Félix-Julien-Jean Bigot de Préameneu (1747-1825)

Un Révolutionnaire modéré.
Félix-Julien-Jean Bigot de Préameneu est né à Rennes (Ille-et-Vilaine), le 26 mai 1747. [1]Et non pas à Redon, en 1750, comme l’indiquent les « Fastes de la Légion d’honneur ».. Il est le fils d’un avocat au Parlement de la ville et est tout d’aord destiné à la carrière ecclésiastique. Mais lorsque son père meurt, en 1762, le jeune Bigot s’oriente vers des études de droit, qu’il mène de façon satisfaisante, puisque, dès 1767, il est avocat au parlement de Rennes, puis docteur en droit , en 1768. En 1778, il achète une charge de conseiller. Bientôt, cependant, il monte à Paris, occupant les fonctions d’agent général des Etats de Bretagne, et représentant dans la capitale les intérêts des principales communes de sa province et de ses protecteurs, les Rohan.
Il se lie à cette époque à Portalis, et se montre relativement ouvert aux idées nouvelles qui vont mener à la Révolution.
Le 5 septembre 1791, il fut élu député de la Seine à la Législative, où il s’installa sans hésiter sur les bancs des modérés, se montrant très actif au comité de Législation, votant contre la suppression de la sanction royale (7 janvier 1792), contre la poursuite des prêtres insermentés (29 février 1792), contre les mesures proposées au sujet des émigrés (22 mars 1792). Il présida la Législative du 15 au 28 avril 1792. Le 21 juin, il fit adopter une mesure visant à interdire la présentation des pétitions par des hommes armés. Enfin, au 10 août, il prit la défense de la famille royale.
De tels antécédents allaient, on s’en doute, le rendre suspect aux conventionnels les plus avancés. Il se retira en Bretagne pour se faire oublier. Arrêté le 4 juin 1794, il fut ramené à Paris et incarcéré à Sainte-Pélagie. La chute de Robespierre le sauva sans doute de la guillotine : il fut libéré le 26 août et put regagner Rennes
En septembre 1790, il est élu juge de paix du 4e arrondissement et nommé par le roi, au mois de mars 1791, l’un des commissaires à Uzès chargés d’y rétablir la tranquillité troublée dans la plupart des villes du Midi, où les communautés catholiques et protestantes d’affrontent.
L’Assemblée législative le compte ensuite parmi ses députés :il est en effet élu le 5 septembre 1791, par 387 voix sur 609 votants, comme député de la Seine. Ses opinions politiques le range alors parmi les modérés. Le 7 janvier 1792, il prononce un discours qui souleva contre lui l’auditoire des tribunes : il déclare en effet que l’assemblée ne représente pas seule le peuple, et que le roi a des droits égaux aux siens à cette représentation et vote donc contre la suppression de la sanction royale.
Peu après il fait décréter pour Paris la prompte organisation du jury, demande que l’incompatibilité des fonctions de législateur et de juré fut prononcée, approuve un arrêté du Parlement de Paris contre les prêtres assermentés, et obtient, dans la séance du 22 mai, que, par la loi qui ordonne le séquestre des biens des émigrés, il soit accordé un mois de délai à ceux qui voudront rentrer.
Quelques jours après, il fut élu président, et, en cette qualité, fit, le 20 avril, à Louis XVI, qui venait déposer sa déclaration de guerre à l’Autriche, cette réponse sommaire : » L’Assemblée examinera votre proposition, et elle vous instruira du résultat de ses délibérations. » Le 23 du même mois, il s’opposa au projet de loi que Thuriot présentait contre les ecclésiastiques qui refusaient de prêter serment à la Constitution ; peut-être cette circonstance ne fut-elle pas étrangère, plus tard, à sa nomination comme ministre des Cultes de Napoléon Ier. Il est vrai qu’on en donna une raison plus futile : lui-même répétait que c’était à cause de son nom (Bigot), en quelque sorte prédestiné, que l’empereur avait songé à lui !
Nommé président de l’Assemblée le 19 avril 1792, il occupe donc le fauteuil de la présidence lorsque, le 20 avril 1792, il doit répondre au discours par lequel Louis XVI vient d’annoncer qu’il déclare la guerre « à François II, roi de Bohême et de Hongrie ». Il répond alors au roi « L’Assemblée examinera votre proposition, et elle vous instruira du résultat de ses délibérations. »
Le 23 du même mois, il s’opposa au projet de loi que Thuriot présente contre les ecclésiastiques qui refusent de prêter serment à la Constitution [2]Certains verrons là une des raisons de sa future nomination comme ministre des Cultes de Napoléon Ier– même si d’autres, plus facétieux, dirons que ce fut à cause de son nom !
Après la journée du 20 juin, il fait voter un décret qui défend à des rassemblements armés de se présenter à la barre sous prétexte de pétitions et de défiler dans la salle. Le 10 août 1792, il défend la famille royale.
Tout ceci le rend bientôt suspect et il décide de se retirer à Rennes. Il est alors arrêté sur ordre du Comité de sûreté générale, le 4 juin 1794 et incarcéré à Sainte-Pélagie, à Paris. Il ne sera libéré qu’après Thermidor, le 26 août 1794.
Nommé en 1795 membre de l’Institut en 1795 dans la classe des Sciences morales et politiques, puis, le 24 février 1796, dans la deuxième classe, dont il devient président (il y demeurera lors de l’organisation de 1803). Revenu à Paris en mars 1797, il est nommé, un mois après, président d’une des quatre chambres du tribunal civil de la Seine.
Le ministre de Napoléon
Le 18 Brumaire, auquel il est favorable (il prend part aux dernières réunions de préparation du coup d’Etat), va marquer un nouveau tournant dans la vie et dans la carrière de Bigot.
Le Premier consul le nomme d’abord, le 8 février 1800, commissaire du gouvernement près le tribunal de cassation, puis il fait partie, avec Portalis, Tronchet et Maleville, de la commission chargée de rédiger le projet du Code civil. La même année il est nommé membre du comité d’administration des hospices de Paris. Il entre bientôt au Conseil d’État, section de Législation (1802).
Ses concitoyens du département d’Ille-et-Vilaine le désignent, en Prairial an XII (juin 1804), candidat au Sénat conservateur.
L’année suivante, il fait un voyage à Naples, y recueille des observations importantes et assiste même à une éruption du Vésuve. Et lorsque la Ligurie est annexée à la France, il est chargé d’en organiser la justice

Portalis étant mort le 25 août 1807 (c’est son fils, Charles Portalis, qui assure alors l’intérim du ministère des cultes), l’Empereur lui confie, le 4 janvier 1808, le portefeuille de ce département, qu’il va conserver jusqu’en 1814. Le 24 avril de la même année, il est fait comte de l’Empire, avec une dotation de 10,000 fr. sur les domaines de Lilienthal et Ottersberg.
En 1814, il refuse de se déclarer pour le gouvernement provisoire, et suit Marie-Louise à Blois, ce qui le fait regarder comme démissionnaire de facto de toutes ses fonctions. Il se retire alors volontairement de la vie publique.
Durant les Cent-Jours, Napoléon le nomme directeur général des Cultes (car le ministère n’a pas été rétabli), puis ministre d’Etat en mars, enfin pair de France en juin..
A la seconde Restauration, Bigot de Préameneu, qui n’est cependant pas exclu de l’Institut, s’éloigne des fonctions politiques, se consacrant aux lettres et aux sciences. Mais il accepte même, cependant, d’être membre du comité de consultation de la Légion d’Honneur (1820), du conseil général des prisons et du Mont de Piété de la ville de Paris (1824).
Bigot de Preameneu meurt à Paris le 31 juillet 1825, à l’âge de 78 ans. Il est enterré au cimetière du Père Lachaise, (14e division), à Paris .
References[+]