Correspondance de Napoléon – Février 1806
Paris, 14 février 1806
Au roi de Bavière
Je reçois votre lettre du 4 février. Les différends survenus entre Votre Majesté et le roi de Wurtemberg et l’électeur de Bade m’ont fait penser qu’il était nécessaire que je chargeasse quelqu’un de veiller de ma part à l’exécution du traité de Presbourg en ce qui regarde la prise de possession des pays échus à Votre Majesté et à ces princes. M.M. Otto et Berthier sont autorisés à faire ce que vous désirez. Le maréchal Berthier m’a mandé que Votre Majesté, depuis sa lettre écrite, s’était mise en possession des pays où il n’y avait pas sujet à contestation. J’ai donné ordre à M. Otto de se hâter de me présenter tout ce qui pouvait être objet de discussion, afin d’éviter les événements qui ont manqué d’arriver entre vos troupes et celles de Wurtemberg.
Paris, 14 février 1806
Au général Dejean
Monsieur Dejean, vous donnerez l’ordre à M. Récamier, qui a jugé à propos de donner sa démission d’auditeur au Conseil d’État en conséquence des circonstances malheureuses où se trouve son oncle, de se rendre au quartier général de l’armée de Naples. Vous le recommanderez au prince Joseph pour qu’il l’emploie de la manière qu’il jugera la plus utile. Ce jeune homme n’a démérité en rien.
Paris, 14 février 1806
Au vice-amiral Decrès
J’ai l’honneur, Monsieur, d’annoncer à Votre Excellence que l’Empereur da point encore signé le projet de décret que vous aviez présenté pour élever le capitaine Cosmao(Julien-Marie Cosmao-Kerjulien, 1781-1825. Il sera nommé contre-amiral le 29 mai 1806, et fait baron de l’Empire en 1810. Commandant de l’escadre de Méditerranée en avril 1814) au grade de contre-amiral. Sa Majesté désire que cet officier sorte avec un ou deux vaisseaux de Cadix, et que, dans le cas où cela ne serait pas possible, il aille prendre à Lorient le commandement du Courageux. On lui ferait avec ce vaisseau, une division avec laquelle il mettrait à la mer, et à son retour, il serait nommé contre-amiral. Sa Majesté considère le capitaine Cosmao comme un officier d’un grand mérite, et c’est pour cela qu’elle pense que cet officier mérite de n’être avancé qu’après une croisière périlleuse.
Paris, 14 février 1806
Au maréchal Jourdan
J’ai reçu votre lettre du 10 février. Ne doutez pas que je ne fasse dans toutes les circonstances, tout ce qui vous sera convenable; et dans les dispositions que je vais prendre incessamment, vous y serez compris, ce qui vous assurera des moyens de fortune conformes à votre rang et aux services que vous avez rendus.
Paris, 15 février 1806
A M. Gaudin
Monsieur Gaudin, le trésor qui arrive de Vienne, sous l’escorte du général Margaron, passera à Strasbourg le 28 février. Mon intention est que, lundi à dix heures, vous m’apportiez un travail, que vous concerterez avec MM. Mollien et Bérenger, contenant les trois objets suivants :
1° Céder à la caisse d’amortissement des obligations tout l’argent qui appartient à la Grande Armée et qui peut faciliter le service du trésor;
2° Faire revenir à Paris et dans les lieux qui auraient le plus besoin d’argent tout ce qui est et sera en stagnation à Strasbourg;
3° Prendre toutes les mesures pour que les travaux du monnayage se fassent avec activité à Paris et à Strasbourg et dans d’autres hôtel des monnaies, selon que cela vous paraîtra plus convenable à mes intérêts. Recommandez bien à M. Bérenger de ne pas avoir dans la caisse des billets de banque, car ils ne serviront qu’à produire une crise, puisqu’il sera possible que je dispose de tous les fonds qu’il aura, du soir au matin , et pour des caisses extérieures à Paris.
Paris, 15 février 1806
A M. Gaudin
Je renonce aux camps de vétérans. Je laisse cependant organiser les deux qui sont commencés. Faites-moi connaître l’état des biens qui ont été affectés à ces deux camps, et celui des biens qui, ayant d’abord reçu la même destination spéciale pour les autres camps, vont rester à la disposition du domaine.
Paris, 15 février 1806
A M. Mollien
Monsieur Mollien, vous avez onze millions à Strasbourg dans la caisse du payeur de la Grande Armée. Il doit en arriver dix autres à Strasbourg le 28 février; ce sont les dix millions de la contribution de Vienne. Il y aura aussi à recevoir à la même époque trois millions d’Augsbourg, trois de Francfort, et deux autres millions provenant de la contribution de cette dernière ville; cela fait dix-huit millions que la caisse d’amortissement aura en argent sur le Rhin, ce qui forme, avec les onze millions appartenant au trésor, vingt-neuf millions en stagnation. Voici mon intention : traitez avec la caisse d’amortissement, et acquérez pour le trésor les dix-huit millions qu’elle aura sur le Rhin ; donnez en échange des obligations à votre convenance, avec l’escompte ordinaire. Écrivez sans délai pour que les six millions tant d’Augsbourg que de Francfort soient dirigés sur Mayence et sur Strasbourg; les dix millions en argent envoyés de Vienne arriveront à Strasbourg sur quatre-vingts voitures; ordonnez qu’il en reste à Strasbourg six millions pour être convertis en monnaie, et que le reste, ainsi que les lingots venant d’Augsbourg et de Francfort, soit transporté à Paris et envoyé à la Monnaie. Écrivez sur-le-champ à Strasbourg, par un courrier, pour que le payeur de la Grande Armée dirige sur Paris tous les fonds qu’il a en caisse, excepté trois millions, qu’il gardera pour n’être pas à découvert. Prenez des mesures pour mettre ces mêmes fonds en activité, hors les neuf millions dont j’aurai besoin au mois de mars pour la distribution, au retour de la Grande Armée. La caisse d’amortissement a cinq millions de traites sur Paris : prenez-les et donnez-lui des obligations à votre convenance. Voyez également avec M. Bérenger s’il y a des objets dont vous puissiez vous aider en les échangeant contre des obligations. Il peut être aussi de quelque intérêt de faire diriger sur Lyon quelques lingots, tant pour le bien de cette ville que pour rendre de l’activité à son hôtel des ‘monnaies. Concertez-vous avec M. Bérenger pour me présenter sur tout cela des mesures générales, et rédigez un projet que vous apporterez mardi à dix heures.
Paris, 15 février 1806
A M. Mollien
Monsieur Mollien, je vous ai fait connaître par ma lettre de ce jour l’arrivée prochaine et la destination de dix-huit millions en lingots appartenant à la Grande Armée, et que la caisse d’amortissement fait venir tant de Vienne que d’Augsbourg et de Francfort. Mon intention est que vous profitiez de cette circonstance pour avoir au trésor une réserve de plusieurs millions comme base et fondement du crédit,. En y mettant du secret, la plupart des hommes qui cherchent, pour en profiter, à deviner la vraie situation du trésor, seraient déjoués, et même, avec un peu de prudence, on pourrait l’élever dans l’opinion générale, et laisser croire au public de Paris que l’on a en réserve plus de trente millions. Je voudrais qu’il restât en caisse environ cinq millions, qui ne se renouvelleraient pas et qui passeraient comme fonds morts en réserve.
Paris, 15 février 1806
Au général Dejean
Monsieur Dejean, je reçois votre lettre ainsi que celle du général Chasseloup du 23 janvier. Je désire que les projets de Palmanova, d’Osoppo et de Venise me soient envoyés. Vous lui répondrez que je ne l’autoriserai à venir que lorsque j’aurai pensé que ces projets sont assez mûrs, et qu’il aura pu, sur les lieux, répondre aux objections qui lui seront faites. Quant à Alexandrie, je désire avoir l’état des travaux à faire cette année. Je veux achever Alexandrie, mais je ne veux y dépenser que deux millions en 1806. Je désire qu’il me présente un plan et un mémoire dans lequel il me détaillera l’état des travaux au 1er février, ouvrage par ouvrage, et son projet de distribution de la somme ci-dessus également ouvrage par ouvrage. Ces deux millions doivent être employés de manière que la ville soit mise le plus tôt possible en état de défense, ce qui ne pourra avoir lieu que lorsque les demi-lunes seront terminées. Je désire qu’on porte les travaux de Legnago et de Mantoue au point que je vous ai indiqué en vous faisant connaître les fonds que je veux y mettre. Je ne vois pas d’inconvénient à employer 100,000 francs aux travaux de Plaisance et 100,000 francs à ceux de Gênes. Je vous prie aussi de vous occuper d’un rapport sur Juliers, sur Kehl et sur Cassel, afin qu’au commencement du printemps on puisse faire ces travaux dans l’ordre convenable. Je suis mécontent de ce que le corps du génie fasse aujourd’hui dans ses calculs abstraction de l’argent, qui devrait être la base de ses aperçus, et du temps, dont je ne suis pas maître. Je vous répéterai ici mon adage : chaque fois qu’on dépense 100,000 écus dans les travaux d’une place, on doit lui donner un degré de force de plus. C’est ceci n’est pas arrivé en dernier lieu, car, après avoir dépensé huit ou dix millions en Italie, ces places n’étaient pas plus fortes. Quand un ingénieur demande plusieurs années, son plan est mal rédigé; ce qu’on peut lui accorder, c’est une campagne, encore n’en est-on pas toujours le maître.
Paris, 15 février 1806
Au général Dejean
Monsieur Dejean, il résulte de l’état de l’armée que vous m’avez remis qu’il y a, au ler janvier, 420,000 hommes sous les armes de troupes régulières, et 449,000 hommes avec les troupes irrégulières. Il ne faut pas compter les 31,000 conscrits, puisqu’ils n’avaient pas joint au 1er janvier et qu’il y a beaucoup de changements dans les corps par les pertes faites à la guerre et aux hôpitaux. Des 449,000 hommes qui, en nombre rond, forment 450,000, il faut d’abord ôter :
1° La gendarmerie portée pour . . . . . . . . 15,500 hommes.
2° Les compagnies de réserve départementale.. 6,800
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A reporter. . . 22,300
Report. . . . 222,300 hommes.
3° Les 37,000 hommes qui sont aux hôpitaux……37,000
4° Les 3,000 prisonniers de guerre . . . . . . 3,000
°0 Les 9,500 hommes embarqués, lesquels sont aux colonies ou sont au compte de la marine, ou n’existent plus . . . . . . . . . . . . 9,500
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Total 71,800.
Ces 71,800 hommes ôtés de 450,000, reste 378,200.
Le budget peut donc être fait sur 380,000 hommes, desquels il faut retrancher l’armée de Naples, 40,000 hommes, et l’armée de Hollande, 15,000 hommes; total 55,000 hommes. Il reste donc 395,000 hommes. C’est sur cette base qu’il faut faire le budget. Quant aux chevaux, il ne faut compter que sur la moitié des chevaux de la compagnie Breidt, en ôtant de la moitié actuelle ce qui existe aux armées de Naples et de Hollande; et encore vous ne porterez ces chevaux que pour six mois, parce que, jusqu’au 1er mars, la moitié ne me coûte rien, puisqu’elle est en Allemagne, et qu’au 1er juin plus de la moitié sera réformée. Voilà les bases les plus approximatives du budget. Il est inutile de parler des dépenses des prisonniers de guerre, vu que le séjour de l’armée pendant trois ou quatre mois en Allemagne compensera et au delà toutes les petites dépenses extraordinaires de la guerre. Quant à la cavalerie, voyez ce qui est aux armées de Naples et de Hollande; ôtez ces chevaux et faites le budget pour le reste. Ne comptez cependant ce qui est à la Grande Armée que pour huit mois.
Paris, 15 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, je ne puis concevoir que la marine de Venise puisse coûter 300,000 francs par mois. Mon intention est qu’elle soit organisée comme elle l’était sous les Autrichiens, et qu’elle ne coûte pas un sou de plus.
Vous allez beaucoup trop vite, et vos mesures sont souvent précipitées. Tout ce qui appartient à la Grande Armée, vous ne devez pas y toucher. Il ne s’agit pas de faire des chemins et des canaux; il faut d’abord nourrir mon armée; ne faites là-dessus que ce que j’ordonnerai. J’ai envoyé un conseiller d’État pour administrer les finances, et un receveur. Vos rapports ne me font point connaître la situation de mes finances. Je n’ai point l’état de l’impôt de guerre qui a été mis sur le pays vénitien. Cet impôt peut être porté à quinze ou vingt millions, indépendamment des contributions ordinaires. Je vais augmenter mes forces; je suis obligé de me tenir dans une situation très-forte; il me faut donc beaucoup d’argent.
Paris, l5 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, il faut de l’ordre. Le duché de Parme est un gouvernement à part; mais, comme en ce moment il appartient à la 28e division militaire, c’est à cette division à fournir à ses dépenses. Envoyez à Parme le 3e d’infanterie légère et retirez-en tous les dépôts. Vous n’exécutez pas les ordres que je vous donne, et vous croyez pouvoir les remplacer par d’autres; ce n’est pas ma méthode. Écrivez-moi plus en détail ce que vous faites. J’attends depuis longtemps le compte des ministres, exercice 1805; la note abrégée que vous m’avez envoyée ne me suffit pas. J’ignore si la place de Palmanovi est approvisionnée. Chacun de mes ordres doit être suivi exactement. Envoyez-moi, tous les sept jours, l’état de situation, indépendamment de celui que l’état-major envoie à la guerre.
Paris, 16 février 1806
A M. Champagny
Monsieur Champagny, faites-moi connaître ce que je puis faire en faveur de Jean-Pierre Tondu-Lebrun, que le proviseur de mon lycée impérial présente comme digne de mes bienfaits, et qu’une maladie a privé pour toujours de la vue lorsqu’il allait être envoyé à Constantinople en qualité d’élève des langues étrangères.
Paris, 16 février 1806
A M. Bérenger, directeur de la caisse d’amortissement
Monsieur Bérenger, cédez an trésor public les trois millions que vous avez à Augsbourg, les trois millions sur Francfort, les deux millions provenant de la contribution de Francfort, les dix millions qui arrivent le 28 février à Strasbourg, venant de Vienne, et les 5,600,000 livres que vous avez de traites sur Paris , total , 23,600,000 livres. Prenez, en remplacement, des obligations à la convenance du trésor, et avec l’escompte , comme le feraient les banquiers. Le trésor disposera alors de cette somme pour son service.
Paris, 16 février 1806
A M. Bérenger, directeur de la caisse d’amortissement
Monsieur Bérenger, vous avez six millions échus à Hambourg; faites-moi connaître ce qu’il y aura d’ici au 15 mars; je veux qu’ils soient transportés en France, en argent, pour déjouer toutes les spéculations des banquiers du Nord, et qu’ils arrivent sous une bonne escorte formée de mes troupes. Envoyez un courrier à Hamelin, au général de division Barbon et mon ministre à Hambourg, pour qu’ils aient à se concerter ensemble et à faire escorter tous les convois. Vous trouverez ci-joint une lettre au général Barbou, où je lui fais connaître mes ordres sur cet objet.
Paris, 16 février 1806
A M. Talleyrand
Monsieur Talleyrand, écrivez en Espagne pour en faire chasser les ministres de Russie et de Suède, et pour faire fermer tous les ports aux bâtiments suédois.
Paris, 16 février 1806
Au maréchal Augereau
Mon Cousin, j’ai reçu votre lettre et les lettres de change de deux millions qui y étaient jointes; j’ai fait remettre ces dernières à la caisse d’amortissement pour le compte de la Grande Armée. Veillez à ce qu’il n’y ait aucune distraction de fonds, et réprimez les abus autant que possible. Je donne ordre qu’une division de dragons vienne se ranger sous vos ordres.
Paris, l6 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, j’apprends avec plaisir la bonne réception qui vous a été faite à Venise. J’approuve beaucoup la mesure qui vous avez prise de défendre l’introduction des marchandises anglaises dans la pays vénitien; faites la même chose pour le royaume d’Italie; voilà de bonnes et utiles mesures, et d’un résultat avantageux pour la France et très-cruel pour nos ennemis. Dans le considérant de votre décret sur l’organisation de la municipalité de Venise, vous dites qu’il ne serait pas juste que Venise n’eût pas d’administration municipale. C’est une rédaction triviale et mauvaise. L’arrêté qui accorde un traitement à des particuliers qui ne font rien doit être pesé mûrement; provisoirement donnez-le-leur à titre de secours.
Dans le compte général des contributions de la Grande Armée, le Véronais est porté pour 400,000 ftancs.
Le Vicentin pour . . . . . . . . . . . . . 1,000,000
Le Trévisan . . . . . . . . . . . . . . . . 1,500,000
Le Padouan . . . . . . . . . . . . . . . . 1,500,000
Udine pour . . . . . . . . . . . . . . . . 1,000,000
Trieste pour . . . . . . . . . . . . . . . 2,000,000
Total . . . . . . 7,400,000
Il est indispensable que cette somme rentre en caisse, vu que j’en ai besoin. Je désirerais qu’elle fût portée jusqu’à dix millions. Faites-moi connaître la partie qui a été payée, celle qui ne l’est pas, et ce que sont devenus les fonds touchés. Tout cela doit être versé dans la caisse de la Grande Armée. N’oubliez pas que j’ai besoin de beaucoup d’argent; qu’il faut que j’augmente encore mon armée, que j’organise ma marine.
Je n’ai pas encore reçu de vous un état de situation de mon armée d’Italie, un état des biens nationaux, ni un compte sur l’état de Venise; cela n’est pas travailler; c’est travailler en l’air. L’art consiste surtout à faire travailler.
Je remarque que vous dépensez beaucoup trop d’argent en Italie. Les nouvelles augmentations que je suis obligé de faire à mon armée m’ont fait prendre un décret par lequel les troupes italiennes seront nourries, habillées, soldées et entretenues par le trésor de mon royaume d’Italie.
Paris, 16 février 1806
A Madame Bressieux
Madame Bressieux, j’ai reçu votre lettre; elle me donne une nouvelle preuve de votre attachement pour moi. Vous me demandez, avec un intérêt auquel je suis sensible, un mot qui vous assure que ma santé continue d’être bonne. Je saisis avec plaisir l’occasion de faire ce que vous désirez.
Paris, 16 février 1806
A M. Champagny
Monsieur Champagny, je vous envoie des notes sur les fêtes à donner à l’armée. Environnez-vous de tous les hommes capables de vous donner des idées là-dessus.
Faites-moi connaître où en est la colonne que j’avais décrété d’élever à Charlemagne sur la place Vendôme, et ce qui a été fait pour le monument du général Desaix sur la place des Victoires, et pour celui à élever sur la place de la Concorde.
Paris, 17 février 1806
NOTES POUR LE MINISTRE DE L’INTÉRIEUR
Dans le courant du mois de mai, une partie de l’armée sera réunie à Paris. Il est convenable de préparer, dès à présent, le plan des fêtes qui lui seront données. Il faut le rendre public deux mois d’avance pour qu’il ait tout l’effet convenable.
1° La ville de Paris a arrêté de faire présent aux aigles de la Grande Armée de couronnes d’or; ce peut être le sujet d’une fête.
2° L’exposition des produits des manufactures et les récompenses à accorder à ceux qui seront jugés les meilleurs peuvent être un autre sujet de fête.
3° Un banquet donné par la ville de Paris à l’armée pourrait être un troisième sujet de fête.
4° La distribution des aigles aux 2,000 braves qui les ont gagnées dans cette campagne fournira un quatrième sujet de fête.
On peut encore en trouver d’autres.
Il faut que ce soit la ville de Paris qui reçoive l’armée. Il semble qu’on ne peut la faire représenter vraiment que par les différentes corporations qui, ayant des attributs et un cérémonial particuliers dans les circonstances où elles paraissent en public, peuvent mettre une grande variété dans ces fêtes. La ville de Paris sera compensée des dépenses qu’elle fera par l’accroissement de son octroi, d’autant plus que les officiers et soldats, qui recevront dans ces jours-là une gratification et une paye extraordinaires, feront beaucoup de dépenses.
Quelques combats de taureaux à la mode en Espagne ou des combats de bêtes féroces seraient, dans ces circonstances, des amusements qui plairaient à des guerriers.
Il n’y a pas non plus de plus belle occasion de poser la première pierre d’un monument.
Pour cette circonstance les théâtres ne sont pas assez nombreux. Sans former de nouvelles troupes, il faudrait que non-seulement l’Opéra et tous les théâtres donnassent pendant les huit jours que dureront les fêtes, mais que les différentes salles répandues dans Paris fussent occupées par les doubles différents théâtres.
Des courses de chevaux et même de chars pourraient aussi être d’un grand agrément.
Il faudrait que, dans les concerts que l’on donnera, soit aux Tuileries, soit au Luxembourg, soit ailleurs, on chantât des airs guerriers analogues aux circonstances, que l’on pût retenir et qui restassent.
Enfin il faut que tout excite l’enthousiasme et donne un nouvel éclat à l’esprit militaire.
Il faut aussi accélérer l’exposition du Salon qui doit avoir lieu cette année, et que le Muséum se trouve dans tout son éclat.
Paris, 17 février 1806
A M. Denon, directeur général des musées
Monsieur Denon, j’ai lu votre note sur le monument à élever par la ville de Paris; tout m’y a paru vague. Faites-moi connaître quelque chose de précis. Le Sénat, en votant la statue de la Paix, a suivi un usage romain. Je pense que, si les quatre anges qui sont au Muséum m’appartiennent et ne sont point des objets d’art, on pourrait les employer à ce monument. Le Sénat a sans doute accompagné sa délibération d’un développement qui doit décider le caractère à donner à cette statue. Je verrai avec plaisir la note des monuments que le Sénat a votés dans différentes circonstances, et celle des tableaux, statues et monuments que j’ai ordonné, car je désire que rien de ce que j’ai ordonné ne tombe dans l’oubli et que tout s’exécute.
Paris, 17 février 1806
NOTE POUR LE MINISTRE DES FINANCES
Le ministre des finances est invité à présenter
1° Un état par départements des recettes de l’enregistrement, du timbre, des greffes et des hypothèques, pendant les années X, XI, XII et XIII, propre à faire connaître les différences qui peuvent exister entre les produits de chacun de ces exercices;
2° Un rapport sur les mesures à prendre pour réduire les obligations des receveurs généraux à des termes qui n’excéderaient pas douze mois;
3° Un mémoire sur un projet d’établissement de receveurs de l’indirect, et sur les termes à fixer pour le payement de leurs obligations;
4° Un état des besoins présumés du trésor public pour le service à faire annuellement dans chacune des divisions militaires.
Paris, 17 février 1806
A M. Gaudin, ministre des finances
La ville de Marseille a des rentrées considérables; elle doit avoir des fonds. Voyez M. Français, de Nantes, et faites-moi un rapport pour activer la rentrée de ce que cette ville doit pour le vaisseau qu’elle a offert, en déduisant cependant ce qu’elle a déjà payé en centimes additionnels de guerre.
Paris, 16 février 1806
Au général Dejean
Monsieur Dejean, vous me demandez mes ordres sur les 9e, 10e et 11ee bataillons du train de nouvelle formation. Mon intention est que ces bataillons soient conservés, mais qu’il n’en soit pas fait de dédoublement, c’est-à-dire de bataillons bis. Donnez donc des ordres pour réincorporer dans les bataillons principaux ce qui aurait formé les bataillons bis pour ces trois numéros. Complétez ces bataillons et mettez-les en état de partir.
Préparez-moi un travail général sur l’artillerie. Mon intention est d’avoir pour le service des 27e et 28e divisions militaires une seule école à Alexandrie. On pourra, s’il est nécessaire, continuer à la laisser à Turin. Il y aura dans cette école un régiment d’artillerie à pied et un régiment d’artillerie à cheval, qui feront le service de Gênes et des 27e et 28e divisions militaires.
Un régiment d’artillerie à pied sera destiné à faire le service de l’armée de Naples et de l’armée qui est en Italie, savoir : un bataillon complet à l’armée de Naples et un autre à celle d’Italie.
Le bataillon qui sera dans le royaume d’Italie sera placé à Padoue; il sera employé au service de Venise; celui qui sera destiné pour le royaume de Naples aura son école à Naples. Il y aura aussi un régiment d’artillerie à cheval pour l’armée d’Italie, lequel tiendra un escadron détaché à l’armée de Naples.
Il y aura deux bataillons principaux du train à l’armée de Naples et deux à l’armée d’Italie; il n’en restera donc plus que sept pour l’intérieur de la France.
Les établissements français en Italie seront spécialement concentré à Alexandrie; et, en attendant que cette place puisse jouer le rôle auquel elle est destinée, on pourra, si on le juge convenable, le laisser provisoirement à Turin. Les établissements provisoires d’armée pour l’armée d’Italie seront à Padoue.
Cependant, pendant bien des années encore, il faut que les arsenaux et établissements de Grenoble soient tenus en état, soit qu’on y travaille ou non, de sorte qu’au premier événement on puisse les réouvrir pour défendre les Alpes.
Tous les magasins d’artillerie appartenant à la France devant le plus possible être concentrés dans Alexandrie, on ne doit avoir ailleurs d’autres magasins que des dépôts, et l’armée d’Italie elle-même ne doit avoir qu’au delà de Mantoue. Enfin recommandez bien à tous les officiers d’artillerie qui sont en Italie de renfermer tous les canons et les magasins dans les places fortes. Je n’ai besoin, du reste, surtout dans ce moment-ci, d’aucun mouvement extraordinaire d’artillerie de France en Italie; il faut attendre la belle saison.
Paris, 17 février 1806
A M. Bérenger
Je vous envoie un état d’approvisionnements de siège; comme mon intention est d’ordonner un jour la vente de ces approvisionnements, et d’en verser le produit dans la caisse d’amortissement, pour reformer le fonds d’effets militaires, je désire que vous gardiez ces états avec soin, afin que je puisse comparer ce que la vente m’en rendra avec ce qu’ils m’ont coûté.
Paris, 17 février 1806
Au général Dejean
J’ai parcouru avec intérêt les états de l’habillement de toutes les armes. J’ai vu qu’il était dû encore aujourd’hui 93,000 habits sur l’an XIII. L’état est bien fait, mais il a besoin d’une colonne de plus qui fasse connaître combien d’habits étaient dus aux corps pour l’an XIII-XIV jusqu’au 1er janvier 1806. Faites-moi donc refaire cet état avec cette colonne de plus; et, pour abréger le travail des bureaux je vous renvoie le même état. Vous ferez mettre en bas les additions.
Rapportez-moi cet état mercredi.
Paris, 11 février 1806
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, le courrier Floquet a dû vous porter une lettre du 14. Vous ne pouviez pas l’avoir reçue quand vous m’avez écrit vôtre lettre du 12. J’espère que ce courrier sera arrivé le 19 ou le 20.
Dans la crainte qu’il ne lui soit arrivé quelque accident, je vous envoie copie de la lettre que je vous ai écrite, où vous verrez que je réponds à toutes vos questions. Aussi vous devez être hors d’embarras, et les justes sollicitudes que vous me montrez par votre lettre du 12 février se trouvent levées.
Par votre lettre du 9 février, vous me demandez mes ordres pour l’artillerie du Tyrol. Je vous autorise à en faire présent au roi de Bavière avec tous les bois, munitions, etc., qui s’y trouvent. A l’occasion de ce nouveau don, que je lui fais, vous lui écrirez une lettre convenable.
Je vous recommande de nouveau, et avec la dernière instance, l’armure de François ler, qui est dans un château du Tyrol. Faites-la venir à Munich, et apportez-la vous-même à Paris; je la recevrai en séance et avec apparat.
Je suis ici occupé plus que vous ne le pouvez concevoir. Marbois m’avait tout mis dans un désordre inimaginable ; mais à présent tout va bien. Je vous verrai avec plaisir, du moment que la situation de mes affaires me permettra de vous autoriser à revenir.
Paris, 17 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, faites-moi connaître votre opinion sur les remplacements à faire des évêchés vacants. Il faudrait y nommer des prêtres qui me fussent très-attachés, sans aller chercher de vieux cardinaux, qui, dans des événements, ne nous seconderaient pas.
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Envoyez-moi un état de situation de mon armée italienne; le dernier que j’ai est du mois de juillet.
Je vous ai envoyé un préfet maritime.
Paris, 18 février 1806
A M. Champagny
Monsieur Champagny, mon intention est qu’on achève le Panthéon le plus promptement possible, et que, dès le mois de mars, les travaux soient dans une grande activité. Sur le fonds de cinq millions qui est à la caisse d’amortissement, provenant du produit des droits sur les exportations des blés, mon intention est que vingt pour cent soient destinés à l’achat de 100,000 quintaux de blés , et vingt pour cent pour les travaux d’embellissement de Paris; ce qui fait un million pour achat de blés et un million pour les travaux Paris. Toutes les recettes qui proviendront du même objet seront affectées dans la même proportion à ces deux destinations.
Vous emploierez le million destiné aux travaux de Paris de la manière suivante : 500,000 francs pour les travaux à faire cette année au Panthéon, et 500,000 francs pour l’érection d’un arc triomphe à l’entrée des boulevards, près du lieu où était la Bastille, de manière qu’en entrant dans le faubourg Saint-Antoine on passe sous cet arc de triomphe.
Paris, 18 février 1806
A M. Mollien
Monsieur Mollien, je reçois votre rapport de ce jour. Comme la Banque ne fait rien de son argent, elle pourrait bien escompter vos 5,600,000 francs de lettres de change sur les différentes places. Vous pouvez régler votre compte avec la caisse d’amortissement; et je désire que les effets que vous devez lui donner en remplacement lui soient versés dans la semaine, afin qu’elle ait son compte toujours en règle.
Activez vos payements, mettez-vous, sous ce point de vue, à jour. La caisse d’amortissement, qui a cinq millions appartenant aux ponts et chaussées, peut fort bien vous les prêter en échange des valeurs à plus long terme; elle peut aussi vous donner quatre millions sur les bois qu’elle a aux communes; ce qui fera neuf millions que vous fournira la caisse d’amortissement, et qui vous serviront à mettre à jour vos payements.
Paris, 18 février 1806
Au général Dejean
Monsieur Dejean, j’imagine qu’on ne fait aucune réquisition de gardes nationales dans la 5e division militaire. Écrivez positivement au maréchal Kellermann que je n’en veux pas , et qu’on laisse les citoyens tranquilles.
Paris, 18 janvier 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, je ne puis accorder mon estime à M. Camelet ni à votre architecte ; je les ai chassés l’un et l’autre de chez moi. Il es absurde qu’on ait dépensé 1,500,000 francs dans une maison si petite que la vôtre, et ce qu’on y a fait ne vaut pas le quart de cette somme. Ayez donc soin de ne rien faire qu’avec des devis arrêtés. Au reste, ne vous mêlez pas de votre maison; j’y ai mis embargo. Quand vous viendrez à Paris, d’ailleurs, vous logerez dans mon palais.
Paris, 18 février 1806
Au général Junot
Monsieur le Général Junot, je ne suis point content de votre extrême indulgence. Sans un exemple sévère, les peuples d’Italie seront toujours prêts à se révolter. Vous me parlez toujours de leurs plaintes, mais d’une manière vague, et jamais de qui ni de quoi ils se plaignent. Comment pouvez-vous me dire qu’il n’y a dans l’État de Parme que six coupables, quand plusieurs milliers d’hommes ont été sous les armes pendant deux mois, ont pendant deux mois constamment sonné le tocsin et résisté à mes troupes ? Vos dépêches ne sont pas assez précises. Votre indulgence est mollesse. Faites-moi la chasse à 5 ou 600 brigands qui sont dans ce pays, et envoyez-en plusieurs centaines aux galères. Ne les cajolez point trop.
Faites-moi connaître la conduite qu’a tenue Moreau de Saint-Méry et les charges qu’il y a contre lui.
Vous dites qu’il n’y a point eu de blessés , et l’on m’assure qu’il y a eu des gendarmes de tués. Certainement je n’ai point d’inquiétudes pour l’État de Parme; mais j’en ai pour les suites que cela peut avoir en Italie, si je réprimais aussi mollement une aussi grande et sérieuse rébellion. Je n’adopte point votre distinction. Quand on se révolte contre mes agents, on se révolte contre moi. Vous ne connaissez pas ces gens-ci. Vous me parlez du rétablissement de l’ordre moral comme d’une chose difficile. Que vous faut-il pour réprimer le désordre qui existe ? Les pouvoirs ? Vous les avez. Vous avez un administrateur qui vous est subordonné et qui est capable de faire le bien. L’idée de concentrer tous les pouvoirs dans les mains d’un gouverneur général à Gênes est une idée qui n’est pas bonne. La marche de l’administration est une; une administration particulière ne peut qu’y apporter du désordre. Cela est bon pour la police seulement, et, dans ce sens, le général Menou à Turin et l’architrésorier à Gênes ont des pouvoirs convenables.
Voilà plus d’un mois que vous êtes dans le pays, et je n’ai encore reçu de vous aucun mémoire qui me fasse connaître en détail la véritable situation des choses et les dispositions à prendre. Je ne suis pas plus avancé après la lecture de votre correspondance qu’avant. Faites arrêter Duplan et Platestanes , et envoyez-moi-les sous bonne et sûre garde à Paris , avec toutes les charges que vous avez contre eux; mais, avant, soyez bien sûr qu’ils sont coupables.
Envoyez-moi les originaux des ordres que l’administrateur général a donnés à l’hôpital de Parme d’acheter les biens que ces messieurs se sont fait adjuger à quatre pour cent de perte au-dessous de l’estimation. Mais prenez garde; ne vous livrez pas aux hommes qui en veulent toujours à ceux qui, les premiers, nous ont servis.
Je m’occupe de Parme comme des autres pays. Vous ne m’éclairez pas suffisamment sur ce qu’il y a à faire.
Toutes les pensions civiles et militaires sont liquidées, ainsi que le travail de M. Bérenger.
Vous avez, encore une fois, des pleins pouvoirs. Ne laissez que les affaires d’argent dans les mains du préfet; vous avez des pleins pouvoirs pour tout le reste. Il est inutile de faire des modifications aux lois françaises.
J’ai ordonné que le directeur de l’enregistrement qui était à Parme partît demain pour s’y rendre. On m’en dit beaucoup de bien. Faites-moi connaître le nom des sous-préfets. J’ai envoyé un commissaire général pour administrer les tribunaux, lequel ne tardera pas à arriver ; c’est un homme capable. Mais ne gâtez pas ce peuple. Je veux qu’il fournisse sa conscription, et qu’il soit tranquille.
J’ai ordonné qu’on ne laissât à Parme que le 3e d’infanterie légère; ayez soin de ce régiment : disciplinez-le, et tenez-le en bon état.
Paris, 18 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, ayez soin que les approvisionnements de siége ne soient pas gaspillés. Ne faites point confectionner de biscuit à Venise; j’en ai une grande quantité à Mantoue et dans les autres places d’Italie; faites-en transporter à Palmanova. Je ne veux point faire d’autres approvisionnements que dans cette place, puisque bientôt je serai obligé de vendre ceux de mes places d’Italie. Mais veillez à ce que les magasins de Naples ne soient point gaspillés ; je m’en ferai rendre un compte sévère à mon premier voyage en Italie. Ce peut être au premier moment, et je m’y trouverai bientôt, car j’irai incognito, en chaise de poste , avec un aide de camp et un valet de chambre. J’imagine que je trouverai à Milan des chevaux et des voitures.
Paris, 18 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, M. Aldini vous enverra mon décret pour les approvisionnements de Palmanova. Il faut prévoir le cas où les Anglais intercepteraient la communication de Venise avec la Dalmatie. Il faut donc envoyer 400,000 rations de biscuit en Dalmatie.
Paris, 18 février 1806
Au prince Joseph
Mon Frère, je reçois votre lettre du 8 février. Vous devez avoir reçu la proclamation que j’avais faite à mon armée de Schoenbrunn, et que j’avais gardée en réserve. Il n’y a plus de ménagements à garder. A l’heure qu’il est, vous êtes maître de Naples et sur le point de surprendre le passage de Sicile. C’est le grand but où il faut tâcher d’arriver.
La Prusse a reconnu déjà tous les arrangements de Naples. Il faut intituler vos actes, Joseph Napoléon; il est inutile de mettre Bonaparte.
Paris, 19 février 1806
A M. Champagny
Sa Majesté désire que le ministre de l’intérieur lui présente incessamment un projet de décret pour dispenser formellement de toute espèce de service militaire tous les ecclésiastiques engagés dans les ordres.
Sa Majesté me charge de vous réitérer l’invitation de faire connaître son mécontentement au préfet de la Meurthe, ce magistrat n’ayant pu ignorer que le Procureur Général était exempt par la loi, et que l’évêque l’était par toutes les convenances; qu’il n’y a dans la conduite du préfet une sorte d’inconsidération, peut-être même des
principes de mépris pour l’épiscopat, qui doivent surprendre extrêmement dans un fonctionnaire public, qui ne doit pas ignorer à que1 point le clergé a bien servi l’État dans toutes les circonstances importantes et surtout pour ce qui concerne la conscription; et que c’est avec beaucoup de peine que Sa Majesté a vu qu’on s’est permis à Nancy ce qu’on n’aurait pas fait dans cette ville en 1793.
Le ministre secrétaire d’État, par ordre de l’Empereur.
Paris, 19 février 1806
NOTE POUR LE MINISTRE DE L’INTÉRIEUR
Sa Majesté désire que le ministre de l’intérieur fasse proposer à la première classe de l’Institut les questions suivantes :
Quels avantages ou quels inconvénients y aurait-il à faire les piliers du Panthéon en fonte ?
Quel est le rapport de la ténacité de la fonte à l’espèce de pierre qui a servi à la construction du Panthéon ?
Quel est son rapport avec la pierre de Tonnerre ?
Que coûterait la construction, soit en fonte, soit en pierre du Panthéon , soit en pierre de Tonnerre ?
L’élégance du bâtiment perdrait-elle au renforcement des piliers ?
Le renforcement serait-il inutile en construisant les piliers en fonte ?
Paris, 19 février 1806
A M. Denon
Sa Majesté désire, Monsieur, que vous lui présentiez vos vues sur un monument à élever au général Leclerc.
Ce monument serait placé dans l’église Sainte-Geneviève.
Il convient qu’il ait plus de magnificence que celui qu’on vient d’exécuter pour le général Desaix. Sa Majesté croit qu’il y aurait de l’avantage, pour l’effet et pour l’art, à faire la statue en pied, comme dans les siècles passés.