Correspondance de Napoléon – Décembre 1813
Décembre 1813
Paris, 1er décembre 1813.
NOTE POUR LE MINISTRE DIRECTEUR DE L’ADMINISTRATION DE LA GUERRE.
Il ne paraît pas possible de faire des marchés pour tout ce qui compose le service des fourrages, mais on peut le diviser en deux, l’avoine d’un côté, et de l’autre le foin et la paille. Il est possible de faire des marchés pour l’avoine, en variant les prix selon les localités. Ce serait déjà un grand souci de moins que d’avoir cette partie du service assurée. Quant au foin et à la paille, on ne peut songer à se Iles procurer que par réquisition. On connaît la situation de la récolte dans les différents départements, et les moyens de communication affluent sur les magasins centraux. Les réquisitions seraient faites à Ides pris qui ne fussent point onéreux pour le gouvernement, sans léser le propriétaire.
Le ministre fera un tableau des besoins de chaque magasin, en foin et en paille, et de ce que les départements peuvent y verser. Des mesures seront prises pour que les payements aux départements se fassent régulièrement chaque mois. Ce sera une charge, mais on ne peut faire autrement.
Une compagnie s’est présentée à Mayence pour faire le service à 40 sous. On ne comprend pas comment il lui sera possible de le faire, à moins qu’elle ne compte faire faire une partie de son service
par des réquisitions dont elle rachèterait les bons. Toute compagnie de fourrages se trouvera dans la dépendance des mouvements de la cavalerie, qu’elle ne peut prévoir, ni pour les lieux, ni pour la durée
de leur séjour. Il est de règle que la cavalerie vive sur le pays où elle se trouve. Si l’ennemi fait, par exemple, un mouvement sur Strasbourg et qu’on y porte 40,000 chevaux, comment la compagnie
y pourvoira-t-elle avec ses magasins? Comment suffira-t-elle transports, etc.? Il faudra toujours en revenir aux réquisitions.
Dans l’intérieur, où il n’y aura que des dépôts, la charge des réquisitions sera peu considérable pour les départements, et même tout préfet intelligent la leur épargnerait, en traitant comme aurait fait la guerre.
Partout où il se fera de grands rassemblements, comme sur le Rhin, le service par marché est impossible. Il ne reste que celui des réquisitions qui, s’il est bien régularisé, sera le moins possible à charge au pays, qui sent d’ailleurs la nécessité de nourrir les chevaux pour empêcher que le cavalier n’aille prendre ce qui ne lui serait pas donné, et éviter ainsi des désordres.
Quant aux Pyrénées, on sent qu’on ne peut y nourrir longtemps la cavalerie. Le système des réquisitions, le seul qu’on puisse établir,] est plus difficile qu’ailleurs, et les prix doivent être beaucoup plus hauts.
En résultat, 40 sous ne seraient pas un prix trop considérable pour le Rhin, si le service pouvait être fait; mais le munitionnaire gagnerait 50 pour 100 sur les chevaux isolés et les dépôts dont il ferait réellement le service; quant aux rassemblements et au véritable service de l’armée, il se couvrirait de son insuffisance pour recourir aux réquisitions.
Paris, 3 décembre 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, du moment que vous m’avez envoyé hier avis du projet d’évacuation d’Hellevoetsluis, j’en ai pris beaucoup d’inquiétude. Je pense que vous aurez été à temps d’envoyer les contre-ordres, et j’espère qu’on aura tenu dans cette place. Envoyez-y un bon commandant et 1,200 hommes.
Donnez ordre à l’amiral Missiessy de renvoyer la flottille qui doit protéger cette place. Désormais le général Decaen doit être chargé de suivre ces opérations. Donnez ordre que les 3,000 gardes nationales qui arrivent des départements du Nord et du Pas-de-Calais se forment â Breda, car Anvers est bien encombré. Cela complétera les gardes nationales du général Rampon à 6,000 hommes.
Écrivez au major général de vous instruire de tous les mouvements du duc de Tarente, afin que vous puissiez en tenir informé le général Decaen.
Il est nécessaire que, aussitôt que le général Decaen aura bien pris possession de son commandement, le duc de Plaisance se tienne le plus souvent à Anvers pour veiller sur cette place, aille inspecter l’île de Cadzand et Flessingue, et parcoure tous les dépôts des 16e et 24e divisions militaires pour accélérer le mouvement des troupes et la formation du 1e et du 13e corps bis.
Paris, 3 décembre 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Présentez-moi un projet déformation pour tout le corps polonais. Vous pouvez charger mon aide de camp Flahault de se rendre à Sedan pour en concerter les bases avec les généraux. Je crois qu’il y a actuellement à Sedan sept régiments de cavalerie, savoir : le 2e, le 3e, le 4e, le 8e le 7e de lanciers, le 1e de chasseurs et le régiment des Cosaques-Cracus. Je pense qu’il y a également 1,800 chevaux. Mon intention serait, de ces 1,800 chevaux, d’en former quatre régiments de lanciers ordinaires, chacun de 500 chevaux, et de prendre tout ce qui resterait de Polonais, tant de cavalerie que d’infanterie, pour en former deux régiments de Cosaques, qui seraient montés sur des chevaux de 4 pieds 3 pouces et seraient équipés à la cosaque. Les chevaux s’achèteraient par un marché. Nous avons 20,000 de ces chevaux qu’on peut se procurer en France. Ainsi cette opération pourrait avoir lieu sans affaiblir nos moyens de remonte. On garderait les chevaux de taille ordinaire pour les quatre premiers régiments. Il n’y aurait plus alors d’infanterie polonaise. Donnez sur ce principe des instructions au général Flahault, et qu’il se rende sans délai à Sedan.
Paris, 3 décembre 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, je ne vois pas d’inconvénient â ce que vous fassiez venir de Corse les 5,000 fusils qui s’y trouvent. Je ne vois pas d’inconvénient non plus à ce que, d’ici à quelque temps, sur les 6, 000 fusils qui sont à Corfou, vous en fassiez remettre 4,000 au roi de Naples, en les lui vendant. Je crois utile de faire venir ceux qui sont en Catalogne. 11 me semble impossible d’ôter les fusils aux douaniers ; ils font un service trop actif et trop utile.
Je vous ai mandé de vous concerter avec le ministre de la marine pour qu’il vous remette tous les fusils dont il peut se passer. Il me semble difficile de retirer les fusils aux vétérans; ce serait tout à fait désorganiser cette troupe; on pourrait tout au plus lui donner des fusils â réparer, en échange de ses bons fusils.
Paris, 3 décembre 1813.
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Duc Decrès, envoyez, par une estafette extraordinaire, l’ordre aux quatre frégates qui sont à Flessingue de rester mouillées sous les remparts de la ville, afin de protéger la défense de la place et le passage de l’île de Cadzand. Dans le cas où elles seraient obligées, de quitter la rade, donnez-leur l’ordre d’entrer dans le bassin et d’employer leur personnel et leur matériel à la défense de l’île de Walcheren et de la place. Faites-leur connaître qu’elles sont sous les ordres du gouverneur, le général Gilly; faites-le connaitre aussi au général Gilly. Mettez à sa disposition non-seulement le matériel et le personnel de ces quatre frégates, mais encore tout ce que la marine offre de ressources pour la défense de l’île de Walcheren, de Terveere, et pour les communications avec l’île de Cadzand. Faites-moi connaître les vivres que vous avez à Flessingue, le nombre de bouches, y compris les frégates, et pour combien de temps cela vous fera de vivres. Je désire que vous me fassiez connaître demain quelle est la situation de la marine à Flessingue et à Terveere, personnel et matériel , combien il y a de chaloupes canonnières à l’embouchure de l’Escaut, et de quelle espèce; combien il y en a à Cadzand; quelles ressources le matériel de la marine peut offrir, en agrès, affûts, etc., pour la défense de Flessingue et de l’île; quelles ressources peut également offrir le personnel de la marine, en y comprenant les quatre frégates qui, d’après mon ordre ci-dessus, rentreraient dans la ville.
Paris, 3 décembre 1813.
À Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Vérone.
Mon Fils, j’ai accordé les décorations de la Légion d’honneur et de la Couronne de fer que vous m’avez demandées pour l’armée, par votre lettre du 25 du mois dernier.
Le roi de Naples me mande qu’il sera bientôt à Bologne avec 30,000 hommes. Celle nouvelle vous permettra de vous maintenir en communication avec Venise et vous donnera le temps d’attendre l’armée que je forme, pour pouvoir reprendre le pays de Venise. Agissez avec le Roi le mieux qu’il vous sera possible. Envoyez-lui un commissaire italien, pour assurer la nourriture de ses troupes; enfin faites-lui toutes les prévenances possibles pour en tirer le meilleur parti.
C’est une grande consolation pour moi de n’avoir plus rien à craindre pour l’Italie.
Je vous ai mandé que toutes les troupes italiennes qui étaient en Aragon, en Catalogne et à Bayonne, sont actuellement en marche pour vous rejoindre.
Paris, 4 décembre 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Tout annonce que la guerre va devenir sérieuse du côté de la Hollande. Il est donc nécessaire de réunir et d’organiser à Douai du [matériel, des équipages et des caissons.
Paris, 4 décembre 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, vous me faites connaître que vous I craignez qu’une partie des 10,000 chevaux dont j’ai ordonné la levée ne se trouvent pas. Si vous êtes fondé dans cette opinion, mon intention est que vous passiez sur-le-champ des marchés pour les avoir par des fournisseurs. Ces chevaux doivent être levés à Douai, à Metz, à Mayence et à Strasbourg.
Je désire que l’équipage du 11e corps et celui du 1er corps Assoient formés sans délai, à Douai ou à Maëstricht, pour rejoindre à Nimègue et à Gorcum leurs corps respectifs. L’équipage du 5e corps pourrait être formé à Douai ou Maëstricht. Le 2e corps est à Cologne, et il est probable qu’il remontera le fleuve; son équipage doit être formé à Strasbourg. Celui du 4e corps et celui du 6e doivent être formés à Mayence ; celui du 7e à Strasbourg; enfin celui de la réserve à Metz. Donnez des ordres en conséquence, tant pour la réunion du matériel et du personnel que pour les attelages. Le 11e corps, le 1e corps bis et probablement le 5e, seront nécessaires dans le Nord pour reconquérir la Hollande.
Je crois qu’il n’a point été requis de chevaux dans les départements du Rhin, des liouches-de-1’Escaut et de l’Escaut, non plus que dans le département de la Dyle. On pourrait très-bien en prendre dans ces départements pour former l’équipage de Douai.
Donnez ordre au général Pernety de prendre le commandement de l’artillerie du 11e corps, du 5e et du 1er corps bis, et de se rendre à Douai, où il est nécessaire pour la formation des équipages.
Paris, 4 décembre 1813.
Au maréchal Marmont, duc de Raguse, commandant le 6e corps de la Grande Armée, à Mayence.
Je ne comprends pas comment le duc de Tarente se plaint de n’avoir pas encore touché de solde ; donnez-moi une explication là-dessus.
Je ne comprends pas davantage comment la cavalerie n’a pas touché sa masse de ferrage.
Faites-moi connaître quelle était la situation du magasin de l’habillement à Mayence, au 1er novembre, et quelle est la situation au 1er décembre.
Les conscrits pour le 4e corps commencent-ils à arriver ?
Paris, A décembre 1813.
Au général Nansouty, commandant la cavalerie de la Garde, à Paris.
Je vois toujours dans vos rapports sur les revues de cavalerie qu’on se plaint de ne pas avoir la masse de ferrage. Voilà plus de dix fois que je donne des ordres pour ce payement. Voyez l’intendant et le payeur, et ne sortez pas de chez eux que vous n’ayez l’assurance qu’on ait mis au courant toutes les masses de ferrage et de harnachement.
Paris, 5 décembre 1813.
À M. Maret, duc de Bassano, ministre secrétaire d’état, à Paris.
Voyez le ministre du trésor avant midi, avec les budgets en main et les états du payeur. A-t-il fourni, ou non, l’argent nécessaire à la Grande Armée ? La masse de ferrage n’est pas payée, de sorte que mes chevaux s’abîment à l’armée. Rien de la solde n’est payé ; aussi les officiers sont-ils au désespoir. Revenant nus, ils avaient droit à une gratification; mais, n’ayant pas de solde, ils ne peuvent ni s’habiller ni acheter des souliers ; je ne comprends rien à cela. Allez donc avec les budgets chez le ministre du trésor, de manière à pouvoir me donner aujourd’hui, après l’audience, des renseignements sur cet objet.
Paris, 5 décembre 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, donnez ordre sur toute la ligne, et spécialement à Kehl et à Kastel, qu’on interdise le passage d’une rive à l’autre et que personne ne contrevienne à cet ordre, sous peine d’être considéré comme espion. Témoignez mon mécontentement au général Morand de ce qu’à Kastel on laisse passer, sous prétexte d’aller vendre de la volaille, ou sous tout autre prétexte semblable. On ne doit laisser passer ni dans un sens ni dans l’autre.
Paris, 5 décembre 1813.
Au baron de La Bouillerie, trésorier général de la Couronne, à Paris.
Je désire que vous m’apportiez ce matin une action de la Banque de France, une action des salines de Peccais, une du canal du Midi, une du canal de Loing, une inscription des 5 pour 100 de la somme que vous voudrez (5 ou 600 francs suffisent), un bon de la caisse d’amortissement, un bon du Mont-Napoléon, un bon des droits réunis et un bon du syndicat de Hollande. Mettez tout cela dans un portefeuille, et vous m’apporterez en même temps un reçu. Je désire garder ces valeurs comme échantillons.
Paris, 5 décembre 1813.
À M. le comte de Ségur, Grand Maitre des Cérémonies, à Paris.
Monsieur le Comte de Ségur, il est ridicule qu’en décembre on tire le canon à six heures du matin pour une fête. Il faudrait ne tirer qu’au moins à neuf heures. Votre protocole paraît en cela avoir été mal arrangé; il convient de le changer.
Paris, 5 décembre 1812.
À Mme la maréchale Bessières, duchesse d’Istrie, à Paris.
Ma Cousine, j’ai reçu la lettre que vous m’avez écrite. Votre confiance en moi est bien fondée. J’ai donné ordre à mon grand maréchal du Palais de me faire un rapport sur votre affaire; je prendrai les mesures nécessaires pour la terminer et pour vous mettre dans] une situation convenable. Chargez votre père ou quelqu’un qui ait connaissance de vos affaires (et sans que les créanciers de la succession le sachent) de voir mon grand maréchal pour lui donner tous les renseignements qu’il peut demander.
Paris, 5 décembre 1813.
Au général comte Bertrand, grand-maréchal du palais, à Paris.
Je vous envoie un rapport du ministre de la police; occupez-vous un peu de celte affaire de la duchesse d’Istrie. Je vois que-la succession doit 600,000 francs au domaine extraordinaire. Cela ne fait pas embarras; il suffit que ces 600,000 francs soient hypothéqués sur le château de Grignon. Je ne fais point de difficulté de prêter encore 400,000 francs pour payer les dettes les plus criardes. Il ne resterait donc plus à pourvoir qu’à 400,000 francs. Il y a deux ou trois individus nommés comme ayant à réclamer de fortes sommes de la succession. Il faudrait tâcher de les rembourser en six ou sept ans, en payant l’intérêt à 5 pour 100 dès ce moment, et en affectant 50,000 francs par an à leur remboursement. On prendrait ces 50,000 francs I sur la dotation du Mont-Napoléon, qui est une dotation assurée. Il resterait donc à la duchesse, pendant tout le temps que les dotations d’Allemagne seraient suspendues, 50,000 francs sur le Mont-Napoléon et les revenus de la terre de Grignon. Comme ces revenus ‘sont d’une vingtaine de mille francs, la duchesse aurait pour l’éducation de ses enfants 60 à 70,000 francs, la propriété et l’habitation de son château; elle aurait alors une fortune décente. Le domaine extraordinaire aurait une hypothèque des 400,000 francs prêtés sur ma terre de Grignon, qui lui seraient remboursés immédiatement après le remboursement des créanciers, et par la même retenue d’une partie de la dotation. Ce que je crois important, c’est de vérifier si les mémoires d’architectes sont dans le cas d’être réglés, pour que, s’il y a lieu, on les envoie au comité des architectes de ma Maison.
Paris, 5 décembre 1813.
À Mme la comtesse Lauriston, à Paris.
J’ai reçu votre lettre. J’ai chargé le comte Defermon, intendant général de mon domaine extraordinaire, de vous faire toucher par avance une année du revenu de vos dotations, dont il opérera la retenue au fur et à mesure des rentrées.
J’ai ordonné au baron la Bouillerie de vous donner, a compter du 1e juillet dernier, 4,000 francs par mois, jusqu’à ce que le comte Lauriston, voire mari, cesse d’être prisonnier de guerre.
Paris, 6 décembre 1813.
Au comte Daru, directeur de l’administration de la Grande Armée, à Paris.
Monsieur le Comte Daru, j’ai besoin d’un bataillon des équipages dans le Nord, et je me décide à en faire confectionner les voitures par l’arsenal de la marine à Anvers. 11 faudrait donc placer un des dépôts au nord, soit à Douai, soit à Lille. Ce dépôt recevrait les hommes et les chevaux des départements du Nord et les voitures d’Anvers. Le Ge bataillon, dont le dépôt est à Commercy, n’a que 171 hommes, dont 44 au dépôt; dirigez-le sur Douai, où vous enverrez les hommes et les chevaux destinés à le compléter. Les harnais nécessaires se confectionneront à Douai. Apportez un soin particulier à la réorganisation de ce bataillon, afin que je puisse avoir deux compagnies complètes au 25 décembre, et les deux autres au( premier jour, puisque l’armée du Nord entre en opération.
Je destine un bataillon à chaque corps d’armée et un pour le quartier général; le 2e bataillon sera employé au 6e corps, le 6e au 1er corps bis, le 7e au 5e corps, le 10e au quartier général, le 12e au 2e corps, le 14e au 4e corps, le 15e au 11e corps, le 17e au 7e corps. Vous me rendrez compte tous les huit jours, les mercredis, de la situation et de l’organisation des bataillons, des cadres, de’ l’habillement, confection de voitures, levée de chevaux, etc.
Il faut augmenter les confections du parc de Sampigny; faites-moi un rapport sur cet établissement; les confections de voitures y sont meilleures que celles de Metz, Strasbourg et Nancy ; il faudrait tâcher de les y faire toutes. Indiquez-moi les mesures à prendre pour que l’on puisse faire par mois cent cinquante voitures à Sampigny. J’ai ordonné que la marine construirait à Anvers toutes les voitures nécessaires pour le 6e bataillon. Mon intention est que toutes les trente-deux compagnies des équipages soient complétées, personnel et matériel, et soient parties des dépôts au 1er mars. Cette organisation ne peut être arrêtée par rien. Faites-moi un rapport détaillé sur les confections de Plaisance, dont l’atelier a dû être transféré à Alexandrie. Apportez un grand soin à remplir mes intentions : 1° à avoir quatre compagnies du 10e bataillon et une par chacun des sept autres bataillons, prêtes au 20 décembre; 2° à avoir dans chaque bataillon une 2e compagnie disponible au 15 janvier; 3° une 3e compagnie, au 30 janvier; 4° une quatrième compagnie, au 15 février. Poussez tout cela de front et remettez-moi aussi les devis et le montant des achats, des harnais, des confections, etc.
Paris, 6 décembre 1813.
Au comte Daru, directeur de l’administration de la Grande Armée, à Paris.
Monsieur le Comte Daru, je vous envoie ci-joint un décret relatif à l’organisation des équipages militaires et des ambulances ; il faut prendre sur-le-champ les mesures nécessaires pour en hâter l’exécution. Je donne l’ordre au ministre de la guerre de mettre à votre disposition, pour compléter les équipages militaires, 1,000 conscrits sur la première levée des 300,000 hommes et 1,000 sur la seconde levée, ou sur la conscription de 1815. Organisez ces bataillons sans délai, et faites partir le 6e bataillon pour Douai. Faites monter les ateliers de Sampigny, de manière à faire cent cinquante voitures par mois, ce qui, avec les voitures déjà existantes, donnera 1,000 voitures en quatre mois.
Rendez-moi compte, tous les mercredis, de la situation et de la réorganisation des équipages. Rien ne peut vous empêcher de remplir Rues intentions. Il faut un peu d’activité et prendre de bonnes mesures d’exécution.
Remettez-moi aussi un projet de règlement et d’organisation pour le bataillon d’ambulances; il pourra porter 40 ambulances et être composé de 160 caissons et 480 cabriolets; total, 640 voitures, équivalant à 400 voitures ordinaires ou dix compagnies des équipages. Vous savez l’importance qu’il y a à avoir des cabriolets pour enlever les blessés du champ de bataille.
Je vous ai dicté à Dresde des notes sur les ambulances et sur le projet que j’avais de n’employer à leur service que des chirurgiens et des pharmaciens, et de ne point y avoir de commis ni d’employés.
Les dix compagnies d’infirmiers ne seront pas armées de fusils, mais de piques, dont les infirmiers se serviront comme brancards, pour transporter les blessés. Il sera nécessaire de mettre à la tête de ce bataillon des chirurgiens que vous intéresserez à la réussite de cette nouvelle organisation.
Paris, 7 décembre 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, je vois, par votre rapport de ce jour, que vous avez adressé directement au général Dufour l’ordre de se rendre à Strasbourg. Il me semble que vous avez fait là une grande faute. C’est au duc de Raguse que cet ordre devait être adressé, car enfin, avant que ce général quittât, il fallait qu’il fût remplacé, et il pourrait être survenu des circonstances telles qu’il ne dût pas partir. C’est par de pareilles erreurs que l’état-major fait quelquefois tant de mal; veuillez remédier à cet inconvénient.
Paris, 7 décembre 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, on fait venir les gardes nationales du Nord à Anvers et on les envoie à Gorcum, c’est-à-dire devant l’ennemi, sans habits et sans armes; cela est absurde. Envoyez des ordres par estafette extraordinaire, pour que ces gardes nationales restent à Anvers jusqu’à ce qu’elles soient habillées et armées. Aussitôt qu’elles seront armées, elles pourront être placées à Flessingue, à Terveere, au fort de Bath ou à Berg-op-Zoom. Il est ridicule de les envoyer tout à fait sur les frontières, sans habits, sans armes et sans organisation.
- S. Il faut cependant ne rien faire revenir, mais presser l’armement de ce qui est en avant.
Paris, 7 décembre 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, vous n’avez pas compris le 7e corps dans l’organisation des équipages d’artillerie des armées, mais vous pouvez fournir l’artillerie nécessaire à ce corps, soit en prenant sur| celle destinée à la réserve â Metz, soit sur celle destinée à d’autres corps, car il n’est pas possible de faire autrement. Je réduis l’équipage destiné pour l’armée de réserve de Metz à huit batteries de division, deux à cheval, deux de réserve; total, 92 bouches à feu; celui de réserve des Pyrénées à quatre batteries de division, une à cheval, une de réserve; total, 46 bouches à feu; celui de réserve de Turin à trois batteries de division et une de réserve, une à cheval; total, 38 bouches à feu; ce qui fait une réduction totale de 176 bouches à feu; de sorte que le total des équipages, qui se montait à 1,182 bouches à feu, ne sera plus que de 1,006.
Je suppose que les 1er et 14e corps rentreront en France, car, s’ils ne revenaient pas, il faudrait diminuer l’artillerie du 1er corps bis, qui n’a que vingt-deux bataillons.
Je vois qu’il y a à la Grande. Armée cinquante-cinq compagnies d’artillerie à pied et dix-huit dans les 1er et 14e corps, ce qui fait soixante et treize compagnies. D’après les réductions ci-dessus, il ne faut plus que cent cinq compagnies d’artillerie à pied au lieu de cent vingt-quatre. Le déficit ne sera donc plus que de trente-deux compagnies.
Je pense qu’il faut recréer à leurs dépôts les compagnies d’artillerie à pied qui sont dans les places de Stettin, Modlin, Zamość, Danzig, Torgau , Wittenberg, Erfurt, Würzburg, Raguse , Zara , Trieste, Sagonte, Péniscola, Tortose et Lérida, ce qui fait quarante-cinq compagnies. Bien entendu que les compagnies recréées porteront le n° bis jusqu’à ce que le sort de celles qui sont dans les places soit décidé. Au lieu de quatre-vingt-dix compagnies que vous me proposez de recréer, vous n’en organiserez que quarante-cinq; ainsi 5,000 conscrits environ vous suffiront. Présentez-moi un projet de décret pour cette réorganisation et pour accorder la quantité de conscrits nécessaire.
Je pense qu’un simple approvisionnement attelé suffît; et comme j’ai diminué les équipages de cent soixante et seize bouches à feu, 5,000 chevaux seront suffisants pour les attelages; 20,000 sont déjà assurés ; le déficit ne sera donc plus que de 5,000. Mais il ne faut pas faire de nouvelles commandes avant la réception des 20,000. Faites-moi connaître combien la Garde reçoit de chevaux sur les 20,000. Il faudra avoir les voitures nécessaires non-seulement pour un approvisionnement et demi, mais même pour un double, afin de remplacer les pertes et d’avoir toujours des caissons disponibles. Ainsi, dans le nouveau travail d’organisation des équipages que vous allez refaire, prenez pour base d’avoir les caissons nécessaires pour un double approvisionnement, le nombre des soldats du train calculé d’après la même hypothèse, mais pris sur la conscription de 1815; et enfin les chevaux calculés pour un simple approvisionnement à tous les équipages, excepté celui de la Garde, qui en aura un et demi.
S’il arrivait que les 1er et 14e corps, qui doivent rentrer en France, ne vinssent pas, alors on diminuerait les équipages du nombre de batteries que les compagnies d’artillerie de ces corps auraient pu servir.
Paris, 7 décembre 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Réitérez l’ordre au général Rampon de couper les digues. Dites-lui que la gelée n’est pas assez forte pour que les inondations n’aient pas lieu, que ce n’est que la surface qui est prise; que, si la gelée vient par la suite, ce sera une mer de glace qui s’opposera au passage de l’ennemi. Ordonnez positivement qu’on coupe les deux digues devant Gorcum.
Paris, 7 décembre 1813.
Au général Lebrun, duc de Plaisance, gouverneur d’Anvers.
Monsieur le Duc Charles de Plaisance, le ministre de la guerre vous fera connaître que je viens de vous nommer gouverneur d’Anvers. Votre commandement s’étend sur Breda, Berg-op-Zoom, Willemstad et sur les îles de Cadzand, de Flessingue, de nord et sud Beveland et de Goeree, ainsi que sur les forts qui en dépendent. Je regarde tout cela comme la banlieue d’Anvers. Vous aurez aussi 1e commandement supérieur sur les 1,200 gardes nationales du Pas-de-Calais qui seront à Flessingue, sur les 1,800 gardes nationales du Nord qui seront réunies à Breda, et sur les 1,200 qui arrivent de Caen.
Vous devez organiser et habiller ces gardes nationales. Pour les bien organiser, il faut mettre des officiers de ligne à la tête des compagnies et des chefs de bataillon à la tête des cohortes. Autorisez le général Gilly à requérir à Middelburg tout ce qui est nécessaire pour habiller promptement les deux cohortes qui sont dans l’île de Walcheren, et requérez vous-même, à Breda, tout ce qui est nécessaire pour habiller promptement les gardes nationales que vous aurez Breda.
En cas de siège, vous vous enfermerez dans Anvers. Il faut donc que vous étudiiez en détail cette ville ainsi que son armement et soi, approvisionnement, ainsi que ses magasins.
Vous devez avoir reçu un décret par lequel j’ordonne la formation de deux magasins, l’un par la guerre et l’autre par la marine.
En cas de siège, vous aurez le commandement des troupes de la marine, qui vous seront d’un grand secours.
Le 13e corps bis et les deux bataillons du 131e sont sous vos ordres. Vous êtes vous-même sous le commandement du général Decaen, avec lequel il faut vous concerter. Le général Decaen doit porter son quartier général à Gorcum ou à Bois-le-Duc ; vous devez l’appuyer et le soutenir au besoin, soit en faisant occuper Geertruidenberg, soit enfin en envoyant à son secours.
Paris, 8 décembre 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, recommandez au duc de Tarente de bien conserver Nimègue.
Paris, 8 décembre 1813.
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Duc Decrès, je désire que vous fassiez une enquête pour savoir qui a ordonné de faire partir la flottille de Hellevoetsluis, ce qui a exposé cette place et l’île de Goeree. Il est impossible de plus mal servir qu’on me sert dans ces circonstances. C’est au moment où j’ordonne de renforcer les chaloupes canonnières dans la Meuse, qu’on retire celles qui s’y trouvent. Faites-moi connaître combien de chaloupes canonnières j’ai de ce côté, et où elles sont. Qui est-ce qui commande la marine à Goeree et à Willemstad ? Ai-je là des canonnières et des bricks ?
Paris, 8 décembre 1813.
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Les affaires de Hollande rendent nécessaire de compléter les 6e et 7e compagnies des marins de ma Garde. Elles se rendent à Anvers. Prenez des mesures pour les compléter sur-le-champ, afin que j’aie ces deux compagnies promptement disponibles pour la Hollande. Elles se réuniront à la division d’infanterie et de cavalerie de ma Garde, qui se réunit à Bruxelles et à Anvers. Faites-moi connaître quand ces deux Compagnies seront complétées.