Correspondance de Napoléon – Avril 1803
Paris, 10 avril 1803
Au général Berthier, ministre de la guerre
Mon intention, Citoyen Ministre, est que le ler et le 2ee bataillon de ligne des troupes helvétiques ne forment qu’un seul bataillon. On choisira à cet effet les officiers et sous-officiers les plus dignes de le composer. Il se mettra immédiatement après son organisation, en marche pour Marseille, d’où il se rendra en Corse, pour y former le 3e bataillon de la 3e demi-brigade helvétique. Tous les officiers qui ne feront pas partie de ce bataillon recevront un ordre de route pour retourner chez eux. L’on pourra assurer ce bataillon qu’il ne s’embarquera point.
Le bataillon d’infanterie légère qui se rend en Italie sera incorporé dans la 2e demi-brigade helvétique, qui est en Italie. Les meilleurs officiers seront gardés pour les places vacantes, et vous chargerez à cet effet le général Murat de réformer ceux qui n’auraient pas les qualités requises, et de les remplacer par ceux de ce bataillon qui seraient préférables. Ce bataillon, réuni à cette demi-brigade, qui n’est forte que de 600 hommes, ne la portera qu’à 1,100 hommes. Il faut écrire au landammann et au chef de brigade qu’il est nécessaire qu’elle se complète.
Il sera formé une compagnie de chasseurs suisses, de 130 hommes, commandée par un capitaine, un capitaine en second, et autant de lieutenants et sous-lieutenants que comporte une compagnie ordinaire de chasseurs. Elle se dirigera sur Marseille et fera le service de la division.
Il sera formé une compagnie d’artillerie de 100 hommes, du détachement d’artillerie qui est à Auxonne. Cette compagnie sera envoyée à Cherbourg et chargée de la défense des batteries de cette côte.
Vous donnerez ordre au citoyen Rapp, mon aide de camp, de se rendre à Auxonne pour choisir les officiers et faire partir ces corps.
Quant au général von der Wied, ses aides de camp, le commandant du génie et le chef de brigade commandant de la place de Berne, vous demanderez leurs états de service, et prendrez des renseignements qui fassent connaître le degré de confiance qu’on peut leur accorder.
Faites connaître à l’inspecteur aux revues, chef de brigade, et l’inspecteur, chef de bataillon, au commissaire ordonnateur et au payeur, que, n’ayant pas besoin de ces fonctions en France, ils jouiront, pendant l’année, de leur traitement, et présenteront des demandes d’après lesquelles on verra à les employer dans le grade qu’ils avaient.
L’aumônier suivra la demi-brigade helvétique, pour y être attaché en sa qualité.
Vous ferez connaître également aux officiers de l’état-major que lorsqu’ils auront mis en mouvement ces corps, il leur sera accordé un congé; ils jouiront de leur traitement le reste de l’année, et l’on s’occupera de statuer définitivement sur leur sort.
Quant à la 1e demi-brigade helvétique, vous lui donnerez l’ordre de rejoindre son 3e bataillon à la Rochelle; vous lui ferez connaît que ce n’est point pour s’embarquer, mais pour y tenir garnison qu’on a cru devoir l’éloigner de son pays, afin qu’elle puisse prendre une organisation définitive et stable; qu’elle doit prendre tous les moyens de se recruter, car il est impossible que nous puissions longtemps tenir tant d’officiers avec si peu de soldats.
Saint-Cloud, 12 avril 1803
Au citoyen Joseph Bonaparte
Je vous envoie, Citoyen Joseph, le travail relatif aux tribune de la Corse, tel qu’il a été arrêté. Il n’était pas encore expédié, lorsqu’on a observé qu’il y avait de mauvais choix. Comme cela est fort important, je vous prie de réunir le cardinal de Lyon et d’autres personnes qui auraient des connaissances sur cet objet, et de rédiger un nouveau travail prêt à signer, avec les changements qui vous paraîtront nécessaires.
Saint-Cloud, 12 avril 1803
Au citoyen Rapp, aide de camp du premier consul
Vous vous rendrez auprès du ministre de la guerre pour y recevoir des instructions relativement aux troupes helvétiques qui sont à Auxonne.
Vous y visiterez l’arsenal et les magasins d’artillerie. En passant à Dijon, vous y verrez la 18e de ligne. Vous vous assurerez de sa situation, et me rendrez compte de son armement, équipement, discipline, et du nombre d’hommes qu’elle pourrait mettre en campagne.
Après avoir vu mettre en mouvement les corps helvétiques et fini votre travail, conformément aux instructions du ministre de la guerre, vous vous rendrez à Fribourg, et remettrez la lettre suivante au landammann. Vous verrez comment vont les choses à Lausanne, Berne, etc. Vous pourrez même faire une tournée dans les petits cantons, si le landammann n’y trouve pas d’inconvénient. Vous m’écrirez de chaque chef-lieu de canton ce que vous aurez vu de la situation des troupes et de leur habillement.
Vous vous en reviendrez en toute diligence à Paris, où vous serez, de retour avant le 15 floréal.
Saint-Cloud, 12 avril 1803
Au citoyen Louis d’Affry, landammann de la suisse
Je réponds à votre lettre du 12 mars. Je vous fais mon compliment sur la bonne issue que prennent les affaires de la Suisse. Il n’arrivera jamais à votre peuple autant de bien que je lui en augure.
Dès l’instant que vous m’avez fait connaître que vous croyiez utile que des troupes helvétiques entrassent au service de la France, je l’ai fait; mais les trois demi-brigades helvétiques ne sont point complètes; il sera donc convenable de les compléter, et que vous méditiez un projet de capitulation qui organise ce service.
Dites souvent aux Suisses qu’ils doivent oublier toutes leurs haines, calmer toutes leurs passions, et ne pas douter un instant des sentiments du peuple français; il sera toujours pour eux ce qu’il a été pendant quatre cents ans. De leur côté les Suisses, en suivant les conseils d’hommes de votre caractère, seront toujours pour la France ce qu’ils ont été : union si réciproquement avantageuse.
Dans toutes les circonstances, comptez sur le désir constant que j’ai de vous être agréable.
Saint-Cloud, 13 avril 1803
Au citoyen Chaptal, ministre de l’intérieur
Les conclusions du conseil des mines sur l’objet du minerai de l’île d’Elbe, si elles ne remplissent pas entièrement le but que l’on s’était proposé, en approchent cependant le plus possible. Mais comme il est des compagnies qui acceptent les mêmes conditions et offrent 500,000 francs au lieu de 450,000 francs qu’offre le citoyen Boury, on pourrait donner la préférence à ce dernier, en cas qu’il voulût accepter cette condition. Je vous prie de rédiger, pour le prochain travail, un projet de traité conforme aux conclusions du conseil des mines; mais le payement, au lieu de s’effectuer chaque trimestre aura lieu le ler de chaque mois, et sera versé dans la caisse du receveur de l’île d’Elbe.
Saint-Cloud, 13 avril 1803
Au général Berthier, ministre de la guerre
Vous voudrez bien donner au général Rusca (Jean-Baptiste Dominique, baron Ruscat, 1759-1814. Fait pratiquement toute sa carrière en Italie. Est tué durant la défense de Soissons, en 1814) l’ordre cacheté, pour le cas où la guerre serait déclarée, de prendre le commandement Porto-Ferrajo et de donner au général Campredon (Jacques David Martin, baron Campredon, 1761-1837. Fait lui aussi carrière en Italie. Sera ministre de la guerre du royaume de Naples en 1809) celui de Porto-Longone.
Vous ferez connaître au Premier Consul le nom des officiers qui dans le cas de guerre, seraient employés à la défense de ces deux places. Il doit y avoir au moins deux capitaines en résidence.
Vous ferez porter au complet de guerre la 1e et la 9e compagnie du 40 régiment d’artillerie à pied, qui sont dans la 23e division militaire; vous y enverrez du même régiment deux nouvelles compagnies également au complet de guerre; deux de ces compagnies tiendront garnison en Corse, et les deux autres dans l’île d’Elbe. En cas guerre, le général Morand ferait passer dans cette île une des deux compagnies de Corse, de manière qu’il y en eût deux à Porto-Ferrajo et une à Porto-Longone.
Vous écrirez au général Morand de composer, en cas de guerre, la garnison de l’îile d’Elbe de la manière suivante :
Un bataillon de la 20e de ligne à Porto-Ferrajo;
Un bataillon de la 20e de ligne à Porto-Longone;
Un bataillon suisse, qu’il fera compléter au moins à 400 hommes, à Porto-Ferrajo.
Il serait autorisé à lever deux compagnies franches de Corses, de 100 hommes chacune, pour être envoyées, l’une à Porto-Ferrajo, l’autre à Porto-Longone.
Il compléterait jusqu’à trois compagnies l’artillerie à pied.
Vous écrirez au commissaire du Gouvernement dans l’île d’Elbe et au général Rusca que, s’ils venaient à apprendre que les Anglais eussent commis des hostilités dans la Méditerranée, ils aient sur-le-champ à organiser deux bataillons de gens du pays. Ces bataillons seraient commandés par des chefs de bataillon français, et composés chacun de quatre compagnies de 100 hommes. L’adjudant-major et deux sous-officiers de chaque compagnie seraient aussi français.
Vous ordonnerez que 1,000 hommes des bataillons suisses se rendent en Corse pour compléter la demi-brigade helvétique. Vous recommanderez au général Morand de tenir, complète, en Corse, toute la 23e pour le service de l’île, de la réunir cet été et de la faire manœuvrer.
Vous donnerez des ordres précis pour qu’on envoie dans l’île d’Elbe tout ce qu’il faut pour établir quatre grils à rougir les boulets.
Saint-Cloud, 13 avril 1803
Au général Berthier
Je vous prie, Citoyen Ministre, de réunir chez vous les membres du Tribunat et du Corps législatif qui sont de Bordeaux, pour leur faire sentir combien vous êtes peiné que cette ville soit la plus en arrière pour la levée de la conscription; vous leur direz que, si elle ne se terminait pas promptement, vous serez forcé de proposer au Gouvernement des mesures de rigueur, et vous les engagerez à écrire chez eux sur cet objet.
Écrivez pareillement aux maires de Bordeaux pour leur faire connaître qu’ils, doivent, toute affaire cessante, s’occuper de la conscription, et que vous seriez affligé qu’un plus long retard vous réduisît à proposer des mesures contre cette ville si intéressante et si bien famée.
Saint-Cloud, 14 avril 1803
Au citoyen Regnier, Grand-Juge, ministre de la justice
Suzannet, Citoyen Ministre, a fait la faute capitale, après s’être soumis, de reprendre des engagements avec les ennemis de la France ; il n’est donc pas probable que le Gouvernement souffre jamais qu’il retourne dans l’Ouest. Ce qui paraîtrait le plus convenable serait de vendre ses biens dans l’Ouest, de s’attacher au Gouvernement et de s’établir soit dans le Piémont, soit dans les quatre nouveaux départements du Rhin, où il pourrait acheter des biens.
Saint-Cloud, 14 avril 1803
Au citoyen Girod de l’Ain, président du corps législatif
J’ai reçu votre lettre et celle des membres du Corps législatif relative à la demande d’une pension pour la veuve du citoyen Devinck-Thierry, mort dans l’exercice de ses fonctions. L’on m’en fera prompt rapport, et vous pouvez l’assurer que l’intérêt qu’y prend bureau du Corps législatif peut l’autoriser à compter sur le prompt succès de sa demande.
Saint-Cloud, 14 avril 1803
NOTE POUR LE MINISTRE DE LA GUERRE
Le ministre donnera des ordres pour la mise en bon état des casernes des carabiniers.
Donner aux officiers des cuirassiers une gratification de 150 francs pour l’achat de leurs cuirasses.
Faire faire, pour les grenadiers à cheval de la garde, un modèle de fusil distingué, le plus joli possible, de la longueur d’un fusil dragon, avec une baïonnette qui permette de manœuvrer sur trois rangs.
Envoyer au Premier Consul des modèles de toutes les armes à feu avec les baïonnettes, et de trois espèces de sabres.
Faire une circulaire pour ordonner que, quand un homme obtient son congé absolu, on lui donne un habit de l’année. Si c’est un sous-officier ou un grenadier, on lui donnera de plus son sabre.
Saint-Cloud 14 avril 1803
Le Premier Consul prie le Ministre des Relations Extérieures de faire partir la lettre ci-jointe par le courrier qu’il doit expédier à Rome. Si ce courrier était parti, le Premier Consul désire que le Ministre lui renvoie la lettre.
Lettres à Talleyrand
Saint-Cloud, 15 avril 1803
Au citoyen Chaptal, ministre de l’intérieur
Le Premier Consul me charge, Citoyen Ministre, de vous inviter à écrire une circulaire aux préfets, pour leur faire connaître que le culte public doit avoir lieu dans toutes les communes, à l’exception seulement de celles où il y a une église protestante consistoriale reconnue par le conseiller d’État chargé des affaires des cultes.
Vous voudrez bien faire remarquer en même temps aux préfets qu’ils ne doivent point refuser dans les églises l’encens et les autres honneurs qui seraient rendus aux fonctions qu’ils exercent.
Saint-Cloud, 16 avril 1803
Au citoyen Lacuée, président de la section de la guerre au Conseil d’État
Je vous prie, Citoyen Président, de lire avec attention le rapport ci-joint, que me fait le ministre de la guerre de la République italienne, sur les dépenses de l’armée italienne, et de me faire un rapport sur les observations économiques que cette lecture vous suggérera. Ce compte devant servir au budget de la République italienne, je vous prie de travailler sur ces errements pour le rendre conforme à notre budget. Si vous n’entendez pas l’italien, il vous sera facile de faire traduire ces états et de me faire le travail en français.
Saint-Cloud, 16 avril 1803
Au général Berthier, ministre de la guerre
Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner l’ordre au général Murat de réunir à Faenza une division, qui devra être toujours prête à se porter, au premier ordre, partout où les circonstances l’exigeront. Ce corps sera commandé par un général de division et sera composé :
Des deux premiers bataillons de la 42e complétés au grand pied de paix ; des deux premiers bataillons de la 6e de ligne portés au grand complet de paix ; des deux premiers bataillons de la le légère également portés au grand complet de paix ; de trois escadrons du 7e régiment de dragons et de trois escadrons du 9e régiment de chasseurs portés au grand complet de paix ;
Du premier bataillon de la 4e demi-brigade de ligne italiens complété à 700 hommes ; du premier de la 2e helvétique complété à 700 hommes; du premier bataillon de la 1e légère italienne complété à 700 hommes, et de deux escadrons du ler régiment de hussards italiens complétés à 300 hommes; des deux premiers bataillons de la demi-brigade polonaise complétés au pied de guerre, et de deux escadrons du régiment de cavalerie polonais à 300 hommes;
De trois divisions d’artillerie française avec un approvisionnement et demi (chacune de six pièces) ;
Et d’une division de six pièces d’artillerie de la République italienne avec un double approvisionnement.
Les troupes italiennes seront sous les ordres du général Lechi, lequel aura sous ses ordres deux généraux de brigade, qui seront désignés par le ministre de la guerre de la République italienne.
Pour les troupes françaises, indépendamment du général commandant, il y aura un général pour commander la cavalerie et deux généraux de brigade; et, comme il est inutile de faire des camps, qui d’ailleurs sont toujours coûteux, toutes ces troupes seront cantonnées à Faenza et dans les environs.
Ce qui restera des corps de troupes françaises et italiennes cantonnées à Faenza sera mis en garnison dans les différentes places de la Romagne.
Saint-Cloud, 16 avril 1803
Au général Berthier
Je vois, Citoyen Ministre, par votre rapport d’hier, que vous avez laissé la direction du parc d’artillerie de Breda à la nomination du général de l’artillerie. Mon intention est que cette place soit toujours assignée par le ministre et ne soit changée que par son ordre.
Donnez des ordres pour réunir le plus promptement possible à Bologne le pare d’artillerie. Il faudrait le composer de pièces de 6 lieu de pièces de 8. Mon intention est que le 4e bataillon, qui est à Turin, reste intact, et que les 400 chevaux du 6e bataillon, qui sont à Plaisance, soient complétés par une levée de chevaux.
Je vois avec peine qu’on laisse aux chefs de brigade la liberté de choisir des capitaines en résidence : les officiers en résidence doivent toujours être désignés par le ministre.
Saint-Cloud, l6 avril 1803
Au général Berthier
Je vous prie, Citoyen Ministre, de faire connaître au général commandant la 8e division militaire, qu’il doit toujours laisser au fort Lamalgue un bataillon de Français en garnison, et ne pas confier ce poste important seulement à la garde des déserteurs étrangers.
Saint-Cloud, 16 avril 1803
Je désire, Citoyen Ministre, que vous placiez le citoyen Dalton au nombre des adjudants commandants attachés à votre ministère, et que vous le chargiez de lier connaissance avec les chefs irlandais et écossais qui se trouvent à Paris, d’accueillir leurs différents projets, et de prendre directement vos ordres sur cet objet important. Recommandez-lui de ne rien écrire, mais de les écouter seulement et de prendre des renseignements verbaux sur leur nombre, leurs moyens et sur ce qu’ils pourraient faire en cas de guerre, et de les voir fréquemment afin de les connaître.
Saint-Cloud, 17 avril 1803
Au général Berthier
Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner des ordres pour l’armement de toutes les côtes de la France. Faites porter une activité particulière à l’armement de Cherbourg, des îles de Ré et d’Oléron, et de l’île d’Aix.
Saint-Cloud, 18 avril 1803
Au général Berthier, ministre de la guerre
Donnez ordre, Citoyen Ministre, au général Montrichard de réunir à Nimègue, sous le commandement du général de brigade Frère, les deux bataillons de la 48e, les deux bataillons de la 100e, les deux bataillons de la 27e légère, et les six escadrons de cavalerie qui sont sous ses ordres, avec une division de huit pièces d’artillerie attelée, avec les cartouches et approvisionnements de guerre nécessaires pour cette colonne. Vous me ferez connaître le jour où ces troupes seront réunies à Nimègue et seront prêtes à partir au premier ordre.
Il est indispensable que cette réunion se fasse sans bruit et sans ostentation.
Je vous prie de m’envoyer l’état de situation des troupes au 15 germinal ; le dernier que j’ai est du 15 ventôse.
Paris, 18 avril 1803
DÉCISION
Mémoire du citoyen Innez, administrateur du collège des Écossais à Paris, sur la réunion des collèges écossais et irlandais en France. | Je prie le citoyen Talleyrand de me faire un rapport sur cet objet, que je regarde comme politique |
Saint-Cloud, 18 avril 1803
Au général Berthier
Il y a à Brest, Citoyen Ministre, 600 noirs : le ministre de la marine a ordre de les mettre à votre disposition. Comme ils devaient aller aux Indes, ils sont peut-être déjà formés en compagnies, sous les ordres de blancs; s’ils ne l’étaient pas, vous les distribueriez en compagnies, par 100 hommes, et les dirigeriez dans le plus court délai sur Mantoue. Vous aurez soin qu’ils soient accompagnés par la gendarmerie et par des détachements de cavalerie, surtout à leur passage dans les départements de l’ouest. Lorsqu’ils seront à Mantoue vous en ferez former un bataillon de pionniers armés de fusils, fournissant des travailleurs pour les fortifications de la place, en les réunissant aux 400 noirs qui s’y trouvent. Tous les officiers de bataillon seront blancs. S’ils ne sont pas armés en partant de Brest vous leur ferez distribuer des armes d’une qualité très-inférieure.
Saint-Cloud, 18 avril 1803
Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies
Mon intention, Citoyen Ministre, est que les noirs qui sont à Brest hormis le petit nombre d’ouvriers qui, par leur habileté, sont nécessaires aux constructions, sans excéder le nombre de 100 hommes, soient mis à la disposition du ministre de la guerre pour le service de terre.
Je donne ordre au ministre de la guerre de les former en compagnies et de les diriger dans l’intérieur de la République, car je porte un grand intérêt à ce que Brest et les environs soient purgés de ces individus.
Saint-Cloud, 18 avril 1803
Au contre-amiral Decrès
Donnez ordre, Citoyen Ministre, au préfet maritime à Rochefort de s’assurer de l’existence de la croisière qui doit avoir été aperçue à l’île d’Yeu. En général, il serait nécessaire que, dans les grands ports, pendant ces circonstances, on tînt en mer deux bricks, avisos ou frégates, pour éclairer à huit ou dix lieues, et être à même de vous instruire promptement de ce qui paraîtrait.
Je suis surpris de n’avoir point de rapports sur Cherbourg. Ces détails, indépendamment de leur utilité militaire, ont un grand but d’utilité politique.