés, en leur donnant de préférence les places des administrations forestières, des postes, des tabacs, des contributions, enfin par toute espèce de places que les militaires, officiers et soldats retirés sont susceptibles d’occuper ; car il est contre mon intention et la justice de donner ces places à des gens qui n’ont rien fait. Je me rapporte au zèle et à l’intelligence de la section pour me proposer les mesures convenables.
Paris, 27 janvier 1811
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils, je reçois votre lettre du 19 janvier. Je trouve que le mot « reconnaissance « est de trop dans votre lettre du 18 au landamman; l’esprit, du reste, m’en a paru très bon. En général, il faut avoir soin que vos lettres soient moins familières et aient un peu plus de dignité lorsque vous écrivez à des étrangers.
Paris, 28 janvier 1811
Au comte de Montalivet, ministre de l’intérieur, à Paris
Qui est-ce qui dirige les travaux de l’île Perrache ? On se plaint à Lyon que beaucoup d’individus demanderaient du travail, comme moyen de subsistance, et que les ateliers de cette île en refusent et n’emploient que 150 hommes.
Paris, 29 janvier 1811
Au comte Bigot de Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Monsieur le Comte Bigot Préameneu, je vous renvoie votre exposé sur les affaires avec le Pape. J’y trouve des inexactitudes : par exemple, la réunion des États romains à l’Empire a eu lieu lorsque le Pape était à Savone, et non lorsqu’il était à Rome. Il ne faut pas parler de d’Astros ni de son pamphlet, et moins encore du mariage et de la légitimité de l’enfant; cela est trop absurde. Il faut dire qu’aussitôt qu’un courrier m’eut instruit qu’on avait été obligé d’éloigner le Pape de Rome, parce qu’il voulait exciter un soulèvement dans le peuple, j’ai ordonné qu’il fût conduit à Savone. On peut ne pas parler de Grenoble. Il faut parler de la circonstance de mon nom omis dans la bulle, et joindre, comme pièces justificatives, les lettres que lui écrivirent les évêques français ; vous les trouverez ci-incluses. Il faut parler avec plus de détails de la dernière bulle du Pape aux chapitres, et montrer l’inconséquence du Pape qui prétendait ne pouvoir instituer les évêques et qui pouvait cependant écrire à nos chapitres pour prêcher la révolte et semer le trouble en France. Il faut parler des constantes dispositions du Pape d’entraver les affaires spirituelles jusqu’à ce qu’il eut recouvré la souveraineté de Rome. Il faut joindre à cet effet, comme pièce justificative, un extrait de la correspondance du préfet de Montenotte. Il faut, en général, soigner de nouveau ce récit et démontrer que le soin constant du Pape a été d’affaiblir la puissance de la France, parce que la France était maîtresse de l’Italie; qu’il a employé, pour atteindre ce but, son influence spirituelle autant qu’il l’a pu ; citer les brefs que j’ai reçus le lendemain des victoires d’Austerlitz et de Friedland, dans lesquels il m’injuriait parce qu’il croyait que je serais battu. Enfin réunissez toute les pièces qui peuvent être jugées utiles pour les joindre comme pièces justificatives à cet exposé.
Paris, 29 janvier 1811
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Écrivez au maréchal Macdonald qu’aussitôt que Tarragona sera prise il fasse des dispositions pour prendre Cardona et les autres forts qui restent à l’ennemi dans la Catalogne.
Paris, 30 janvier 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Vous ne m’avez pas encore remis le rapport sur la marine hollandaise. Je vois qu’il y a cinq vaisseaux armés et quatre désarmés à Medemblik ; ce qui fait neuf; il y a à Amsterdam deux vaisseaux, le Ruyter et l’Evertsen, que l’on peut considérer comme achevés (Faîtes-moi connaître quand ils seront mis à l’eau) ; ce qui fait donc onze vaisseaux. Il y en a deux en construction à Rotterdam, dont l’un, le Tromp, est aux 19 vingt-quatrièmes et peut être considéré comme achevé. Faites-moi connaître quand il sera mis à l’eau.
Le treizième vaisseau, qui s’appelle le Piethein, est en construction à Rotterdam. Ce vaisseau est aux 6 vingt-quatrièmes. La question sur laquelle je vous prie de me dire votre opinion, c’est de savoir s’il convient de l’achever, ou s’il vaut mieux le remplacer par un vaisseau de 74 ou par une très bonne frégate du modèle français.
Le Van-der-Werfy de 50 canons, qui est à Rotterdam, est aux 8 vingt-quatrièmes. Faites-moi connaître si c’est une frégate ou un vaisseau, et s’il convient de l’achever.
La Meuse et l’Yssel, sur les chantiers d’Amsterdam, sont aux . . . vingt-quatrièmes. Je pense que ce sont de nouvelles frégates françaises, qu’il convient alors d’achever.
Faites-moi connaître ce qu’il convient de faire des frégates la Reine et la Kenau-Hasselaer. Convient-il de les armer ?
Quels sont les constructions et les armements que vous comptez faire en 1811 dans les deux arsenaux d’Amsterdam et de Rotterdam ? Vous pouvez décider cela aujourd’hui, puisque j’ai réglé le budget de la Hollande à 14 millions.
Paris, 30 janvier 1811
Au capitaine de vaisseau Rolland, commandant la division navale à l’île d’Aix
Monsieur le Capitaine de nos vaisseaux Rolland, notre intention est que notre frégate l’Hortense, capitaine Halgan, soit armée au grand complet, équipée de 225 marins, officiers compris, et 200 hommes de troupes passagères, et approvisionnée de cent cinquante jours de vivres et eau pour les 425 hommes qu’elle doit recevoir à bord.
Dans les huit jours qui suivront la réception du présent ordre, cette frégate, ainsi chargée, doit être prête à partir et n’avoir plus aucune communication avec la terre; et aussitôt que la circonstance vous paraîtra favorable, vous lui donnerez l’ordre d’appareiller pour suivre la mission particulière que nous lui prescrivons par une lettre que nous écrivons au capitaine Halgan et que vous lui remettrez.
Quant au vaisseau le Régulas et aux frégates la Pallas et l’Elbe, notre intention est que ces trois bâtiments soient armés et équipés selon les règlements, et que vous preniez sous vos ordres des canonnières , péniches et autres bâtiments légers, pour exercer les équipages et protéger le cabotage, de sorte que, si la présence de l’ennemi vous empêchait d’appareiller, vous fassiez séjour dans la rade de l’île d’Aix, et que vous rendiez ce séjour de votre division utile, en remplissant le double but de protéger le cabotage et de former vos équipages.
Toutefois notre intention est que, huit jours après la réception de notre présente lettre, vous soyez prêt à partir et à profiter de toutes les circonstances, s’il s’en présentait de favorables, pour prendre le large et aborder dans quelqu’un de nos ports de l’Océan, tels que Brest et Lorient, ou même gagner un de nos ports de la Méditerranée, si des événements imprévus vous faisaient juger ce parti convenable.
Nous vous laissons le maître de rester en croisière pendant le temps que vous croirez pouvoir le faire avec succès.
Nous comptons que vous justifierez, par votre activité, votre zèle et votre habileté, la confiance que nous avons placée en vous.
Paris, 30 janvier 1811
Au capitaine de vaisseau Halgan, commandant la frégate l’Hortense, à l’île d’Aix.
Monsieur Halgan, capitaine de nos vaisseaux, ayant résolu d’envoyer dans nos établissements à l’est de l’Ile de France notre frégate l’Hortense, dont le commandement vous est confié, nous vous avons fait connaître par notre ministre de la marine comment nous entendions que fût disposé l’armement de cette frégate, l’organisation de son équipage, la quantité des troupes passagères qu’elle doit recevoir à bord, de manière que ces troupes et l’équipage s’élèvent à 425 hommes, et que la frégate soit approvisionnée de 150 à 155 jours de vivres et d’eau pour ce nombre d’hommes.
Nous vous avons fait connaître aussi la quantité de métaux, fusils, pierres à fusil que nous avons ordonné être embarqués sur notre susdite frégate.
Aujourd’hui nous vous faisons savoir que notre intention est que vous vous rendiez sur notre île de Java, dans les mers orientales, où, arrivé, vous remettrez à la disposition de notre gouverneur général dans cette colonie les troupes passagères qui sont à votre bord au nombre de 200 hommes, les fusils, métaux et autres objets que vous avez pris en chargement. Vous prendrez ses ordres pour votre réarmement et votre destination ultérieure.
Vous prendrez ou détruirez tous les bâtiments ennemis que vous pourrez atteindre dans votre traversée, sans vous écarter de votre route, en observant que la proportion de votre eau et de vos vivres avec la longueur de cette traversée vous impose l’obligation de vous porter aussi directement que possible sur notre île de Java, comme aussi d’augmenter votre approvisionnement de campagne de celui de toutes les prises que vous pourrez faire ou de toutes autres ressources qui vous seront offertes.
Vous éviterez toute relâche qui ne serait pas indispensable.
Notre ministre de la marine est chargé de vous transmettre des instructions de détail relatives à votre mission. Nous comptons que vous ne négligerez rien pour la bien remplir, ainsi que celles qui vous seront ultérieurement confiées, par le gouverneur général de nos établissements dans les mers d’Asie. Nous nous reposons à cet égard sur votre courage et votre zèle pour notre service.
[2]Cette mission a été ajournée par dépêche du ministre de la marine en date du 2 mars 1811; et, le 11 du même mois, le capitaine de vaisseau Halgan a été invité à renvoyer toutes les … Continue reading)
Palais des Tuileries, 30 janvier 1811
Au capitaine de vaisseau Jurien, commandant le vaisseau l’Eylau, à Lorient.
Monsieur le Capitaine de nos vaisseaux Jurien, nous vous faisons savoir que notre intention est que vous appareilliez de notre rade de Lorient sur notre vaisseau de guerre l’Eylau, dont nous vous avons donné le commandement, pour vous rendre dans notre rade de Brest, où nous voulons réunir une escadre dont ledit vaisseau fera partie.
Vous devrez donc mettre sous voile aussitôt que les circonstances vous paraîtront favorables, et nous vous laissons toute liberté sur la route que vous aurez à suivre, vous autorisant à prendre le large, en tant que vous le jugerez convenable, pour choisir les temps, les vents et les parages qui pourront favoriser votre atterrage; à l’effet de quoi vous devez être approvisionné de cinq mois de vivres et de quatre mois d’eau, en partant de Lorient.
Paris, 31 janvier 1811
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, présentez-moi le projet de décret relatif à la répartition des 3,000 matelots hollandais. Les amiraux Dewinter et Ver Huell peuvent faire ce travail mieux qu’on ne le ferait à Amsterdam. Je désire que vous me le présentiez demain au conseil.
Voici le canevas de ce décret. 1° L’inscription maritime est établie en Hollande. 2° Un appel de 3,000 marins est fait sur ladite inscription. 3° Moyennant rappel de ces 3,000 hommes, tous les autres hommes inscrits ne pourront être contraints à aller à bord des vaisseaux et seront dégagés de toute contrainte en conséquence de l’inscription maritime. 4° Toutes les fois que ces hommes ne seront pas fournis, l’embargo sera mis sur les bâtiments du port. 5° Les hommes devront être âgés de moins de cinquante ans et de plus de vingt-quatre. 6° Les préfets feront connaître sans délai aux sous-préfets le nombre de marins que leur arrondissement doit fournir; ceux-ci le communiqueront aux maires, et le conseil municipal procédera à l’appel des individus. Le commis à l’inscription maritime tiendra les matricules. 7° En cas de mort ou de désertion, la commune devra pourvoir au remplacement. 8° La contrainte sera établie, s’il y a lieu, par la voie des garnisaires.
Il faut joindre à ce décret un tableau de répartition par département et par port. Déterminez l’endroit où l’on enverra les marins, savoir : à Rotterdam sur les deux vaisseaux, et au Texel sur les trois vaisseaux qui sont en rade. On pourrait recevoir les 3,000 hommes sur ces cinq vaisseaux seuls, s’il était nécessaire. Il faudrait adopter un pareil décret pour les îles de la Zeeland et les départements des Bouches de l’Escaut et du Rhin. Ces départements peuvent, je crois, fournir 500 matelots; on procéderait de la même manière : les hommes seraient envoyés à Anvers.
Paris, 31 janvier 1811
Au général Savary, duc de Rovigo, ministre de la police générale, à Paris
Qu’est-ce que c’est que ces Filles de Saint-Thomas ? Dans quel quartier sont-elles ? Ont-elles des lettres patentes ? Font-elles profession ? Enfin il se fait à Paris beaucoup de choses contraires aux lois de l’État. Partout on rétablit des couvents de religieuses. Faites-moi on rapport sur cet objet, et prenez des renseignements exacts.
Paris, 31 janvier 1811
DÉCISION
M. Gaudin, ministre des finances, soumet à l’Empereur un arrêté du préfet de Gênes interdisant aux confréries de disposer de leurs biens, meubles et immeubles. | Renvoyé au ministre des finances, qui proposera un projet de décret pour confisquer tous les biens de ces confréries et en disposer. Il me semble qu’une disposition toute naturelle à en faire serait de les donner aux hôpitaux. Napoléon. |
References[+]
↑1 | Même lettre au prince Borghèse et à la grande-duchesse de Toscane |
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↑2 | Cette mission a été ajournée par dépêche du ministre de la marine en date du 2 mars 1811; et, le 11 du même mois, le capitaine de vaisseau Halgan a été invité à renvoyer toutes les instructions qu’il avait reçues. (Note de la copie. |