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Campagnes et Souvenirs militaires de Jean-Auguste Oyon (1783-1852) Maréchal des logis chef au 4e régiment de dragons

Jean-Auguste Oyon, né à Laon le 27 septembre 1783, appartenait à une famille de vieille bourgeoisie de cette ville: il était fils de Louis-Antoine Oyon, garde  générai des forêts à Laon, et de Marie-Elisabeth Wathier. L’un de ses oncles était chevalier de Saint-Louis, brigadier porte-étendard des gendarmes écossais de Louis XV, avec rang de capitaine de cavalerie. Il était parent du maréchal Sérurier, par la maréchale.

Lorsqu’en 1792 la Patrie fut déclarée en danger et qu’un frisson patriotique secouant tous les Français, les décida à lutter en désespérés pour la défense nationale, les six frères aînés d’Oyon partirent pour la frontière. Ils furent des vaillants, et quatre d’entre eux moururent sur les champs de bataille.

Oyon, qui n’était alors qu’un enfant de neuf ans, se promit de suivre, dès qu’il le pourrait, l’exemple donné par ses frères. Il tint parole, car, dès qu’il eut atteint l’âge de dix-sept ans, il partit à son tour, s’engageant, le 21 pluviôse an X (10 février 1802), au 4e régiment de dragons, que commandait, depuis le 12 vendémiaire an VIII, un de ses cousins, le chef de brigade Wathier [1]Wathier (en réalité Wattier), Pierre, né à Laon, le 27 septembre 1770; sous-lieutenant de chasseurs à cheval, 1792; lieutenant, 1798; capitaine, 1803; chef d’escadron, an II; chef de brigade … Continue reading .

Ce régiment, qui s’était vaillamment en comporté pendant les cam­pagnes de la Révolution, avait quitté La Haye au commencement de l’année 1802 pour aller tenir garnison à Amiens. C’est dans cette ville qu’Oyon le rejoignit. L’instruction qu’il possédait et peut-être aussi la protection du cousin chef de brigade, devaient lui assurer un rapide avancement dans les premiers grades : aussi était-il nommé fourrier six mois après son incorporation, le juillet 1802, et maréchal des logis le 2 avril 1804.

Au mois d’août 1805, il fit partie des détachements envoyés par son régiment aux flottilles des camps de Boulogne et de Saint-Omer, en vue d’une descente en Angleterre. A son grand dam, Oyon fit à pied la route d’Amiens à Calais, ayant dû remplacer son cheval et ses bottes par un sac et des guêtres; de dragon-cavalier, il était devenu dragon-fantassin. C’était mettre en pratique le vieil axiome militaire qui faisait des dragons de l’infanterie à cheval.

Après avoir assisté à un combat naval et avoir passé un mois à bord du bâtiment de transport n° 69, notre jeune sous-officier quitta Calais pour se rendre à Arras et participer, toujours comme dragon- fantassin, à la victorieuse campagne d’Autriche, que devait clore le coup de foudre d’Austerlitz.

Entrer dans le détail des faits et gestes d’Oyou pendant cette cam­pagne de 1805 serait déflorer le récit de ses Mémoires [2]Publiées par le Revue des Carnets de la Sabretache ; aussi nous contenterons-nous de dire qu’il assista à une revue de l’Empereur, fut employé par Murat, participa au combat d’Elchingen, prit part à la poursuite de l’archiduc Ferdinand échappé d’Ulm, séjourna à Vienne et à Schœnbrunn puis rentra en France après le traité de paix de Presbourg.

Oyon, qui avait été nommé maréchal des logis-Chef le 13 août 1806, se trouvait au camp dobservation des cotes de Bretagne, lequel, au mois de juillet 1807, devint camp d’observation de la Gironde. Pendant le déplacement des troupes, Oyon constate avec bonheur qu’il a abandonné le sac et les guêtres pour reprendre ses éperons et faire la route sur un bon cheval.

Tandis que les escadrons de guerre du 4e dragons prenaient part aux campagnes de 1806 et de 1807 (1) le 4e escadron de ce régiment fut désigné pour faire partie de l’armée placée sous les ordres de Junot, pour occuper le Portugal.

Oyon était le maréchal des logis-chef de cet escadron qui appartint successivement au régiment provisoire de dragons, au 3e puis au 4e régi­ments provisoires qui tinrent garnison à Alcantara, à Lisbonne, à Evora et à Estremoz.

A Evora, Oyon resté pour son service quelques heures après le départ du régiment pour Elvas, fut assailli par des insurgés et sut se faire jour.

Le 20 juillet 1S08, à TaiTaire de Villaviciosa, uotre maréchal des logis-chef, envoyé en avant pour reconnaître P ennemi avec trente-six dragons, se vit entouré par les insurgés; il les chargea audacieuse­ment, ies bouscula, mais eut le poignet droit fracassé par une halle.

Le i2j juillet son régiment, qui faisait partie de ïa division Loi son, chargea le ifil‘ août à P a flaire rPEvora et culbuta les hussards ennemis ; il prit également part à la bataille de Vimeiro (21 août) et par sa belle contenance contribua à arrêter les Anglais, très supérieurs en nombre.

A la suite de la convention de Cintra (3o aoùL) qui spécifiait que l’année française évacuerait le Portugal et serait transportée en France sur des navires anglais, le 4e provisoire gagna Lisbonne pour s’embar­quer et arriver en France vers le milieu du mois de novembre 1808, après une dangereuse traversée qu’Oyon raconte en détail.

La blessure qu’Oyon reçut à Villaviciosa ne lui permettait plus de faire un service actif; aussi quittant Tannée à vingt-cinq ans, il se retira à Laon. L’élogieux certificat qui lui fut délivré, à son dépari, par le Conseil d’administration de son régiment est ainsi conçu :

« Ce militaire a constamment fait toutes les campagnes avec le régiment depuis son entrée au corps. Il s’est toujours distingué, particulièrement dans les campagnes d’Autriche et dans celle de Portugal, où il  a reçu un coup de feu qui lui a traversé le poignet droit et le prive totalement de l’usage de la main, il reçut cette blessure le20 juin 1808 à l’affaire de Villaviciosa. »

Admis à la retraite, Oyon voulut rendre encore des services à son pays. En 1814, il commandait la garde nationale de Laon; en lisant son manuscrit sur Laon pendant l’invasion, on est frappé de l’émouvante rancœur qu’éprouva l’ancien sous-officier de dragons qui avait joué de la lame en Allemagne, en Autriche et en Portugal, à voir les ennemis que nos soldats étaient habitués à vaincre, fouler le sol français !

En 1815, allant prendre le commandement de l’armée qui devait être victorieuse à Ligny et vaincue à Waterloo, Napoléon s’arrêta le 12 juin à Laon et récompensa Oyon de ses services militaires en lui remettant la croix de la Légion d’honneur. Le maréchal Sérurier et le général Marchand félicitèrent chaudement le nouveau décoré.

Lorsque le surlendemain de Waterloo, Napoléon repassa à Laon, il fut reçu par la garde nationale. « Sire, lui dit l’officier commandant « (Oyon), nos frères et nos enfants sont dans les places fortes; disposez de nous qui restons, nous sommes prêts à mourir pour la Patrie et Votre Majesté! » (i) Puis, ce fut au cri de Vive l’Empereur ! que les gardes nationaux accompagnèrent Napoléon à l’Hotel de la Poste, d’où il partit pour Paris vers dix ou onze heures du soir, après avoir chargé le maréchal Soult du commandement de l’armée et donné l’ordre de lever la garde nationale des pays environnants pour arrêter les soldats en retraite et les concentrer à Laon.

La croix accordée à Oyon pendant les Cent-Jours ne fut pas reconnue par le Gouvernement de la deuxième Restauration, et ce ne fut qu’en 1832, alors qu’il était maire de Laon, qu’il reçut de nouveau la croix de la Légion d’honneur.

C’est dans celle ville qu’Oyon mourut, le 15 septembre 1852.

References

References
1 Wathier (en réalité Wattier), Pierre, né à Laon, le 27 septembre 1770; sous-lieutenant de chasseurs à cheval, 1792; lieutenant, 1798; capitaine, 1803; chef d’escadron, an II; chef de brigade du 1er dragons, an VIII; général de brigade, an XIV: écuyer de l’Empereur, 1808; général de division, 1811 ; en non activité, 1812; inspecteur général de cavalerie, 1820 et 1821 ; inspecteur de gendarmerie, 1821; président du Comité de cavalerie, 1er janvier 1830; disponible dans le cadre d’activité, 1er  avril 1830; décédé à Paris, le 3 février 1840.  Campagnes : 1792-1793* de l’an II à l’an IX, à l’armée du Nord; intérieur et Batavie; 1805  à 1807, Grande Année; 1807 à 1809, côtes de l’Océan et armée d’Espagne; 1809, Allemagne; 1810 et 1811, Espagne; 1812 et 1813, Grande Armée; 1814, Hambourg; 1815, Belgique. Décorations : Chevalier de Saint-Louis, 1814 ; grand-officier de la Légion d’honneur, 1821.
2 Publiées par le Revue des Carnets de la Sabretache