Correspondance de Napoléon – Août 1813
Bautzen, 16 août 1813.
Au maréchal Macdonald, duc de Tarente, commandant le 11e corps de la Grande Armée, à Lœwenberg.
Un espion qui vient de m’apporter des lettres de Danzig du 5 août, et qui dès lors mérite toute confiance, m’assure que l’armée russe est partie le 12 de Reichenbach pour se diriger sur Glatz et en Bohême, hormis le corps de Sacken, qui, le 12, a débouché de Breslau avec Blücher et Kleist pour se porter sur Liegnitz, et, le 15, a eu l’infamie d’enlever nos vedettes. Dans cette situation des choses, mon intention est de faire occuper la position d’Eckartsberg, derrière Zittau, par 100,000 hommes, et demain de faire occuper Rumburg, Schluckenau et Georgenthal. Cette position, que l’on m’assure être bonne, menace Prague par la meilleure communication qu’il y ait, et de là la communication aura lieu avec le camp de Königstein par Neustadt.
Le duc de Reggio est aujourd’hui à Baruth, et demain il entre en Prusse avec les 4e, 7e et 12e corps, dans le temps que le prince d’Eckmühl débouchera avec les Danois et le 13e corps par Hambourg, et que le général Girard, avec 12,000 hommes, débouchera par Magdeburg. Le maréchal Saint-Cyr est en position sur Königstein avec le 14° corps. J’ai fait établir des camps retranchés à Dresde, et j’ai mis cette place dans une position telle que j’ai huit ou dix jours pour pouvoir arriver au secours de ce point.
On m’assure qu’il y a à Lœwenberg une très-belle position; je crois qu’il en est question dans la guerre de Sept Ans. Faites-moi connaître si avec votre corps et le 5e, et 5 ou 6,000 hommes de cavalerie, ce qui vous ferait une soixantaine de mille hommes, vous êtes dans le cas d’occuper cette position, dans le temps que le prince de la Moskova avec le 6′ corps, ce qui lui ferait 70 à 80,000 hommes, prendrait position entre Bunzlau et Haynau.
Le duc de Trévise, avec trois divisions de la Garde, doit être aujourd’hui à Lauban.
Lorsque je serai assuré que Blücher avec York, Kleist et Sacken, ce qui ne doit pas faire 50,000 hommes, s’avance sur Bunzlau, et que Wittgenstein et Barclay de Tolly sont en Bohême, pour se porter sur Zwickau ou Dresde, je marcherai en force pour enlever Blücher.
Aussitôt que vous aurez des renseignements, tâchez de me faire connaître ce que vous avez devant vous. Du reste, je conçois d’assez belles espérances de tout ceci. Il me semble que les ennemis se livrent à de grands coups, et que cela doit en peu de semaines nous donner de grands résultats. Faites-moi connaître votre opinion de tout cela. La position de Lœwenberg, contre qui est-elle? Est-elle contre le corps qui viendrait par Hirschberg? Est-elle aussi contre le corps qui viendrait par Goldberg ? Je crois que la route de Hirschberg doit être montagneuse et difficile; cependant on m’assure que la communication est très-bonne.
Bautzen, 16 août 1813.
Au maréchal Macdonald, duc de Tarente, commandant le 11e corps de la Grande Armée, à Lœwenberg.
Ma ligne contre la Bohème s’étendra ainsi : la droite à Schandau sur l’Elbe; je fais occuper demain, 17, Rumburg et Georgenthal; le centre et le champ de bataille sur la position de Zittau, la gauche aux montagnes des Géants vers Neustadt, Greifenberg et Friedeberg. Je fais occuper Friedland. Je désire connaître quelle est la nature du pays et des communications entre Lœwenberg, Friedeberg et Neustadtl ; quel est le débouché de Hirschberg sur Greifenberg et Marck-Lissa. Donnez-moi aussitôt tous les renseignements que vous pouvez avoir là-dessus. Y aurait-il une ligne à occuper pour lier Lœwenberg avec les montagnes des Géants, où s’appuie la gauche de mon armée opposée à la Bohême?
Bautzen, 16 août 1813.
Au prince Poniatowski, commandant le 8e corps de la Grande Armée, à Ostritz.
Le major général m’a mis sous les yeux votre lettre du 15, dans laquelle vous proposez de prendre une position à Gœrlitz, faisant face à Bunzlau. Mon intention est, au contraire, d’occuper la position en arrière de Zittau, dite de l’Eckartsberg, avec 100,000 hommes, et de m’emparer, dès après-demain, des petites villes de Rumburg, Schluckenau, Gcorgenthal et Kreybitz, de manière à avoir une communication directe de Neustadt à Zittau. Reportez donc vos troupes en avant, et faites-moi connaître votre opinion sur ce projet. Comme je ne connais pas les localités, quelle est la position que l’ennemi peut prendre pour s’opposer à celle d’Eckartsberg ?
Établissez des postes de cavalerie sur la direction de Bautzen, afin que la correspondance soit très-rapide.
Le duc de Bellune arrive ce soir avec son corps à Rothenburg, et le 1e corps de cavalerie à Gœrlitz. Je suppose que la cavalerie n’est pas d’un grand effet sur toute cette frontière. Entre Zittau et Schandau, y a-t-il des montagnes? Étudiez bien les positions.
Si vous savez où est le colonel Bernard, mon aide de camp, qui a déjà parcouru ces lieux, faites-lui connaître qu’il doit sur-le-champ revenir à Bautzen. La division Roguet, de la jeune Garde, forte de quatorze bataillons, est à Gœrlitz et vous appuiera. Faites-moi connaître la nature du pays entre Zittau et Gabel. Je pense qu’il y a un défilé. Y a-t-il aux environs de Gabel une position meilleure que celle d’Eckartsberg?
Bautzen, 17 août 1813, onze heures du matin.
Au général Mouton, comte de Lobau, aide-major de la garde impériale, à Bautzen.
Donnez ordre au général Ornano de partir sur-le-champ de Wurschen, avec sa division, pour se rendre à Gœrlitz. La division de la vieille Garde à cheval se rendra aujourd’hui à Reichenbach, ainsi que la division de la vieille Garde à pied. Le bataillon des vélites de Florence restera en garnison à Bautzen jusqu’à l’arrivée du premier bataillon du général Vandamme, qui arrivera après-demain, avant neuf heures du matin. Le général Lion, avec sa brigade de la vieille Garde, rejoindra à Reichenbach aussitôt que les 400 chevaux et l’infanterie du 14e corps qui doivent occuper Neustadt y seront arrivés.
Bautzen, 17 août 1813.
À M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Dresde
Monsieur le Duc de Bassano, j’ai reçu votre lettre du 16 au soir. Depuis longtemps je pense que MM. de Caulaincourt et de Narbonne se laissaient surprendre au style mielleux de Metternich. Les stipulations des Autrichiens avec les Russes sont arrêtées depuis le mois de février, et je suis persuadé que les conditions qu’ils voulaient m’imposer ont été signées et arrêtées entre eux alors.* L’échantillon de leurs projets se fait assez voir par celui qu’a apporté M. de Bubna, et qui probablement était un commencement pour accoutumer. Je porte aujourd’hui mon quartier général à Reichenbach. Donnez-moi des nouvelles de Dresde, de Leipzig et de M. de Rumigny. Recommandez à mon ministre à Cassel de se mettre en correspondance avec les préfets de Munster et d’Osnabrück, et avec les généraux qui commandent à Bremen et à Minden. Dites-lui de recommander au Roi d’avoir des, agents de ce côté-là pour savoir ce qui se passe.
- S. La division russe commandée par le général Kaïzarof a attaqué hier 16 les avant-postes à Laehn. Elle a été repoussée ; on lui a fait 2 à 300 prisonniers.
Bautzen, 17 août 1813.
À M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Dresde
Monsieur le Duc de Bassano, je vous envoie la Note avec des corrections. Il est bien important que les déclarations puissent bientôt être envoyées à Paris. Il me semble que, lorsque vous aurez fait partir cette Note pour Prague, vous pourrez communiquer le manifeste de l’Autriche et cette réponse à tous les princes de la Confédération, en leur annonçant que les pièces vont aussi leur être envoyées. Si vous avez rédigé les Notes en réponse au manifeste, vous pourriez les y joindre. Les changements que je pourrai y faire ne seront que pour l’impression. Il est convenable que vous donniez ordre au chargé d’affaires d’Autriche de quitter Paris.
NOTE DICTÉE PAR L’EMPEREUR EN RÉPONSE AU MANIFESTE DE L’AUTRICHE.
Le soussigné, ministre des relations extérieures, a mis sous les yeux de Sa Majesté l’Empereur et Roi la déclaration du 11 août: l’Autriche dépose le rôle de médiateur dont elle avait couvert ses desseins.
Depuis le mois de février, les dispositions hostiles du cabinet de Vienne envers la France étaient connues de toute l’Europe. Le Danemark, la Saxe, la Bavière, le Wurtemberg, Naples et la Westphalie ont dans leurs archives des pièces qui prouvent combien l’Autriche, sons les fausses apparences de l’intérêt qu’elle prenait à son allié et de l’amour de la paix, nourrissait de jalousie contre la France. Le soussigné se refuse à retracer ce système de protestations prodiguées d’un côté et d’insinuations répandues de l’autre, par lequel le cabinet de Vienne compromettait la dignité de son souverain, et qui dans son développement a prostitué ce qu’il y a de plus sacré parmi les hommes : un médiateur, un congrès et le nom de la paix.
Si l’Autriche voulait faire la guerre, qu’avait-elle besoin de se parer d’un faux langage et d’entourer la France de pièges mal tissus qui frappaient tous les regards? Si le médiateur voulait la paix, aurait-il prétendu que des transactions si compliquées s’accomplissent en quinze ou vingt jours ? Était-ce une volonté pacifique que celle qui consistait à dicter la paix à la France en moins de temps qu’il n’en faut pour conclure la capitulation d’une place assiégée? La paix de Teschen exigea plus de quatre mois de négociations. Plus de six semaines furent employées à Sistova avant que la discussion même sur les formes fût terminée. La négociation de la paix de Vienne, en 1809, lorsque la plus grande partie de la monarchie autrichienne était entre les mains de la France, a duré deux mois. Dans ces diverses transactions, les intérêts et le nombre des parties étaient circonscrits; et lorsqu’il s’agissait, à Prague, de poser dans un congrès les bases de la pacification générale, de concilier les intérêts de la France, de l’Autriche , de la Russie, de la Prusse , du Danemark, de la Saxe et de tant d’autres puissances-, lorsqu’aux complications qui naissaient de la multiplicité et de la diversité des intérêts se joignirent les difficultés résultant des prétentions ouvertes ou cachées du médiateur, il était dérisoire de prétendre que tout fût terminé, montre en main, en quinze jours. Sans la funeste intervention de l’Autriche, la paix entre la Russie, la France et la Prusse serait faite aujourd’hui.
L’Autriche ennemie de la France, et couvrant son ambition du masque de médiatrice, compliquait tout et rendait foute conciliation impossible; mais l’Autriche s’étant déclarée en état de guerre est dans une position plus vraie et toute simple. L’Europe est ainsi plus près de la paix : il y a une complication de moins.
Le soussigné a donc reçu l’ordre de proposer à l’Autriche de préparer dès aujourd’hui les moyens de parvenir à la paix, d’ouvrir un congrès où toutes les puissances, grandes et petites, seront appelées, où toutes les questions seront solennellement posées, où l’on n’exigera point que cette œuvre aussi difficile que salutaire soit terminée, ni dans une semaine, ni dans un mois; où l’on procédera avec la lenteur inséparable de toute opération de cette nature, avec la gravité qui appartient à un si grand but et à de si grands intérêts. Les négociations pourront être longues; elles doivent l’être. Est-ce en peu de jours que les traités d’Utrecht, de Nimègue, de Ryswick, d’Aix-la-Chapelle ont été conclus?
Dans la plupart de ces discussions mémorables, la question de la paix fut toujours indépendante de celle de la guerre. On négociait sans s’informer si l’on se battait ou non, et, puisque les alliés fondent tant d’espérances sur les chances des combats, rien n’empêche de négocier, aujourd’hui comme alors, en se battant.
Le soussigné propose de neutraliser un point sur la frontière pour le lieu des conférences ; de réunir les plénipotentiaires de la France, de l’Autriche, de la Russie, de la Prusse, de la Saxe; de convoquer tous ceux des puissances belligérantes, et de commencer, dans cette auguste assemblée, l’œuvre de paix, si vivement désirée par toute l’Europe. Les peuples éprouveront une consolation véritable en voyant les souverains s’occuper â mettre un terme aux calamités de la guerre, et confier à des hommes éclairés et sincères le soin de concilier les intérêts, de compenser les sacrifices, et de rendre la paix avantageuse et honorable à toutes les nations.
Le soussigné ne s’attache pas à répondre au manifeste de l’Autriche et au seul grief sur lequel il repose : sa réponse serait complète en un seul mot. Il citerait la date du traité d’alliance conclu le 14 mars 1812 entre les deux puissances et la garantie, stipulée par ce traité, du territoire de l’Empire tel qu’il était le 14 mars 1812.
Bautzen, 17 août 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, des dispositions prescrites pour le placement des divisions du général Vandamme et du maréchal Saint-Cyr il résulte que la 1e division du général Vandamme, qui arrive demain 18 à Stolpen, et après-demain de bonne heure à Bautzen, rendra disponible le bataillon des vélites qu’on laisse aujourd’hui à Bautzen (ce bataillon rejoindra le quartier général; on en profitera pour lui faire escorter un convoi); que la 2e division qui arrive à Dresde demain 18 sera à Neustadt le 19, et y relèvera la 42e division dans la garde des débouchés de Neustadt, Rumburg et Schluckenau , et qu’alors, dans la journée du 20 , s’il n’y a rien de nouveau, et si le général Vandamme ne reçoit pas l’ordre de se porter plus loin, la 42e division pourra se reporter sur Hohnstein, Schandau et le camp de Königstein; enfin que la 23e division, qui n’arrive que le 19 à Dresde, n’en pourra partir que le 20 ; je nie réserve de donner des ordres pour son placement.
Vous donnerez ordre que la division de la Garde du général Delaborde, qui est sous les ordres du général Lefebvre -Desnoëttes, et qui doit aujourd’hui et demain occuper Rumburg, soit remplacée dans la journée de demain par la brigade de la 42e division qui sera à Neustadt, et que le général Lefebvre reforme sa division , infanterie et cavalerie, sur Lauban, pour être disponible et pouvoir se porter partout où il serait nécessaire; bien entendu que l’ennemi ne serait pas en force aux environs. Cette 42e division, à son tour, se trouvera remplacée, le 19 ou le 20, par la 2e division du général Vandamme.
Mon intention est que vous fassiez connaître au général Durosnel les dispositions qui concernent les généraux Vandamme et Saint-Cyr, et qu’il en étudie l’esprit, afin qu’il puisse, de son chef, les prévenir ou vous prévenir si quelque chose se passait contre mes intentions. Faites connaître également au général Durosnel tout ce qui est relatif à la marche du général Dejean et à la formation de la colonne du général Margaron à Leipzig.
11 sera nécessaire que le général Vandamme occupe Hoyerswerda, avec la plus grande partie de sa cavalerie légère, deux pièces de canon et deux bataillons, en forme de corps d’observation, et pour maintenir les communications avec Luckau.
Bautzen, 17 août 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, vous ferez connaître au général Vandamme que mon intention est qu’il porte son quartier général à Bautzen; que sa 2e division se rende à Neustadt; que, occupant Schluckenau et Rumburg avec 3 ou 400 chevaux, cette division sera à même de se porter de là, dans un jour et demi, à Zittau, puisque de Neustadt, Schluckenau et Rumburg il y a un bon chemin qui va à Zittau. S’il était nécessaire, cette division pourrait aussi se porter dans un jour à Bautzen, ou enfin se porter sur le camp de Königstein dans un demi-jour, ou à Dresde dans une demi-journée. La 1e division, qui arrive demain à Dresde, se portera sur Bautzen. Quant à la 23°J comme elle n’arrive que le 19, elle ne peut partir que le 20; j’aurai le temps de donner des ordres, et l’échiquier se sera alors bien éclairci.
Vous ferez connaître au maréchal Saint-Cyr que du 18 au 19 Ici général Vandamme ayant relevé tous les postes de la 42e division à Schluckenau, Neustadt et Rumburg, cette division pourra se reployer sur Hohnstein et Schandau, prête à soutenir la division du général! Vandamme si elle en avait besoin, à la remplacer si elle se portait plus loin, ou à se porter sur la rive gauche de l’Elbe si les mouvements offensifs de l’ennemi devenaient décidés sur ce point.
Vous ferez connaître au général Vandamme qu’il doit, une ou deux fois par jour, correspondre avec le maréchal Saint-Cyr, et qu’il doit être placé des postes de cavalerie pour la correspondance.
D’ailleurs vous préviendrez ces deux commandants qu’ils correspondront entre eux, pour les choses importantes, par duplicata et par deux voies : les ordonnances de Königstein et les courriers qui seraient adressés par Dresde au général Durosnel. Vous leur ferez connaître que les mouvements de l’ennemi ne sont pas encore clairs; que mon intention est que le général Vandamme soit prêt à se porter au camp d’Eckartsberg, à une demi-lieue derrière Zittau et où se trouve le prince Poniatowski, s’il arrivait que l’ennemi se présentait de Bohême pour entrer en Saxe par le débouché de Zittau, qui est le seul vraiment praticable qui se trouve sur la rive droite; et que, dans ce cas, la 42e division remplacerait celle du général Vandamme pour surveiller Neustadt et le débouché de Rumburg. Mais si, au contraire, l’ennemi avec de grandes forces formait son opération sur la rive gauche pour marcher sur Dresde, le général Vandamme devrait se porter, selon l’indication du maréchal Saint-Cyr, ou sur le camp de Königstein ou sur Dresde, ce qu’il peut faire en un jour; et la division de Bautzen, qui serait la plus éloignée, en un jour et demi. Le maréchal Saint-Cyr réunirait ainsi dans le camp de Dresde plus de 60,000 hommes. Dans ce cas, le maréchal Saint-Cyr ne doit laisser dans la citadelle de Königstein et dans Lilienstein, pour garder les ponts et les batteries, en tout, que deux ou trois bataillons. Le général Vandamme doit donc placer ses troupes de manière à pouvoir se parler promptement sur Zittau et sur Dresde. C’est ce qui me porte à lui donner la direction d’une division â Bautzen, une à Neustadt et une à mi-chemin de Dresde à Bautzen, et cela jusqu’à ce que les événements prennent un caractère décidé et que les mouvements de l’ennemi soient plus connus.
Bautzen, 17 août 1813.
Au maréchal Gouvion Saint-Cyr, commandant le 14e corps de la Grande Armée, à
Mon Cousin, je ne saurais trop vous recommander de placer des postes entre Königstein et Bautzen, afin qu’indépendamment des postes du pays vos correspondances soient très-rapides. Il y a de Bautzen à Königstein neuf lieues ; il faudrait donc trois postes de cavalerie, et un de Königstein à Pirna.
Les rapports sont que 40,000 Russes sont entrés le 13 par Glatz en Bohême. Cette nouvelle est douteuse. Si cela est une combinaison de cabinet, si ces troupes se portent sur Prague, elles ne pourront y arriver que le 25 ou le 26. L’armée autrichienne ne peut opérer sur la rive droite que par les débouchés de Zittau; j’ai fait occuper par 40,000 hommes la position d’Eckartsberg près de Zittau, ce qui rendrait impossible son débouquement par cette gorge. L’armée autrichienne veut-elle opérer sur la rive gauche, le général Vandamme sera à Bautzen; une de ses divisions sera à Schluckenau et Rumburg, une autre à Neustadt, une troisième à Bautzen, le quartier général à Bautzen.
Je porte mon quartier général à Goerlitz, où je réunirai les cinq divisions de ma Garde, les 3e, 6e, 5e et 11e corps; le 1er et le 2e corps de cavalerie se réunissent à Bunzlau, ayant des camps volants à trois ou quatre marches sur la gauche. Vous occupez Pirna, le camp de Berggiesshübel, ayant une division à Stolpen, Schandau et Hohnstein. Les choses ainsi placées, je puis agir dans toutes les hypothèses. Ou les Russes et les Autrichiens réunis déboucheront en force sur Zittau et Gabelé, ce que le prince Poniatowski et le comte de Valmy croient impossible devant la position qu’ils occupent, renforcés par le 2e corps; mais, dans ce cas, le général Vandamme se joindra à eux en une marche et demie; votre 42e division remplacera les troupes du général Vandamme aux débouchés de Neustadt et de Rumburg; il se trouvera donc alors 70,000 hommes sur la position opposée à Gabel, et si dans ce moment la Garde n’est pas engagée ailleurs, je m’y porterai dans un jour avec 50,000 hommes, ce qui formerait là une armée de 120,000 hommes. Ou bien, si toutes les forces autrichiennes et russes se portent sur Dresde par la rive gauche, le général Vandamme marchera sur Dresde; deux de ses divisions n’en seront qu’à un jour; sa troisième n’en sera qu’à un jour et demi : vous réunirez donc sous vos ordres près de 60.000 hommes au camp de Dresde sur les deux rives. Le camp de Zittau devenant inutile se porterait sur Dresde, où il arriverait en quatre jours, et vous auriez plus de 100,000 hommes à Dresde. Enfin je me porterai avec les 50,000 hommes de ma Garde également à Dresde, si les circonstances l’exigeaient, et en quatre jours noua nous trouverions 160 à 180,000 hommes autour de Dresde.
Si l’ennemi pénètre par Bayreuth et arrive en Allemagne avec toutes ses forces réunies, comme il le publie, je lui souhaite bon voyage, et je le laisse aller, bien certain qu’il reviendra plus vite) qu’il n’aura été. Ce qui m’importe, c’est qu’on ne nous coupe pas de 1 Dresde et de l’Elbe; peu m’importe qu’on nous coupe de France. Cependant l’armée de Bunzlau, qui est de 130 à 140,000 hommes sans la Garde, peut être renforcée de la Garde; et je puis avec 180,000 hommes déboucher sur Blücher, Sacken et Wittgenstein, qui, à ce qu’il paraît, marchent aujourd’hui sur mes troupes, et, une ‘ fois que j’aurai détruit ou malmené ces corps, l’équilibre se trouvera] rompu, et je pourrai, selon les succès de l’armée qui marche sur-j Berlin, l’appuyer sur Berlin, ou marcher par la Bohême derrière^ l’armée qui se serait enfoncée en Allemagne.
Tout cela n’est pas encore clair. Ce qui est clair, c’est qu’on ne tourne pas 400,000 hommes qui sont assis sur un système de places fortes, sur une rivière comme l’Elbe, et qui peuvent déboucher indifféremment par Dresde, Torgau, Wittenberg et Magdeburg. Toutes les troupes ennemies qui se livreront à des manœuvres trop éloignées seront hors du champ de bataille.
Ceci est le résultat des nouvelles que j’ai aujourd’hui. Je vous tiendrai fréquemment au courant de ma position, selon les nouvelles j que j’aurai de l’ennemi, afin que vous soyez toujours dans le cas de manœuvrer d’accord et de prendre un parti. Gagner du temps, disputer le terrain et garder Dresde, avoir des communications très-sûres et actives avec Vandamme et le quartier général, voilà pour le moment ce qu’il est nécessaire de bien observer.
Une division russe a attaqué hier 16 le général Charpentier, à Laehn, croyant le surprendre; les Russes ont été repoussés, on leur a fait 100 prisonniers dont un officier; je l’attends avec impatience pour avoir des nouvelles.
Bautzen, 17 août 1813.
Au prince Poniatowski, commandant le 8e corps de la Grande Armée, à Eckartsberg.
J’ai reçu votre lettre. Mon intention est que vous fassiez faire un croquis de la position d’Eckartsberg, et que vous me fassiez connaître si elle peut cire occupée avec succès par 30,000 hommes. Faites requérir 3 ou 4,000 ouvriers du pays, et commencez cinq ou six redoutes bien fraisées et palissadées, afin de s’assurer de celte position importante.
Mon quartier général sera ce soir à Reichenbach ; adressez-moi là votre lettre. Le général Vandamme scia ce soir, de sa personne, à Bautzen; les 30,000 hommes de son corps y arriveront successivement. Il paraît que l’ennemi a, comme de raison, évacué Rumburg et Schluckenau; le général Lefebvre-Desnoëttes a ordre de les occuper.
Reichenbach, 18 août 1813.
À M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Dresde
Monsieur le Duc de Bassano, je porte mon quartier général à Gœrlitz. Mon armée s’est reployée sur Bunzlau et sur Lœwenberg. J’occupe en force la position de Zittau. J’ai mon quartier général à Gœrlitz. J’attends à chaque instant des nouvelles de Friedland et de Rumburg, où mes troupes sont entrées ce malin; elles me donneront peut-être des nouvelles sur ce qui se passe en Bohême. Nous ne sommes pas encore bien fixés à cet égard. Tous les rapports sont toujours que l’ennemi est entré en Bohême.
Indépendamment des fonds donnés à Gersdorf, donnez-en à Serra; que ce dernier ait cinq ou six officiers saxons en retraite qui puissent parcourir le pays et venir avec rapidité me rejoindre et m’apporter des nouvelles.
J’ai ordonné au général Dejean, qui arrive aujourd’hui 18 à Leipzig avec le général Margaron, d’y rester le 20. Il a avec lui 1,500 gardes d’honneur, deux bataillons d’infanterie et une batterie appartenant à la Garde. Le général Margaron a 7 à 800 chevaux. Le général Dejean avait ordre de partir le 20 avec les gardes d’honneur, le bataillon du 131e et une batterie de la Garde, pour venir à Dresde, mais je l’autorise à rester à Leipzig le 20, afin que la colonne qui part le 16 d’Erfurt puisse le remplacer à Leipzig. J’ai nommé le général Margaron général de division. J’autorise le général Dejean à laisser une batterie au général Margaron, si la batterie d’artillerie légère du 14e corps, qui doit arriver à Leipzig le 20 ou le 21, n’y était pas arrivée, et jusqu’à ce que cette batterie soit arrivée. Je l’autorise aussi à laisser le bataillon du 131e au général Margaron, jusqu’à ce que le bataillon des compagnies réunies, fort de 800 vieux
soldats, soit arrivé à Leipzig. Enfin je donne ordre qu’une colonne de trois bataillons de Bade et une demi-batterie activent leur marche et arrivent à Leipzig le 23 au lieu du 25. Par ce moyen, le général Margaron aura deux bataillons d’infanterie venant d’Erfurt, 1,200 hommes; trois bataillons de Bade, 2,100 hommes; cavalerie, 1,500 chevaux; une batterie à cheval française et une demi-batterie de Bade; total, au moins 5,000 hommes. Avec cette division, le général Margaron gardera Leipzig et formera une réserve sur les
derrières.
Cependant le général Dejean arrivera à Dresde avec un bataillon du 131e, une batterie de la Garde, 1,500 gardes d’honneur, un bataillon de Hesse-Darmstadt, et enfin un détachement de Würzburg. Écrivez dans ce sens au commandant de Leipzig.
- S. Envoyez la lettre ci-jointe par un exprès au maréchal Saint-
Reichenbach, 18 août 1813, an malin.
Au maréchal Gouvion Saint-Cyr, commandant le 14e corps de la Grande Armée, à Pirna.
Je vous ai écrit hier. Je porte ce soir mon quartier général à Gœrlitz.
Le prince de la Moskova et le duc de Raguse occupent le camp de Bunzlau; le duc de Tarente et le général Lauriston occupent le camp de Lœwenberg; le prince Poniatowski et le duc de Bellune, le camp de Zittau; les 4e, 12e et 7e corps sont en mouvement sur Berlin ; je n’en ai pas de nouvelles depuis le 16 au soir.
Nous occupons Friedland, et, à l’heure qu’il est, je suppose que nous occupons Rumburg.
La 42e division doit occuper toute cette ligne jusqu’à Rumburg, le débouché de Neustadt étant un point important à garder; mais la division du corps du général Vandamme, qui arrive le 19 à Neustadt, pourra la relever, et dès lors la 42e division deviendra disponible; vous la laisserez à Hohnstein, à Schandau et au camp de Königstein, à moins de fortes raisons pour l’appuyer à vous.
Le prince de la Moskova croit toujours que l’armée ennemie est entrée à Berlin ; tout cela pourtant n’est pas encore clair.
Le général Margaron est arrivé le 17 à Leipzig; il aura, du 20 au 23, 1,500 hommes de cavalerie, 4,500 hommes d’infanterie et douze pièces de canon, ce qui lui fera une division de 6,000 hommes pour occuper Leipzig. Correspondez avec lui, afin de le prévenir de tout ce qu’il serait nécessaire qu’il sût.
Dans toutes les occasions importantes ayez soin de me faire parvenir vos rapports par deux voies différentes, par la correspondance militaire et par Dresde, en adressant vos lettres au duc de Bassano ou au général Durosnel, qui me les enverront par l’estafette.
Reichenbach, 18 août 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, faites connaître au duc de Castiglione que la situation de l’armée est la suivante :
Le quartier général à Gœrlitz, le prince de la Moskova et le duc de Raguse au camp de Bunzlau; le duc de Tarente et le comte Lauriston au camp de Lœwenberg-, le duc de Bellune et le prince Poniatowski au camp de Zittau, occupant les districts de Bohême, de Friedland et de Rumburg; la Garde avec le quartier général à Gœrlitz. Les 4e, 7e et 12e corps débouchent aujourd’hui de Baruth sur Berlin; le maréchal Saint-Cyr est à Pirna; le général Vandamme entre l’Elbe et Bautzen; le général Durosnel occupe avec une bonne garnison Dresde, qui a été fortifié et mis en état de bien se défendre. Le prince d’Eckmühl débouche de son côté de Hambourg sur Berlin. Le général Girard, avec une division de 10,000 hommes, débouche de Magdeburg. Le général Margaron réunit à Leipzig une division de 6,000 hommes. Le duc de Castiglione réunit le corps de Bavière à Würzburg. Le général Lemoine est avec un corps d’observation â Minden. Le général de Wrede, avec les Bavarois, est sur l’Inn. Le vice-roi, avec l’armée d’Italie, est en avant de Laybach.
Dans cette situation des choses, vous ferez connaître au duc de Castiglione que j’espère que, dans les six premiers jours de septembre, le général Milhaud pourra le joindre avec 3,000 hommes de vieille cavalerie; que je crois qu’il a déjà 4,000 hommes: d’infanterie, et que j’espère que, dans les premiers jours de septembre, il aura reçu vingt bataillons de ses deux premières divisions, et se trouvera avoir un corps d’observation de 12,000 hommes, capable d’eu imposer à l’ennemi, et à l’abri des partisans; qu’il doit écrire à mon ministre à Stuttgart pour que, en cas que les partisans se glissent de ce côté, il sache les forces que le roi de Wurtemberg pourra réunir à Mergentheim pour protéger ses États, afin que le maréchal puisse combiner ses forces avec le corps wurtembergeois ; qu’il doit instruire les généraux qui commandent à Erfurt, à Leipzig, et le général Durosnel à Dresde, de tout ce qui viendrait à sa connaissance des mouvements de l’ennemi; qu’il doit faire courir le bruit qu’il attend 60,000 hommes de vieilles troupes , et qu’aussitôt qu’ils seront arrivés il se portera en Bohême; qu’il faut beaucoup faire sonner dans les journaux de Francfort et de Würzburg l’arrivée des régiments de cavalerie qui viennent d’Espagne; qu’il n’est pas probable que l’ennemi puisse prodiguer beaucoup de forces à des opérations extérieures avant que les événements le lui permettent, puisqu’il est environné de forces de tous côtés; qu’il faut que le duc de Castiglione écrive au ministre pour accélérer autant que possible la formation de son corps; que j’espère qu’à la fin de septembre il sera de plus de 30,000 hommes.
Chargez-le de laisser le général de division Terreau avec un bon général de brigade pour commander la ville et la citadelle de Würzburg; qu’il complète les cadres des bataillons du 127′ et du 128e, chacun à 900 hommes, de sorte qu’ils fassent ensemble 1,800 hommes ; qu’à cet effet il y incorpore des hommes isolés sortant des hôpitaux de Würzburg, d’Aschaffenburg, à raison de 60 hommes par compagnie, ce qui fera 700 malades. On désignera les régiments auxquels ils appartiennent, pour qu’on puisse les leur restituer; il les fera armer avec des fusils qui doivent se trouver à Würzburg, et les fera habiller et équiper, en faisant venir de Mayence des effets d’habillement dans un nombre proportionné.
Recommandez-lui de faire placer tous les hôpitaux: de Würzburg dans ta citadelle. Que, dans le cas où il serait obligé d’évacuer, il laisse dans la ville avec le général Turreau un bon général de brigade, homme de résolution et ferme; qu’il y laisse 3,000 hommes, deux compagnies d’artillerie, une de sapeurs, un officier supérieur du génie avec trois officiers de grade inférieur, un officier supérieur d’artillerie également avec trois officiers de grade inférieur, indépendamment de ceux des compagnies. Qu’il fasse placer sans délai toutes les farines et approvisionnements de siège dans les souterrains; qu’il s’assure que la place a le nombre de pièces et l’approvisionnement nécessaire pour soutenir un long siège; qu’il fasse connaître au général Turreau qu’il peut aussi y conserver une centaine de chevaux; que les sapeurs soient sur-le-champ exercés à la manœuvre du canon, et qu’il ordonne que 100 hommes de chaque bataillon soient également exercés à celle manœuvre; que, comme on doit s’attendre à recevoir des obus, il faut mettre dans des souterrains tout ce qui’ est nécessaire à la défense, et qu’on démolisse les baraques et les maisons inutiles. Qu’il y laisse une batterie d’artillerie de campagne1 avec les chevaux nécessaires pour atteler les huit pièces, c’est-à-dire 40 chevaux : ces pièces sont spécialement destinées à garder la ville. Qu’il fasse sur-le-champ raccommoder tous les ponts-levis et relever les barbettes dans les bastions.
Avec les 3,000 hommes d’infanterie le général Turreau doit garder Würzburg jusqu’à ce que l’ennemi ait amené l’artillerie de siège et ouvert la tranchée, ce que probablement il ne fera pas, et, lorsqu’il ne pourra plus se défendre dans la ville, il faut qu’il se concentre sur la rive gauche d’où dépend la citadelle : et, à cet effet, on établira une traverse et une pièce de canon sur le pont; il serait même nécessaire qu’à la dernière extrémité on en fit sauter une arche, sans laisser entrevoir cette intention dans ce moment. Ajoutez dans votre lettre an duc de Castiglione que, dans le nombre de 3,000 hommes nécessaire pour la défense de la place, les hommes se guérissant dans les hôpitaux, les artilleurs et les sapeurs ne sont pas compris, et qu’indépendamment du général de division Turreau et du général de brigade commandant en second il est nécessaire de laisser dans la place quatre colonels ou majors et huit chefs de bataillon; qu’il doit y avoir des vivres pour six mois; que les farines doivent s’y trouver, puisque j’en ai envoyé une grande quantité en réserve; que les fourrages, bestiaux, vin, bois, sel, on se les procure promptement dans les environs; qu’il pourra laisser 400 hommes de Würzburg; qu’obligé d’abandonner la place il emmènera avec lui toutes les autres troupes du pays; que ces 400 hommes qu’il laissera ne doivent pas compter dans les 3,000. On peut donc évaluer de la manière suivante la garnison que le duc de Castiglione laissera dans Würzburg sous le commandement du général Turreau : 3,000 hommes d’infanterie, 200 d’artillerie, 100 sapeurs, 100 ouvriers, 400 hommes de Würzburg, 100 hommes de Würzburg qu’on appliquera au service du canon ; total, 3,000 hommes. En supposant que le maréchal laisse dans les hôpitaux 1,100 hommes, cela fera donc une garnison de 5,000 hommes. À cet effet, il fera de préférence évacuer les malades qui ne doivent pas se rétablir promptement et ceux qui resteront hors de service; on laissera ceux qui peuvent guérir, et, au fur et à mesure de leur guérison, ce sera autant de renfort pour la garnison. Le maréchal aura soin d’avoir 1,500 fusils de rechange destinés à réarmer les malades. Avec cette force le général Turreau doit tenir la ville et les environs fort longtemps, et tenir en échec 12 à 15,000 ennemis.
Je pense que, la garnison étant suffisamment considérable, on doit construire sur-le-champ une bonne redoute sur la hauteur. La communication sera facile par le chemin creux dans le ravin. Cette redoute, faite dans toutes les règles et bien palissadée, aura l’avantage de retarder d’autant l’approche de l’ennemi de la citadelle.
Toutefois le maréchal ne doit quitter la place qu’à la dernière extrémité, et que lorsque évidemment quelque corps très-considérable se présenterait pour le déborder. Dans ce cas, il manœuvrerait avec le reste de son corps pour faire sa jonction avec les troupes wurtembergeoises et prendre une position qui couvre le Wurtemberg et Mayence, et maintienne le plus longtemps possible la communication avec Würzburg. Il faut que toujours il soit à même de couvrir Mayence, et d’en recevoir les divers renforts qui lui arrivent de France, ainsi que tout ce que le roi de Wurtemberg, les grands-ducs de Hesse-Darmstadt et de Bade pourraient lui envoyer, et même de se réunir aux Bavarois, si Munich était envahi et que ceux-ci fussent repoussés.
Annoncez au duc de Castiglione que, si l’ennemi s’affaiblissait ainsi d’un corps de 30,000 hommes contre les Bavarois et de 25,000 contre Würzburg, il serait promptement rappelé par les opérations de la Grande Armée. Dites au maréchal que je compte sur son zèle.
Reichenbach, 18 août 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Reichenbach.
Mon Cousin, la colonne du général Margaron doit être composée de 1,500 chevaux, une batterie d’artillerie légère et 1,200 hommes d’infanterie. Par l’ordre que j’ai donné, j’augmente cette colonne de trois bataillons badois et d’une demi-batterie, ce qui la portera à 5,000 hommes.
II serait nécessaire que le commandant d’Erfurt dirigeât six caissons de cartouches attelés sur Leipzig pour y être à la disposition du général Margaron. Faites-lui connaître que, s’il passe un général de brigade qui ait ordre de rejoindre l’armée, il l’envoie à Leipzig pour y prendre le commandement de l’infanterie. Comme cette colonne doit en définitive rejoindre l’armée, ce général se rendra alors à sa destination. S’il passe deux généraux, on pourra faire la même chose. Vous ferez connaître également au commandant d’Erfurt que si, indépendamment des 2,000 hommes nécessaires pour la garde de la ville, il peut fournir au général Margaron un ou deux autres bataillons, définitifs ou provisoires, et qui aient de la consistance, il les dirige sur Leipzig. Il me semble qu’il n’y a pas d’inconvénient à organiser au général Margaron une bonne division de 6,000 hommes. Écrivez également au commandant d’Erfurt que, s’il ne peut pas envoyer d’Erfurt des caissons de cartouches, il envoie au moins 100,000 cartouches à Leipzig, afin que le général Margaron n’en manque pas.
Prévenez le général Margaron que mon intention est qu’il corresponde avec le commandant d’Erfurt pour réunir sous ses ordres une division de 1,500 chevaux et 4 à 5,000 hommes d’infanterie et une douzaine de pièces d’artillerie, avec les cartouches nécessaires pour faire un bon service. Qu’il fasse fournir à ces hommes ce qui leur manquerait, des magasins de Leipzig; qu’il exerce sa petite colonne; qu’il place à la tête deux généraux d’infanterie et un de cavalerie, ce qui lui formera trois brigades; qu’il arrête les généraux de brigade et colonels qui passeraient pour se rendre à l’armée, jusqu’à la concurrence de ce qui lui est nécessaire.
Vous lui ferez connaître que mon intention est que cette colonne défende Leipzig et marche contre les partisans qui inquiètent le pays; et que si, contre toute attente, il était poussé par des forces supérieures, il se porte, à sa volonté, sur Dresde, sur Torgau ou sur Wittenberg, où il se trouvera appuyé et aura sa manœuvre indépendante.
Recommandez-lui de faire sortir des hôpitaux de Leipzig tous les convalescents et de les diriger sur Wittenberg et Torgau, où on les placera dans des bataillons d’hommes isolés que l’on forme. Il y a à Wittenberg de quoi leur fournir des armes et des habillements. Recommandez-lui de faire évacuer sur France, par la route de Cassel, tous les hommes qui ne sont plus propres au service. Que la même évacuation se fasse aux hôpitaux de Weissenfels, en dirigeant sur Wittenberg et Torgau les hommes qui pourraient encore servir, et les autres sur France. Avec les cartouches qui lui arriveront d’Erfurt il fera tirer à la cible, et il exercera son petit corps.
Vous ferez connaître au commandant d’Erfurt qu’il ne doit rien retenir de la Garde à pied, de la Garde à cheval, ni de l’artillerie; qu’il ne doit rien prendre du 14e corps, hormis la batterie d’artillerie légère que j’ai destinée au corps du général Margaron.
Reichenbach, 18 août 1813.
Au maréchal Kellermann, duc de Valmy, commandant supérieur des 5e, 25e et 26e divisions militaires, à Mayence.
Mon Cousin, je vous ai mandé que je désirais connaître le moment où la 51e et la 52e division seraient prêtes à Würzburg, c’est-à-dire où chacune aurait au moins neuf bataillons. Quand est-ce qu’arrivera le 5e corps de cavalerie, et quand est-ce que les 51e et 52e divisions et le 5e corps seront réunis à Würzburg et auront dix-huit pièces de canon ? Le ministre a dû diriger sur Mayence 10,000 conscrits de la marine et 4,000 conscrits de Hollande, en tout 1-4,000 conscrits, afin de compléter les bataillons qui doivent former la 53e et la 54e division. Quand est-ce que cela sera fait? Quand pensez-vous que le corps d’observation de Bavière ait quatre divisions, faisant au moins quarante bataillons, avec les batteries qui lui sont destinées?
J’ai formé à Minden un corps d’observation composé de six bataillons de la Ge division bis. Faites-moi connaître quand il sera réuni : ces bataillons partent de Wesel.
Je vais former à Leipzig un autre corps d’observation, sous les ordres du général de division Margaron, qui aura 6,000 hommes d’infanterie, 1,500 hommes de cavalerie et douze pièces de canon.
Vous avez 500 gardes d’honneur; vous pouvez les faire partir en les réunissant avec 500 hommes de cavalerie et 1,000 hommes d’infanterie, de sorte qu’il parle une colonne de 2,000 hommes; mais je pense qu’il convient de profiter pour le départ des gardes d’honneur de la circonstance d’un commandant ferme et qui lève toutes les difficultés que pourraient rencontrer ces nouvelles troupes.
Quand est-ce que les 400 chevaux seront fournis au dépôt de Francfort, et quand est-ce que les 1,500 chevaux, savoir les 500 provenant des marchés et les l.000 provenant de la réquisition des départements, seront fournis à l’artillerie ?
Vous aurez appris la déclaration de guerre de l’Autriche; il est donc convenable que vous ayez l’œil sur Kehl et sur Kastel. Je ne vois pas encore bien le plan de campagne des alliés. Mon quartier général sera ce soir à Gœrlitz. Le maréchal Saint-Cyr à son quartier général à Pirna, couvrant toute la frontière jusqu’à Hof. Le prince Poniatowski et le duc de Bellune sont au camp de Zittau. Le prince de la Moskova et le duc de Raguse sont au camp de Bunzlau ; le duc de Tarente et le général Lauriston sont au camp de Lœwenberg. Les 4e, 7e et 12e corps, sous les ordres du duc de Reggio, manœuvrent de Luckau sur Berlin. Le prince d’Eckmühl débouche de Hambourg sur Berlin; et le général Girard, avec une division, débouche de Magdeburg. Malgré toutes ces dispositions, il n’est pas impossible que les partisans ennemis passent l’Elbe entre Magdeburg et Hambourg ou entre Magdeburg et Wittenberg; mais alors le général Lemoine, commandant le corps d’observation de Minden, le général Margaron, commandant celui de Leipzig, la garnison d’Erfurt et le corps du duc de Castiglione en feront raison.
Reichenbach, 18 août 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
J’ai reçu votre lettre du 12 août. J’ai ici 365,000 coups de canon attelés, c’est la valeur de quatre batailles comme celle de Wagram, et 18 millions de cartouches. J’approuve la demande, qui vous a été faite par le général Sorbier, de 180,000 coups de canon et 25,000 coups d’obusier; mais il n’est pas nécessaire de les envoyer à Erfurt; il suffit de les avoir à Mayence et à Wesel pour les faire déboucher selon les circonstances. 9 millions de cartouches me paraissent bien forts. Faites venir les cartouches confectionnées de Strasbourg et de la Hollande; ayez-en à Mayence 2 à 3 millions prêtes à être expédiées, et faites faire le reste en conséquence des besoins.
Reichenbach, 18 août 1813.
Au directeur de l’estafette, à Reichenbach.
Le duc de Bassano a retardé mon estafette cinq heures. Vous ferez connaître que c’est contre mon intention, et qu’il ne faut attendre les lettres du duc de Bassano que quinze minutes. Ce ministre peut
m’envoyer des courriers et des estafettes extraordinaires quand il y a urgence, ou renvoyer à l’estafette d’après quand il n’y a rien de pressé. Mais je n’entends pas que, sous aucun prétexte que ce soit, mon
estafette soit retardée. Les estafettes doivent aller à cheval, les relais doivent être prêts, de sorte qu’on ne doit pas mettre douze heures de Dresde à Gœrlitz. Toutes les fois qu’on mettra davantage, il
faudra faire une enquête et punir.
Gœrlitz, 18 août 1813.
INSTRUCTIONS AUX MARÉCHAUX NEY, MACDONALD ET MARMONT.
Je viens de faire occuper la petite ville de Rumburg. Le bourgmestre et trois des principaux négociants sont venus à Gœrlitz. Il résulte de ce qu’ils disent que Wittgenstein, avec un corps de 40,000 hommes, est arrivé hier à midi dans la petite ville de Bœhmisch-Leipa, et que tous les Autrichiens qui étaient sur la rive droite de l’Elbe sont partis. Je m’empresse de vous donner cette nouvelle, qui paraît tout à fait sûre. Vous n’avez donc que peu de Russes devant vous.
Je viens d’arriver ici. Je me porte demain de bonne heure à Zittau. Envoyez-moi les renseignements que vous recueillerez de votre côté. Réunissez votre cavalerie et tâchez de faire des prisonniers pour avoir des nouvelles.
Gœrlitz, 18 août 1813.
Au général comte Vandamme, commandant le 1er corps de la Grande Armée, à Bautzen.
Monsieur le Général Vandamme, je vous envoie celte lettre par une estafette que j’expédie au duc de Bassano. Mes troupes ont occupé Rumburg. Voici les renseignements que j’ai reçus : Wittgenstein et 40,000 Russes sont entrés dans le pays, et les Autrichiens ont passé l’Elbe pour aller je ne sais où. Cela étant, mon intention est que votre première division, qui arrive aujourd’hui à Stolpen, n’aille pas à Bautzen, mais qu’elle se dirige par Neustadt sur Rumburg, ainsi que toute votre cavalerie légère. Vous trouverez là la 42e division appartenant au maréchal Saint-Cyr, vous la garderez avec vous si le maréchal Saint-Cyr n’est pas pressé par l’ennemi et s’il ne la redemande pas; s’il la redemande, vous la lui renverrez. Votre deuxième division part demain de Dresde, mandez-lui de partir de bonne heure pour arriver demain à Neustadt. Vous aurez ainsi deux divisions dans la main. Le général Lefebvre-Desnoëttes, avec 3,000 hommes et la division Delaborde de la jeune Garde, est à Rumburg et Georgenthal ; faites-lui connaître par un officier l’heure à laquelle vous arriverez.
Je me rends de ma personne à Zittau. Peut-être serai-je moi-même à Rumburg. Il serait possible que j’entrasse sur-le-champ en Bohême pour tomber sur les Russes et les prendre en flagrant délit. Le duc de Bellune sera demain de bonne heure avec son corps à Zittau.
Je suppose que vous recevrez cette lettre avant minuit. Vous enverrez sur-le-champ les ordres à votre première division, et partirez sur-le-champ aussi de votre personne pour arriver de bonne heure à Neustadt et vous porter le plus tôt possible sur Lobendau, la 42e division appuyée sur Nixdorf. Répondez-moi sur-le-champ par un officier que je renverrai à votre rencontre par Lobendau. Indépendamment de cela, vous m’écrirez par Neustadt aussitôt que vous y serez arrivé. Vous comprenez que cela est un coup de temps. Votre troisième division, qui n’arrive que demain 19 à Dresde, pourra être après-demain 20 à Neustadt. Si rien ne la dérange, elle y sera plus qu’à temps; il est inutile de la presser. Pressez votre artillerie.
Gœrlitz, 18 août 1813.
À M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Dresde
Monsieur le Due de Bassano, mes troupes sont entrées à Rumburg; c’est une seigneurie de Liechtenstein, de 18,000 âmes. Le bailli et deux des principaux habitants viennent de m’être présentés ici. Voici le résultat de ce qu’ils disent : Le général Wittgenstein, avec un corps de 40,000 hommes, est arrivé hier, à midi, à Bœhmisch-Leipa. Les Autrichiens, qui étaient là avec trois camps, se sont portés sur la gauche, au-delà de l’Elbe, soit qu’ils veuillent se porter sur Dresde, soit qu’ils veuillent se porter sur le Rhin. Le peuple, en Bohême, est pour la paix. Il n’y a point-là de landsturm ; personne n’est armé. Depuis quatre mois, ce qu’on peut avoir levé en Bohème se monte à 18,000 hommes. La Bohème n’a que dix-huit bataillons de landwehr. Dans mon calcul, en supposant que l’Autriche eût beaucoup remué le pays, j’avais estimé que 3 millions d’habitants pouvaient fournir 12,000 hommes; ainsi, s’ils en avaient fourni 18,000, ce serait un tiers de plus. Mais c’est loin du compte du général Narbonne, qui porte cela à 54,000.
Envoyez sur-le-champ, par courrier extraordinaire, cet avis au maréchal Saint-Cyr. Faites-lui connaître que la lettre est du 18, à sept heures du soir; que je me porte demain de ma personne à Zittau; que, s’il n’est pas commandé par une urgente nécessité, il fasse appuyer Vandamme par la 42e division, comme il en a l’ordre. Il ne serait point impossible que j’entrasse demain en Bohème, et que je me portasse sur les Russes et sur Prague.
La deuxième division du général Vandamme doit être arrivée aujourd’hui à Dresde; il est bien important qu’elle se porte demain sur Neustadt, comme elle en a l’ordre. Voyez le général Durosnel et le général de cette division, pour qu’elle se porte deux heures plus tôt et arrive à Neustadt de bonne heure. Aussitôt qu’elle sera arrivée, le général qui la commande enverra un officier au général Lefebvre-Desnoëttes, qui est à Rumburg, pour l’instruire de l’heure de son arrivée. Prévenez secrètement de tout cela le général Durosnel. 11 serait convenable qu’il fit embarquer 2 ou 300,000 rations de biscuit, 3 ou 400,000 quintaux de farine, comme pour les envoyer à Königstein ; niais je les ferai monter en Bohême jusqu’à Tetschen. Il faudrait qu’on fit cette expédition avec des marins de la Garde.
Les fortifications de Prague et les projets de l’ennemi commencent à s’éclaircir. Il est évident que les Russes ont la défense de la Bohème dans le temps que l’armée autrichienne de Bohême, que je suppose de 90 à 100,000 hommes, fera la guerre en Allemagne, peut-être sur Dresde. Je vais tâcher d’étriller les Russes et les empêcher d’aller à Prague.
Gœrlitz, 18 août 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Les communications du duc de Bassano vous auront fait connaître la conduite de l’Autriche. Le général Moreau, arrivé à l’armée des alliés, a ainsi entièrement levé le masque et a pris les armes contre sa patrie. Le général de brigade Jomini, chef de l’état-major du prince de la Moskova, a déserté à l’ennemi, sans avoir auparavant cessé ses fonctions; il va être jugé, condamné et exécuté par contumace.
Voici la position actuelle de l’armée.
Le quartier général est à Gœrlitz. Le maréchal Saint-Cyr, avec les 42e, 43e, 44e et 45e divisions, a son quartier général à Pirna, occupant de belles positions aux débouchés de la Bohême, et observant la frontière jusqu’à Hof; sa gauche est appuyée au fort, au camp et au pont de Königstein. Le général Durosnel est dans Dresde avec dix bataillons; la place est armée de cent pièces de canon. J’ai fait établir sur les deux rives de l’Elbe deux camps retranchés, où 40,000 hommes peuvent résister à 100,000. Les remparts démolis ont été réparés; les fossés ont été remplis d’eau. Sur la rive droite, la place peut soutenir un long siège; sur la rive gauche, le camp retranché étant forcé, elle peut encore se défendre plusieurs jours. Torgau est en état de défense. Wittenberg a été fort amélioré. Le général Dombrowski, avec un corps d’observation de 4,000 hommes, est en avant de cette ville. Magdeburg a une garnison de 16,000 hommes; le général Lemarois y commande, et sous lui le général Girard, qui, avec 8 ou 10,000 hommes de la partie active de la garnison, débouchera pour favoriser le mouvement des corps qui opèrent sur Berlin. Le général Vandamme est à Bautzen, ayant une de ses divisions à Neustadt et pouvant en une journée et demie joindre le maréchal Saint-Cyr au camp de Königstein, ou se porter sur Dresde. Le duc de Bellune et le prince Poniatowski sont au camp de Zittau, occupant les districts de Bohême, Rumburg et Friedland. Le duc de Tarente et le général Lauriston sont au camp de Lœwenberg. Le prince de la Moskova et le duc de Raguse sont à Bunzlau. Le général Corbineau, avec 3,000 chevaux et 4,000 hommes d’infanterie, est en observation entre Koltbus, Krossen et Sagan, maintenant ses communications avec Gœrlitz. Le duc de Reggio, avec le 4e, le 7e et le 12e corps, ainsi que le corps du duc de Padoue, qui est le 3e de cavalerie, marche de Luckau sur Berlin. J’ai fait fortifier Luckau. Le prince d’Eckmühl, avec le 13e corps et le corps auxiliaire danois, débouche de Hambourg, marchant également sur Berlin. Le général Girard, débouchant de Magdeburg, forme l’intermédiaire entre le duc de Reggio et le prince d’Eckmühl. Le général Margaron réunit un corps d’observation à Leipzig, fort de 6,000 hommes, infanterie, cavalerie et artillerie. Le général Lemoine commande à Minden un corps d’observation de 4 à 5,000 hommes. Erfurt a une garnison suffisante.
Dans celle situation, j’attends pour voir ce que feront les ennemis; et, pendant que les corps réunis à Lœwenberg, à Bunzlau, à Zittau et à Gœrlitz, tiennent en respect les années autrichienne, prussienne el russe, je fais manœuvrer sur Berlin. Jusqu’à cette heure, nous n’avons que des nouvelles confuses sur les mouvements de l’ennemi. On prétend que 100,000 hommes de l’armée russe et prussienne sont entrés en Bohême, et que l’empereur Alexandre est arrivé le 15 à Prague. Si cela est, ou bien les ennemis prendront l’offensive par Zittau, seul débouché praticable qui existe sur la rive droite, et alors ils seront arrêtés par le camp de Zittau et le corps du général Vandamme ainsi que la réserve de Gœrlitz, que je puis y porter en un jour et demi; ou bien l’ennemi, manœuvrera sur la rive gauche de l’Elbe, et débouchera par Tœplitz et Peterswalde pour se porter sur Dresde; alors le maréchal Saint-Cyr, dans deux jours, peut réunir 60,000 hommes, et en quatre jours je pourrai y être avec 150,000; ou enfin l’ennemi se livrera à des opérations hors de calcul, et entrera en Allemagne en se portant soit sur Munich, soit sur Nuremberg; alors ils me livreront à l’offensive toute la Bohême. Si, au contraire, l’entrée de l’armée russe en Bohême est fausse, ou qu’il n’y soit entré qu’un corps peu considérable, alors en deux jours je puis réunir 200,000 hommes contre l’armée ennemie en Silésie. -Vous voyez que voilà la guerre établie sur une grande échelle. Le général de Wrede est avec 30,000 Bavarois sur l’Inn. Le duc de Castiglione est à Würzburg avec quatre divisions, la 51e, la 52e, la 53e et la 54e. Vous savez mieux que moi où en est la formation de ces divisions ; mais dès le 14 août le duc de Castiglione avait 4,000 hommes. Je désire que ce corps ait le plus tôt possible ses batteries d’artillerie à pied el à cheval. Donnez des ordres à cet effet. Dans les premiers jours de septembre, le général Milhaud, avec 3 à 4,000 hommes de cavalerie venant d’Espagne, rejoindra le duc de Castiglione, qui se trouve déjà en position de protéger Würzburg, et supérieur à _ tous les corps de troupes légères ou partisans que l’ennemi pourrait jeter de ce côté.
Il reste à prévoir le cas où l’ennemi, oubliant les leçons du passé, se porterait avec 40,000 hommes sur Munich, et avec 25 ou 30,000 sur Würzburg, ce qui l’affaiblirait de 70,000 hommes. Voici ce que j’ai ordonné pour la défense de Würzburg, afin que vous puissiez .donner des ordres en conséquence : Le général de division Turreau s’enfermera dans Würzburg avec un général de brigade, quatre majors et huit chefs de bataillon, et la valeur de 3,000 hommes d’infanterie; deux compagnies d’artillerie ayant quarante chevaux pour atteler huit pièces; une centaine de chevaux, une compagnie de sapeurs , un officier supérieur du génie et trois officiers; un officier supérieur et trois officiers d’artillerie. Il aura des vivres pour six mois. Il aura en outre 400 hommes de Würzburg, et il y aura 1,100 hommes dans les hôpitaux; cela fera en tout une garnison de 5,000 hommes, les hommes des hôpitaux guérissant tous les jours et renforçant la garnison. Le général Turreau occupera la ville, qui n une très-bonne enceinte; sa batterie attelée lui servira pour se porter sur tous les points du rempart. Quand l’ennemi aura ouvert la tranchée devant la ville, sur la rive gauche, et que le général Turreau l’aura gardée le plus longtemps possible, il fera sauter une arche du pont, si cela est nécessaire, et gardera la ville par la rive droite, qui dépend entièrement de la citadelle. Il est nécessaire que les hommes isolés, sortant des hôpitaux de Hanau et d’Aschaffenburg, jusqu’à la concurrence de 800 hommes, se rendent à Würzburg; il faudra qu’ils y soient envoyés armés et habillés, et ils seront mis en subsistance, à raison de 20 hommes par compagnie, dans les bataillons du 123e et du 124e, de manière à les porter à 800 hommes par bataillon. Le duc de Castiglione n’aura alors que 1,600 hommes à fournir pour compléter cette garnison â 3,000 hommes. Prescrivez ces dispositions au duc de Valmy. Il faudrait qu’il y eût à Würzburg quelques armes et quelques habillements pour les hommes sortant de l’hôpital, qui, à mesure de leur guérison, seront incorporés dans ces bataillons.
Le duc de Castiglione, avec sa cavalerie, ses quatre divisions d’infanterie et son artillerie, prendra une position de manière à pouvoir être rejoint par les troupes que le roi de Wurtemberg réunit pour protéger ses États, et qui sont au nombre de A à 5,000 hommes, et de manière à maintenir ses communications avec Mayence, Strasbourg et Stuttgart. Il se réunirait avec les Bavarois, si ceux-ci étaient repoussés et obligés de repasser le Lech; et, recevant tous les jours des renforts, ce corps pourrait couvrir le Rhin. Vous sentez que l’ennemi me donnerait de nouvelles chances s’il s’affaiblissait de 60,000 hommes, indépendamment des 60,000 hommes qu’il faut qu’il oppose à l’armée d’Italie.
Dans cet état de choses, ayez l’œil sur Kehl. Il convient aussi qu’en attendant les conscrits réfractaires qui doivent remplir les cadres des bataillons du 123e et du 124e, du 127e et du 128e on complète ces bataillons au moyen d’hommes isolés sortant des hôpitaux, qui seront armés et habillés, et mis en subsistance dans ces bataillons. On en dressera procès-verbal et on tiendra note de leurs régiments respectifs, de sorte que ces hommes puissent par la suite les rejoindre. Cela offrira l’avantage que ces convalescents se rétabliront et garderont en même temps les places de Wesel, Kastel et Kehl. Si les circonstances devenaient plus urgentes, vous lèveriez les gardes nationales sédentaires de l’Alsace et celles des différentes places fortes de la frontière; mais il ne faut prendre cette mesure que lorsqu’il en vaudra réellement la peine. Il suffit pour le moment que vous ayez un bon commandant el deux bataillons, formés comme il a été dit ci-dessus, dans Kehl, deux dans Kastel, un à poste fixe dans le fort de Montebello, et quatre dans Wesel. Le cas arrivant, chaque général commandant une division militaire réunirait une ou deux compagnies des 5e bataillons pour en former des bataillons provisoires de garnison, chacun de quatre compagnies, qui seraient commandés par les chefs de bataillon et quatre majors.
En cas plus urgent, et l’ennemi ayant dépassé Würzburg, on arrêterait tous les détachements se rendant à l’armée, et on les réunirait à Mayence, Strasbourg et Wesel, pour former des bataillons provisoires de guerre; cela aurait l’avantage que ces bataillons serviraient à la défense de ces places, et qu’ensuite ils viendraient en masse réparer les pertes que l’armée aurait faites dans les batailles. J’ai ordonné qu’on approvisionnât Kehl et Kastel. Je pense aussi qu’il conviendrait de mettre une pièce en batterie sur chaque bastion de Mayence, de Strasbourg et de Huningue, ainsi que des autres places frontières. Faites tout cela tout doucement et sans secousse.
Pour l’Italie, les places à garder sont Alexandrie et la citadelle de Turin. Il serait convenable d’armer la citadelle de Turin, d’y avoir une compagnie d’artillerie et d’y commencer un approvisionnement pour 1,000 hommes pendant deux mois. Pour l’armement, il sera suffisant que l’artillerie nécessaire soit dans la place, et qu’il y ait une pièce en batterie sur chaque bastion. 11 faudra désigner pour la garnison deux bataillons, chacun de quatre compagnies tirées des 5e bataillons. Quant à Alexandrie, il faudra en désigner six. On pourra également y mettre en subsistance tous les hommes isolés sortant des hôpitaux. Examinez les états de situation, et voyez le parti qu’il y a à prendre pour avoir dans le Piémont une force mobile de quelques bataillons, de quelques cents chevaux et de quelque artillerie. Mon intention étant de lever (j’attends à cet effet le rapport que j’ai demandé à l’archichancelier) 00,000 hommes sur les classes arriérées, sans y comprendre ce que les départements dii Midi doivent fournir à l’armée d’Espagne, et de lever aussi la conscription de 1815, et comme vous avez beaucoup de cadres à remplir, indépendamment des 80,000 hommes qu’emploient les 6e bataillons, cela donnera des moyens de pourvoir à tout. 11 faudra alors diriger sur l’Italie et le Piémont la valeur de 12,000 de ces conscrits, tous de l’ancienne France, ce qui assurerait les places et la tranquillité du pays.
Gœrlitz, 19 août 1813, sept heures du matin.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Écrivez au prince de la Moskova ce qui suit :
« D’après toutes les nouvelles qu’on a, l’armée russe est entrée en Bohème. Il est certain que Barclay de Tolly, de sa personne, y était le 15, et tout porte à penser que Wittgenstein, avec un corps de 40,000 hommes, était le 17 à Bœhmisch-Leipa. On sait que Winzingerode et Miloradovitch sont allés dans une autre direction. Tout fait donc penser qu’il y a peu de Russes en Silésie, et qu’il n’y a que l’armée prussienne, qui paraît manœuvrer dans la direction de longer les montagnes, ayant l’intention de gagner Zittau pour se mettre en communication, par le grand débouché, avec l’armée autrichienne. L’Empereur part dans ce moment pour se rendre à Zittau, afin d’y reconnaître les positions. Il sera probablement ce soir de retour à Gœrlitz. »
Zittau, 20 août 1813.
À M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Dresde
Monsieur le Duc de Bassano, j’ai passé hier les montagnes et je suis allé à Gabel. Le général Neipperg y était avec 3 à 4,000 hommes et quelques pièces de canon. D’après les lettres qui étaient à la poste et les renseignements que je me sais procurés des habitants, il paraît que le quartier général était le 17 à Melnik et le 18 à Schlan, et qu’un corps russe sous les ordres de Wittgenstein y était arrivé, ainsi qu’un corps prussien. Je n’ai pas encore reçu l’estafette d’hier. Le duc de Vicence m’a trouvé comme je passais les montagnes de la Bohême. Tous les renseignements que l’on acquiert sont que l’ennemi a levé 7 hommes par 1,000 habitants, ce qui ferait une vingtaine de mille hommes. Le maréchal duc de Reggio n’est parti qu’hier de Baruth; nous ne devons pas larder à en avoir des nouvelles. Le prince de la Moskova à Bunzlau, et le maréchal Macdonald à Lœwenberg, ont eu des affaires de postes, et je pense qu’ils en auront eu d’assez considérables, hier soir ou ce matin, pour nous donner des renseignements sur la situation de l’armée ennemie. Écrivez au prince archichancelier, afin que l’on n’ait point d’inquiétudes. On assure que les trois souverains ont dû se réunir hier à Schlan ou à Prague pour se concerter sur les opérations à faire.
Napoléon.
Je vous envoie ci-jointe une lettre ouverte pour le maréchal Saint-Cyr; fermez-la et envoyez-la à ce maréchal.
Zittau, 20 août 1813.
Au maréchal Gouvion Saint-Cyr, commandant le 14e corps de la Grande Armée, à Pirna.
Mon Cousin, j’ai passé hier les hautes montagnes avec une avant-garde de 4 à 5,000 hommes; je me suis porté à Gabel; un général de cavalerie ennemie s’y trouvait avec deux régiments de cavalerie et deux bataillons d’infanterie; on a tiraillé pendant une demi-heure. Voici les renseignements qu’il a été possible de prendre sur ce qui se passe en Bohême.
Schwarzenberg, commandant l’armée ennemie, avait le 17 son quartier général à Melnik; il paraît que le 18 il l’a porté sur Schlan, où était le camp de l’armée. Il paraît certain que Wittgenstein, avec un corps de Russes, a été à Jung-Bunzlau; on croit actuellement qu’il s’est porté sur Melnik : il paraît qu’une division prussienne y est aussi entrée. Le bruit court que le corps de Wittgenstein avec les Prussiens s’élève à 40,000 hommes.
J’ai donné ordre que le duc de Bellune campe avec son corps sur les hauteurs de Zittau, qu’on travaille avec activité à deux redoutes sur le col de la principale chaîne, par lequel on entre en Bohême. Le prince Poniatowski est à Gabel ; il battra l’estrade tout le jour
pour avoir des nouvelles. Le général Vandamme est à Rumburg. La principale chaîne de ce côté passe entre Rumburg et Leipa, à peu près à une lieue de Georgenthal. La grande chaîne est entre Georgenthal et Prague.
J’ai donné ordre que la 42e division soit renvoyée et rapprochée de l’Elbe; elle sera placée à Hohnstein, Schandau, Königstein, de sorte qu’on pourra en disposer suivant les événements.
J’ai donné ordre au général Vandamme de passer aujourd’hui la chaîne principale avec une division pour battre le pays et se lier avec le corps de Poniatowski. Le duc de Bellune a son parc et ses dépôts disposés de manière à pouvoir prendre la route de Dresde par Bautzen. Si l’ennemi prenait sur Dresde une offensive caractérisée, avant la mienne, vous donneriez avis au général Vandamme de tout ce qui pourrait l’intéresser; il en préviendrait le duc de Bellune.
On assure que les trois souverains ont dû se réunir hier pour calculer leurs opérations.
Je n’ai point de nouvelles du duc de Reggio; je sais seulement que le 19 il est parti de Baruth.
Il y a eu des affaires de postes vers Lœwenberg ; je pense qu’il y en aura eu d’assez importantes dans la soirée d’hier ou ce matin pour avoir des nouvelles sur le corps russe qui aurait été en Bohême.
L’ennemi aura su que j’étais en personne à Gabel ; cela mettra plus de lenteur et d’incertitude dans ses mouvements, quels qu’ils soient. M’étant assuré des principaux débouchés de la grande chaîne, je suis en position d’agir plus vivement selon les circonstances, lorsque les affaires seront plus débrouillées et que j’aurai un pressentiment de la tournure définitive qu’elles prendront à Berlin.
Je ne comprends pas votre lettre : le due de Bassano m’avait annoncé que vos troupes étaient entrées à Königstein.
Zittau, 20 août 1813, huit heures du matin.
Au général comte Vandamme, commandant le 1er corps de la Grande Armée, à
Monsieur le Comte Vandamme, j’ai été hier soir à Gabel. Le général Neipperg n’avait avec lui que trois bataillons d’infanterie légère, deux régiments de hussards et quatre pièces de canon. Le colonel Zichy lui écrivait de Rœhrsdorf le 19, à huit heures du soir, qu’il n’y avait rien de nouveau et que les alarmes de la veille n’étaient pas fondées. Hier, à neuf heures du soir, nous avons entendu deux coups de canon entre Rumburg et Georgenthal. Je suppose que ce matin vous aurez débouché et passé le col, et que vous aurez porté une division à Rœhrsdorf.
Je donne ordre au général Lefebvre-Desnoëttes de passer sous vos ordres avec sa cavalerie. Envoyez à Leipa et à Kamnitz pour avoir des nouvelles. Faites également reconnaître les routes qui conduisent à Tetschen. Il n’y avait point d’infanterie à Leipa, et, d’après les rapports du pays, il paraît qu’il n’y a point de corps de troupes considérable avant Schlan. Une colonne de Russes et de Prussiens paraît être entrée en Bohême pour renforcer l’armée autrichienne. J’espère que vous m’écrirez des nouvelles de Leipa, Rœhrsdorf et Kamnitz. Vous ferez prendre partout les lettres aux postes et m’en enverrez l’analyse. Envoyez-moi les curés, baillis et notables, afin que je puisse les interroger et avoir des renseignements. Employez deux compagnies de sapeurs à faire des redoutes et des abatis sur les deux mamelons qui dominent le col. Cette position ainsi retranchée est très-importante; car, en cas que je prenne l’offensive, un bataillon pourrait assurer la retraite, et, dans le cas de la défensive, elle ferait tête de position. Vos deuxième et troisième divisions seront placées en échelons entre vous et Dresde, et la division Delaborde, de la jeune Garde, restera en réserve à Rumburg, afin de pouvoir se mettre en mouvement selon les circonstances; si cependant vous en aviez besoin, vous pourriez vous en servir en réserve; mais je ne pense pas qu’avant quatre ou cinq jours vous ayez vis-à-vis vous des forces considérables.
Il est possible que je parle dans une heure pour Gœrlitz; en conséquence, vous m’enverrez en duplicata vos rapports. Vous communiquerez ici avec le duc de Bellune, à Gabel avec le prince Poniatowski, à Pirna avec le maréchal Saint-Cyr, et à Dresde avec le général Durosnel.
Il paraît qu’hier 19 les trois souverains se sont réunis pour tenir conseil. ,
Zittau, 20 août 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Zittau.
Mou Cousin, faites connaître au général Vandamme que je suppose qu’hier au soir 19, ou dans la journée d’aujourd’hui au plus tard, sa première division sera arrivée à Rumburg, que sa deuxième division, qui a couché le 19 à Stolpen , doit être en présence aujourd’hui 20; enfin que sa troisième division doit arriver aujourd’hui 20 à Stolpen; qu’il est convenable qu’il renvoie ce qui appartient à la 42e division sur Königstein ; il faut que celte division soit à portée des redoutes de l’Elbe et dons la main du maréchal Saint-Cyr; que ce mouvement doit s’exécuter dans la journée du 20, afin que, dans tous les cas où l’Empereur prendrait l’offensive un Bohème, la 12e division, se réunissant à celles du maréchal Saint-Cyr, puisse se porter en Bohême, ou, si l’ennemi attaquait le maréchal Saint-Cyr dans la journée du 21, la 42e division soit absolument dans sa main, et en six heures de temps puisse se réunir, par Königstein, au camp du maréchal Saint-Cyr; que le prince Poniatowski occupe Gabel; le duc de Bellune occupe Zittau.
Il est nécessaire que le général Vandamme, comme je le lui ai mandé hier, s’empare, dans la journée du 20, de Gcorgenthal et du col des montagnes par où passent les chaussées, entre Rumburg et Prague; qu’il lasse faire deux bonnes redoutes sur les hauteurs qui dominent ce passage, afin de pouvoir toujours en rester maître : ces ouvrages sont nécessaires, soit comme retraite, soit connue avant-postes. Il faut qu’il fasse aussi des incursions dans le pays avec une partie de sa première division, qu’il se joigne au prince Poniatowski, mais qu’il garde toujours ses deux dernières divisions en échelons, pour pouvoir se reporter sur Dresde en peu de temps, si les circonstances l’exigeaient.
Zittau, 20 août 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Zittau.
Mon Cousin, écrivez au général Vandamme qu’il a mal fait de diriger les régiments de lanciers sur Rumburg; que cet ordre n’a pas le sens commun.
Écrivez au général Lefebvre-Desnoëttes qu’il dirige les détachements de lanciers sur Lœbau, de là sur Gœrlitz, où le quartier général les fera rejoindre leurs corps.
Écrivez au général Vandamme : demandez-lui s’il a emmené avec lui les chevau-légers d’Anhalt ou non; on lui avait bien recommandé de les mener avec lui, quoiqu’ils n’eussent point d’armes.
Écrivez au duc de Trévise de rester dans la position où il recevra vos ordres, parce qu’il serait possible qu’où voulût marcher sur Lauban; qu’il écrive à Gœrlitz le lieu où il se trouve; pour plus de sûreté, qu’il l’écrive à Görlitz et ici, parce que, selon les circonstances, je serai dans l’un ou l’autre endroit.
Écrivez au général Roguet qu’il reste où il est; qu’il se repose et qu’il fasse des vivres.
Donnez le même ordre au général Ornano.