Berthier, Alexandre (1753-1815)

Le maréchal Berthier, prince de Neuchâtel et de Wagram (1753-1815) portrait de Chatillon Auguste de, d'après Pajou Augustin - MuzeoLe maréchal Berthier, prince de Neuchâtel et de Wagram (1753-1815) portrait de Chatillon Auguste de, d'après Pajou Augustin - Muzeo

Berthier (Alexandre), nait en 1753 à Versailles (son père est officier au corps des ingénieurs-géographes), et meurt en 1815, à Bamberg au château du prince de Bavière, son beau-père.
Il occupe une place distinguée dans l’histoire contemporaine : c’est lui qui un moment remplace Bonaparte dans le commandement en chef de l’armée d’Italie, qui achève la conquête de Rome, qui organise la république de Milan, et qui attache son nom à d’importants traités, comme la capitulation d’Ulm, le traité de Munich (1806), la convention de Koenigsberg, etc. ; car cet homme avait la pensée du maître, et son talent c’était de la mettre en application.

Destiné par son père au corps des ingénieurs, il y entre après en avoir fait les études spéciales, mais bientôt il obtient une compagnie dans les dragons de Lorraine, d’où il passe, comme officier d’état-major, à l’armée expéditionnaire d’Amérique, sous les ordres du général Rochambeau.

Devenu colonel aide-major-général pendant la guerre de l’indépendance, où il se conduit vaillamment, il est, après son retour, nommé, en 1789, major-général de la garde nationale de Versailles, ville où il s’acquiert des droits à l’estime des citoyens par la modération et la fermeté qu’il met dans ses fonctions, surtout à l’occasion des troubles excités par la nouvelle de la fuite des tantes du roi pour l’Italie.

Vers la fin de 1791 il est envoyé à Metz en qualité d’adjudant-général, et bientôt après le maréchal Luckner se l’attache comme chef d’état-major. Employé dans l’ouest, il y fait son devoir contre l’insurrection avec la même vigueur, échappant ainsi aux accusations que motivait sa conduite à l’égard des démagogues à Versailles

Bonaparte, Premier consul
Bonaparte, Premier consul

Le 13 juin 1793 il a trois chevaux tués sous lui en défendant Saumur contre l’armée royaliste ; il est à cette époque chef d’état-major du maréchal Biron. Deux ans après il est promu au grade de général divisionnaire, et choisi pour chef d’état-major par le général Bonaparte, lorsque celui-ci prend le commandement de l’armée d’Italie.

C’est la belle époque de la vie militaire de Berthier, qui seconde dignement son chef et prend une glorieuse part aux combats de Millésime, Ceva, Mondovi, au passage du pont de Lodi, à la bataille de Rivoli. Il a l’honneur d’apporter au Directoire le traité de Campo-Formio.

Au mois de décembre 1797, il remplace dans le commandement en chef Bonaparte, forcé par la difficulté des négociations à se rendre au congrès de Radstadt. Il continue alors l’exécution des desseins de son général en chef.

Il suit ce dernier en Égypte. De retour avec lui, il devient ministre de la guerre quand Bonaparte est nommé premier consul ; mais il ne reste dans ce poste que jusqu’au 2 avril 1800, époque à laquelle il retourne en Italie, comme de général en chef. Il ouvre ainsi la campagne de Marengo, qui fait la gloire de Bonaparte.

Le maréchal Berthier
Le maréchal Berthier

Berthier est fait maréchal le 19 mai 1804 ; les autres dignités pleuvront sur lui à de courts intervalles, et ce fut pour le grandir encore que l’empereur lui fit épouser (contre son gré) la fille du duc Guillaume de Bavière-Birkenfeld, cousin du roi de Bavière, union dont il devait rester à son auteur un souvenir plus digne que ne le donneraient à croire les prétendues réminiscences de l’exilé de Sainte-Hélène.

À la Restauration de 1814, celui qui avait été fait prince de Wagram par Napoléon, ne fut pas des derniers à signer l’acte de déchéance de l’Empereur. Ce fut lui qui, à la tête des maréchaux, prononce l’allocution d’allégeance à Louis XVIII, dans le château de Compiègne.

Compris dans la formation de la chambre des pairs, il inspire assez de confiance au roi pour que celui-ci le place à la tête d’une des deux compagnies qu’il ajoute à la première formation de ses gardes-du-corps. (L’autre porta le nom du duc de Raguse).

La principauté de Neufchâtel, dont Berthier avait été investi, à titre de fief, par Napoléon, à qui la Prusse l’avait cédée par la convention de Vienne du 3 décembre 1805, rentre en la possession de Frédéric-Guillaume III dès le 25 janvier 1814 ; cette reprise est sanctionnée par un article additionnel au traité de Paris du 30 mai 1814 ; Berthier y adhère par son acte de renonciation, signé le 2 juillet suivant, moyennant une pension de 25,000 francs réversible par moitié sur sa veuve ; pension que le roi de Prusse consentit à lui payer.

Le prince de Wagram ne jouit pas longtemps des bonnes grâces de Louis XVIII – une lettre reçue de l’île d’Elbe, lui suscite des tracasseries contre lesquelles il oppose plus de courage qu’on n’en avait à la cour de Napoléon ; pourtant au retour de celui-ci il ne cède pas à l’occasion de se venger.

Il prend le parti de se retirer à Bamberg, où il se suicide le 1er juin 1815.

Son décès provoqua une polémique : on prétendit que ce suicide n’aurait été qu’un dernier acte du vertige que décelait, dans les derniers temps, son état mental. En réalité il est probable qu’il ne voulut pas dévorer, comme tant d’autres, l’humiliation d’un nouveau parjure, en répudiant la foi jurée à la Charte de 1814, qui garantissait l’indépendance et la liberté de la France.

(Encyclopédie des gens du Monde)