Claude Balme (1766-1850) – un soignant de l’expédition d’Égypte
“Nos officiers de santé sont sans reproche”.
R. Dufriche Desgenettes, Médecin en chef de l’expédition d’Égypte, au Lazaret de Marseille le Ier brumaire An X.

Claude Balme est né à Belley dans l’Ain le 8 novembre 1766, dans une famille de commerçants en confiserie assez aisés. Son père Benoît Balme (patronyme assez fréquent dans l’Ain) avait épousé une Marie Pérignon. Il fait de bonnes études au collège de Belley où il apprend un bon latin ce qui l’aidera lors de ses études à Paris.
Mais on ne possède pas de traces d’un apprentissage chirurgical sur Belley qui reste pourtant dans la tradition, mais il a pu être bien conseillé pour étudier à Paris par son proche parent qu’est le très réputé chirurgien et médecin lyonnais Jean-Baptiste Desgranges (1751-1831), et nous pensons qu’il a dû recevoir aux écoles de chirurgie de Paris sa formation pratique. [1]Le chirurgien du collège de Lyon et médecin (diplômé de Valence) Jean-Baptiste Desgranges (1751-1831) a dû après le siège de Lyon s’enfuir en Suisse, à Morges où il exerça la médecine … Continue reading
À ce sujet, soulignons combien le Collège de chirurgie et l’Académie de chirurgie ont été les précurseurs de la médecine clinique avec justement cette école pratique ouverte à toutes les innovations . Seuls les chirurgiens délivraient vraiment au lit du malade des leçons cliniques et, ici même à Reims, ce fut le cas avec Jean-Baptiste Caqué, ancien élève de cette école chirurgicale parisienne.
Cependant, il n’est pas interdit de penser qu’il a pu prendre quelques inscriptions à la faculté de médecine car dans l’intitulé de la page de titre de son De Aetiologia Generali Contagii… de 1809, rédigé en latin, dont Desgenettes possédait un exemplaire, il indique ses études universitaires ainsi : olim in universitate Parisiensi medicinae studioso, jamdudum chirurgia …” .
Nos recherches nous ont révélé qu’il n’est pas impossible qu’il ait eu une double formation d’abord chirurgicale par le jamdudum, ensuite médicale dans la mesure où il est parti seulement vers l’âge de vingt ans aux Amériques, où il a sûrement complété ses connaissances puis exercé son art ; mais on ne connaît guère de détails si ce n’est ceux écrits dans sa thèse de médecine soutenue à Montpellier le 28 mai 1801 : “.. .lors de mon séjour en Amérique septentrionale en 1790-1792” dit-il. Néanmoins, en France, la réunion de ces deux savoir-faire, le médical et le chirurgical, n’était pas alors du tout envisagée et ne le sera, non sans difficulté, que bien après la Révolution !
Muni d’une formation médico-chirurgicale, le voilà parti comme soignant fin 1789 pour les Amériques avant les événements révolutionnaires de la Terreur et on trouve trace de son activité dans ses Observations et réflexions sur les causes, les symptômes et le traitement de la contagion des différentes maladies et spécialement dans la peste d’Orient et la fièvre jaune (1822) où il écrit (p. 177) :
“J’ai vu moi-même à Alexandria en Virginie (État de Washington) dans l’année 1791 un jeune sujet éprouvé d’une éruption varioleuse secondaire”.
Donc, une petite preuve, à laquelle s’ajoute cet autre élément tiré du même ouvrage où il prend à partie un certain Dr Rich en lui disant : “comme mes collègues de toutes les armées françaises, et notamment de celles d’Orient et d’Amériques, j’ai fait mes preuves”. C’est donc comme chirurgien et/ou médecin qu’il a dû partir en Amérique.
Ayant connaissance des troubles révolutionnaires en France et du risque d’intrusion des armées étrangères de la coalition, Claude Balme revient dans la fin de l’année 1792 à Belley dans sa famille et le chirurgien-major qu’il est devenu s’engage vite comme officier de santé, le mercredi 30 octobre 1793 (30 brumaire An II), non pas comme cela est écrit partout dans le 2e bataillon de l’Ain, mais de façon certaine dans le 11e Bataillon des volontaires de l’Ain, dénommé bataillon du Bourg ou La Montagne et nous avons retrouvé son inscription.
Son engagement est bienvenu en raison des manques dans le service de santé. Il n’est pas inutile d’exprimer ce que le chimiste Antoine de Fourcroy a écrit comme homme politique dans un rapport du 7 frimaire an III (1794) : “La Convention apprendra avec sensibilité que plus de six cents officiers de santé (sur six mille qu’ils étaient) ont péri depuis dix-huit mois, au milieu et à la suite des fonctions mêmes qu’ils exercent. C’est une gloire pour eux puisqu’ils sont morts en servant la Patrie”.
Avec ce bataillon dont il est l’officiel chirurgien major, il va vivre la fin du siège de Lyon commencé le 9 août 1793, dirigeant avec compétence une ambulance, la répartition du matériel de transport et les soins aux blessés. A-t-il alors retrouvé son parent le Dr Desgranges, à qui sa thèse fut dédiée, qui est le chirurgien- chef de la ville assiégée ? Le voilà donc comme officier de santé amené à donner ses soins aux 730 hommes de ce 11e bataillon, mais aussi à d’autres victimes du siège.
Après les événements de Lyon, son bataillon va rejoindre l’Armée des Alpes dans la troisième division du général Poujet, mais passera par Toulon en 1795 où Balme sera reçu et choyé par une certaine Madame Elisabeth Paul [2]Il s’agit de son séjour à Toulon où Balme eut des présences à l’Académie de Toulon et il fut choyé par Madame Elisabeth Paul habitant au 12, rue Pécheret près de la porte d’Italie et … Continue reading à qui il marque fortement sa reconnaissance dans son ouvrage sur le scorbut de 1819, à la page 248 .
Mais la date indiquée dans la petite note n’est pas 1793 mais 1795 (faute typographique ou de lecture du manuscrit remis à l’imprimeur ?) Ensuite, le bataillon participera aux batailles de Loano et de Rivoli ; et ce sont encore d’autres faits de la campagne d’Italie fin 1795 et 1796 dont les combats de Lonato, Castiglione, Mantoue et Pietra.
Alors, la division dont il est chirurgien-major est dénommée d’avant-garde sous le commandement du général Laharpe avant de devenir par un amalgame dont l’armée possède le secret, avec d’autres compléments, la 22e demi-brigade légère lors de son passage à Nice.
Bientôt, celle-ci devra rapidement à la demande du général en chef Bonaparte se diriger vers Toulon pour s’intégrer à l’Armée d’Orient en cours de formation.
Nous avons retrouvé une inscription de Claude Balme à l’École de santé de Montpellier pour le 15 ventôse de l’an VI (15 février 1797) où il complète sûrement sa formation médico- chirurgicale militaire, comme le souhaitait le chirurgien en chef Larrey, ce qui permettra ultérieurement au chirurgien major Claude Balme d’embarquer à Toulon, militairement agréé comme chirurgien de première classe pour un corps d’armée.
Le 19 mai 1798, donc avec du retard sur les plans prévus pour la campagne d’Égypte, c’est le départ de Claude Balme de Toulon avec l’expédition comprenant au moins deux cent navires selon Jean Tulard.
L’escadre est conduite par le vice-amiral Brueys d’Aigalliers, mais à celle-ci s’ajoutent des navires en provenance de Gênes, Marseille, Ajaccio, Bastia et Civitavecchia entre autres. Balme fait la traversée sur l’un des bateaux prévus pour la demi-brigade à laquelle il reste affecté, soins aux hommes de son bataillon obligent.
Après l’épisode assez facile de la prise au passage de l’île de Malte, l’expédition eut la grande chance de s’entrecroiser, sans la rencontrer, avec la redoutable flotte d’Horatio Nelson et, malgré l’épreuve pénible de la traversée de la Méditerranée, toujours éprouvante pour la troupe et même pour Bonaparte, l’armada arriva donc en 44 jours à Alexandrie pour débarquer les 1er et 2 juillet 1798 et aussitôt remporter après son débarquement différentes victoires dans le delta du Nil, jusqu’à la déterminante bataille des Pyramides, la victoire contre les Mamelouks d’Ibrahim Bey et finalement la prise du Caire.
À cette période, la 22e demi-brigade prévue comme d’avant-garde est sous le commandement du génial Desaix qui file déjà, selon la volonté de Bonaparte, vers le Caire à travers le désert et cela fut horrible pour les soldats qui ne pouvaient guère s’hydrater, se protéger du soleil ardent, des vents de poussières.
Non sans découragement et cruelles souffrances dont la redoutable ophtalmie, diverses déshydratations et déjà la fièvre jaune etc., l’armée atteint le Nil salvateur en quatre jours.

Puis, ce sera le succès de la bataille des Pyramides, le 21 juillet 1798, où Desaix commande l’aile droite.
C’est la reddition du Caire et maintenant, nous avons d’emblée dans les Mémoires de Dominique Larrey un point qui concerne Claude Balme dans cette campagne d’Égypte. Larrey évoque la gravité de la fièvre jaune qui a sévi dans la troupe mais aussi chez les prisonniers et blessés turcs.
Citons ici la « Providence du soldat » comme il le nommait : “Invité par le général en chef, après la reddition du Caire à leur donner des soins, je les fis réunir dans une mosquée, pour les panser plus commodément”.
Il ajoute en note : “Je confiai la direction du service de santé de cette mosquée ou hôpital à M. Balme, chirurgien-major de la 22e demi-brigade d’infanterie, lequel obtint plus tard, en récompense de son zèle et de ses talents, le titre de médecin ordinaire de l’Armée”.
Claude Balme a reconnu la fièvre jaune chez les blessés turcs qui en avaient été frappés en même temps que les blessés français : il lui accorde un certain degré de contagion et quelque analogie avec la peste. Larrey cite cet ouvrage rédigé entièrement en latin, truffé aussi de nombreuses références dévoilant en Claude Balme un bibliographe averti.
Le 25 août, le niveau du Nil s’étant élevé, c’est le départ du général Desaix pour la conquête de la Haute Égypte, à laquelle Balme participe avec sa demi-brigade pour les opérations entre le delta du Nil et le Caire comme chirurgien-major [3]Il faut souligner que les noms relevés par D. Larrey dans son répertoire du volume V nous autorisent une remarque sur le corps chirurgical. Il cite 73 chirurgiens avec une … Continue reading devenu chirurgien de première classe avec son ambulance et son matériel largement amoindri par les carences de l’intendance et le fait que les deux gros navires-hôpitaux, chargés de matériel, le Ville de Marseille ainsi que La Bienfaisance ne gagneront jamais l’Égypte, comme ultérieurement bien des navires de renfort ; ce matériel essentiel fera cruellement défaut à tout le service de santé.
Il faut ici s’imaginer ce que subissent tous les hommes de troupe avec leur déplacement à pied dans les déserts égyptiens, sur ce sol aride et brûlant alors que leurs souliers et leurs vêtements sont totalement inadéquats.
C’est pourquoi, dans le parcours que Desaix choisira pour remonter en Haute Égypte, ce dernier suit au plus près le Nil, évitant le plus possible le désastreux désert. En effet, à l’uniforme inadapté aux conditions climatiques et aux carences de l’intendance s’ajoutent les variations des températures diurnes et nocturnes et ce n’est pas la pèlerine qui suffit à les protéger du froid la nuit et des vents de sables et/ou de poussières.
À cela se surajoute l’inextinguible soif, d’autant que le ravitaillement en eau potable est vraiment déplorable voire inexistant, laissant le soldat recourir à l’absorption d’eaux saumâtres et néfastes, engendrant de terribles dysenteries aux étiologies si diverses, microbiennes et/ou parasitaires sans compter les sangsues se fixant à l’arrière-gorge.
Le rôle des vents de sables ou des poussières ainsi que la réverbération de l’intense rayonnement solaire favoriseront aussi dès le débarquement la survenue de la redoutable ophtalmie d’Égypte, certes connue des anciens, mais celle-ci, même si elle s’est atténuée en quelques jours pour un bon nombre, rendra certains soldats totalement aveugles.
Claude Balme contractera cette ophtalmie et gardera une entrave définitive de son œil gauche comme un bon nombre des soldats que Claude Balme accompagne avec son ambulance.
Desaix sera, lui aussi, atteint de cette ophtalmie au traitement difficile comme en témoignent les écrits des médecins et chirurgiens de cette campagne.
Par la suite, la 22e demi-brigade, moins utile vu les victoires de Desaix sur Mourad-Bey, redescend vers le delta du Nil pour participer bientôt avec la division du général Lannes aux opérations de Syrie qui vont s’étaler de février à juin 1799, où le fameux 97e régiment de sa demi-brigade va encore se distinguer comme au Mont Thabor et à Jaffa, mais moins à Saint-Jean-d’Acre qui résistera, aidé de Antoine Le Picard de Phélippeaux, ancien condisciple de Bonaparte.
Mais, là, malgré la résistance inouïe aux épreuves des 9000 hommes de troupe de cette expédition de Syrie, une épidémie de peste – dont le nom, au début sera plutôt caché par Desgenettes – va compléter les ravages qu’engendrait déjà ce redoutable sol du Moyen-Orient et son climat.
Ces terres étaient déjà connues comme favorables à la peste bubonique, présente à l’état endémo- épidémique, heureusement sans forme pulmonaire. Le tableau de Jean-Antoine Gros [4]Le professeur Guy Ledoux-Lebard, fin connaisseur du domaine de l’art sous le premier Empire, a donné une excellente étude historique de ce tableau (Souvenir Napoléonien, 1970, 255, 24-25) où … Continue reading des Pestiférés de Jaffa mérite considération par l’évocation du lieu qui subsiste encore, avec ce cloître d’un monastère arménien transformé en hôpital, et cela nous rapproche de Balme avec sa mosquée-hôpital du Caire ; mettre des blessés dans ces lieux n’était pas irrespectueux, destinés qu’ils sont en partie à l’accueil complet des pèlerins.
Donc, c’est bien cette peste bubonique qui va obliger les troupes à quitter la Syrie laissant, çà et là sur le trajet de retour, des malades, parfois aussi des blessés non-pesteux afin de faciliter la fuite. Et, pourtant Bonaparte reviendra triomphant au Caire et décimera une armée ottomane débarquée sur la plage d’Aboukir avant de quitter l’Égypte sur le navire La Muiron, laissant le commandement en chef à son fidèle Kléber !
Mais la peste est là et oblige à certains soins dans des lieux spécifiques et à l’usage de lazarets. Balme va alors quitter, exactement le 25 juin 1799, sa 22e demi-brigade, car il va passer au grade de médecin ordinaire des armées (cf. n° 489 et 490 de la correspondance de Desgenettes), tout comme le deviendra aussi le pharmacien Jean-Baptiste Vautier.
Les combats d’Héliopolis du 29 mars 1800 voient Kléber tenir tête à l’ennemi turc six fois supérieur en nombre ; mais son assassinat, le 14 juin 1800, va précipiter défavorablement les événements, car le médiocre chef de guerre qu’est le général Jacques Abdallah Menou (qui s’est converti à l’islam) prend le commandement.
Le 23 décembre 1800, on juge de l’action du médecin Claude Balme et de son collègue Joseph Clairs qui œuvrent sur Lesbeh, large bande de terre hautement insalubre proche de Damiette, qui sépare le lac Menzaleh du Nil.
Si Menou demeure un bon administrateur qui fera beaucoup pour obliger les savants à parfaire La description de l’Égypte, on lui devra la défaite de Canope le 8 mars 1801, suivie d’une capitulation, certes honorable, que signera le général Belliard après le siège du Caire.
Alors, tout craque de partout et Menou va subir défaites sur défaites dans le delta jusqu’au rude siège d’Alexandrie. Tout cela est accompagné bien entendu de la propagation de l’épidémie de peste, sans compter les dysenteries, tétanos, accès palustre, variole, ophtalmies et traumatismes de guerre.
Pour la peste dans le delta du Nil en septembre 1801, on dénombre 447 décès, mais en mars on enregistre 2937 morts, puis plus rien après le départ du Caire du général Belliard.
Dès 1801, on avait établi un barrage contre la terrible maladie avec six cents lits spécifiques, des maisons de quarantaine et des lazarets, veillant aussi à des inhumations profondes, à brûler les vêtements etc.
Claude Balme soigne et s’interroge sur le rôle des ballots de coton dans l’épidémie – ce qui indique un œil d’observateur acéré – et au lazaret d’Alexandrie, pour se préserver, il mène une vie saine en mangeant normalement avant sa visite, puis plus rien au moins pendant trois heures après, mais surtout il changeait complètement de linge et accomplissait des exercices doux et prolongés sans excès et ajoutait avant la visite quelques frictions d’huile d’olive. Donc, peu d’emprise pour les puces !
Chez ses collègues, cet homme à l’éthique remarquable [5]Claude Balme a laissé un chapitre (en fait un petit ouvrage) assez stupéfiant pour l’époque, lui, qui ne verra pas les prémices en 1851, de bonne règles des rapports entre les … Continue reading, comprenait aussi la frayeur, voire la recherche de moyens de se dérober à leur devoir, lorsqu’ils devaient se rendre au lazaret.
“Toutefois, écrivait-il, n’est-il pas nécessaire d’avancer que le dévouement auquel tous les officiers de santé que l’on forçait (en Égypte) d’entrer dans les lazarets, étaient des victimes de plus, et sans utilité, pour les pestiférés et sans fruit pour la science” (p. 205).
Mais, le siège va faire surgir une autre entité morbide terrible : le scorbut, car dans les 18 hôpitaux d’Alexandrie un tiers des malades mourut de cette avitaminose, soit 272 jusqu’au moment du départ vers la France.
Les travaux du médecin de la marine anglaise James Lind étaient connus de Claude Balme dans sa quatrième édition de 1788, mais le blocus n’apporta pas pour autant de légumes et encore moins de fruits frais.
Larrey en décrivit bien les trois stades et sut amener un soulagement précaire par de la viande des chevaux abattus à sa demande contre les ordres de Menou et dont bénéficièrent même les savants de la campagne d’Égypte. Sept cents scorbutiques purent retourner en France après la capitulation de Menou et ceux qui restèrent furent améliorés par les apports de légumes et viandes fraîches donnés par les Anglais.
Pour Claude Balme, il fut chargé de rapatrier les derniers malades scorbutiques et blessés transportables, et c’est sur le navire anglais Armony qu’il revint à Marseille le 22 septembre 1801, séjournant ensuite comme tous 40 jours dans le lazaret pour être libre le 22 novembre 1801.
La suite est un tout autre épisode de sa vie mais son dévouement et son admiration pour celui qui deviendra l’Empereur sont inébranlables et on retrouve dans un de ses derniers écrits Moral et santé pour tous, datant bien de 1848, ceci : “… Enfin, aux Bonapartistes, bornez-vous seulement à vous entretenir du génie et de la gloire de Napoléon 1er, Empereur des Français”.
Comment comprendre l’attitude de Bonaparte qui exprima en 1796 lors de la campagne d’Italie qu’il faut y faire la guerre de bonne heure, non point en été et qu’en 1798, comme le disait Michelet, il engage l’armée par la plus chaude saison dans ce terrible four de l’Égypte.
Heureusement, cette pénible campagne a pu donner grâce aux savants de toutes spécialités, de l’Institut ou pas, les remarquables et saisissants vingt volumes de La Description de l’Égypte.
Alain SÉGAL
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• Balme Claude (rapporteur) – Compte-rendu des années 1808 et 1809 de la société de méde¬cine de Lyon, J-B Kindelem, Lyon, 1810.
References[+]
↑1 | Le chirurgien du collège de Lyon et médecin (diplômé de Valence) Jean-Baptiste Desgranges (1751-1831) a dû après le siège de Lyon s’enfuir en Suisse, à Morges où il exerça la médecine et la chirurgie mais plutôt l’obstétrique. C’est à lui que l’on doit l’usage précis et utile de l’ergot de seigle lors des accouchement en 1822. Revenu après neuf années d’exil à Lyon, il y exerça avec brio et une très grande renommée et il participa à la fondation de la société de médecine de Lyon dont Claude Balme est devenu plus tard le secrétaire |
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↑2 | Il s’agit de son séjour à Toulon où Balme eut des présences à l’Académie de Toulon et il fut choyé par Madame Elisabeth Paul habitant au 12, rue Pécheret près de la porte d’Italie et il indique avec précision qu’il est bien le chirurgien de première classe du 11ème bataillon de l’Ain. |
↑3 | Il faut souligner que les noms relevés par D. Larrey dans son répertoire du volume V nous autorisent une remarque sur le corps chirurgical. Il cite 73 chirurgiens avec une distinction particulière pour quatorze d’entre eux dont Claude Balme, Dièche, Masclet, etc… et les considèrent comme des chirurgiens majors, les autres sont chirurgiens sauf trois cités comme officiers de santé. Bien sûr, il nomme également des médecins. |
↑4 | Le professeur Guy Ledoux-Lebard, fin connaisseur du domaine de l’art sous le premier Empire, a donné une excellente étude historique de ce tableau (Souvenir Napoléonien, 1970, 255, 24-25) où il indique que, pour ce tableau, Gros a consulté Desgenettes et réalisé des esquisses dont la plus achevée est au musée de Chantilly. Ainsi, en septembre 1804, il est exposé au Louvre. On est à Jaffa le 11 mars 1799 et Bonaparte visite les pestiférés accompagné du médecin et chirurgien Desgenettes. Bonaparte touche, déganté, un pestiféré qui est un marin de l’escadre de Ganteaume (pantalon rouge). Bonaparte est accompagné de Berthier et de Bessières. Aussi, à droite en avant voit-on un médecin atteint du même mal que son malade, et Gros a donné le visage de son ami médecin Masclet, mort de la peste mais qui n’était pas à Jaffa ou bien celui de Saint-Ours, mort aussi de la peste. À droite et derrière, on observe également un officier atteint de l’ophtalmie d’Égypte etc. Cette oeuvre marquera les débuts de l’art de l’épopée napoléonienne. |
↑5 | Claude Balme a laissé un chapitre (en fait un petit ouvrage) assez stupéfiant pour l’époque, lui, qui ne verra pas les prémices en 1851, de bonne règles des rapports entre les médecins, chirurgiens, les diverses administrations, la justice…etc. Le titre est le suivant : Considérations sur les qualités, les devoirs et les prérogatives du vrai médecin et ses relations avec ses collègues et les différents membres de la société. Cet écrit fait suite à la page 251 de son traité du scorbut de 1819. |