Bogislav Friedrich Emmanuel Tauentzien von Wittenberg (1760-1824)

Bogislav Friedrich Emmanuel Tauentzien von Wittenberg
Bogislav Friedrich Emmanuel Tauentzien von Wittenberg

Bogislav Friedrich Emmanuel Tauentzien von Wittenberg nait le 15 septembre 1760 à Postdam. Le 1er mars 1774 il entre à l’académie militaire de Berlin, qu’il quitte le 1er septembre 1775 pour rentrer dans le corps des gendarmes. Peu après, sans doute sur les instances de son père qui craint pour la santé de son fils que les conditions dans cette unité lui soit défavorables, il est transféré au régiment d’infanterie du prince Henri (n° 35). Le prince, le prend rapidement comme aide de camp, l’emmenant avec lui durant la guerre de succession bavaroise [1]« Guerre des pommes de terre », ainsi que, en 1784 et 1788, durant un voyage qu’il effectue en France.

Lorsque le père du jeune Tauentzien, promu major en 1790, meurt, en 1791, le roi Frédéric Guillaume II le prend dans sa suite et lui accorde, le 8 juin 1792, un titre de baron. Lorsque la guerre éclate, la même année, avec la France, Tauentzien accompagne le roi. Il reçoit le 13 décembre l’Ordre Pour le Mérite. Le 16 février 1793, il est promu lieutenant colonel (Oberstlieutenant) et nommé aide de camp royal. Peu après, il est nommé représentant militaire au quartier général du général Clerfait, qui commande alors aux Pays-Bas autrichiens. Dans ce poste, il confirme la bonne opinion que l’on a de lui à la Cour de Berlin, ce qui lui vaut d’être envoyé comme ministre plénipotentiaire à la cour de Moscou. Il quitte ce poste lorsque le tasr Paul Ier monte sur le trône de Russie.

Le roi de Prusse Frégéric-Guillaume III (Anton Graff)
Le roi de Prusse Frégéric-Guillaume III (Anton Graff)

Tauentzien rejoint l’antourage royal, à Berlin, même après l’accession au trône de Frédéric-Guillaumme III. Il effectue alors différentes missions diplomatiques, sans grande importance. Malgré les demandes du tsar, la cour de Berlin refuse de le renvoyer comme plénipotentiaire à Saint-pétersbourg.

Tauentzien, depuis 1795 colonel, depuis 1801 général, retrouve le service actif, qu’il n’a pratiquement pas connu depuis trente ans, à l’automne 1804. Il prend le commandement du régiment d’infanterie n° 56, stationné à Ansbach. Il s’attache à l’instruction de ses troupes, en particulier de ses officiers.

Un an plus tard, lorsque la neutralité d’Ansbach est violée par Bernadotte, l’attitude de Tauentzien est mesurée (de toute façon il n’avait guère la possibilité de se mettre en travers des troupes française…). Avec son régiment, il rejoint le corps d’armée de Blücher à Bayreuth, au moment de la mobilisation prussienne. Après Austerlitz et la paix de Presbourg, il reste à Bayreuth, nommé commandant général des troupes qui y restent stationnées. Pour des raisons obscures, il demande peu après sa libération du service, ce que le roi lui refuse le 17 mars 1806, lui accordant peu après l’Ordre de l’Aigle rouge.

Lorsque la campagne de 1806 commence, Tauentzien se trouve à Hof, avec un corps auxiliaire avancé de 8 bataillons et 9 escadrons. Lorsque le corps du maréchal Soult s’approche, il n’a d’autre ressource que de reculer sur Schleiz, où, le 9 octobre, il est attaqué et battu par le maréchal Bernadotte. Il retraite alors par Auma et Triptis sur Iéna. Il prend à ce moment là le commandement de toute l’avant-garde de l’armée de Hohenlohe. Après la défaite du 14 octobre 1806, et la retraite qui s’en suit, Tauentzien est fait prisonner après la capitulation de Penzlau. Libéré sur parole, il rejoint Charlottenbourg. [2]Après la déroute de 1806, 141 officiers seront démis de leurs postes…. à l’exception de Tauentzien et de Blücher.

Il est bientôt tiré de sa retraite par Napoléon qui, se souvenant qu’il a pu observer ce qui s’est passé à Ansbach et à Bayreuth, en 1805 et 1806, l’envoi, sans aucune forme de procès, en prison, le 23 décembre 1806.  Il en ressort en avril 1807, échangé contre un officier français. Sur la route du retour, il passe par Ansbach et Bayreuth, dont les habitants lui font un accueil qui attire de nouveau l’attention des autorités françaises. A Posen, on lui signifie que l’échange ne peut avoir lieu… et il est de nouveau un prisonnier, que l’on conduit au Fort Joux, dans le Jura, où il va rester jusqu’à la signature de la paix de Tilsit. Entre temps, il aura appris, dans un journal français, qu’il a été nommé, le 4 mai 1807, nommé lieutenant général. Il rejoint le dépôt général des prisonniers de guerre, à Nancy. Il retrouve finalement la liberté en novembre 1808, après 16 mois de captivité.

De retour à Königsberg alors que la Prusse reforme son armée, Tauentzien est nommé commandant de la brigade brandebourgeoise, en garnison à Berlin. Avant de prendre son poste, il accompagne le couple royal durant une viste à la cour de Saint-Petersbourg, durant l’hiver 1808/1809. Il rejoint Berlin en février 1809. Deux mois plus tard, c’est l’affaire Schill, qui implique des troupes sous les ordres de Tauentzien. Ce dernier est suspendu par le roi (ainsi que le gouverneur l’Estocq et le commandant Chasot) et ordonne une enquête. Rien n’ayant pu être retenu contre lui, il est reconduit dans ses fonctions, par ordre du 21 juillet 1809, qu’il conserve jusqu’à ce qu’il soit nommé gouverneur de Poméranie, en août 1811.

Au printemps 1813, lorsque la Prusse prend les armes contre la France, Tauentzien, se fondant sur des paroles du tsar Alexandre, qui le verrait bien à ce poste, se voit déjà à la tête de l’armée prussienne. Tel n’est pas l’avis des conseillers militaires du roi, qui le considèrent comme un opposant aux réformes. Scharnhornst et Gneisenau sont loin de l’apprécier. Le 5 mars, il est nommé gouverneur militaire de la Poméranie extérieure et se voit confié le siège de Stettin. Ses demandes de service en campagne sont repoussées par de belles paroles, jusqu’a la période de l’armisitice. Le 5 juillet , il est nommé commandant du nouvellement formé 4e corps d’armée, destiné à soutenir soit l’armée du roi de Suède, l’ex-maréchal Bernadotte, au nord, soit celle sous les ordres de Blücher, tout en participant aux sièges des places fortes sur l’Elbe et l’Oder. Avec Bernadotte, il va avoir de si bon rapport, que celui-ci le considérera bientôt comme un ami. Ses rapports avec Blücher seront beaucoup moins courtois.

Maréchal Jean Bernadotte. Wikimedia Commons/Public Domain
Maréchal Jean Bernadotte. Wikimedia Commons/Public Domain

Lorsque les hostilités reprennent, Tauentzien a sous ses ordres environ 30.000 fantassins, 2800 cavaliers et 43 pièces d’artillerie. Ce sont en grande partie des Landwehr, mal formés, insuffisamment armés et équipés, mais pleins d’entrain, et conduits par des officiers impatients de venger l’affront de 1806. Le 20 août, le IVe corps est rassemblé à Berlin, qu’il quitte rapidement pour prendre position à Blankenfelde. Le 23 il repousse le général Bertrand à Gross-Beeren.

Le 6 septembre, le IVe corps est à Dennewitz, où il participe à la victoire de Bülow. Au début d’octobre, il est à Dessau. Il ne participe pas à la bataille de Leipzig, chargé de s’emparer des places fortes de l’Elbe : Torgau capitule le 26 décembre, Wittenberg  [3]D’où le nom Wittenberg accolé à son nom  [4]Il semble toutefois qu’il y ait contestation quant à la présence effective de Tauentzien à Wittenberg. le 12 janvier 1813. Mais Magdeburg ne tombera que le 24 mai 1814, sur l’ordre de Louis XVIII.

Tauentzien avait été promu général d’infanterie le 8 décembre 1813; après la prise de Wittenberg il est décoré de l’Ordre de la Croix de Fer.

Il retrouve, à la fin de la guerre, Berlin. En août 1814, il reçoit le commandement des territoires sur la rive droite de L’Elbe et en Poméranie. Il ne prend pas part à la campagne de 1815 : nommé commandant  du VIe corps d’armée, il avait rassemblé celui-ci autour d’Erfurt et de Minden, mais lorsqu’il l’avait dirigé sur la France, la campagne de Belgique s’était déjà terminée à Waterloo. Le 3 octobre 1815, il est de retour à Berlin, avec les mêmes responsabilités. Celles-ci sont réduites quelque peu en avril 1820, lorsqu’il est nommé commandant du IIIe corps d’armée. En 1820, il est envoyé en Angleterre, à l’occasion de la mort du roi Georges III, et en France, après l’assassinat du duc de Berry.

En 1823, Tauentzien est nommé chef du 20e régiment d’infanterie (en 1889 l’empereur Guillaume II baptisera Tauentzien ce régiment).

Bogislav Friedrich Emmanuel Tauentzien von Wittenberg meurt le 20 février 1824, à Berlin, à l’âge  de 64 ans.

LIEUX DE MÉMOIRE

  • Champ de bataille d’Iéna. A Closewitz, en direction de Lützeroda, Fährstrasse, en bordure de la route, stèle marquant l’emplacement du IVe corps d’armée de Tauentzien, le 14 octobre 1806, à six heures du matin
•Champ de bataille d'Iéna. A Closewitz, en direction de Lützeroda, Fährstrasse, en bordure de la route, stèle marquant l'emplacement du IVe corps d'armée de Tauentzien, le 14 octobre 1806, à six heures du matin
• Champ de bataille d’Iéna. A Closewitz, en direction de Lützeroda, Fährstrasse, en bordure de la route, stèle marquant l’emplacement du IVe corps d’armée de Tauentzien, le 14 octobre 1806, à six heures du matin
  • A Dennewitz (100 km au nord de Leipzig) près de l’église, stèle en souvenir du général Tauentzein avec l’inscription : « Je préfère rester mort sur le champ de bataille avec tout mon corps d’armée, plutôt que de céder un pas »
stèle en souvenir du général Tauentzein
Stèle en souvenir du général Tauentzein

 

References

References
1« Guerre des pommes de terre »
2Après la déroute de 1806, 141 officiers seront démis de leurs postes…. à l’exception de Tauentzien et de Blücher.
3D’où le nom Wittenberg accolé à son nom 
4Il semble toutefois qu’il y ait contestation quant à la présence effective de Tauentzien à Wittenberg.