Correspondance de Napoléon – Août 1812
Vitebsk, 10 août 1812
Au comte Mollien, ministre du trésor, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, j’ai reçu la balance du trésor pour les premiers six mois de l’année. Je n’ai pas pu la lire avec toute l’attention que j’aurais voulu y donner. Les droits réunis et l’enregistrement doivent rendre ce qu’ils ont promis; les douanes seules sont douteuses. Parlez-en au ministre du commerce, afin d’arrêter nos idées là-dessus. Quant aux 40 millions de l’extraordinaire, ils seront couverts soit par 40 millions de biens des États romains, soit par 40 millions que produira le pays. Car, comme le trésor fait des budgets pour l’armée, les recettes que fera l’armée entreront au trésor. Ayez soin que ces dernières soient imputées sur l’extraordinaire.
J’ai frappé 2 millions de roubles de contribution sur la Courlande ; on a trouvé dans les caisses environ un million de roubles; il est vrai que ce n’est que du papier, mais cela fait toujours 3 millions de francs.
J’ai des magasins de sel considérables à Borisof ; j’en ai ici pour 15 à 20 millions. On m’assure qu’au moment du traînage, la Courlande viendra les prendre. Il serait bon que le ministre de la marine profitât de cette circonstance pour se procurer des mâts; je n’ai pas le temps d’en écrire au ministre de la marine ; voyez-le pour cela.
Ces mâts formeraient toujours une ressource, vu qu’ils pourraient être payés par le budget de la marine. Écrivez au payeur ici pour que les recettes du pays soient tenues en compte particulier et pour qu’il vous en instruise. Vous aurez soin de lui communiquer les dépenses que vous ferez par le budget, en ayant égard à la dépréciation des valeurs.
Vitebsk, 11 août 1812.
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Vilna
Monsieur le Duc de Bassano, écrivez à mon ministre à Berlin pour demander qu’en cas de descente sur un point quelconque des cotes le roi de Prusse fournisse un millier de chevaux et douze pièces d’artillerie, soit de Kolberg, soit de Graudenz. Écrivez à mon ministre à Dresde pour que dans le même cas la Saxe fournisse deux bataillons d’infanterie, un régiment de cuirassiers et douze pièces de canon. Écrivez à Stuttgart pour qu’on fournisse deux bataillons d’infanterie, un régiment de cavalerie et douze pièces de canon. Écrivez à Munich pour qu’on fournisse quatre bataillons, un régiment de cavalerie et douze pièces de canon ; à Bade pour qu’on fournisse un bataillon d’infanterie, 500 chevaux et six pièces de canon. Demandez que ces différentes troupes soient tenues prêtes à marcher à la première demande qu’en ferait le duc de Castiglione. Vous chargerez mes ministres de vous faire connaître si l’on peut compter là-dessus et si l’on peut même espérer davantage.
Écrivez au comte Saint-Marsan qu’il serait convenable que la cour de Prusse écrivît à Stockholm que la moindre entreprise qui serait faite contre le continent, soit en Prusse, soit dans la Poméranie, soit dans la 32e division militaire, tendant à troubler la tranquillité de l’Allemagne, provoquerait la marche de 30,000 Prussiens de la Silésie et des autres parties du royaume. Cette démarche faite par le roi à Stockholm, et notifiée au ministre suédois à Berlin, pourrait être utile. On ne redoute pas ce que peuvent faire les Suédois avec les Anglais et les Russes, mais une notification de ce genre, soutenue d’un ton fier et ferme, pourrait éloigner toute idée d’inquiéter l’Allemagne.
Vitebsk, 11 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vitebsk.
Mon Cousin, le 6e bataillon d’équipages militaires est parti hier avec 1,000 quintaux de farine : il doit arriver ce soir à Babinovitchi. Donnez ordre à ce convoi de continuer sa route pour Doubrovna, où je désire qu’il soit arrivé demain 12, ou au plus tard après-demain 13. Instruisez le prince d’Eckmühl de ce mouvement, et faites-lui connaître que les farines appartiennent à la Garde.
Donnez ordre au général Éblé de diriger les pontons sur Doubrovna , parce que ce chemin est le meilleur ; mais que lui, avec son équipage léger, se porte sur Rossasna ; que je désire qu’il soit de bonne heure, le 13, à Rossasna, afin que dans la nuit il m’établisse là quatre ponts de radeaux. Instruisez le prince d’Eckmühl de l’arrivée du général Éblé à Rossasna et de celle des pontons par Doubrovna.
Donnez ordre au général Chasseloup de se diriger sur Rossasna avec son équipage du génie, et d’y être le 13, afin de travailler promptement avec le général Éblé à y établir quatre ponts pour le passage de l’armée.
Instruisez encore le prince d’Eckmühl de l’arrivée du général Chasseloup, en lui faisant connaître que l’équipage du génie a une cinquantaine de voitures et 7 à 800 hommes ; que c’est à lui à protéger tout cela et à les diriger différemment, s’il y avait le moindre danger.
Vitebsk, 11 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vitebsk.
Mon Cousin, donnez ordre au commandant de la 32e division militaire de faire partir sur-le-champ le sieur Bourrienne de Hambourg et de la 32° division militaire, et de le renvoyer en France sous peine d’être arrêté vingt-quatre heures après la signification du présent ordre.
Vitebsk, 11 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vitebsk.
Mon Cousin, il résulte d’un état que m’a remis hier l’intendant général que la 3e et la 5e compagnie du 14e bataillon des équipages militaires devaient arriver le 9 à Vitebsk avec 165 voitures, portant 900 quintaux de farine; que les 3e et 5e compagnies du 7e bataillon devaient arriver le 10 avec 25 voitures portant 112 quintaux; que la 6e compagnie du 20e bataillon devait arriver le 10 avec 24 voitures et 257 quintaux de farine; que la 2e compagnie du 6e bataillon, ayant 61 voitures et 365 quintaux, devait arriver le 10; qu’ainsi donc, entre le 9 et le 10, il devait arriver 295 voitures portant 1,634 quintaux de farine. Faites-moi connaître s’il y a des nouvelles de ces voitures, et quand elles arriveront; faites dépouiller les situations du commandant de place pour savoir où elles se trouvent
La 1e compagnie du 6e bataillon, forte de 22 voitures portant 76 quintaux de farine, 28 de riz et 7,000 rations de pain biscuité, a dû arriver le 8; la 1e compagnie du 7e bataillon, forte de 18 voitures portant 135 quintaux, a dû arriver le 8; la 6e compagnie du 14e bataillon, ayant 90 voitures et 220 quintaux de farine, a dû arriver le 8 ; la 5e compagnie du 16e bataillon, ayant 03 voitures et 178 quintaux de farine, a dû arriver le 9; ainsi donc, le 8 et le 9, il devait arriver 193 voitures portant 6 à 700 quintaux.
Enfin, au 12, qui est aujourd’hui, il devrait être arrivé 900 voitures portant 440 quintaux de farine, 220 quintaux de seigle, 28 quintaux de riz; ce qui, joint aux 243 voitures qui sont ici, aux 80 du quartier général et aux 60 voitures du 6e bataillon qui sont parties, ce qui fuit 383 voitures, ferait 1,283 voitures présentes à l’armée; ce qui ne laisserait pas d’être une ressource considérable.
Vitebsk, 12 août 1812, trois heures du matin.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant le 4e corps de la Grande Armée, à Liozno.
Mon Fils, le roi de Naples est aujourd’hui à Lioubavitchi. Il fait occuper tous les bords de la petite Berezina. La division Bruyère occupe Roudnia. Votre mouvement se fera derrière le rideau. Il est bien nécessaire que vous envoyiez des officiers avec de petites patrouilles sur la route de Yanovitchi à Vitebsk, et que votre arrière-garde, qui est à Souraje, en envoie également sur la route de Vitebsk, pour faire replier sur Vitebsk tous les traîneurs isolés, en leur disant même que l’ennemi arrive, pour leur faire peur : c’est indispensable pour sauver bien des gens qui iraient se faire prendre. Un autre moyen, c’est de marcher doucement et de bien tenir tout votre monde réuni. Il faut même laisser une arrière-garde à Liozno, si le duc d’Elchingen n’en a pas laissé une, pour rallier derrière vous les traîneurs. Je laisse le général Guyon à Vitebsk pour battre la plaine. Je lui ai donné ordre de se mettre en communication avec le commandant de votre arrière-garde à Souraje. Recommandez bien à ce commandant d’ôter le pont sur la Dvina.
Je ne serai que le 13, à midi, à Babinovitchi. S’il y avait quelque chose de très-important, envoyez-le-moi en double à Babinovitchi et, pour le cas où quelque circonstance aurait retardé mon départ, à Vitebsk.
Vitebsk, 12 août 1812, trois heures du matin.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant le 1er corps de la Grande Armée, à Doubrovna.
Mon Cousin, le roi de Naples sera aujourd’hui 12, à midi, à Lioubavitchi. Vos trois divisions, le duc d’Elchingen et le vice-roi, tout est en mouvement sur le Dniepr. La Garde sera aujourd’hui à Babinovitchi. Je suppose que vous avez mis en mouvement le 8e et le 5e corps. Le général Éblé doit être demain à Rossasna avec tous les moyens pour jeter des ponts. L’équipage de pont, qui n’arrivera probablement que le 14, se rendra à Doubrovna; c’est aussi sur Doubrovna que j’ai dirigé différentes voitures chargées de farine. Le major général doit vous avoir instruit de tout cela. Peut-être partirai-je ce soir 12 pour me rendre à Babinovitchi; peut-être ne partirai-je que demain 13. Dans tous les cas, je désire trouver à Babinovitchi un de vos officiers qui connaisse tous les chemins et puisse me donner des renseignements sur les lieux où vous êtes et sur la position de toutes les troupes.
Vitebsk, 12 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vitebsk.
Mon Cousin, envoyez un officier au duc de Reggio pour lui faire connaître que nous n’avons pas reçu de ses lettres depuis celle du 8 à neuf heures du matin ; que des rapports me feraient penser que des troupes du corps de Wittgenstein sont en mouvement pour gagner Nevel et Velije ; que j’aurai mon quartier général à Doubrovna, sur le Borysthène, le 20, et que l’armée, sur la rive droite du Borysthène, marchera sur Smolensk ; qu’il n’y a à Vitebsk qu’une garnison de 3,000 hommes; qu’il est donc nécessaire qu’il couvre toujours cette place contre les agressions du corps de Wittgenstein, et surtout qu’il nous donne des nouvelles tous les jours; que cette manière de rester trois ou quatre jours sans écrire est tout à fait contraire au bien du service; qu’il a dû correspondre avec le duc de Tarente, qui est à Dinabourg et y a réuni toute sa 7e division.
Napoléon.
Vitebsk, 12 août 1812
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vitebsk.
Mon Cousin, donnez ordre au duc de Danzig de partir demain à la pointe du jour de Babinovitchi pour se rendre, par Sitna, sur le Dniepr, vis-à-vis Rossasna, conformément au croquis ci-joint. Il y trouvera le général Grouchy et le prince d’Eckmühl. Le duc de Trévise suivra ce même mouvement, ainsi que le petit quartier général, le parc du génie et l’équipage de pont.
Vitebsk, 12 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vitebsk.
Mon Cousin, écrivez au duc de Castiglione que vous ne comprenez pas comment il dit qu’il n’a pas un seul homme de cavalerie, puisqu’il a un beau régiment saxon de 700 hommes qui lui sera fourni aussitôt qu’il en aura besoin, mais qui sert en ce moment à la garde du roi de Saxe ; qu’il a an régiment de dragons à Hanovre, déjà fort de 800 hommes et qui le sera bientôt de 1,600; que quant à des expéditions d’armée de 60,000 hommes, cela est absurde; que les Anglais et les Russes ont autre chose à penser qu’à faire des descentes; que la Suède, si elle veut tenter quelque chose, attaquera la Norvège; que dans tous les cas cette puissance ne peut exposer plus de 15,000 hommes; qu’il est toutefois nécessaire qu’il aille inspecter la côte, qu’il passe la revue des troupes et reconnaisse par lui-même les localités.
Vitebsk, 12 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vitebsk.
Mon Cousin, j’ai demandé à Borisof 6,000 quintaux de farine : 2,000 sont arrivés ; il faut faire diriger les 4,000 autres sur Orcha. Si ce convoi était déjà en route, il faudrait ordonner que de l’endroit où il serait rencontré bu le dirigeât sur Orcha ou Babinovitchi. J’ai également fait réunir des moyens de vivre à Lepel; il faut les diriger sur Orcha. Enfin le district de Sienno est en bon état; envoyez-y un officier d’état-major avec des agents de l’intendance pour requérir 4,000 quintaux de farine et les diriger sur Orcha.
Quant à la route de l’armée, faites étudier une route qui de Kamen vienne sur Orcha. Par ce moyen, tous les détachements qui sont en ce moment en route pour venir à Vitebsk me rejoindront bien plus promptement. Je pense que de Kamen à Sienno et de Sienno à Orcha il y a un bon chemin et un bon pays. Tracez cette route et faites-la organiser. Orcha doit être considéré comme devenant le point d’appui de l’armée aussitôt que j’aurai passé le Dniepr et que je serai en marche sur Smolensk. Écrivez à Minsk, au gouverneur, que j’ai besoin de 10,000 quintaux de farine, qu’il les requière et les dirige sans délai sur Orcha. Demandez aussi 50,000 pintes d’eau-de-vie.
Vitebsk. 12 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vitebsk.
Mon Cousin, je viens de voir un ordre que le major des équipages vient de donner à deux compagnies, de se rendre au quartier général du 3e corps. Cet ordre est absurde, puisque le quartier général d’un corps change à chaque instant; il laissait l’officier dans l’incertitude sur ce qu’il avait à faire; aussi celui-ci allait-il prendre la direction qu’il ne fallait pas. Le major des équipages ne doit donner aucun ordre de départ, mais il doit aller à l’état-major général pour demander l’ordre, et, quand l’état-major n’y est pas, il doit s’adresser au commandant de la place, sans quoi le plus grand désordre existerait. Si, au lieu de donner cet ordre ridicule, le major était venu à l’état-major général, il en aurait reçu un ordre de départ pour Babinovitchi et Doubrovna. Tous les ordres de mouvement doivent venir de l’état-major général ou du commandant de la place; sans quoi, tous les mouvements ne pouvant être communiqués à tous les chefs de service, il en résulterait beaucoup de confusion. Donnez des ordres et prenez des mesures pour que cela n’arrive plus.
Vitebsk, 2 août 1812
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Vitebsk.
Mon Cousin, donnez ordre que 243 voitures des équipages militaires appartenant à différents bataillons, et qui se trouvent ici à vide et disponibles, partent à deux heures. Elles se dirigeront par Babinovitchi sur Doubrovna. Un commissaire des guerres et des agents des transports seront placés à la tête de ce convoi; un détachement de gendarmerie et quelques troupes en feront partie. Ils ramasseront tout ce qu’ils pourront trouver sur la route en farine, blé, seigle et avoine. Vous recommanderez que ces voitures ne perdent pas de temps en route; elles nous seront nécessaires, tant pour tirer parti de ce qui se trouvera dans les localités que pour les ambulances et le transport des blessés.
Vitebsk, 12 août 1812, cinq heures du soir.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant le 1er corps de la Grande Armée, à Doubrovna.
Mon Cousin, je serai à la pointe du jour à Babinovitchi, où j’espère trouver un de vos officiers, qui me fera connaître le chemin que je dois prendre et le lieu où sont les troupes. Vous pouvez faire avancer vos troupes sur la grande route jusque vis-à-vis Rossasna, c’est-à-dire jusqu’à Koziany sur la petite rivière de Rossasna. Comme il paraît que l’ennemi voudra défendre la petite rivière de Mereya, frontière de l’ancienne Russie, il sera bon que le prince Poniatowski et le duc d’Abrantès soient placés de manière à ne rien compromettre. Envoyez un officier au roi de Naples, qui doit être aujourd’hui à midi à Lioubavitchi. Vous lui ferez connaître que je serai demain à Rossasna, et que, s’il a des nouvelles du vice-roi et du duc d’Elchingen, il vous en donne. Tout porte à penser qu’il y aura une grande bataille à Smolensk, il nous faut donc des hôpitaux. Il en faut à Orcha, Doubrovna, Mohilef, Kokhanovo, Bobr, Borisof et Minsk. Faites choisir l’emplacement de ceux de Doubrovna et d’Orcha. Informez-vous s’il y a entre Doubrovna et Smolensk quelque couvent ou quelque grand château. Le grande quartier général part demain à cinq heures du matin pour Doubrovna ; il y sera en trois jours, c’est-à-dire le 15. Ayez soin que vos sapeurs et constructeurs de fours partent, aussitôt que l’avant-garde aura passé, pour Liady, afin d’y construire sur-le-champ des fours. Je suppose que vous avez fait venir à Doubrovna votre parc général, ainsi que ceux du prince Poniatowski et du 8e corps, afin qu’ils puissent s’approcher à cinq ou six lieues en arrière, et réparer toutes les pertes en munitions que l’on fera pendant la bataille.
Vitebsk, 12 août 1812.
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Vilna
Monsieur le Duc de Bassano, faites-moi connaître quand je pourrai retirer de Kovno, de Minsk, de Grodno et de Vilna les différentes troupes que j’y ai, et les remplacer par les nouvelles troupes lithuaniennes , pour la police et la garde des dépôts.
Bivouac de Boyarintsova, entre Krasnoï et Siniski, 15 août 1812.
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Vilna
Monsieur le Duc de Bassano, je suis à Krasnoï; je marche sur Smolensk. Il est possible qu’il y ait demain ou après une grande bataille. Une affaire d’avant-garde a eu lieu hier : la 27e division russe a été écrasée ; huit pièces de canon, dont six de 12 et deux obusiers, ont été prises; 1,200 à 1,500 prisonniers ont été faits. Les opinions des prisonniers sont partagées. Les uns prétendent que l’armée ennemie est tout entière sur Smolensk; d’autres qu’il n’y en a qu’une partie. Donnez ces nouvelles à Paris. Donnez-les aussi au duc de Bellune, au gouverneur de Königsberg et au duc de Castiglione. Communiquez-les également au général Reynier et à Varsovie. Vous aurez écrit au gouverneur de Minsk de bien organiser les postes jusqu’à Orcha, puisque c’est par cette route que passe aujourd’hui notre correspondance.
Smolensk, 18 août 1812.
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Vilna
Monsieur le Duc de Bassano, je rentre à l’instant; la chaleur est excessive et il y a beaucoup de poussière, ce qui nous fatigue un peu. Nous avons eu ici toute l’armée ennemie; elle avait ordre de donner ici bataille, et ne l’a pas osé. Nous avons pris Smolensk de vive force. C’est une très-grande ville, ayant une muraille et des fortifications respectables. Nous avons tué à l’ennemi 3 à 4,000 hommes, blessé
le triple, et trouvé ici beaucoup de pièces de canon; plusieurs de ses généraux de division ont été tués, à ce qu’on dit ici. L’armée russe marche fort mécontente et très-découragée dans la direction de Moscou. Schwarzenberg et Reynier réunis ont battu les Russes. l
(Note de l’original. — Sa Majesté s’étant jetée sur son lit immédiatement après avoir dicté cette lettre, et l’estafette étant partie sans retard, cette lettre est envoyée à M. le duc de Bassano sans être signée.)
Smolensk, 19 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Mon Cousin, donnez ordre au général de division Claparède de prendre position dans la tête de pont de la ville au-delà du Dniepr. Faites-lui connaitre qu’il cesse de faire partie du corps du prince d’Eckmühl avec sa division et qu’il retourne sous les ordres du duc de Trévise.
Donnez ordre au vice-roi de placer ses troupes sur les hauteurs de Smolensk, à peu près dans la position qu’occupait le duc d’Elchingen, afin de pouvoir déboucher sur la rive droite sur les deux ponts du duc d’Elchingen, aussitôt que la cavalerie aura débouché. Qu’il laisse la division italienne et la cavalerie légère bavaroise où elles sont, jusqu’à ce que mes derrières soient nettoyés des coureurs ennemis. Les garnisons qui étaient à Rossasna et à Khomino renforceront la garnison de Krasnoï.
Donnez ordre au prince Poniatowski de réunir son corps d’armée dans une position sur la droite de la ville, de rallier ses corps, de faire faire des appels, de bien reconnaître sa situation, les places vacantes par mort, et défaire des propositions pour les remplacements, de faire éclairer notre droite jusqu’à dix lieues, le long de la rive gauche du Dniepr.
Smolensk, 19 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Mon Cousin, écrivez la lettre suivante au duc de Reggio : « J’ai reçu vos lettres du 14. L’Empereur a vu avec peine que vous ne suiviez pas Wittgenstein , auquel vous êtes opposé, et que vous laissiez ce général maitre de se porter sur le duc de Tarente ou de passer la Dvina pour faire une incursion sur nos derrières. Vous avez les notions les plus exagérées sur les forces du général Wittgenstein, qui n’a que deux ou au plus trois divisions de troupes de ligne, six 3e bataillons sous les ordres du prince Repnin, et quelques milices qui ne valent pas la peine d’être comptées. Il ne faut point que vous vous en laissiez imposer par des pièges aussi grossiers. Les Russes publient partout et sur les derrières la victoire éclatante qu’ils ont remportée sur vous, puisque sans raison vous les avez laissés coucher sur le champ de bataille. La réputation des armes à la guerre est tout et équivaut aux forces réelles. Sa Majesté vous ordonne de chercher Wittgenstein et de l’attaquer partout où vous le trouverez, ayant soin de le manœuvrer s’il a une forte position ; s’il n’a point de position, il ne peut vous résister.
Le duc de Tarente, qui a ordre de se porter tout entier sur Riga, pour faire le siège de cette place, se trouve arrêté, par l’effet de vos manœuvres, sur Dinabourg. IL ne faut point que vous ajoutiez foi aux bruits répandus par l’ennemi que Repnin commande une division de la garde. Le prince Repnin n’est que général de brigade; il a jadis fait partie de la garde, mais depuis Austerlitz il en a été retiré. Vous n’avez de la garde qu’un escadron de Cosaques et un escadron de dragons. Le principe des Russes dans cette guerre est de disséminer les bataillons de garnison dans les différentes armées, afin de rendre plus difficile la connaissance de leurs mouvements et de leurs forces. C’est ainsi que Tormasof a eu en Volhynie la réputation d’avoir 60 à 80,000 hommes. Le prince Schwarzenberg a marché à lui avec 25,000 Autrichiens; ce fantôme s’est dissipé. Tormasof s’est trouvé n’avoir que deux divisions d’infanterie et deux de cavalerie formant 4,000 hommes; elles ont été dispersées, battues et ont perdu 3,000 hommes; on les a poursuivies pendant l’espace de vingt lieues ; on les poursuivait encore en Volhynie au départ de l’officier porteur des dépêches. Devant nous, les Russes disent avoir 300,000 hommes. Les habitants, officiers, généraux, tout le monde le dit. Le fait est que, si l’on ôte les milices armées de piques et quelque 3e bataillons qui ne comptent pas, ils n’ont que le tiers de ces forces. »
Smolensk, 19 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Mon Cousin, donnez ordre que le pont sur pilotis de Smolensk soit rétabli, et que le génie commence à y travailler dès aujourd’hui.
Smolensk, 19 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Mon Cousin, mandez au duc de Reggio qu’au combat de Krasnoï le roi de Naples et le duc d’Elchingen ont fait 1,500 prisonniers, pris huit pièces de canon et quatorze caissons attelés, et tué beaucoup de monde à l’ennemi; en outre, que nous avons poursuivi l’ennemi sur Smolensk, qui a une chemise en briques de dix pieds d’épaisseur et un chemin couvert ; que la moitié de l’armée ennemie était dans la ville et sur les glacis, et l’autre moitié sur la rive droite; que l’ennemi a été attaqué et battu ; qu’il a laissé 4,000 hommes sur le champ de bataille; qu’il a eu plusieurs généraux tués et 10 ou 12,000 blessés; qu’il a laissé une centaine de pièces de canon, dont plusieurs de siège, et qu’il a repassé le fleuve en grande hâte; que nous le poursuivons sur la route de Moscou.
Smolensk, 19 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Mon Cousin, donnez ordre que les ponts de Khomino et de Rossasna soient levés; que les hôpitaux et ambulances qui seraient dans ces deux endroits soient évacués, et que les détachements qui s’y trouvent soient employés aux garnisons d’Orcha, de Doubrovna et de Krasnoï. Il y a des fours à Orcha et à Doubrovna ; donnez ordre que l’on en construise six à Krasnoï. La route de l’armée sera par Minsk : organisez-la définitivement.
Smolensk, 19 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Donnez l’ordre au prince d’Eckmühl de réunir tout son corps d’armée dans une position au-delà du couvent, sur la hauteur, en faisant prendre la tête au général Friant, d’y réunir également sa brigade de cavalerie légère.
Vous lui ferez connaître que la division Claparède n’est plus sous ses ordres et rejoint le corps du duc de Trévise.
Smolensk, 20 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Mon Cousin, je vous prie de m’envoyer l’état des garnisons d’Orcha, de Doubrovna, de Liady, de Krasnoï et de Korytnia, afin que je voie si cette route est suffisamment assurée contre les incursions des Cosaques et s’il y a des précautions à prendre. Répondez-moi de suite.
Smolensk, 20 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Mon Cousin, donnez des ordres pour qu’aucun convoi ni troupe n’entre en ville. Le service pour l’armée se fera autour de la place ; faites reconnaître les chemins et les ponts à cet effet. Les convois de blessés et les voitures où seraient les généraux qui ont quartier au quartier général pourront seuls entrer en ville. Donnez des ordres pour que les voitures d’artillerie et d’équipages militaires soient parquées hors de la ville.
Écrivez à l’intendant général que le service des ambulances se fait mal ; qu’il est étonnant que depuis hier, où il y a eu des engagements d’avant-garde, les chirurgiens du quartier général, quelques ambulances et des voitures vides du quartier général ou autres n’aient pas été envoyés à l’avant-garde pour ramasser les blessés; que l’administration n’a aucune direction.
Donnez des ordres pour que la ville soit partagée en quartiers, qu’il soit formé des patrouilles d’infanterie et de gendarmerie d’une trentaine d’hommes, autant qu’il y aura de quartiers. Ces patrouilles seront destinées à fouiller les maisons pour arrêter les soldats russes malades qui s’y trouveraient ou enterrer ceux qui seraient morts. Tous les prisonniers seront renfermés dans des églises ou des couvents, sous bonne garde; et vous donnerez ordre que, sous quelque prétexte que ce soit, aucun ne soit relâché pour faire des corvées.
On se plaint qu’ils échappent.
Smolensk, 20 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Mon Cousin, témoignez mon mécontentement au général Chasseloup du peu d’activité qu’il met dans son service. Les débouchés de la ville n’ont pas été soignés par le génie, d’où il résulte des encombrements. Aucun officier du génie n’a suivi l’avant-garde, soit pour réparer les ponts, soit pour en construire sur chaque ruisseau et par là favoriser les communications d’avant-garde et les mouvements, soit en avant, soit en retraite. Prescrivez-lui de prendre des mesures pour que je n’aie plus de pareils reproches à faire au corps du génie et à lui personnellement.
Smolensk, 20 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Mon Cousin, écrivez au général Grouchy qu’il envoie au prince d’Eckmühl ses deux brigades, lorsqu’il sera en communication avec lui (ce maréchal faisant l’avant-garde) ; qu’il envoie de fortes reconnaissances pour s’assurer que les routes de Roudnia et de Yanovitchi sont libres et tâcher de communiquer avec Vitebsk par des agents; qu’il prenne enfin des informations pour faire l’historique de tout ce qui s’est passé sur Roudnia, depuis notre départ ; qu’il marche avec la plus grande partie de ses forces sur Doukhovchtchina; que, comme nous sommes ce soir sur Tsourikovo, il peut arriver dans la journée de demain jusqu’à la rivière.
Smolensk, 20 août 1812, orne heures do soir.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Mon Cousin, donnez ordre au vice-roi de faire partir, à trois heures du matin, le général Pino avec sa division; il se rendra à grandes marches à Inkovo pour se mettre en correspondance avec Vitebsk et agir suivant les circonstances. Donnez ordre au général Pajol de se rendre à Inkovo pour se réunir avec la division Pino, afin que ces deux divisions réunies, formant à peu près 8,000 hommes, infanterie et cavalerie, puissent se porter sur Vitebsk ou tout autre point menacé. Donnez ordre au général Pino de correspondre fréquemment avec vous, et au général Pajol de correspondre avec le gouverneur de Vitebsk et avec le général Guyon, qui commande la cavalerie légère, afin de ne pas manquer le moment de secourir Vitebsk et de le dégager des Cosaques qui l’environnent. Le général Pajol sera sous les ordres du général Pino. Faites connaître ces dispositions au général Grouchy, afin qu’il se lie avec les mouvements qui auront lieu. Enfin faites connaître au général Pino qu’il doit envoyer de forts partis pour purger mes derrières et donner une vigoureuse chasse aux Cosaques qui s’y étaient glissés.
Smolensk, 20 août 1812.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant le 4e corps de la Grande Armée, au camp de Smolensk.
Mon Fils, je vous envoie un rapport du commandant de Krasnoï. Vous n’avez donc pas donné des ordres à la cavalerie, comme je vous l’avais dit, pour protéger mes derrières et les couvrir des Cosaques ?
Smolensk, 21 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Mon Cousin, écrivez au général Latour-Maubourg qu’il donne ordre à la division Dombrowski, infanterie et artillerie, de rétrograder pour prendre la position la plus convenable pour garder Mohilef et Minsk, tenir en respect la garnison de Bobrouisk et le corps qui est à Mozyr. Comme ce dernier général n’a pas de cavalerie, le général Latour-Maubourg lui donnera une brigade de cavalerie légère forte au moins de 1,200 chevaux, ce qui devra compléter la division Dombrowski à plus de 6,000 hommes, cavalerie, artillerie et infanterie. Cette division fera revenir le bataillon qu’elle a à Grodno et se mettra en mesure. Le général Dombrowski aura soin d’envoyer des rapports aux gouverneurs de Mohilef et de Minsk, au gouverneur général de la Lithuanie à Vilna, et de vous rendre compte de ce que fait le corps de Mozyr, de la garnison de Bobrouisk et de ce qui se passe dans le pays.
Le général Latour-Maubourg, avec l’autre brigade de cavalerie légère, celle de cuirassiers et son artillerie, se portera entre Smolensk et Roslavl et fera occuper Roslavl par des reconnaissances pour soumettre le pays. Il fera partir de Mstislavl et de Roslavl, et autres points, des convois de farine, de bœufs, de blé, d’eau-de-vie pour l’armée. Il établira des postes de correspondance du point où il sera sur Minsk, afin qu’on puisse toujours lui envoyer des ordres.
Smolensk, 21 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Mon Cousin , donnez l’ordre au général Chasseloup de faire partir sur-le-champ le général Kirgener avec trois compagnies de sapeurs et une compagnie du Danube, pour suivre la route de l’armée, raccommoder tous les ponts que l’ennemi a endommagés, et même en construire de doubles pour faciliter les communications de l’armée, enfin pour faire tout ce qui est nécessaire pour améliorer le chemin.
- S. Il se partagera au moins en six ateliers.
Smolensk, 22 août 1812, trois heures et demie du matin.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Mon Cousin, donnez ordre au prince Poniatowski de laisser ici, pour être attaché à la garnison de Smolensk, un de ses régiments de cavalerie, et de partir avec son corps pour être rendu aujourd’hui à Bielkino, ou près de là. De là il se portera entre Yelnia et Dorogobouje, en se tenant toujours à deux ou trois lieues sur la droite du roi de Naples, qui était hier soir à Sloboda-Pnevo sur le Dniepr. Il se liera avec le roi de Naples par des patrouilles, afin de suivre son mouvement et de pouvoir prendre part aux combats d’arrière-garde qui peuvent avoir lieu. Il couvrira la droite de partis de cavalerie.
- S. Il écrira plusieurs fois par jour pour donner des nouvelles de l’ennemi, nouvelles qu’il sera plus à même de savoir que le Roi, puisque l’ennemi brûle les villages devant lui, et que le prince, se trouvant sur la droite, pourra trouver des villages et des habitants qui lui donneront des renseignements.
Smolensk, 22 août 1812, quatre heures du matin.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Mou Cousin, répondez au général Grouchy que j’approuve le mouvement qu’il veut faire; que, une fois en correspondance avec le roi de Naples, il suivra ses ordres; qu’il continue cependant à nous envoyer des renseignements; qu’il est plus à portée de savoir ce que fait l’ennemi que le roi de Naples, puisqu’il se trouve dans une ligne que l’ennemi ne défend pas; qu’il faut donc qu’il interroge les paysans et qu’il en tire le plus de renseignements possible ; que le roi de Naples était hier sur le Dniepr, à Sloboda-Pnevo.
Smolensk, 22 août 1812, quatre heures du matin.
Au maréchal Davout, prince d’Eckmühl, commandant le 1er corps de la Grande Armée, à Pnevo.
Mon Cousin, vous ne m’écrivez pas ; je désire que vous m’écriviez tous les jours; que vous m’envoyiez un détail du pays, l’emplacement de vos troupes et tous les renseignements qui peuvent m’intéresser. Je recommande au roi de Naples de ne pas trop fatiguer les troupes par cette extrême chaleur, de n’engager que des affaires d’arrière-garde, et de prendre position aussitôt qu’on aura lieu de penser que l’ennemi a pris la sienne pour recevoir bataille. Vous m’aviez aussi annoncé la carte du pays, que vous avez et qui me serait bien nécessaire.
Smolensk, 22 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Mon Cousin, donnez ordre au duc d’Elchingen de partir demain de sa position pour prendre celle de Sloboda-Pnevo, sur le Dniepr, et y faire bien rétablir les ponts. Il sera là à portée de soutenir le roi de Naples et le prince d’Eckmühl, s’il en est besoin.
Donnez ordre an vice- roi de partir à deux heures du matin pour se porter sur la route de Doukhovchtchina, qu’a suivie le général Grouchy. Il laissera ici un aide de camp pour prendre des instructions que je ferai demain matin. Il aura soin de laisser des postes de correspondance, afin que la communication soit très-rapide. Il enverra demain un officier au général Grouchy afin d’avoir des nouvelles, ce général devant déjà avoir communiqué avec le roi de Naples.
Smolensk, 22 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Mon Cousin, envoyez un officier au général Pino, qui est à Inkovo, pour lui donner ordre de communiquer avec Vitebsk; il s’y porterait avec tout son corps, s’il était nécessaire pour en avoir des nouvelles; mais, s’il pense qu’on puisse se passer de son infanterie, vu qu’il y a déjà à Vitebsk 8 à 10,000 hommes d’infanterie, il y enverra la cavalerie du général Pajol, si cela est nécessaire pour balayer les environs de cette ville, devant laquelle des Cosaques se sont présentés; ou bien il se contentera, si cela est suffisant, d’y envoyer la brigade du général Guyon, qui paraît avoir bien mal rempli la tâche que je lui avais donnée d’éclairer Vitebsk et de protéger les communications de cette ville avec l’armée. Ce général semble avoir peu d’activité.
Il est nécessaire aussi d’être bien instruit de l’infanterie que l’ennemi aurait à Souraje. Des postes de cavalerie seront laissés d’Inkovo à Smolensk, afin que la correspondance de ce côté puisse être rapide. Le général Pino enverra un de ses aides de camp à Vitebsk pour en rapporter promptement le rapport de tout ce qui s’est passé sur les deux rives.
Smolensk, 23 août 1812.
A Madame la comtesse de Montesquiou, gouvernante des enfants de France, à Paris.
Madame la Comtesse de Montesquiou, j’ai reçu le portrait du Roi, je l’ai trouvé fort ressemblant. Il me fournit une occasion, que je saisis avec plaisir, de vous témoigner toute ma satisfaction des soins que vous prenez de lui.
Smolensk, 23 août 1812.
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Vilna
Monsieur le Duc de Bassano, je n’ai point reçu de lettre de vous par l’estafette arrivée aujourd’hui.
Je donne ordre au duc de Bellune de venir promptement sur Kovno.
Je vais retirer le régiment illyrien et le 129e, qui sont à Vilna, pour les envoyer à Minsk ; je suppose que les troupes du gouvernement de Vilna sont suffisantes pour la garnison de cette ville.
Il me semble que Bignon marche mal ; il fait des diatribes contre le gouverneur, au lieu de l’appuyer. Le pays ne fait rien. Depuis que Hogendorp est à Vilna, les choses ont pris une meilleure tournure; mais c’est encore bien loin de ce que cela devrait être; le gouvernement dort.
Smolensk, 23 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Mon Cousin, donnez ordre au duc de Bellune de marcher sur quatre colonnes pour arriver rapidement sur Kovno.
Smolensk, 23 août 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Smolensk.
Mon Cousin, donnez ordre au duc d’Elchingen de porter son corps d’armée jusqu’à la poste de Mikhaîlovka, si le roi de Naples est à Dorogobouje. Instruisez-le que le vice-roi a ordre de se diriger sur le village de Prost, à moitié chemin de Doukhovchtchina à Dorogobouje; que le prince Poniatowski est parti hier et se dirige par Bietkino pour aller se placer entre Yelnia et Dorogobouje ; enfin, que les Westphaliens ont ordre de se rendre à Sloboda-Pnevo.
Donnez ordre aux Westphaliens de partir demain pour se rendre à Sloboda-Pnevo, sur le Dniepr, et d’y faire achever les ponts, de manière qu’il y en ait au moins quatre bons. Vous leur recommanderez de se mettre en communication avec le général Grouchy, qui est arrivé à Doukhovchtchina, et avec le vice-roi, qui a ordre de se Tendre au village de Prost.
Smolensk, 23 août 1812, six heures do soir.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant le 4e corps de la Grande Armée, à Pomogaïlova.
Mon Fils, le général Grouchy est arrivé à Doukhovchtchina. Je suppose qu’aujourd’hui votre tête sera à Pomogaïlova. Je ne vois pas de nécessité que vous alliez jusqu’à Doukhovchtchina; et, si les routes étaient bonnes et praticables, je désire que vous vous dirigiez sur le village de Prost, c’est-à-dire à mi-chemin de Doukhovchtchina à Dorogobouje.
Le roi de Naples était ce matin à la poste de Mikhaïlovka; je suppose qu’il sera ce soir à Dorogobouje avec le prince d’Eckmühl. Le duc d’Elchingen est à Sloboda-Pnevo ; il se rend demain à Mikhaïlovka. Les Westphaliens se rendent à Sloboda-Pnevo.
Le général Pino est arrivé à Inkovo. Il me semble qu’il a mal compris ses instructions, puisqu’il parait qu’il se porte sur Vitebsk; mais Vitebsk est dégagé de tout, et il n’avait ordre de s’y rendre qu’autant que cela serait nécessaire. Il est donc important que lui et le général Pajol, une fois qu’ils seront bien rassurés sur Vitebsk, reviennent vous joindre. Vous les ferez d’abord venir sur un point de la route de Smolensk à Porietche, d’où ensuite on les dirigera selon les circonstances.