Correspondance de Napoléon – Février 1812

Février 1812

 

Paris, 1e février 1812.

Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris

Monsieur le Comte de Cessac, il faut réitérer les ordres pour que, dans tous les régiments qui composent la Grande Armée, il y ait à chaque ordinaire une marmite et un bidon, et que chaque homme ait son petit bidon. Je vous renvoie votre mémoire pour dépenser 160,000 francs pour bidons et gamelles. J’approuverais cette fourni­ture si elle pouvait se faire directement à Danzig, car c’est laque j’en aurai besoin.

 

Paris, 2 février 1812.

À M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris

Monsieur le Duc de Bassano, vous trouverez ci-jointe une lettre que je reçois du prince d’Eckmühl. Vous écrirez par l’estafette à mon ministre en Westphalie et lui ferez connaître que j’ai donné des ordres pour que l’individu qui a assassiné un cuirassier et a été ac­quitté par les tribunaux du pays soit jugé par une commission mili­taire ; que j’ai approuvé les mesures que le maréchal vient d’ordonner en dernier lieu pour Brunswick, et que, si promptement le sang français n’est pas vengé, je déclarerai cette ville hors de ma protection impériale; que j’ai mis Magdeburg en état de siège, et qu’en conséquence le commandant doit y prendre l’autorité que cette mesure lui donne; qu’enfin j’ai pris un décret qui ne permet plus qu’on fasse juger par les tribunaux du pays les délits commis par mes soldats envers les habitants et par ceux-ci envers mes soldats.

Vous chargerez le baron Reinhard de témoigner mon mécontente­ment de la faiblesse du gouvernement westphalien, de ce qu’ils sont environnés d’embaucheurs qu’ils ne savent pas saisir, de ce qu’ils ne font aucun exemple, et qu’enfin ce n’est que dans un pays désorganisé, comme la Westphalie, qu’on peut supposer que les délits militaires peuvent être jugés par les tribunaux civils. Vous chargerez égale­ment le baron Reinhard de témoigner mon mécontentement à M. Siméon pour les mauvais conseils qu’il donne au Roi. Quand votre courrier sera parti, vous aurez une conférence sur le même sujet avec le ministre de Westphalie. Vous lui ferez connaître combien son gouvernement est faible et combien est mauvais l’esprit qu’on caresse. Ce ministre devra, de son côté, envoyer un courrier à sa cour ; mais il convient que son courrier ne parte que vingt-quatre heures après e le départ de votre lettre à M. Reinhard.

 

Paris, 2 février 1812.

Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris

Monsieur le Comte de Cessac, je vous envoie une note sur l’hôpital de Munster. De pareilles plaintes me reviennent de plusieurs côtés. Rien n’avance, les hommes sont très-mal et meurent.

 

Paris, 3 février 1812.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, je réponds à votre rapport du 31 janvier sur le train d’artillerie. J’avais trouvé sur les états de situation 17 compagnies du train d’artillerie revenues d’Espagne; vous n’en trouvez que 9 ; cela met en évidence la faute que commet le bureau qui rédige les livrets de situation lorsqu’il porte comme exécutés des mouvements qui ne sont qu’ordonnés. J’ai déjà plusieurs fois relevé de semblables erreurs, et cela altère ma confiance dans le travail de ce bureau. J’approuve et je désire qu’il mette en encre rouge ses observations et l’indication des ordres donnés ; mais il ne doit rien hasarder et ne doit mettre en encre noire que ce qui existe.

Je viens de prendre un décret sur les 9 compagnies du train aux­quelles il restait à pourvoir. J’ai ordonné que 5 compagnies se ren­draient à Metz et à Mayence, seraient complétées en hommes et en chevaux et seraient attachées aux équipages de siège : ce sont les 4e et 6e compagnies du 2e principal, la 3e du 5e principal, la 2e du 11e principal et la 3e du 12e. Quant aux 4 compagnies, savoir la 1e du 4e principal, la 1e et la 2e du 9e bis et la 1e du 13e bis, je les ai réunies à leurs bataillons ; cela donnera plus de marge à leur service. Mais je désire un nouveau rapport sur ce qu’il reste à faire pour porter au complet en hommes et en chevaux, 1° les 13 compagnies dont il est question dans mon décret du 4 décembre, 2° les 4 compagnies que je viens d’y ajouter aujourd’hui, 3° les 5 compa­gnies que j’attache aux équipages de siège, au total 22 compagnies, formant à peu près trois bataillons et demi. Je désire que ces 22 com­pagnies aient de 5,200 à 5,300 chevaux.

La 3e compagnie du 3e principal a 99 chevaux; il faut qu’elle les donne à un des dépôts de l’armée de Portugal, qui se réunira à Bayonne et partira sans délai pour renforcer les attelages de l’armée de Portugal.

La 2e compagnie du 11e principal a 50 chevaux ; donnez-lui même ordre ; cela procurera une augmentation de chevaux aux attelages de l’armée de Portugal.

Il existe à Auch huit dépôts du train et quatre à Toulouse ; ces douze dépôts ont 150 sous-officiers et 160 soldats : mon intention est qu’on laisse dans leur entier les dépôts des 5e et 10e principal, 2e, 4e, 5e, 6e, 10e et 12e tris, mais qu’on prenne tous les hommes dis­ponibles et qu’on fasse retourner sur Metz les dépôts des 18 autres bataillons qui seraient à Toulouse et à Auch; de sorte que, des 26 ba­taillons du train, j’en destine 8 pour l’Espagne, dont les dépôts restent à Auch et à Toulouse, et 18 pour la Grande Armée et l’intérieur.

Donnez à la compagnie du 9e bis, qui est en Catalogne, l’ordre de revenir à Mayence; elle laissera ses chevaux disponibles aux compa­gnies du 4e et du 13e bis. On ne peut pas faire revenir la compagnie du 13e bis, puisqu’il ne resterait plus en Catalogne qu’une seule compagnie.

On ne peut pas non plus faire revenir aucune compagnie de l’armée d’Aragon. Cette armée ayant trouvé beaucoup de chevaux à Valence, je suppose que les compagnies du train s’y seront complétées.

Il faut donner ordre à l’armée du Midi de renvoyer les compa­gnies du 12e principal, celles du 2e bis, une compagnie du 5e bis et une du 10e bis. Cette armée, qui a 24 compagnies, en renverrait donc 6; il y en resterait 18. Il faudrait que le duc de Dalmatie ren­voyât tous les hommes à pied et gardât les chevaux et les harnais. Ces 6 compagnies, arrivées en France, se rendraient aux dépôts d’Auch et de Toulouse.

L’armée de Portugal a 23 compagnies, plus les compagnies qui étaient attachées à la division Souham, qui fait partie de cette armée, en tout 26 compagnies : mandez-lui également d’en renvoyer 6 com­pagnies ; elle pourrait garder une portion des hommes, si cela était nécessaire. Par ce moyen, l’armée de Catalogne renverrait 1 com­pagnie, celle du Midi 6, et celle du Portugal 6, total 13. De ces 13 compagnies, celles qui appartiendraient aux 8 bataillons qui doi­vent rester en Espagne se rendraient à Auch et à Toulouse pour s’y compléter en hommes et en chevaux, et seraient destinées à rentrer ensuite en Espagne. Les compagnies qui appartiendraient aux 18 autres bataillons les rejoindraient à Metz et à Mayence. Dans tous les cas, on aurait en France 13 nouvelles compagnies disponibles selon les cir­constances. Sur les 75 compagnies qu’il y a en Espagne, il en reste­rait encore 61 ou plus de 10 bataillons; il y aurait donc encore d’autres compagnies à faire rentrer par la suite.

Ainsi, j’aurai à la Grande Armée 82 compagnies du train ou 14 ba­taillons moins 2 compagnies ; ce qui, avec le train de la Garde et le train italien, fera la valeur de 20 bataillons ou 30,000 chevaux.

 

Paris. 3 février 1812.

Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant le corps d’observation de l’Elbe, à Hambourg

Mon Cousin, je lis dans les gazettes anglaises une lettre de Helgoland, où les Anglais disent que toutes les batteries de la côte ont été désarmées. Je pense que cela n’est pas vrai. Ils se vantent qu’il y a peu de Français sur la côte et qu’ils font la contrebande. Je suppose encore que cela n’est pas vrai.

 

Paris, 4 février 1812.

À M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris

Monsieur le Duc de Bassano, envoyez par l’estafette d’aujourd’hui l’ordre au baron Alquier de demander que le Danemark laisse sortir 6,000 chevaux du Holstein, en les exemptant de toute espèce de droits; à moins que le roi ne veuille les fournir au même prix que le prince d’Eckmühl devait les payer à Hambourg. Je verrai avec plaisir que le Danemark favorise mes remontes de toutes les manières.

 

Paris, 4 février 1812.

A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris

Monsieur le Duc de Bassano e je vous ai demandé de m’apporter jeudi un rapport sur la situation de l’armée du grand-duché de Var­sovie, afin de vous donner des instructions sur les représentations à faire à la cour de Dresde sur cet objet important. Je vous ai de­mandé ce que coûterait la mise au complet de la cavalerie à 1,100 hommes et 1,000 chevaux par régiment, en exigeant d’abord que le Grand-Duché remplisse son complet actuel. Il s’agit de connaître quelle est la différence du complet de la cavalerie et de l’infanterie avec l’effectif à l’époque du 1er janvier. Je prendrai à mon compte un 4e bataillon par régiment d’infanterie ; il faudrait savoir ce que cela me coûterait; mais, au préalable, le complet actuel doit être rempli. Je prendrai à mon compte un bataillon d’équipages militaires, mais il faudrait qu’auparavant le complet actuel fût rempli. Je vous envoie des états, que je désire que vous me rapportiez jeudi, qui pourront vous servir pour faire votre rapport.

Présentez-moi jeudi un projet de lettre à mon ministre à Dresde, dans le sens suivant :

1° Les régiments d’infanterie, ceux de cavalerie, l’artillerie, l’ar­tillerie régimentaire, les équipages du train d’artillerie, les équipages des régiments, le bataillon du train du Grand-Duché, doivent être complétés à l’effectif actuel. (Vous trouverez ci-joints des états de situation au 15 janvier, qui vous aideront à connaître ce qui manque en hommes, en chevaux, harnais, voitures, et qu’il est nécessaire de se procurer sans délai.)

2° Les onze régiments d’infanterie qui font partie de l’armée du Grand-Duché seront composés de quatre bataillons, formant vingt-quatre compagnies, et d’une compagnie de dépôt; ce qui fera vingt-cinq compagnies. Ces onze 4e bataillons seront à mes frais.

3° II sera créé trois 25e compagnies pour les 5e, 10e et 11e régi­ments qui sont à mes frais à Danzig.

4° Je prendrai à mes frais l’augmentation du complet actuel des régiments de cavalerie, portés à un nouveau complet de 1,050 hom­mes, officiers non compris, et à 1,000 chevaux, officiers non com­pris ; ce qui fera une augmentation d’à peu près 200 chevaux par régiment.

5° Après qu’on aura complété le bataillon actuel du train, je con­sentirai qu’on lève à mes frais un nouveau bataillon.

Il serait nécessaire que vous me fissiez un rapport sur l’armée saxonne, en me faisant connaître ce qu’elle doit fournir, ce qu’elle a sous les armes et ce qui restera en Saxe, et en me présentant un projet pour que chaque régiment ait un caisson d’ambulance garni et un caisson à papiers, chaque bataillon un caisson à cartouches et un caisson pour le pain, et qu’indépendamment il y ait un bataillon d’équipages militaires à la suite.

 

Paris. 4 février 1813.

Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris

Monsieur le Comte de Cessac, je vous envoie une lettre du prince d’Eckmühl, du 30 janvier 1812. Vous verrez qu’il ne peut pas se procurer de chevaux. Il propose la mesure d’en lever par réquisi­tion dans la 32e division militaire. J’y consens, afin de pouvoir rem­plir tout le service que doit remplir l’Allemagne. Écrivez-lui en ce sens dans la journée.

Je pense qu’il faudrait prendre une pareille mesure pour la France. Il parait que les fournisseurs, depuis que des mesures ont été sérieu­sement prises pour empêcher qu’ils ne puissent corrompre, ne peu­vent plus fournir. Faites-moi connaître ce qu’on a acheté en janvier et ce qu’on pourra avoir en février, et présentez-moi la répartition des chevaux de réquisition entre les préfectures et arrondissements de sous-préfecture.

Ayez soin de mettre à la disposition du général Bourcier les fonds nécessaires pour payer les chevaux qui seront requis en Allemagne.

 

Paris, 4 février 1812.

Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris

Monsieur le Comte Decrès, les rapports du port de Toulon, comme les relations qui nous viennent de l’Angleterre, font connaître que les vaisseaux de mon escadre ont mal manœuvré ; qu’ils de­vaient prendre deux frégates anglaises, et qu’ils les ont laissées échap­per par leur faute. Témoignez-en mon mécontentement au contre-amiral Baudin, et demandez les noms des capitaines qui étaient les plus avancés dans cette affaire. Dites au vice-amiral Emeriau que le Gouvernement doit tout savoir, et qu’on doit tout lui dire avec la plus grande franchise ; que cette manière de déguiser les faits est très-condamnable. Vous pourrez donner ordre à cet officier de retourner à son bord. Faites-lui comprendre que j’espère qu’il va redoubler de zèle ; que je serai à Toulon au moment où l’on m’y attendra le moins; que je trouverai que l’escadre manœuvre bien, si en ligne de bataille les vaisseaux sont beaupré sur poupe. Demandez qu’on vous rende compte de la distance à laquelle les vaisseaux se sont approchés dans les différentes sorties. Faites-moi un rapport sur les différentes de­mandes que fait le vice-amiral Emeriau pour ses officiers; je désire également faire quelque chose pour lui.

 

Paris, 6 février 1812.

Au comte Defermon, intendant général du domaine extraordinaire, à Paris

Monsieur le Comte Defermon, la société de Charité Maternelle ayant été créée par décret du 5 mai 1810, il lui revient 333,333 francs pour 1810, à raison de 500,000 francs par an. Sur cette somme, je crois avoir disposé de 291,066 francs, qu’à l’occasion de mon mariage j’ai fait distribuer aux pauvres. Je ne sais sur quels fonds cette somme a été imputée. Il resterait donc dû 41,667 francs sur 1810 à la société de Charité Maternelle. Mon intention est que vous ordonnan­ciez cette somme, et qu’elle soit payée dans la semaine. Vous l’affec­terez sur le chapitre VIl, avant pour titre Dépenses imprévues du budget de 1810, sur lequel il reste encore 140,145 francs 88 cen­times à solder. Il est dû, pour 1811, 500,000 francs ; vous les ferez solder sur le chapitre IV, Indemnités et gratifications. Enfin, pour 1812, j’en ai fait un chapitre du budget. Il sera donc convenable qu’à la fin de chaque mois vous fassiez verser ce qui est dû dans la caisse de la société de Charité Maternelle; il faut que les 500,000 francs qui sont dus pour 1811 y soient versés dans la semaine.

 

Paris, 6 février 1812.

Au général comte de La Riboisière, commandant l’artillerie de la grande armée, à Paris

Monsieur le Général Comte de la Riboisière, je vous envoie une lettre du prince d’Eckmühl; j’y joins un rapport qui m’est fait par le major général. Il est nécessaire que vous vous mettiez au fait de tout cela, afin que désormais vous en ordonniez en votre qualité de com­mandant en chef de l’artillerie de l’armée.

Je remarque d’abord que, si les voitures de la 6e division arrivent à Munster attelées, cela est bien; mais, si elles n’y arrivent pas attelées, ce mouvement est impraticable : car, avant le 20 février, les 6e, 8e et 9e divisions feront un mouvement. Il est donc nécessaire que leur artillerie soit attelée.

Il est nécessaire qu’au 1er mars l’équipage de siège de Magdeburg, qui pourrait être destiné contre Spandau ou Kolberg, soit en état; qu’à la même époque l’équipage de siège de Danzig, qui pourrait être destiné contre Graudenz, soit en état; cela dans la supposition que j’aie affaire à la Prusse. Je n’ai pas besoin de vous faire connaître que le ministère de la guerre doit ignorer ces dispositions ; le major général n’en est pas instruit; vous seul êtes dans le secret. Jugeant inutile de rien dire de cela au génie ni à l’artillerie, il faut que vous vous fassiez remettre l’état des parcs de siège de Magdeburg et de Danzig, afin de voir s’ils peuvent remplir mon but. Vous me rendrez compte de cela confidentiellement. Je vous recommande que cette lettre ne soit lue de qui que ce soit, et que les noms de Spandau, de Kolberg et de Graudenz ne sortent point de vos mains, car dans ce moment je suis très-bien avec la Prusse. Il serait nécessaire que, dans les premiers jours de mars, des charrettes d’artillerie pussent partir de Mayence ; elles porteraient à Magdeburg ce qui serait nécessaire à l’équipage pour l’artillerie et le génie. Ainsi, si dans les pre­miers jours de mars je voulais marcher sur Spandau ou Kolberg, tout se trouverait en état.

Il y a à Magdeburg un équipage de pont dont je n’ai pas parlé ; il faudrait le mettre en état, afin de pouvoir s’en servir sur l’Oder et sur les petites rivières de la Prusse, si le cas arrivait. Faites-moi un rapport sur cela.

 

Paris, 6 février 1812.

Au comte de Montesquiou, grand chambellan, à Paris

Monsieur le Comte de Montesquiou, je vous renvoie la liste des jeunes gens et des demoiselles qui sont invités aux bals, sans l’ap­prouver. Toutes les demoiselles dont les mères ou tantes sont invitées peuvent venir. Il serait inconvenant d’inviter des demoiselles dont les mères ne seraient pas priées. Quant aux jeunes gens, tous auditeurs ou aides de camp, et fils, neveux ou frères de personnes présentées, ils peuvent également venir.

 

Paris, 7 février 1812.

À Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, je reçois votre lettre du 29 janvier. Je vois que vous avez une bonne compagnie de matelots qui suivra la garde. Il est né­cessaire de vous faire suivre aussi par 200 ouvriers de l’arsenal, charpentiers, calfats et charrons. Ils auront un caisson rempli des outils nécessaires pour leur service. Ces deux corps marcheront en­semble et réunis à l’équipage de pont, aux sapeurs et à la compagnie du génie italienne dont j’ai ordonné la formation; les rivières ne seront plus qu’un faible obstacle : on pourra les passer en peu d’instants.

 

Paris, 7 février 1812.

Au prince Camille Borghèse, gouverneur général des départements au-delà des Alpes, à Turin

Mon Cousin, présidez le collège. J’ai lieu d’être satisfait de vos services. Vous ne pouvez pas venir à l’armée ; il faut que vous restiez en Piémont, où votre présence est nécessaire.

 

Paris, 8 février 1812.

NOTE POUR LES MINISTRES DE L’INTÉRIEUR ET DU COMMERCE.

Nous sommes dans un cercle vicieux, il faut en sortir. J’ai prescrit qu’il fût distribué par les comités de bienfaisance de Paris 30,000 livres de pain et 30,000 soupes économiques, ce qui désin­téressera les pauvres; si ce secours n’est pas suffisant, je l’augmen­terai. J’ai ordonné des distributions à Versailles, à Saint-Cloud, à Saint-Germain, à Compiègne, à Rambouillet, à Fontainebleau, à titre de principal propriétaire de ces cantons. Ayant ainsi désinté­ressé la masse la plus nécessiteuse, mon intention serait de porter mardi le pain à 18 sous et la farine de la réserve à 85 francs, d’in­terdire tout achat de farine au-dessus de 85 francs, de sorte que la réserve n’offrirait de farine qu’à 85 francs aux fariniers. Les fariniers ont besoin de vendre; nous ne sommes pas pressés, puisqu’une grande quantité de blé arrive. J’attends le procès-verbal de la der­nière séance du conseil des subsistances pour savoir où en sont nos achats. Ces trois mesures marchant de front paraissent utiles, en maintenant toujours que la réserve ne fasse aucun crédit.

 

Paris, 8 février 1812.

Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris

Monsieur le Comte Decrès, j’ai lu avec attention votre rapport du 29 janvier sur les flottilles de Boulogne et de l’Escaut. Mon intention est de lever dans le courant de mars les 9,000 hommes de la con­scription de 1813. Je vous ai accordé les 1,400 marins de 1810 de la Hollande; je suppose que vous m’avez fait lever les 1,500 hommes de l’inscription ; ainsi il n’y aura rien de dérangé à mon décret du 14 novembre, et tout sera organisé selon sa forme et teneur.

Faites-moi connaître si vous m’avez fait signer les nominations des états-majors et des équipages.

Il ne faut pas avoir égard à la réclamation du vice-amiral Émeriau, mais accroître toujours le nombre des équipages.

Je tiens beaucoup à ce que les soixante-neuf canonnières existent dans l’Escaut. Je désire qu’il y ait également quarante-six péniches, de sorte que chaque vaisseau ait, pour lutter contre les Anglais, trois canonnières, deux péniches, lesquelles seraient en outre ap­puyées par quatre frégates bonnes marcheuses, quatre corvettes et deux bricks. Si les deux frégates de Saint-Malo pouvaient s’y rendre, nous aurions six frégates, ce que je considérerais comme très-avantageux.

Vous devez me remettre sous les yeux les précautions prises l’année dernière pour la défense des îles de Walcheren, de Goeree et de Schouwen. Les mêmes mesures doivent être prises pour cette année. Mon intention est que vingt-trois chaloupes canonnières, comman­dées par un capitaine de vaisseau et mises sous les ordres du com­mandant de l’île de Walcheren, soient destinées à la défense de Flessingue et à tenir une ligne d’embossage devant ce port. J’attache également de l’importance à avoir au Texel, sinon les cent vingt chaloupes canonnières, au moins quatre-vingts canonnières et qua­rante bateaux canonniers ou grosses péniches, afin de pouvoir lutter avec avantage contre les flottilles que l’ennemi pourrait envoyer atta­quer les différentes passes du Zuiderzee. Quand même les équipages de la flotte ne pourraient pas servir toutes ces canonnières, si elles étaient en état au Nieuwe-Diep, l’amiral, selon les circonstances, se déciderait à désarmer quelques frégates et à renforcer les flottilles. Vous savez de quelle utilité sera dans le Zuiderzee cette flottille tou­jours manœuvrant, exerçant les équipages et défendant les passes.

Quant à Boulogne, mon intention est que le 17e bataillon conti­nue à y rester; mais que le 12e et le 14e en partent sans délai sous les ordres du contre-amiral Baste. Ils monteront quarante canonnières, vingt-trois péniches de nouveau modèle, neuf prames et qua­tre bombardes. Vous organiserez les divisions comme vous l’enten­drez, afin de faciliter le passage. Ils se rendront à Cherbourg. J’aurai ainsi à Cherbourg douze prames, soixante canonnières et une cin­quantaine de péniches. Je vois dans ce mouvement plusieurs avan­tages. Dans le port de Cherbourg, ces bâtiments pourront mieux s’exercer; ils pourront sortir tous les jours; j’aurai 480 marins qui doivent s’y rendre du Havre sur les cinq bâtiments en partance dans ce port, 2,000 marins qui sont aujourd’hui embarqués dans le port de Cherbourg, et enfin ceux du 12e et du 14e équipage : j’aurai donc près de 5,000 marins à Cherbourg. Le contre-amiral Troude com­manderait toute la rade. Le contre-amiral Baste, sous ses ordres, commanderait la flottille. Il resterait à Boulogne le 17e équipage, qui aurait cinq prames, vingt-sept canonnières et cent trente-deux ba­teaux canonniers, en y comprenant les canonniers de Dunkerque.

Ainsi j’aurai réuni des flottilles de défense dans les trois points vulnérables, la Hollande, l’Escaut et Cherbourg, et, en cas d’évé­nements, cette grande quantité de petits bateaux pourra offrir pour la défense, particulièrement pour celle de Cherbourg, soit une flot­tille, soit des soldats.

Il sera convenable, à cette occasion, de diminuer l’administration de Boulogne comme vous le proposez, d’ordonner cependant que la ligne d’embossage sorte souvent pour éloigner le bombardement, et enfin d’ôter de cette ville, en le dirigeant sur Calais et Saint-Omer, tout ce qui est inutile à sa défense, de sorte que, Boulogne tombant au pouvoir de l’ennemi, j’éprouve le moins de perte possible.

Vous pouvez employer les bâtiments de transport ou de servitude au service de l’Escaut ou au transport des bois, selon les besoins de votre département. Il me suffira d’avoir à Boulogne trente bâtiments, prames ou canonnières, cent cinquante bateaux canonniers et cent péniches. En y réunissant deux à trois cents bateaux de pêcheurs, lorsqu’on voudra faire jouer à cette flottille le jeu qu’elle doit jouer dans une opération générale, on aura toujours le moyen de débar­quer 30 à 40,000 hommes et quelques chevaux sur un seul point. D’ailleurs la flottille de Cherbourg peut facilement se reporter à Boulogne, ou de Cherbourg, s’il y avait là un camp, opérer sous la pro­tection de l’escadre qui dominerait la Manche. Je considère donc comme avantageux sous tous les points de vue d’avoir une centaine de bâtiments de flottille à Cherbourg.

Présentez-moi un projet de lettre à écrire au contre-amiral Baste pour ces dispositions, un projet de lettre aux vice-amiraux Missiessy et Dewinter pour qu’ils organisent la défense de l’Escaut et du Zuiderzee, et enfin une lettre au vice-amiral Ver Huell pour y prévoir tous les cas de la défense du Nord.

En cas de guerre, mon intention est que mes canonnières et mes flottilles trouvent refuge dans l’Elbe sous les batteries de Cuxhaven, et dans l’Ems sous la place de Delfzyl ; ce qui me porterait à penser qu’il serait nécessaire d’avoir à Delfzyl un commissaire de marineet un petit établissement maritime; je suppose qu’il y en a un à Cuxhaven.

 

Paris. 8 février 1812.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, j’ai signé le décret qui forme le nou­veau régiment espagnol. Au lieu de cinq bataillons, je l’ai réduit à trois. Il faut que ce régiment ne soit composé que de Catalans et d’Espagnols de la rive gauche de l’Èbre et ne soit pas formé sur le principe qui a dirigé la formation du régiment, puisque ce nouveau régiment est créé pour la réunion. Il faut lui donner des uniformes français, des cocardes françaises, une administration française, et choisir un bon colonel qui soit attaché au système de la réunion.

 

Paris, 8 février 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de l’armée d’Espagne, à Paris

Mon Cousin, donnez ordre au vice-roi de faire partir la garde ita­lienne de Milan pour Brescia, où il est nécessaire qu’elle soit rendue le plus tôt possible. Donnez ordre au vice-roi de faire partir, du 16 au 20, tout son corps d’armée pour se rendre à Ratisbonne. À cet effet, la 1e division, avec son artillerie et une brigade de cavalerie à laquelle il fera garder la (été, partira du 16 au 20, en deux colon­nes, l’artillerie partagée entre les deux colonnes et avec des vivres pour quatre jours ; la 2e division, avec son artillerie et sa cavalerie, partira de Trente sur deux colonnes. Dans le même temps la division italienne partira en deux colonnes et la garde royale en une colonne. Le reste de la cavalerie partira en deux colonnes. Le parc sera bien escorté. Il faut que le mouvement soit le plus rapide que possible ; il est donc nécessaire que ce qui est à Bassano, à Castelfranco, etc., se concentre. Le corps d’observation d’Italie prendra en partant quatre jours de vivres.

Vous préviendrez le roi de Bavière, en adressant votre lettre à mon ministre à Munich, que l’armée d’Italie, forte de 80,000 hommes, va traverser le Tyrol en neuf colonnes ; qu’elle se met en marche du 16 au 20 février; qu’il est nécessaire qu’il donne ses ordres pour faire nettoyer le mont Brenner des neiges et pour faire fournir ce qui est nécessaire aux troupes; qu’il est important de garder le secret le plus longtemps possible, pour que les troupes aient le temps d’arri­ver sur la Vistule avant que les Russes en sachent rien, et puissent venir ravager le grand-duché de Varsovie, comme les Autrichiens ont fait en Bavière dans la guerre précédente.

Vous écrirez au vice-roi que vous avez prévenu le roi de Bavière ; que les neiges du Brenner ne signifient rien ; qu’il doit envoyer bon nombre de sapeurs, et, avec de l’argent, réunir les montagnards pour nettoyer ce col, et qu’il faut ramasser le plus de neige que l’on pourra pour soulager les chevaux au passage.

Le vice-roi fera partir ses chevaux et ses équipages, mais de sa personne il ne bougera pas de Milan. Il peut envoyer le général d’Anthouard comme le plus intéressé, et lui faire comprendre que je n’entends pas que les neiges du Brenner fassent éprouver douze heures de retard. Réitérez-lui que son mouvement doit être le plus rapide possible ; qu’il vaut mieux qu’il le retarde d’un jour, mais que, une fois démasqué, il faut qu’il descende comme un torrent vers le Danube.

 

Paris, 8 février 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de l’armée d’Espagne, à Paris

Mon Cousin, donnez ordre au duc d’Abrantès d’être rendu de sa personne à Vérone le 15 février. Il aura le commandement du corps d’observation d’Italie sous les ordres du vice-roi. Il dirigera ses che­vaux et ses bagages sur Strasbourg et de là sur Ratisbonne. Il pourra trouver à Vérone les chevaux et ce qui lui sera nécessaire pour la route. Il sera chargé de conduire les troupes.

Recommandez-lui de garder le plus profond mystère sur son départ et sur sa destination, de sorte que ses aides de camp même et ses domestiques ne sachent pas où il va.

 

Paris, 8 février 1812.

Au maréchal Bessières, duc d’Istrie, commandant la garde impériale, à Paris

Mon Cousin, donnez ordre que, le 10 février, la 4e compagnie de canonniers de la Garde parte pour Bruxelles avec huit pièces de 4 et le nombre de caissons d’infanterie nécessaire pour le service d’une division de la Garde composée de quatre régiments, ou huit batail­lons et seize caissons d’infanterie. Donnez ordre également à l’admi­nistration de faire partir deux commissaires des guerres et 1° les deux caissons par régiment nécessaires pour les bagages des 5e régi­ments de tirailleurs et de voltigeurs, 2° huit caissons d’ambulance, avec le nombre de chirurgiens convenable. Faites partir également, le 10 février, les deux 6e régiments de tirailleurs et de voltigeurs, qui se rendront à Bruxelles avec les caissons (comme Bruxelles se trouverait encombré, ils iront jusqu’à Louvain). Le général de bri­gade Lanusse, adjudant général de la Garde, partira avec cette bri­gade, dont il aura le commandement, et, comme le plus ancien général, il commandera toute la division.

Les bataillons du 6e régiment de tirailleurs n’étant encore chacun qu’à la force de 500 hommes, ils laisseront par bataillon le cadre d’une compagnie pour recevoir 300 conscrits, et ces quatre compa­gnies, qui feront 1,200 hommes, les rejoindront aussitôt que les conscrits seront habillés et un peu formés. Vous donnerez également l’ordre que les deux détachements de la gendarmerie d’élite qui sont à Anvers se tiennent prêts à partir pour faire campagne et se joindre à cette division de la Garde aussitôt qu’elle recevra l’ordre de mar­cher. Le colonel Durosnel enverra à cet effet, en toute hâte, à ces détachements tout ce qui leur serait nécessaire. Enfin vous donnerez ordre au 2e régiment de chevau-légers hollandais de partir égale­ment le 10; il ne passera pas par Paris, et vous lui tracerez une route pour que ce mouvement soit déguisé le plus possible; il se rendra à Bruxelles. Par ce moyen, il y aura à Bruxelles, le 20 fé­vrier, une division de la Garde, qui portera le nom de le division de la Garde, composée de quatre régiments, ayant huit bataillons et formant un corps de 6,000 hommes, avec huit pièces de canon, cartouches, ambulances et tout ce qui est nécessaire. Il y aura ‘éga­lement mon 2e régiment de chevau-légers. Vous y joindrez une com­pagnie de 150 hommes de mes chasseurs, ce qui, avec 150 gen­darmes que vous enverrez, fera 300 hommes et portera le nombre des chevaux à 1,200. Il est nécessaire que ce mouvement s’opère avec le plus de secret possible. Il ne vous échappera pas que, quoique j’aie besoin d’avoir des Polonais à cette avant-garde, je n’en ai pas mis pour moins éveiller l’attention. Recommandez au général Colbert de disparaître et de ne faire d’adieux à personne. Tous les mouvements qui se feront à Vincennes et à Paris doivent se faire de nuit et de ma­nière à ne pas être remarqués. Comme il est possible que cette avant-garde ait une avance sur mes autres divisions, il serait convenable que, dans le détachement de mes 150 chasseurs, il y eût quelques officiers qui fussent accoutumes à mon service, et que le général Guyot et un major de chasseurs envoyassent un cheval pour eux.

 

Paris, 8 février 1812.

Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant le corps d’observation de l’Elbe, à Hambourg

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 2 février, avec la déclara­tion du général ….. Insinuez-lui qu’il est indigne d’un gouverneur et d’un aide de camp de l’Empereur d’avoir des intérêts dans les armements des corsaires; qu’il est douteux si cela n’est pas défendu par les lois de la guerre, puisqu’un gouverneur, étant juge des cor­saires, ne peut être partie ; mais que certainement cela est repoussé par les lois de la délicatesse et de l’honneur.

 

Paris, 8 février 1812.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, le major général vous envoie l’ordre de commencer votre mouvement du 15 au 20. Vous enverrez le commandant de votre artillerie avec des sapeurs et de l’argent pour faire déblayer le mont Brenner. Le passage de ce col ne doit pas vous retarder de vingt-quatre heures. Renforcez les corps italiens pour qu’ils arrivent au complet. Faites partir vos équipages, mais restez de votre per­sonne à Milan. J’envoie le général Charpentier pour être votre chef d’état-major. Le général Vignolle restera en Italie jusqu’à nouvel ordre. J’envoie le duc d’Abrantès pour servir sous vos ordres. J’en­voie le général Gouvion Saint-Cyr pour commander les Bavarois Mon intention est que les 13e, 14e et 15e divisions et les Bavarois soient sous vos ordres; ce qui vous fera une armée de 80,000 hommes. Comme vous êtes le pivot du mouvement, il est nécessaire que, si cela était utile, vous retardiez votre mouvement d’un jour, afin que, lorsqu’il sera démasqué, vous descendiez comme un torrent du haut du Brenner sur le Danube. Vous vous dirigerez sur Glogau, et, si les circonstances ne s’y opposent pas, vous aurez la belle haute Silésie pour vous réparer et vous refaire. En partant le 20 février, vous arriverez le 1er avril. Il est probable qu’alors la saison ne sera pas assez avancée pour commencer les opérations, et que vous aurez quelque huit jours pour vous reposer. Je vous ai mandé que l’artil­lerie italienne devait envoyer 200 charretiers à Ratisbonne pour ache­ter des chevaux et faire confectionner, des harnais, afin de réparer vos pertes. Aussitôt que le mouvement sera démasqué et que la tête de vos troupes sera arrivée près d’Augsbourg, vous pourrez charger les colonels du régiment de cavalerie légère italien et des régiments de dragons français et les commandants des bataillons du train d’en­voyer acheter des chevaux à Dresde pour réparer les pertes de la route ; mais cela ne doit se faire que lorsque votre mouvement sera démasqué et que votre première colonne sera arrivée à Augsbourg.

J’ai fait écrire au roi de Bavière que votre corps d’armée était de 80,000 hommes ; quand vous écrirez, soutenez ce dire.

Il est nécessaire que les payeurs italiens portent avec eux la solde pour tout février, mars et avril.

Faites-moi connaître quel sera l’état des choses en Italie après le départ de l’armée, et quels seront les officiers qui commanderont sur la frontière et dans les différentes places.

 

Paris, 9 février 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de l’armée d’Espagne, à Paris

Mon Cousin, les deux bataillons du prince Primat, le bataillon du grand-duc de Würzburg, son escadron de cavalerie, six pièces de canon, et le 5e régiment de la division princière, tel qu’il était organisé dans la dernière campagne, en tout cinq bataillons, un escadron et six pièces de canon, formeront la 1e brigade de la divi­sion princière. Envoyez ordre à ces corps de se mettre en marche et de se diriger sur Hambourg. Ils se mettront en marche le 15 février, afin d’arriver à Hambourg le plus tôt possible. Prévenez de ce mou­vement le prince d’Eckmühl. Ces troupes seront employées à la défense de la côte et à contenir le pays. Proposez-moi un général de brigade français, parlant allemand, pour commander cette brigade.

Donnez ordre au général Damas de partir de Düsseldorf le 12, avec trois bataillons du grand-duché de Berg et quatorze pièces d’ar­tillerie à pied et à cheval, et de se diriger sur Paderborn; il recevra à Paderborn des ordres du prince d’Eckmühl pour continuer sa route sur Stralsund. Il aura le commandement de la 1e brigade des trou­pes de Berg. Donnez ordre que le cadre des lanciers de Berg qui est à Paris en parte demain pour se rendre à Düsseldorf, et que le régi­ment de lanciers qui est à Hamm, du côté de Düsseldorf, parte au plus tard le 10 mars pour rejoindre la brigade du général Damas. Donnez ordre que la brigade de Hesse-Darmstadt, forte de cinq ba­taillons, un régiment de cavalerie et huit pièces de canon, sous les ordres d’un général de brigade hessois, parte le 17 février et se dirige sur Magdeburg. Donnez ordre que la brigade de Bade, composée de cinq ou six bataillons, d’un régiment de cavalerie et de huit ou dix pièces de canon, parte le 16 et se dirige également sur Magdeburg. Donnez ordre au général Daendels d’être rendu le 14 à Bade pour voir les troupes, en passer la revue et les mettre en marche, d’être le 16 à Darmstadt pour passer également les troupes en revue et les mettre en marche, et ensuite de se diriger sur Magdeburg, où il prendra le commandement de cette division. Moyennant ces disposi­tions, la division Daendels se composera de la brigade de Berg, de celle de Bade et de celle de Hesse-Darmstadt. Elle sera forte de plus de 12,000 hommes d’infanterie, de près de 2,000 de cavalerie et de trente pièces de canon. Vous ferez connaître ces mouvements au prince d’Eckmühl; vous lui ferez connaître également que je destine cette division à occuper la Poméranie suédoise, Stettin et Küstrin. Glogau sera occupé par les Saxons.

Donnez ordre aux 4e et 6e régiments princiers, composés comme ils l’étaient dans la dernière campagne, de se mettre en marche le 29, afin d’être réunis au 1er mars dans le lieu qui sera désigné par le prince d’Eckmühl, aux environs de Hambourg. Ces deux régiments formeront la 2e brigade de la division princière. Présentez-moi un général de brigade, parlant allemand, pour là commander. Il sera pourvu des arsenaux de Hambourg et de Magdeburg au manque de fusils que cette brigade éprouverait, sans cependant donner des fusils d’un modèle qui serait propre à mes troupes. Par ce moyen, la divi­sion princière se trouvera composée de deux brigades, de dix batail­lons forts de 8,000 hommes, de 200 chevaux et de six pièces de canon ; elle est destinée à la garde de Hambourg et de toute la côte. Le général Saint-Cyr pourrait être chargé du commandement de cette division. Les lettres que vous écrirez pour ce mouvement aux diffé­rents princes seront adressées à leur ministre de la guerre, mais vous aurez soin de ne les faire parvenir que par mes ministres ou chargés d’affaires. Pour les 4e et 6e régiments, qui ne se mettent en marche que le 20, mes ministres ne remettront votre lettre que le 20 ; mais, en attendant, ils presseront la formation des régiments.

Enfin, mandez au prince d’Eckmühl de s’assurer que la brigade du Mecklenburg est en état, et prévenez-le que cette brigade fait partie de son corps d’armée et qu’il devra l’emmener avec lui. Je me trouve donc avoir disposé de toutes les troupes des petits princes. Je vous ferai connaître mes intentions sur les troupes de Bavière, de Wurtem­berg, de Westphalie et de Saxe.