Correspondance de Napoléon – Décembre 1803
Paris, 9 décembre 1803
Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice
Donnez des ordres à Besançon pour que Bourmont soit mis au secret. Qu’on interroge la femme de Bourmont sur l’étranger qui est venu la voir il y a un mois. Lui faire connaître que le résultat de son interrogatoire peut avoir des conséquences, et qu’elle doit dire la vérité d’une manière claire.
Paris, 11 décembre 1803
DÉCISION
Rapport sur un discours contre l’institution des lycées, prononcé par le citoyen Dubois, professeur de législation, lors de la rentrée de l’école centrale de Maine-et-Loire. | Renvoyé au ministre de l’intérieur, pour savoir quelles sont les écoles centrales encore existantes. Il serait peut-être convenable de les supprimer le plus tôt possible, pour finir cette lutte. |
Paris, 11 décembre 1803
Au général Davout
Citoyen Général Davout, vous m’annoncez dans votre dernière lettre qu’il est arrivé de Flessingue des boots qui ont relâché à Ostende. Ces boots sont destinés pour Boulogne, où il est nécessaire de les faire passer le plus tôt possible. Rendez-moi compte si les bâtiments de la flottille qui étaient à Gand et sur les canaux sont arrivés à Ostende; il est urgent qu’on ne perde pas de temps, car les gelées pourraient venir.
Paris, 11 décembre 1803
A l’amiral Bruix
Citoyen Amiral Bruix, je reçois votre lettre du 18. J’ai jugé à propos de charger des détails de la flottille de transport un homme actif, qui puisse à chaque instant rendre compte de la situation de cette flottille, veiller à son chargement et à sa distribution entre les différents services. (Il s’agit du général Combis)
Les instructions du ministre de la guerre vous auront fait voir que ce dont j’ai surtout besoin sont des écuries. Vous devez avoir une trentaine de bâtiments de transport à Boulogne. Mettez à la disposition de l’artillerie ceux qui ne sont pas aménagés, et veillez à ce qu’elle y établisse les ateliers pour réparer elle-même lesdites écuries.
Il serait temps de pousser les travaux de Calais et des entrepreneurs de Boulogne avec un peu plus d’activité. Je désirerais que les choses fussent arrangées de manière qu’on pût avoir la certitude que tous ces bâtiments fussent armés dans le courant de nivôse.
L’amiral Ver Huell me mande de la Haye que, sur les 46 boots que j’ai fait acheter, 26 ont été expédiés pour Boulogne. Ils relâcheront sans doute à Ostende. Donnez ordre dans ce port qu’on les fasse filer sans retard.
J’ai ordonné à cet amiral de nous acheter une centaine de chaloupes baleinières. Ce sont des chaloupes de 30 pieds de long sur 7 de large, très-pointues et extrêmement légères. Elles arment 24 avirons et vont très-vite. L’amiral Ver Huell pense que les chaloupes canonnières pourraient même les tirer à bord dans un gros temps, tant elles sont légères.
Il en a, je crois, déjà acheté une vingtaine qu’il va expédier. Je vous prie de me faire connaître ce que vous pensez de ces bateaux. Si l’on pouvait en affecter un à chaque chaloupe canonnière, les péniches seraient alors disponibles, et on s’en servirait comme bâtiments de guerre.
Je vois qu’il ne vous est pas encore arrivé de bateaux de Terre- Neuve; il y en a cependant, je crois, plus de 200 en route.
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Je désire que vous fassiez remplir les états ci-joints, et que vous m’en envoyiez tous les samedis. Mettez-y les noms des commandants de chaque division et section jusqu’au grade d’enseigne de vaisseau.
Paris, 11 décembre 1803
Au contre-amiral Ver Huell
Citoyen Amiral Ver Huell, je reçois votre lettre du 15 frimaire (7 décembre) D’après la description que vous me faites de ces chaloupes baleinières, je pense qu’elles nous seront fort utiles. Faites-moi connaître la quantité que vous pourriez vous procurer d’ici au 10 nivôse, et le prix dont elles sont, l’une portant l’autre.
Je vous prie aussi de m’envoyer un plan de ces bateaux. Mais vous pouvez toujours procéder à l’achat d’une centaine.
Pressez votre armement et la nouvelle installation de vos bateaux, afin qu’au ler nivôse je trouve la division de 27 chaloupes canonnières, les quatre divisions de bateaux canonniers, formant 108, la division d’écuries, la division de transports, dans le meilleur état, ainsi que je l’ai demandé.
Le citoyen Forfait, inspecteur général de la flottille, que je viens de voir, m’a parlé des chaloupes baleinières. Il pense qu’elles nous seront fort utiles, et que nous ne saurions en avoir trop, surtout si le prix est raisonnable. Dans tous les cas, je ne vois pas d’inconvénient à en faire acheter sur-le-champ une centaine.
Paris, 12 décembre 1803
Au citoyen Chaptal, ministre de l’intérieur
Je désire, Citoyen Ministre, que vous regardiez comme une des fonctions les plus importantes de votre ministère de recueillir, sur les candidats présentés pour le Sénat et le Corps législatif, des renseignements sur leur probité, leur fortune , talents et opinion politique, et que vous me remettiez ces notes en même temps que la liste des présentations, afin que je puisse intervenir toutes les fois qu’il serait présenté des personnes ayant de mauvais principes et peu considérées.
Paris, 12 décembre 1803
Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures
Je désire, Citoyen Ministre, que vous écriviez à M. de Bunau et au citoyen La Rochefoucauld de demander que M. d’Entraigues soit renvoyé de Dresde; qu’il est Français, qu’il a été membre de l’Assemblée constituante, et que, depuis, il a trempé dans toutes les intrigues qui ont troublé la tranquillité de la France; qu’aucune puissance n’a le droit de l’accréditer à l’étranger sans manquer au Gouvernement français, et qu’aucune cour ne peut le recevoir sans manquer aux égards et manifester qu’elle prend intérêt aux troubles et aux divisions qu’il pourrait exciter dans le sein de la France. Il est impossible qu’il soit dans l’intention &aucun prince d’accorder l’impunité, au milieu de l’Allemagne, à un homme connu dans toute l’Europe et chassé de Vienne et de Naples pour son immoralité, son esprit d’intrigue et sa vénalité; que j’ai le droit d’attendre que l’électeur de Saxe éloignera cet individu de Dresde.
Paris, 12 décembre 1803
Au citoyen Talleyrand
- de Coucy, Citoyen Ministre, ancien évêque de la Rochelle, est en Espagne. Il se comporte on ne peut pas plus mal. Ses mandements incendiaires contribuent à la guerre civile dans la Vendée. Envoyez un courrier extraordinaire à Madrid, avec les instructions les plus efficaces pour qu’il soit arrêté et remis à Bayonne entre les mains de la gendarmerie. Écrivez au général Beurnonville qu’il ne s’agit plus ici d’une vaine formalité; que les mandements de ce misérable influent sur la tranquillité publique; qu’il est évidemment stipendié par les Anglais, et que je ne saurais croire que Sa Majesté Catholique, pour un objet de cette importance, voulût se refuser à le faire mettre entre mes mains. Recommandez au général Beurnonville de mettre tous ses soins à faire réussir cette affaire, et à ce que cet évêque soit effectivement arrêté et transféré à Bayonne.
Paris , 12 décembre 1803
ORGANISATION DE LA GRANDE EXPÉDITION
Il y aura un état-major général composé du ministre de la guerre faisant les fonctions de major général;
De deux généraux de brigade;
De quatre adjudants commandants;
De seize adjoints à l’état-major, de différents grades;
Du premier inspecteur général de l’artillerie;
Du premier inspecteur général du génie;
Du commissaire général Petiet, pour l’administration;
L’un directeur général pour chaque administration;
Du nombre de commissaires des guerres et adjoints qui sera jugé nécessaire.
Il n’y aura point de commandant général de la cavalerie.
Il est donc bien nécessaire que tous les individus qui doivent composer l’état-major général soient désignés avec le titre qu’ils doivent porter et le nombre de chevaux et domestiques qu’ils doivent embarquer.
Un général de division embarquera quatre chevaux;
Un général de brigade en embarquera deux;
Un adjudant commandant, un;
Un aide de camp et un adjoint à l’état-major en embarqueront chacun un;
Un colonel de corps en embarquera un;
Un major, un.
Le général de division embarquera quatre palefreniers sur le même bâtiment qui portera ses chevaux, et deux domestiques sur le bâtiment qui le portera.
Un général de brigade embarquera quatre domestiques;
Un adjudant commandant, deux;
Un aide de camp et un adjoint, un;
Un colonel, deux;
Un major, un;
Un capitaine, un.
Les lieutenants et sous-lieutenants en embarqueront un pour quatre. Ceux qui voudront embarquer un plus grand nombre de domestiques et de chevaux devront en faire la demande, afin qu’on puisse leur indiquer les lieux où ils doivent les tenir, pour passer après carnée.
L’armée se divise en quatre grands corps :
Le camp de Saint-Omer;
Le camp de Bruges;
Le camp de Montreuil;
La réserve.
Le camp de Saint-Omer doit, avoir un état-major et des adjoints;
Un général d’artillerie;
Un officier supérieur du génie;
Un commissaire ordonnateur;
Un chef pour chaque administration;
Un inspecteur du service de santé.
Il est nécessaire de connaître et de spécifier les noms et les titres de tous ces individus.
Le camp de Saint-Omer sera composé de quatre divisions, d’une division de cavalerie et d’un parc de réserve d’artillerie.
Chaque division aura un payeur, un commissaire des guerres et un adjoint en chef pour chaque administration;
Les brigades de boulangers qui seront nécessaires pour faire le pain pour la nourriture de la division ;
Des escouades d’ouvriers maçons, propres à construire des fours en peu de temps. Il est également nécessaire de déterminer le nombre de tous ces individus.
Un adjudant commandant sera chef de l’état-major, indépendamment des adjoints et aides de camp qui y seront attachés.
Chaque division aura un colonel ou un lieutenant-colonel d’artillerie;
Un capitaine cri second en résidence;
Un conducteur d’artillerie;
Un capitaine du génie;
Un lieutenant;
50 sapeurs.
Il y aura pour chaque division huit pièces d’artillerie.
La division de cavalerie aura quatre pièces d’artillerie légère.
Il y aura à la réserve huit pièces d’artillerie avec les approvisionnements d’infanterie, etc.
Ce qui fera pour ce corps d’armée quarante-quatre pièces d’artillerie.
Les camps de Bruges et de Montreuil seront composés chacun de trois divisions. Ils seront organisés comme le camp de Saint-Omer.
Leur train d’artillerie ne sera que de trente-six pièces de canon pour chaque camp.
La réserve sera composée de deux divisions de dragons, d’une division italienne, d’une division de cavalerie de la réserve et d’une division d’élite.
Chacune de ces divisions aura huit pièces de canon, ce qui fera quarante pièces de canon; il y en aura huit pour le parc; total, quarante-huit pièces de canon.
La réserve aura un état-major en tout pareil à celui des autre camps.
Le parc général de l’armée sera toujours avec la réserve.
Il est donc nécessaire que tous les ordres convenables soient don nés, pour qu’au ler nivôse on puisse avoir l’état de l’armée ainsi organisée, partagée en divisions, avec le nombre de domestiques et il chevaux que chacune doit embarquer, la force des corps, les nom des Officiers d’état-major et des administrateurs attachés à chaque division, le lieu où ils se trouvent, le temps où l’on suppose qu’ils joindront, les lieux où se trouvent les 3e bataillons et les dépôts, enfin les lieux où chaque corps se recrute.
Le ministre de la guerre me présentera en même temps un autre état de situation du matériel, soit des vivres, soit des charrois, soi de l’artillerie, de ce qui a été demandé, du lieu où chaque objet se trouve, enfin de ce qui manque pour arriver au complet des demandes faites par le résumé de la flottille qui a été remis au ministre de la guerre il y a trois mois.
Paris, 12 décembre 1803
Au général Berthier, ministre de la guerre
Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner ordre, par un courrier extraordinaire, au général Lagrange, à Alençon, de faire partir sui le-champ le détachement de la légion d’élite à pied, qui fait partie de la colonne d’éclaireurs de Mayenne et qui est fort de 130 hommes, pour Montaigu, où il recevra des ordres du général Gouvion.
Donnez ordre également à la colonne d’éclaireurs qui est sous les ordres du général de brigade Devaux, à Laval, de se rendre Machecoul, département de la Loire-Inférieure, où elle prendra des ordres du général Gouvion.
Votre courrier extraordinaire continuera sa route d’Alençon à Châtillon, département des Deux-Sèvres, et portera au général Gouvion l’ordre de s’appuyer sur la côte, de se rendre avec sa colonne et celle du chef de brigade Devaux, du côté de Challans, Aizenay et Sain Lue. Le général Gouvion donnera ordre au général Girardon de se porter avec sa colonne de Beaupreau à Montaigu, et de veiller sur toute cette partie. Vous lui direz du reste, que je désire, par le retour du courrier, connaître parfaitement la situation de cette contrée, qu’il doit connaître mon impatience sur un objet de cette importance. Vous lui enverrez la lettre ci-jointe des Sâbles. Vous lui direz que, si les événements étaient aussi pressants que cette lettre les présente, il pourrait donner ordre à l’adjudant commandant Brouard de faire partir quatre compagnies du bataillon qui est à l’île d’Yeu, complétées à 80 hommes, et d’avoir soin de n’y mettre que de bons sujets et des hommes éprouvés. Il pourra en demander un pareil nombre aux commandants de l’île de Ré et de Rochefort. Enfin il pourrait également demander 200 hommes du régiment suisse qui est à la Rochelle, ce qui lui ferait une augmentation de forces de 1,500 hommes.
Faites connaître au général commandant la 12e division militaire qu’il ait à faire parvenir des ordres en conséquence aux différents commandants, et à lui-même de tenir toutes les forces et tous les moyens dont il pourrait disposer à Nantes.
Je désirerais être assuré, par le retour du courrier qui vous porte cette lettre, que le courrier partira avant minuit.
Paris, 12 décembre 1803
Au général Berthier
Je vous prie, Citoyen Ministre, d’expédier dans la nuit un courrier extraordinaire au général Fénerolz, commandant le camp de dragons de Redon, pour lui donner l’ordre de partir avec les régiments qu’il commande, six heures après la réception du courrier, et de se diriger sur Nantes. Là il fera prendre à chaque homme cinquante cartouches, des pierres à fusil, et formera trois colonnes, chacune composée d’un régiment de dragons fort de 260 hommes à cheval et de 140 hommes à pied. Le générai Dumuy joindra à chacune de ces colonnes deux compagnies du 12e d’infanterie légère, fortes chacune de 70 hommes; ce qui portera chacune des trois colonnes à plus de 550 hommes. La gendarmerie y joindra 10 ou 12 hommes de son arme.
La première colonne s’arrêtera à Nantes, de là se rendra à Palluau, d’où, avant son arrivée, elle enverra demander des ordres au général Paulet, qui se tient ordinairement aux Sables. Le général Paulet se mettra à la tête de cette colonne, y joindra les troupes qui sont sous ses ordres et des officiers des détachements de gendarmerie, et se mettra à la poursuite des brigands, en obéissant cependant aux ordres qu’il recevrait du général Gouvion.
La seconde colonne se rendra à Montaigu. Elle sera commandée par le général Fénerolz. Avant son arrivée, elle enverra demander des ordres au général Gouvion, et, si elle n’en reçoit pas au moment de son arrivée, elle prendra des renseignements des officiers de gendarmerie qui se trouvent à Montaigu et du sous-préfet de Montaigu, et se mettra à la poursuite des rassemblements armés.
La troisième colonne se rendra à Machecout. Elle sera commandée par un des généraux de brigade qui se trouvera à portée, ou par le général de brigade Valory, s’il est encore à Nantes. Si tout est tranquille dans cet arrondissement, cette troisième colonne continuera sa marche jusqu’à Challans, et préviendra de son mouvement le général Paulet, qui se trouvera aux Sables ou à Palluau; elle prendra les ordres de ce général de brigade, mais sera toujours sous les ordres supérieurs du général Gouvion.
Vous préviendrez le général commandant la division et l’ordonnateur de cette division de prendre toutes les mesures pour que les vivres ne manquent point aux troupes. Il leur sera accordé les vivres de campagne, et, en attendant, pour se procurer de la viande, une indemnité.
Vous préviendrez le général de la division de donner l’instruction aux commandants de ces trois colonnes de se diviser par escadron, moitié à cheval et moitié à pied, afin de pouvoir faire vivre facile- ment les chevaux, et d’avoir soin de joindre à chaque détachement des officiers ou sous-officiers de gendarmerie connaissant bien le pays.
Vous recommanderez la plus sévère discipline.
Vous préviendrez le général Gouvion des mouvements. Les dragons ont l’avantage de servir à pied et à cheval. Ils sont tous armés de bons fusils. Comme il est inutile de s’embarrasser de caissons, il faut faire prendre, à chaque dragon des cartouches de réserve à Nantes.
Les 3e* et 4es escadrons des ler, 14e et 20e régiments de dragons resteront jusqu’à nouvel ordre dans leurs cantonnements actuels.
Faites partir de Paris un des adjudants commandants attachés à voire ministère, pour faire les fonctions de chef d’état-major auprès du général Gouvion. Il emmènera avec lui quatre adjoints à l’état- major.
Faites connaître au général Dumuy que, sa présence étant nécessaire à Nantes, l’état de situation de toutes les troupes de sa division doit être envoyé au général Gouvion, et que l’ordonnateur de la division doit se rendre près de ce général pour assurer le service.
Prévenez le général Gouvion que j’espère que ce renfort de 1,500 hommes lui sera suffisant, et qu’il fera une bonne chasse à ces brigand; qu’il doit tenir note des chefs surtout, pour ne faire grâce à aucun; qu’enfin il y a sous ses ordres le général Dufresse, qui tiendra en respect le département des Deux-Sèvres, le général Girardon, commandant le département de Maine-et-Loire et environs, le général Paulet, le général Fénerolz, le chef de brigade Reynaud, et, si même il se trouve en avoir besoin, le général Lacoste, qui est sur la côte; que les généraux Paulet et Lacoste ont un certain nombre de pièces attelées; que d’ailleurs, si cela devient nécessaire, il peut faire appeler le directeur d’artillerie qui est à Nantes; qu’il doit tâcher cependant, autant que possible, de ne pas dégarnir la côte et y laisser les batteries mobiles et les détachements que j’y ai établis pour protéger le passage de la flottille.
Mettez à la disposition du général Gouvion, pour assurer le service, 50,000 francs en or; 30,000 francs seront destinés à pourvoir à la gratification de la troupe, et 20,000 pour frais de transport, de courriers et d’espionnage. Sur cette somme, il donnera 1,000 francs à chaque commandant de colonne d’éclaireurs.
Mon opinion est qu’il ne faut laisser nulle part de garnison, mais faire de toutes les forces quatre corps sous les ordres, chaque corps, d’un général de brigade, indépendamment des corps des généraux Girardon et Dufresse; que chacun de ces corps doit être partagé en trois autres, chacun de 150 à 200 hommes, infanterie, cavalerie et gendarmerie comprises. Soutenus par l’espionnage et continuellement en mouvement, ces corps doivent parvenir à étouffer la révolte dès sa naissance.
Je désire que le courrier porteur des ordres pour les mouvements des dragons, et l’instruction pour le général et l’ordonnateur de la division à Nantes, partent cette nuit. L’argent et l’instruction pour le général Gouvion pourront ne partir que demain à quatre heures après midi. Vous me ferez demander, avant leur départ, il n’y a point de nouveaux ordres.
Je vous prie de demander par le retour du courrier la situation de la division du général Dumuy et le lieu où se trouve chaque corps.
Paris, 13 décembre 1803
Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre la justice
Je vous prie, Citoyen Ministre, d’écrire au préfet de Maine-et-Loire que j’ai vu les rapports qui ont été faits; que j’ai la plus grande confiance dans le chef de légion Noireau; que j’ai la plus grande confiance dans le général Girardoli, et dans lui , préfet; qu’on voit tout ici de sang-froid; que tous ces agents lui rendent justice, et qu’il doit à son tour leur rendre la justice qui leur est due, et vivre bien avec eux.
Paris, 13 décembre 1803
Au citoyen Régnier
Je vous renvoie les diffèrentes pièces de votre correspondance. Faites connaître au général Gouvion que le ministre de la guerre a dû lui envoyer de l’argent pour le seconder; que deux compagnies d’élite ont eu ordre de partir du Mans pour se rendre à Montaigu, ainsi que les colonnes d’éclaireurs du général Devaux, qui est parti de Laval, et les trois régiments de dragons qui se trouvent à Redon, sous les ordres du général Fénerolz; que ces trois corps lui présentent un total de 1,900 hommes, dont 400 à pied et 800 à cheval, tous armés de bons fusils, qui, moyennant 500 hommes d’infanterie légère qui y seront joints, seront partagés eu trois colonnes d’éclaireurs; qu’il est donc nécessaire qu’il se rende dans la Vendée et la Loire-Inférieure, afin de donner à tout cela le mouvement et l’organisation convenables; que j’attends d’apprendre que la commission militaire a fait justice de quelques chefs; que ma confiance repose en lui pour être bientôt instruit que la tranquillité est rétablie.
Il paraît que les communes de Saint-Hilaire et Sallertaine ont des correspondances avec les ennemis, puisqu’elles ont fait des signaux auxquels les Anglais ont répondu. Envoyez-y des hommes adroits, pour savoir quels sont ces correspondants.
Paris, 13 décembre 1803
Au général Berthier, ministre de la guerre
D’après l’état de situation de la force actuelle de l’artillerie, Citoyen Ministre, je reste convaincu que le ler régiment ne peut fournir que huit compagnies à la grande armée; que le 5e ne peut en fournir que dix, et le 7e huit. Il sera donc nécessaire de prendre quatre compagnies du 3e et quatre du 6e, ce qui fera trente-quatre compagnies. Mon intention est que chaque compagnie soit portée au grand complet de guerre, c’est-à-dire à 100 hommes; et, à cet effet, on prendra tous les hommes disponibles dans le reste des régiments.
Je me suis convaincu également que le 2e régiment d’artillerie à cheval ne peut fournir que deux compagnies, et les 5e et 6e, deux. Pour compléter les huit compagnies, vous en ferez fournir deux par le 4e régiment. Ces huit compagnies seront également portées à 100 hommes, ce qui fera 800 hommes; ainsi le total de l’artillerie sera donc de 4,200 hommes.
Le 5e régiment fournira également deux compagnies au camp de Saintes, et le 6e régiment en fournira aussi quatre au camp de Brest.
Les compagnies qui resteront en France, de ces régiments, se trouveront par là extrêmement affaiblies; mais mon intention étant de faire, en ventôse, un appel de 20,000 hommes de la réserve, sur ces 20,000 hommes, 4,000 seront destinés au complément des régiments d’artillerie.
Je désire également avoir 3,500 hommes du train d’artillerie à la grande expédition. A cet effet, il serait convenable d’envoyer à Douai le s trois compagnies du 8e bis du train, qui est à Rennes.
Les deux compagnies du 4e régiment à cheval qui partiront de Turin pourront partir à pied et sans chevaux, et les chevaux serviront à monter le reste du régiment.
Il est également nécessaire de donner à l’artillerie à cheval une paire de guêtres et une capote, devant faire longtemps le service à pied.
Paris, 13 décembre l803
Au général Soult
Citoyen Général Soult, le service se fait mal sur la côte de Calais.
Un navire anglais, qui s’est perdu à deux lieues de cette place, a fait côte sans être aperçu; l’équipage s’est jeté à terre et est arrivé à Calais sans qu’on en sût rien. Prenez des mesures pour que le service se fasse avec plus d’activité et de vigilance.
Paris, 13 décembre 1803
Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies
Ordonnez, Citoyen Ministre, au contre-amiral Villeneuve de faire éprouver les mortiers à plaque, de fer et de bronze, qui sont à l’île d’Aix et à la batterie des Saumonards, ainsi que les mortiers à la Gomer; mais, à cet effet, d’assister lui-même à ces épreuves, et de s’assurer lui-même que les mortiers sont placés sur 43 degrés, et que la poudre est pressée avec la main à mesure qu’elle y est placée et que la chambre est tellement pleine quelle doit un peu déborder; alors les mortiers à la Gomer doivent aller bien près du Boyard, puis qu’il n’y a que 1,530 toises. Les mortiers à plaque devraient dépasser le Boyard d’au moins 300 toises, et les mortiers à plaque des Saumonards devraient dépasser beaucoup le banc du Boyard.
Je ne vois pas pourquoi vous avez défendu, par votre lettre du 17 frimaire (9 décembre), qu’on armât les péniches des différents ports. Ce sont les caïques que les grosses pièces de 24 écrasent, et rendent peu propres à cette longue traversée il n’en est pas de même pour les péniches.
Relativement à la dépêche du 15 frimaire(7 décembre) du général Ganteaume, il faut attendre, avant de lui répondre, le retour du courrier que je lui ai expédié il y a plusieurs jours.
Paris , 14 décembre 1803
A l’amiral Bruix
Citoyen Amiral Bruix, je reçois vos lettres du 21 (13 décembre). Je vois avec grand plaisir que plusieurs divisions vous arrivent. Le naufrage du bateau le 106 me fait d’autant plus de peine que nous perdons bien des braves gens. C’est sans doute le même vent qui nous a livré une frégate anglaise près Réville, au-dessus de la Hougue; elle a amené son pavillon, et 80 bateaux de Terre-Neuve se trouvaient là mouillés dans la baie de Saint-Waast, pour amener leur conquête à la Hougue
Presque tous les bâtiments qui étaient en construction à Paris et à Compiègne sont à l’eau et partent pour le Havre, ce qui nous mettra à même de diriger tous les ouvriers qui y travaillaient sur Boulogne et Calais. Une compagnie de 100 ouvriers doit déjà même être partie.
Paris, 16 décembre 1803
Au citoyen Chaptal, ministre de l’intérieur
Je vous prie, Citoyen Ministre, de me faire connaître la situation des fabriques de Chollet et autres communes environnantes dans la Vendée. On m’assure que les travaux ont cessé, ce qui peut porter les ouvriers des manufactures au brigandage.
Pris, 16 décembre 1803
DÉCISION
Proposition de nommer les citoyens Cuvelier, Saraire, Cremault, Baluet et Contant à cinq emplois d’officiers dans la compagnie des guides interprètes de l’armée d7Angleterre. | Avoir l’âge et les états de service de chacun. Ils doivent avoir été en Angleterre au moins un an, écrire et bien parler la langue anglaise. La compagnie divisée en quatre escouades. Chaque escouade sera attachée à une des armes. |
DÉCISION
Demande d’une pension pour la veuve du général de brigade Laplume (noir), mort à Cadix, laissant neuf enfants. | Le fils, âgé de vingt ans, sera employé comme lieutenant, dans le corps noir qui est à Mantoue. Accordé une pension de 3,000 francs à la mère. 200 francs de pension à chacun des enfants. Ceux qui sont au-dessous de quinze ans seront mis à Compiègne. Ils ne jouiront de leur pension qu’en sortant de Compiègne.- |
Paris, 16 décembre 1803
A l’évêque d’Orléans (Étienne Bernier, 1762-1806. C’est lui qui a mené les négociations pour le Concordat, avec une très grande souplesse)
Monsieur l’Évêque d’Orléans , j’ai reçu la lettre du 12 (4 décembre) que le conseiller d’État Portalis m’a remise. Je vous remercie des détails que vous me donnez sur la Vendée. J’y ai reconnu le zèle dont vous m’avez déjà donné plusieurs fois des preuves. J’ai vu avec peine la désunion qui existe entre le préfet de Maine-et-Loire et le général Girardon; mais j’ai fait connaître au préfet que mon intention était qu’ils vécussent d’accord : j’espère qu’ils s’y conformeront.
J’ai été bien aise de voir que la première opinion que je m’étais faite des troubles qui viennent d’avoir lieu était conforme à ce que vous pensiez; mais il n’en est pas moins vrai qu’il y a quatre cents misérables sans feu ni lieu, mauvais sujets formés à l’impunité dans la licence des guerres civiles, et dont il serait urgent de débarrasser le pays. Je désirerais que vous pussiez m’en faire des listes, afin de pouvoir, aujourd’hui que j’ai dirigé sur ces points des forces assez considérables, les faire arrêter et les mettre hors d’état de recommencer leurs brigandages.
J’ai aussi lieu de croire que sept individus, qui ont débarqué dans l’anse du Repos, côte des Sables-d’Olonne, ont été vus au milieu de leur rassemblement. Des signaux de correspondance ont été faits entre la flotte anglaise et Saint-Hilaire et Sallertaine. Faites-moi connaître votre opinion sur les villages, curés, notables que vous croiriez capables de ces correspondances.
Il n’est pas moins vrai qu’il doit y avoir quelque accord parmi ces brigands, car depuis le 16 frimaire (8 décembre) ils se sont rapidement dissipés, de manière qu’au 20 on avait peine à en trouver des traces.
Paris, 16 décembre 1803
Au général Berthier, ministre de la guerre
Pourquoi y a-t-il, Citoyen Ministre, des prisonniers anglais à Bodeaux ? Les ordres que vous avez donnés pour la translation des prisonniers ne sont exécutés nulle part.