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Blocus continental – La fin d’un rêve – Le Consulat et le Premier empire

L’arme économique va finalement se révéler insuffisante pour faire fléchir la perfide Albion, les moyens nécessaires à son succès n’ayant jamais véritablement été employés. Elle se révélera être par ailleurs une arme à double tranchant pour l’économie continentale, et en particulier de la France.

L’impossible verrouillage continental

A l’impossible blocus maritime les français avaient substitué un blocus continental. Mais la maîtrise des mers qui faisait défaut à l’Empire se révéla être un atout majeur dans le contournement du blocus terrestre pour les entreprises britanniques.
Pour imposer son intégrité un seul moyen subsistait : la force.

Angleterre, Empire des mers.

L’obtention de la maîtrise des mers par la Royale Navy fut facilitée par le sabordage opéré par la Révolution dans la Marine française. Situation à laquelle les sursauts d’orgueils de nos corsaires ne suffirent pas à rétablir l’équilibre.

a) L’héritage de la Révolution.

Un espoir était pourtant né pendant la guerre d’indépendance américaine, la vulnérabilité de la Royal Navy. La France reste jusqu’au XVIII’ une grande puissance maritime dont la valeur n’a pas été démentie. Les mers raisonnent encore des exploits de Suffren, ou de Jean-Bart. Comment a-t-on pu en arriver à l’éviction totale des escadres françaises des mers du globe.

Deux éléments sont déterminants afin de tenter d’expliquer cette situation dont la France ne se remettra jamais. Le premier est d’ordre géographique, il suffit de regarder une carte pour observer que la France a autant de frontières terrestres que maritimes. Ce qui implique la nécessité d’une armée terrestre puissante, ce qu’elle démontra tout au long de son histoire. Mais les moyens mis à sa disposition sont autant qui ne seront pas affectés à la Marine. Or la France à toujours fait passer la priorité à la protection de son intégrité territoriale.

Problème qu’a su éliminer l’Angleterre en réalisant son unité au sein de la Grande Bretagne. Qu’elle suscita ou non les intrigues européennes contre la France, elle en reçue toujours un bénéfice sur les mers.

L’autre élément est directement lié à la Révolution. La plupart des capitaines et grands commandants étant de noble lignage [1]  la Marine française s’est rapidement trouvée déficitaire en ce qui concerne son encadrement. Comme l’Armée française a connu des défaites aux premières heures de sa création, il en fut de même pour la Marine. Mais cette situation devait perdurer, le manque de cohésion, de discipline et les mutineries finirent d’achever une marine à l’agonie [2]. Le pire étant encore à venir avec la bataille de Trafalgar, en octobre 1805 qui assure définitivement à l’Angleterre la maîtrise des mers.

Malgré l’effort maritime de l’Empire, la flotte française ne livra guère que quelques combats isolés, généralement à son désavantage. Le lancement de 58 vaisseaux entre 1807 et 1813 ne doit pas tromper. Ceux-ci, ouvrages d’armateurs privés, sont généralement de mauvaise qualité. L’éparpillement des chantiers navals aux quatre coins de l’Empire donne des vaisseaux disparates de petits tonnages et faiblement armés [3] (entre 70 et 80 canons contre 90 à 120 canons aux vaisseaux anglais).
Désormais la Marine impériale ne s’illustrera plus qu’au cours de batailles terrestres comme compagnie d’élite des armées françaises. Reste pour sauver l’honneur les corsaires.

b) La course.

Acte « légalisé » depuis le XVIe siècle, la course a revêtu deux formes lors des guerres de la Révolution et de l’Empire. La première, la course d’escadre n’eut guère d’efficacité à cause du peu d’engagement des équipages qui ne bénéficiaient pas des avantages de ceux des courses privées. Les manuels d’histoire retiendront plutôt cette deuxième forme, la course privée, beaucoup plus efficace, et que certains nom légendaires continus à faire vivre encore aujourd’hui (ainsi en est-il de Surcouf, fait baron d’Empire, en récompense de son comportement). Son développement permis à certains ports comme Nantes ou Bordeaux de survivre au manque d’activités.

Nous ne résistons pas au plaisir de citer une anecdote qui décrit assez fidèlement l’état d’esprit d’alors. À un officier anglais qui disait, « Vous les Français, vous vous battez pour l’argent, nous, nous nous battons pour l’honneur.», Surcouf aurait répondu : « On se bat toujours pour ce que l’on n’a pas ».

La guerre Anglo-Américaine verra également la course ouverte aux corsaires américains. Entre le 19 Juin 1812 et le 24 Décembre 1814 date de la paix de Gand, les corsaires américains capturèrent près de 2000 navires marchands britanniques. 11 000 navires marchands britanniques furent perdus entre 1793 et 1815, ce qui représentait une valeur de 62 millions, soit 2,5% des bâtiments ayant fréquenté les ports britanniques.

Pour l’amiral Mahan cela démontre le faible impact qu’a eu la guerre de Course, alors que Paul Kennedy y voit une moyenne de 500 navires perdus par an, avec un pic en 1810 de 619 navires. Et c’est bien là le fond du problème. Malgré tout l’énergie des Surcouf ou des Alexandre William Black [4], la course n’a prélevé qu’une goutte d’eau dans l’océan commercial britannique.
La politique des escortes de la Royal Navy ainsi que la prise des colonies françaises des Antilles mit un frein à la course qui disparut pratiquement entièrement après 1810 en France.

D’autre part la course apportait un effet pervers sur l’économie du continent car les corsaires avaient obtenus l’autorisation de vendre leurs prises aux enchères.

 

La France contrainte à faire la guerre.

L’Empire français fut incontestablement plus efficace dans ses affrontements sur le continent. Toutefois des trois grandes campagnes qui vont se déclencher entre 1807 et 1813 toutes vont avoir pour origine directe ou indirecte l’application du blocus continental.

Comme nous l’avons vu plus haut, la situation en Angleterre en 1808 sans être catastrophique était devenue difficile. Et ces difficultés auraient certainement continué à s’aggraver si l’Empereur n’avait entraîné la France dans un nouveau conflit dans la péninsule ibérique.

En effet, la mauvaise volonté affichée par le Portugal à vouloir appliquer le blocus continental et à entrer en guerre contre l’Angleterre conformément aux traités de Milan poussa l’Empereur à intervenir de la façon la plus radicale, c’est-à-dire en envahissant puis en dépeçant le malheureux royaume Lusitanien. Puis dans l’élan, il destitua le roi d’Espagne pour lui substituer son frère Joseph moins enclin à traiter avec les anglais que ce dernier. Or ce nouvel engagement eu trois effets directs concernant l’économie britannique et le blocus continental.

– En premier lieu, il permit d’ouvrir aux navires anglais les marchés des colonies portugaises et espagnoles.

– En second lieu, l’intervention en Espagne qui allait devenir le bourbier espagnol pour reprendre une expression consacrée, nécessitant des troupes qui depuis le traité de Tilsit avaient été employées à renforcer le blocus des ports européens. Il en résulta un relâchement du blocus pour des raisons que nous avons déjà évoquées.

– En troisième lieu, les troupes anglaises afin d’aider leur allié portugais débarquèrent au Portugal et inondèrent la péninsule de leurs produits [5].

L’Angleterre était sauvée jusqu’à la prochaine crise, mais le blocus continental avait largement été ébranlé. En 1809, alors que l’économie britannique connaît les premiers symptômes d’une nouvelle crise, l’Angleterre poussa l’Autriche dans une cinquième coalition contre la France.

En violant le décret de Milan et en accueillant les navires britanniques dans ses ports, elle ne pouvait que défier l’Empereur des français. La sanction fut terrible et contraignit les autrichiens à signer la paix de Vienne le 14 Octobre 1809. Toutefois le commerce entre l’Angleterre et les ports autrichiens avait repris dès le 12 Juillet 1809 consommant l’inefficacité du blocus. L’espoir de mettre à genoux l’Angleterre paraissait déjà bien illusoire.

Pourtant, elle allait entrer dans une période de Crise économique aggravée par le resserrement du blocus continental. Une série de mesures furent prises à partir de 1810. Alors que la crise atteint son paroxysme fin 1811, début 1812, l’Empereur compromit une nouvelle fois les chances de réussites du blocus continental en préparant une nouvelle campagne qui devait l’amener en Russie. Cependant jamais l’Angleterre n’a semblé aussi proche à tomber dans le gouffre alors que la situation en Europe semblait s’améliorer.

Caractère paradoxal du blocus qui étreignait l’Angleterre, mais qui l’a également sauvée. Car si la Russie avait obligation d’acheter les produits manufacturés français, au demeurant à prix chers, en contrepartie elle ne pouvait exporter ses propres productions vers la France, faisant regretter aux commerçants et producteurs le client anglais.

Le point de départ de ce nouveau conflit peut être daté du 13 décembre 1810, date à laquelle le Tsar rétablit le commerce entre la Russie et les neutres, et interdit les importations de soieries françaises. Une nouvelle fois le blocus se desserra, les gouvernements fermèrent les yeux ou encouragèrent la contrebande. Pourtant personne ne pouvait encore prédire que la campagne de Russie sonnerait la mort de l’Empire.

La Russie était à plus d’un titre nécessaire à la stratégie globale de l’Empereur. D’une part elle apportait une caution au blocus continental par la fermeture de ses ports qui en imposait aux autres nations européennes moins puissantes. Par ailleurs, la Russie une fois conquise permettrait à l’Armée française de se rabattre sur l’Empire des Indes, véritable cordon ombilical du commerce britannique. C’est cette même idée qui l’avait conduit en 1798 à débarquer en Egypte pour couper les voies commerciales britanniques vers les Indes.

Le temps des crises.

Dans les périodes de crises et de pénuries, les peuples ont toujours redoublé d’effort afin de trouver des substituts aux biens qui leur manquaient. Cette attitude certainement compréhensible au premier abord se trouve en fait être une arme redoutable pour l’économie du pays visé. D’autant plus si elle est suscitée et attisée par une nation ennemie.

La contrebande, car c’est d’elle dont il s’agit, réalisa son ouvrage de sape de l’économie par-dessus même le blocus continental qui en définitif était sa raison d’être. Toutes les tentatives qui seront mis en œuvre afin d’enrayer ce phénomène pernicieux n’aboutirent qu’à des échecs. Le tout accentué par un fond de crise permanent dans les quatre dernières années de l’Empire.

 

La contrebande.

Le salut de l’Angleterre s’est trouvé être la contrebande qui, par son développement, alors que la situation interne du pays devenait difficile, permit la reprise d’un commerce clandestin avec l’Europe [6]. Que ce soit au nord de l’Europe où les marchandises pénétraient par les ports suédois (Göteborg) ou par l’île de Helgoland investie par la Royale Navy dès 1807, ou en Méditerranée où à Malte où ses quatre firmes représentant le siège de la contrebande anglaise, celle-ci a pu bénéficier de deux éléments favorables :
– Le premier étant l’impossibilité pour quelques nations que ce fut de contester la suprématie anglaise sur les mers,
– Le second étant la bienveillance de certains gouvernements et la corruption des autorités impériales.

En fait seule la frontière française bénéficiait d’une certaine intégrité car sa surveillance était propre à décourager les contrebandiers. Le surnom de « petit Londres » donné à Holigoland illustre à lui seul la situation dans cette partie de l’Europe (Annexe).

 

Les mesures impériales

L’une des réactions de l’Empereur contre ce fléau fut une politique d’annexion exercée à l’encontre des pays contrebandiers et qui fit entrer la Hollande et la plupart de pays du nord de l’Allemagne dans l’Empire français. « Cette fureur annexionniste » développa le déséquilibre européen entre la France des 130 départements et ses alliés. Elle suscita également une vague de protestation tant de la part des souverains étrangers voyant d’un mauvais œil le sort réserve à leur commerce, mais également des français qui craignaient que cela ne remette en cause l’harmonie et l’avenir de la France,

Devant l’échec d’un blocus qui n’enrichit que les fraudeurs Napoléon se fait lui-même contrebandier en établissant un commerce direct avec l’Angleterre par l’établissement d’un système de licences.

La disparition, sur le marché, des denrée anglaises explique la psychose que laisse deviner cette gravure. Des acheteurs se précipitent sur des marchandises introduites en fraude, quel qu'en soit leur prix.
La disparition, sur le marché, des denrée anglaises explique la psychose que laisse deviner cette gravure. Des acheteurs se précipitent sur des marchandises introduites en fraude, quel qu’en soit leur prix.

L’Angleterre dès 1803 avait autorisée les navires neutres à commercer avec les ports ennemis contre le paiement d’une licence. Pour tenter de lutter contre la contrebande, mais également afin d’aider les paysans et producteurs qui avaient du mal à écouler leurs productions et pour permettre des rentrées fiscales qui ne cessaient de diminuer [7], l’Empereur se décida en 1809 à accorder de telles licences. Tous les pavillons, excepté britanniques, pouvaient en bénéficier. Cette technique qui ne devait être qu’exceptionnelle se développa à la fin de l’Empire.

Elle devait avoir pour première fonction d’exporter des produits français principalement agricoles (céréales, eau de vie, vin … ), c’est pourquoi tout navire important des marchandises devait au préalable exporter pour une valeur au moins égale des marchandises françaises. L’Empereur avait exigé contre l’exportation de ces produits l’obligation d’importer soit du numéraire, soit des munitions navales, du quinquina, du fer ou enfin des drogues médicinales. L’Angleterre le refusant, la liste des importations autorisées dû être augmentée, exception faite des denrées coloniales et produits manufacturés anglais.

Cette première tentative de licence n’a pas permis de ranimer le commerce extérieur français ni d’augmenter les recettes fiscales qui continuèrent à baisser. Quant à l’Angleterre, elle ne ressentie que faiblement cet élan des exportations françaises [8].

A partir de 1810 le système fut renforcé par la création de licences « de nouveau système ». La finalité en était toujours la volonté d’exporter les produits [9] français . Mais en plus, en autorisant les importations en France de denrées coloniales l’Empereur voulait redonner au pays son rôle de monopole dans la redistribution dans l’Europe des denrées coloniales non anglaises tout comme il avait réservé le marché européen à l’industrie française.

Ces nouvelles licences ne pouvaient être délivrées qu’à des navires [10]  français . Le décret de Saint Cloud du 25 Juillet 1810 fit du commerce maritime un commerce dirigé. Le décret du Trianon du 5 août installa le rôle de monopôle de la France pour la redistribution des denrées sur le continent et instaura de lourds droits de douanes sur ces denrées. Le but recherché étant de faire payer les acheteurs aussi chers leurs produits que par l’intermédiaire des contrebandiers, mais en payant cette fois-ci aux douaniers.

Enfin pour ne pas concurrencer ce nouveau rôle économique de la France, il fallait annihiler le commerce des denrées coloniales en Europe. Le décret de Fontainebleau du 19 octobre prévoyait la saisie et la destruction de toutes les marchandises anglaises en Europe, ce qui donna lieu à plusieurs autodafés. Francfort servi d’exemple, la ville en sortie ruinée. Ces agissements accentuèrent le mécontentement en Allemagne ainsi que la panique dans les milieux bancaires européens.

Le bilan de ces nouvelles licences est guère plus brillant que celui des précédentes. Ce système à fait de l’Angleterre le premier client et le troisième fournisseur de la France. Par ailleurs, les importations des denrées coloniales ont chuté à cause de leur prix exorbitant [11]. La balance commerciale était en faveur de l’Angleterre. Le seul aspect positif fut l’augmentation des recettes fiscales qui fut de 134% entre 1809 et 1810.

Dès 1811, le blocus n’est plus qu’une vue de l’esprit, en 1811 et 1813 l’Angleterre est devenue le troisième fournisseur de la France et son quatrième client [12] . A partir de 1811 toutes les mesures apportées aux remaniements des licences n’auront pour objet que de lutter contre la crise économique

Par cette politique par trop favorable à la France, Napoléon s’aliéna le reste de l’Europe dont les villes avaient été ruinées et suscita une grave crise économique.

 

La crise de 1811.

En fait, de 1811 à 1812 ce n’est pas une crise mais une succession de trois crises qui donnèrent l’impression que la première continuait lorsque la deuxième puis la troisième éclatèrent.

Tout commença par une crise financière en 1810 qui sonna la faillite de plusieurs établissements bancaires parisiennes et en Europe, liée à la spéculation sur les denrées coloniales [13] . Mais également par le fait que si la guerre avait séparé en deux les pays européens, les banquiers d’Europe étaient restés en relation étroite avec leurs homologues d’outre-manche. Et la crise qui éclata en Angleterre en 1810 rejaillit en Europe.

La crise financière provoqua une crise dans Industrie qui pour se développer avait fait appel au crédit. Pour lutter contre la faillite, les banques durent resserrer leurs crédits entraînant par là même la fermeture de certaines entreprises. Ce fut surtout le domaine textile qui fut touché.

À cela venait s’ajouter une contradiction découlant du blocus et qui opposait filateurs et tisseurs. Les droits de douanes taxant les importations de coton faisaient augmenter le prix de revient des productions françaises. Or les pays importateurs de ces produits tels que la Russie ne pouvaient plus les acquérir car eux-mêmes manquaient de débouchés pour leurs produits. Les filatures étaient par ailleurs concurrencées par les industries suisses et saxonnes qui employaient de la main d’œuvre moins chères. Mais également, comble de l’ironie, par l’Empereur lui-même qui jetait sur les marchés les marchandises britanniques confisquées ou capturées par les corsaires.

Pour lutter contre cette crise, l’Empereur accorda des prêts aux industriels, passa de fortes commandes pour la cour. A la fin de l’été cette crise avait été, au prix de lourds efforts, contenue. C’est alors que par des intempéries qui n’épargnèrent aucune région française, les récoltes de l’année s’avéreront mauvaises. Succédait donc à la crise financière une crise agricole.

La conséquence la plus notable fut une augmentation du prix du pain qui nécessita la mise en place d’un « maximum » comme sous la Révolution, rebaptisé taxé [14] . Malgré tout, les prix le dépassèrent en province entraînant chômage et misère, qui devaient s’exprimer par une série d’émeutes, de manifestations et également de pillages qui furent fermement réprimandés par la garde.

La crise engendra le chômage, contrecoups du blocus continental. La faillite de dizaines d’industries mit à la rue des milliers d’ouvriers. Si on y ajoute les mauvaises récoltes de l’année et l’augmentation du prix du pain, nous nous trouvons devant tous les éléments propices à l’explosion d’une crise sociale. Les chantiers de travaux publics ouverts pour donner du travail à ces malheurs, ainsi que la multiplication des soupes populaires a eu du mal à contenir une population accablée par les aléas économiques.
Au point que l’Empereur dut donner la Garde dans certaines villes comme Caen. Les exécutions exemplaires eurent tôt fait de calmer la population. De ce point de vue le sort des ouvriers français n’a rien à envier, comme nous l’avons vu, à celui des ouvriers anglais.

Les finances de l’État étaient basses. Les recettes peinaient à entrer dans les caisses. La campagne de Russie sera, dira l’Empereur « dans l’intérêt de ses finances ». L’Empire et l’Empereur étaient trop tributaires de la guerre, celle-ci devait un jour les perdre.


 

NOTES

[1] En 1792 il ne restait que 42 capitaines de vaisseau sur les 170 inscrit un an auparavant.

[2] Si en quelques chiffres nous pouvons donner une vue générale de la situation française, constatons ceci:

en 1789, la France possédait 88 vaisseaux, 73 frégates
en 1792, la France possédait 78 vaisseaux, 69 frégates
en 1795, la France possédait 65 vaisseaux, 64 frégates
en 1802, il ne restait guère que 52 vaisseaux et 38 frégates, alors qu’entre 1789 et 1802, 52 vaisseaux et 82 frégates ont été lancés.
(L’Empire des mers. Ed. Office du livre. pp. 209 à 241.)

[3] En 1812, la Marine française ne peut prétendre mettre en lice que 480 vaisseaux de mauvaises factures dont à peine une partie est opérationnelle. D’autre part le recrutement est difficile outre la réputation de la Marine, l’Armée française opère déjà des ponctions sur la population, et les prisonniers en mer ne sont pas rendus, mais meurent dans les prisons britanniques.

[4] Voir la revue « Histoire des Armées », no 3, 1986, p.60 article de Jacques le Berger Carrière.

[5] Les importations dans la péninsule augmentèrent de 42 à 70% entre 1801 et 1808, et de 157,80% entre 1808 et 1809.

[6] Le développement est rendu possible, nous l’avons vu, grâce à l’assouplissement bien involontaire du blocus continental consécutif aux nouvelles campagnes de l’Empereur.

[7] Les recettes douanières accusèrent une diminution de 53% entre 1807 et 1808, et de 16% entre I809 et 1810. Dictionnaire Napoléon, p. 229

[8] Bien que les importations françaises furent multipliées par trois entre 1808 et 1809, elles ne représentaient que 2.3% des importations britanniques totales.

[9] A partir de Juin 1810, les exportations de grains furent interdites en prévision de mauvaises récoltes.

[10] Un régime de faveur fut accordé aux navires américains. Napoléon était soucieux de préserver cette nouvelle puissance dans l’espoir qu’elle se joigne à lui dans sa lutte contre l’Angleterre. En 1812, Johnson déclara la guerre à la perfide Albion, malheureusement un peu plus tard pour redresser la situation de la France.

[11] En 1810 les importations de denrées ont diminué de 10,3% par rapport à 1809, 45,5% qu’en 1807 alors qu’à l’époque ces importations étaient plus réglementées et difficiles.

[12] Voir le dictionnaire Napoléon p.235

[13] Les prix trop élevés de ces produits produisirent l’écroulement de ce marché dans lequel certains banquiers avaient fortement investi.

[14] Le Conseil des subsistances du 18 août 1811 acheta et vendit à perte 45 000 sacs de farine. Décret du 24 Mars 1812 instaurant la distribution de soupes.