Correspondance de Napoléon – Avril 1800

Avril 1800

 

Paris, 2 avril 1800

Au général Berthier, ministre de la guerre

Les talents militaires dont vous avez donné tant de preuves, Citoyen Général, et la confiance du Gouvernement, vous appellent au commandement d’une armée. Vous avez, pendant l’hiver, réorganisé le ministère de la guerre; vous avez pourvu, autant que les circonstances l’ont permis, aux besoins de nos armées; il vous reste à conduire pendant le printemps et l’été, nos soldats à la victoire, seul moyen efficace d’arriver à la paix et de consolider la République.

Recevez, je vous prie, Citoyen Général, les témoignages de satisfaction du Gouvernement sur votre conduite au ministère.

 

Paris, 4 avril 1800

Au général Brune, commandant en chef l’armée de l’Ouest

Le général Berthier part pour l’armée de réserve; j’ai nommé Carnot ministre de la guerre.

Je n’ai pas encore fait partir mes bagages; j’attends chaque jour des nouvelles décisives de Vienne.

Les Russes sont embarqués à Jersey. Toutes les nouvelles que je reçois d’Allemagne portent qu’ils retournent dans la Baltique. Activez autant qu’il vous sera possible le désarmement. Il parait qu’il n’a pas encore eu lieu d’une manière efficace dans la 12e division.  Le ministre de la police fait arrêter demain une douzaine de personnes qui paraissent avoir des correspondances avec l’Angleterre, et s’agiter pour réorganiser la Vendée. J’espère que parmi ceux-là se trouveront deux commissaires anglais qui, sous des noms supposés, voyagent perpétuellement de Paris à Rouen.

Votre présence est encore bien utile dans l’Ouest. Je vous préviendrait à temps pour que vous puissiez passer quelques jours à Paris avant que je me rende à l’armée.

Paris est parfaitement tranquille. Toutes les affaires prennent une bonne tournure, surtout à l’extérieur.

 

Paris, 5 avril 1800

Au citoyen Lucien Bonaparte

Les Consuls de la République désirent, Citoyen Ministre, que vous fassiez connaître aux entrepreneurs des différents théâtres de Paris qu’aucun ouvrage dramatique ne doit être mis on remis au théâtre qu’en vertu d’une permission donnée par vous. Le chef de la division de l’instruction publique de votre département doit être personnellement responsable de tout ce qui, dans les pièces représentées, serait contraire aux bonnes mœurs et aux principes du pacte social. En conséquence de cette disposition, le préfet de police ne doit permettre l’annonce d’aucune pièce que sur la présentation de la permission que vous aurez accordée.

Vous voudrez bien faire connaître aux préfets des départements que cette règle leur est applicable, et qu’ils ne doivent permettre l’annonce et l’affiche d’aucun ouvrage dramatique qu’après s’être fait représenter votre permission. La circulaire que vous serez dans le cas d’écrire à cet égard ne peut pas être rendue publique par l’impression.

Les Consuls me chargent en même temps de vous inviter à leur présenter, dans cette décade, un rapport sur les mesures à prendre pour restreindre le nombre des théâtres, et sur les règlements à arrêter pour assurer la surveillance de l’autorité publique. Vous jugerez, Citoyen Ministre, s’il conviendrait de s’occuper en même temps des moyens propres à améliorer l’art dramatique et à encourager les gens de lettres qui le cultivent avec succès.

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Le Premier Consul verrait avec plaisir la suppression du couplet qui lui est personnel dans le vaudeville du Tableau des Sabines.

 

Paris, 5 avril 1800

Au citoyen Fouché, ministre de la police générale

L’intention des Consuls de la République, Citoyen Ministre, est que le journal le Bien informé, celui des Hommes libres et celui des Défenseurs de la patrie ne paraissent plus, à moins que les propriétaires ne présentent des rédacteurs d’une moralité et d’un patriotisme à l’abri de toute corruption. Vous exigerez que chque numéro de ces journaux soit signé du rédacteur avoué.

Vous ordonnerez au préfet de police de prendre les mesures nécessaires,

1° Pour qu’il ne soit rien affiché sur les murs de Paris, et que les colporteurs ne crient aucun titre de journaux ou de pamphlets, sans un permis de la plice;
2° Pour que les marchands d’estampes n’exposent en vente rien de contraire aux bonnes mœurs et aux principes du gouvernement.

Le préfet de police ne permettra l’annonce au public d’aucune pièce de théâtre, si le directeur du théâtre n’a le permis du ministre de l’intérieur.

Les Consuls désirent que vous leur remettiez, dans la décade, un rapport,

1° Sur les mesures à prendre pour éloigner de Paris la grande quantité de réfugiés italiens et d’étrangers qui s’y trouvent sans aucun moyen de subsistance;
2° Sur celles que vous croirez convenables pour renvoyer du territoire de la République les émigrés rentrés dans le département de la Seine, qu’ils soient ou non en surveillance, à moins qu’ils n’aient réclamé leur radiation antérieurement au 4 nivôse dernier;
3° Sur les noms et la demeure d’une cinquantaine d’individus qui, accoutumés à vivre de mouvements révolutionnaires, agitent continuellement l’opinion, st sur les moyens d’éloigner de Paris ces mêmes hommes, dont plusieurs sont gagés par l’étranger, jouent tout espèce de rôle, et sont à l’enchère à qui veut les payer pour troubler la tranquillité publique.

Vous ferez enfin connaître à M. Payne que la police est instruite qu’il se comporte mal, et qu’à la première plainte contre lui il sera renvoyé en Amérique, sa patrie.

 

Paris, 7 avril 1800

Le ministre des relations extérieures, à M. le baron de Thugut, ministre des affaires étrangères, à Vienne. (Jean-Amédée-François de Paule, baron Thugut, 1736-1818. Il se retirera de la politique après Marengo)

Monsieur le Baron, je suis chargé par le Premier Consul de répondre sur-le-champ à la lettre, en date du 24 mars, que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire.

La proposition qui a été faite de prendre le traité de Campo- Formio pour base des négociations est conforme à l’usage établi depuis le traité de Westphalie parmi les nations européennes, chez qui le traité qui termine une guerre se trouve le plus ordinairement basé sur celui qui, entre les mêmes États, a terminé la guerre précédente.

Les chances de la guerre ont été, la campagne dernière, favorables en Italie aux armées impériales.

Plus d’un changement est survenu en Europe depuis les négociations d’Udine, cela est vrai et n’avait pu échapper au Gouvernement français, qui, comme le cabinet de Vienne, sent qu’en dernière analyse l’élément véritable d’un traité est dans la situation respective des puissances belligérantes, aussi avais-je été autorisé à proposer de fixer en Italie les indemnités que l’Empereur pouvait désirer.

Les ouvertures faites par le Gouvernement français au cabinet de Saint-James, les différentes réponses de ce cabinet, ont été publiées et discutées dans le parlement d’Angleterre. Elles prouvent que la France veut la paix générale et que l’Angleterre ne la veut pas. C’est la première observation que je dois faire, Monsieur le Baron, en réponse aux objections que contient votre lettre. Je dois ajouter que la proposition que vous faites de prendre pour base du traité la situation respective des deux Etats n’est, en d’autres termes, que celle même que j’ai eu l’honneur de vous faire, si ce n’est que la mienne avait encore un sens plus déterminé.

Mais, sans s’arrêter à des difficultés de style et de forme, je suis chargé d’acquiescer purement et simplement à votre proposition, de prendre pour base des négociations la situation respective des deux États. Il parait donc que nous sommes d’accord; et cependant rien n’a été statué, de la part de Sa Majesté Impériale, sur la proposition que j’avais eu l’honneur de faire d’une suspension d’armes. Ce n’est pourtant pas en continuant à se battre qu’on pourra convenablement établir la situation respective des deux puissances, et chaque jour pourra la voir changer, au gré de la fortune et d’après les hasards de la guerre. Quoi qu’il en soit, je vous réitère, Monsieur le Baron, la demande que Sa Majesté Impériale veuille bien indiquer de quelle manière elle désire que la négociation soit entamée, suivie, dans quel lieu elle propose de l’établir. Votre Excellence pensera sans doute que, puisque la suspension d’armes n’a point lieu, il est nécessaire d’ouvrir les négociations loin du théâtre de la guerre.

Permettez, Monsieur le Baron, que je vous exprime particulièrement mon regret de ce que, depuis quatre mois, nous soyons encore si peu avancés sur un objet aussi important, et-de ce qu’au moment où l’Europe se confiait à l’espoir d’une cessation d’hostilités, il faille la voir livrée encore aux calamités de la guerre.

 

Paris, 8 avril 1800

Au citoyen Lauriston, aide de camp du Premier Consul (Jacques Alexandre Bernard Law, marquis de Lauriston, 1768-1828. C’est lui qui portera à Londres la ratification des préliminaires de paix)

Le citoyen Lauriston partira demain pour se rendre á Dijon. Il annoncera, sur toute la route, que je passerai au commencement de floréal, et qu’une grande partie des gardes doit partir de Paris primidi. Il ira se loger au logement que l’on m’a préparé à Dijon. Il fera préparer le logement pour 300 grenadiers à pied et 200 grenadiers ou canonniers à cheval. Il m’écrira tous les jours, pour me faire connaître le nombre de conscrits qui arrivent, et tout ce qu’il pourrait y avoir de nouveau. Il ira à Auxonne pour me mettre au fait de la situation de l’artillerie, de la construction des traîneaux, etc….

 

Paris, 9 avril 1800

Au général Berthier, commandant en chef l’armée de réserve.

L’instruction que vous avez adressée, Citoyen Général, par ordre des Consuls, le 4 de ce mois, au général Moreau, sur l’ouverture de la campagne, et dont je vous envoie copie (voir lettres du 20 et 22 mars), contient les bases du plan général des opérations qui doivent s’exécuter. L’instant proche où les colonnes de l’armée du Rhin vont s’ébranler, et c’est 1’armée de réserve à vos ordres qui, entre celle du Rhin et celle d’Italie, doit établir entre elles le concert d’opération qui doit avoir lieu et former le centre de la grande ligne dont la droite est à Gênes et la gauche au Danube.

L’intention des Consuls est qu’avant d’aller à l’armée de réserve vous vous rendiez au quartier général de l’armée du Rhin, pour vous concerter avec le général Moreau sur la série des opérations combinées, le plus parfait ensemble étant indispensable.

Vous avez trois objets à remplir : le premier est d’appuyer le mouvement que l’armée du Rhin doit faire en Souabe pour ouvrir la campagne, et lui donner du secours au besoin ; le second est de pénétrer en Italie avec la majeure partie de l’armée de réserve et la colonne du général Lecourbe, qui s’y trouvera réunie sous votre commandement; le troisième est de laisser en Suisse, lors de votre passage par le mont Saint-Gothard et le Simplon, un corps de troupes suffisant pour garantir la Suisse de toute invasion dit côté de Rheineck et Feldkirch. Ce corps devra rester attaché à l’armée du Rhin, dès l’instant de votre entrée en Italie.

C’est sur ces divers points que vous avez à vous concerter avec le général Moreau; et, comme il est essentiel que le Gouvernement sache avec précision ce dont vous serez convenus, l’intention des Consuls est que vous m’adressiez la rédaction que vous aurez faite, signée de l’un et de l’autre.

Lorsque les premières opérations seront faites, je vous transmettrai les nouvelles instructions qui me seront données par les Consuls.

 

Paris, 9 avril 1800

Au général Masséna, commandant en chef l’armée d’Italie

Les Consuls de la République me chargent, Citoyen Général, de vous faire part des projets qu’ils ont formés pour la campagne prochaine.

Les opérations de l’armée du Rhin commandée par le général en chef Moreau, et de l’armée de réserve aux ordres du général Berthier, qui se rassemble à Dijon, doivent se correspondre et s’exécuter avec beaucoup de concert et d’ensemble.

L’armée du Rhin entrera la première en campagne, ce qui aura lien du 20 au 30 de ce mois ; elle sera partagée en deux corps; l’un d’environ 100,000 hommes, sous les ordres immédiats du général Moreau, passera le Rhin, entrera en Souabe et s’avancera du côté de la Bavière, jusqu’à ce qu’il puisse intercepter, par sa position , la communication de l’Allemagne avec Milan par la route de Feldkirch, Coire et les bailliages italiens de la Suisse.

L’autre corps de l’armée du Rhin, formant son aile droite, sera d’environ 25,000 hommes sous les ordres immédiats du général Lecourbe. Sa destination est d’occuper d’abord la Suisse pour assurer le flanc droit du corps qui doit entrer en Souabe, faciliter cette invasion et contenir les ennemis hors de la Suisse, en les empêchant de pénétrer par Rheineck, Feldkirch, le Saint-Gothard et le Simplon. Ce premier objet rempli et le général Moreau étant parvenu à douze ou quinze marches de ces passages sur le Rhin, le général Lecourbe passera avec son corps sous les ordres du général Berthier, traversera le Saint-Gothard et entrera en Italie. En même temps, une par l’armée de réserve se portera dans le Valais et pénétrera en Italie, soit par le Simplon, soit par le Saint-Gothard, pendant que le reste de la même armée prendra en Suisse la place du corps conduit par le général Lecourbe.

C’est à cette époque précise, Citoyen Général, où les troupes dirigées par le général Berthier entreront en Italie, que vous devez combiner vos mouvements avec les siens, afin d’attirer sur vous l’attention de l’ennemi, l’obliger à diviser ses forces et opérer votre jonction avec les corps qui auront pénétré en Italie. Jusqu’alors vous vous tiendrez sur la défensive. Les montagnes qui vous couvrent rendant forcément inactives la cavalerie et l’artillerie de l’ennemi vous assurent la supériorité dans ce système de guerre, c’est la certitude de vous maintenir dans vos positions, ce qui, jusqu’alors doit être votre véritable et seul objet.

L’offensive de votre part serait dangereuse avant cette époque parce que, lors de votre entrée dans les plaines, elle remettrait en action des forces ennemies que la nature des pays de montagnes occupés par vous tient paralysées. Il serait impossible de vous faire parvenir   directement des secours suffisants pour vous donner une supériorité décidée. C’est par la Suisse que ces secours vous arriveront, en prenant les derrières de l’ennemi. Votre jonction faite, cette supériorité sera décidée; alors l’offensive sera reprise, les places du Piémont, du Milanais seront enlevées ou bloquées, et l’armée française sortira par son propre courage de l’affreuse pénurie dont nous gémissons et à laquelle nous ne pouvons efficacement remédier.

Les colonnes qui pénétreront en Italie, soit par le Saint-Gothard et le Simplon, soit par un seul de ces deux points, si des circonstances particulières les déterminent à se réunir, seront probablement d’environ 65,000 hommes résultant de la colonne, du général Lecourbe, forte de 25,000 hommes, et de celle du général Berthier, forte de 40,000 hommes; sur quoi il se trouvera à peu près 6,000 hommes de cavalerie et 2,000 d’artillerie.

Pour déboucher en Italie, vous rassemblerez les forces que vous avez de disponibles sur les derrières jusqu’au Var; vous tirerez de celles qui sont répandues depuis le Var jusqu’au mont Cenis tout ce que vous jugerez convenable et prudent pour vous renforcer, et ce qui restera du mont Cenis jusqu’au Valais pourra former un corps particulier, qui sera mis à la disposition du général Berthier pour faciliter son mouvement.

Si vous jugez pouvoir nourrir, pendant ce court intervalle, la cavalerie qui est sur le Rhône, vous la ferez venir pour déboucher plus en force avec ce que vous avez. Dans le cas contraire, vous m’en donnerez avis, pour que je la fasse réunir à Lyon et déboucher par la frontière voisine de ce fleuve.

Lorsque vos opérations seront avancées à ce point, je vous transmettrai les instructions ultérieures qui me seront données par les Consuls pour l’achèvement de la campagne.

Vous connaissez trop bien, Citoyen Général, l’importance du plus profond secret en pareilles circonstances, pour qu’il soit nécessaire de vous le recommander. Vous emploierez toutes les démonstrations et apparences de mouvement que vous jugerez convenables pour tromper l’ennemi sur le véritable but du plan de campagne, et lui persuader que c’est par vous-même qu’il doit d’abord être attaqué. Ainsi, vous exagérerez vos forces, vous annoncerez des secours immenses et prochains venant de l’intérieur; vous éloignerez enfin l’ennemi, autant qu’il sera possible, des vrais points d’attaque, qui sont le Saint-Gothard et le Simplon.

Il me reste à vous prévenir que l’intention des Consuls est qu’en opérant votre jonction avec le général Berthier, vous vous portiez autant que possible sur votre gauche, et même en deçà de Turin, si vous le jugez nécessaire pour ne pas compromettre le salut de l’armée.

 

Paris, 11 avril 1800

Au général Masséna, commandant en chef l’armée d’Italie

L’adjudant général Reille, Citoyen Général, vous porte le plan de campagne. Les forces de l’armée du Rhin sont de 120,000 hommes, et celles de l’armée de réserve de près de 40,000 hommes; aussi j’ai tout lieu d’espérer des succès très-brillants qui vous tireront du malheureux local où vous êtes.

Vous serez tenu instruit, par le général Berthier et directement par le ministre de la guerre, des événements qui auront lieu sur le Rhin et en Suisse, afin que vous agissiez, dans le moment favorable, d’une manière digne de vous.

Si vous pouvez vous passer de l’adjudant général Reille, je désirerais l’avoir avec moi: vous savez l’estime que j’ai toujours eue pour cet officier.

 

Paris, 11 avril 1800

Au général Moreau, commandant en chef l’armée du Rhin

Je viens de recevoir, Citoyen Général, votre lettre du 18 germinal.  Le général Berthier, commandant en chef   l’armée de réserve,
à Bâle pour concerter avec vous l’exécution du plan de campagne.  La confiance du Gouvernement se repose entièrement sur ces
armées et leurs généraux.

L’armée d’Italie est faible. Elle est prévenue du rôle qu’elle a à jouer. On ne peut être rassuré sur sa position que par les mouvements
vigoureux de l’armée du Rhin et de l’armée de réserve. On a tout fait pour poser les bases de la paix; mais la modération n’a jamais été une des qualités de l’Autrichien vainqueur. Espérons que l’on changera de langage si les opérations de la campagne réussissent.

Croyez que personne au monde ne vous estime plus que moi.

 

Paris, 13 avril 1800

Au citoyen Lucien Bonaparte

Je vous envoie, Citoyen Ministre, le projet de loi sur les nouvelles impositions à percevoir. Je vous prie de faire un état détaillé et exact des recouvrements et dépenses dans l’an VI et l’an VII, des recouvrements et dépenses dans les six premiers mois de l’an VIII ceux présumés dans les six derniers, afin d’établir, une fois pour toutes, le véritable budget de la République, et de consolider la dette nationale en l’établissant d’une manière invariable.

 

Paris, 14 avril 1800

Au citoyen Carnot, ministre de la guerre

Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner l’ordre,

1° Au 7e régiment de dragons de se rendre à Rennes avec son dépôt pour faire partie du corps d’observation qui se réunit dans cette ville (ce régiment est dans la 17e division);
2° Au 19e régiment de dragons et au 3e de cavalerie de faire partir, le ler floréal, chacun un escadron de 150 hommes pour se rendre à Dijon (ces régiments sont dans la 17e division) ;
3° Aux deux bataillons de la 30e de ligne, qui sont à Paris, de se rendre à Dijon et de partir le 1er floréal ;
4° Au 19e régiment de chasseurs de se rendre avec son dépôt à Liège, pour faire partie du corps d’observation qui va se réunir dans cette place
5° Au bataillon de la 14e de ligne qui est à Lyon ou à Dijon, et à tous les détachements de cette demi-brigade qui pourraient se trouver à l’armée d’Italie, de se rendre à Paris, pour joindre les deux bataillons qui s’y trouvent.

Vous ferez connaître au général commandant l’armée de réserve que la 14e de ligne, qui précédemment avait été destinée pour l’armée de réserve, n’en fera plus partie, parce qu’elle se trouve remplacée par la 19e légère, qui s’est rendue de l’armée de l’Ouest à Dijon et qui n’était pas destinée pour cette armée.

Ainsi, l’armée de réserve sera composée de quatorze demi-brigades de ligne, indépendamment des 17e légère et 39e, qui doivent s’y rendre de l’armée d’Italie et qui sont deux demi-brigades ruinées.

Je vous prie de passer, le 28, la revue des deux bataillons de la 30e et des escadrons du 19e de dragons et du 3e de cavalerie, qui doivent partir le ler floréal pour l’armée de réserve, et de donner les ordres pour qu’il soit fourni à ces corps tout ce qui pourrait leur manquer.

Je désire que vous preniez les mesures pour que le reste du 19e de dragons et du 3e de cavalerie puisse partir pour l’armée de réserve dans le courant de floréal.