Jean-Baptiste Bessières (1768-1813)

Jean-Baptiste Bessières ,  nait à Pressac, le 6 août 1768. Il commence sa carrière militaire, en 1791, dans la garde constitution­nelle du roi Louis XVI, pour laquelle il est désigné par le département du Lot. A l’époque de la dissolution de ce corps, en 1792, il est envoyé dans la légion des Pyrénées, avec laquelle il fait la campagne contre l’Espagne à l’armée des Pyrénées-Orientales. Il passe ensuite à l’armée d’Italie avec le 22e régiment de chasseurs à cheval, dans lequel il se trouvait capitaine, lorsqu’une action très-brillante, devant Crémone, le fait remarquer par le général en chef Bonaparte, qui lui confie alors l’organisation et le commandement de sa compagnie des guides [1]Futur régiment des Chasseurs à cheval de la garde consulaire, et ensuite impériale.

Bessières commande cette compagnie à la bataille de Roveredo, le 4 septembre 1796, et, accompagné seulement de 6 hommes, il s’empare de 2 pièces de canon, après avoir tué les artilleurs autri­chiens qui les servaient.

Il se signale à la bataille de Ri­voli, le 21 novembre suivant, et obtient le grade de chef d’escadron. Bonaparte le fait partir de Vérone, le 24 janvier 1797, pour aller porter au directoire exécu­tif les drapeaux pris sur l’ennemi aux batailles de Rivoli et de la Favorite.

Bessières est présenté, le 18 février, par le ministre de la guerre, au directoire, qui accueille de la manière la plus honorable les trophées conquis par l’armée d’Italie, et le jeune guerrier chargé de les lui re­mettre.

En 1798, Bessières est attaché à l’armée d’expédition d’Égypte avec le grade de chef de brigade comman­dant un escadron des guides à cheval et un bataillon des guides à pied. L’armée française, débarquée en Égypte, se met en marche, le 17 mars 1799, pour s’avancer sur Saint-Jean d’Acre. Le passage du Kerdanneh, qu’il faut franchir pour arriver sous les murs de Saint-Jean d’Acre, estt d’autant plus difficile que de nombreux tirailleurs en­nemis bordent la rive opposée à celle sur laquelle les Français se présentent.

Cependant Bessières traverse cette rivière avec une partie des guides à cheval, soutenus par 2 pièces d’artillerie, et prend posi­tion entre la rivière de Kerdanneh et une hauteur où l’en­nemi avait un camp retranché.

Il combat à Aboukir, le 25 juillet, conduisant avec un brillant succès plusieurs charges de cavalerie contre les Osmanlis, et leur tuant beau­coup de monde.

Lorsqu’il part du Caire le 18 août 1799, pour revenir en France, Bonaparte emmène avec lui Bessières; il s’en fait accompagner lors de la journée de Saint-Cloud, le 18 brumaire an VIII (9 novem­bre 1799), et le fait comprendre dans la nouvelle organisa­tion de l’armée d’Italie.

Bataille de Marengo (Lejeune)
Bataille de Marengo (Lejeune)

A cette armée commandée, en 1800, par le premier consul Bonaparte lui-même, la cavalerie de la garde consulaire est placée sous les ordres de Bessières. Il fait exécuter, à la journée de Marengo, le 14 juin, une char­ge contre un corps de réserve de la cavalerie ennemie, qui se disposait à fondre sur l’aile droite de la division du gé­néral Boudet; il met ainsi cette cavalerie dans le plus grand désor­dre, l’obligeant à une retraite qui détermina bientôt celle, générale, que font les Autrichiens . En récompense de ses services, Bessières est fait général de brigade, le 29 messidor an VIII (18 juillet 1800)

Il est nommé commandant en chef de la cavalerie de la garde consulaire, avec laquelle il sert d’une manière très-distinguée pendant la fin de la campagne de 1800, et les campagnes de 1801 et 1802. Il est promu général de division, le 13 septembre de  cette dernière année.

Bonaparte, devenu empereur, l’élève au grade de maréchal de France, le 18 mai 1804; puis grand-officier de la Légion-d’Honneur, le 14 juin suivant; il est également nommé chef de la 3e cohorte de cette légion, et créé grand-aigle, le 2 février 1805.

Désigné pour être employé à la grande-armée d’Atlemagne, le ma­réchal Bessières se rend, dans le mois d’octobre de cette dernière année, à Augsbourg avec la garde impériale dont il exerce le commandement. En novembre suivant, il mar­che avec 4 escadrons de cette garde pour soutenir la division Walther, qui a rencontré près d’Olmutz un corps de 6000 Russes ou Cosaques. Dans cette affaire, il charge en tête de sa cavalerie avec tant d’impétuosité, que l’enne­mi est mis en déroute, et obligé de se retirer avec une perte assez considérable en hommes et en chevaux.

A la bataille d’Austerlitz, le 2 décembre, il fait charger la cavalerie de la garde impériale russe, qui s’était imprudemment avancée, en passant par les intervalles des régiments de la division du général Drouet, repoussant cette cavalerie, et la forçant à repasser sous le feu des divisions Drouet et Rivaud. Il suit ensuite ces deux divisions dans leur mouvement sur le pla­teau de Blazowitz, où il culbute de nouveau la cavalerie russe, contribuant ainsi aux succès de cette glorieuse journée.

La bataille d'Iéna
La bataille d’Iéna

Bessières com­bat avec valeur à Iéna, le 14 octobre 1806. Employé dans la même année à l’armée de Pologne, il y comman­de le 2e corps de cavalerie, avec lequel il débouche de Thorn dans les premiers jours de décembre.

Attaqué, le 23 de ce mois, dans le poste de Biezun, qu’il occupait depuis le 19, et n’ayant que 2 compagnies d’infanterie lé­gère pour soutenir sa cavalerie, il parvient d’abord à rési­ster aux efforts de plusieurs colonnes prussiennes et russes, fortes d’environ 5 à 6000 hommes, et parvient enfin à les culbuter dans des marais, avec perte de plusieurs centai­nes de prisonniers, 2 étendards et 5 pièces de canon.

Dans cette action, la cavalerie française eut de brillants enga­gements avec celle des ennemis. Le 24, à la suite d’une charge de cavalerie, poussée vigoureusement, il cerne 3 escadrons prussiens et leur enlève plusieurs pièces d’artil­lerie. Le 25, il s’avance sur la route qui conduit à Grodno. Les Russes étant en pleine retraite sur Ostrolenka, l’armée française prend des cantonnements d’hiver, et Bessières établit les siens le long de la Vistule.

Napoléon à Eylau - Gros
Napoléon à Eylau – Gros

Les hostilités ayant recommencé en 1807, il se trouve à la ba­taille d’Eylau, le 8 février, et fait, à la tête de la cavalerie de la garde, une charge des plus brillantes sur le flanc droit de l’armée russe, où 20,000 hommes d’infanterie sont culbutés et forcés d’abandonner leur artillerie. Ce beau fait d’armes acheva de fixer la victoire du côté de l’armée française.

Bessières est un des offi­ciers supérieurs qui accompagnent Napoléon à l’entrevue qui eut lieu sur le Niémen, le 24 juin, avec l’empereur de Russie.

En 1808, Bessières est en Espagne, commandant d’abord dans la province de Salamanque. Le 18 mai, les troupes sous ses ordres forment un corps de 18,000 hommes, dont 3000 ou environ des différentes armes de la garde impériale. Ayant établi son quartier-général à Burgos, il fait marcher ses divisions con­tre les insurgés espagnols sur les ponts de Logrogno, Ségovie, Torquemada, Palencia, Valladolid et Santander. En moins d’un mois, ses troupes dissipent quatre grands rassemblements d’insurgés, s’emparent des villes citées ci-dessus, et enlèvent 50,000  fusils ainsi qu’une nombreuse artillerie.

L’insurrection ayant éclaté dans la Navarre et l’Aragon, le maréchal Bessières envoie le général Lefebvre-Desnouettes contre les révoltés, qu’il ren­contre, au nombre de 4,000 à Tudela, disperse et met en fuite avec perte de 450 hommes et de 6 canons. Du 14 au 18 juin, il bat également les Espagnols à Alagon-Epila et à Monte-Torrero, s’emparant partout de leur artille­rie.

Le général espagnol Cuesta étant parvenu à organiser à Benavente une armée régulière, forte d’environ 40,000 hommes, Bessières marche contre lui ; rencontrant, le 14 juillet, cette armée rangée en bataille sur les hauteurs de Medina-del-Rio-Secco, et ayant sur son front 40 pièces d’artillerie attelées et en batteries. il fait aus­sitôt ses dispositions d’attaque, et après six heures de com­bat, les Espagnols sont mis dans une déroute complète, et retraitent en désordre sur Benavente. Ils laissent sur le champ de bataille 8 à 900 hommes tués, près de 6000 prisonniers, leurs bagages, leur artillerie et leurs munitions. Le maréchal fait poursuivre l’ennemi très-vigou­reusement, et les Français s’emparent , tant à Villa-Pando qu’à Benavente, d’un million de cartouches, 10,000 fusils et 30 milliers de poudre.

Par suite de cette bataille de Médina, les villes de Zamora, Mayorga et Léon se soumettent successivement. Napoléon vient prendre le commandement de l’armée d’Es­pagne , dans les premiers jours de novembre, et Bessières est mis par lui à la tête de la cavalerie, qui, dès lors, forme un corps à part. Le 9 du même mois, l’armée marchant sur Burgos, trouve l’ennemi en bataille au village de Gamonal. Lorsque l’action est enga­gée, Bessières manœuvre pour déborder les ailes des colonnes espagnoles ; les fait ensuite charger en flanc, achevant de les mettre en déroute, et entrant dans Bur­gos pêle-mêle avec les fuyards.

Les succès de cette impor­tante journée étaient dus en partie aux brillantes charges de la cavalerie commandée par le maréchal. Celui-ci se trouve, le 4 décembre, à la prise de Madrid où il avait envoyé dès le 1er, par ordre de l’empereur, un de ses aides-de-camp pour sommer les autorités d’ouvrir les portes de cette ville.

Ayant été chargé avec 16 escadrons de cavalerie et une division d’infanterie de la poursuite des débris de l’armée de Castaños, il en atteint l’arrière-garde à Guadalaxara, la culbute et lui fait 500 prisonniers. Il envoie ensuite deux brigades de cavalerie sur Aranjuez, dont elles s’emparent sans coup férir ; puis il marche avec son corps de cavalerie par la route de Valladolid, et établit son quar­tier-général à Astorga, le 1er janvier 1809.

Ce fut cette année là que Bessières reçut le titre de duc d’Istrie. La guerre contre l’Autriche ayant été résolue par Na­poléon, Bessières est appelé vers le mois de mars, à la grande-armée d’Allemagne pour y commander un corps de réserve de grosse cavalerie, réuni en Bavière, et com­posé des divisions Nansouty, Espagne et Saint-Sulpice.

Avec ce corps, il charge à l’affaire de Landshut, le 21 avril, un gros de cavalerie ennemie qui est sabré et cul­buté. Détaché à la tête de deux divisions d’infanterie et d’une brigade de cavalerie légère, il poursuit l’arrière-garde des Autrichiens jusqu’à Geisenhausen. Il se porte suc­cessivement à Biburg et à Neumarkt, et s’empare, dans cette dernière ville, du reste des gros bagages, des cais­sons et des pontons que le général Hiller avait réussi à sauver depuis sa déroute de Landshut.

Dans la marche rapide qu’elle effectue alors, la colonne du maréchal Bessières ramasse environ 1800 traîneurs de l’armée en­nemie. Cette colonne ayant été attaquée, le 24 avril, en avant de Neumarkt, par des forces très-supérieures, est obligée de se replier et de prendre position à Biburg sur la Wils.

L’armée française est dirigée sur Vienne, et le maréchal duc d’Istrie reçoit l’ordre de marcher à la suite de l’avant-garde avec trois divisions de grosse cavalerie et une division de cavalerie légère. Le 2 mai, il occupe Wels. Le 4, il s’avance dans la direction d’Ebelsberg, et prend part au combat livré sur le pont de la Traun, en avant de cette ville.

Après la prise de Vienne, il établit ses cantonnements dons les environs de cette capitale. A la bataille d’Essling, le 21 mai, il est chargé par Napoléon d’opérer une diver­sion aux attaques que l’ennemi dirigea contre le corps du maréchal Masséna. S’étant porté rapidement avec toute sa cavalerie sur les troupes du général autrichien Hohenzollern, il parvient à les rompre et à les mettre dans un désor­dre complet. Durant ce combat, le régiment d’O-Reilly est taillé en pièces.

Napoléon à Wagram - Horace Vernet - Château de Versailles
Napoléon à Wagram – Horace Vernet – Château de Versailles

Il combat avec la plus grande valeur à Wagram, le 6 juillet, dirigeant de brillantes charges sur les flancs des redoutables colonnes commandées par l’archiduc Charles; il est blessé et a un cheval tué sous lui par un boulet.

Après la cessation des hostilités entre la France et l’Autriche, Bessières est envoyé en Hollande, durant le mois de septembre, pour y rempla­cer le maréchal Bernadotte, commandant en chef de l’ar­mée Gallo-Batave; mais les Anglais ayant achevé d’évacuer ce pays vers la fin du même mois, le duc d’Istrie n’a à faire des dispositions que pour le réoccuper. (Affaire de Walcheren)

En 1811, il est de nouveau en Espagne ; commandant dans la Castille et le royaume de Léon, il aide  Masséna à réunir, en avril, les vivres nécessaires au ravitaillement de la place d’Almeida, et lui fournit aussi quelques secours en cavalerie et en artillerie.

Il est ensuite remplacé dans son commandement, vers le mois d’août, par le général Dorsenne. Employé à la Grande Armée , en 1812, il fait la campagne de Russie, durant laquelle il commande la cavalerie de la garde impériale, et se signale par son courage et sa prudence dans les affaires où il a l’occasion de marcher contre l’ennemi. Pendant la retrai­te de Moscou, il a encore l’occasion de développer la valeur et le dévouement dont il avait déjà fourni tant de preuves.

8,000 Cosaques, commandés par l’hetman Platow , ayant fait, le 7 novembre, une tentative pour surprendre le quartier général de Napo­léon, près de Wiasma, Bessières accoure au galop, charge vigoureusement à la tête de sa cavalerie, culbute les Rus­ses , fait sabrer 6 à 600 Cosaques, et reprend 6 pièces de canon dont ils s’étaient emparés.

Il commence la campagne de 1813, comme commandant en chef la garde impériale, et est tué le 1er mai, à la bataille de Lützen, à Rippach, au moment où il s’avance à 500 pas du côté des tirailleurs, pour re­connaître la plaine et la position de l’ennemi. Il est atteint par le premier boulet parti ce jour-là des batteries enne­mies, et qui, après lui avoir coupé le poignet, lui perça la poitrine, et l’étendit raide mort.

Le corps du maréchal fut embaumé et ramené en France, où il fut déposé dans la crypte des Invalides.


On consultera avec un Grand intérêt les pages, plus nombreuses, que consacre à Bessières mon ami Dominique Timmermanns

References

References
1Futur régiment des Chasseurs à cheval de la garde consulaire, et ensuite impériale