Correspondance de Napoléon – Décembre 1806

Posen, 4 décembre 1806

DÉCISION

 

Le ministre directeur de l’administration de la guerre soumet à l’Empereur une demande de la princesse Auguste de Brunswick, abbesse de Gandersheim, sœur du feu duc Charles, qui désire retourner dans son abbaye et rentrer dans la jouissance de ses revenus. Sa Majesté a approuvé que Mme la princesse Auguste de Brunswick retournât dans son abbaye et y jouît de son revenu.

 

Posen, 5 décembre 1806

A M. Cambacérès

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 25. Vous aurez vu que la suspension d’armes n’a point été ratifiée par le roi de Prusse. Ce malheureux prince se trouve aujourd’hui en chemin de perdre sa couronne. Tout vit ici au mieux. Le bulletin d’aujourd’hui vous apprendra la prise de Glogau. Sous peu de jours, vous apprendrez celle de Breslau. Mes troupes ont passé la Vistule et se sont emparées du faubourg de Praga. Les avant-postes sont sur le Bug.

Je m’en rapporte au zèle des ministres pour faire marcher la conscription. Je ne doute pas que vous n’ayez reçu les communications à faire au Sénat, et que vous ne les ayez faites pour le 2 décembre. Je suis surpris de ne pas voir dans les gazettes qu’il soit question de la fête du 2 décembre. Le ministre de l’intérieur l’aurait-il oubliée ? Ce serait une grande faute et ce ne serait pas aimable. Dix jours avant, le programme aurait dû en être publié dans le Moniteur; je suis fâché que cela n’ait pas été fait.

J désire que vous fassiez démentir, par des articles non officiels, tous ces ridicules bruits de guerre avec l’Espagne. Faites également prévenir le mal qu’on peut dire de l’Autriche, avec qui nous sommes bien. Pour ce dernier objet, des articles dans les petits journaux, soit lettres ou autrement, sont suffisants; vous pouvez les faire vous- même.

L’auteur de la réponse au manifeste du roi de Prusse a commis une grande erreur relativement au passage sur le territoire d’Anspach. J’avais le droit d’y passer, parce que le traité de Bâle me donnait ce droit; qu’après la paix de Campo-Formio et dans la seconde coalition j’y ai passé en vertu du traité de Bâle; qu’enfin le roi de Prusse ne m’avait pas fait notifier de n’y point passer; que je n’avais aucun intérêt à y passer, puisque l’armée ennemie était tournée par Noerdlingen et Donauwerth; qu’il serait ridicule, lorsque mon armée traversait même le pays reconnu comme compris dans la neutralité du Nord par le traité de Bâle et les traités subséquents, que mon armée passait sur le territoire de Hesse-Cassel par les insinuations même de la Prusse, qu’il serait ridicule, dis-je, qu’on voulut m’empêcher de passer sur le territoire de l’empire où le traité de Bâle m’autorisai à passer. Comme j’attache une grande importance à ce fait historique je désire que l’auteur rectifie ce passage de son mémoire en s’attaquant lui-même dans une note bien frappée. La seule cause de cette misérable querelle était dans l’esprit de vertige qui animait le cabinet de Berlin, Il avait jugé que j’étais le plus faible et que je succomberais sous les Russes. Mon armée était au milieu de l’Allemane quand les Cosaques russes violaient le territoire prussien. L’esprit de lâcheté qui a caractérisé ce cabinet l’a porté à se déclarer contre celui qu’il croyait le plus faible.

 

Posen, 5 décembre 1806

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, mon intention est qu’aussitôt que nous serons maître de Breslau, on en démolisse, sans perdre une heure, les fortifications, excepté la citadelle, s’il y en a une qui puisse être de quelque utilité; mais la ville, étant peuplée de plus de 60,000 habitants, exigerait trop de garnison.

Donnez ordre au commandant du génie d’y diriger une compagnie de mineurs et une de sapeurs, pour qu’on puisse procéder la démolition sans retard. Les pièces seront transportées à Varsovie pour l’armement des têtes de pont à Glogau, qui est une place que je veux garder, et dans la citadelle de Breslau , si elle est jugée pouvoir être conservée.

Faites connaître également mes ordres au général d’artillerie, pour qu’il les transmette à ses officiers, et qu’il ait là une compagnie d’artillerie pour faire les évacuations et concourir aux démolitions.

 

Posen, 5 décembre 1806

Au maréchal Bessières

Mon Cousin, envoyez l’ordre au général Walther pour que les deux régiments de ma Garde et l’artillerie qu’il commande, ainsi que mon petit quartier général, se rendent à Varsovie. Il ne laissera des escortes qu’à une vingtaine de lieues de Varsovie, depuis la petite ville de Lowicz jusqu’à cette capitale.

 

Posen, 5 décembre 1806

Au grand duc de Berg

Je reçois votre lettre du 2 décembre, à sept heures du matin. Il parait que l’arrivée de l’infanterie n’a pas tardé à décider les Russes à s’en aller. A l’heure qu’il est, j’imagine que le pont est tout à fait rétabli, que le général Chasseloup est arrivé et qu’il emploie tous les sapeurs et ingénieurs à travailler aux fortifications de Praga, afin que cela serve de tête de pont. Il n’y a pas un moment à perdre.

Je suppose que vos trois divisions de dragons, qui doivent former près de 8,000 hommes, t toute votre cavalerie légère, ont passé la rivière et bordent le Bug, la cavalerie légère en première ligne, vos dragons en seconde; que tout le corps du maréchal Davout a passé la Vistule, et que son avant-garde est sur la Narew; que le corps du maréchal Lannes tout entier est dans Varsovie; que celui du maréchal Augereau est descendu à l’embouchure de la Narew dans la Vistule et jette là un pont. Si ces dispositions ne sont pas faites, faites-les faire sur-le-champ. Le maréchal Augereau laissera ses deux régiments de cavalerie légère vis-à-vis Plock, pour communiquer avec le maréchal Ney à Thorn. Je donne ordre au général Walther et à mon petit quartier général de se porter à Varsovie. Je ne me rendrai moi-même à Varsovie que lorsque vous aurez passé le Bug ou la Narew. Le Bug passé, vous ferez jeter un pont et travailler à une belle tête de pont. Ainsi donc je veux avoir un pont à l’embouchure de la Narew dans la Vistule, où je veux construire une place forte avec deux têtes de pont; je veux avoir une tête de pont à Praga; un pont et une tête de pont sur le Bug; tout le corps du maréchal Davout en avant de la Vistule, pour défendre Praga et le pont de la Narew; tout le corps du maréchal Lannes dans Varsovie et même dans Praga, fournissant des travailleurs, s’il est nécessaire; le corps du maréchal Augereau défendant le pont à l’embouchure du Bug, fournissant des travailleurs pour la place que je veux construire, ayant sa cavalerie légère vis-à-vis Plock et occupant Wyszogrod et Zakroczym. Il ne faut point violer le territoire autrichien, mais il faut passer ces deux rivières et remuer beaucoup de terre.

La Narew passée, il faudra inonder toute la Pologne de partis, jusque vis-à-vis Thorn, pour en soulever les habitants. Le général Watier est parti de Posen, il y a deux jours, avec le 1er régiment de chasseurs; le régiment bavarois de chevau-légers du prince royal doit également y être rendu. Cette brigade, qui se réunit à Lowicz, est à votre disposition. Aussitôt que le pont sur la Narew sera jeté, poussez votre cavalerie en avant pour courir le pays et accélérer d’autant la retraite de l’ennemi.

Le corps du maréchal Soult prend du repos ici depuis trois jours. J’attends de connaître que vous êtes sur les bords de la Narew, et que vous espériez la passer, pour diriger ce corps d’armée sur-le-champ sur Varsovie.

Vous trouverez ci-joint les journaux de Posen, dont le contenu peut être mis dans les journaux de Varsovie. Demain partent d’ici 4,000 fusils pour les Polonais de Varsovie.

Comme j’imagine que vous aurez besoin du général Belliard, j’envoie le général Lemarois pour commander la place de Varsovie.

 

Posen, 5 décembre 1806

Au général Clarke

Faites mettre dans les journaux, que nous avons passé la Vistule et que nous sommes maîtres du faubourg de Praga et de Thorn, et  que les Russes marchent pour éviter toute bataille; que l’on ne conçoit rien à la politique du roi de Prusse; qu’ayant demandé au général Bennigsen si les Russes obtempéraient à ce que ferait la Prusse, on a eu pour réponse que, comme allié, il était à sa disposition; que cependant le roi de Prusse a déclaré qu’étant entre les bras des Russes il ne pouvait ratifier la suspension d’armes, préliminaire cependant qui lui était nécessaire s’il voulait en venir à un arrangement; qu’il y a encore là de la faiblesse et de l’intrigue, et de l’ignorance de la véritable situation des choses.

Ne manquez pas d’écrire à Paris par tous les courriers, et un mot à Mayence, à l’Impératrice. Cela sert toujours à contredire les nouvelles alarmantes qu’on pourrait répandre, lorsque cela vient de Berlin.

Donnez l’ordre à la compagnie de gendarmes qui doit être à Magdeburg de se diriger sur Berlin, où elle attendra de nouveaux ordres. Elle servira toujours pour le service de la ville.

 

Posen, 5 décembre 1806

Au prince Eugène

Mon Fils, faites partir pour l’armée de Naples 600 hommes sans chevaux, pris dans les cinq dépôts de chasseurs à cheval de cette armée. Vous ferez contribuer chaque régiment à la formation de ce détachement selon sa force. Il parait que ces hommes sont nécessaires au roi de Naples pour recruter ses régiments. Vous aurez soin qu’ils partent bien équipés, avec leurs selles et leurs portemanteaux, ils trouveront des chevaux à Naples; ainsi cela ne diminuera en rien le nombre de vos chevaux.

Les dernières explications que j’ai reçues de l’Autriche sont très- satisfaisantes; il paraît qu’elle dissout ses rassemblements de Bohème. Il faut donc ne rien faire dire contre elle, ni dans les journaux, ni dans les conversations, et faire répandre au contraire le bruit qu’elle est alliée avec nous. Mais gardez vos camps, que vous devez représenter comme destinés à faire partie de la Grande Armée. Il n’est donc pas probable que vous vous battiez avant le mois de février, si l’on se bat alors. Employez ces deux mois à compléter vos corps. Je n’ai pas besoin de vous recommander de placer l’armée dans les lieux sains, de veiller à ce qu’elle ait de bons vivres, et de l’exercer et faire manœuvrer souvent. Le roi de Naples me mande qu’il vous renvoie les dragons Napoléon et les chasseurs royaux. Soignez bien ces régiments.

Si l’on ne doit pas se battre en Italie, je les appellerai ici. Les trois régiments italiens sont à Hambourg; je compte les employer dans la campagne; mais, pour cela, il faut que les 600 conscrits soient en route, car ces corps sont réduits à rien. Le roi de Naples a gardé trois régiments de dragons français; écrivez-lui pour savoir ses intentions sur ces régiments : s’il les garde tous les trois ou deux seulement; quels sont-ils ? Sachez-le, afin que vous lui envoliez tous les hommes de ses dépôts qui sont inutiles au-dessus des 200 hommes par escadron, que vous devez avoir bien armés et bien habillés.

Nous sommes à Varsovie; nous avons passé la Vistule; je suis maître de la Silésie et des places sur l’Oder. Vous avez reçu mon décret sur le blocus de l’Angleterre; faites-le sérieusement exécuter. J’imagine que les conscrits doivent vous être arrivés en quantité. Ne perdez pas un moment à les faire armer et exercer. Dans vos camps, faites tirer à la cible; il ne suffit pas que le soldat tire, il faut qu’il tire bien. J’imagine que vous travaillez avec la plus grande activité à former vos 3e bataillons, de manière qu’au mois de mars ils vous servent comme sept bataillons complets. Il faut faire marcher la conscription et lever des hommes.

Si vous avez des officiers polonais dans vos états-majors ou ailleurs, faites-les partir en toute diligence pour la Pologne.

 

Posen, 5 décembre 1806

Au roi de Naples

Je vous ai demandé la légion polonaise. Il est urgent qu’elle arrive; je la suppose à Milan. Faites partir en poste tous les officiers polonais que vous avez; ils ne sont pas tous nécessaires pour conduire la légion. La Pologne est en pleine insurrection. On y lève des troupes de tous côtés. Je donne ordre en Italie qu’on vous envoie 600 hommes des chasseurs de vos dépôts, bien armés et bien habillés. Ils prendront les chevaux des hommes malades, ou vous leur en procurerez facilement. J’ai fait des préparatifs en Italie. J’ai formé deux camp l’un à Vérone et l’autre à Brescia, parce qu’il ne faut pas être pris au dépourvu, et j’ai fait approvisionner les places. Cependant l’Autriche, sur ma demande, a dissous son corps d’observation, et tout me porte à penser qu’elle veut rester tranquille.

Vous gardez encore trois régiments de dragons français; si vous pouvez les renvoyer en tout ou en partie, ce sera une chose avantageuse. Toutefois ne vous dégarnissez pas trop. Je suppose que vous êtes maître de Reggio et de Scilla. La saison actuelle doit être belle en   Calabre pour les Français ; il faut profiter de ce temps pour bien pacifier le pays. Dans l’hiver, les Français sont susceptibles de toutes sortes de maladies. Vous devriez bien connaître actuellement la situation de votre armée; je désirerais en avoir un état frais qui me fit connaître positivement les présents sous les armes, et les absents, et aux hôpitaux, et qui me donnât une idée claire de la situation de vos troupes.

J’avais conclu une suspension d’armes que le roi de Prusse a été dans l’impuissance de ratifier, se trouvant déjà à la merci des Russes.

Votre jeune aide de camp est bien libertin; il finira par s’en trouver mal. Donnez des nouvelles de Borghèse à sa famille; il se trouve à Varsovie à la tête de son régiment. Toutes les places de Silésie seront bientôt en mon pouvoir. Le prince Jérôme commande un corps d’armée allemand.

Quoique les explications de l’Autriche soient pacifiques, cependant je n’ai pas voulu donner directement des ordres à la Reine d’aller vous joindre à Naples. Vous êtes cependant le maître de faire là-dessus ce que vous voudrez; mais elle est si bien à Paris, et il me répugne tant de voir des femmes et des enfants courir au milieu des séditions et des révoltes, qu’en vérité je ne vois pas pourquoi elle ne retarderait pas encore son voyage. Je lui ai écrit que vous l’aviez appelée, mais que je pensais qu’elle devait passer encore une partie de l’hiver à Paris.

Actuellement que vous êtes plus tranquille, j’imagine que vous voyez société et que vous animez le pays. Cela est nécessaire pour la ville et pour vous. Il faut avoir grand cercle et ne pas vivre trop sérieusement.

 

Posen, 5 décembre 1806

38e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE

Le prince Jérôme, commandant l’armée des alliés, après avoir serré le blocus de Glogau et fait construire des batteries autour de cette place, se porta avec les divisions bavaroises Wrede et Deroy autour de Kalisz, à la rencontre des Russes, et laissa le général Vandamme et ler corps wurtembergeois continuer le siège de Glogau. Des mortiers et plusieurs pièces de canon arrivèrent le 29 novembre; ils furent sur-le-champ mis en batterie, et, après quelques heures de bombardement, la place s’est rendue et la capitulation a été signée.

Les troupes alliées du roi de Wurtemberg se sont bien montrées : 2,500 hommes, des magasins assez considérables de biscuit, de blé, de poudre, près de 200 pièces de canon, sont les résultats de cette conquête importante, surtout par la bonté de ses fortifications et par sa situation. C’est la capitale de la basse Silésie.

Les Russes, ayant refusé la bataille devant Varsovie, ont repassé la Vistule. Le grand-duc de Berg l’a passée après eux; il s’est emparé du faubourg de Praga; il les poursuit sur le Bug. L’Empereur a donné en conséquence l’ordre au prince Jérôme de marcher par sa droite sur Breslau, et de cerner cette place, qui ne tardera pas à tomber en notre pouvoir. Les sept places de la Silésie seront successivement attaquées et bloquées. Vu le moral des troupes qui s’y trouvent, aucune ne fait présumer une longue résistance.

Le petit fort de Culmbach, nommé Plassenburg, avait été bloqué par un bataillon bavarois; muni de vivres pour plusieurs mois, il n’y avait pas de raison pour qu’il se rendit. L’Empereur a fait préparer à Kronach et à Forchheim des pièces d’artillerie pour battre ce fort et l’obliger à se rendre. Le 24 novembre, vingt-deux pièces étaient en batterie, ce qui a décidé le commandant à livrer la place. M. de Beker, colonel du 6e régiment d’infanterie de ligne bavarois et commandant le blocus, a montré de l’activité et du savoir-faire dans cette circonstance.

L’anniversaire de la bataille d’Austerlitz et du couronnement de l’Empereur a été célébré à Varsovie avec le plus grand enthousiasme.

 

Posen , 6 décembre 1806

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, donnez ordre au général Le Marois de se rendre à Varsovie pour prendre le commandement de cette ville.

(Picard)

 

 Posen , 6 décembre 1806

A M. Mollien

Monsieur Mollien, je reçois votre lettre du 22 novembre. Je crois que tout traité qui tendrait à accélérer la rentrée des piastres doit être accepté. Je ne veux ni ne dois faire le commerce : que je retire l’équivalent des fonds que j’ai déboursés, et je suis satisfait. Le principal est que je les retire le plus tôt possible. Je vous autorise donc à passer tout traité dont le but serait de faciliter et d’accélérer les rentrées.

 

 Camp impérial de Posen, 6 décembre 1806

Au roi de Prusse

Monsieur mon Frère, M. de Zastrow m’a remis la lettre de Votre Majesté. J’y réponds par son retour. Son aide de camp avait réussi dans sa mission : une suspension d’armes avait été signée. Ce préliminaire laissait espérer que les différends qui nous divisent étaient de nature à être conciliés. Votre Majesté a désavoué ses plénipotentiaires en ne ratifiant pas ce qu’ils avaient fait. Nous sommes donc plus loin de nous entendre que jamais. Votre Majesté m’ayant fait déclarer qu’elle s’était jetée entre les bras des Russes, je dois ne négliger rien de ce qui peut m’être utile et me mettre en mesure contre ces nouveaux adversaires. L’avenir fera connaître si Votre Majesté a choisi le meilleur parti et le plus efficace. Elle était en chemin de tout arranger avec quelques sacrifices. Elle a pris le cornet et joué aux dés : les dés décideront. Elle a rompu toute négociation en désavouant ses négociateurs. Elle était cependant la maîtresse, car le général russe a déclaré qu’il n’était qu’armée auxiliaire et devait obéir aux ordres de Votre Majesté. Mais tout cela, étant désormais terminé, appartient déjà au domaine de l’histoire.

Que Votre Majesté croie aux sentiments d’estime et de considération que je lui porte.

 

Posen, 6 décembre 1806

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, concertez-vous avec le prince de Bénévent pour faire partir, demain à huit heures du matin, les plénipotentiaires prussiens Lucchesini et Zastrow. Ils seront envoyés au maréchal Ney, qui les dirigera par Thorn ou Bromberg, comme cela lui conviendra. Vous laisserez ce maréchal maître de désigner le moment où ils passeront.

 

Posen, 6 décembre 1806

Au général Clarke

Il parait qu’on fait de grandes exactions à Küstrin. Vous êtes gouverneur, vous avez de l’autorité sur les agents, pourquoi ne faites-vous pas arrêter et punir sévèrement les coupables ? Soyez ferme, et songez que vous n’êtes pas dans un poste à observer et à critiquer, mais à agir, puisque vous avez le commandement.

 

Posen, 6 décembre 1806

A M. Daru

Je vous envoie une note. Faites donc arrêter les garde-magasins, et faites un sévère exemple d’aussi infâmes exacteurs. Présentez-moi un rapport sur cet objet.

 

Posen , 6 décembre 1806

Au général Clarke

Je vous témoigne mon extrême mécontentement d’avoir retenu mon courrier d’aujourd’hui quatorze heures. Vous ne devez pas le retenir un quart d’heure. Si cela a lieu encore, je lui ordonnerai de passer outre.

 

Posen, 6 décembre 1806

Au grand-duc de Berg

Mon Frère, je reçois votre lettre du 3 décembre, qui m’apprend que mes troupes sont à Praga. Il me tarde d’apprendre que le pont est entièrement rétabli, que votre cavalerie a passé de l’autre côté qui longe le Bug, qu’une de mes divisions d’infanterie a passé le Bug, et que les ponts sur la Vistule et le Bug sont établis. Ces deux ponts me sont absolument nécessaires, afin de pouvoir concentrer mes troupes à Varsovie, n’ayant pas à craindre, du moment qu’il n’y aura plus d’obstacles, que l’ennemi puisse s’engager dans aucune opération sur le bas de la Vistule, et n’ayant aucun obstacle qui puisse m’empêcher de tomber sur ses flancs. Apprenez-moi donc bientôt que le pont sur la Vistule est terminé; que les sapeurs, les ingénieurs et un bon nombre d’ouvriers du pays travaillent à fortifier Praga; qu’il y a un pont sur le Bug et une tête de pont de ce côté. Il n’y a pas un moment à perdre. Je désire aussi que l’on commence à reconnaître un emplacement et à travailler à ma place, à l’embouchure du Bug dans la Vistule; mais cela peut se faire quelques jours plus tard.

Breslau ne tardera pas à se rendre. Le maréchal Ney passe aujourd’hui la Vistule et doit être à Thorn. Je vous ai déjà mandé que Glogau s’était rendu. Nienburg s’est aussi rendu. Continuez à tenir le même langage, que je ne proclamerai l’indépendance de la Pologne que lorsque je reconnaîtrai qu’ils la veulent véritablement soutenir, et je verrai qu’ils la veulent et peuvent soutenir, quand je verrai 30 ou 40,000 hommes sous les armes, organisés, et la noblesse à cheval, prête à payer de sa personne.

Envoyez-moi donc une carte spéciale du pays à la droite de la Vistule et un plan de la Vistule. Il doit y avoir des cartes de cette partie de la même dimension que celles de la grande Pologne.

 

Posen, 6 décembre 1806

Au maréchal Mortier

Mon Cousin, comme je ne sais pas qui est-ce qui commande dans le Hanovre, je vous prie d’y réitérer bien mes ordres d’évacuer l’artillerie de Nienburg sur Wesel, et d’en démolir les fortifications. Je ne veux garder que celles de Hameln. Retirez-en les troupes hollandaises, et n’y laissez que la garnison de cette place.

Je vous ai fait connaître en détail mes intentions sur la distribution de mes forces. Faites évacuer sur Magdeburg, Hameln et Wesel toute l’artillerie que vous trouverez dans le Mecklenburg.

Nous sommes maîtres de Varsovie et du faubourg de Praga. Nous avons passé la Vistule et obligé les Russes à repasser le Bug. G1ogau s’est rendu, et Breslau est attaqué de manière à faire espérer qu’il ne tardera pas à se rendre.

 

Posen, 7 décembre 1806

Au général Bertrand

Monsieur le Général Bertrand, je reçois votre lettre du 5 décembre, dans laquelle je crois lire qu’il y a à Glogau du biscuit de 1756; je ne sais pas si c’est une erreur. Vous me dites qu’il y en a 1,700 tonneaux; je désire savoir combien ces tonneaux contiennent, et qu’en général vous me fassiez dresser du tout un inventaire réduit en quintaux de France. Empêchez toute espèce de réquisitions qui seraient faites dans le département de Glogau pour les Wurtembergeois ou les Bavarois. Faites exécuter toutes les réquisitions et marchés de l’intendant général pour les souliers.

Je donne ordre à l’intendant général de se procurer de quoi faire 20,000 capotes; favorisez cette réquisition et prenez toutes les mesures nécessaires : les souliers et les capotes sont très-importants. Je demande également qu’on se procure des toiles pour 100,000 chemises. Toutes ces livraisons seront imputées à compte sur l’imposition de guerre que doit payer le département. J’ai fixé l’imposition de guerre de Glogau à douze millions.

 

Posen, 7 décembre 1806

Au grand-duc de Berg

Je reçois en ce moment, par un courrier extraordinaire de Jassy, la nouvelle que le général russe Michelson y est entré le 11 novembre avec une armée russe et tient bloqués Choczim et Bender. La guerre est déclarée avec la Porte. Cette diversion ne peut que nous être très-favorable. Faites mettre cela dans les journaux.

 

Posen, 7 décembre 1806

Au grand-duc de Berg

Un détachement du ler régiment de chasseurs s’est emparé du bac d’Utrata et a passé sur la rive droite de la Vistule. Cela me fait supposer que l’ennemi ne gardait donc pas ce côté de la Vistule. Vous n’aurez pas manqué alors d’ordonner au maréchal Augereau d’y passer, et de faire travailler là à une tète de pont. Vous savez l’importance que j’attache à avoir une bonne tête de pont entre Zakroczym et l’embouchure du Bug dans la Vistule.

J’espère que le Bug sera passé, et que déjà l’on travaille à la tête de pont. Si cette rivière n’a que cinquante toises de largeur, il ne doit pas être difficile d’y jeter un pont. Une tête de pont là est très-urgente. Faites construire à Praga des fours et une manutention.

 

Posen, 1 décembre 1806

A M. Daru

J’ai pris un décret pour l’administration de Glogau et de la basse Silésie, en attendant que nous ayons Breslau. Il parait que cette partie est plus considérable de la moitié que l’autre, en population et en richesse.

Il parait qu’à Glogau il n’y a plus de fours; faites-en construire, et faites sur-le-champ confectionner du biscuit.

Il y a 1,600 tonneaux de biscuit que l’on pourrait transporter dans un magasin central, entre Posen et Varsovie, à Lenczyca.

Il faudrait charger de ce transport plusieurs agents des transports militaires, afin qu’on soit sûr que cela s’exécute.

Il faudrait organiser de Posen à Varsovie quatre points principaux, quatre manutentions et quatre magasins, où l’on pût cuire 50 à 60,000 rations par jour et où on eût dans chacun de quoi faire un million de rations, ayant à l’avance 50 ou 100,000 rations de pain biscuité.

 

Posen, 7 décembre 1806

Au prince Eugène

Mon Fils, par la lettre du 18 novembre (Les Mémoires du prince Eugène portent la date du 8 novembre), que je reçois du roi de Naples, il paraîtrait que cinq régiments de dragons seraient partis de Naples pour se rendre en Italie, que deux régiments de cavalerie italiens sont également partis de Naples, ce qui ferait sept régiments, et que, le 18 novembre, le 6e et le 14e de chasseurs en partaient pour se diriger sur Bologne. Alors le système change, et il devient nécessaire que les six régiments de cavalerie qui restent au roi de Naples soient renforcés; faites donc partir des dépôts de l’armée de Naples, 900 cavaliers à pied pour renforcer ces six régiments. N’envoyez que des hommes bien armés, bien habillés et en état de faire la guerre. Vous ne manquerez pas de mettre à profit les mois de décembre, janvier et février, pour bien refaire ces régiments de cavalerie; ils vous seront d’un grand secours et rendront votre cavalerie plus nombreuse qu’elle ne devait l’être.

 

Posen, 7 décembre 1806

39e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE

Le général Savary, après avoir pris possession de Hameln, s’est porté sur Nienburg. Le gouverneur faisait des difficultés pour capituler. Le général Savary entra dans la place, et, après quelques pourparlers, il conclut une capitulation.

Un courrier vient d’arriver, apportant la nouvelle à l’Empereur que les Russes ont déclaré la guerre à la Porte; que Choczim et Bender sont cernés par leurs troupes; qu’ils ont passé à l’improviste le Dniester, et poussé jusqu’à Jassy. C’est le général Michelson qui commande l’armée russe en Valachie.

L’armée russe commandée par le général Bennigsen a évacué la Vistule, et parait décidée à s’enfoncer dans les terres.

Le maréchal Davout a passé la Vistule et a établi son quartier général en avant de Praga; ses avant-postes sont sur le Bug. Le grand-duc de Berg est toujours à Varsovie.

L’Empereur a toujours son quartier général à Posen.

 

Posen, 8 décembre 1806

Au grand-duc de Würzburg

Mon Frère, j’ai reçu la lettre de Votre Altesse, contenant la réponse de l’Empereur aux ouvertures que je lui ai faites. Je persiste à penser que, lorsque l’Empereur voudra connaître la situation actuelle des affaires du continent, il se convaincra qu’une véritable intelligence entre les deux États est conforme aux intérêts de l’un et de l’autre, et est le moyen le plus propre à mettre un terme aux incertitudes et aux événements qui vont toujours se succédant. J’ai reçu aussi l’autre lettre de Votre Altesse, relative à ses différents intérêts. Je m’en fais rendre compte. Elle peut rester persuadée du désir que j’ai de lui être agréable et d’arranger ses affaires. J’ai appris qu’elle avait, pendant un mois, fait sa retraite sur le Danube. Je suis bien aise de la savoir de retour.

 

Posen, 8 décembre 1806

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, je vois dans l’état de situation du corps du maréchal Soult que 89 hommes du 36e et 49 hommes du 43e sont détachés à Ratisbonne; que 146 hommes du 26e et 148 hommes des tirailleurs du Pô sont à Forchheim; faites-moi connaître ce que ces hommes font là. L’état de situation qui m’est remis de ce corps, au 2 décembre, n’est pas exact; faites-moi faire son état de situation au 9 décembre.

Écrivez au général Gobert que la forteresse de Rinteln doit être démolie et son artillerie transportée en France; qu’il doit comprendre dans son gouvernement les enclaves d’Orange, et qu’il doit habiller et solder les troupes du grand-duc de Berg. Comme les ordonnances pour frais de logement, frais de bureau, etc., qui sont donnés aux gouverneurs, entraînent des détails fastidieux, on pourrait leur donner, indépendamment du traitement de leur grade, un traitement extraordinaire par mois. Présentez-moi un projet là-dessus.

 

Posen, 8 décembre 1806

NOTE POUR L’INTENDANT GÉNÉRAL

Faire partir les 95,000 thalers trouvés à Glogau, pour Varsovie; on les versera dans la caisse du payeur de la réserve de cavalerie à la disposition du major général.

La matière des hôpitaux est très-délicate; il faut d’abord bien établir la langue pour s’entendre, car c’est faute de cela qu’on prend une chose pour l’autre.

Dans une armée, on prépare beaucoup d’établissements dont la moitié doivent être inutiles, mais c’est pour se trouver en mesure avec les événements.

Il faudrait distinguer les locaux, qu’il faut numéroter, où il faut même commencer une dépense pour les approprier, mais qui ne doivent servir que dans les circonstances, de ceux qui sont nécessaires aujourd’hui. Ainsi on a demandé des locaux pour 2,000 hommes au fort de Lenczyca; mais on n’a pas demandé de placer ces 2,000 hommes dans ce fort, parce qu’on prévoit bien qu’ils y seraient fort mal; mais on a voulu qu’en cas d’événements ce travail soit préparé. Quelle que soit donc la situation de Lenczyca, il faut qu’il y ait des locaux pour 2,000 malades, ne fût-ce qu’une église ou une grange; il ne faut donc pas y envoyer des fournitures, mais les choses les plus indispensables.

Presque tous les hôpitaux qu’ordonne l’Empereur sans rapports préalables, sont de cette nature; c’est subordonné aux rapports militaires et nullement à la convenance des localités.

Il y a ensuite des hôpitaux aux divers échelons de l’armée; c’est là le cas des quatre hôpitaux qu’a ordonnés l’Empereur. Si un soldat tombe malade à dix lieues de Posen, on le fera venir à Posen; cela tient au système de faire faire aux malades le moins de chemin possible. L’hôpital de Pinne et celui de Meseritz sont de même nature.

Maintenant, pour le travail des hôpitaux, l’armée se trouvera placée sur la Netze, et il faut un bel hôpital à Lowicz.

L’armée sera en avant et autour de Varsovie : il faut des hôpitaux à Varsovie; 2,000 hommes y paraissent très-peu de chose, il faut plus.

Il y aura des corps d’armée à Posen et à Thorn : il faut, pour ceux de Posen, les avoir à Posen, et pour Thorn, à Bromberg et sur cette rive de la Vistule.

Ainsi le système actuel consiste à établir des hôpitaux dans les lieux où sont cantonnées les troupes; 100,000 hommes à Varsovie; 20,000 à Lowicz; 20,000 à Thorn; 20,000 à Posen.

De sorte que l’on pense que le système des hôpitaux est complet dans la position actuelle, si l’on a quatre hôpitaux de Posen à Varsovie pour le mouvement, un grand hôpital de dépôt à Lowicz pouvant fournir aux besoins de 25,000 hommes, des hôpitaux à Varsovie pouvant fournir aux besoins de 100,000 hommes, et des hôpitaux à Bromberg pouvant fournir aux besoins de 20,000 hommes.

Après cela, avoir pour principe de ne jamais faire aucune évacuation que par ordre. On n’obtiendra jamais cela des employés, si on n’y porte pas la plus grande attention.

Il faut présenter un projet d’organisation de dépôts de convalescents, par corps, à Varsovie; ainsi il faut à Varsovie un hôpital de blessés, un de malades, un de vénériens.

Doubler ensuite tous ces établissements, de manière qu’il y en ait pour 6,000 personnes.

Il faut ensuite cinq grandes maisons pour dépôts sous l’administration des corps d’armée, de 4 à 500 hommes chacun.

La première mesure à prendre pour tout cela, c’est de faire venir les cinq sixièmes des agents français qui sont au delà de l’Oder. Pourquoi, à Berlin, Magdeburg, Leipzig, les malades français ne seraient- ils pas aussi bien soignés par les médecins du pays ?

Il serait donc convenable que l’ordonnateur des hôpitaux, les officiers de santé en chef et le régisseur, se rendissent à Varsovie, fissent choix de six hôpitaux, et qu’on eût soin de destiner le même hôpital à un ou deux corps d’armée.

 

Posen, 8 décembre 1806

Au grand-duc de Berg

Je reçois votre lettre du 5 décembre à minuit. Je vois avec peine que les moyens de passage sont si exigus. Les marins de la Garde et une compagnie de pontonniers sont partis pour vous rejoindre.

Quand même l’île qui sera choisie à l’embouchure de la Narew dans la Vistule serait submergée plusieurs fois par an, si l’on ne peut pas faire autrement, ce ne doit pas être une objection pour ne pas exécuter mon projet. Mon principal but est d’avoir une position qui tourne le Bug et la Narew, sans être obligé d’aller à Varsovie. Le plus tôt possible, faites travailler à la tête de pont. Le général Chasseloup doit être arrivé. Je donne ordre qu’on expédie de Glogau 100,000 francs, et ici 100, 000 francs, pour accélérer les achats de blé dans la Galicie. Je donne ordre que l’ordonnateur des hôpitaux se rende à Varsovie, où il faut établir des hôpitaux pour 4,000 malades. Toute mon armée doit être cantonnée à Varsovie et environs. N’épargnez rien pour travailler avec activité à la tête de pont de la Narew et aux fortifications de Praga. J’ai envoyé Lemarois pour commander à Varsovie et y établir de l’ordre.

Le maréchal Ney a passé la Vistule à Thorn le 6. Il est maître de la ville et le pont est raccommodé. Je vous recommande une tête de pont du côté de l’Utrata. Une fois que vous aurez passé la Narew et que vous aurez beaucoup de cavalerie au delà, vous pouvez envoyer des partis, si vous le jugez convenable, sur les routes de Thorn, par la rive droite, pour communiquer avec le maréchal Ney.

Je crois vous avoir mandé hier que la guerre était déclarée entre la Porte et la Russie, et qu’une armée russe était entrée en Moldavie et Valachie et assiégeait Bender et Choczim.

Je désire que, du moment que vous aurez passé la Narew, vous vous portiez du côté de Sierock pour reconnaître là un champ de bataille où mes troupes puissent prendre une belle position. Il faudra établir des manutentions à Sierock ou dans tout autre endroit que vous choisirez à l’embouchure du Bug, pour nourrir l’armée.

Le maréchal Davout, qui forme l’avant-garde, se placera dans les cantonnements de ce côté.

 

Posen, 8 décembre 1806

Au général Clarke

Je suis instruit que plusieurs détachements arrivant de l’intérieur sont dans un grand dénuement. Faites-les séjourner à leur passage à Berlin, et voyez-les tous les jours, à midi. Faites donner des souliers aux hommes qui n’en auraient point , et ceux qui seraient sans capotes, retenez-les à Berlin jusqu’à ce qu’ils soient habillés. J’ai rencontré des hommes qui arrivaient de Boulogne pieds nus. Cela ne sert à rien qu’à me donner des malades. Ayez tous les jours, à midi, une parade, et faites-y venir les hommes qui doivent partir le lendemain pour rejoindre leurs corps.

 

Posen, 8 décembre 1806

Au général Clarke

Le général Guérin doit être arrivé à Berlin avec une colonne de 2,859 hommes. Passez ces hommes en revue et donnez des capotes et des souliers à ceux qui en auraient besoin.

Une colonne de 1,400 hommes, commandée par l’adjudant commandant Klinger, arrivera du 10 au 14 à Berlin. Passez-la en revue pour le même objet et faites-la séjourner à Berlin, ainsi que celle du général Guérin.

Faites la même chose pour la colonne de 1,000 hommes commandée par le général Bojer, qui vient d’escorter des prisonniers et qui sera à Berlin du 15 au 20.

Le 13, la 1e compagnie de gendarmes d’ordonnance arrivera à Berlin. Passez-la en revue et gardez-la jusqu’i nouvel ordre. Vous me ferez connaître ce que vous en pensez.

Une colonne de 22,600 hommes et de 500 chevaux, commandée par le général Jordy, arrivera le 18 à Berlin. Passez-la en revue, faites- la séjourner et ne la faites partir que munie de ce qui lui sera nécessaire.

S’il y a des hommes fatigués dans ces différentes colonnes, envoyez-les dans un hôpital de convalescents que vous établirez à Berlin, et laissez-les-y pendant une huitaine de jours. On sauve ainsi des hommes; on épargne des maladies. Vous sentez toute l’importance de cela.

Je désire que vous me fassiez un rapport qui me fasse connaître la situation des détachements que vous avez vus.

J’apprends de Spandau que des bateaux sont encore chargés d’effets d’habillement et d’équipement, et qu’on ne les décharge pas pour les mettre en magasin. Voyez à remédier promptement à cet abus; transportez-vous vous-même à Spandau et parlez en maître.

Dites à M. Aldini de se rendre à Varsovie.

 

Posen, 8 décembre 1806

Au général Dejean

Monsieur Dejean, vous recevrez un décret pour faire confectionner des souliers. Vous verrez que je vous autorise à passer un marché pour 50,000 paires, que vous réunirez à Mayence. Il est urgent qu’ils y arrivent le plus tôt possible. Voilà l’emploi que je désire qu’il soit faitt de ces souliers. Tous les détachements qui viendront de Paris et de Boulogne doivent partir avec une paire de souliers et deux dans le sac : A Mayence, ils en recevront une paire en remplacement de celle qu’ils auront usée en route. A Magdeburg, ils en recevront une nouvelle paire pour celle qu’ils ‘auront usée dans la route de Mayence à Magdeburg, de manière que les hommes arriveront toujours à leurs corps avec une paire de souliers aux pieds et une dans le sac. Les détachements qui partiront du Rhin doivent avoir leurs trois paires de souliers fournies par les corps.

 

Posen , 8 décembre 1806

Au général Dejean

Monsieur Dejean, il n’y a point de chefs de bataillon aux dépôts des 9e, 13e et 35e de ligne. Il est bien instant d’y en envoyer. Il manque un adjudant-major au 9e de ligne et six capitaines; au 13e, sept capitaines; au 35e, six; au 53e six; au 84e, cinq; au 92e, sept. Il manque  à ces régiments un plus grand nombre de lieutenants et de sous-lieutenants. Vous voyez le déficit qui existe parmi les officiers des 3e bataillons des dépôts du Frioul, et quel obstacle cela met à leur organisation. Il est nécessaire que toutes ces nominations soient faites promptement. Il paraîtrait, par la revue que le général Charpentier en a passée en novembre, qu’il y aurait près de 200 hommes à mettre à la réforme, une trentaine à mettre à la retraite, une douzaine à la vétérance. Ce serait donc près de 300 hommes dont il faudrait se défaire, puisqu’ils boivent et mangent inutilement. Le colonel du 60e est malade; faites-le rester au bataillon de dépôt, et remplacez-le par le major dans le commandement des deux bataillons de guerre.

Il y a, dans les dépôts de l’armée de Dalmatie, 200 hommes notés pour la réforme, 49 dont 5 officiers pour la retraite, 55 pour la vétérance. C’est donc encore plus de 300 hommes dont il faut se défaire. Il faut aussi nommer à tous les emplois vacants dans cette armée.

 

Posen, 8 décembre 1806

Au général Dejean

Monsieur Dejean, les places de Palmanova, Mantoue et Venise sont encombrées d’artillerie; ce qui provient peut-être de l’artillerie qui a été évacuée de Vienne dans la campagne dernière. Toute cette artillerie étant inutile, puisque la poudre et les boulets ne sont pas en proportion, j’ai pris le décret ci-joint; faites-le exécuter ponctuellement. Je l’envoie aussi en Italie. Ces renseignements, je les ai pris sur les états que m’a envoyés le vice-roi. Je vous renvoie votre travail sur l’artillerie des places d’Italie. Ce n’est pas le moment d’adopter ces bases ; il faut une pleine paix. Je me contente de mettre de côté dans Alexandrie une grande quantité de pièces qui se trouvent mal à propos dans ces places. Je vous envoie l’état du prince Eugène sur lequel j’ai fait ce travail.