Charles René Magon de Medine – Contre-amiral (1763-1805)

Né à Paris, le 12 novembre 1763, au sein d’une grande famille (les Magon) de Saint Malo, Charles René Magon entre le 13 septembre 1777 dans la marine, comme aspirant garde, à Brest. Lorsque son père, gouverneur des Mascareignes, meurt en 1778, il lui lègue sa propriété de Médine, en Île de France (Île Maurice), et il décide alors de prendre le nom de Magon de Médine.
Le 1er mai 1778, il embarque sur le vaisseau la Bretagne, sur lequel il va rester jusqu’au 19 février 1779, participant notamment à la bataille d’Ouessant, le 27 juillet de la même année, qui oppose les forces de l’amiral d’Orvillier à celles de l’anglais Keppel. Du 28 fébrier au 31 mars 1779, il navigue sur l’Annibal, puis, du 1er avril au 27 décembre 1779, sur le Saint Esprit, commandé par Du Chaffault, et fait à son bord la campagne de la Manche.
Le 1er janvier 1780 il monte à bord du Solitaire, avec lequel il va faire la campagne des Antilles, dans l’escadre de Guichen. Nommé enseigne de vaisseau le 16 février, il participe aux trois combats livrés par ce dernier à l’escadre anglaise de Rodney au large de la Dominique, les 17 avril, 15 et 19 mai 1780. Le 2 août 1781, il passe sur le Caton de l’escadre de de Grasse, et participe aux combats de la Chesapeake le 20 août, puis de Saint-Christophe en janvier 1782 et des Saintes le 12 avril. Le 19 avril, il est fait prisonnier et sera libéré après 5 mois de captivité, à l’issue de lquaelle il embarque sur le Marseillais, avec lequel il navigue jusqu’au 24 février 1783.
Puis il passe, le 5 avril 1783, sur la frégate la Sémillante, qui part pour l’Océan Indien, où il va naviguer 15 années.
Promu lieutenant de vaisseau le 1er mai 1786, il prend le commandement de la flûte l’Amphitrite, avec laquelle il réoccupe l’île de Diego Garcia, puis fait l’hydrographie des Seychelles. En avril 1788, il embarque comme second sur la frégate la Dryade, jusqu’au 19 avril 1789, avant de prendre le commandement de la corvette la Minerve, le 26 juin 1791, puis, le 20 novembre 1792, de la frégate la Cybèle.
C’est après une mission de ravitaillement à Pondichery, qu’il est arrêté comme suspect à son retour à Port Louis. Mais il est rapidement libéré, et devient aide de camp du gouverneur général des Mascareignes, Monsieur de Malartic.
Après la déclaration de guerre à l’Angleterre, en janvier 1793, il rejoint la division du capitaine de vaisseau Renaud, forte de 3 bâtiments (frégates Cybèle et Prudente, corvette Coureur). Le 22 octobre 1794, ces trois navires vont attaquer deux vaisseaux anglais, le Centurion et le Diomède, qui font le blocus de l’île de France, et les forcent à se retirer !
Le 23 janvier 1795, Magon de Médine est promu capitaine de vaisseau, et prend le commandement par intérim – jusqu’à l’arrivée de Sercey – des forces navales françaises en Océan Indien : 3 frégates et 1 corvette ! Il sera de toutes les campagnes de Sercey en Océan Indien, de juin 1796 à décembre 1797.
Le 23 janvier 1798, il commande les frégates Vertu et Régénérée, escortant un convoi de deux vaisseaux de la compagnie royale des Philippines qui rentrent en Europe. Il repousse deux attaques anglaises : celle de la frégate Pearl en Guinée, le 24 avril 1798, et celle de la frégate Brillant, le 27 juillet. Arrivé en Europe, il est récompensé par les Espagnols (ils lui offrent une armure), et conduit ses frégates à Rochefort où elles sont désarmées.
Son retour est marqué par des accusations politiques sans fondement : il aurait participé à l’expulsion de l’Île de France des envoyés du Directoire. C’est l’amiral Bruix qui le soutient, et qui le fait affecter au bureau des colonies et prendre part aux travaux de réorganisation de la Marine. Il est bientôt nommé chef d’une division navale, le 3 septembre 1799, à Saint-Malo.
Le 24 juin 1801, Magon de Médine prend le commandement du vaisseau l’Océan, puis, le 21 août, celui du le Mont-Blanc, avec lequel il participe à l’expédition de Saint-Domingue, sous les ordres de Villaret de Joyeuse et de Latouche-Tréville. Il est nommé contre-amiral le 16 mars 1802, sur recommandation de Villaret de Joyeuse.
Lorsque la guerre reprend contre l’Angleterre, le 18 mai 1803, il devient le second de l’amiral Bruix, que Napoléon a choisi pour commander la flottille d’invasion. Il est plus particulièrement chargé du site de Boulogne.

Le 20 juillet 1804, l’Empereur, lors de son inspection du camp de Boulogne, décide de passer une revue de la flottille en pleine mer. Bruix s’y oppose, en raison de l’arrivée imminente d’une forte tempête. Napoléon passe outre, et Magon est directement chargé de faire exécuter le mouvement. Il obéit, et le coup de vent qui se lève bientôt provoque la perte de 30 navires, et, officiellement, de 31 noyés.
Le 16 août 1804, Magon de Médine reçoit les insignes de commandeur de la Légion d’honneur, lors de la cérémonie qui a lieu à Boulogne. De septembre et décembre 1804, il va repousser, avec Lacrosse, toutes les tentatives anglaises de l’amiral Keith et de Sir Popham visant à incendier et à détruire la flottille.
Le 18 mars 1805, l’amiral Bruix meurt d’épuisement. Il est remplacé par Lacrosse et Magon est alors désigné pour commander une division à Rochefort. Il y commande les vaisseaux Algésiras et Achille. Il part alors pour les Antilles, afin de rejoindre l’escadre de Villeneuve, ce qui est chose faite à Fort-de-France, le 4 juin 1805.
Le 22 juillet 1805, il est à l’arrière garde lors du combat des Quinze-Vingt.
A Trafalgar, Magon de Médine a sa flamme sur l’Algésiras, à l’avant de l’escadre d’observation commandée par l’amiral espagnol Gravina. Attaqué par l’escadre de Collingwood, il revêt son uniforme de gala, et porte son baudrier doré, cadeau des espagnols en 1798. « Je le donnerai – dit-il à ses hommes – à celui qui montera le premier à l’abordage d’un Anglais. »
Alors que le vaisseau anglais Tonnant tente de passer sur l’avant de l’Algésiras, le capitaine de pavillon de Magon, Tourneur, engage son mât de beaupré dans les haubans de l’Anglais et se prépare à ordonner l’abordage. Mais ses hommes, rassemblés à l’avant du bâtiment, sont fauchés par des tirs à mitraille du Colossus et du Bellerophon, qui sont venus en renfort. Magon est blessé, d’une balle dans le bras, puis d’un éclat de bois dans la cuisse. Refusant de se faire soigner, il reste diriger le combat. Après 5 heures de lutte, il est tué d’une balle en pleine poitrine. Son navire, démâté, est pris à l’abordage par le Tonnant, après avoir perdu 300 hommes, dont 100 tués et 15 officiers.