Correspondance de Napoléon – Avril 1812

Saint-Cloud, 14 avril 1812.

À Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, organisez l’Italie comme vous avez fait pour votre absence pendant la dernière campagne, soit en chargeant Melzi de présider les ministres, soit en prenant toute autre mesure qui vous paraîtra plus utile. Assurez le service pour mai et juin, et ensuite rendez-vous à Paris le plus tôt possible. Vous y resterez trois ou quatre jours, pendant lesquels, après vous avoir entendu, je pren­drai des dispositions définitives pour l’Italie; et de là vous vous rendrez en toute diligence à Glogau pour rejoindre votre corps d’armée.

 

Saint-Cloud, 15 avril 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.

Mon Cousin, mandez au prince d’Eckmühl que je suppose qu’il a fait réunir les bataillons hessois et badois qui étaient à Danzig avec la 7e division et qui font partie de son corps d’armée; qu’il a fait réunir à la 7e division les 4e bataillons des 5e, 10e et 11erégi­ments polonais, et qu’il aura formé de cette division trois brigades au moins.

Mandez au prince d’Eckmühl de ne pas laisser longtemps ses divi­sions à Danzig pour ne pas épuiser cette ville. Mandez-lui de les faire venir du côté d’Elbing. Avec les Prussiens, le prince d’Eckmühl se trouve avoir ainsi sept divisions d’infanterie. Faites-lui connaître que je vais incessamment donner ordre au duc de Reggio de se porter sur Marienwerder; au duc d’Elchingen de se porter à Thorn ; que, s’il n’y a rien de nouveau, il donne ordre au général Saint-Cyr de se porter sur Plock avec le corps bavarois, en opérant son mouvement du 20 au 26. Arrivé à Plock, le général Saint-Cyr cantonnera ses troupes à un ou deux jours de cette ville; il fera établir un pont sur la Vistule à Plock, et y fera réunir des magasins.

 

Paris, 17 avril 1811

A Lord Castlereagh, secrétaire d’état pour les affaires étrangères, à Londres (Cette lettre a été dictée par l’Empereur au duc de Bassano.)

Monsieur, S. M. l’Empereur et Roi, toujours animée des mêmes sentiments de modération et de paix, a voulu faire de nouveau une démarche authentique et solennelle pour mettre un terme aux mal­heurs de la guerre. La grandeur et la force des circonstances dans lesquelles le monde se trouve aujourd’hui placé déterminent Sa Ma­jesté; elle m’autorise, Monsieur, à vous entretenir de ses dispositions et de ses vues.

Beaucoup de changements ont eu lieu en Europe depuis dix ans, ils ont été la suite nécessaire de la guerre qui s’était allumée entre la France et l’Angleterre ; beaucoup de changements arriveront encore, et ils résulteront de la même cause. Le caractère particulier que la guerre a pris peut ajouter à l’étendue et à la durée de ces résultats. Des principes exclusifs et arbitraires ne peuvent se combattre que par une opposition sans mesure et sans terme, et le système de la pré­servation et de la résistance doit avoir le même caractère d’universa­lité, de persévérance et de vigueur.

La paix d’Amiens, si elle avait été maintenue, aurait prévenu bien des bouleversements. Je renouvelle le vœu que l’expérience du passé ne soit pas perdue pour l’avenir.

Sa Majesté s’est souvent arrêtée devant la perspective des triom­phes les plus certains, et en a détourné ses regards pour invoquer la paix. En 1805, tout assurée qu’elle était des avantages de sa posi­tion , et quelque confiance qu’elle dût à des présages que la fortune devait sitôt réaliser, elle fit au gouvernement de S. M. Britannique des propositions, qui furent éludées sur le motif que la Russie devait être consultée. En 1808, de nouvelles propositions furent faites, de concert avec la Russie : l’Angleterre allégua la nécessité d’une intervention qui ne pouvait être que le résultat de la négociation elle-même.

En 1810, Sa Majesté, ne pouvant se dissimuler plus longtemps que les arrêts du Conseil britannique de 1807 rendaient la conduite de la guerre incompatible avec l’indépendance de la Hollande, auto­risa des ouvertures indirectes qui tendaient également à la paix : elles n’eurent aucun effet, et de nouvelles provinces durent être réunies à l’Empire.

Le moment présent rassemble à la fois toutes les circonstances des diverses époques où Sa Majesté montra les sentiments pacifiques qu’elle m’ordonne de manifester encore aujourd’hui.

Les calamités qui désolent la Péninsule et les vastes contrées de l’Amérique espagnole doivent exciter l’intérêt de toutes les nations et les animer d’une égale sollicitude pour les voir cesser.

Je m’exprimerai, Monsieur, d’une manière que Votre Excellence trouvera conforme à la franchise de la démarche que je suis chargé de faire, et rien n’en montrera mieux la grandeur et la loyauté que les termes précis du langage qu’il m’est permis de tenir. Dans quelles vues et pour quels motifs m’envelopperais-je de formes qui ne con­viennent qu’à la faiblesse, qui seule a intérêt de tromper ?

Les affaires de la Péninsule et des Deux-Siciles sont les différends qui paraissent les plus difficiles à concilier ; je suis autorisé à vous proposer d’en établir l’arrangement sur les bases suivantes :

L’intégrité de l’Espagne serait garantie ; la France renoncerait à toute extension de ses limites du côté des Pyrénées; la dynastie actuelle serait déclarée indépendante, et l’Espagne régie par une constitution nationale des Cortès.

L’indépendance et l’intégrité du Portugal seraient également garan­ties, et la Maison de Bragance régnerait.

Le royaume de Naples resterait au roi de Naples. Le royaume de Sicile serait garanti à la Maison actuelle de Sicile.

Par suite de ces stipulations, l’Espagne, le Portugal et la Sicile seraient évacués par les troupes françaises et anglaises de terre et de mer.

Quant aux autres objets de discussion, ils peuvent être négociés sur cette base, que chaque puissance gardera ce que l’autre ne peut pas lui ôter par la guerre.

Telles sont, Monsieur, les bases de conciliation et de rapproche­ment offertes à S. A. R. le Prince Régent.

  1. M. l’Empereur et Roi ne calcule, dans cette démarche, ni les avantages ni les pertes que la guerre, si elle est longtemps prolon­gée, peut présager à son Empire. Elle se détermine par la seule considération des intérêts de l’humanité et du repos des peuples; et, si cette quatrième tentative doit être sans succès, comme celles qui l’ont précédée, la France aura du moins la consolation de penser que le sang qui pourrait couler encore retombera tout entier sur l’Angleterre.

Le ministre des relations extérieures,

Duc de Bassano

 

Saint-Cloud, 18 avril 1812.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, donnez l’ordre au général Roguet de partir pour diriger le mouvement de la 2e division de la Garde, com­posée de la brigade de fusiliers, de la brigade formée du 1er régi­ment de voltigeurs et du 1er régiment de tirailleurs, et du régiment de flanqueurs; ce qui fera dix bataillons. La brigade de fusiliers est partie aujourd’hui; le régiment de flanqueurs part demain.

Donnez ordre que la brigade composée du 1er régiment de tirail­leurs et du 1er de voltigeurs, sous les ordres du général de brigade, parte lundi pour se rendre à Mayence. Le régiment de voltigeurs gagnera une marche. Vous donnerez ordre que chaque bataillon de chaque régiment laisse un piquet de la valeur du cadre d’une compa­gnie; ce qui fera quatre cadres, lesquels recevront chacun 300 conscrits, ou 1,200 hommes en tout. Ces 1,200 hommes, bien habillés, bien armés et bien équipés, partiront lorsqu’ils seront en bon état, mais au plus tard à la fin du mois.

 

Saint-Cloud, 18 avril 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.

 

Mon Cousin, il faut peu de pièces pour armer les têtes de pont de Marienwerder et de Marienburg, puisque les pièces de campagne aideraient à leur défense. Il faut d’ailleurs prendre les pièces qui seraient le moins utiles à Danzig.

Écrivez au prince d’Eckmühl que j’ai 500,000 quintaux de farine ou de blé à Danzig; que je puis en garder 300,000 dans la ville pour servir à l’armée, en cas d’échec ou de retraite; que 100,000 quintaux suivront l’armée; que je désire qu’il épargne autant que possible les magasins de Danzig, ceux-là étant sous nos mains, nous les trouverons toujours; qu’arrivé à Elbing il y fasse des magasins et s’y procure une grande quantité de farine, ainsi qu’à Marienwerder et à Marienburg; que je désire avoir à Thorn 100,000 quintaux de farine et de blé; que je vois avec plaisir que 40,000 quintaux se trouvent expédies de Küstrin, que j’ai demandé à la Prusse de les envoyer à Thorn; que le corps du duc d’Elchingen, qui doit se rendre à Thorn, se nourrisse le plus possible des blés qu’il trouvera aux environs, car je désire avoir à Thorn 30,000 quintaux de farine destinés à suivre l’armée, et 100,000 quintaux en magasin pour servir en cas d’échec ; qu’après Danzig et Thorn le troisième maga­sin est Marienburg, que je considère comme une place forte ou du moins comme étant à l’abri d’un coup de main.

 

Saint-Cloud, 18 avril 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.

Mon Cousin, mandez au prince d’Eckmühl que, moyennant les quatre bataillons et les quatre escadrons qui, de Berlin et de Franc­fort, se rendent à Königsberg, le général Grawert aura une belle division et beaucoup de cavalerie; que l’artillerie arrivée de Memel doit armer la redoute de Pillau, laquelle correspondra parfaitement avec celle que je fais construire à l’extrémité du Nehrung, vis-à-vis Pillau ; que mon intention est que le prince d’Eckmühl ne passe point la Vistule, ou du moins que ses reconnaissances ne passent pas d’une journée la droite de la Vistule, et qu’il se serve des Prussiens pour éclairer le pays ; que, si les Russes s’emparent de Memel et de la rive droite du Niémen sans passer la rivière, il envoie un parlemen­taire pour demander si cela est une déclaration de guerre, et que, dans le cas où le général russe répondrait que non, mais que c’est une simple disposition militaire, il convienne avec lui qu’on se con­sidérera de part et d’autre comme en paix, à condition qu’on ne passera pas le Niémen; que si, au contraire, les Russes commen­çaient les hostilités et marchaient en force sur Varsovie, il ne fasse que les mouvements nécessaires pour empêcher Varsovie d’être prise; qu’il a l’autorisation, dans ce cas, de mander aux ducs d’Elchingen et de Reggio et au général Saint-Cyr de diriger leurs corps sur Marienwerder et sur Thorn ; mais que je suis fondé à penser que les Russes ne feront aucun mouvement, si ce n’est peut-être pour s’em­parer de Memel, ce qui, militairement parlant, est une opération légitime; je dis militairement parlant, car, sous le point de vue poli­tique, c’est une agression : aussi mon ambassadeur a-t-il l’ordre de quitter Pétersbourg si le cas arrivait; mais le prince d’Eckmühl, qui n’a rien à voir à la politique, peut se considérer comme en paix avec les Russes s’ils ne passent pas le Niémen sans l’avoir déclaré plusieurs jours d’avance, tout comme le prince d’Eckmühl peut prendre des arrangements analogues; qu’au 1er mai toutes mes troupes seront en mouvement, et qu’au 15 mai toute mon armée sera sur la Vistule; et que, comme il est possible qu’à cette époque je me trouve de ma personne à Posen, je donnerai les ordres que nécessiteront les cir­constances. En tout état de choses, je désire que le prince d’Eckmühl ne compromette rien ; qu’il se considère comme maître de Königsberg, puisqu’il y a des Prussiens, comme maître des points qui sont vis-à-vis de Grodno, puisqu’il y a de la cavalerie polonaise; qu’il laisse arriver tranquillement le beau temps, la saison des fourrages, et centralise mes troupes; qu’il ne doit faire des efforts que pour garan­tir Varsovie ; que toutes les mesures qu’il propose par sa lettre du 6 avril ne tendraient qu’à exciter les Russes à commencer l’attaque ; que les travaux que l’on fera sur le Curische-Haff et vis-à-vis de Memel ne seront bons que lorsqu’on sera décidé à se porter sur Königsberg; qu’il faut bien se garder d’ôter les bateaux qui sont sur le Niémen et de rien faire qui montre de l’inquiétude ; qu’il faut, au contraire, être pacifique; que j’aurais pu faire avancer quinze jours plus tôt quelques corps de cavalerie sur la Vistule, si je n’avais craint qu’ils ne trouvassent pas de quoi subsister; au lieu que, partant le 1er mai, à leur arrivée sur la Vistule au 15 mai, l’herbe sera bonne, au moins, à manger.

 

Saint-Cloud, 18 avril 1812, au soir.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.

Mon Cousin, je vous renvoie vos différents ordres, que vous pourrez expédier cette nuit, puisqu’il n’y a pas de temps à perdre. J’y ai fait différentes corrections. Ajoutez aux ducs d’Elchingen, de Reggio, d’Abrantès et au général Saint-Cyr, que cela est en supposant que les Russes n’auraient pas attaqué et que le prince d’Eckmühl, pressé par les circonstances, n’aurait pas envoyé d’autres ordres. Ne dites pas au duc de Reggio de porter vingt jours de vivres; dites-lui d’en porter le plus possible.

Donnez ordre au général Daendels de se rendre de sa personne le 1er mai à Stettin, où il réunira le 1er régiment d’infanterie de ligne de Bade; ce qui, avec le 1er bataillon d’infanterie légère de Bade et le 1er bataillon du 3e de ligne, formera quatre bataillons de Bade, ou 3,000 hommes; il y réunira également les hussards de Bade et l’artillerie, ce qui mettra dans sa main une réserve de 4,000 hommes et de 400 chevaux pour se porter partout où il sera nécessaire. Mandez-lui qu’il y a en outre à Stettin un bataillon de Hesse-Darmstadt (infanterie légère), un escadron de chevau-légers de Hesse-Darmstadt et un autre à Küstrin ; qu’il place des postes d’infanterie et de cava­lerie au pont de Schwedt et sur tout l’Oder, afin que les garnisons de Glogau, de Küstrin et de Stettin soient liées, et que rien ne passe sur l’Oder sans être vu et en règle ; que tout le contingent de Berg se trouvera ainsi rester dans la Poméranie ; que le général Durutte commande à Berlin et qu’il doit avoir une correspondance avec ce général; qu’enfin sa division fait partie du 9e corps, dont le duc de Bellune a le commandement; que ce maréchal, qui se rend à Berlin, lui fera passer tous les ordres de circonstance ; qu’il doit avoir l’œil sur les embouchures de l’Oder et distribuer des piquets de cavalerie de manière à mettre en sûreté tout le pays.

Désignez un général de brigade français, de ceux qui sont le plus près, pour prendre le commandement du Mecklenburg, en attendant que le général Laplane, que j’ai nommé, y soit arrivé.

 

Saint-Cloud, 18 avril 1812.

Au général comte de La Riboisière, commandant l’artillerie de la Grande Armée, à Paris

Monsieur le Général comte la Riboisière, actuellement que vous êtes à Berlin, prenez des renseignements sur la navigation de Magdeburg à Berlin, de Berlin à la Vistule et de Danzig au Niémen, sur la largeur des écluses, sur l’espèce de bâtiments dont on se sert, sur les déchargements qu’il faut faire dans une traversée, et sur le temps qu’on emploie communément dans chaque transport.

 

Palais de Saint-Cloud, 19 avril 1812.

ALLOCUTION DE L’EMPEREUR A LA DÉPUTAT1ON DU MONT-TONNERRE. (Extrait du Moniteur du 20 avril 1812)

Des prélats institués pour prier Dieu s’étaient constitués vos maî­tres : un pareil abus a disparu pour toujours de l’Europe. L’Empire que j’ai fondé vous préserve à jamais de devenir le théâtre de la guerre, et vous range sous des lois uniformes, égales pour toutes les portions du territoire. Un accroissement dans votre agriculture et le développement de votre industrie ont dû être le résultat naturel de ce nouvel ordre de choses. J’agrée les sentiments que vous m’exprimez.

 

Saint-Cloud, 20 avril 1812.

A M. de Champagny, duc de Cadore, intendant général des biens de la couronne, à Paris

Monsieur le Duc de Cadore, faites-moi établir le compte définitif de tout ce que devra produire, aux termes du budget, la démolition des maisons du Louvre. Le baron la Bouillerie ne porte dans son compte, au 31 mars 1812, que 294,000 francs pour cet objet. Cette somme me parait bien peu importante, eu égard au grand nombre de maisons qui ont été démolies sur le Carrousel et sur les terrains du Louvre. Il n’y a rien de porté pour le même objet à l’article Palais de Rome. On a démoli aussi quelques maisons sur ces terrains. Faites établir également le compte du produit de la vente des terrains de Rivoli et des Capucines. Il parait que les terrains de la rue de Rivoli sont estimés 3 millions, que cependant 1,600,000 francs seulement ont été perçus; que ceux des Capucines sont estimés 1,700,000 francs, que cependant 1 million seulement a été perçu. Remettez-moi ces comptes et prenez des mesures pour faire rentrer tout ce qui reste encore à percevoir.

 

Saint-Cloud, 21 avril 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.

Mon Cousin, écrivez au général la Riboisière qu’il est nécessaire qu’il fasse diriger sur Küstrin, et de Küstrin sur Thorn et Posen, les fusils destinés à armer l’insurrection.

 

Saint-Cloud, 23 avril 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.

Mon Cousin, vous donnerez les instructions suivantes au duc de Bellune. Le corps dont il va prendre le commandement se compose de la 12e division ou celle du général Partouneaux, de la 25e divi­sion composée de trois régiments polonais qui étaient en Andalousie, les 4e, 7e et 9e ; ils ont maintenant passé Bayonne et sont en marche pour Sedan. Cela fera une force de plus de 30,000 hommes. La 12e division est en marche de Wesel sur Magdeburg. Mon intention est de la réunir à Spandau et à Berlin ; elle y sera dans la première quinzaine de mai. La division Daendels est dans le Mecklenburg, dans la Poméranie suédoise et à Stettin. La division polonaise ne pourra être à Berlin que vers la fin de mai. Ainsi, pendant le mois de mai, temps nécessaire pour la formation de ce corps d’armée, il est destiné à tenir garnison à Berlin et à assurer les communications de l’armée et la tranquillité du pays. Dans le commencement du mois de juin, trois divisions de la réserve, qui se réunissent à Cologne et à Wesel, et qui formeront près de 40,000 hommes, prendront posi­tion à Magdeburg, à Berlin et sur les côtes. Alors le 9e corps se trouvera formé, bien organisé, et se portera sur la Vistule pour entrer en ligne.

Ainsi , pendant le mois de mai, le duc de Bellune n’a d’autre opé­ration à faire que d’organiser son corps pour contenir la Prusse et surveiller tout le pays entre la Vistule et le Rhin. C’est ce qui m’a déterminé à décider qu’il porterait son quartier général à Berlin, et à placer sous son commandement non-seulement les troupes du 9e corps, mais aussi les garnisons de Stettin, Küstrin et Glogau, la division princière, dont la 1e brigade occupe Hambourg et la seconde Berlin, la garnison de Magdeburg et toutes les troupes qui restent dans le royaume de Westphalie, ainsi que tous les bataillons et esca­drons de marche qui se dirigeront sur Magdeburg et Berlin pour rejoindre l’armée.

Une instruction précise est nécessaire pour cette mission impor­tante. Mon intention est que le duc de Bellune soit rendu le 26 ou le 27 à Berlin, afin de prendre cette place des mains du duc de Reggio. Vous lui adresserez une copie du traité fait avec la Prusse, ainsi que de la convention relative aux subsistances, mais sous le secret, et pour le mettre en état de comprendre la question. À mesure que nous avançons, nous approchons de la guerre, et il faut par conséquent redoubler de fermeté et de vigilance. Le duc de Reggio n’a eu que des instructions vagues pour entrer à Berlin ; on était alors plus éloigné de la guerre ; mais un mois s’est écoulé depuis et a amené des circonstances plus décisives. Voici mes instructions :

Conformément à l’esprit du traité, aucun général ou officier prus­sien ne doit commander à Berlin ; aucune troupe prussienne ne doit s’y trouver; aucun service ne doit s’y faire que par ordre du général français. J’ai confié le commandement de la place de Berlin au général Durutte. Il devra faire défiler la parade tous les jours, donner le mot d’ordre et commander le service. La garde nationale pourra faire le service conjointement avec mes troupes. Le peu d’hommes de troupes régulières qui sont restés à Berlin ne doivent y être que pour la garde du palais; encore recevront-ils l’ordre du commandant français.

Spandau doit être considéré comme la citadelle de Berlin. J’attache la plus grande importance à n’avoir aucune inquiétude sur cette place. Il a été convenu dans le traité que le roi de Prusse serait le maître de la désarmer, et qu’il n’y laisserait qu’une compagnie d’invalides ; mais je me suis réservé de l’occuper, ainsi que Pillau, l’une et l’autre étant nécessaires à la sûreté des communications. J’ai ordonné qu’une compagnie d’artillerie fut mise dans la citadelle, et qu’on se servirait les magasins pour y renfermer des munitions. J’ai recommandé qu’un ou deux bataillons fussent toujours en garnison à Spandau, qu’on y plaçât un commandant d’armes du grade de chef de batail­lon , et que tous les bataillons ou escadrons de marche venant de Magdeburg passassent par Spandau, afin d’y avoir toujours 2 ou 3,000 hommes. Un général de brigade y sera chargé du comman­dement supérieur, et veillera à ce que le service y soit fait avec la plus grande exactitude. Spandau sera sous les ordres du général de division commandant de Berlin. On évitera de mettre des troupes dans la citadelle, si ce n’est la compagnie d’artillerie dont j’ai parlé, jusqu’au commencement des hostilités; mais au premier coup de fusil un millier d’hommes entreront dans la citadelle. Les invalides prussiens y resteront, le drapeau prussien continuera d’y flotter. On pourvoira sur-le-champ à la formation d’un approvisionnement de siège pour six mois ; on approvisionnera l’artillerie de la citadelle et de la place, et on mettra, s’il est nécessaire, les ouvrages en bon état. Jusqu’au moment de la guerre, on doit avoir des ménagements, se contenter de garder l’artillerie qui s’y trouve, n’en rien laisser sortir, n’admettre de troupes prussiennes que la compagnie d’inva­lides, et se trouver en mesure d’être maître de la citadelle, sans l’oc­cuper, en attendant, autrement que par une compagnie d’artillerie qui aura l’air de n’être là que pour soigner les munitions et préparer des artifices.

On doit occuper l’arsenal de Berlin, en conservant tout ce qui est propriété du roi et en ne prenant rien que sur inventaire ; mais il importe d’avoir l’œil à ce qu’il n’y ait dans Berlin ni dans les environs aucun dépôt d’armes, aucun canon, dont la populace puisse s’emparer. Tous les magasins français, tant de vivres que de munitions de guerre, doivent, excepté le moment du passage, être constamment à Magdeburg, Spandau et Küstrin. Il ne doit y avoir aucune troupe dans toute la Prusse, seulement 1,800 hommes à Potsdam, et 3,000 si le roi y demeure, 4,000 à Kolberg, 3,000 à Graudenz et 10,000 dans la haute Silésie. Le commandement du duc de Bellune s’étend sur la partie de la Silésie que nous avons conservée, sur Kolberg, sur toute la côte depuis Kolberg jusqu’à Hambourg, sur la Poméranie et le Mecklenburg. Il doit recevoir de fréquents rapports de tous ces points du commandant prussien de Kolberg et des offi­ciers français que j’y ai établis, du commandant de Magdeburg et du ministre de la guerre de Westphalie, afin de pouvoir, dans les cas imprévus, connaître les forces qu’il aura à sa disposition et prendre des mesures selon les circonstances. La gendarmerie prussienne restera seule dans le pays. Aucune troupe détachée, soit de Potsdam, soit de Kolberg, ne pourra y entrer que sur sa demande.

Vous donnerez l’ordre au commandant de la 32e division militaire, à celui du Mecklenburg, au commandant prussien de Kolberg et aux officiers français qui y ont été envoyés, de correspondre avec le duc de Bellune et de l’instruire de tout ce qui se passera; ce qui ne doit pas empêcher leurs relations ordinaires avec l’état-major général. Vous écrirez dans le même sens aux ministres de la guerre de Westphalie et de Saxe.

Si une descente avait lieu sur les côtes, le duc de Bellune devra en être instruit sur-le-champ, pour faire toutes les dispositions convenables. Vous le préviendrez que l’administration du pays reste tout entière aux agents du roi de Prusse, mais que la surveillance des journaux, des écrits et tous les moyens de police doivent être dans sa main, afin que rien ne donne au peuple une impulsion dangereuse et que le pays n’ait aucun moyen de s’insurger.

La place de Graudenz sera dans un autre système. Vous informerez le duc de Bellune que j’ai ordonné que trois ou quatre officiers intelligents entrassent à Kolberg et à Graudenz ; je m’en suis réservé le droit par le traité. Vous lui manderez qu’il est convenable qu’il aille voir les bouches de l’Oder, afin de faire établir des batteries là où il serait nécessaire. Une partfe de la garnison de Kolberg pourra être établie sur les côtes pour faire le service concurremment avec les troupes françaises; mais le droit réel de garder une garnison prus­sienne n’est que pour Kolberg, comme Potsdam est la seule ville où les troupes françaises ne doivent point passer.

Il est convenable pourtant d’accoutumer le peuple de Potsdam à voir beaucoup d’officiers français, et qu’il y en ait qui aillent souvent y coucher pour voir la ville. Si la curiosité ne les y portait pas assez, il sera nécessaire de les y engager sous ce prétexte.

La meilleure manière d’assurer la tranquillité de la Prusse, c’est de la mettre dans l’impuissance de faire un mouvement, au cas qu’une descente vint à avoir lieu, ou que nous perdissions une bataille.

Il me parait convenable que le duc de Bellune, en acceptant un logement à Berlin, n’accepte aucune table et qu’il représente sur les fonds que je lui accorde. Sa représentation doit être grande. Il est inutile de lui recommander les plus grands égards pour les princes, les ministres et les principaux personnages de Berlin, tout en se saisissant de la police.

Toute insulte faite à un Français doit être jugée par une commis­sion militaire, conformément à nos usages.

Le duc de Bellune organisera sa correspondance, ainsi que je viens de le dire, avec les principaux officiers de son commandement. La 32e division militaire ne fait point partie de l’armée pour l’admi­nistration. Le duc de Bellune ne doit y donner aucun ordre de détail, mais connaître bien l’état des choses, afin de faire les dispositions convenables s’il y avait des mouvements à réprimer ou des descentes à repousser.

Le duc de Valmy, qui commande les 25e et 26e divisions militaires, aura son quartier général à Mayence et à Wesel.

Vous remettrez au duc de Bellune un double du traité fait avec le roi de Danemark, par lequel il sera instruit que ce prince doit fournir au besoin un corps de 12,000 hommes pour se porter soit sur le Zuiderzee, soit sur l’Oder, et contribuer avec mes troupes à repous­ser une descente.

On ne connaît point encore la disposition des Suédois. En atten­dant, l’embargo mis dans la Poméranie et les mesures qui ont été prises doivent être exécutés avec vigueur.

La première brigade de la division Partouneaux ne pouvant arriver à Magdeburg que vers le 8 ou le 10 mai, cela m’a décidé à ordonner à la division wurtembergeoise de rester à Francfort-sur-l’Oder, et de ne pas se rendre sur la Vistule. Le duc de Bellune ne la dérangera de sa position qu’en cas de nécessité. Ainsi, pour les premiers jours de mai, il aura une brigade de la division princière à Berlin ; la divi­sion Daendels dans le Mecklenburg, à Stettin et dans la Poméranie ; la division wurtembergeoise à Francfort-sur-l’Oder, et enfin la Garde impériale, qui arrive à Dresde. Une division de la Garde impériale, commandée par le général Roguet, se dirige sur Berlin ; elle y arri­vera vers le 15 mai, mais seulement pour y passer.

Des travaux ont été ordonnés dans l’Ile de Rügen et dans la Pomé­ranie suédoise. Il en faudra faire aux bouches de l’Oder. Le général de la 32e division militaire, le commandant du génie et le comman­dant du Mecklenburg pourront faire connaître les points principaux à fortifier sur cette côte.

Un adjudant commandant intelligent sera attaché au gouvernement de Berlin, et y restera quand le duc de Bellune en partira avec son corps.

Vous ordonnerez au duc de Bellune de communiquer cette instruc­tion à son successeur. Il est nécessaire, aussi, d’organiser une police près du gouverneur général à Berlin, afin de connaître ce qui se passe et d’avoir l’œil ouvert sur toutes les menées qui pourraient avoir lieu. Étant ainsi assurés de Stettin, de Küstrin, de Glogau, de Torgau, de Spandau, de la Saxe, de Magdeburg, ayant des corps de réserve, ayant l’œil à ce qu’il n’y ait nulle part des rassemblements d’armes, ayant des officiers intelligents à Kolberg et y envoyant quelquefois des aides de camp de confiance, on sera en mesure de ne rien craindre de la déloyauté des Prussiens, si, après un événement malheureux, ils pouvaient être excités à s’y porter.

Le ministre de France à Berlin, le comte de Saint-Marsan, est un homme sur lequel on peut compter et qui possède à un haut degré la confiance des Prussiens. Le gouverneur général devra le ménager et pourra se concerter avec lui en toute sûreté. Le duc de Bellune devra dans toutes les circonstances témoigner les plus grands égards pour le roi et pour le gouvernement prussien, ce qui doit même être porté jusqu’à l’affectation dans toutes les fêtes et circonstances quelconques.

Il serait convenable de former un arrondissement au gouvernement de Danzig, en en plaçant la limite entre Danzig et Kolberg. Par ce moyen, le gouverneur de Danzig serait à portée de surveiller la côte ; il pourrait y envoyer des piquets d’infanterie et de cavalerie, des offi­ciers, et recevoir des rapports.

Indiquez-moi le point où devra finir le commandement du duc de Bellune, et remettez-moi demain la lettre que vous écrirez au mi­nistre du roi de Prusse et au commandant prussien A Kolberg, ainsi que l’instruction que vous donnerez au duc de Bellune d’après cette lettre, dans laquelle je crois avoir tout prévu.

 

Saint-Cloud, 25 avril 1812.

A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris

Monsieur le Duc de Bassano, j’ai demandé le général de division Durutte pour commander à Berlin. Le maréchal duc de Bellune commandera toutes les provinces prussiennes; il est déjà rendu à Berlin. Je vous ai fait connaître mon intention relativement aux places de Spandau et de Pillau, qui, selon le traité, doivent être à ma dispo­sition, et relativement aux places de Kolberg et de Graudenz, qui restent entre les mains des Prussiens. J’ai divisé la côte prussienne de la Baltique en deux parties : la première est mise sous la surveillance du duc de Bellune, et l’autre partie, celle de Danzig, est con­fiée au gouverneur de Danzig. Le gouverneur prussien de Kolberg pourra placer sur cette ligne tous les postes prussiens qu’il voudra et qu’il jugera inutiles à la défense de sa place; mais le duc de Bellune et le gouverneur de Danzig pourront aussi, tant qu’ils en auront le moyen, envoyer des détachements pour faire le service concur­remment avec les Prussiens et s’entendre; il faut être bien d’accord. Pour ce qui est relatif à Berlin, il ne doit y avoir aucun gouverneur ni commandant prussien ; le service doit être uniquement fait par la garde nationale, de concert avec les troupes françaises et sous les ordres du commandant français. Il faut de l’unité dans les affaires militaires. D’ailleurs, ceci est conforme au traité. Je ne veux pas de complication. Il ne doit y avoir à Berlin, centre de la sûreté de mes dépôts et de mes derrières, que des commandants français. Vous savez bien que les Prussiens n’avaient rien demandé pour le palais et que c’est moi qui ai imaginé de leur y laisser une garde. Je désire que l’officier qui y commandera ne soit pas d’un grade plus élevé que celui de capitaine. Écrivez dans ce sens à M. de Saint-Marsan.

 

 

Saint-Cloud, 25 avril 1812.

A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris

Monsieur le Duc de Bassano, il est convenable que vous parliez beaucoup à M. de Krusemark du commandement du duc de Bellune à Berlin, de la formation du 9e corps et de celle du 10e, qui sera de 40,00 hommes et qui se composera des divisions dont la réunion a lieu aujourd’hui à Cologne, à Wesel, etc. Ces dernières troupes arriveront sur l’Elbe vers le commencement de juin ; les divisions du 9e corps y arriveront dans le courant de mai. En causant avec lui, il est nécessaire que vous donniez matière à sa correspondance en lui faisant connaître que les cent cohortes des gardes nationales sont déjà formées, ce qui va mettre à ma disposition 100 bataillons, qui étaient retenus pour garder la Hollande, Boulogne, Cherbourg, la Bretagne et nos côtes. Il est bon que vous écriviez quelque chose de cela à M. de Saint-Marsan, et que vous lui fassiez connaître l’exis­tence des 9e et 10e corps. Ce langage est toujours utile. Écrivez-en aussi à M. Otto, à M. de Mercy à Munich, enfin à vos principaux correspondants, afin que cela serve à leur langage.

 

Saint-Cloud, 25 avril 1812.

A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris

Monsieur le Duc de Bassano, je suppose que vous avez un consul à Kolberg ; cependant je ne reçois jamais de ses lettres. Je vous ai fait connaître que mon intention était qu’il y en eût un à poste fixe. Cette négligence est bien funeste. Faites en sorte d’y avoir promptement un homme de confiance, qui ait un chiffre et qui vous écrive tous les jours. J’ai besoin d’en avoir également à Elbing, à Königsberg, à Memel, etc. Ces postes sont importants, puisqu’ils forment bureau de renseignements et qu’ils sont un lien précieux entre les habitants et l’armée française. Il faut avoir également un homme sûr à Riga, à Libau et tout le long de cette côte. Lorsqu’ils seront forcés d’évacuer le pays et de revenir, il faut qu’ils s’arrêtent au premier quartier général français, puisque la connaissance que ces hommes auront du pays devra nous être fort utile. J’ai besoin plus que jamais de consuls à Rostock, à Wismar, à Stralsund et dans tous les diffé­rents ports danois, afin d’avoir une correspondance très-active sur ce qui se passe du côté de la mer. Il m’en faut un à Altona. Ces hommes doivent écrire tous les jours.

 

Saint-Cloud, 25 avril 1812.

Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris

Monsieur le Comte Decrès, j’ai signé le décret sur la pêche ; mais s’applique-t-il seulement aux côtes de Hollande, ou s’étend-il à toutes les côtes de France et de la Méditerranée ? Il me semble que partout on réclame en faveur de la pêche, car partout elle est entravée. Ces réclamations sont si intéressantes sous le point de vue de la marine en général, en particulier sous le rapport d’un moyen de subsistance important pour une grande partie de la population, qu’elles méritent toute ma sollicitude. Faites-moi connaître les entraves, qui existent sur toutes les côtes et les mesures à prendre pour les lever.

 

Saint-Cloud, 25 avril 1812.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, répondez au général Molitor que je vois avec plaisir le mouvement qu’il se donne pour pourvoir à la dé­fense de la Hollande; qu’il n’a rien à craindre dans ce moment; que les Anglais ont toutes leurs troupes en Espagne et en Portugal ; qu’il suffit de tenir dans le lac de Haarlem une seule canonnière, afin que les officiers du génie, de l’artillerie, de l’état-major paissent se servir de cette chaloupe, et parcourir le lac pour apprendre à le bien con­naître ; que j’attache une grande importance à ce que le petit corps de garde voûté que j’ai ordonné sur l’écluse soit terminé, pour qu’une cinquantaine d’hommes qui s’y renfermeraient puissent maîtriser ce point important ; que toutes les précautions d’ailleurs sont tellement prises en France qu’il aurait en peu de jours 50 ou 60,000 hommes marchant à son secours; qu’il ne faut point qu’il prenne de chaloupes canonnières, parce qu’elles sont nécessaires dans le Zuiderzee, où les marins s’exercent mieux; qu’il doit s’assurer que la place de Naarden est armée et en bon état; que je désire que, passé le 15 mai, il retourne visiter les forts Lasalle et Dugommier, les forts de l’île du Texel, la place de Brielle, Hellevoetsluis et les forts de l’ile de Goeree. Il est nécessaire qu’à la fin de mai, au plus tard, le fort de l’île de Goeree soit armé et en bon état, ainsi que les forts du Texel et du Helder.

Écrivez au général Chambarlhac qu’il est nécessaire que dans la dernière quinzaine de mai il aille passer la revue des magasins, armement et défense de la place d’Ysendyke, du fort Napoléon et du fort Impérial de l’île de Cadzand, de l’île de Walcheren, du fort Montebello, du fort Saint-Hilaire, de Rammekens, de Zierikzee et de Willemstad; et qu’il revienne par le fort de Bath, Lillo et Anvers. Il vous rendra compte tous les soirs de ce qu’il aura vu, tant sous le rapport des fortifications que sous celui des approvisionnements de siège et aussi de la situation des troupes.