Correspondance de Napoléon – Février 1813
Février 1813
Paris, 2 février 1813.
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Donnez l’ordre à l’amiral Baste de se rendre dans la Poméranie suédoise, où il sera, sous les ordres du général Morand (Joseph), chargé du commandement de la flottille, et de prendre toutes les mesures pour la défense de l’île de Rügen et des côtes. Il visitera aussi les embouchures de l’Oder, afin de pouvoir, selon les circonstances, donner les ordres convenables.
Paris, 3 février 1813.
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Vilna
Monsieur le Duc de Bassano, le vice-roi m’écrit, en date du 27 janvier, que le général Bülow n’a que 300 hommes de cavalerie, et qu’ainsi la Prusse, au lieu de concourir avec nous à défendre son territoire et à réparer la trahison du général York, ne fait rien. Il y a 2,000 hommes de cavalerie qui s’enferment dans les places de la Silésie, comme s’ils avaient peur de nous, au lieu de nous aider et de couvrir leur pays.
Paris, 3 février 1813.
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Je réponds à votre lettre du 3 février. Je vois qu’il y a aux dépôts de l’intérieur 13,260 hommes; que je leur ai accordé sur la conscription des quatre classes 13,700 hommes, et qu’ainsi vous demandez 18,758 hommes pour les porter au complet de 500 hommes par dépôt. Ce nombre est trop considérable. Je vois que vous n’avez pas compris dans les 13,000 hommes existant aux dépôts les ouvriers, etc., qui s’y trouvent; cela fera une augmentation de 4,000 hommes environ, et il n’y aurait plus que 14,000 hommes nécessaires.
Mon intention est que, sur 500 hommes, 250 hommes montés partent ensemble pour la Grande Armée, et que 150 hommes à pied, bien équipés, partent également ensemble pour l’Allemagne, où ils recevront des chevaux; ce qui fait, pour les quatre-vingt-huit dépôts, 35,200 hommes; et enfin il restera dans chaque dépôt une centaine d’hommes, dans lesquels je comprends les ouvriers, les hommes à réformer, etc., et 25 ou 30 hommes qui pourront y être pris, pour monter les chevaux provenant des dons volontaires et qui seraient donnés sans cavaliers.
Mon intention est de compléter tous les cadres de mes régiments de cavalerie, par la conscription de 1814, à 1,250 hommes par régiment. Faites un aperçu sur ces bases de ce qu’il manquerait pour les mettre sur ce pied. A la fin de mars, où je compte appeler la conscription de 1814, on aura des renseignements plus précis; mais cet aperçu sera bon à avoir dès ce moment, pour fixer nos idées.
Enfin il faudra également calculer le nombre de chevaux nécessaire; par exemple : le 1er régiment de carabiniers a 700 hommes; voulant le porter à 1,250, il faudra lui donner 550 hommes sur la conscription de 1814; il faudra également lui fournir 550 chevaux et 550 selles dans le courant des mots de juin, juillet, août et septembre. Si cela conduisait à des résultats trop considérables, on pourrait le modifier.
Le nombre des cadres sur lesquels j’opère est de seize régiments de cuirassiers ou de carabiniers, vingt-quatre de dragons, huit de chevau-légers, vingt-huit de chasseurs et douze de hussards; total, quatre-vingt-huit régiments; à quoi il faut ajouter le 13e et le 14e de hussards dont je viens d’ordonner la formation. Ces quatre-vingt-huit régiments, à 1,250 hommes par régiment, font 110,000 chevaux, desquels il faut retrancher les 12,000 qui sont en Espagne; il reste donc 98,000 chevaux. Nous en avons actuellement, en calculant à 20,000 les dons volontaires, 63,000; ce serait donc 35,000 chevaux à se procurer à la fin de 1813 et dans tout l’hiver jusqu’au mois d’avril 1811. Si cela était trop considérable pour la conscription de 1814, on prendrait ce qui manquerait sur celle de 1815, que je suppose être levée au mois de février 1814.
Paris, 4 février 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, il restera dans les dépôts après la formation des corps d’observation 88,000 hommes ; en ôtant 28,000 pour les dépôts, il restera 60,000 hommes que je désire utiliser. Ce nombre doit être considérablement diminué par les différentes dispositions que j’ai prises aujourd’hui, telles que l’envoi de 500 hommes pour chacun des vingt-huit régiments de la Grande Armée pour compléter les 1er et 2e bataillons, en se servant d’un cadre des trois compagnies des 6e bataillons; cela doit diminuer de 14,000 hommes. L’envoi de ce qui est nécessaire pour la division d’Erfurt des 123e, 124e, 127e, 128e et 129e, formera une diminution de 4,000 hommes. La formation des six bataillons de la 12e division fera une diminution de 5,000 hommes; la formation des six bataillons des divisions de réserve doit faire une diminution de 5,000 hommes. Il restera encore une trentaine de mille hommes disponibles, mais il faut aussi ôter les dispositions qui seront relatives aux 35e, 36e légers, 131e 132e et 133e de ligne; ce doit être encore un objet de 5,000 hommes. Il ne restera donc plus que 25,000 hommes. Les corps qui fournissent à Bayonne et quelques-uns qui sont en Italie, et ne sont pas susceptibles d’être dérangés, doivent aussi atténuer ce nombre.
Paris, 4 février 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
J’ai lu avec attention votre rapport du 4 février relatif au train. Je vous ai écrit hier pour cet objet.
Je désire que vous me présentiez un décret général pour tout le train de France.
Il faut supprimer la dénomination de bit et faire des régiments de deux bataillons, de quatre compagnies par bataillon et une 9e compagnie de dépôt; renforcer les cadres en officiers.
Le 2e bataillon principal, le 4e principal, le 11e principal, le 14e principal et le 1er bis, ayant à eux cinq dix-huit compagnies en Allemagne, seront incorporés, ainsi que le 3e, le 8e le 9e, le 11e et le 13e bis; cela fera la suppression de quarante-huit compagnies, et ces quarante-huit compagnies seront incorporées dans le 1er, le 6e le 8e et le 9e principal. Ces quatre régiments seront organisés à la Grande Armée à neuf compagnies, ce qui fera trente-six compagnies. La 9e compagnie des 1er, 6e, 8e et 9e formant le dépôt de ces régiments, se rendra en France. On compléterait en officiers et sous-officiers les cadres qui resteraient à l’armée, et les officiers et sous-officiers d’excédant seraient renvoyés au dépôt à Mayence. Les trente-deux compagnies ainsi réorganisées et restant à l’armée feraient 4,480 hommes à 140 hommes par compagnie, et 8,000 chevaux à 250 par compagnie; c’est tout ce qu’il faut en Allemagne. Tout ce que le 7e bis a de disponible se rendrait à Augsburg pour y être incorpore dans le 7e. On enverrait des cadres de l’armée d’Espagne pour former à Vérone un régiment de neuf compagnies sous le n° 9. Tout ce que le 1er principal aurait de disponible se rendrait à La Fère.
Il resterait en France quatorze compagnies des bataillons supprimés et une du 11e principal; ce qui ferait quinze.
Il y aurait, indépendamment de ce, quatorze compagnies qui appartiennent aux bataillons d’Espagne, ce qui fait, d’une part, quinze compagnies disponibles, et, de l’autre, quatorze; total, vingt-neuf compagnies ; plus sept compagnies du 7e, ce qui fera trente-six. On en formerait quatre régiments sous les n° 16, 17, 18 et 19; chaque régiment de huit compagnies et une compagnie au dépôt.
On organiserait également les bataillons qui sont en Espagne.
Nous aurons donc quatre régiments à la Grande Armée, et en France leurs quatre 9e compagnies, plus le 15e, le 16e, le 17e, le 18e et le 19e régiment.
D’après votre rapport, il paraîtrait qu’il y aurait à prendre 2,000 hommes de la conscription des quatre années, qu’on donnerait aux quatre compagnies de dépôt des quatre bataillons conservés à la Grande Armée, afin de les habiller et équiper sans délai et de les mettre à même d’aller promptement compléter leurs corps. Restent 3,000 hommes qui paraîtraient manquer.
Ce qu’il y a de plus pressant, c’est que vous preniez d’abord 1,600 hommes sur les 10,000 hommes que j’ai mis hier à votre disposition. Prenez-en davantage, si vous en avez besoin, et rédigez-moi une bonne organisation du train, composé de régiments à deux bataillons, chaque bataillon de quatre compagnies et le régiment n’ayant qu’un seul dépôt.
Nous avons aujourd’hui vingt-sept bataillons, je crois, à quatre et à six compagnies. Il serait donc possible de diminuer de près de moitié le nombre des administrations et de n’avoir qu’une quinzaine de régiments. C’est une économie notable et une grande simplification d’ordre que de diminuer le nombre des dépôts.
Paris, 4 février 1813.
Au général comte Bertrand, commandant le corps d’observation d’Italie, à Vérone
Monsieur le Comte Bertrand, vous aurez reçu vos ordres pour le corps d’observation d’Italie. Toutes vos dispositions doivent être faites. II est nécessaire que tout soit réuni à Bassano, Vicence, Vérone et Brescia au 1er mars. Ces divisions devant entrer dans le Tyrol, elles pourront passer par Bassano, Vérone et Brescia pour se rendre à Trente. La division italienne se réunira à Brescia.
Paris, 4 février 1813.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.
Écrivez au général Morand, commandant dans la Poméranie suédoise, qu’il ait à mettre en règle les ouvrages qui défendent l’Ile de Rügen et la Poméranie. Faites-lui connaître qu’un corps de 15 ou 20,000 hommes arrivera au mois d’avril pour la défense du pays; qu’il est donc convenable que les approvisionnements soient faits, que tout soit en état, et qu’il n’attende pas le dernier moment pour armer ses ouvrages.
Paris, 4 février 1813.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.
Mon Fils, les places de Glogau, Stettin, Küstrin, Spandau et Magdebourg ont besoin d’une grande quantité de bois, soit pour blockhaus ou blindages. Mon intention est que vous donniez des ordres sur-le-champ pour que tous les bois qui seraient dans ces villes soient requis, et que tous les trains de bois qui seraient à huit lieues aux environs sur les rivières, appartenant soit au roi de Prusse, soit à des particuliers, soient requis et transportés dans la ville. Si cela n’est pas suffisant, des coupes doivent être entreprises dans tous les bois le plus à proximité de la ville, soit propriétés particulières, soit propriétés royales ; enfin qu’on ne néglige rien et qu’on se procure tout ce qui est nécessaire. Vous donnerez les mêmes ordres pour l’approvisionnement de bois. J’entends que cela ne coûte rien ; qu’on prenne dans les forêts, soit particulières, soit royales, et dans les promenades; qu’on établisse ainsi une grande quantité de gabions, de saucissons et de piquets.
Comme j’ai ordonné qu’il y eût beaucoup d’artillerie dans ces places, ainsi que des officiers du génie, ils doivent s’occuper sans délai de ce qui est nécessaire. Ordonnez que le comité de défense, présidé par le gouverneur et composé d’officiers du génie et d’artillerie et de commissaires des guerres, fasse toutes les réquisitions et prenne toutes les mesures nécessaires sur-le-champ et sans attendre votre approbation; ils vous enverront cependant toutes leurs délibérations. Enfin toutes les places doivent être approvisionnées pour un an pour les garnisons qu’elles doivent avoir. Vous leur donnerez des instructions pour qu’en cas d’investissement tous les bestiaux et les fourrages qui seraient à leur convenance, à huit ou dix lieues de la place, soient renfermés dans la ville.
Il faut palissader le plus promptement possible Ce qui doit être palissade, et blinder ce qui doit être blindé. Le commissaire des guerres sera de même chargé de demander chez les habitants et de transporter dans les magasins, avec de bons reçus, les objets de médicaments et de fournitures, et tout ce qui peut servir à faire des sacs à terre, des cartouches et des gargousses.
Vous savez que la plus importante de ces places est Küstrin. Vous ferez connaître aux gouverneurs que je n’accepterai aucune excuse, et que si, avec de bons reçus, ils ne se procurent pas dans leurs commandements tout ce qui leur est nécessaire, je les en rendrai responsables, et les regarderai comme coupables de ne l’avoir pas fait.
Paris, 5 février 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, je réponds à votre lettre du 1er février (bureau de l’artillerie).
L’état n° 1 contient les équipages du 11e corps, ou avant garde, portés à 76 bouches à feu, ceux de la cavalerie d’avant-garde, portés à 24, et ceux de la cavalerie des 1er, 2e et 4e corps, formant, avec ce qui précède, 222 bouches à feu et 1,472 voitures. Cet état me paraît bien, mais il faut que vous y compreniez l’artillerie italienne. Ainsi vous ne portez l’existence du 11e corps qu’à 76 bouches à feu : cela me parait bien peu ; comprenez-vous là-dedans la batterie italienne qui faisait partie de la 35e division ? Alors le manquant, au lieu d’être 54, serait moindre.
Je vois qu’il faut pour l’avant-garde, ou 11e corps, 3,000 chevaux (c’est là le plus pressant à fournir), et que pour l’avant-garde du 1er, du 2e et du 4e corps il faut 7,400 chevaux; c’est à peu près ce que nous pouvons tirer d’Allemagne.
La formation de l’équipage d’avant-garde, ou du 11e corps, fort de 100 bouches à feu et de 640 voitures, est tout ce qu’il y a de plus pressé; après cela, la formation de la moitié de l’artillerie et de l’équipage du 1er corps, du 2e et du 4e, formant 16 pièces à pied et une batterie à cheval, c’est-à-dire 22 bouches à feu pour le 1er corps, 22 bouches pour le 2e 22 bouches à feu pour le 4e; ensuite la formation de l’artillerie du corps d’observation de l’Elbe; après celle-ci, la formation de la 2e partie de l’artillerie du ler, du 2e et du 4e corps, la formation de l’artillerie du 1e corps d’observation du Rhin, et puis celle du 2e corps. Je ne parle pas du corps d’observation d’Italie, qui forme un système à part.
Paris, 5 février 1813.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.
Mon Fils, je reçois votre lettre du 30 janvier. Je vois, dans l’état de l’artillerie de campagne, que vous avez 92 pièces ; mais j’y vois une division Girard portée pour 12 pièces : je ne sais pas ce que c’est que cette division. Il serait donc bien convenable que vous m’envoyassiez la situation de tous les corps que vous avez sous la main, afin de me tenir au courant.
J’approuve fort le parti que vous avez pris pour les envois à Erfurt.
Vous verrez dans la copie ci-jointe ce que je viens d’ordonner au ministre de la guerre.
Paris, 5 février 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, je n’approuve pas la formation des cinquante demi-brigades provisoires, formant cent cinquante bataillons, pour la garde de l’intérieur; voici de quelle manière ce travail doit être fait.
3e DIVISION MILITAIRE.
Je vous ai fait connaître mes intentions pour la 32e division militaire, et j’ai organisé une division de douze bataillons, qu’il faut porter à quinze, et à dix-huit s’il est possible, en les faisant fournir soit par les cadres des 30e, 31e et 32e divisions de la Grande Armée qui reviennent, soit par les 5e bataillons, en ne tirant que trois compagnies de chaque 5e bataillon. Ces dix-huit bataillons formeront trois brigades, dont une de six bataillons sera placée à Hambourg; une autre de même force à Bremen, et la troisième à Osnabrück ou Lubeck, selon les circonstances.
FRONTIÈRES DU RHIN ET DE L’OCÉAN.
La défense de la France, depuis les 31e et 17e divisions militaires jusqu’à Besançon et jusqu’à Bordeaux, aura lieu de deux manières : par la formation de bataillons de garnison, composés de compagnies tirées des 5e bataillons et qui tiendront garnison dans nos places fortes, et par la formation de demi-brigades provisoires.
Les demi-brigades seront d’abord au nombre de vingt-quatre pour cette partie de la frontière qui s’étend depuis la 31e division jusqu’à la 11e.
Chaque demi-brigade sera composée de trois bataillons entiers, sans qu’il puisse y entrer, sous quelque prétexte que ce soit, une fraction de 5e bataillon. Ces vingt-quatre demi-brigades seront formées ainsi qu’il suit :
La 1e demi-brigade, des 6e bataillons des 7e, 13e et 15e régiments d’infanterie légère; la 2e demi-brigade, des 6e bataillons des 33e, 26e et 24e légers; la 3e demi-brigade, des 4e bataillons des 11e, 10e légers et du 21e, qui vient d’Espagne; la 4e demi-brigade, des bataillons des 9e, 27e et 28e légers, qui viennent d’Espagne; la 5e demi-brigade, des 6e bataillons du 12e, qui vient d’Espagne, des 5e et 29e légers; la 6e demi-brigade, des 6e bataillons des 12e, 21e et 17e de ligne; la 7e demi-brigade, des 6e bataillons des 25e, 30e et 33e; la 8e demi-brigade, des 6e bataillons des 48e, 57e et 108e; la 9e demi-brigade, des 6e bataillons des 85e, 61e et 111e; la 10e demi-brigade, des 6e bataillons des 2e, 19e et 37e; la 11e demi-brigade, des 6e bataillons des 56e, 72e et 46e; la 12e demi-brigade, des 6e bataillons des 4e, 18e et 93e; la 13e demi-brigade, des bataillons des 3e, 105e et 29e, qui reviennent de la Grande Armée; la 14e demi-brigade, des bataillons des 124e, 127e et 128e qui reviennent d’Erfurt; la 15e demi-brigade, des bataillons des 129e, 131e et 132e; la 16e demi-brigade, des bataillons des 133e, 29e et 40e; la 17e demi-brigade, des bataillons des 63e, 65e et 43e, qui reviennent d’Espagne; la 18e demi-brigade, des bataillons des 34e, 69e et 67e; la 19e demi-brigade, des bataillons des 100e, 103e et 123e; la 20e demi-brigade, des bataillons des 8e, 45e et 54e; la 21e demi-brigade, des bataillons des 94e, 95e et 21e; la 22e demi-brigade, des bataillons des 32e, 58e et 64e; la 23e demi-brigade, des bataillons des 47e, 70e et 86e; la 24e demi-brigade, des bataillons des 15e, 121e et 122e, venant d’Espagne.
Ces vingt-quatre demi-brigades formeront six divisions; chaque division, quatre demi-brigades ou douze bataillons, savoir :
La le division, à Mayence, composée des 1e, 10e, 11e et 12e demi-brigades;
La 2e division, à Wesel, composée des 3e, 6e, 7e et 9e demi-brigades ;
La 3e division, à Anvers, composée des 2e, 8e, 17e et 21e demi-brigades ;
La 4e division, à Utrecht, composée des 4e, 13e, 19e et 20e demi-brigades ;
La 5e division, à Cherbourg, composée des 5e, 14e 18e et 22e demi-brigades ;
La 6e division, à Rennes, composée des 23e, 24e, 15e et 16e demi-brigades.
Les bataillons de garnison seront au nombre de quarante-cinq ; ils seront tirés des 5e bataillons, qui fourniront chacun trois compagnies :
A Huningue, un bataillon ou 840 hommes; à Strasbourg, deux bataillons, 1,680 hommes; à Mayence, deux bataillons, 1,680; à Wesel, deux bataillons, 1,680; à Anvers, deux bataillons, 1,680; à Berg-op-Zoom, Willemstad et Goeree, deux bataillons, 1,680; à Flessingue, deux bataillons, 1,680; à Coeverden et Delfzyl, deux bataillons, 1,680; à Hellevoetsluis et à Brielle, deux bataillons, 1,680; à Ostende et Nieuport, deux bataillons, 1,680; à Gravelines et Dunkerque, deux bataillons, 1,680; à Calais, deux bataillons, 1,680; à Boulogne et Montreuil, deux bataillons, 1,680; à Abbeville, un bataillon, 840; au Havre, un bataillon, 840; à Cherbourg, deux bataillons, 1,680; à Saint-Malo, deux bataillons, 1,680; à Brest, deux bataillons, 1,680; à Lorient, deux bataillons, 1,680; à Belle-Île, deux bataillons, 1680; à Nantes, deux bataillons, 1,680; à la Rochelle, à l’Ile de Ré et à l’Ile d’Yeu, deux bataillons, 1,680; à l’île d’Aix, à l’Ile d’Oléron et à Rochefort, deux bataillons, 1,680 ; aux côtes de Bordeaux, 2 bataillons ou 1,680 hommes : total, quarante-cinq bataillons de garnison et 37,800 hommes.
Vous ferez faire le projet de formation de ces bataillons. Vous aurez soin de faire fournir les compagnies qui doivent les composer, autant que possible, par les dépôts qui sont dans la place. Il faut du moins les composer, autant que faire se pourra, sans sortir de la division militaire.
Les compagnies d’artillerie qui restent en France seront réparties de manière que chaque place forte en ait suffisamment pour remuer quelques pièces, et que, si une place se trouvait menacée, on puisse trouver, à cinq ou six jours de marche, tout ce qu’il serait nécessaire d’y renfermer.
En général, j’ai mis dans les mêmes demi-brigades les corps de la Grande Armée. J’ai éloigné les 123e, 124e, 125e, 128e, 129e régiments des côtes de la Hollande et de l’Allemagne, en les jetant du côté de Cherbourg et de Rennes.
Les bureaux qui vérifieront ce travail verront ce qu’il y a à faire pour le perfectionner. En ayant égard aux considérations ci-dessus, mon intention est de placer les régiments de manière qu’on les éloigne le moins possible de leurs dépôts.
Ainsi, pour cette partie de la France, il y aura vingt-quatre demi-brigades, formant soixante et douze bataillons, quarante-cinq bataillons de garnison et trois de pupilles ou cent vingt bataillons. Cette force est plus qu’il n’est nécessaire ; mais la formation des bataillons de garnison aura l’avantage de rendre disponibles les vingt-quatre demi-brigades provisoires, qui pourraient se porter en Hollande, à Hambourg, ou sur les derrières de l’armée en Allemagne, si les circonstances l’exigeaient dans le courant de Tannée.
FRONTIÈRE DES PYRÉNÉES.
Le corps d’observation de Bayonne doit être l’objet d’un travail à part. Le 31e léger, le 34e, le 115e, le 116e, le 117e, le 118e, le 119e et le 114e sont spécialement destinés à former ce corps.
TOULON.
II sera formé, pour la défense de Toulon, trois demi-brigades provisoires, sous les numéros 25, 26 et 27; elles seront composées ainsi qu’il suit : 25e demi-brigade, les bataillons des 1e, 16e et 62e de ligne; 26e demi-brigade, les bataillons des 5e, 11e et 60e de ligne; 27e demi-brigade, les bataillons des 79e, 81e de ligne et le bataillon du 32e léger. Il sera de plus formé, pour la garnison de Toulon, quatre bataillons de garnison ; deux pour Marseille, deux pour Antibes, deux pour Cette ; total, dix bataillons de garnison ; on les prendra dans les 7e, 8e et 9e divisions militaires.
PIÉMONT. — 27e ET 28e DIVISIONS.
Il sera formé, pour la défense du Piémont, d’Alexandrie et de Gènes, une division composée de trois demi-brigades, qu’on organisera sous les nos 28, 29 et 30, savoir : 28e demi-brigade, les bataillons des 7e, 52e et 67e; 29e demi-brigade, les bataillons des 101e, 20e et 42e qui viennent d’Espagne; 30e demi-brigade, les 6e bataillons du 42e et du 102e et le bataillon du 102e qui vient d’Espagne.
Il sera formé, de plus, deux bataillons de garnison pour Gênes, deux pour Alexandrie, un pour Turin, un pour la Spezia; total, six bataillons de garnison à tirer de douze régiments.
ITALIE.
Il sera formé, pour l’Italie, quatre demi-brigades, ainsi qu’il suit : 31e demi-brigade, les 6e bataillons du 9e du 35e et du 53e. 32e demi-brigade, les 6e bataillons du 54e du 92e et du 106e; 33e demi-brigade, les 6e bataillons du 112e, du 13e de ligne et le bataillon du 8e léger qui revient d’Espagne; 34e demi-brigade, les 6e bataillons du 8e léger, du 18e et du 36e.
Il sera formé, en outre, six bataillons de garnison : deux pour Palmanova, deux pour Venise, un pour Ancône, un pour Livourne; total, six.
Ces troupes seront mêlées avec vingt-quatre bataillons italiens, de manière à former deux belles divisions, qui pourront surveiller, l’une les provinces illyriennes, Venise et le Tyrol; l’autre, Ancône, la Toscane et Rome.
Cette organisation sera l’objet d’un travail particulier.
RÉCAPITULATION.
1° Frontières du Rhin et côtes de l’Océan : 24 demi-brigades et 45 bataillons de garnison ; ensemble, 117 bataillons;
2° Côtes de Toulon : 3 demi-brigades et 10 bataillons de garnison ; ensemble, 19 bataillons;
3° 27e et 28e divisions : 3 demi-brigades et 6 bataillons de garnison; ensemble, 15 bataillons;
4° Italie : 4 demi-brigades et 6 bataillons ; ensemble, 18 bataillons.
Total, 34 demi-brigades et 67 bataillons de garnison; ensemble, 169 bataillons.
Cette lettre ne doit être considérée que comme une instruction, et vous devez me proposer mieux, si vous en trouvez les moyens.
Je pense que les bataillons de garnison doivent être multipliés autant qu’on le pourra, sans trop éloigner les troupes de leurs dépôts. L’avantage que j’y trouve est que les divisions composées de demi-brigades puissent devenir actives et se porter partout où il serait nécessaire, puisque la sûreté des places se trouvera confiée à des troupes à part.
Toutes ces dispositions doivent faire la valeur de 140,000 hommes.
Paris, 6 février 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, la cavalerie de la Grande Armée sera divisée provisoirement en deux corps, le 1er et le 2e.
Le 1er corps sera commandé par le général Latour-Maubourg. Ce corps sera composé de deux divisions de cavalerie légère et de deux divisions de cuirassiers. Chaque division aura une batterie d’artillerie à cheval et sera divisée en deux brigades. Deux généraux de brigade seront donc attachés à chaque division.
La 1e division de cavalerie légère sera commandée par le général Bruyère, l’autre par le général Chastel. Ces deux divisions comprendront tous les régiments qui faisaient partie de la le division de cavalerie légère, tous ceux de la 3e division de cavalerie légère qui était attachée au 3e corps de cavalerie, enfin tous ceux des deux brigades de cavalerie légère qui étaient attachées au 1er corps d’armée et des deux brigades attachées au 4e corps d’armée, ainsi que les 1er, 3e et 5e régiments de chevau-légers.
Ainsi la 1e division de cavalerie légère, commandée par le comte Bruyère, sera composée des 3e et 4e brigades et des 1er, 3e, 5e et 8e régiments de chevau-légers; total, huit régiments.
La 3e division de cavalerie légère, commandée par le général Chastel, sera composée des 10e, 11e, 12e et 13e brigades, et des 1er, 2e et 3e régiments de chasseurs; total, onze régiments.
La 1e division de cuirassiers sera commandée par le général Bordesoulle, et composée des 2e, 3e, 6e, 9e, 11e et 12e régiments de cuirassiers ; total, six régiments, qui formeront deux brigades.
La 3e division de cuirassiers sera commandée par le général Doumerc, et composée des 4e, 7e et 14e de cuirassiers; 7e 23e, 28e et 30e régiments de dragons; total, sept régiments, qui formeront deux brigades.
Le 1er corps de cavalerie aura donc deux divisions de cavalerie légère et deux divisions de cuirassiers, ou dix-neuf régiments de cavalerie légère, neuf de cuirassiers et quatre de dragons ; en tout, trente-deux régiments.
Le général Latour-Maubourg prendra le commandement des quatre divisions ci-dessus. Il y aura un général d’artillerie pour commander l’artillerie de ce corps. Tons les détachements qui doivent faire partie de ces quatre divisions se réuniront à Posen ou à Francfort-sur-l’Oder, selon que le vice-roi le désignera ; de manière que chaque régiment ait une compagnie de 100 hommes présents, montés, bien équipés et bien armés; ce qui portera sur-le-champ ce corps à 3,200 hommes. Le général Latour-Maubourg nommera un général de brigade pour faire les fonctions d’inspecteur, afin de parcourir les dépôts de ces différents régiments et, à mesure qu’on le pourra, faire partir une seconde compagnie afin de former un escadron; ce qui portera ce corps à 6,400 hommes, ce qui est l’évaluation de ce qu’il doit y avoir à la Grande Armée, appartenant à ces régiments.
Le 2e corps de cavalerie se réunira à Magdeburg et sur l’Elbe. II sera commandé par le général Sébastiani, qui prendra les ordres du général Lauriston. Il sera composé de deux divisions de cavalerie légère et d’une division de cuirassiers, savoir : la 2e division de cavalerie légère, commandée par le général Pajol et composée des 7e et 8e brigades de cavalerie légère, du 2e et du 4e régiment de chevau-légers ; total, six régiments ; la 4e division de cavalerie légère, commandée par le général Exelmans et composée du 6e lanciers et des 4e, 7e, 20e, 23e, 24e de chasseurs et 11e de hussards; total, sept régiments.
Chacune de ces divisions sera formée en deux brigades et aura deux généraux de brigade.
La 2e division de cuirassiers, commandée par le comte Wattier, sera composée des 1er, 5e, 8e et 10e régiments de cuirassiers et des 1er et 2e de carabiniers; total, six régiments.
Total des trois divisions du 2e corps, dix-neuf régiments.
La division Wattier sera également formée en deux brigades et aura deux généraux de brigade.
Chaque division de cavalerie légère aura une batterie d’artillerie à cheval; la 2e division de cuirassiers en aura deux; cela fera quatre batteries pour le 2e corps. Un général d’artillerie de la réserve sera attaché au commandement de l’artillerie de ce corps.
Le 2e corps se réunira à Magdeburg et sur l’Elbe. Le général Sébastiani désignera les généraux de brigade en prenant parmi ceux qui étaient employés dans les brigades qui font partie de ce nouveau corps. Tous les généraux et adjudants commandants qui ne seront pas compris dans l’organisation du 1er et du 2e corps se rendront sans délai à Mayence. Le général Sébastiani choisira également un général de brigade pour faire les fonctions d’inspecteur, afin de parcourir les dépôts des régiments et faire réunir sur l’Elbe, entre Magdeburg et Dessau, tous les hommes montés et équipés, pour avoir le plus tôt possible un escadron pour chaque régiment du 2e corps.
Recommandez au général Latour-Maubourg et au général Sébastiani de prendre toutes les mesures convenables, et de correspondre avec vous et le général Bourcier, pour la prompte organisation de leurs corps respectifs, qui, avec les secours de France, doivent se trouver au complet de 1,000 hommes par régiment.
Il sera formé en France deux corps qui se composeront, l’un, de tous les détachements appartenant au 1e corps de cavalerie; l’autre, de tous les détachements appartenant au 2e corps. Un général de division, revenant de l’armée, sera chargé du commandement du premier de ces deux corps. Il en sera de même pour le commandement du second.
Les détachements du 1er corps seront formés en quatre divisions et ceux du 2e en trois divisions, correspondant aux divisions du 1er et du 2e corps de cavalerie; chaque division sera commandée par un général de brigade.
Vous me rendrez compte de tous les détachements montés et équipés qui pourront partir des dépôts de France, du 15 février au 1er mars, pour se rendre à Mayence, où se réuniront ces deux corps, et de là sur l’Oder ou sur l’Elbe.
Vous chargerez deux généraux arrivés de l’armée à Mayence de parcourir les dépôts pour les passer en revue et activer l’organisation et le départ des différents détachements.
Il sera également formé en France un 3e corps, commandé aussi par un général de division. Ce corps sera composé de quatre divisions, formées de tous les escadrons que pourront fournir en France les dépôts des régiments qui sont en Espagne.
Les escadrons du duché de Berg qui sont à la Grande Armée, et qui seraient en état, se réuniront au régiment de la Garde qui est à Posen et que commande le major Lion.
La brigade de cavalerie légère et de dragons qui est à Danzig, sous les ordres du général Cavaignac, formera une brigade désignée sous le nom de brigade Cavaignac, formant garnison à Danzig.
Napoléon.
- S. Le 3e corps, formé en France, sera sous le titre d’Escadrons de l’armée d’Espagne. Il se réunira à Metz et sera composé de quatre divisions :
1e division. 1e brigade : deux escadrons du 5e de chasseurs, deux escadrons du 10e, deux du 13e, deux du 14e, de 500 hommes chacun : 2,000 hommes. 2e brigade : deux escadrons du 15e de chasseurs, deux du 21e, deux du 22e, deux du 26e, de 500 hommes chacun : 2,000 hommes. Soit, pour la 1e division 4,000 hommes.
2e division. 1e brigade : deux escadrons du 27e de chasseurs, deux du 28e, deux du 29e, deux du 31e, de 500 hommes chacun : 2,000 hommes. 2e brigade : deux escadrons du 1e de hussards, deux escadrons du 2e, deux du 3e, deux du 4e, deux du 9e, de 500 hommes chacun : 2,500 hommes. Soit, pour la 2e division, 4,500 hommes.
3e division. 1e brigade : deux escadrons du 2e de dragons, deux du 5e, deux du 12e, deux du 13e, deux du 14e : 2,500 hommes. 2e brigade (comprenant tout ce qui fait partie de la brigade Cavaignac à Danzig) : deux escadrons du 17e de dragons, deux du 19e, deux du 20e, deux du 4e deux du 6e de 500 hommes chacun : 2,500 hommes. Soit, pour la 3e division, 5,000 hommes.
4e division. 1e brigade : deux escadrons du 116 de dragons, deux du 15e, deux du 16e deux du 18e, deux du 21e de 500 hommes chacun : 2,500 hommes. 2e brigade : deux escadrons du 22e de dragons, deux du 24e, deux du 25e, deux du 26e, deux du 27e de 500 hommes chacun : 2,500 hommes. Soit, pour la 4e division, 5,000 hommes.
Le général Grouchy prendra le commandement de cette réserve. Le général Kellermann prendra le commandement de la 1e division de cavalerie légère. Le général Defrance commandera une des deux divisions de dragons.
Vous me proposerez les autres généraux de division et de brigade à employer, et vous les prendrez parmi ceux qui reviennent de la Grande Armée et qui n’ont pas encore de destination.