Correspondance de Napoléon – Avril 1801

Paris, 7 avril 1801

ORDRES DICTÉS AU CITOYEN TALLEYRAND

Envoyer le traité du 21 mars 1801 avec l’Espagne au citoyen Moreau Saint-Méry, à Parme, qui le communiquera officiellement à la régence, et, dès lors, la régence est dissoute. L’infant pourra s rendre ou à Florence, ou à Venise, ou à sa campagne. On lui coutinuera le même traitement jusqu’à ce que tout soit définitivement arrangé. Le château de Colorno et tous les meubles, argent, bijoux, papiers, le comte Ventura s’en emparera au nom de son pays.

L’administration du pays restera telle quelle est, mais tout se fera au nom de l’administrateur général; les impositions, les revenus, etc., au jour de la mort de l’infant, appartiennent à la République française; avant la mort, ils appartiennent au roi de Toscane. Du reste, faire les choses le plus largement possible; rien ne nous appartient que la souveraineté du territoire, depuis le moment de la mort. Le régiment qui composait les troupes de l’infant passera au service du roi d’Étrurie; il se rendra en Toscane et sera dirigé sur Florence.

Toutes les pensions de retraite seront continuées à être payées, ainsi que les dettes qui sont une charge du sol. Les gardes du corps et tout ce qui composait la cour resteront à Colorno à faire leur service auprès des princesses filles, et seront payés jusqu’à l’arrivée à Florence du roi d’Étrurie.

Le général Murat enverra son régiment de cavalerie et une demi- brigade d’infanterie avec un seul général de brigade pour commander les troupes, en lui faisant connaître que le citoyen Moreau Saint-Méry est l’administrateur du pays, dont il appuiera les mesures.

Envoyer un seul commissaire des guerres pour l’administration des troupes, que le citoyen Moreau Saint-Méry fera payer sur les revenus du pays.

Faire connaître à M. Azara les mesures que l’on a prises, pour qu’il en informe son cabinet.

Faire dire que nous ne voulons pas de ce pays.

La question est de savoir si nous le réunirons à la République italienne ou si nous le réunirons au royaume de Toscane. Si le roi d’Espagne veut qu’il soit réuni à la Toscane, il faut qu’il nous donne les Florides.

 

Paris, 7 avril 1801

DÉCISION

Le chef de brigade Marpaude demande une indemnité pour payer ce qu’il doit au général Lannes et pour se rendre dans son pays. Il prie le premier Consul de donner des ordres pour que le jeune Colignon, dont le père a été tué à Saint-Jean-d’Acre, soit admis au PrytanéeRenvoyé au général Lannes pour lui donner ce dont il a besoin, et lever toutes les difficultés qui s’opposent à l’entrée du citoyen  Colignon au Prytanée. Je rendrai au général Lannes tout ce qui sera nécessaire.

 

Paris, 7 avril 1801

Au citoyen Forfait, ministre de la marine et des colonies

Vous trouverez ci-joint, Citoyen Ministre, le rapport du général Desfourneaux (sur le combat de l’Africaine). Vous voudrez bien en faire faire un grand nombre de copies, que vous adresserez à chaque vice-amiral, contre-amiral, capitaine de vaisseau, de frégate, lieutenant de vaisseau, de frégate, etc. Vous leur ferez sentir l’inconvénient qu’il y a de vouloir toujours tirer à démâter, et combien est vrai, dans toutes les circonstances, ce principe qu’il faut commencer par faire le plus de mal possible à son ennemi.

Vous écrirez au général Desfourneaux une lettre de satisfaction sur la bonne conduite qu’il a tenue pendant le combat.

 

Paris, 8 avril 1801

Au citoyen Forfait

Le roi d’Espagne, Citoyen Ministre, vient de nous accorder trois autres vaisseaux à Cadix. Il est indispensable de faire partir sur-le-champ et en poste les états-majors et les officiers mariniers les plus essentiels pour l’armement des vaisseaux. L’ambassadeur espère pouvoir réunir à Cadix 200 matelots français, qui, joints aux 400 envoyés de France, feront un fond de 200 hommes par vaisseau.

En outre, les matelots suédois et danois des bâtiments sur lesquels on a mis l’embargo demandent du service, pourvu qu’on leur paye une avance sur le traitement. Expédiez un courrier au citoyen Dumanoir à Cadix, pour vous entendre avec lui sur ces objet. Faites un fonds à Cadix, tant pour payer quelques mois d’avance aux matelots que pour accélérer les armements des vaisseaux. Faites-moi connaître ce que vous aurez fait sur ces différents objets. J’espère que toutes les mesures que vous prendrez seront telles, que, dans un mois, les vaisseaux pourront mettre à la voile.

 

Paris, 9 avril 1801

DÉCISION

A la suite de deux traités avec l’Espagne, Lucien Bonaparte demande le portrait du Premier Consul pour le Prince de la Paix, et divers présents
pour le premier secrétaire et le premier officier de la secrétairerie, à Madrid
1° Le Gouvernement français  ne donne de présents que pour  les traités de paix et d’alliance.
2° Aucun des traités ci-dessus n’est dans ce cas. Pour la paix de Portugal , on fera les présents d’usage.
3° Rien de ce qui se fait n’est au hasard. Le rôle d’un ambassadeur est beau lorsqu’il remplit ses instructions et aide par là le développement des plans généraux.
4° Je n’enverrai jamais mon portrait à un homme qui tient son prédécesseur au cachot et qui emploie les moyens de l’inquisition. Je puis m’en servir, mais je ne lui dois que du mépris.

 

Paris, 9 avril 1801

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Vous trouverez ci-joint, Citoyen Ministre, une lettre pour le Directoire exécutif de la République batave. Je désire que vous la remettiez sous cachet volant au Citoyen Schimmelpennick, que vous lui en donniez lecture, et que vous lui disiez que ce que je dois à ceux qui ont combattu avec gloire s’oppose à ce que j’empêche le retour du général Augereau en Batavie; mais qu’on lui fera donner des ordres positifs pour qu’il ne s’immisce pas dans les affaires civiles et politiques, et que, dès l’instant que l’honneur du général Augereau sera à couvert, on fera en sorte d’envoyer en Batavie l’homme qui conviendra au Directoire.

 

Paris, 9 avril 1801

Au Directoire exécutif de la République Batave

Citoyens, les soldats qui défendent leur patrie méritent l’estime et reconnaissance de leur gouvernement. Ils ne sont pas plus stipendiés que les rois, princes ou magistrats, sous quelque titre que ce soit, qui gouvernent le pays.

Le général Augereau a des droits, par la bonne conduite qu’il a tenue à la tête de l’armée qui est en Batavie, à quelques remerciements de la part de la République batave.

Il se rend en Batavie pour y réunir son armée, la cantonner, vous voir.

Il est trop bon soldat pour ne pas connaître les égards qu’il doit au gouvernement dont il est l’ami; mais aussi le gouvernement devrait mettre plus de loyauté à le défendre.

 

Paris, 9 avril 1801

Au président du

Citoyen Président du Directoire exécutif de la République batave, j’ai reçu la lettre que vous m’avez écrite de la part de votre gouvernement. Faites-lui connaître, je vous prie, que, dans toutes les circonstances et dans toutes les occasions, je lui donnerai des preuves de la bienveillance et de l’amitié qui lient les deux peuples.

Vous paraissez désirer, par votre lettre, que le général Augereau ne conserve pas longtemps le commandement de votre armée.

Vous ne pouvez pas vouloir déshonorer celui qui a commandé vos troupes avec gloire et succès, et contribué à votre indépendance.

Vos ancêtres confièrent à la Maison d’Orange la première magistrature en récompense de ses services militaires. Ils ne croyaient pas que les militaires fussent de simples stipendiés. Ils savaient qu’ils leur devaient plus que de l’argent: de l’honneur, de la considération, et au moins de la justice.

Citoyen Président, je désire être agréable à votre gouvernement. Je me flatte qu’il voudra bien s’en rapporter à moi dans cette circonstance.

 

Paris, 9 avril 1801

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Je vous renvoie votre projet de constitution de l’Helvétie; il ne m’a pas paru qu’il y eût rien de bien. J’ai cherché un moyen de les concilier, et vous trouverez ci-joint quelques articles principaux : remettez-les-moi bien développés et avec les changements que vous croirez nécessaires, et cela en gardant le plus possible le secret, afin de tâcher d’en finir le plus promptement possible.

 

Paris, 11 avril 1801

À l’amiral Bruix, à Rochefort

Le roi d’Espagne, Citoyen Général, nous a donné trois nouveaux vaisseaux.

Le contre-amiral Ganteaume est rentré à Toulon. Il y a été obligé par un abordage qui a eu lieu entre le Dix-Août et le Formidable. Il faudra dix ou douze jours pour réparer le Dix-Août.

Le contre-amiral Dordelin trouve beaucoup de difficultés dans sa sortie. Je crains qu’il ne nous fasse perdre une grande partie de la campagne. Je désirerais que vous partissiez de Rochefort avec vos cinq vaisseaux, le plus de frégates et de matelots possible, pour vous réunir à Cadix avec les six vaisseaux du contre-amiral Dumanoir et les cinq vaisseaux du Ferrol qui doivent en être partis, à l’heure qu’il est, pour Cadix. Ces forces, jointes aux sept vaisseaux du contre-amiral Ganteaume, vous mettraient à même de remplir également votre mission. Les forces du contre-amiral Dordelin et de l’amiral Gravina, jointes aux vaisseaux bataves et à ceux que l’on arme à Brest, agiraient de manière à donner beaucoup d’occupation aux Anglais.

Au reste, ceci ne serait que dans le cas où le contre-amiral Dordelin ne pourrait pas sortir. Le ministre le presse tous les jours par le télégraphe.

J’attends le retour de mon courrier pour envoyer de nouveaux ordres au contre-amiral Ganteaume.

Le lieutenant général Soult occupe Otrante, Tarente, Brindisi, etc.

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Dans ce nouveau projet, penseriez-vous qu’il fût bon que le contre-amiral Ganteaume vînt à votre rencontre jusqu’au détroit? il porterait 7 ou 800 matelots à Cadix.

 

Paris, 12 avril 1801

Au citoyen Joseph Bonaparte

L’empereur de Russie est mort, dans la nuit du 24 au 25 mars (En fait, Paul Ier a été assassiné, le 11 mars), d’une attaque d’apoplexie. La vive douleur que je ressens de la mort d’un prince auquel je portais tant d’estime ne me permet pas d’entrer dans de plus grands développements. Son fils aîné lui a succédé et a reçu le serment de l’armée et de la capitale.

 

Paris, 12 avril 1801

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Je vous prie, Citoyen Ministre, d’envoyer au citoyen Otto la note ci-jointe. Vous lui ferez connaître que je désire qu’après avoir présenté cette note il tâche que l’on fasse arrêter Dutheil et Georges, et que, si on ne les livre pas au Gouvernement français, au moins on les tienne en arrestation pour qu’on les envoie en Amérique.

 

Paris, 12 avril 1801

ANNEXE À LA NOTE PRÉCÉDENTE

Le soussigné a reçu l’ordre de son gouvernement de présenter à S. Exc. M. Addington la note suivante:

L’Europe a retenti de l’événement du 3 nivôse (la machine infernale). Le crime qui, pour attenter à la vie du Premier Consul, a compromis la population innocente d’une partie de la ville de Paris, a un caractère d’horreur presque sans exemple dans l’histoire moderne.

Le Premier Consul est bien loin de penser que l’ancien ni le nouveau ministère soit capable d’avoir ni soldé ni commandé un crime qui serait désavoué parmi les hordes les moins civilisées.

Cependant le nommé Dutheil et le nommé Georges, tous les deux en Angleterre et soldés par le Gouvernement britannique, sont les ordonnateurs de ce crime et de beaucoup d’autres ayant tous pour résultat de tuer quelques malheureux. Deux journalistes soldés ont publiquement fait, à Londres, l’apologie de ce crime et manifesté des regrets de ce qu’il n’a pas réussi.

L’état de guerre qui existe entre les deux peuples a sans doute brisé une partie des liens qui unissent naturellement les peuples voisins. Mais les Anglais et les Français, pour être en guerre, en sont-ils moins, les uns et les autres, une nation civilisée et européenne? et le droit des gens, qui adoucit les maux de la guerre, ne défend-il pas d’accorder protection à des monstres qui déshonorent la nature humaine ?

C’est à Sa Majesté Britannique à agir, dans cette circonstance, selon les sentiments de sa conscience, les lois de sa religion et les principes de sa politique.

Quant au Premier Consul, il déclare hautement que, si un pareil crime avait été commis à Londres, il se serait empressé de faire arrêter et livrer aux tribunaux d’Angleterre les auteurs de ce crime, bien plus, si un individu, après avoir attenté à la vie du prince ou d’un de ses principaux ministres, eût cherché son refuge en France, le Premier Consul en eût agi comme Fabricius vis-à-vis du roi d’Épire.

 

Paris, 12 avril 1801

Au général Berthier, ministre de la guerre

Vous trouverez ci-joint, Citoyen Ministre, un arrêté. Vous ferez attention qu’il est antidaté de dix jours; cela est fait avec intention. Vous en ferez faire la remarque an général Jourdan pour qu’il n’en soit pas étonné.

Vous direz au général Jourdan que je désire qu’une des six subdivisions ou préfectures soit Verceil. Cette préfecture devrait s’étendre jusqu’à la Dora-Baltea, sans cependant comprendre le territoire d’Ivrée ni la vallée d’Aoste.

Une autre subdivision devra être celle d’Alexandrie, qui, outre ses 400,000 habitants, devra comprendre tout le district de Voghera, depuis la Scrivia jusqu’à Acqui.

Donnez au général commandant l’armée d’Italie l’ordre d’envoyer dans le Piémont jusqu’à concurrence de six demi-brigades, six régiments de cavalerie, un bataillon d’artillerie avec des pièces et des attelages.

Recommandez à l’administrateur général de placer une demi-brigade dans chaque chef-lieu de préfecture, et de cantonner la cavalerie dans les lieux les plus convenables. Outre le pain, les soldats devront avoir, en Piémont, de la viande ou une indemnité. Comme le roi de Sardaigne avait toujours une armée de 90,000 hommes, il y aura des bâtiments et des lits militaires.

Il faut que l’administrateur général trouve dans les ressources du pays les masses et la solde des troupes, jusqu’à ce que, au ler messidor, les revenus du Piémont rentrant dans le trésor public, vous y pourvoyiez.

 

Paris, 12 avril 1801

ANNEXE A LA PIÈCE PRÉCÉDENTE

Les Consuls de la République, voulant remédier aux abus de tout espèce qui se commettent dans le Piémont, et aux différentes plaintes; résultats inévitables de l’anarchie qui désole cette belle contrée, arrêtent provisoirement les dispositions suivantes :

TITRE 1er

ADMINISTRATION MILITAIRE

ARTICLE ler. – Le Piémont formera une division militaire, dont le quartier général sera à Turin.
ART. 2. – Le général commandant la division devra, dans tous les cas extraordinaires, obtempérer aux réquisitions de l’administrateur général. Il correspondra directement avec le ministre de guerre.
ART. 3. Cette division militaire sera partagée en six subdivisions; chacune d’elles sera commandée par un général de brigade.
ART. 4. Il y aura dans le Piémont un ordonnateur et deux commissaires des guerres.
ART. 5. Il y aura une direction d’artillerie et du génie, organisée conformément au règlement du 15 nivôse an VIII.
ART. 6. Le nombre des commandants d’armes qu’il devra avoir dans le Piémont sera déterminé par l’administrateur général, d’après les bases établies par le règlement du 26 germinal an vill. Le traitement des commandants d’armes sera déterminé conformément au même règlement.
ART. 7. Les étapes seront organisées suivant le mode prescrit par le règlement du 1er fructidor an VIII et par les arrêtés des 19 frimaire et 19 pluviôse an IX.
ART. 8. A compter du ler messidor prochain, les services de la division du Piémont, en vivres, fourrages, etc., seront faits par les mêmes compagnies qui font le service des divisions de la République.

TITRE II.

ADMINISTRATION CIVILE

ART. 9 Le général Jourdan est nommé administrateur général du Piémont.
ART. 10. L’administrateur général aura un conseil composé de six membres; les membres composant le gouvernement actuel du Piémont feront partie de ce conseil.
ART. 11. Chaque subdivision militaire formera une préfecture; elle aura un préfet et un conseil de préfecture.
ART. 12. Chaque préfecture sera divisée en quatre, ou au plus en six sous-préfectures, ayant chacune un sous-préfet.
ART. 13. Il y aura dans chaque municipalité un maire et des adjoints.
ART. 14. Il y aura dans chaque préfecture, sous-préfecture et municipalité, un conseil général, le tout conformément à la loi du 28 pluviôse an VIII.

TITRE III

FINANCES.

ART. 15. Le ministre des finances enverra dans le Piémont un commissaire extraordinaire, qui, sous la direction de l’administrateur général, organisera le service de la trésorerie.
ART. 16. Il est sursis à la vente des domaines nationaux dans le Piémont, de quelque nature qu’ils soient.
ART. 17. Le ministre des finances y enverra un régisseur de l’enregistrement, pour y organiser l’administration des domaines nationaux.

TITRE IV

ART. 18. L’organisation de l’ordre judiciaire civil sera établie, pour le Piémont, suivant le mode déterminé par la loi du 27 ventôse an VIII et par celle du 29 ventôse an IX.
ART. 19. Il y aura à Turin un tribunal d’appel pour tout le Piémont.
ART. 20. La justice criminelle sera rendue par des tribunaux spéciaux, composés de trois juges et de cinq militaires.
ART. 21. Les Barbets et tous les individus pris les armes à la main seront jugés par des commissions militaires extraordinaires.
ART. 22. L’ordre judiciaire du Piémont ressortira du tribunal de cassation de la République. Le ministre de la justice enverra un substitut du commissaire près le tribunal de cassation, pour, sous la direction de l’administrateur général, organiser l’ordre judiciaire.

TITRE V

POLICE

ART. 23. La police sera administrée, dans le Piémont, suivant le mode établi par la loi du 28 pluviôse an VIII et par celles des 27 ventôse même année et 7 pluviôse an IX.
ART. 24. Il y aura une division de gendarmerie organisée conformément à la loi du 28 germinal an VI et aux règlements sur cette matière. Le ministre de la guerre enverra, à cet effet, un général de gendarmerie à Turin.
ART. 25. Les ministres sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté, qui ne sera pas imprimé.

Paris, 12 avril 1801

Au général Berthier, ministre de la guerre

Le Premier Consul a fait, Citoyen Ministre, sur les états remis par le bureau des remontes, différentes observations sur lesquelles il désire que vous lui fassiez un rapport.

Le dépôt de Versailles a reçu 3,103 chevaux, suivant l’état remis par le commandant du dépôt; cependant l’état n° 3, remis par le bureau des remontes, porte à 3,512 les chevaux fournis par sept fournisseurs. Il y avait au dépôt de Versailles, au 1er vendémiaire, 10 chevaux; il se trouverait donc dans les fournitures des entrepreneurs un déficit de 454 chevaux.

Les états de recette du commandant du dépôt de Versailles ne font pas mention des 1,226 chevaux portés dans l’état n° 4,comme livrés par le Bec, de 209 chevaux livrés par le dépôt de Rouen, des 209 chevaux livrés par le dépôt de Vaugirard, d’un cheval livré par le dépôt de Compiègne, quoique ces quantités de chevaux soient portées en recette dans les états de ces différents dépôts, Si ces différentes livraisons avaient été effectuées et étaient parvenues au dépôt de Versailles, ce dépôt devrait rendre compte de 1,504 chevaux, indépendamment des 454 ci-dessus.

Le dépôt du Bec, d’après ses états, se trouverait avoir envoyé à Milan 2,235 chevaux; à Turin, 700; à Pavie, 884; à l’armée d’Italie, 200. Ce dépôt aurait donc envoyé en Italie 4,019 chevaux. Cependant le dépôt de Rouen, d’après ses états, se trouve avoir envoyé en Italie 400 chevaux; celui de Vaugirard, 100 chevaux; celui de Versailles, 1,151 ; ce qui ferait 5,670 chevaux envoyés en Italie, indépendamment des livraisons opérées par le dépôt de Lyon, qui a été exclusivement destiné à cette armée. Le résultat est contraire à toute vraisemblance. Le dépôt du Bec, suivant ses états, aurait envoyé à Sampigny 1,400 chevaux, qui, joints à 39 chevaux envoyés de Versailles, à 431 de Rouen, à 132 de Vaugirard, et à 124 livrés par le dépôt de Lyon, pour les équipages des vivres, formeraient au dépôt de Sampigny une recette de 2,196 chevaux. Cette quantité suffirait, et au delà, à l’attelage de 500 caissons, et présente un résultat tout aussi peu probable que le précédent.

D’après les états, le dépôt de Vesoul aurait reçu 101 chevaux, dont on justifie; mais on ne porte pas dans la recette 300 chevaux livrés par le dépôt de Rouen, 8 par celui de Mons et 171 par celui de Compiègne; ce qui forme une recette de 479 chevaux; la dépense n’étant que de 101, il reste à justifier de l’emploi de 378.

Quant au dépôt de Lyon, il paraît extraordinaire que l’on n’en ait aucun compte, depuis le 8 frimaire. Il devra justifier de l’emploi non-seulement de 718 chevaux livrés par les fournisseurs, mais encore de 785 envoyés par le Bec, de 416 envoyés par Rouen, d’un cheval envoyé par Vaugirard et de 385 envoyés par Compiègne : total, 2,305. On justifie de l’emploi de 232 chevaux, il reste à justifier de celui de 2,073 chevaux.

Indépendamment de ces observations, plusieurs autres irrégularités ont frappé le Premier Consul, relativement aux livraisons faites aux dépôts et à celles effectuées à différents corps.

On ne peut arriver à des résultats satisfaisants qu’en ayant pour l’an IX un état pareil à celui, sous le n° 2 pour la levée de l’an VIII.

Le Premier Consul désire,

1° que vous suspendiez toute espèce de fournisseurs de chevaux;
2° qu’il lui soit remis deux états pareils à celui n° 2, l’un, des chevaux fournis en l’an VIII et de leur répartition aux différents corps, l’autre, des chevaux fournis pour l’an IX, avec leur répartition.

Il vous invite, en même temps, à préparer un projet d’arrêté ayant pour objet d’établir le mode d’après lequel doit s’opérer la retenue des chevaux donnés aux corps pour l’an IX.

 

Paris, 13 avril 1801

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Faites connaître, Citoyen Ministre, au général Jourdan que le ministre de la guerre lui envoie un arrêté qui règle provisoirement l’administration civile et militaire du Piémont. Mandez-lui que cette organisation est bien un premier pas vers la réunion, mais que ce pas n’est point décisif; qu’il doit donc se conduire, dans cette circonstance, avec la plus grande circonspection.

Il doit avoir pour point de vue l’effet que pourraient produire ses démarches et ses propos sur les puissances étrangères et sur l’intérieur du pays.

Sur les puissances étrangères: il doit s’efforcer de faire connaître que cette mesure a été prise pour remédier aux maux et aux abus qui se commettent par les agents français et piémontais.

Sur l’intérieur du pays : il doit se servir du principe d’amalgame qui a réussi au Gouvernement français: étouffer toutes les haines, et surtout montrer une grande considération pour les prêtres. Je désire qu’il aille à la métropole, tous les jours de fête, occuper avec le Gouvernement la place d’honneur; qu’il m’envoie à Paris six individus avec le titre de notables du Piémont. Je voudrais que, parmi ces six, il y en eût deux qui entendissent l’état de leurs finances, deux l’administration intérieure, deux les affaires temporelles et religieuses de leurs prêtres; qu’il y eût des hommes considérables par leur naissance et cependant d’un esprit un peu raisonnable. Ces députés donneraient au Gouvernement tous les renseignements nécessaires pour achever l’entière réunion du pays, soit en reculant les barrières des douanes, soit par une similitude d’organisation départementale.

Il peut, d’ailleurs, dans ses propos de tous les jours, faire comprendre que, quelque chose qu’il arrive, il n’est pas probable que le Gouvernement français consente jamais au retour du roi de Sardaigne, puisque les revenants ne peuvent jamais être d’un bon augure pour ce Gouvernement.

Faites connaître à M. de Saint-Marsan que j’ai été tellement mécontent de la manière dont le roi de Sardaigne s’est montré dans ces circonstances, et du peu de confiance qu’il a montré en moi et dans le Gouvernement, que je suis plus éloigné que jamais de lui faire du bien; que je consens encore à le reconnaître pour prince de Sardaigne, mais que je veux que M. de Saint-Marsan parte sur-le-champ pour Naples, pour faire connaître au roi de Sardaigne que je ne recevrai aucun plénipotentiaire qu’au préalable l’embargo ne soit mis sur les bâtiments anglais dans tous les ports de la Sardaigne, et que tous les émigrés corses et agents anglais, qui excitent les insurgés de Porto-Vecchio et les malheurs de la Corse, soient arrêtés et livrés à Bonifacio. Vous lui donnerez des passe-ports pour qu’il parte demain au soir; vous lui direz qu’il pourra revenir lorsque les deux conditions ci-dessus seront remplies.

Si M. de Lucchesini vous en parle, vous ne lui répondrez point; vous lui direz que nous n’avons pas discuté avec le roi de Prusse les affaires d’Italie.

Vous direz à M. de Kalitchef que j’ai été indigné du peu d’égards que m’a montré le roi de Sardaigne dans toutes ces négociations; que d’ailleurs le duc d’Aoste, qui est en Sardaigne, ne cesse d’envoyer du blé à Malte, d’aider les Anglais, d’inquiéter nos bâtiments, de fomenter des troubles en Corse; que tant d’insultes d’un souverain qui n’existe plus m’ont fait perdre la patience; que, du reste, rien n’est décidé ai perdu.

 

Paris, 13 avril 1801

Au citoyen Fouché, ministre

Voici, Citoyen Ministre, des notes sur la fidélité desquelles je peux compter:

1° Georges a fait passer de l’argent dans le Maine
2° Chandelier, que vous connaissez, est à Londres.
3° Le 20 germinal, à deux heures, on a rencontré dans la rue de la Loi deux individus nommés Eward; ce sont deux frères. Ils sont connus chez Georges sous le nom de Barco. Ils sont nés dans les environs d’Elven. Ils sont les satellites de Georges et ses expéditionnaires habituels.

L’aîné est d’une taille mince et petite. Le jeune est petit, d’une figure brune et pleine. Ils sont tous les deux déguisés; quoiqu’ils aient de bons yeux, ils portent des lunettes, pour tromper. Le jeune a de longs favoris.

Un troisième sabreur de Georges a été vu à Paris, le 20 germinal, au palais du Tribunat, à sept heures du soir; son nom de guerre est Sans-Quarlier.

Guillot, qui va fréquemment de Paris à Versailles, a reçu dernièrement 15,000 francs de Hambourg; il doit bientôt en recevoir autant. C’est un de leurs associés, ainsi qu’un nommé Brancas, dont on ignore le véritable nom.

Tous ces individus sont dirigés par Limoëlan.

On dit que le commissaire de Versailles est un homme intelligent. Il serait peut-être utile que vous le fissiez venir, et que vous lui accordassiez des fonds pour établir une police secrète dans le département de Seine-et-Oise. Offrez 12,000 francs à celui qui fera arrêter Limoëlan, et 6,000 francs pour les autres.

Faites mettre Carrega dans les cachots de Bicêtre, et faites-le interroger sur ces individus, en lui ôtant toute communication. Faites arrêter la femme de ce Carrega.

Renvoyez de Paris, en surveillance dans leur département, le frère Aréna (Joseph Aréna, 1771-1802, l’un des auteurs présumés de la conspiration des poignards) et Multedo, ainsi que Gauthier (de l’Ain).

Parmi les individus de Georges que vous tenez, il vous sera facile, en les faisant interroger, d’avoir des renseignements sur ceux dont je vous parle. Peut-être que la famille Carbon et Carbon (François Joseph Carbon, 1756-1801. L’un des principaux artisan de l’attentat de la rue Saint-Nicaise, à cette date en prison) lui-même pourraient vous donner des renseignements sûrs.

 

Paris, 13 avril 1801

Au général Leclerc, commandant le corps d’observation de la Gironde

J’espère qu’à l’heure qu’il est, Citoyen Général, vous êtes entré sur le territoire espagnol.

Faites-moi connaître l’état de situation précis de chacun de vos corps en infanterie, cavalerie et artillerie, avec les généraux et adjudants commandants. Tirez-moi de peine au sujet de l’habillement; je serais fâché que ces troupes fussent vêtues d’une manière inconvenante. Entrez dans des détails sur cet objet. Vous recevrez vos vivres du roi d’Espagne, mais le trésor publie vous enverra la solde. Faites-moi connaître si celle de germinal et de floréal est assurée.

Si les corps qui sont destinés à marcher, artillerie, infanterie, cavalerie, sapeurs, tout compris, ne se montent pas à 8,000 hommes, faites marcher sur Bayonne les bataillons des 92e et 93e demi- brigades. Dans ces 8,000  hommes doivent cependant être compris les trois bataillons de l’Ouest, que vous aurez toujours le temps d’envoyer à Cadix, si, avant que les opérations commencent, les demi- brigades d’Italie ne sont pas arrivées.

Sans avoir aucune espèce de luxe, il est cependant convenable que vous ayez le train nécessaire pour faire les honneurs de votre corps.

Ayez soin de mettre à l’ordre que vous recommandez aux officiers et aux soldats de faire honneur à la nation française, non-seulement par leur bravoure, mais encore par leur discipline et par leur respect pour les coutumes et préjugés des peuples qu’ils traverseront. Je verrais avec plaisir que les chefs des corps allassent à la messe avec leur musique les jours de fête, et que, dans les villes où il y a un évêque, on lui fit une visite de corps, comme c’est l’usage chez eux.

Le bataillon de la 16e a ordre de se rendre à Bayonne; activez-en le départ de la 10e division : il n’a pas besoin d’attendre les troupes qui le doivent remplacer.

J’imagine que chaque demi-brigade a sa musique, que l’on pourrait babiller avec quelque luxe.

 

 Paris, 13 avril 1801

DÉCISION

AU MINISTRE DE LA MARINE

Nous ne pouvons vous donner une réponse satisfaisante sur l’abordage des vaisseaux le Formidable et le Dix-Août.Le procès-verbal d’abordage du premier et le simple rapport du capitaine Le Gouardun au général Ganteaume se contredisant, ces deux pièces ne peuvent suffire pour porter un jugement qui doit être prononcé par un conseil de guerre, à bord de l’amiral, sur les tables de loch, et sur les questions faites aux officiers en service sur ces
vaisseaux. Ces événements se multiplient trop et ont des conséquences trop funestes au bien du service pour ne pas être examinés avec le plus grand appareil et la plus grande publicité.

Il sera tenu un conseil, à bord du vaisseau amiral, à Toulon, pour tirer au clair l’affaire de l’abordage. Quel que soit le résultat le conseil devra particulièrement se faire rendre compte des faits suivants :1° Y avait-il dans la feuille des signaux un signal pour indiquer une manœuvre à faire la nuit? 2° Ce signal a-t-il été fait ou non? A-t-il été aperçu ou non? 3° Quelles sont les causes de la contradiction qui existe dans les rapports? Quels sont les motifs militaires de celui qui a fait le rapport où la vérité n’est pas observée ?

 

Paris, 15 avril 1801

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Vous trouverez ci-joint, Citoyen Ministre, quelques observations sur la constitution batave.

Faites connaître au ministre de la République que mon intention est de n’exercer aucune influence ouverte sur un parti quelconque;

Qu’il peut cependant suggérer les idées contenues dans les observations, mais seulement comme conseil. Je n’attache aucune importance à ce qu’elles soient ou non suivies; j’en attache seulement à ce que nous ne soyons pas singés par la chambre électorale et par la cession au gouvernement de l’initiative des lois, et à ce que le directoire soit composé de plus de sept membres.

 

Paris, 15 avril 1801

ANNEXE A LA PIÈCE PRÉCÉDENTE

Les idées sur la constitution de la Batavie me paraissent susceptibles de quelques observations:

1° Le collège des électeurs me parait trop singer notre Sénat conservateur, et je désire absolument qu’il n’y ait aucune espèce de singerie.
2° La seconde chambre devrait toujours délibérer en secret; l’on pourrait alors lui laisser l’initiative de la loi, sur un message secret du gouvernement demandant telle loi pour un but déterminé. Les ministres pourraient être admis, et toujours en secret, pour discuter cette loi.
3° Le corps législatif ne peut pas ratifier les traités de paix, puisque, sans cela, le gouvernement n’aurait pas le droit de traiter. Au lieu de ratifier, il faudrait mettre une formule qui portât que le corps législatif approuve le traité comme ne contenant rien de contraire à la constitution, à l’intégralité du territoire et à la liberté batave, observation qui n’a pas lieu pour les déclarations de guerre.
4° Puisqu’ils désirent un directoire j’aimerais mieux qu’il portât le nom de sénat et fût composé de dix membres, dont quatre géreraient les ministères de la marine, des finances, de la guerre et de la justice, sans qu’aucun des quatre pût jamais être le président.
Le président du sénat, qui pourrait l’être pendant trois ou six mois, prendrait le titre de grand pensionnaire ou tout autre. Il aurait le sceau, la signature, la présidence, le commandement de la garde, etc.
5° Je crois qu’il serait utile que le sénat ne fût point nommé par le corps législatif, sans quoi il n’en est que le commis.
6° Les nominations à la législative, au lieu d’être censurées par une chambre électorale, pourraient l’être par une commission ad hoc et momentanée du corps législatif lui-même.

Il vous sera facile de faire sentir qu’un directoire de cinq ou sept membres, qui n’administre aucune branche, ne peut pas gouverner: ou chaque directeur s’attache à une partie, et le ministre n’est plus que son secrétaire général, et dès lors le ministre, qui est le principal responsable et le principal travailleur, ou ne travaille plus ou n’a pas le crédit nécessaire pour traiter des affaires qu’il connaît cependant mieux que le directoire qui s’en mêle. Au lieu que, par la manière proposée, les ministres se trouvent avoir l’ascendant nécessaire pour pouvoir se soutenir et faire valoir leur opinion, et sont cependant contenue, réprimés par leurs collègues, et spécialement par le grand pensionnaire et les six membres qui ne tiennent à aucun ministère.

Dernière et principale objection.

On n’a pas assez tiré parti de l’ancienne division en provinces, que semblaient, jusqu’à un certain point, exiger les localités; on aurait pu satisfaire chaque province par une organisation particulière, et y trouver un nouveau ressort, soit pour la nomination du sénat ou quelque autre fonction nécessaire à la loi.

 

Paris, 15 avril 1801

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Le projet de constitution pour l’Helvétie me paraît convenable avec ces changements-ci:

Il ne me paraît pas que le portefeuille des relations extérieures doive être donné à un bailli, pas même à un conseiller; je voudrais que ce fût un homme nommé par l’avoyer et hors du sein du sénat, afin que l’avoyer se trouvât avoir quelque crédit sur les relations extérieures.

L’article 11 du titre III ne me paraît pas convenable. Il faut que la conscription des cantons soit réglée par la constitution, et non par une diète, qui dès lors formerait convention. D’ailleurs, si les habitants du pays adoptent ces bases, ils présenteront des moyens d’exécution.

Je vous autorise donc à présenter au gouvernement actuel le projet de constitution comme ayant l’assentiment du Gouvernement et comme m’ayant paru le plus propre à concilier les intérêts de leur puissance et de leur localité, et les mettre dans le cas de jouir de la protection de toutes les puissances.

Paris, 16 avril 1801

Au citoyen Talleyrand

Je vous rends, Citoyen Ministre, la dernière dépêche de Copenhague (Le 2 avril 1801, l’escadre anglaise, commandée par l’amiral Parker, attaque ligne de pontons derrière laquelle la flotte danoise s’est retirée), pour que vous la fassiez publier demain au Moniteur, sauf les paragraphes que j’ai rayés, et en faisant insérer à la fin celui que je vous envoie.

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« Je finirai par payer à ce brave peuple le tribut d’éloges que méritent son sang-froid, son patriotisme et sa haine contre les Anglais. Les cinq sixièmes des habitants de cette capitale ont résolu de s’ensevelir sous les ruines de leur ville plutôt que de consentir une capitulation honteuse. Le Prince Royal est leur digne prince. Dans cette scène dramatique, dont on attend l’issue avec inquiétude, les Danois ont pour eux la justice, la bonne conduite et les vœux des gens de bien de toute l’Europe. Grand Dieu! est-ce là 1a nation qui se bat pour l’organisation, pour les principes conservateurs, pour consolider l’autorité des gouvernements établis? Puissances de l’Europe, que le Gouvernement anglais eût eu en sa puissance les 500,000 braves qu’ont les armées françaises, qu’il eût vaincu à Marengo, à Hohenlinden, que seriez-vous devenues ? » (Ce texte est tout entier de la main du Premier Consul)