Correspondance de Napoléon – Avril 1812
Avril 1812
Saint-Cloud, 2 avril 1812.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, les cohortes des gardes nationales seront embrigadées de la manière suivante :
La 1e brigade, composée des 8e, 9e, 10e, 11e et 12e cohortes, sera destinée à former une réserve centrale à Versailles; la 2e, composée des cohortes des 17e, 31e et 23e divisions militaires, sera destinée à la défense de la Hollande ; la 3e, composée des cohortes des 24e et 3e divisions militaires, est destinée à se réunir à Bruges ; la 4e composée des cohortes de la 16e division militaire, se réunira à Anvers; la 5e, composée des cohortes des 15e et 26e divisions militaires , se réunira à Boulogne; la 6e, composée des cohortes des 15e et 21e divisions militaires, se réunira à Cherbourg ; la 7e, composée des cohortes des 13e et 4e divisions militaires, se réunira à Pontivy ; la 8e composée des cohortes des 12e et 20e divisions militaires, se réunira à la Rochelle ; la 9e, composée des cohortes des 2e et 22e divisions militaires, se réunira au Havre; la 10e, composée des cohortes des 18e et 5e divisions militaires, se réunira à Utrecht; la 11e, composée des cohortes des 6e et 19e divisions militaires, se réunira à Anvers; la 12e, composée des cohortes des 7e et 8e divisions militaires, se réunira à Toulon ; la 13e, composée des cohortes des 9e, 10e et 11e divisions militaires , se réunira à Périgueux et servira à la défense des Pyrénées; la 14e, composée des cohortes des 27e et 28e divisions militaires, se réunira à Gênes.
Les 2e, 7e et 86e cohortes ne seront point embrigadées.
Je vous envoie ce travail par anticipation, afin que vous puissiez préparer le choix des généraux de brigade à prendre dans chaque division militaire, pour commander ces brigades.
Saint-Cloud, 2 avril 1812.
Au maréchal Bessières, duc d’Istrie, commandant la garde impériale, à Paris
Mon Cousin, il me vient beaucoup de demandes de jeunes gens de vingt-cinq à trente ans qui se trouvent trop vieux pour entrer dans l’armée comme sous-lieutenants, mais qui désirent servir; ce qui me donne l’idée de former des compagnies de gendarmes d’ordonnance. J’en donnerais le commandement à des hommes dans le genre du comte de Mathan, qui ont servi et qui ont de la fortune. Proposez-moi un projet de règlement pour la formation de ces compagnies. Quels seraient leur uniforme, leur armement et leur habillement, leur solde ? On en ferait des troupes légères. J’en formerais d’abord quatre compagnies, et j’irais jusqu’à dix ou douze, s’il se présentait des sujets. Il n’y aurait pas de première mise; ils s’équiperaient à leurs frais. Qu’est-ce qui s’est fait pour la levée des hussards et gendarmes d’ordonnance, tant lors de la campagne de Marengo que dans la campagne de Prusse ?
Saint-Cloud, 2 avril 1812.
Au maréchal Bessières, duc d’Istrie, commandant la garde impériale, à Paris
Mon Cousin, remettez-moi la situation de ma Garde au 1er avril. Qu’indépendamment de la composition par arme j’y voie la formation de la division Delaborde, composée des 4e, 5e et 6e régiments de voltigeurs et de tirailleurs, douze bataillons ; de la division Roguet, composée des fusiliers, des 1er régiments de voltigeurs et de tirailleurs et du régiment de flanqueurs, dix bataillons; enfin des dix bataillons de la vieille Garde.
Vous y ferez comprendre l’état des généraux, colonels, majors, de l’artillerie attachée à chaque corps, du génie, des marins, des administrations, etc. Vous y joindrez également la division Claparède, qui ne prendra pas de numéro, mais qui s’appellera division polonaise, et qui est composée des régiments de la légion de la Vistule.
Vous me remettrez en même temps un état qui me fasse connaître ce qu’il y a à faire partir, et un état du mouvement de la Garde depuis le 1er avril jusqu’au 1er mai.
Saint-Cloud, 3 avril 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, donnez ordre aux trois régiments de la Vistule de partir le plus tôt possible, et avant le 10 avril, de Sedan, pour se rendre à Dresde par Mayence, Würzburg, Bayreuth et Hof. Avez soin qu’ils aient leurs caissons, leur habillement, leurs souliers et tout ce qui leur est nécessaire. Le général Claparède marchera à la tête de cette division. Donnez-lui des commissaires des guerres, des adjoints et les administrations, ambulances, etc., qui doivent suivre sa division. Il aura aussi avec lui son adjudant-commandant et deux généraux de brigade.
Saint-Cloud, 3 avril 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, ma Garde se trouve composée de la division Delaborde, forte de douze bataillons; de la division Roguet, de dix bataillons; de la division des dix bataillons de vieille Garde que commande le général Curial, et d’une division polonaise commandée par le général Claparède, de neuf à dix bataillons. Je ne serais pas éloigné d’en former deux commandements, l’un, composé de la division Delaborde et de la division Claparède, qui, avec quelques régiments de cavalerie et de l’artillerie, ferait un corps d’au moins 15,000 hommes, que commanderait le duc de Trévise; l’autre, composée de la division Roguet, qui est formée de mes fusiliers et des 1er régiments de tirailleurs et de voltigeurs, et de la division des dix bataillons de ma vieille Garde; ce qui, avec la réserve d’artillerie, formerait un corps d’une réelle importance, qui pourrait être commandé par le duc de Danzig, qui a de l’énergie au feu, de l’expérience de la guerre. Il me l’a demandé ; sachez s’il l’a demandé sérieusement ; d’abord est-il en état de faire la guerre ? Causez-en avec lui, mais sans m’engager, car je ne suis pas tout à fait décidé.
Je projette aussi de former un 9e corps, qui sera composé de la 12e division, de la division Daendels et de la division princière, qui présentent une force de 30,000 hommes, de 2,000 chevaux et d’une trentaine de pièces de canon. Ce corps pourrait être donné au duc de Bellune. Il lui faudrait des commandants d’artillerie, du génie et des administrations. Dans tous les cas, il est nécessaire de désigner un général de brigade de cavalerie pour commander la brigade de cavalerie de la division Daendels, qui prendrait un dernier numéro.
Saint-Cloud, 3 avril 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, donnez ordre au général Dessolle, qui est à Berlin, de se rendre à Posen pour prendre le commandement de la grande Pologne. Il veillera le rétablissement des magasins à Posen et à la police des routes de Posen à Thorn, de Francfort-sur-l’Oder à Posen, de Glogau à Posen et de Posen à Plock. Il se servira partout des autorités du pays et des commandants d’armes polonais et prussiens; mais il exigera que tous lui rendent des comptes journaliers, et il pourvoira à ce que tout soit établi sur un bon pied.
Saint-Cloud, 3 avril 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, écrivez au maréchal Suchet que je juge nécessaire que le général Reille se rende en Aragon pour prendre sous ses ordres le commandement de cette province si intéressante.
Mon intention est que le général Reille laisse sous les ordres du général Maurice Mathieu 6,000 hommes de ses troupes, savoir : une brigade française et une brigade italienne et au moins 300 chevaux, et qu’il se rende en Aragon avec une brigade française et une brigade italienne. Le général Reille doit laisser en outre en Catalogne ce qui appartient aux corps en garnison à Tarragone, Lérida et Barcelone. Toute la Catalogne, hormis Tortose et Mequinenza, sera sous les ordres du général Decaen, afin qu’il y ait plus d’ensemble.
Le général Reille, placé à Saragosse, pourra empêcher le mal de croître dans l’Aragon, et il pourra s’entendre avec le général Maurice Mathieu et avec le général Caffarelli pour poursuivre de concert les brigands.
Mandez au duc de Raguse que son aide de camp lui fera connaître que je lui laisse carte blanche; que, vu la nécessité de centraliser le service, j’ai confié au roi d’Espagne le commandement des armées de Portugal, du Midi et de Valence, pour les diriger vers un seul et même but ; que l’occupation des Asturies est la plus grande économie de troupes qu’on puisse faire, sans quoi la canaille filera sur Saint-Sébastien et sur les derrières, et il faudra employer contre elle six fois plus de monde que pour occuper les Asturies.
Mandez au roi d’Espagne, en chiffre, que je lui ai confié la direction politique et militaire de toutes les affaires d’Espagne ; que l’armée de Portugal, qui est composée de huit divisions d’infanterie, est chargée de tenir une division dans les Asturies, et, dans l’état actuel des choses, a besoin de tenir deux divisions dans le Nord pour contenir la Galice et le nord du Portugal; qu’elle n’aurait donc que cinq et au plus six divisions disponibles pour se porter au secours de Badajoz ; mais que, dans ce cas, il peut disposer de la division de sa garde, de la division de dragons, ce qui, joint aux forces que réunira le duc de Dalmatie, mettra dans le cas de faire échouer l’opération des Anglais; que peut-être le duc d’Albufera pourrait menacer Alicante et occuper Murcie; que si le duc de Raguse s’est porté sur Almeida, place qui n’est pas encore à l’abri d’un coup de main, et a poussé des partis dans toutes les directions, je tiens pour improbable que lord Wellington s’expose à voir, en sept ou huit marches, les Français entrer dans Lisbonne; mais que, si, au contraire, le duc de Raguse reste dans Salamanque, n’a pas organisé la guerre sur l’Agueda et a laissé prendre au général Wellington l’initiative ou par défaut de subsistance ou par toute autre difficulté locale, il est obligé de suivre l’initiative de l’ennemi : alors il pourra réunir, le siège de Badajoz entrepris, cinq ou six divisions de l’armée de Portugal, ce qu’il y a de disponible à l’armée du Centre, et, avec l’armée du Midi, être supérieur du double à l’armée anglaise, car les Anglais n’ont pas plus de 25 à 30,000 hommes et réunis aux Portugais plus de 50,000 hommes. Il n’y a plus en Espagne aujourd’hui que l’armée anglaise : ou il faut prendre l’initiative sur elle en organisant la défense de Salamanque , ayant une tête de pont sur l’Agueda et entretenant la guerre dans le nord du Portugal, suivre l’ennemi, ce qui serait prendre l’initiative sur lui ; ou bien, si cela n’est pas exécuté, suivre l’initiative de l’ennemi et se porter partout où il se porte ; alors, sans contredit, il faut que plusieurs divisions de l’armée de Portugal se portent sur le Tage, en laissant des forces suffisantes à Salamanque pour fortifier ce point important et contenir le Nord.
Du reste, il paraît que les Anglais ont 1,500 hommes dans Carthagène, autant dans Alicante, 3 ou 4,000 hommes à Cadix, 30,000 hommes en Portugal, et, de plus, 20 ou 25,000 Portugais sous les armes, disciplinés.
Saint-Cloud, 3 avril 1812.
À François Ier, empereur d’Autriche, à Vienne
Monsieur mon Frère et cher Beau-Père, la lettre de Votre Majesté Impériale, qui m’a été remise par le prince de Schwarzenberg, contient les assurances d’une amitié qui me sera toujours précieuse, et que j’ose dire méritée par celle que je porte moi-même à Votre Majesté. Multiplier et rendre plus étroits les liens qui m’attachent à elle était un de mes plus vifs et plus constants désirs ; et c’est avec un vrai contentement que j’ai vu les rapports qui étaient entre nous en produire d’analogues entre nos peuples, et établir entre eux une union que le temps, loin de pouvoir l’affaiblir, ne fera qu’accroître. En tout ce qui pourra la cimenter, Votre Majesté me trouvera toujours prêt à concourir avec elle, comme à lui donner en toute occasion des preuves du sincère attachement et de la haute considération avec lesquels je suis, Monsieur mon Frère et cher Beau-Père, de Votre Majesté, le bon Frère et Gendre.
Saint-Cloud, 4 avril 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, l’adjudant-commandant Bourmont ne doit pas être employé au grand quartier général ; vous pouvez le placer auprès du duc d’Abrantès, qui est celui qui l’a mis au service.
Extrait de l’ouvrage intitulé Napoléon et la Grande Armée, par le général Gourgaud.
Saint-Cloud, 4 avril 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, faites partir demain 5, dans la nuit, tout ce qui existe de grenadiers et chasseurs à cheval à Paris et à Versailles, ainsi que les dragons et chevau-légers des 1er et 2e régiments en état de partir.
Vous laisserez seulement 50 chasseurs, les mieux montés, qui pourront faire quelques doubles journées et rejoindre leur détachement en ne partant que le 8. Lorsque le détachement d’Espagne sera arrivé, le 12, vous ferez partir tout ce qui restera disponible du 2e de lanciers à pied et à cheval. Enfin le 15, au plus tard, tout le reste du détachement d’Espagne partira.
Donnez l’ordre au colonel Henry de renvoyer tout ce qui lui serait inutile.
Saint-Cloud, 6 avril 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, je vous renvoie les lettres de votre frère. Répondez-lui que le cacao, le sucre et le café ne sont pas des marchandises anglaises, et ne doivent pas être brûlés. Ce qui doit être brûlé, ce sont les objets de manufacture et de fabrique anglaise, et non les denrées. Mais, comme il n’y a pas de douanes en Corse, il n’y a pas d’inconvénient que le sucre et le café y entrent, sans cependant le permettre, mais en fermant les yeux.
Saint-Cloud, 8 avril 1812.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, mon livret de la situation de l’artillerie est du 1er février; je désirerais l’avoir à l’époque du 1er avril, avec le nombre de conscrits que doit recevoir chaque bataillon, et ce qu’il a reçu, la destination donnée à chaque bataillon pour la Grande Armée, et ce qu’il y avait de parti au 1er avril.
Saint-Cloud, 8avril 1812.
Au général Lacuée, comte de Cessac, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Monsieur le Comte de Cessac, je réponds à votre rapport du 4 avril. Je vois que sur 1,400 chariots de nouveau modèle, commandés, savoir, 360 à Anvers, 80 à Metz, 40 à Strasbourg, 40 à Auxonne, 20 à Delft, 20 à Douai, 40 à Mayence, 120 à Turin , 40 à Paris, 316 au parc de Sampigny, 40 au parc de Plaisance, 88 à Paris, 196 dans les 10e et 11e divisions militaires, 680 ont été fournis, 150 sont existants à Mayence, 100 à Vérone, et qu’il en reste 470 à fournir.
Je désire que vous fassiez faire un nouveau modèle de caisson, beaucoup plus léger que les caissons ordinaires et destiné à ne porter que 20 quintaux. Il faudrait cependant ne pas changer les dimensions de largeur et de longueur; les changements ne doivent consister, autant que possible, que dans l’allégement des pièces. Alors le parc de Sampigny, qui a encore 140 voitures à faire, et les arsenaux de marine et de terre cesseraient de faire des voilures de l’ancien modèle pour en faire du nouveau. Il y aura donc trois espèces de voitures : l’ancien modèle, qui est le plus lourd; le modèle corrigé, qui a été allégé de 4 à 5 quintaux, et enfin le nouveau modèle, qui sera allégé davantage. Désormais, pour s’entendre, il faudra appeler le modèle le plus lourd le premier modèle, le modèle allégé le deuxième modèle, et le modèle nouveau le troisième modèle.
J’ai ordonné que tout ce qu’il y aurait en Italie, soit à Turin, soit à Plaisance, fût envoyé à Vérone, où ces voitures serviront à charger tous les effets d’habillement que l’armée d’Italie doit faire partir dans le courant de mai. Les 150 chariots qui seront disponibles à Mayence serviront au même objet.
Je vois que les 2e, 9e, 10e et 12e bataillons sont complets ; je vois que le 6e bataillon n’a que 60 chariots pour ses trois premières compagnies et qu’il en manque 60 : prenez les 60 qui manquent à ces compagnies sur les 400 de l’ancien modèle existant à Sampigny; prenez de même sur ce nombre les 200 qui manquent au 7e bataillon ; cela emploiera donc 260 voitures sur les 400 qui existent à Sampigny. L’expérience seule pourra prouver ce qu’il convient de faire en cette matière. On m’écrit d’Italie qu’on est beaucoup plus satisfait des caissons corrigés, que j’appelle le modèle n° 2 ; on sera donc plus satisfait encore du modèle n° 3, et ils offrent l’avantage de pouvoir mieux porter les caisses et toute espèce d’encombrements.
J’aurai 880 caissons et 680 chariots, total, 1,560 voitures, et par conséquent je serai complet. J’aurai de plus 100 voitures, des modèles n° 1 et 2, qui seront à Vérone et dirigées sur Glogau dans le courant de mai avec les ballots de l’armée d’Italie; 60 caissons du modèle n° 3, qui de Turin seront dirigés sur Vérone pour les convois du mois de juillet ; en6n j’aurai à Mayence 150 chariots des n° 1 et 2, qui serviront à porter des ballots d’habillement en avril et mai, et 410 voitures du modèle n° 3, provenant des arsenaux de la marine; ce qui fera 560 voitures pour les convois d’habillement. Mais il vous restera encore à Sampigny 4 ou 500 anciens caissons faits, ou dont on a préparé les pièces et qui peuvent être promptement faits. Vous les dirigerez également sur Mayence, où seront ainsi réunies plus de 1,000 voitures qui assureront le service de tous les convois d’habillement pour avril, mai, juin et juillet. D’ici à ce temps, mes idées seront plus claires et j’ordonnerai de nouvelles constructions, puisqu’il parait qu’il faut de nombreuses voitures pour le service des effets d’habillement de l’armée. Il me semble qu’il y aurait de l’avantage, au lieu d’envoyer les ballots sur des voitures qu’on décharge à chaque instant, à les placer sur des voitures qui m’appartiennent, soit caissons, soit voitures des modèles n° 2 et 3, et à ne plus traiter pour les attelages que jusqu’à Magdeburg. De Magdeburg ce serait l’intendant général de l’armée qui serait chargé de les faire arriver sur la Vistule. Par ce moyen, j’aurai une grande quantité de voitures de toute espèce, je ne serai pas obligé de brusquer des constructions de voitures, qui ordinairement sont mal faites aux armées, et, en supposant que ces voitures n’aillent que jusqu’à Magdeburg et Küstrin, j’aurai toujours sur mes derrières toutes les voitures nécessaires pour réparer les pertes très-considérables que l’on fera dans cette partie, et rétablir ce service au complet pour la campagne suivante. En résumé, il ne faut faire monter que les caissons dont on a les pièces.
Depuis longtemps vous avez dû ordonner qu’on ne fasse plus de chariots n° 1 ; la plus grande partie de ce qui a été fait doit être du modèle n° 2, dont j’ai reçu un meilleur témoignage. Écrivez, pour ce qu’on vous doit, qu’on arrête la fabrication, et substituez au modèle n° 2 le modèle n° 3, beaucoup plus léger et d’une force suffisante pour porter 2 milliers. Envoyez-en le dessin à l’artillerie, à la marine et en Italie, afin que ce qui reste à construire le soit sur ce nouveau modèle.
Faites-moi connaître ce qui empêche que les bataillons à la comtoise et à bœufs ne soient prêts; sont-ce les hommes, les harnais, les voitures ou les bêtes ? Ce qu’il nous faut d’abord, ce sont les hommes, ensuite les harnais, ensuite les bêtes. En conduisant celles-ci haut le pied, je trouverai partout des voitures ; je trouverai même des chevaux ; mais ce sont des conducteurs français, bien organisés, qui m’assureront un bon service.
Je voudrais donc que tous ces équipages à la comtoise et à bœufs pussent partir dans le courant d’avril ; sans quoi ils me seront inutiles ; et je préférerais alors faire partir les hommes bien habillés et bien équipés avec les harnais et ce qu’il y aurait aux dépôts. Avant qu’ils soient arrivés à Danzig, je me serai procuré les charrettes et les bêtes nécessaires pour les compléter.
Saint-Cloud, 8 avril 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, écrivez au duc d’Abrantès de répartir la cavalerie de la division Kellermann, ainsi que la 6e division de la réserve, dans les différents points de la Silésie, entre Glogau et Breslau, sans dépasser cependant la limite qui a été fixée par la convention avec la Prusse. Comme il est probable que ces divisions doivent en cas d’événement se porter sur Posen, il serait utile, si le pays le permet et s’il y a suffisamment de fourrages, que, sans occuper la route, les cantonnements fussent placés de manière que par une marche de flanc ces troupes pussent se porter rapidement sur Posen ; que j’approuve le parti de faire marcher son parc lentement ; qu’il faut lui faire faire de petites journées et donner des séjours; que, si les Russes ne font pas de nouveaux mouvements, mon intention est de laisser l’armée d’Italie se reposer à Glogau et dans la Silésie, où le pays est abondant, et qu’ainsi elle pourra se remettre; que mon intention est que son quartier général reste à Glogau, ainsi que toutes ses administrations, et qu’il place son corps dans de bons cantonnements , mais de manière que la première division puisse promptement déboucher sur Posen ; que les limites qui doivent séparer ses cantonnements de ceux du duc d’Elchingen sont celles qui séparent la Silésie de la province de Francfort, c’est-à-dire du Neumarck. Écrivez à cet égard au duc d’Elchingen.
Saint-Cloud, 8 avril 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, le treizième convoi de fonds pour l’armée d’Espagne sera composé de 3 millions, savoir : 600,000 francs pour l’armée du Nord, 1,600,000 francs pour l’armée de Portugal, 500,000 francs pour le Roi et 300,000 francs pour l’armée du Centre; total, 3 millions, dont moitié en traites et moitié en argent.
Un quatorzième convoi sera composé de 2,400,000 francs, savoir : 500,000 francs pour le Roi, 200,000 francs pour l’armée du Centre, 500,000 francs pour l’armée du Nord, et 1,200,000 francs pour l’armée de Portugal; total, 2,400,000 francs, dont moitié en traites et moitié en argent. Ce convoi partira huit jours après le treizième convoi.
Proposez-moi la composition d’un quinzième convoi, et remettez-moi en même temps la composition des convois expédiés depuis 1812.
Saint-Cloud. 8 avril 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, il faut que vous ne donniez pas les développements nécessaires aux ordres que vous donnez, puisque le duc d’Abrantès a si mal compris celui que vous lui avez envoyé, relatif à la marche du 4e corps. Je n’avais pas dit de presser la tête, mais de presser la queue. C’est donc à tort qu’il a avancé la marche de la tête. J’aurais préféré que la tête n’arrivât que le 10 à Glogau, au lieu d’y arriver le 7, parce que cela fera encombrement. Faites faire cette remarque à ce général.
Je suppose que vous avez notifié au gouverneur de Glogau la limite de la haute Silésie que mes troupes ne doivent pas passer. Les relations extérieures ont dû vous en donner connaissance. Faites-la connaître au duc d’Abrantès, afin que dans la répartition de ses cantonnements il ne dépasse pas cette limite.
Saint-Cloud, 9avril 1812.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, donnez ordre au général de division Lagrange, inspecteur général de gendarmerie, de partir le 15 pour aller prendre le commandement de la 2e division de réserve de la Grande Armée, composée des quatre demi-brigades de marche qui se réunissent à Cologne. Ce général correspondra avec les majors en second que vous devez sans délai désigner pour commander ces quatre demi-brigades. Il se rendra d’abord dans la 16e division militaire, où sont la plus grande partie des dépôts de la Grande Armée, pour les inspecter et faire accélérer les départs.
Je suppose que vous avez donné des ordres pour que les compagnies des 5e bataillons qui doivent faire partie de la 2e division de réserve se rendent à Cologne. Ceux qui sont sur le Rhin iront par eau. Ces demi-brigades pourront être réunies à Cologne, à Bonn, à Aix-la-Chapelle, et même à Düsseldorf.
Je désirerais que dans les quinze premiers jours de mai cette division pût passer le Rhin et se rendre à Magdeburg. Recommandez bien qu’aucun homme ne parte que bien armé, bien habillé et bien équipé et en bon état. Il vaut mieux tarder quelques jours de plus, si cela est nécessaire. Chaque compagnie doit être forte de 150 hommes, le cadre non compris. Aucun homme ne doit partir s’il n’est depuis au moins quinze jours au corps et s’il n’est habillé depuis huit jours. Occupez-vous de l’organisation de ces demi-brigades; il est nécessaire qu’elles aient de bons majors en second.
Assurez-vous que les cadres des 5e bataillons qui doivent former les seize demi-brigades provisoires sont complets. S’il y avait des places vacantes il faudrait y nommer sur-le-champ.
Saint-Cloud. 9awil 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, mandez au prince d’Eckmühl que, sans les redoutes qui sont en avant de Pillau, cette place ne pourrait se défendre que peu de temps, puisqu’il n’y a point de magasins à l’abri de la bombe, et que tout y serait donc culbuté par les obus; qu’il faut consulter le général Yorck pour connaître ce qu’il faudrait d’hommes pour garder ces redoutes ; que cette occupation aurait d’autant moins d’inconvénient que ces troupes auraient leur retraite sur la forteresse, et de là sur Danzig, surtout après l’ordre que j’ai donné d’occuper l’extrémité du Nehrung, vis-à-vis Pillau.
Suint-Cloud, 10 avril 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, le 2e corps aura son premier dépôt à Küstrin. En conséquence, tous les hommes éclopés, malingres ou ayant besoin de repos, qui appartiendraient aux 6e, 8e et 9e divisions et aux brigades de cavalerie légère attachées au 2e corps, seront dirigés sur Küstrin. Le duc de Reggio désignera un officier pour commander ce dépôt. Tous les bataillons de marche destinés pour le 2e corps, aussitôt qu’ils recevront l’ordre de partir de Magdeburg, se dirigeront sur Küstrin. Le dépôt du 3e corps sera également placé à Küstrin. Le duc d’Elchingen formera son dépôt de tous les hommes éclopés, etc. et les fera diriger sur Küstrin. Le dépôt du 4e corps sera placé à Glogau. Le duc d’Abrantès y formera son dépôt de tous les hommes éclopés et sortant des hôpitaux et les dirigera sur Glogau, de même que les bataillons de marche destinés au 4e corps. Il sera nécessaire que les commissaires des guerres et les commandants d’armes placés sur la route soient instruits de cette décision, afin qu’ils dirigent les hommes sortant des hôpitaux et les bataillons de marche sur leurs dépôts respectifs.
L’armée aura des seconds dépôts sur la Vistule, savoir, le 1er corps à Danzig, le 2e corps à Marienburg, le 3e corps et le 4e à Thorn. Mais vous ne ferez d’abord connaître que ce qui est relatif au 1er corps; pour les autres corps, vous attendrez qu’ils aient démasqué leur mouvement et qu’ils aient reçu l’ordre de se rendre sur la Vistule. Il y aura deux dépôts de cavalerie sur l’Oder, savoir, à Berlin et à Glogau. Le général Guiton commandera le dépôt de Berlin. Il y aura deux dépôts sur la Vistule, savoir, un à Marienburg et l’autre à Varsovie. Présentez-moi des commandants pour les trois derniers dépôts.
Les Bavarois auront un dépôt à Glogau, et tout ce qui sera dirigé sur ce corps passera à Glogau. Les Saxons n’auront point de dépôt sur l’Oder, non plus que les Westphaliens. Le dépôt des Wurtembergeois sera à Küstrin. Sur la Vistule, le dépôt des Polonais et les dépôts des Saxons et des Westphaliens seront à Modlin. Le dépôt des Wurtembergeois sera placé dans le même lieu que celui du 3e corps. Le dépôt des Bavarois sera placé au même endroit que le dépôt du 4e corps.
Saint-Cloud. 10 avril 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, écrivez au duc de Danzig, qui est à Mayence, que, conformément au désir qu’il m’a témoigné, je lui ai donné le commandement de la division de ma vieille Garde; qu’il est donc nécessaire qu’il fasse partir sans délai ses chevaux et ses bagages pour Dresde; qu’il prenne ses aides de camp, et qu’il puisse être rendu à Dresde en même temps qu’y sera la Garde, c’est-à-dire du 20 au 25 avril.
Saint-Cloud, 10 avril 1812.
À Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Kalisz
Mon Frère, je reçois votre lettre par laquelle vous me faites connaître que vous partez et que vous serez rendu à Kalisz le 12. Si, lors de votre arrivée, il n’y a rien de nouveau, si, après avoir bien établi votre contingent et avoir pourvu à tout ce qui est relatif à l’approvisionnement, rien ne porte à penser que les Russes attaquent, vous pourriez vous rendre, très-incognito et comme pour faire une reconnaissance militaire, à Cracovie et Sandomir. Les connaissances locales que l’on prend soi-même sont toujours bien précieuses. Vous pourrez même visiter les mines de Wieliczka. Si vous faites cette course, qui n’a d’autre but que votre instruction, tâchez de bien garder l’incognito, et qu’on ne sache que c’est vous qu’après que vous serez parti. Vous visiterez la citadelle de Cracovie, et vous reconnaîtrez les différentes situations de la rivière. Vous pourriez d’ailleurs avoir un officier à Varsovie qui pût venir vous prévenir promptement à Cracovie s’il y avait quelque chose de nouveau, en même temps qu’il enverrait l’ordre à votre contingent de se mettre en marche. D’ailleurs, je suppose que cette course sera courte. Ma Garde est entièrement partie. Je ne pense pas que les Russes fassent aucun mouvement. Les dernières nouvelles de Pétersbourg, du 29 mars, portaient qu’ils se mettaient en mouvement, mais qu’ils protestaient toujours qu’ils ne voulaient pas attaquer.
Saint-Cloud, 12 avril 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Monsieur le Duc de Feltre, la garnison des Iles Saint-Marcouf a l’habitude de se loger hors de la tour, les uns dans un blockhaus, les autres dans des baraques. Mon intention est que vous donniez les ordres les plus précis pour qu’à dater du 1er mai le commandant, les officiers, soldats, employés, magasins, artillerie, génie, tout soit renfermé dans la tour, laquelle sera fermée à la nuit et ne s’ouvrira qu’après le soleil levé et avec les précautions d’usage, de manière qu’elle soit à l’abri d’une surprise. La tour peut être armée de quarante pièces de canon; il n’y en a que vingt-deux. Il y a cependant dans les îles Saint-Marcouf quarante-cinq bouches à feu. Ne serait-il pas convenable d’en renfermer le plus possible dans la tour ? Toutes les poudres doivent être dans les casemates de la tour. Faites-moi connaître s’il ne serait pas convenable de réduire la défense de l’île à la défense de la tour. Cette tour ne peut pas être attaquée régulièrement ; elle ne peut être que surprise. On pourrait raser les bâtiments et les ouvrages qui sont dans l’ile du Large et en employer les déblais à former un glacis qui envelopperait la tour. Ce glacis en serait séparé par un large fossé. On se procurerait dans ce fossé des flanquements au moyen de doubles caponnières crénelées et voûtées. La contrescarpe serait faite en pierres sèches. Vers l’est on pourrait établir un chemin couvert. Qu’est-ce qu’il convient de faire de l’ile de Terre ? Une simple petite batterie ne serait-elle pas suffisante, et ne conviendrait-il pas de détruire tout le reste ? Faites-moi un rapport là-dessus. Au 1er mai faites établir le sémaphore dans la tour; on l’a sans raison placé dans l’île du Large.
Saint-Cloud, 12 avril 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, vous devez avoir eu communication du traité avec la Prusse. Il n’y est pas question de Spandau ni de Pillau, ayant déclaré que je ne pouvais pas m’empêcher d’occuper ces deux positions.
Quant à Graudenz et à Kolberg, n’ayant pas besoin de ces places, j’ai cependant stipulé qu’on m’enverrait les états de situation, et que l’y mettrais des officiers d’artillerie et du génie pour y faire confectionner des munitions, et être bien informé de tout ce qui se passe dans la place.
En conséquence, donnez ordre au commandant de l’artillerie de mettre à Spandau une compagnie d’artillerie, et au duc de Reggio de mettre un bataillon d’infanterie, non dans la citadelle, mais dans la ville, comme je l’ai ordonné. Écrivez en même temps à mon aide de camp Narbonne. Je désire que le roi n’ait à Spandau qu’un commandant et une cinquantaine d’invalides. Il est important que je sois maître de Spandau, qui est la citadelle de Berlin et qui intercepte les communications avec cette ville.
Quant à Pillau, il est nécessaire qu’il y ait une garnison prussienne. Faites connaître l’esprit du traité au prince d’Eckmühl. Mon intention est de mettre une garnison française à Pillau, lorsque mes troupes auront passé Königsberg, en laissant dans cette place un commandant prussien et quelques invalides, et le drapeau prussien. Pillau est la citadelle de Königsberg, comme Spandau est la citadelle de Berlin. Vous chargerez le prince d’Eckmühl d’y tenir un officier d’artillerie et un enseigne de vaisseau, intelligents, qui rendront compte tous les jours.
Mandez au prince d’Eckmühl que je ne sais ce qu’il entend par la ligne de démarcation proposée par le général Tauenzien. Il doit y avoir à Kolberg 4,000 Prussiens en garnison; mais je dois recevoir les états de situation de cette place, et y avoir des officiers d’artillerie et du génie qui m’instruisent de ce qui se passe. Donnez donc l’ordre à trois officiers de marine intelligents, du grade d’enseigne de vaisseau, de se rendre à Kolberg. Mettez-y un officier d’état-major du grade de capitaine et un officier d’artillerie du grade de lieutenant. Ces cinq officiers s’établiront à Kolberg. Ils rendront des comptes journaliers, sur les mouvements de la place et sur tout ce qui intéresse mon service, aux gouverneurs de Danzig et de Stettin.
Donnez ordre au prince d’Eckmühl d’envoyer à Graudenz un officier d’artillerie pour l’informer de ce qui se passe. Écrivez au commandant prussien de Graudenz qu’ayant confié au prince d’Eckmühl le commandement de la ligne de la Vistule, depuis Thorn jusqu’à Danzig, il est nécessaire qu’il lui envoie les états de situation de sa place. Vous enverrez vos lettres pour le duc de Reggio et pour les commandants de Kolberg et de Graudenz à mon aide de camp Narbonne, qui s’en expliquera avec le comte Saint-Marsan et M. de Hardenberg. Je veux avoir à Spandau une compagnie d’artillerie française, un officier français du grade de capitaine, qui ne prendra pas le titre de commandant de la forteresse, mais qui sera intelligent, alerte, qui observera tout et pourvoira à ce que les magasins qui sont dans la ville puissent servir pour mon administration. Il y aura du reste un commandant prussien, une garnison prussienne, qui n’ira pas au-dessus de plus de 80 invalides, et le drapeau prussien flottera sur la place comme appartenant à la Prusse. Il y aura dans la ville un bataillon d’infanterie et une batterie d’artillerie de campagne, de sorte que je puisse me considérer comme entièrement maître de la place, mon intention étant, lorsque la guerre sera déclarée, de mettre garnison dans la forteresse de Spandau, de l’approvisionner et de l’armer ; mais il est inutile d’en rien dire. Bornez-vous pour le moment à écrire que j’ai besoin d’être informé de tout ce qui se passe à Kolberg et Pillau, ces places étant près de la mer ; que c’est ce qui a nécessité l’envoi de trois officiers de marine à Kolberg, et d’officiers d’artillerie et du génie; que je désire qu’on lui facilite les communications. Il faut envoyer dans les places des officiers sages, bien élevés, ayant un bon langage et qui n’aillent point faire de fanfaronnades; il faut qu’ils soient polis et se contentent d’observer et de rendre compte. Vous écrirez aux gouverneurs prussiens de Graudenz, de Pillau, à peu près dans ces termes, que, l’intention du roi étant que ces places soient sous les ordres de l’état-major de l’armée française, et que les états de situation de la garnison et des magasins lui soient envoyés, et l’Empereur ayant confié le commandement de la Vistule au prince d’Eckmühl, c’est à lui que ces gouverneurs doivent s’adresser. Vous écrirez à celui de Kolberg qu’il vous les adresse directement. Écrivez au comte Narbonne pour qu’il débrouille ce qui est relatif à la dislocation des troupes prussiennes, qui doivent être composées de 40,000 hommes, savoir, de 20,000 hommes formant le contingent actif, de 3,000 hommes en garnison à Graudenz, de 4,000 hommes en garnison à Kolberg, de 1,800 hommes à Potsdam, de 10,000 hommes en Silésie. Je désire connaître où se trouvent aujourd’hui ces troupes et leur situation. En général, il est nécessaire que vous envoyiez une copie du traité au comte Narbonne, que je considère comme faisant fonction de mon commissaire pour l’exécution de ce traité.
Saint-Cloud, 12 avril 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, je vois par la lettre du colonel prussien Hake, en date du 2 avril, qu’il y aura réunis à Königsberg dix bataillons d’infanterie, quatorze escadrons de cavalerie et une soixantaine de pièces de canon ; et à Breslau huit bataillons d’infanterie et dix escadrons de cavalerie. Si j’avais prévu que les équipages de ces bataillons fussent à Königsberg, je les aurais fait diriger sur Königsberg.
Mon intention est que la division de Breslau ait un général de division pour la commander, et que, si les Russes venaient à commencer les hostilités, elle puisse se mettre en marche pour se rendre sur la Vistule. Si, au contraire, les Russes ne bougent point, cette division aura le temps de se former à Breslau. Indépendamment des quatre pièces de 12, je désirerais qu’on pût donner à cette division à Breslau une batterie d’artillerie à cheval et deux batteries d’artillerie à pied, lesquelles rentreraient en Silésie lorsque la jonction de cette division aurait eu lieu avec celle de Königsberg. Mais il est probable que cette réunion ne se fera qu’après quelque événement militaire. Il serait donc convenable que cette division eût de l’artillerie pour sa défense. Les dix escadrons de cavalerie seront sans doute sous les ordres d’un général. Demandez l’état de situation de cette division, sa force en hommes et en chevaux, et les noms des colonels et officiers.
Voyez aussi M. de Krusemark, et montrez-lui la lettre du colonel Hake, pour qu’il écrive de son côté et donne des éclaircissements.