Christian Wilhelm von Faber du Faur naquit à Stuttgart, le 18 août 1780, où il passe sa jeunesse dans un environnement plutôt provinciale. C’est d’ailleurs dans cette capitale du Württemberg qu’il passera la majeure partie de sa vie. Sa famille était d’origine française. Contrairement à ce qu’il est fréquemment rapporté, ce n’étaient pas des Huguenots, mais des rebelles Armagnacs qui, exilés de France au XVe siècle, s’étaient établis dans le sud de l’Allemagne. Sa famille est essentiellement composée de militaires. Son père, Albrecht Achilles von Faber du Faur, sert dans l’armée du Württemberg, où il obtiendra le grade de colonel de cavalerie (Reiteroberst), et sa mère, née Philippa Frederika Zoller, étant fille d’un professeur à l’académie militaire. Christian a un frère et une soeur, mais sa mère disparaît lorsqu’il a trois ans, en 1783. Son père se remarie alors, peu après, avec Christiane Kluepfel.
Christian est envoyé dans une école primaire, puis reçoit une formation d’avocat, même s’il montre, à l’évidence, plus de talent pour le dessin et la peinture : il est l’auteur d’un jeu de cartes illustré de scènes du Wallenstein de Schiller (elles seront publiées à Cotta en 1807). Finalement, il suit les traces de son père, et entre, en 1809, dans l’armée du tout nouveau royaume de Württemberg. Il fait la campagne en Autriche, dans l’artillerie.
Trois ans plus tard, il participe à la campagne de Russie,dans la 25e division du IIIe corps d’armée du maréchal Ney. Il appartient bien sûr au contingent wurtembergeois, précisément dans la 2e batterie d’artillerie à pied. A Smolensk, il reçoit la Légion d’honneur, en août 1812, puis la Croix Royale. Il sera l’un seuls 300 wurtembergeois – dont 22 de l’artillerie – à revenir en Pologne en décembre 1812, restes des 15.000 qui avaient débutés la campagne. Ils sont regroupés le 8 janvier 1813 à Inovratslav. Durant toute la campagne, il n’a cessé de dessiner les faits saillants de « sa » campagne. Il en fera un livre de souvenirs étonnant de réalisme (voir encadré ci-contre)
Il est alors promu capitane, et rejoint les forces de Napoléon au printemps 1813. Il combat à Bautzen, où il est gravement blessé. Sa convalescence, à Ludwigsburg, dure le reste de l’année 1813 et une grande partie de 1814. En mars ce cette année, il épouse Maria Margaretha Bonevenuta von Hirlinger (elle décèdera en 1846). En 1815, il rejoint de nouveau le corps wurtembergeois, cette fois mobilisé pour combattre Napoléon. La brièveté de la campagne, terminée à Waterloo, ne lui donne pas l’occasion de participer à quelque opération d’importance.
La paix revenue, Faber du Faur continue sa carrière militaire, devient major en 1819, lieutenant-colonel en 1836, colonel en 1840, enfin général en 1849. Durant ces années il participe, comme conseiller, à la reconstruction des fortifications d’Ulm et de Francfort.
Faber du Faur quitte l’armée en octobre 1851, avec une pension de 2.160 Guldens. Il meurt le 6 février 1857, à Stuttgart, où il est enterré, au coté de sa femme Maria, au cimetière Hoppenlau, situé Rosenbergstasse, 7
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C’est en 1816 que les dessins – une centaine – de la campagne de Russie furent pour la première fois exposés, mais ce n’est qu’en 1827 que l’éditeur d’Augsbourg, Christian Autenrieth, lui propose d’en publier une série. De 1827 à 1830, les esquisses sont préparées, coloriées et la vente commença en 1829. Une série limitée fut reliée, dédiée au prince de la couronne de Württemberg, avec le titre : « Images de mon Porte-Feuille, rassemblées d’après nature, pendant la campagne de Russie« . Plus tard, un texte en français et en allemand fut préparé pour accompagner les gravures.
La version allemande, en grande partie, rédigée en vers, fut l’oeuvre de Frederich von Kausler, qui avait été lui aussi officier dans le corps wurtembergeois, servant en 1812 comme lieutenant de l’artillerie, puis aide de camp attaché au quartier général du IIIe corps. Plus tard, devenu colonel, il sera un historien ayant une certaine réputation, auteur d’un atlas militaire publié en 1839.