Correspondance du maréchal Davout – Août 1809

A L’EMPEREUR ET ROI.

Brünn, 2 août 1809.

Sire, j’ai annoncé Votre Majesté qu’ayant été informé que les Autrichiens avaient fait faire des ouvrages en avant de Gœding, sur la rive droite de la March, j’avais envoyé un officier du génie pour en faire la reconnaissance.

J’envoie à Votre Majesté son rapport et un plan qui y est joint. Je vous prie de me faire connaitre si votre intention est que je fasse détruire ces ouvrages.

Dans ces cas, j’enverrais sur les lieux un régiment d’infanterie pour concourir avec les paysans à cette démolition.

 Je dois faire observer que nous n’occupons pas Goeding, parce que Votre Majesté, dans une de ses lettres, m’a dit de ne pousser mes avant-postes que jusqu’à un quart de lieue en avant de cette ville. Cependant, les Autrichiens occupant de ce côté une île de la March, à laquelle ils n’ont peut-être pas droit, j’ai l’honneur de demander des ordres à Votre Majesté, relativement à Gœding.

Différents rapports annoncent que les Autrichiens font des retranchements derrière la March, entre Olmütz et Gœding.

 

A L’EMPEREUR ET ROI.

Brünn, 4 août 1809.

Sire, j’ai reçu la lettre que Votre Majesté m’a fait l’honneur de m’écrire le I er août, relativement à M. de Lusignan. Les intentions de Votre Majesté seront remplies. Si M. de Lusignan refuse de signer la parole d’honneur que vous exigez de lui, il sortira du territoire occupé par vos troupes.

Les rapports que j’ai transmis à Votre Majesté, sur le mouvement des Autrichiens vers Olmütz, sur l’approvisionnement de cette place et sur le recrutement qui se fait en Bohème et Hongrie, sont tous confirmés.

Entre autres ouvrages que les Autrichiens font entre Olmütz et Goeding, ils construisent une tête de pont à Hradisch. Je rappelle à Votre Majesté ce que j’ai eu l’honneur de lui écrire relativement à l’occupation de Gœding.

Des personnes venues d’Olmütz ont déclaré qu’on y voyait assez souvent des officiers russes.

Je dois faire observer à Votre Majesté que sa lettre datée du Ier août m’a été apportée par un courrier extraordinaire, qui n’est arrivé qu’aujourd’hui 4.

 

A L’EMPEREUR ET ROI.

6 août 1809

Sire, je ne reçois qu’à l’instant la lettre de Votre Majesté du 3 août

Aussitòt que j’ai eu avis que les troupes autrichiennes qui étaient du côté d’Iglau se portaient vers Olmütz, j’ai envoyé un officier d’état-major, très-intelligent, qui a traversé l’armée autrichienne : j’ai transmis son rapport à Votre Majesté le 2 août.

Le même jour et le 4 août, j’ai adressé à Votre Majesté divers rapports et renseignements sur le mouvement de l’armée autrichienne vers la Hongrie, sur les ouvrages que l’on fait à Olmütz, et sur les recrutements qui ont eu lieu en Bohême et en Moravie.

Ces rapports sont confirmés par ceux qui sont arrivés depuis.

Le général Savary, duc de Rovigo (Delpech d'après Nicolas Morin)
Le général Savary, duc de Rovigo (Delpech d’après Nicolas Morin)

J’adresse à Votre Majesté la déclaration d’un officier autrichien déserteur, que j’envoie au duc de Rovigo, ainsi que celles de plusieurs déserteurs, dont l’un annonce avoir deux de ses frères dans la garde de Votre Majesté. J’adresse ce dernier au général Lauer, pour vérifier si ce fait est exact.

Ce déserteur, parti le 4 août de Kremsier, annonce que l’Empereur, l’Impératrice et les archiducs Jean, Ferdinand et Rudolphe, étaient dans cette ville depuis cinq jours; qu’ils devaient en partir le 6, pour aller en Hongrie, et que la majeure partie de l’armée suivait ce mouvement.

 Quant à la présence d’un général russe à Olmütz, je ne regarde ce rapport que comme une nouvelle de café ; je ne crois pas qu’ils aient levé le masque jusqu’à ce point. Il est possible qu’il y ait été vu quelques individus de l’armée russe.

Au reste, toutes les nouvelles qui arrivent d’Olmütz aux principaux habitants d’ici leur font craindre que la paix ne se fisse pas.

Je vais envoyer trois régiments d’infanterie, avec les outils nécessaires pour raser les ouvrages en avant de Gœding. Je ferai requérir, en outre, 3,600 paysans ; cependant, comme il y a 16 redoutes, il faudra, au moins, quatre ou cinq jours pour ce travail : j’irai moi-même sur les lieux, pour l’activer.

On va travailler à mettre le château de Brünn en état de défense.

J’ai l’honneur d’adresser à Votre Majesté la réponse de M. de Lusignan à la demande qui lui a été faite de sa parole d’honneur de ne point servir contre les armées françaises.

Si cette réponse ne remplit pas les intentions de Votre Majesté, je la prie de m’envoyer la formule de la déclaration que M. de Lusignan devra signer,

P.S. J’adresse aussi à Votre Majesté copie d’un ordre du jour de l’armée autrichienne.

 

 A L’EMPEREUR ET ROI.

Brünn, 8 août 1809.

Sire, j’ai reçu la lettre de Votre Majesté, du 6 de ce mois, à trois heures du matin .

Buste de larchiduc Charles. HGM Vienne. Photo Hardy
Buste de larchiduc Charles. HGM Vienne. Photo Hardy

Dès le 22 juillet, j’annonçais à Votre Majesté que Charles quittait le cercle d’Iglau et se rapprochait de Brünn.

Je lui faisais connaitre aussi l’existence des ouvrages en avant de Gœding, en lui demandant ses ordres pour leur destruction.

Le 2 août, j’ai transmis à Votre Majesté le rapport d’un offcier d’état-major qui avait traversé l’armée autrichienne et qui confirmait sa marche sur Olmütz.

J’ai envoyé en même temps à Votre Majesté le plan à vue des ouvrages de Gœding.

Le 4, j’ai adressé à Votre Majesté divers rapports qui confirmaient le mouvement des Autrichiens sur la Hongrie et contenaient divers renseignements sur les ouvrages que l’on fait à Olmütz, sur l’approvisionnement de cette place et sur les recrutements qui ont lien avec la plus grande activité en Bohême, en Hongrie et en Moravie.

Je n’ai reçu que le 6 la lettre de Votre Majesté du 3, qui m’ordonne de faire détruire les ouvrages de Goeding.

Le même jour, en rendant compte à Votre Majesté des mesures prises pour l’exécution de cet ordre, je lui ai envoyé plusieurs déclarations de déserteurs qui constatent le mouvement des Autrichiens sur la Hongrie et l’existence du quartier général de cette armée à Kremsier, qui était déjà annoncé dans le rapport de l’omcier d’état-major cité plus haut.

La désertion est très-considérable dans l’armée autrichienne; il nous arrive chaque jour une trentaine de déserteurs, outre ce qui échappe à nos avant—postes. Un plus grand nombre déserte à l’intérieur, et beaucoup passent en Silésie.

Je joins ici les déclarations de plusieurs déserteurs et celle d’un cadet du régiment de Giulay; celle-ci est remarquable en ce qu’elle annonce que les Autrichiens veulent se fortifier derrière la Waag, et que trois courriers prussiens ont été vus par le déclarant, se dirigeant vers Komorn.

Je dois faire observer à Votre Majesté que dans la position actuelle de l’armée autrichienne, le point d’où il parait le plus facile d’avoir des nouvelles positives est Presbourg.

Les trois régiments destinés à la destruction des ouvrages de Gœding se mettent en marche aujourd’hui et le 10, au point du jour, la destruction des ouvrages commencera et sera poussée avec plus grande activité ; 3,600 paysans sont requis pour aider les troupes, de manière que 500 hommes seront employés pour chaque redoute.

J’envoie à Votre Mqjesté l’état des cantonnements de la cavalerie légère; outre qu’il y en a de répartis sur toute la frontière.

Je vais retirer une partie ,celle qui est sur la frontière d’Iglau et de la Bohême, pour la porter du côté des cercles d’Olmutz, de Hradisch et vers la Hongrie.

Quant à l’infanterie, la 2e division est campée à Krischen, à une lieue et demie, à la gauche de la route de Brünn à Olmutz; la 3e division à Nenowitz, à une lieue de Brünn, sur la droite de la route ci-dessus; la 1e à Dürnholz, à deux lieues en avant de Nikolsburg.

Le général Gudin de la Sablonnière, commandant la 3e division de Davout
Le général Gudin de la Sablonnière, commandant la 3e division de Davout

Le 7e régiment d’iufanterie légère està Brünn avec le parc. Le général Gudin m’a écrit que dans une quinzaine il comptait étre parfaitement rétabli, et que, si les circonstances l’exigeaient, il était prét à tout instant à reprendre son service.

Je dois dire à Votre Majesté, pour l’intérêt de son service, qu’il est préférable que la 3e division soit commandée par le général Gudin, quel que soit l’état de sa santé, que par le général Puthod. Le général Gudin pourrait se faire seconder par le général Duppelin.

 Ces deux officiers généraux unissent au plus grand dévouement cette ténacité qui garantit les succès, et dont le général Gudin, surtout, a donné une si belle preuve, en ne quittant le champ de bataille, le 6, qu’après avoir été atteint de cinq balles, et lorsque d’autres corps, s’étant mis devant sa division, l’ont obligé de s’arrêter.

Je n’ai pas une opinion aussi favorable du général Puthod

Je supplie Votre Majesté d’étre convaincue que ces observations ne me sont dictées que par le bien de son service.

J’ai déjà parcouru ce pays, je vais le reconnaitre encore pour remplir les intentions de Votre Majesté.

J’ai déjà fait reconnaitre la Taya depuis Znaym jusqu’à son embouchure dans la March. On travaille dans ce moment à la reconnaissance de Schwarza que me demande Votre Majesté.

Il y a à Brünn et dans les faubourgs une manutention suffisante pour 18,000 rations. On va construire six nouveaux fours.

Il y a à Nenowitz, à une lieue de Brünn, une manutention qui peut donner 21,000 rations par jour.

Il y a ici 90,000 rations de biscuit autrichien, de bonne qualité, et j’ai la certitude, en étant prévenu quelques jours à l’avance, de pouvoir faire fabriquer, tant à Brünn que dans les villages voisins, 240,000 rations de pain.

Je vais former un magasin de farine, mais cela sera fort diffcile par la rareté des moulins, qui dans ce moment manquent d’eau.

Je presserai les ouvrages de la forteresse de Brünn.

J’ai annoncé à Votre Majesté, d’après des rapports, que les Autrichiens faisaient des ouvrages à Hradisch, sur la March ; c’est une erreur. Le Hradisch où les Autrichiens ont fait travailler est près d’Olmütz et se trouve compris dans les fortifications que les Autrichiens élèvent autour de cette place. Cependant il est possible qu’il y ait quelques ouvrages en avant de Hradisch, sur la March. Au moins les habitants prétendent qu’il y a une tête de pont à laquelle on ne travaille plus.

Je joins ici deux notes contenant des renseignements sur les mouvements des Autrichiens et les ouvrages d’Olmütz; elles sont de celui que j’ai chargé de la partie secrète.

Je n’ai ici qu’un seul ingénieur géographe. J’en avais deux, mais un d’eux, M. Guibert, a été blessé à la bataille du 6.

Je prie Votre Majesté de m’en faire envoyer.

Je manque aussi d’officiers du Génie, n’ayant que le chef de bataillon Prévost en état de servir.

J’écris au général Bertrand pour lui en demander.

P. S. — Une députation avait été envoyée d’ici auprès de l’empereur d’Autriche, afin de lui demander des secours pour le payement des contributions de guerre.

Ils ont trouvé ce souverain à Komorn; il a paru attendre avec impatience le retour de M. de Vrbna, envoyé auprès de Votre Majesté. Il a promis à la députation d’intercéder auprès de Votre Majesté pour le soulagement des pays occupés par vos troupes. Les députés ont quitté Komorn le 3 ou le 4; dans les premiers moments de leur arrivée, ils ont été très boutonnés, mais j’espère que je pourrai les faire parler.

 

A L’EMPEREUR ET ROI.

Brünn, 8 août 1809.

Sire, j’ai l’honneur d’adresser à Votre Majesté la déclaration d’un sous-offcier, déserteur du régiment des hussards de Ferdinand, faisant partie du corps de Rosenberg, et qui était du côté de Gaya. Il assure que son régiment a reçu ordre de se porter en Bohême. Une division qui était dans les environs avait eu ordre de se porter en Hongrie ; mais il y a eu contre-ordre, et elle doit se diriger sur Iglau.

Un comte de Blumengen, qui a fait partie de la députation envoyée d’ici auprès de l’empereur d’Autriche, pour lui demander des secours pécuniaires, a vu fréquemment ce souverain, qui, dans un moment d’effusion, lui a dit : Je ne suis  pas éloigné de la paix, mais je ne puis y consentir qu’autant que les conditions qu’on m’imposera seront raisonnables. » L’Empereur doit aussi avoir dit que l’armistice avait été conclu sans sa participation, et qu’il ne savait pas pourquoi on l’avait conclu.

Sur des inquiétudes manifestées à l’égard des Russes, on assure qu’il a dit que les intentions des Russes étaient bonnes.

 Les députés paraissent être mécontents de l’Empereur ; quelques-uns d’eux ont dit que les réponses qu’ils en avaient obtenues annonçaient une ignorance absolue de l’état de choses actuel, ainsi que des besoins et des désirs de ses peuples.

Ils n’ont de leur voyage que la crainte de voir recommencer la guerre. Cette députation est partie de Komorn le 3; elle est arrivée ici aujourd’hui. Demain, j’espère avoir des renseignements plus positifs sur ce qu’ont vu et entendu ces députés.

Ce qui doit avoir surtout indisposé l’Empereur contre l’armistice, c’est la stipulation relative à l’évacuation du Tyrol, La députation qui avait été à Vienne pour solliciter de Votre Majesté une diminution des contributions de guerre, pour le cercle de Brünn, est partie pour Komorn; ainsi elle rapportera des nouvelles.

P. S. -— Ci—joint l’état des cantonnements de la cavalerie légère qu’on a oublié de joindre à ma lettre de ce matin.

 

A L’EMPEREUR ET ROI.

Brünn, 12 août 1809.

Sire, j’ai l’honneur de rendre compte à Votre Majesté que le général Morand, avec trois de ses régiments et 2,000 paysans, a commencé hier, à la pointe du jour, la démolition des dix-huit redoutes fermées et ouvrages qui étaient en avant de Gœding. Les troupes ont apporté à ce travail la plus grande activité, et surtout cette bonne volonté qui fait tout faire à des Français, de sorte que, dès avant la nuit, la destruction des ouvrages était achevée, au point que la charrue peut passer dessus. Les troupes du général Morand se sont mises en marche le même jour, pour retourner dans leur camp, près de Nikolsburg, où elles arriveront aujouzd’hui

Ainsi, les intentions de Votre Majesté sont remplies, et les Autrichiens n’auront pas eu le temps de faire des réclamations.

Voici les renseignements que je me suis procurés à Gœding : Il y a eu huit jours que le corps autrichien, commandé par Bellegarde, a passé à Holisch.

Portrait de Klenau, vers 1801. Wikipedia
Portrait de Klenau, vers 1801. Wikipedia

Depuis, il a été suivi par le 3e corps aux ordres du prince de Hohenzollern, et par le 6e que commandait le général Klenau, à la bataille de Wagram. On m’a assuré que le général Hiller, qui avait quitté le commandement, l’a repris depuis la retraite de l’archiduc Charles.

On m’a assuré, mais moins positivement, que le 5e corps, aux ordres du prince de Reuss, avait aussi passé.

Le corps de Hiller était encore hier à Holisch; il a dû en partir aujourd’hui.

Tous ces corps ont pris successivement la route de Tirnau et une autre intermédiaire entre Tirnau et la route que nous occupons sur la rive gauche de la March.

Il y avait aussi, à Goeding, un bruit répandu que plusieurs régiments avaient ordre d’aller en Bohême.

Il est possible que les régiments les plus faibles soient  envpyés dans ce pays, pour se recruter. Le rapprochement de plusieurs déclarations de déserteurs m’a fait naitre cette idée.

Au surplus, je vais profiter d’une insulte faite à Gœding, par les Autrichiens, à un officier du 5e de hussards, pour, sous prétexte de demander satisfaction, faire courir le pays occupé par l’armée autrichienne, par l’officier d’état-major dont Votre Majesté a lu Ie rapport.

Les offciers autrichiens renouvellent le bruit de l’arrestation de l’empereur Alexandre par le Sénat.

Les déclarations des déserteurs sont unanimes sur le découragement et le mécontentement qui règnent parmi les troupes autrichiennes, surtout depuis la retraite du prince Charles.

La désertion continue à être considérable.

A Goeding, j’ai appris aussi qu’on avait effectivement fait  Hradisch une tête de pont dans le même système que celle de Goeding. Les ouvrages ont été terminés il y a une huitaine de jours.

On continue à travailler avec activité à Olmutz et au camp retranché en avant de cette place.

 

A L’EMPEREUR ET ROI.

Brunn, 14 août 1809.

Sire, j’ai l’honneur d’adresser à Votre Majesté un rapport du commandant de la place de Brünn, sur un valet de chambre du prince Galitzin, qui se rend aux eaux de Baden.

Cet homme m’a paru très-fin, très-délié, ayant beaucoup de présence d’esprit, et très-propre à être chargé verbalement de quelque mission délicate. Comme il est possible que ce soit là l’objet de son voyage, je l’envoie au général Lauer.

J’adresse aussi à Votre Majesté le rapport d’un officier qui a eu une conversation assez longue avec un capitaine de Hesse-Hombourg. Ce que dit ce dernier, qu’on ne croit pas à la paix dans l’armée autrichienne, tant à cause des préparatifs excessifs qu’on voit faire, qu’à raison des sentiments manifestés par l’empereur François au sujet de l’armistice, est aussi le port unanime de tous les déserteurs et voyageurs.

Je reçois à l’instant, par le général Gardanne, une lettre du prince Poniatowski dont j’envoie l’extrait à Votre Majesté.

Il n’y a plus de troupes du 4e corps du côté d’Olmütz. Les postes que ce corps avait sur la ligne ont été relevés par le régiment de Kaiser-hussards , qui fait partie du corps de l’archiduc Ferdinand; ce prince est à Olmütz. Son premier acte a été de nous faire une mauvaise diffculté, en faisant occuper les villages de Ondraditz et de Zeltsch, qui, appartenant par moitié aux cercles de Brünn et d’Olmütz, ne devraient, en vertu d’une convention entre le général Frolich et le colonel Guyon, étre occupés par aucunes troupes.

Je vais envoyer sur les lieux un omcier pour prendre des informations et porter mes plaintes au prince.

Quant au 4e corps, je présume qu’il a suivi le mouvement des autres vers la Hongrie.

J’aurai des renseignements positifs à cet égard par l’offcier que j’ai envoyé au prince de Lichtenstein, ainsi que j’ai eu l’honneur de l’écrire à Votre Majesté.

 

A L’EMPEREUR ET ROI.

Brünn, 17 août 1809.

Sire, l’officier dont j’avais annoncé à Votre Majesté l’envoi auprès du prince de Lichtenstein ne s’est pas aussi bien acquitté de sa mission cette fois-ci que la première. Je lui avais expressément recommandé de ne remettre ses dépêches qu’au prince de Lichtenstein. Il devait se rendre à Tirnau, d’où il serait dirigé sur Olmütz et d’Olmütz dans la Hongrie, jusqu’à ce qu’il eût rencontré le prince; par là, il aurait été à portée de voir par ses yeux et de rendre compte de tous les mouvements de l’armée autrichienne.

A Olmütz, il s’est laissé persuader de remettre -ses dépêches à l’archiduc Ferdinand; ainsi ce n’est que sur les rapports d’autrui qu’il a pu baser celui ci-joint, que j’ai l’honneur d’adresser à Votre Majesté.

J’y joins aussi la copie d’une lettre d’un offcier polonais, attaché à mon état-major, qui m’avait quitté dernièrement pour se rendre à Varsovie.

Je prie Votre Majesté de vouloir bien m’accorder la permission d’aller passer quarante-huit heures à Vienne.

 

A L’EMPEREUR ET ROI.

Brünn, 19 août 1809.

Sire, je reçois la lettre que Votre Majesté m’a fait l’honneur de m’écrire le 14.

On travaille encore la citadelle de Brünn, mais elle sera bientôt tout à fait en état de défense. Quant à l’approvisionnement, on s’en occupe, et si les circonstances le nécessitaient, il pourrait étre complété en très-peu de temps.

 Les contributions se payent assez bien dans ce cercle, et si Votre Majesté veut se faire rendre compte, elle pourra se convaincre que proportionnellement, on a mieux payé qu’ailleurs. Il y a déjà près de 600,000 florins de payés, et dans peu il y aura 1,100,000 florins, et l’on n’a employé jusqu’à présent que les moyens que fournissent les autorités locales, qui marchent fort bien, ce qui ménage les ressources. Je dois d’ailleurs rendre à M. l’intendant la justice qu’il fait de son mieux, qu’il ne néglige aucun moyen pour remplir les intentions de Votre Majesté.

Ferdinand Charles Joseph d'Autriche-Este
Ferdinand Charles Joseph d’Autriche-Este

L’archiduc Ferdinand est parti hier d’Olmütz. Il établit son quartier général à Leutomischl ou dans les environs; ce prince commande en Bohème, en Moravie et en Silésie autrichienne.

M. de Wallis, précédemment gouverneur de Prague et un des boutefeu de ce pays, est actuellement à Olmütz; une de ses premières mesures a été d’empêcher l’extraction des bestiaux qui sont en abondance de ce côté, et que l’administration du cercle de Brünn faisait acheter, tant pour la subsistance de l’armée que pour celle des habitants, ce pays-ci ne présentant que très peu de ressources de ce genre. M. de Wallis s’oppose aussi aux emprunts que le cercle de Brünn avait ouverts à Olmütz pour le payement de ses contributions.

Un officier, Badois de naissance, qui a donné sa démission de lieutenant dans le régiment autrichien de Wurtemberg, confirme la marche en Hongrie de tous les corps composant l’armée de l’archiduc Charles. Ces corps se rassemblent du côté de Komorn.

Cet offcier, parti il y a trois jours des environs de Tirnau, déclare avoir vu à la suite de cette armée 30 ou 40 pontons et un convoi de voitures d’artillerie et de caissons qu’il évalue à 20,000.

Il assure qu’on parle beaucoup de guerre , quoique le mécontentement soit extrême dans l’armée.

Les recrutements continuent; des déserteurs échappés d’un convoi de recrues, assurent que tous sont dirigés sur la Hongrìe. On a enlevé tout ce qui peut porter les armes. Les levées de chevaux sont considérables. J’avais écrit au duc de Rovigo pour l’inviter à faire surveiller un officier russe, attaché au prince Galitzin, qui de Tarnow s’était rendu à Vienne, en passant par Brünn, et que je soupçonnais le même individu que j’avais fait renvoyer pendant mon séjour dans le duché.

Cet officier est passé par ici, retournant auprès du prince Galitzin; je l’ai vu, il m’a dit des choses assez importantes, que je me réserve de faire connaitre à Sa Majesté lorsque j’aurai l’honneur de la voir, lui ayant demandé la permission d’aller passer une couple de jours à Vienne.

Au reste, cet offcier m’a assuré avoir dit à M. le comte de Champagny une grande partie de ce qu’il m’a confié.

 

A L’EMPEREUR ET ROI.

Brünn, 14 septembre 1809.

Sire, j’ai l’honneur de rendre compte à Votre Majesté que j’ai ordonné la levée du camp de la division Morand. Cette division a près d’un tiers de son monde malade, tant aux hôpitaux de Nikolsburg qu’aux infirmeries régimentaires. Je me suis assuré que les maladies qui régnaient dans cette division ne pouvaient être attribuées qu’à la mauvaise position du camp établi près de la Taya, rivière très marécageuse.

Les deux autres camps n’ont de malades que dans les proportions ordinaires.

J’ai assigné des cantonnements à la division Morand, entre Pohrlitz, Auspitz et Nikolsburg, et toutes les mesures sont prises pour que l’instruction ne souffre pas de la levée du camp.

J’ai adressé à Son Altesse le major général le mouvement de l’hôpital militaire de Nikolsburg et des infirmeries régimentaires de cette division depuis quinze jours, ce qui démontre la nécessité de la mesure que j’ai prise.